« Thierry Maulnier » : différence entre les versions

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Les "hussards" de la République c'étaient les instituteurs du primaire. Un professeur de lycée à l'époque (quelles que fussent ses convictions), ce n'est pas du tout le même milieu.
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{{Voir homonymes|Maulnier}}
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'''Thierry Maulnier''', [[pseudonyme]] de '''Jacques Talagrand''', né le {{date de naissance|1|octobre|1909}} à [[Alès]] et mort le {{date de décès|9|janvier|1988}} à [[Marnes-la-Coquette]], est un écrivain [[France|français]] et [[éditorialiste]] engagé, passé de ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'' au ''[[Le Figaro|Figaro]]''.
'''Thierry Maulnier''', [[pseudonyme]] de '''Jacques Talagrand''', né le {{date de naissance|1|octobre|1909}} à [[Alès]] et mort le {{date de décès|9|janvier|1988}} à [[Marnes-la-Coquette]], est un écrivain [[France|français]] et [[éditorialiste]] engagé, passé de ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'' au ''[[Le Figaro|Figaro]]''.


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=== Formation (1909-1930) ===
=== Formation (1909-1930) ===
==== Enfant précoce (1909-1924) ====
==== Enfant précoce (1909-1924) ====
Jacques Talagrand<ref>''Dictionnaire des intellectuels français'', {{p.|768}}, [[Éditions du Seuil|Seuil]], [[Paris]].</ref> est le fils d'une [[École normale supérieure de jeunes filles|sévrienne]], Virginie Gibrac, et d'un [[École normale supérieure (Paris)|normalien]], Joseph Talagrand, [[Cévennes|cévenol]] qui a été le condisciple de [[Charles Péguy]] et de [[Louis Gillet]] mais est [[Athéisme|athée]] et [[Voltaire|voltairien]]<ref name="Achard">[[Marcel Achard|M. Achard]], « [http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-de-thierry-maulnier Réponse au discours de réception de Thierry Maulnier] », [[Académie française]], [[Paris]], 20 janvier 1966.</ref>. Il grandit avec son frère Marc, aîné d'un an et demi, qui deviendra [[Procureur de la République|procureur]], à [[Alès]], où son père, professeur de lycée, assure lui-même l'éducation à domicile de ses fils, tout en les admettant occasionnellement dans sa classe. C'est de leur grand-père maternel, Camille Gibrac, correspondant de ''[[Le Journal d'Alger|La Dépêche algérienne]]'' et directeur de l'agence [[Afrique]] de [[Agence Havas|Havas]], qui a épousé une descendante des fondateurs de la [[colonie]] de [[Likasi|Jadotville]], que les frères héritent un esprit [[Patriotisme|patriotique]].
Jacques Talagrand<ref>''Dictionnaire des intellectuels français'', {{p.|768}}, [[Éditions du Seuil]], [[Paris]].</ref> est le fils d'une [[École normale supérieure de jeunes filles|sévrienne]], Virginie Gibrac, et d'un [[École normale supérieure (Paris)|normalien]], Joseph Talagrand, [[Cévennes|cévenol]] qui a été le condisciple de [[Charles Péguy]] et de [[Louis Gillet]] mais est [[Athéisme|athée]] et [[Voltaire|voltairien]]<ref name="Achard">[[Marcel Achard]], « [http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-de-thierry-maulnier Réponse au discours de réception de Thierry Maulnier] », [[Académie française]], [[Paris]], 20 janvier 1966.</ref>. Il grandit avec son frère Marc, aîné d'un an et demi, qui deviendra [[Procureur de la République|procureur]], à [[Alès]], où son père, professeur de lycée, assure lui-même l'éducation à domicile de ses fils, tout en les admettant occasionnellement dans sa classe. C'est de leur grand-père maternel, Camille Gibrac, correspondant de ''[[Le Journal d'Alger|La Dépêche algérienne]]'' et directeur de l'agence [[Afrique]] de [[Agence Havas|Havas]], qui a épousé une descendante des fondateurs de la [[colonie]] de [[Likasi|Jadotville]], que les frères héritent un esprit [[Patriotisme|patriotique]].


Leurs parents divorcent en 1919, après douze ans de mariage. Ils intègrent une [[Classe de première|classe de rhétorique]] à [[Nice]], où leur père est affecté et où un lycée porte aujourd'hui le nom de Maulnier. Les relations familiales deviennent exécrables mais Jacques Talagrand est reçu second au [[concours général]] d'histoire.
Leurs parents divorcent en 1919, après douze ans de mariage. Ils intègrent une [[Classe de première|classe de rhétorique]] à [[Nice]], où leur père est affecté et où un lycée porte aujourd'hui le nom de Maulnier. Les relations familiales deviennent exécrables mais Jacques Talagrand est reçu second au [[concours général]] d'histoire.
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Au quotidien ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'', Thierry Maulnier est soutenu par [[Pierre Drieu la Rochelle]] et [[Robert Brasillach]], qui siègent au [[comité de rédaction]], et passe rapidement de la chronique littéraire à la rubrique politique. [[Marxiens|Marxien]] qui adhère à l'analyse de [[Friedrich Engels]] de la [[Plus-value (marxisme)|plus value]]<ref>[[René Étiemble|R. Étiemble]], in [http://www.cealex.org/sitecealex/diffusion/PFE%20Web/PFE_027.../PFE_027_004_o.pdf ''Valeurs'', n° 4], {{p.|89}}, [[Paris]], janvier 1946.</ref>, il est conduit à la suite de [[François René de La Tour du Pin Chambly de La Charce|La Tour du Pin]] par une réflexion originale, qui lui vaut le surnom de l'Anguille<ref name="Achard"/>, à rechercher des arguments contre l'idéologie [[Marxisme|marxiste]] dans la remise en cause de ce qui dans le [[capitalisme]] même se prêterait à la déshumanisation puis la révolte du [[Lumpenprolétariat]] et à proposer un nouvel ordre social, qu'il qualifie d'[[Humanisme|humaniste]], qui fasse de la liberté [[Personnalisme|personnelle]] et du partage des biens spirituels, et non du travail ou de l'argent, sa condition centrale.
Au quotidien ''[[L'Action française (quotidien)|L'Action française]]'', Thierry Maulnier est soutenu par [[Pierre Drieu la Rochelle]] et [[Robert Brasillach]], qui siègent au [[comité de rédaction]], et passe rapidement de la chronique littéraire à la rubrique politique. [[Marxiens|Marxien]] qui adhère à l'analyse de [[Friedrich Engels]] de la [[Plus-value (marxisme)|plus value]]<ref>[[René Étiemble|R. Étiemble]], in [http://www.cealex.org/sitecealex/diffusion/PFE%20Web/PFE_027.../PFE_027_004_o.pdf ''Valeurs'', n° 4], {{p.|89}}, [[Paris]], janvier 1946.</ref>, il est conduit à la suite de [[François René de La Tour du Pin Chambly de La Charce|La Tour du Pin]] par une réflexion originale, qui lui vaut le surnom de l'Anguille<ref name="Achard"/>, à rechercher des arguments contre l'idéologie [[Marxisme|marxiste]] dans la remise en cause de ce qui dans le [[capitalisme]] même se prêterait à la déshumanisation puis la révolte du [[Lumpenprolétariat]] et à proposer un nouvel ordre social, qu'il qualifie d'[[Humanisme|humaniste]], qui fasse de la liberté [[Personnalisme|personnelle]] et du partage des biens spirituels, et non du travail ou de l'argent, sa condition centrale.


Cet engagement idéologique s'inscrit dans un groupe d'intellectuels que l'[[historiographie]] repèrera sous le nom qu'ils se sont donné de [[Non-conformistes des années 30|Non conformistes]]. Il se traduit dans les années [[1930]]-[[1934]] par sa collaboration à ''[[La Revue française#La Revue française (1905-1933)|La Revue française]]'' et à l'éphémère ''[[Réaction pour l'ordre]]'', auxquelles succède en {{date-|avril 1933}} ''[[La Revue du siècle]]'', mais aussi aux ''[[Les Nouvelles littéraires|Nouvelles littéraires]]'', à ''Rempart'' et à ''1933''. Cette tentative de dépassement du [[communisme]] comme du [[libéralisme]], qui est en premier lieu une contestation de l'ordre bourgeois, est résumé dans un premier livre, ''La crise est dans l'homme'', qui est un recueil d'articles. L'ouvrage est édité par [[Antoine Redier (écrivain)|Antoine Redier]], un ancien des [[Le Faisceau|Chemises bleues]], qui avait été le premier mouvement [[Fascisme|fasciste]] français. Il y dénonce, à l'instar de [[Herbert Marcuse]]<ref>[[Jean-Louis Loubet del Bayle|J. L. Loubet del Bayle]], ''Questions sur le monde actuel'', {{p.|254}}, Les Presses de l’[[Institut d'études politiques de Toulouse]], [[Toulouse]], 1991.</ref>, le technicisme et le [[consumérisme]] du modèle inhumain qu'est la société américaine<ref>Th. Maulnier, ''La crise est dans l'homme'', {{p.|58-60}}, [[Antoine Redier (écrivain)|Redier]], [[Paris]], 1932.</ref>.
Cet engagement idéologique s'inscrit dans un groupe d'intellectuels que l'[[historiographie]] repèrera sous le nom qu'ils se sont donné de [[Non-conformistes des années 30|Non conformistes]]. Il se traduit dans les années [[1930]]-[[1934]] par sa collaboration à ''[[La Revue française#La Revue française (1905-1933)|La Revue française]]'' et à l'éphémère ''[[Réaction pour l'ordre]]'', auxquelles succède en {{date-|avril 1933}} ''[[La Revue du siècle]]'', mais aussi aux ''[[Les Nouvelles littéraires|Nouvelles littéraires]]'', à ''Rempart'' et à ''1933''. Cette tentative de dépassement du [[communisme]] comme du [[libéralisme]], qui est en premier lieu une contestation de l'ordre bourgeois, est résumé dans un premier livre, ''La crise est dans l'homme'', qui est un recueil d'articles. L'ouvrage est édité par [[Antoine Redier (écrivain)|Antoine Redier]], un ancien des [[Le Faisceau|Chemises bleues]], qui avait été le premier mouvement [[Fascisme|fasciste]] français. Il y dénonce, à l'instar de [[Herbert Marcuse]]<ref>[[Jean-Louis Loubet del Bayle|J. L. Loubet del Bayle]], ''Questions sur le monde actuel'', {{p.|254}}, Les Presses de l’[[Institut d'études politiques de Toulouse]], [[Toulouse]], 1991.</ref>, le technicisme et le [[consumérisme]] du modèle inhumain qu'est la société américaine<ref>Th. Maulnier, ''La crise est dans l'homme'', {{p.|58-60}}, [[Antoine Redier (écrivain)|Redier]], [[Paris]], 1932.</ref>.

Avec [[Jean-Pierre Maxence]], bientôt suivi par les représentants de la nouvelle génération tel [[Claude Roy (écrivain)|Claude Roy]], Thierry Maulnier incarne au sein de la [[Jeune droite]] une ligne dissidente<ref>[[Maurice Blanchot|M. Blanchot]], « On demande des dissidents », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 20, [[Paris]], décembre 1937.</ref>, plus radicale, opposée à la compromission de la [[Droite en France|droite]] [[Catholicisme|catholique]], actée par les [[accords du Latran]], avec le [[fascisme]] de [[Benito Mussolini|Mussolini]]. Il juge celui-ci affadi par des préoccupations sociales et le qualifie de {{Citation|[[collectivisme politique|collectivisme]] autoritaire}} inadapté au salut d'une [[France]] où l'individu ne renoncerait pas {{Citation|à se faire valoir comme être humain autonome}}<ref name="AC13VII1933">Th. Maulnier, « [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765299c/f3.item Le déclin du marxisme] », in ''[[L'Action française]]'', n° 194, {{p.|3}}, [[Paris]], 13 juillet 1933.</ref>. Il restera cependant en deçà de l'outrance qui caractérise la ligne adoptée très tôt par [[Robert Brasillach]]. Son [[conservatisme]] [[Libertarianisme|libertaire]], comme chez [[Jacques Chardonne]], est celui d'un [[Réaction (politique)|réactionnaire]] qui ambitionne la restauration par une [[Révolutionnaire|révolution]] d'un ordre social [[Tradition|traditionnel]]<ref>[[Robert Paxton|R. Paxton]], « Au fond de l'abime », in [[Robert Paxton|R. Paxton]], O. Corpet & [[Claire Paulhan|C. Paulhan]], ''Archives de la vie littéraire sous l'Occupation'', {{p.|14}}, [[Éditions Tallandier|Tallandier]], [[Paris]], avril 2009, {{ISBN|978-2-84734-585-8}}.</ref>, [[Corporatisme|corporatiste]], qui n'asservirait pas l'individu<ref name="AC13VII1933"/>, et sa morale, comme chez [[Friedrich Nietzsche]], se veut [[Aristocratie|aristocratique]]<ref>Th. Maulnier, contr. [[Jean Guéhenno|J. Guéhenno]], « Un humanisme aristocratique », in ''Bulletin'', [[Paul Desjardins|Union pour la Vérité]], [[Paris]], mai 1936.</ref>.
Avec [[Jean-Pierre Maxence]], bientôt suivi par les représentants de la nouvelle génération tel [[Claude Roy (écrivain)|Claude Roy]], Thierry Maulnier incarne au sein de la [[Jeune droite]] une ligne dissidente<ref>[[Maurice Blanchot|M. Blanchot]], « On demande des dissidents », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 20, [[Paris]], décembre 1937.</ref>, plus radicale, opposée à la compromission de la [[Droite en France|droite]] [[Catholicisme|catholique]], actée par les [[accords du Latran]], avec le [[fascisme]] de [[Benito Mussolini|Mussolini]]. Il juge celui-ci affadi par des préoccupations sociales et le qualifie de {{Citation|[[collectivisme politique|collectivisme]] autoritaire}} inadapté au salut d'une [[France]] où l'individu ne renoncerait pas {{Citation|à se faire valoir comme être humain autonome}}<ref name="AC13VII1933">Th. Maulnier, « [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765299c/f3.item Le déclin du marxisme] », in ''[[L'Action française]]'', n° 194, {{p.|3}}, [[Paris]], 13 juillet 1933.</ref>. Il restera cependant en deçà de l'outrance qui caractérise la ligne adoptée très tôt par [[Robert Brasillach]]. Son [[conservatisme]] [[Libertarianisme|libertaire]], comme chez [[Jacques Chardonne]], est celui d'un [[Réaction (politique)|réactionnaire]] qui ambitionne la restauration par une [[Révolutionnaire|révolution]] d'un ordre social [[Tradition|traditionnel]]<ref>[[Robert Paxton|R. Paxton]], « Au fond de l'abime », in [[Robert Paxton|R. Paxton]], O. Corpet & [[Claire Paulhan|C. Paulhan]], ''Archives de la vie littéraire sous l'Occupation'', {{p.|14}}, [[Éditions Tallandier|Tallandier]], [[Paris]], avril 2009, {{ISBN|978-2-84734-585-8}}.</ref>, [[Corporatisme|corporatiste]], qui n'asservirait pas l'individu<ref name="AC13VII1933"/>, et sa morale, comme chez [[Friedrich Nietzsche]], se veut [[Aristocratie|aristocratique]]<ref>Th. Maulnier, contr. [[Jean Guéhenno|J. Guéhenno]], « Un humanisme aristocratique », in ''Bulletin'', [[Paul Desjardins|Union pour la Vérité]], [[Paris]], mai 1936.</ref>.

[[Fichier:Thierry Maulnier recevant le prix des critiques littéraires pour son livre sur Racine avec Gaston Rageot et Jean Vignaud, président du jury dans Le Petit Provençal du 12 mai 1935.png|vignette|Thierry Maulnier recevant le prix des critiques littéraires pour son livre sur Racine avec [[Gaston Rageot]] et [[Jean Vignaud (écrivain)|Jean Vignaud]], président du jury dans ''[[Le Petit Provençal]]'' du 12 mai 1935.]]
[[Fichier:Thierry Maulnier recevant le prix des critiques littéraires pour son livre sur Racine avec Gaston Rageot et Jean Vignaud, président du jury dans Le Petit Provençal du 12 mai 1935.png|vignette|Thierry Maulnier recevant le prix des critiques littéraires pour son livre sur Racine avec [[Gaston Rageot]] et [[Jean Vignaud (écrivain)|Jean Vignaud]], président du jury dans ''[[Le Petit Provençal]]'' du 12 mai 1935.]]

Il met à profit son [[service militaire]] pour rédiger un essai qui retrouve dans l'œuvre de [[Jean Racine|Racine]] le héros à l'avènement duquel appelle l'auteur de ''[[La Naissance de la tragédie]]''. L'ouvrage concourt pour le [[Prix de la Critique]]. Il rédige la préface de la traduction française ''[[Troisième Reich]]''<ref>[[Arthur Moeller van den Bruck|A. Moeller van den Bruck]], trad. J. L. Lénault, ''Le Troisième Reich'', Librairie de [[la Revue française]], [[Paris]], 1933, 325 p.</ref>, ouvrage de son homologue allemand en [[nationalisme]] [[Arthur Moeller van den Bruck]] paru dix ans plus tôt auquel il emprunte l'idée d'une troisième voie entre [[communisme]] et [[capitalisme]].
Il met à profit son [[service militaire]] pour rédiger un essai qui retrouve dans l'œuvre de [[Jean Racine|Racine]] le héros à l'avènement duquel appelle l'auteur de ''[[La Naissance de la tragédie]]''. L'ouvrage concourt pour le [[Prix de la Critique]]. Il rédige la préface de la traduction française ''[[Troisième Reich]]''<ref>[[Arthur Moeller van den Bruck]], trad. J. L. Lénault, ''Le Troisième Reich'', Librairie de [[la Revue française]], [[Paris]], 1933, 325 p.</ref>, ouvrage de son homologue allemand en [[nationalisme]] [[Arthur Moeller van den Bruck]] paru dix ans plus tôt auquel il emprunte l'idée d'une troisième voie entre [[communisme]] et [[capitalisme]].


[[Fichier:Atelier G Doré WKP.JPG|vignette|Ancien [[Atelier d'artiste|atelier]] de [[Gustave Doré]], 27 [[rue de Bellechasse]], où habitait Thierry Maulnier durant l'[[entre deux guerres]], à partir de 1934.]]
[[Fichier:Atelier G Doré WKP.JPG|vignette|Ancien [[Atelier d'artiste|atelier]] de [[Gustave Doré]], 27 [[rue de Bellechasse]], où habitait Thierry Maulnier durant l'[[entre deux guerres]], à partir de 1934.]]

Il retrouve régulièrement à ''[[La Coupole (brasserie)|La Coupole]]'' [[Jean-Pierre Maxence]] et le frère de celui-ci, [[Robert Francis (écrivain)|Robert Francis]], [[Maurice Blanchot]] et [[Claudine Chonez]], auteur de poèmes qui mêlent [[spiritualité]] et [[érotisme]]. Irreligieux, il inaugure au printemps 1933 une [[Amour libre|relation libre]] avec [[Anne Desclos]], liaison clandestine qui durera huit ans où celle-ci trouve là le courage de [[divorce]]r d'un mari violent et dont elle s'inspirera en partie pour écrire [[après guerre]] ''[[Histoire d'Ô]]''<ref group="♦">{{p.|313 & 321}}.</ref>.
Il retrouve régulièrement à ''[[La Coupole (brasserie)|La Coupole]]'' [[Jean-Pierre Maxence]] et le frère de celui-ci, [[Robert Francis (écrivain)|Robert Francis]], [[Maurice Blanchot]] et [[Claudine Chonez]], auteur de poèmes qui mêlent [[spiritualité]] et [[érotisme]]. Irreligieux, il inaugure au printemps 1933 une [[Amour libre|relation libre]] avec [[Anne Desclos]], liaison clandestine qui durera huit ans où celle-ci trouve là le courage de [[divorce]]r d'un mari violent et dont elle s'inspirera en partie pour écrire [[après guerre]] ''[[Histoire d'Ô]]''<ref group="♦">{{p.|313 & 321}}.</ref>.


==== Le temps de l'engagement (1934-1935) ====
==== Le temps de l'engagement (1934-1935) ====
Durant les [[Crise du 6 février 1934|manifestations de janvier et février 1934]], Thierry Maulnier défile dans les rangs des [[Croix de feu]]. À la suite de cet épisode insurrectionnel, il publie avec [[Jean-Pierre Maxence]] et [[Robert Francis (écrivain)|Robert Francis]], un ouvrage programme qui sera salué par les [[nazis]] pour son [[biologisme]]<ref>{{Lien|langue=de|trad=Karl Heinz Bremer|fr=Karl Heinz Bremer|texte=K. H. Bremer}}, ''Écrits de l'Institut de politique et droit international à l'[[université de Kiel]]'', vol. VI "Der französische Nationalismus : eine Studie über seinen geistigen Strukturwandel von der französischen Revolution bis auf unsere Tage", {{p.|121}}, Deutscher Rechtsverlag, [[Berlin]], 1939.</ref>, ''Demain la France''. Il est de ceux qui voient dans le jeune [[Henri d'Orléans (1933)|Comte de Paris]], par lequel il est reçu à [[Bruxelles]]<ref group="₫">{{p.|91}}.</ref> ainsi que bien d'autres qui ne sont pas tous pour autant des [[Fédération nationale des Camelots du roi|Camelots du Roi]], un possible recours face à une [[Troisième République (France)|Troisième République]] qu'il juge [[Décadentisme|décadente]].
Durant les [[Crise du 6 février 1934|manifestations de janvier et février 1934]], Thierry Maulnier défile dans les rangs des [[Croix de feu]]. À la suite de cet épisode insurrectionnel, il publie avec [[Jean-Pierre Maxence]] et [[Robert Francis (écrivain)|Robert Francis]], un ouvrage programme qui sera salué par les [[nazis]] pour son [[biologisme]]<ref>{{Lien|langue=de|trad=Karl Heinz Bremer|fr=Karl Heinz Bremer|texte=K. H. Bremer}}, ''Écrits de l'Institut de politique et droit international à l'[[université de Kiel]]'', vol. VI "Der französische Nationalismus : eine Studie über seinen geistigen Strukturwandel von der französischen Revolution bis auf unsere Tage", {{p.|121}}, Deutscher Rechtsverlag, [[Berlin]], 1939.</ref>, ''Demain la France''. Il est de ceux qui voient dans le jeune [[Henri d'Orléans (1933)|Comte de Paris]], par lequel il est reçu à [[Bruxelles]]<ref group="₫">{{p.|91}}.</ref> ainsi que bien d'autres qui ne sont pas tous pour autant des [[Fédération nationale des Camelots du roi|Camelots du Roi]], un possible recours face à une [[Troisième République (France)|Troisième République]] qu'il juge [[Décadentisme|décadente]].


Il séjourne quinze jours en août à l'Hôtel du [[Mont-Blanc]] de [[Vallorcine]] pour pratiquer la [[Randonnée pédestre|course en montagne]] et retrouver dans les paysages [[Alpes|alpins]] l'esprit de grandeur que cultivait [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]], randonneur de la Haute [[Engadine]]. Il y retournera régulièrement avec sa mère et son beau-père. Il termine sa [[Service militaire|formation militaire]] à [[Noël]] 1934 au grade de [[sous-lieutenant]] de [[Réserve militaire|réserve]] par un stage de deux mois et demi au [[camp de Mourmelon]] au sein du [[46e régiment d'infanterie|46{{e}}]] [[Régiment d'infanterie|R.I.]]
Il séjourne quinze jours en août à l'Hôtel du [[Mont-Blanc]] de [[Vallorcine]] pour pratiquer la [[Randonnée pédestre|course en montagne]] et retrouver dans les paysages [[Alpes|alpins]] l'esprit de grandeur que cultivait [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]], randonneur de la Haute [[Engadine]]. Il y retournera régulièrement avec sa mère et son beau-père. Il termine sa [[Service militaire|formation militaire]] à [[Noël]] 1934 au grade de [[sous-lieutenant]] de [[Réserve militaire|réserve]] par un stage de deux mois et demi au [[camp de Mourmelon]] au sein du [[46e régiment d'infanterie|46{{e}}]] [[Régiment d'infanterie|R.I.]]


En {{date-|mai 1935}}, il représente avec [[Jean de Fabrègues]] les [[Jeune droite|Jeunes droites]] au ''Congrès sur les corporations'' qui se tient à l'Institut fasciste de la culture, à [[Rome]]. Il s'y rend en compagnie de [[Robert Aron]], [[Claude Chevalley]] et [[René Dupuis]], délégués d'[[Ordre nouveau (mouvement)|Ordre Nouveau]], de [[Georges Roditi]], [[Paul Marion]], de la revue ''[[L'Homme nouveau]]'', d'[[Emmanuel Mounier]], [[André Ulmann]], [[Louis-Émile Galey]], de la revue ''[[Esprit (revue)|Esprit]]'', [[Pierre Gimon]], délégué des [[Jeunesses patriotes]], [[Pierre Ganivet]], [[Confédération générale du travail|cégétiste]] de la revue ''L'Homme réel'' <ref>[[Philippe Burrin|Ph. Burrin]], ''La dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery (1933-1945).'', {{p.|88-90 & 340-341}}, n. 58-62, [[Éditions du Seuil|Seuil]], [[Paris]], 1986 {{ISBN|2-02-058923-0}}.</ref>. À l'automne, il soutient l'annexion de l'[[Éthiopie]] par l'[[Italie fasciste]] en signant parmi les premiers le ''[[Manifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident et la paix en Europe]]''. Il justifie ce manifeste devant les étudiants d'Action française<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k766165s/f2.item.r=charbonneau.zoom « La belle réunion des étudiants d'Action française », ''L'Action française'', 28 novembre 1935]</ref>.
En {{date-|mai 1935}}, il représente avec [[Jean de Fabrègues]] les [[Jeune droite|Jeunes droites]] au ''Congrès sur les corporations'' qui se tient à l'Institut fasciste de la culture, à [[Rome]]. Il s'y rend en compagnie de [[Robert Aron]], [[Claude Chevalley]] et [[René Dupuis]], délégués d'[[Ordre nouveau (mouvement)|Ordre Nouveau]], de [[Georges Roditi]], [[Paul Marion]], de la revue ''[[L'Homme nouveau]]'', d'[[Emmanuel Mounier]], [[André Ulmann]], [[Louis-Émile Galey]], de la revue ''[[Esprit (revue)|Esprit]]'', [[Pierre Gimon]], délégué des [[Jeunesses patriotes]], [[Pierre Ganivet]], [[Confédération générale du travail|cégétiste]] de la revue ''L'Homme réel''<ref>[[Philippe Burrin]], ''La dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery (1933-1945)'', {{p.|88-90 & 340-341}}, n. 58-62, [[Éditions du Seuil]], [[Paris]], 1986 {{ISBN|2-02-058923-0}}.</ref>. À l'automne, il soutient l'annexion de l'[[Éthiopie]] par l'[[Italie fasciste]] en signant parmi les premiers le ''[[Manifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident et la paix en Europe]]''. Il justifie ce manifeste devant les étudiants d'Action française<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k766165s/f2.item.r=charbonneau.zoom « La belle réunion des étudiants d'Action française », ''L'Action française'', 28 novembre 1935]</ref>.


==== Armer la droite (1936) ====
==== Armer la droite (1936) ====
En {{date-|janvier 1936}}<ref name="Peschanski">[[Denis Peschanski|D. Peschanski]], ''Vichy 1940-1944: quaderni e documenti inediti di Angelo Tasca.'', {{p.|617}}, [[Éditions Feltrinelli|Feltrinelli]], [[Milan]], 1986 {{ISBN|9788807990441}}.</ref>, Thierry Maulnier crée avec [[Jean de Fabrègues]] une revue mensuelle destinée à approfondir la réflexion idéologique, ''[[Combat (revue)|Combat]]'', qui paraîtra jusqu'à la guerre. Il y signe ses articles les moins importants du [[pseudonyme]] de Dominique Bertin<ref group="৳" name="Auzépy261"/>. D'emblée les dissensions apparaissent entre son équipe et celle de [[Jean de Fabrègues]], au sein de laquelle on ne croit pas à une révolution [[Nationalisme|nationaliste]], programme d'affichage qui n'a rien de concret<ref group="₫">{{p.|93-94}}.</ref>, mais à l'émergence d'une forme de [[néothomisme]], qualifiée par beaucoup de spécieuse<ref>Ch. Roy, « [https://www.erudit.org/revue/mensaf/2004/v5/n1/1024398ar.pdf "Véronique Auzépy-Chavagnac. ''Jean de Fabrègues et la Jeune Droite Catholique. Aux sources de la Révolution nationale.'' Préface de René Rémond, Villeneuve d’Ascq (Nord), Presses universitaires du Septentrion, 2002. 464 p.." »], in ''[[Mens (revue)|Mens]]'', n° LI, {{p.|198}}, [[Université d'Ottawa]], [[Ottawa|Outaouais]], 2004.</ref>, qui transcende [[marxisme]] et [[libéralisme]]. S'il s'emploie à surmonter les clivages avec la [[Droite en France|droite]] [[Catholicisme|catholique]]<ref group="৳" name="Auzépy261">{{p.|261}}.</ref>, il essaie de bousculer les [[Conservatisme|conservateurs]] qui {{Citation|ont défendu l'ordre établi [...], la [[démocratie]] [...] [[Démocratie sociale|sociale]], le [[capitalisme]] [...] il faut en finir. [...] Ce que nous appelons ''Ordre'', c'est précisément la subversion totale de cet ordre-là}}<ref>Th. Maulnier, « Les conservateurs », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 5, Paris, mai 1936.</ref>.
En {{date-|janvier 1936}}<ref name="Peschanski">[[Denis Peschanski]], ''Vichy 1940-1944: quaderni e documenti inediti di Angelo Tasca.'', {{p.|617}}, [[Éditions Feltrinelli]], [[Milan]], 1986 {{ISBN|9788807990441}}.</ref>, Thierry Maulnier crée avec [[Jean de Fabrègues]] une revue mensuelle destinée à approfondir la réflexion idéologique, ''[[Combat (revue)|Combat]]'', qui paraîtra jusqu'à la guerre. Il y signe ses articles les moins importants du [[pseudonyme]] de Dominique Bertin<ref group="৳" name="Auzépy261"/>. D'emblée les dissensions apparaissent entre son équipe et celle de [[Jean de Fabrègues]], au sein de laquelle on ne croit pas à une révolution [[Nationalisme|nationaliste]], programme d'affichage qui n'a rien de concret<ref group="₫">{{p.|93-94}}.</ref>, mais à l'émergence d'une forme de [[néothomisme]], qualifiée par beaucoup de spécieuse<ref>Ch. Roy, « [https://www.erudit.org/revue/mensaf/2004/v5/n1/1024398ar.pdf "Véronique Auzépy-Chavagnac. ''Jean de Fabrègues et la Jeune Droite Catholique. Aux sources de la Révolution nationale.'' Préface de René Rémond, Villeneuve d’Ascq (Nord), Presses universitaires du Septentrion, 2002. 464 p." »], in ''[[Mens (revue)|Mens]]'', n° LI, {{p.|198}}, [[Université d'Ottawa]], [[Ottawa|Outaouais]], 2004.</ref>, qui transcende [[marxisme]] et [[libéralisme]]. S'il s'emploie à surmonter les clivages avec la [[Droite en France|droite]] [[Catholicisme|catholique]]<ref group="৳" name="Auzépy261">{{p.|261}}.</ref>, il essaie de bousculer les [[Conservatisme|conservateurs]] qui {{Citation|ont défendu l'ordre établi [], la [[démocratie]] [] [[Démocratie sociale|sociale]], le [[capitalisme]] [] il faut en finir. [] Ce que nous appelons ''Ordre'', c'est précisément la subversion totale de cet ordre-là}}<ref>Th. Maulnier, « Les conservateurs », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 5, Paris, mai 1936.</ref>.


En {{date-|mars 1936}}, il fonde avec Robert Castille, conseiller juridique du député [[Antisémitisme|antisémite]] [[Xavier Vallat]] qui a été condamné à six mois de prison pour avoir agressé [[Marc Sangnier]] et ancien secrétaire général des étudiants d'AF, et [[Henry Charbonneau]], un éphémère ''Comité de vigilance de la jeunesse''<ref>[[Laurent Joly|L. Joly]], ''Vichy dans la « solution finale ». Essai français.'', {{p.|163}}, [[Éditions Grasset|Grasset]], Paris, 2006 {{ISBN|9782246638490}}.</ref>{{,}}<ref>Olivier Dard, ''Le rendez-vous manqué des relèves des années trente'', PUF, 2002</ref>. Ce comité organise plusieurs meetings, dont un meeting des « jeunes mobilisables » au [[Magic City (Paris)|Magic City]], dans le contexte de la [[remilitarisation de la Rhénanie]], avec [[Louis Darquier de Pellepoix]], choisi pour présider le {{Abréviation|CNVJ}}. Ces réunions témoignent du néo-pacifisme des nationalistes maurrassiens ; Maulnier, prêt à défendre la France si elle est agressée, fustige le {{citation|Front populaire aux ordres de Moscou (qui) veut la guerre}} et une {{citation|guerre qui tournerait au bénéfice de nos ennemis de l'intérieur}}<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k766273p/f3.item.r=%22robert+castille%22.zoom « Une magnifique réunion des jeunes mobilisables pour la paix », ''L'Action française'', 15 mars 1936]</ref>.
En {{date-|mars 1936}}, il fonde avec Robert Castille, conseiller juridique du député [[Antisémitisme|antisémite]] [[Xavier Vallat]] qui a été condamné à six mois de prison pour avoir agressé [[Marc Sangnier]] et ancien secrétaire général des étudiants d'AF, et [[Henry Charbonneau]], un éphémère ''Comité de vigilance de la jeunesse''<ref>[[Laurent Joly]], ''Vichy dans la « solution finale ». Essai français.'', {{p.|163}}, [[Éditions Grasset]], Paris, 2006 {{ISBN|9782246638490}}.</ref>{{,}}<ref>Olivier Dard, ''Le rendez-vous manqué des relèves des années trente'', PUF, 2002</ref>. Ce comité organise plusieurs meetings, dont un meeting des « jeunes mobilisables » au [[Magic City (Paris)|Magic City]], dans le contexte de la [[remilitarisation de la Rhénanie]], avec [[Louis Darquier de Pellepoix]], choisi pour présider le {{Abréviation|CNVJ}}. Ces réunions témoignent du néo-pacifisme des nationalistes maurrassiens ; Maulnier, prêt à défendre la France si elle est agressée, fustige le {{citation|Front populaire aux ordres de Moscou (qui) veut la guerre}} et une {{citation|guerre qui tournerait au bénéfice de nos ennemis de l'intérieur}}<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k766273p/f3.item.r=%22robert+castille%22.zoom « Une magnifique réunion des jeunes mobilisables pour la paix », ''L'Action française'', 15 mars 1936]</ref>.


==== Insurgé (1937) ====
==== Insurgé (1937) ====
Le {{date-|13 janvier 1937}}, il fonde avec [[Jean-Pierre Maxence]] et [[Maurice Blanchot]], apologue du [[terrorisme d'état]]<ref>[[Maurice Blanchot|M. Blanchot]], « Le Terrorisme, méthode de salut public. », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 7, [[Paris]], juillet 1936.</ref> à la [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]]<ref>Ch. Bident, ''Maurice Blanchot : partenaire invisible. Essai biographique.'', {{p.|88}}, coll. Les Classiques de Champ vallon, [[Éditions Champ Vallon|Champ Vallon]], [[Ceyzérieu]], 1998 {{ISBN|9782876732537}}.</ref> mais pas assez [[Antisémitisme|antisémite]] et trop anti[[Nazisme|nazi]] au goût de [[Robert Brasillach]]<ref>Ch. Bident, ''Maurice Blanchot : partenaire invisible. Essai biographique.'', {{p.|101}}, coll. Les Classiques de Champ vallon, [[Éditions Champ Vallon|Champ Vallon]], [[Ceyzérieu]], 1998 {{ISBN|9782876732537}}.</ref>, un [[hebdomadaire]] [[Satire|satirique]]<ref>[[Pierre Monnier (1911-2006)|P. Monnier]], ''À l'ombre des têtes molles'', {{p.|191}}, [[La Table ronde]], [[Paris]], 1987.</ref>, ''[[L'Insurgé (hebdomadaire)|L'Insurgé politique et social]]''. La ligne éditoriale, fixée par [[Pierre Monnier (1911-2006)|Pierre Monnier]]<ref group="৳" name="Auzépy274">{{p.|274}}.</ref>, veut concilier l'esprit de révolte de [[Jules Vallès]], auquel le titre est emprunté, et l'[[antisémitisme]] d'[[Édouard Drumont]]<ref>P. H. Dioudonnat, ''L'Argent nazi à la conquête de la presse française'', {{p.|189}}, [[Jean Picollec]], [[Paris]], 1981.C</ref>. Les fonds ont été apportés par [[Jacques Lemaigre Dubreuil]]<ref name="Peschanski"/>, [[président-directeur général|président]] des [[Lesieur (entreprise)|Huiles Lesieur]]. Le siège du journal est abrité au 31 [[rue Caumartin]] par [[La Cagoule|le Parti national révolutionnaire et social]] fondé par [[Eugène Deloncle]]. Thierry Maulnier embauche [[Kléber Haedens]], admirateur jaloux d'[[Anne Desclos]], qui est omniprésente<ref group="♦">{{p.|238}}.</ref>.
Le {{date-|13 janvier 1937}}, il fonde avec [[Jean-Pierre Maxence]] et [[Maurice Blanchot]], apologue du [[terrorisme d'état]]<ref>[[Maurice Blanchot]], « Le Terrorisme, méthode de salut public. », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 7, [[Paris]], juillet 1936.</ref> à la [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]]<ref>Ch. Bident, ''Maurice Blanchot : partenaire invisible. Essai biographique.'', {{p.|88}}, coll. Les Classiques de Champ vallon, [[Éditions Champ Vallon]], [[Ceyzérieu]], 1998 {{ISBN|9782876732537}}.</ref> mais pas assez [[Antisémitisme|antisémite]] et trop anti[[Nazisme|nazi]] au goût de [[Robert Brasillach]]<ref>Ch. Bident, ''Maurice Blanchot : partenaire invisible. Essai biographique.'', {{p.|101}}, coll. Les Classiques de Champ vallon, [[Éditions Champ Vallon|Champ Vallon]], [[Ceyzérieu]], 1998 {{ISBN|9782876732537}}.</ref>, un [[hebdomadaire]] [[Satire|satirique]]<ref>[[Pierre Monnier (1911-2006)|Pierre Monnier]], ''À l'ombre des têtes molles'', {{p.|191}}, [[La Table ronde]], [[Paris]], 1987.</ref>, ''[[L'Insurgé (hebdomadaire)|L'Insurgé politique et social]]''. La ligne éditoriale, fixée par [[Pierre Monnier (1911-2006)|Pierre Monnier]]<ref group="৳" name="Auzépy274">{{p.|274}}.</ref>, veut concilier l'esprit de révolte de [[Jules Vallès]], auquel le titre est emprunté, et l'[[antisémitisme]] d'[[Édouard Drumont]]<ref>P. H. Dioudonnat, ''L'Argent nazi à la conquête de la presse française'', {{p.|189}}, [[Jean Picollec]], [[Paris]], 1981.C</ref>. Les fonds ont été apportés par [[Jacques Lemaigre Dubreuil]]<ref name="Peschanski"/>, [[président-directeur général|président]] des [[Lesieur (entreprise)|Huiles Lesieur]]. Le siège du journal est abrité au 31 [[rue Caumartin]] par [[La Cagoule|le Parti national révolutionnaire et social]] fondé par [[Eugène Deloncle]]. Thierry Maulnier embauche [[Kléber Haedens]], admirateur jaloux d'[[Anne Desclos]], qui est omniprésente<ref group="♦">{{p.|238}}.</ref>.


Dès mars, Thierry Maulnier est poursuivi en [[Tribunal correctionnel (France)|correctionnelle]] avec cinq autres journalistes pour avoir affirmé dans un article que la troupe a tiré sur des ouvriers<ref>Th. Maulnier, ''[[L'Insurgé (hebdomadaire)|L'Insurgé]]'', Paris, 10 mars 1937.</ref>. Il le sera plusieurs fois, augmentant ainsi popularité et tirages. Il y fait paraître sous un pseudonyme androgyne, [[Dominique Aury]], les [[Critique littéraire|critiques]] de littérature et de peinture qu'il a appris à sa maîtresse à rédiger, ainsi que des articles de [[Georges Blond]], disciple d'[[Alexis Carrel]], le camarade de [[Philippe Pétain]] et théoricien de l'[[eugénisme]], de la [[naturopathie]] et du [[comportementalisme]]. Lui-même, à sa table du ''[[Café de Flore]]'' ou chez ''[[Lipp]]'', brasserie qui sert tous les mardis soir de [[salle de rédaction]] à ''[[Combat (revue)|Combat]]'', rédige des articles dans lesquels il abuse de violence verbale contre le [[Front populaire (France)|Front populaire]] et [[Léon Blum]] pour fustiger le [[parlementarisme]] sinon ses « dérives » et défendre un [[patriotisme]] proche du [[Fascisme|courant fascisant]]<ref>[[Ariane Chebel d'Appollonia|A. Chebel d'Appollonia]], ''L'Extrême droite en France. De Maurras à Le Pen'', {{p.|220}} , [[Éditions Complexe|Complexe]], [[Bruxelles]], 1996.</ref>. Ces positions se retrouveront enrobées dans l'essai ''Au-delà du nationalisme'', recueil et synthèse d'articles qui paraitra en {{date-|février 1938}}.
Dès mars, Thierry Maulnier est poursuivi en [[Tribunal correctionnel (France)|correctionnelle]] avec cinq autres journalistes pour avoir affirmé dans un article que la troupe a tiré sur des ouvriers<ref>Th. Maulnier, ''[[L'Insurgé (hebdomadaire)|L'Insurgé]]'', Paris, 10 mars 1937.</ref>. Il le sera plusieurs fois, augmentant ainsi popularité et tirages. Il y fait paraître sous un pseudonyme androgyne, [[Dominique Aury]], les [[Critique littéraire|critiques]] de littérature et de peinture qu'il a appris à sa maîtresse à rédiger, ainsi que des articles de [[Georges Blond]], disciple d'[[Alexis Carrel]], le camarade de [[Philippe Pétain]] et théoricien de l'[[eugénisme]], de la [[naturopathie]] et du [[comportementalisme]]. Lui-même, à sa table du ''[[Café de Flore]]'' ou chez ''[[Lipp]]'', brasserie qui sert tous les mardis soir de [[salle de rédaction]] à ''[[Combat (revue)|Combat]]'', rédige des articles dans lesquels il abuse de violence verbale contre le [[Front populaire (France)|Front populaire]] et [[Léon Blum]] pour fustiger le [[parlementarisme]] sinon ses « dérives » et défendre un [[patriotisme]] proche du [[Fascisme|courant fascisant]]<ref>[[Ariane Chebel d'Appollonia]], ''L'Extrême droite en France. De Maurras à Le Pen'', {{p.|220}} , [[Éditions Complexe]], [[Bruxelles]], 1996.</ref>. Ces positions se retrouveront enrobées dans l'essai ''Au-delà du nationalisme'', recueil et synthèse d'articles qui paraitra en {{date-|février 1938}}.


[[Charles Maurras]], alors emprisonné pour huit mois à la [[Prison de la Santé|Santé]], s'en émeut<ref>[[Étienne de Montety|É. de Montety]], ''Thierry Maulnier'', {{p.|128}}, [[Éditions Julliard|Juillard]], [[Paris]], 1994.</ref>, [[Jacques Lemaigre Dubreuil]] ne tolère plus que ses capitaux rémunèrent des journalistes [[Anticapitalisme|anticapitalistes]] et l'aventure cesse au quarante deuxième numéro le {{date-|27 octobre 1937}}. [[Jean-Pierre Maxence]], toujours chroniqueur littéraire à ''[[Gringoire]]'' qui s'engage dans [[Solidarité française]]<ref group="₫">{{p.|88}}.</ref>, et [[Pierre Andreu]] sont écartés de ''[[Combat (revue)|Combat]]''<ref group="৳" name="Auzépy274"/>.
[[Charles Maurras]], alors emprisonné pour huit mois à la [[Prison de la Santé|Santé]], s'en émeut<ref>[[Étienne de Montety]], ''Thierry Maulnier'', {{p.|128}}, [[Éditions Julliard]], [[Paris]], 1994.</ref>, [[Jacques Lemaigre Dubreuil]] ne tolère plus que ses capitaux rémunèrent des journalistes [[Anticapitalisme|anticapitalistes]] et l'aventure cesse au quarante deuxième numéro le {{date-|27 octobre 1937}}. [[Jean-Pierre Maxence]], toujours chroniqueur littéraire à ''[[Gringoire]]'' qui s'engage dans [[Solidarité française]]<ref group="₫">{{p.|88}}.</ref>, et [[Pierre Andreu]] sont écartés de ''[[Combat (revue)|Combat]]''<ref group="৳" name="Auzépy274"/>.


==== Soutenir les dictatures (1938) ====
==== Soutenir les dictatures (1938) ====
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À la [[Guerre d'Espagne|chute de la république d'Espagne]], Thierry Maulnier soutient la dictature de [[Francisco Franco|Franco]] dans son projet de régénérer la nation<ref>Th. Maulnier, « La guerre d'Espagne s'achève. Il faut que la révolution espagnole commence. », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', [[Paris]], avril 1938.</ref>. Un an après le [[bombardement de Guernica]], il rencontre le nouvel ambassadeur [[Nazisme|nazi]] [[Otto Abetz]] dans le cadre de la {{Lien|langue=de|trad=Deutsch-Französische Gesellschaft|fr=Société franco allemande}} et s'explique sur son {{Citation|[[antisémitisme]] raisonnable}}, qui ne veut pas éliminer les [[Juifs]], pour ce qu'ils seraient une race maudite, que ce soit pour avoir fait crucifier le [[Jésus-Christ|Christ]] ou pour avoir suscité une jalousie économique, mais les {{Citation|[[Assimilationnisme|assimiler]]}} en supprimant la [[Capitalisme|société mercantile]], pour ce qu'elle leur donnerait une puissance disproportionnée et une {{Citation|hétérogénéité irréductible}}<ref>Th. Maulnier, « Notes sur l'antisémitisme », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 26, [[Paris]], juin 1938.</ref>. Pour Thierry Maulnier, le {{Citation|problème juif}} n'est pas la cause de la crise du [[capitalisme]] mais son effet. C'est en supprimant le capitalisme qu'on résoudrait l'[[antisémitisme]], et non en supprimant les [[Juifs]] qu'on règlerait la crise capitaliste. En {{date-|octobre 1938}}, il applaudit les [[accords de Munich]] et soutient l'annexion des [[Région des Sudètes|Sudètes]] parce qu'il voit dans le [[Nazisme|régime nazi]] le meilleur rempart contre le [[communisme]]. Il souligne dans ''[[Combat (revue)|Combat]]'' de novembre 1938 le dilemme des nationalistes français {{citation|hostiles sentimentalement à l'Allemagne}} mais tout aussi hostiles au régime républicain, au communisme et à une croisade antifasciste et convaincus sans l'avouer qu'{{citation|une défaite de l'Allemagne signifierait l'écroulement des systèmes autoritaires qui constituent le principal rempart à la révolution communiste}} et qu'une victoire de la France {{citation|eût été moins une victoire de la France qu'une victoire de principes considérés à bon droit comme menant tout droit à la ruine de la France et de la civilisation elle-même}}<ref>[https://www.retronews.fr/journal/combat-1935-1939/10-novembre-1938/1779/2914005/4 Th. Maulnier, « Les nouvelles conditions imposées imposées à l'action politique en France », ''Combat'', 10 novembre 1938]</ref>.
À la [[Guerre d'Espagne|chute de la république d'Espagne]], Thierry Maulnier soutient la dictature de [[Francisco Franco|Franco]] dans son projet de régénérer la nation<ref>Th. Maulnier, « La guerre d'Espagne s'achève. Il faut que la révolution espagnole commence. », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', [[Paris]], avril 1938.</ref>. Un an après le [[bombardement de Guernica]], il rencontre le nouvel ambassadeur [[Nazisme|nazi]] [[Otto Abetz]] dans le cadre de la {{Lien|langue=de|trad=Deutsch-Französische Gesellschaft|fr=Société franco allemande}} et s'explique sur son {{Citation|[[antisémitisme]] raisonnable}}, qui ne veut pas éliminer les [[Juifs]], pour ce qu'ils seraient une race maudite, que ce soit pour avoir fait crucifier le [[Jésus-Christ|Christ]] ou pour avoir suscité une jalousie économique, mais les {{Citation|[[Assimilationnisme|assimiler]]}} en supprimant la [[Capitalisme|société mercantile]], pour ce qu'elle leur donnerait une puissance disproportionnée et une {{Citation|hétérogénéité irréductible}}<ref>Th. Maulnier, « Notes sur l'antisémitisme », in ''[[Combat (revue)|Combat]]'', n° 26, [[Paris]], juin 1938.</ref>. Pour Thierry Maulnier, le {{Citation|problème juif}} n'est pas la cause de la crise du [[capitalisme]] mais son effet. C'est en supprimant le capitalisme qu'on résoudrait l'[[antisémitisme]], et non en supprimant les [[Juifs]] qu'on règlerait la crise capitaliste. En {{date-|octobre 1938}}, il applaudit les [[accords de Munich]] et soutient l'annexion des [[Région des Sudètes|Sudètes]] parce qu'il voit dans le [[Nazisme|régime nazi]] le meilleur rempart contre le [[communisme]]. Il souligne dans ''[[Combat (revue)|Combat]]'' de novembre 1938 le dilemme des nationalistes français {{citation|hostiles sentimentalement à l'Allemagne}} mais tout aussi hostiles au régime républicain, au communisme et à une croisade antifasciste et convaincus sans l'avouer qu'{{citation|une défaite de l'Allemagne signifierait l'écroulement des systèmes autoritaires qui constituent le principal rempart à la révolution communiste}} et qu'une victoire de la France {{citation|eût été moins une victoire de la France qu'une victoire de principes considérés à bon droit comme menant tout droit à la ruine de la France et de la civilisation elle-même}}<ref>[https://www.retronews.fr/journal/combat-1935-1939/10-novembre-1938/1779/2914005/4 Th. Maulnier, « Les nouvelles conditions imposées imposées à l'action politique en France », ''Combat'', 10 novembre 1938]</ref>.


À l'automne 1938, sa maîtresse [[Dominique Aury]] lui demande une préface à une ''Introduction à la poésie française''<ref group="♦">{{p.|254}}.</ref> qui fait suite au [[Mémoire (écrit)|mémoire]] qu'elle a soutenu en [[Sorbonne]]<ref group="¤">{{p.|182}}.</ref>. Concomitamment, l'éditeur, [[Jean Paulhan]], est sollicité par [[Alan Martin Boase|Alan Boase]], professeur de [[littérature française]] de l'[[université de Glasgow]] et futur pilier des ''[[French Studies]]'' qui a fait redécouvrir les [[Préciosité|poètes précieux]] du {{s|XVII}}<ref>[[Alan Martin Boase|A. M. Boase]], « Then Malherbe came », in ''{{Lien|langue=en|trad=The Criterion|fr=Le Criterion|texte=The New Criterion}}'', [[Faber and Faber|Faber & Faber]], [[Londres]], 1931.</ref>, pour préparer une [[anthologie]]. [[Jean Paulhan]] adresse [[Alan Martin Boase|Alan Boase]] à Thierry Maulnier et se contentera d'une publication dans ''Mesures'' des ''[[wikisource:Essai de quelques poèmes chrétiens#Stances de la mort|Stances de la mort]]'' préfacées par le professeur écossais<ref>[[Marcel Raymond (écrivain)|M. Raymond]], « Avant propos », in [[Alan Martin Boase|A. M. Boase]], ''[[Jean de Sponde]] Œuvres littéraires, suivies d'Écrits apologétiques avec des Juvénilia'', {{p.|V}}, [[Librairie Droz]], [[Genève]], 1978 {{ISBN|9782600025300}}.</ref>. L'anthologie de [[Dominique Aury]] paraitra sous le seul nom de Thierry Maulnier en {{date-|septembre 1939}}, durant la [[drôle de guerre]]<ref group="♦" name="David257">{{p.|257}}.</ref>. Reçu comme une [[Diane (musique)|diane]] française, le livre devra être réimprimé de nombreuses fois tant son succès sera grand<ref group="♦" name="David257"/>. L'anthologie de [[Préciosité|poésie précieuse]] ne paraitra, elle, qu'une fois [[Seconde Guerre mondiale|la guerre]] finie, en 1945, celle d'[[Alan Martin Boase|Alan Boase]] en 1949.
À l'automne 1938, sa maîtresse [[Dominique Aury]] lui demande une préface à une ''Introduction à la poésie française''<ref group="♦">{{p.|254}}.</ref> qui fait suite au [[Mémoire (écrit)|mémoire]] qu'elle a soutenu en [[Sorbonne]]<ref group="¤">{{p.|182}}.</ref>. Concomitamment, l'éditeur, [[Jean Paulhan]], est sollicité par [[Alan Martin Boase|Alan Boase]], professeur de [[littérature française]] de l'[[université de Glasgow]] et futur pilier des ''[[French Studies]]'' qui a fait redécouvrir les [[Préciosité|poètes précieux]] du {{s|XVII}}<ref>[[Alan Martin Boase|A. M. Boase]], « Then Malherbe came », in ''{{Lien|langue=en|trad=The Criterion|fr=Le Criterion|texte=The New Criterion}}'', [[Faber and Faber|Faber & Faber]], [[Londres]], 1931.</ref>, pour préparer une [[anthologie]]. [[Jean Paulhan]] adresse [[Alan Martin Boase|Alan Boase]] à Thierry Maulnier et se contentera d'une publication dans ''Mesures'' des ''[[wikisource:Essai de quelques poèmes chrétiens#Stances de la mort|Stances de la mort]]'' préfacées par le professeur écossais<ref>[[Marcel Raymond (écrivain)|Marcel Raymond]], « Avant propos », in [[Alan Martin Boase]], ''[[Jean de Sponde]] Œuvres littéraires, suivies d'Écrits apologétiques avec des Juvénilia'', {{p.|V}}, [[Librairie Droz]], [[Genève]], 1978 {{ISBN|9782600025300}}.</ref>. L'anthologie de [[Dominique Aury]] paraitra sous le seul nom de Thierry Maulnier en {{date-|septembre 1939}}, durant la [[drôle de guerre]]<ref group="♦" name="David257">{{p.|257}}.</ref>. Reçu comme une [[Diane (musique)|diane]] française, le livre devra être réimprimé de nombreuses fois tant son succès sera grand<ref group="♦" name="David257"/>. L'anthologie de [[Préciosité|poésie précieuse]] ne paraitra, elle, qu'une fois [[Seconde Guerre mondiale|la guerre]] finie, en 1945, celle d'[[Alan Martin Boase|Alan Boase]] en 1949.


=== Louvoiements dans la guerre (1939-1944) ===
=== Louvoiements dans la guerre (1939-1944) ===
==== L'opportunité de Vichy (1939-1940) ====
==== L'opportunité de Vichy (1939-1940) ====
Aux premiers jours de {{date-|septembre 1939}}, déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]], Thierry Maulnier est [[Mobilisation française de 1939|mobilisé]] au grade de [[sous-lieutenant]]<ref>[[Lucien Rebatet|L. Rebatet]], « Première semaine de guerre à Paris », in ''Je suis part partout'', n° 459, {{p.|1}}, [[Paris]], 8 septembre 1939.</ref> le {{date-|5 septembre 1939}} au quartier Raoult du [[46e régiment d'infanterie|46{{e}}]] [[Régiment d'infanterie|R.I.]], à [[Fontainebleau]]<ref group="♦">{{p.|265}}.</ref>, avant d'être affecté dans le même régiment au [[camp de Mourmelon]]<ref group="♦">{{p.|266}}.</ref>. [[Myopie|Myope]] et [[Héméralopie|héméralope]], il est démobilisé dès novembre<ref group="৳" name="Auzépy326">{{p.|326}}.</ref>. Jusqu'à [[Armistice du 22 juin 1940|la défaite]], il souhaite la victoire franco-anglaise<ref group="৳" name="Auzépy326"/>. Durant [[Bataille de France#Fall Rot (« Plan rouge ») : l'invasion de la France|la débâcle]], la direction de ''[[Je suis partout]]'', [[Charles Lesca]], [[Alain Laubreaux]], [[Robert Brasillach]], [[Lucien Rebatet]], est convoquée par la police pour atteinte à la [[Sûreté de l'État (France)|sûreté de l'état]] ainsi que nombre d'intellectuels [[Fascisme|fascistes]]. L'édition du dernier numéro est confiée en urgence à Thierry Maulnier, collaborateur occasionnel de l'hebdomadaire, et [[Pierre Varillon]]. Celui là refuse d'y faire mention des arrestations et de publier un article de [[Robert Brasillach]] dénonçant une violation de la [[liberté de la presse]]<ref>Je suis partout, 7 février 1941 ([https://www.retronews.fr/journal/je-suis-partout/7-fevrier-1941/719/2125823/1 Lire en ligne]).</ref>.
Aux premiers jours de {{date-|septembre 1939}}, déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale|guerre]], Thierry Maulnier est [[Mobilisation française de 1939|mobilisé]] au grade de [[sous-lieutenant]]<ref>[[Lucien Rebatet]], « Première semaine de guerre à Paris », in ''Je suis part partout'', n° 459, {{p.|1}}, [[Paris]], 8 septembre 1939.</ref> le {{date-|5 septembre 1939}} au quartier Raoult du [[46e régiment d'infanterie|46{{e}}]] [[Régiment d'infanterie|R.I.]], à [[Fontainebleau]]<ref group="♦">{{p.|265}}.</ref>, avant d'être affecté dans le même régiment au [[camp de Mourmelon]]<ref group="♦">{{p.|266}}.</ref>. [[Myopie|Myope]] et [[Héméralopie|héméralope]], il est démobilisé dès novembre<ref group="৳" name="Auzépy326">{{p.|326}}.</ref>. Jusqu'à [[Armistice du 22 juin 1940|la défaite]], il souhaite la victoire franco-anglaise<ref group="৳" name="Auzépy326"/>. Durant [[Bataille de France#Fall Rot (« Plan rouge ») : l'invasion de la France|la débâcle]], la direction de ''[[Je suis partout]]'', [[Charles Lesca]], [[Alain Laubreaux]], [[Robert Brasillach]], [[Lucien Rebatet]], est convoquée par la police pour atteinte à la [[Sûreté de l'État (France)|sûreté de l'état]] ainsi que nombre d'intellectuels [[Fascisme|fascistes]]. L'édition du dernier numéro est confiée en urgence à Thierry Maulnier, collaborateur occasionnel de l'hebdomadaire, et [[Pierre Varillon]]. Celui là refuse d'y faire mention des arrestations et de publier un article de [[Robert Brasillach]] dénonçant une violation de la [[liberté de la presse]]<ref>Je suis partout, 7 février 1941 ([https://www.retronews.fr/journal/je-suis-partout/7-fevrier-1941/719/2125823/1 Lire en ligne]).</ref>.


Il retrouve ses fonctions auprès de [[Charles Maurras]], qu'il rejoint durant l’[[Exode de 1940 en France|Exode]] dans la voiture de [[Léon Daudet]] à [[Limoges]], et à l{{'}}''[[Action française]]'', qui transfère son siège à [[Lyon]]. Dès les débuts de l'[[Occupation allemande|Occupation]], il prédit, en privé, l'échec à un terme plus ou moins lointain du projet irréaliste d'[[Adolf Hitler|Hitler]], note l'hostilité des passants aux soldats de la [[Wehrmacht]] et incite [[François Sentein]] à diffuser de la propagande clandestine contre les Allemands. ''[[Le Cri du peuple (journal, 1940-1944)|Le Cri du peuple]]'', journal de [[Jacques Doriot|Doriot]], l'accuse, lui et [[Pierre Varillon]], d'avoir été {{Citation|au service de tous les criminels mensonges de [[Georges Mandel|Mandel]] et [[Paul Reynaud|Reynaud]]}}, autant dire des acteurs de la défaite. En {{date-|novembre 1940}}, il est à [[Vichy]] pour rencontrer le [[chef de cabinet]] et le secrétaire général du [[Philippe Pétain|Maréchal]], l'[[Inspection générale des finances (France)|inspecteur des finances]] [[Henry du Moulin de Labarthète]] et l'amiral [[Jean Fernet]], ainsi que le [[Secrétaire d'État (France)|secrétaire d'État]] de [[Gouvernement Pierre Laval (5)|Laval]], [[Paul Baudouin]], qui vient de signer le [[Loi portant statut des juifs|statut des Juifs]] et devient un mois plus tard, en tant que [[Ministère de l'Information (France)|Secrétaire d'état à l'information]], son ministre de tutelle.
Il retrouve ses fonctions auprès de [[Charles Maurras]], qu'il rejoint durant l’[[Exode de 1940 en France|Exode]] dans la voiture de [[Léon Daudet]] à [[Limoges]], et à l{{'}}''[[Action française]]'', qui transfère son siège à [[Lyon]]. Dès les débuts de l'[[Occupation allemande|Occupation]], il prédit, en privé, l'échec à un terme plus ou moins lointain du projet irréaliste d'[[Adolf Hitler|Hitler]], note l'hostilité des passants aux soldats de la [[Wehrmacht]] et incite [[François Sentein]] à diffuser de la propagande clandestine contre les Allemands. ''[[Le Cri du peuple (journal, 1940-1944)|Le Cri du peuple]]'', journal de [[Jacques Doriot|Doriot]], l'accuse, lui et [[Pierre Varillon]], d'avoir été {{Citation|au service de tous les criminels mensonges de [[Georges Mandel|Mandel]] et [[Paul Reynaud|Reynaud]]}}, autant dire des acteurs de la défaite. En {{date-|novembre 1940}}, il est à [[Vichy]] pour rencontrer le [[chef de cabinet]] et le secrétaire général du [[Philippe Pétain|Maréchal]], l'[[Inspection générale des finances (France)|inspecteur des finances]] [[Henry du Moulin de Labarthète]] et l'amiral [[Jean Fernet]], ainsi que le [[Secrétaire d'État (France)|secrétaire d'État]] de [[Gouvernement Pierre Laval (5)|Laval]], [[Paul Baudouin]], qui vient de signer le [[Loi portant statut des juifs|statut des Juifs]] et devient un mois plus tard, en tant que [[Ministère de l'Information (France)|Secrétaire d'état à l'information]], son ministre de tutelle.
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==== Propagandiste de la révolution nationale (1941-1942) ====
==== Propagandiste de la révolution nationale (1941-1942) ====
Désormais [[journaliste]] autorisé, Thierry Maulnier donne aussi des articles à ''La Légion'', mensuel illustré publié à partir de juin 1941 sous la présidence directe de [[Philippe Pétain|Pétain]], qui s'en fait un conseiller personnel<ref>[[René Étiemble|R. Étiemble]], in [http://www.cealex.org/sitecealex/diffusion/PFE%20Web/PFE_027.../PFE_027_004_o.pdf ''Valeurs'', n° 4], {{p.|88}}, [[Paris]], janvier 1946.</ref>. Six mois plus tôt, le {{date-|21 janvier}}, il était choisi, avec [[Antoine de Saint-Exupéry]], pour être un des quarante membres du comité directeur du Rassemblement pour la révolution nationale<ref>J. Cotillon, « [https://www.cairn.info/revue-historique-2002-2-page-353.htm Un homme d'influence à Vichy : Henry du Moulin de Labarthète] », in ''[[Revue historique (France)|Revue historique]]'', n° 622, {{p.|375}}, [[Presses universitaires de France|PUF]], [[Paris]], 2002 {{ISBN|9782130526452}}.</ref>, qui est un éphémère [[parti politique]] créé par [[Henry du Moulin de Labarthète]] pour faire pièce au projet de parti unique porté par [[Marcel Déat]].
Désormais [[journaliste]] autorisé, Thierry Maulnier donne aussi des articles à ''La Légion'', mensuel illustré publié à partir de juin 1941 sous la présidence directe de [[Philippe Pétain|Pétain]], qui s'en fait un conseiller personnel<ref>[[René Étiemble]], in [http://www.cealex.org/sitecealex/diffusion/PFE%20Web/PFE_027.../PFE_027_004_o.pdf ''Valeurs'', n° 4], {{p.|88}}, [[Paris]], janvier 1946.</ref>. Six mois plus tôt, le {{date-|21 janvier}}, il était choisi, avec [[Antoine de Saint-Exupéry]], pour être un des quarante membres du comité directeur du Rassemblement pour la révolution nationale<ref>J. Cotillon, « [https://www.cairn.info/revue-historique-2002-2-page-353.htm Un homme d'influence à Vichy : Henry du Moulin de Labarthète] », in ''[[Revue historique (France)|Revue historique]]'', n° 622, {{p.|375}}, [[Presses universitaires de France|PUF]], [[Paris]], 2002 {{ISBN|9782130526452}}.</ref>, qui est un éphémère [[parti politique]] créé par [[Henry du Moulin de Labarthète]] pour faire pièce au projet de parti unique porté par [[Marcel Déat]].


Quand, en {{date-|janvier 1942}}, est créé sous la direction d'[[Yves Urvoy]] l'Institut national de formation légionnaire pour endoctriner les cadres de la [[Légion française des combattants]], c'est donc naturellement qu'il est nommé responsable des programmes. Il y donne lui-même des conférences et fait intervenir entre autres [[Paul Marion]] et [[François Perroux]]. [[François Mitterrand]], ex collègue de ''Combat'' bientôt engagé dans le [[Résistance intérieure française|réseau]] d'[[Antoine Mauduit-Larive]], y fait un passage. Au terme d'un an est créée au sein de la [[Légion française des combattants|LFC]] la [[Milice française|Milice]], dont l'école des cadres évince l'[[École des cadres d'Uriage]], foyer des « [[Vichyste|vichysto]] [[Résistance intérieure française|résistants]] », et en accapare les locaux dans le [[Château d’Uriage]].
Quand, en {{date-|janvier 1942}}, est créé sous la direction d'[[Yves Urvoy]] l'Institut national de formation légionnaire pour endoctriner les cadres de la [[Légion française des combattants]], c'est donc naturellement qu'il est nommé responsable des programmes. Il y donne lui-même des conférences et fait intervenir entre autres [[Paul Marion]] et [[François Perroux]]. [[François Mitterrand]], ex collègue de ''Combat'' bientôt engagé dans le [[Résistance intérieure française|réseau]] d'[[Antoine Mauduit-Larive]], y fait un passage. Au terme d'un an est créée au sein de la [[Légion française des combattants|LFC]] la [[Milice française|Milice]], dont l'école des cadres évince l'[[École des cadres d'Uriage]], foyer des « [[Vichyste|vichysto]] [[Résistance intérieure française|résistants]] », et en accapare les locaux dans le [[Château d’Uriage]].


Thierry Maulnier bénéficie du soutien de [[René Vincent (journaliste)|René Vincent]], ex [[rédacteur en chef]] de ''[[Combat (revue)|Combat]]'' qui est entré au [[Ministère de l'Information (France)|Secrétariat général à l'information]] et qui lui confie la rédaction d'un nouvel [[hebdomadaire]], ''Demain''. C'est un organe de presse de la [[Fédération nationale catholique]] fondé en {{date-|février 1942}}<ref name="Galster347">« [http://books.openedition.org/pur/31224 Notices sur les auteurs, journaux et périodiques] », in I. Galster, ''Sartre devant la presse d’Occupation : Le dossier critique des Mouches et Huis clos.'', {{p.|347}}, [[Presses universitaires de Rennes|PUR]], [[Rennes]], 2005 {{ISBN|9782753546431}}.</ref> par [[Jean de Fabrègues]] à la demande pressante de l'[[Assemblée des cardinaux et archevêques de France|épiscopat français]] désireux de rallier les [[Démocratie chrétienne|démocrates chrétiens]] hostiles à la cause du [[Philippe Pétain|Maréchal]]<ref name="Galster347"/> et de s'impliquer dans le redressement moral de la jeunesse.
Thierry Maulnier bénéficie du soutien de [[René Vincent (journaliste)|René Vincent]], ex [[rédacteur en chef]] de ''[[Combat (revue)|Combat]]'' qui est entré au [[Ministère de l'Information (France)|Secrétariat général à l'information]] et qui lui confie la rédaction d'un nouvel [[hebdomadaire]], ''Demain''. C'est un organe de presse de la [[Fédération nationale catholique]] fondé en {{date-|février 1942}}<ref name="Galster347">« [http://books.openedition.org/pur/31224 Notices sur les auteurs, journaux et périodiques] », in I. Galster, ''Sartre devant la presse d’Occupation : Le dossier critique des Mouches et Huis clos.'', {{p.|347}}, [[Presses universitaires de Rennes|PUR]], [[Rennes]], 2005 {{ISBN|9782753546431}}.</ref> par [[Jean de Fabrègues]] à la demande pressante de l'[[Assemblée des cardinaux et archevêques de France|épiscopat français]] désireux de rallier les [[Démocratie chrétienne|démocrates chrétiens]] hostiles à la cause du [[Philippe Pétain|Maréchal]]<ref name="Galster347"/> et de s'impliquer dans le redressement moral de la jeunesse.


Il y travaillera jusqu'en 1944, sous la supervision de [[René Vincent (journaliste)|René Vincent]], relayant les consignes du ministère de [[Paul Marion]] et la [[propagande]] [[Régime de Vichy|vichyste]] ainsi que dans la revue ''Idées'' consacrée à l'idéologie [[Philippe Pétain|maréchaliste]]<ref>[[Daniel Lindenberg|D. Lindenberg]], « [http://www.persee.fr/doc/mcm_1146-1225_1995_num_13_1_1134 Les "années tournantes" des intellectuels catholiques] », in ''[[Mil neuf cent : Revue d'histoire intellectuelle|Mil neuf cent]]'', nap° 13 "Les intellectuels catholiques (Histoire et débats)", {{p.|109}}, Société d’études [[Georges Sorel|soréliennes]], Paris {{ISSN|1146-1225}}.</ref>. Quand [[Opération Torch|les Alliés débarquent]] en [[Afrique du Nord]], le {{date-|8 novembre 1942}} et que la [[zone libre]] est envahie, ''[[Le Figaro]]'' est interdit par la censure allemande, interdiction que le dernier numéro présente comme un sabordage, à l'image de la [[Sabordage de la flotte française à Toulon|flotte de Toulon]].
Il y travaillera jusqu'en 1944, sous la supervision de [[René Vincent (journaliste)|René Vincent]], relayant les consignes du ministère de [[Paul Marion]] et la [[propagande]] [[Régime de Vichy|vichyste]] ainsi que dans la revue ''Idées'' consacrée à l'idéologie [[Philippe Pétain|maréchaliste]]<ref>[[Daniel Lindenberg|D. Lindenberg]], « [http://www.persee.fr/doc/mcm_1146-1225_1995_num_13_1_1134 Les "années tournantes" des intellectuels catholiques] », in ''[[Mil neuf cent : Revue d'histoire intellectuelle|Mil neuf cent]]'', nap° 13 "Les intellectuels catholiques (Histoire et débats)", {{p.|109}}, Société d’études [[Georges Sorel|soréliennes]], Paris {{ISSN|1146-1225}}.</ref>. Quand [[Opération Torch|les Alliés débarquent]] en [[Afrique du Nord]], le {{date-|8 novembre 1942}} et que la [[zone libre]] est envahie, ''[[Le Figaro]]'' est interdit par la censure allemande, interdiction que le dernier numéro présente comme un sabordage, à l'image de la [[Sabordage de la flotte française à Toulon|flotte de Toulon]].


C'est à Thierry Maulnier, ainsi qu'à [[André Fraigneau]], qu'est alors confiée la supervision des ''Cahiers français'', nouvelle mouture des ''Cahiers de la génération'' que dirige désormais [[Jean Le Marchand]], un ancien collègue de ''[[Combat (revue)|Combat]]'' assisté du jeune [[Roland Laudenbach]]<ref name="Gros">G. Gros, « [[Roland Laudenbach]] et ''[[La Table ronde]]'', [[Jacques Perret]] et ''[[Aspect de France]]'' », in [[Michel Leymarie|M. Leymarie]], [[Olivier Dard|O. Dard]] 1 J. Y. Guérin, ''L'Action française. Culture, société, politique.'', vol. IV "Maurrassisme et littérature", {{p.|225}}, coll. Histoire et civilisations, [[Presses universitaires du Septentrion]], [[Villeneuve-d'Ascq]], 2012 {{ISBN|9782757404010}}.</ref>, le neveu de [[Pierre Fresnay]]. C'est le journal officiel de la propagande des [[Chantiers de la jeunesse française]]<ref name="Gros"/>, dont l'[[Occupation allemande|Occupant]] désormais se défie et d'où sortiront nombre de [[Résistance intérieure française|résistants]] et recrues de l'[[Armée d'Afrique (France)|Armée d'Afrique]] engagée aux côtés des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]. Y publient entre autres [[Louis Salleron]], [[Jean de Fabrègues]], [[René Vincent (journaliste)|René Vincent]], [[Pierre Andreu]], [[François Sentein]], [[Raoul Girardet]], [[Antoine Blondin]], [[Jean Turlais]]<ref name="Gros"/>. La revue continuera après la fin de la guerre sous le titre de ''Cahiers de [[la Table ronde]]''<ref name="Gros"/> et Thierry Maulnier en fixera la ligne générale<ref name="Gros"/> jusqu'à la fin de l'année 1949.
C'est à Thierry Maulnier, ainsi qu'à [[André Fraigneau]], qu'est alors confiée la supervision des ''Cahiers français'', nouvelle mouture des ''Cahiers de la génération'' que dirige désormais [[Jean Le Marchand]], un ancien collègue de ''[[Combat (revue)|Combat]]'' assisté du jeune [[Roland Laudenbach]]<ref name="Gros">G. Gros, « [[Roland Laudenbach]] et ''[[La Table ronde]]'', [[Jacques Perret]] et ''[[Aspect de France]]'' », in [[Michel Leymarie]], [[Olivier Dard]] 1 J. Y. Guérin, ''L'Action française. Culture, société, politique.'', vol. IV "Maurrassisme et littérature", {{p.|225}}, coll. Histoire et civilisations, [[Presses universitaires du Septentrion]], [[Villeneuve-d'Ascq]], 2012 {{ISBN|9782757404010}}.</ref>, le neveu de [[Pierre Fresnay]]. C'est le journal officiel de la propagande des [[Chantiers de la jeunesse française]]<ref name="Gros"/>, dont l'[[Occupation allemande|Occupant]] désormais se défie et d'où sortiront nombre de [[Résistance intérieure française|résistants]] et recrues de l'[[Armée d'Afrique (France)|Armée d'Afrique]] engagée aux côtés des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]. Y publient entre autres [[Louis Salleron]], [[Jean de Fabrègues]], [[René Vincent (journaliste)|René Vincent]], [[Pierre Andreu]], [[François Sentein]], [[Raoul Girardet]], [[Antoine Blondin]], [[Jean Turlais]]<ref name="Gros"/>. La revue continuera après la fin de la guerre sous le titre de ''Cahiers de [[la Table ronde]]''<ref name="Gros"/> et Thierry Maulnier en fixera la ligne générale<ref name="Gros"/> jusqu'à la fin de l'année 1949.


==== En retrait de la Collaboration (1943-1944) ====
==== En retrait de la Collaboration (1943-1944) ====
À [[Lyon]], [[Charles Maurras]] est rudoyé par des hommes de la [[Milice française|Milice]], à la création de laquelle il avait applaudi. Dans ce qui faisait jusqu'à l'[[Opération Anton|invasion de la zone libre]] figure de petite capitale, tous les journalistes parisiens se fréquentent, notamment ''Chez Antoinette'' dont ils ont fait leur cantine, et Thierry Maulnier a retrouvé un condisciple de [[École normale supérieure (Paris)|Normale]], [[Jean Beaufret]]<ref group="¤" name=Montety223">{{p.|223}}.</ref>, lequel entrera dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]] en {{date-|janvier 1944}}.
À [[Lyon]], [[Charles Maurras]] est rudoyé par des hommes de la [[Milice française|Milice]], à la création de laquelle il avait applaudi. Dans ce qui faisait jusqu'à l'[[Opération Anton|invasion de la zone libre]] figure de petite capitale, tous les journalistes parisiens se fréquentent, notamment ''Chez Antoinette'' dont ils ont fait leur cantine, et Thierry Maulnier a retrouvé un condisciple de [[École normale supérieure (Paris)|Normale]], [[Jean Beaufret]]<ref group="¤" name=Montety223">{{p.|223}}.</ref>, lequel entrera dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]] en {{date-|janvier 1944}}.


Celui-ci, au début du doux hiver 1943, le met en contact avec [[Roger Stéphane]]<ref group="¤" name=Montety223"/>, l'adjoint de [[Pierre-Henri Teitgen]] au sein des [[Mouvements unis de la Résistance]] empêtrés dans leur réorganisation. Depuis novembre, les Français se demandent si l'[[Allemagne]] n'a pas commencé [[Bataille de Stalingrad|devant Stalingrad]] de perdre la guerre. Il est question de faire passer Thierry Maulnier de ''[[L'Action française (journal)|L'Action française]]'' au journal clandestin ''[[Combat (journal)|Combat]]'', pour lequel celui-ci réaliserait un [[hebdomadaire]], ''Les Cahiers de [[Combat (journal)|Combat]]''<ref group="¤" name="Montety253">{{p.|253}}.</ref>. Thierry Maulnier refuse, au prétexte que l'influence et l'audience du premier sont plus grandes que celles du second<ref group="¤" name=Montety223"/>, ce qui est inexact. Quelques jours plus tôt, il fustigeait les idées [[Individualisme|individualistes]] de [[Jean-Jacques Rousseau]], accusé d'avoir ruiné l’ordre et la tradition issues du [[Civilisation gréco-romaine|monde grécolatin]] et causé les deux plus grandes catastrophes de l’[[histoire de France]], la [[Révolution française|chute de l’Ancien régime]] et l’[[Bataille de France|invasion allemande]]<ref>Th. Maulnier, in ''[[L'Action française (journal)|L'Action française]]'', [[Lyon]], 20 janvier 1943.</ref>. [[Georges Bidault]], président du comité directeur du [[Front national (Résistance)|Front national]] sud depuis {{date-|février 1943}}, déclare à propos de ce raté {{Citation|Je veux bien qu'une putain me prétende qu'elle est vierge mais je suis en droit de lui demander de quitter le bordel}}<ref>[[Étienne de Montety|É. de Montety]], ''Thierry Maulnier'', [[Éditions Julliard|Juillard]], {{p.|224}}, [[Éditions Perrin|Perrin]], [[Paris]], 2013 {{ISBN|978-2-262-04172-4}}.</ref>. Membre du réseau [[Combat (Résistance)|Combat]] qui a été arrêté au printemps précédent et s'est évadé en {{date-|novembre 1942}}, [[Roger Stéphane]] est de nouveau arrêté le {{date|17|3|1943}}<ref>[[Christine Levisse-Touzé|Ch. Levisse-Touzé]] & V. Trouplin, ''{{lien brisé|url=http://www.unadif.fr/index.php?option=com_phocadownload&view=category&download=81%3Atmoignage-de-pierre-ropiquet-rsistant-patriote-dport&id=6%3Atmoignages&Itemid=30 |titre=Paris, compagnon de la Libération. }}'', {{p.|54}}, Comité d'histoire de la [[Mairie de Paris|Ville de Paris]], [[Paris]], 2010.</ref>, quelque temps après son entrevue avec Thierry Maulnier et trois mois avant la capture de [[Jean Moulin]].
Celui-ci, au début du doux hiver 1943, le met en contact avec [[Roger Stéphane]]<ref group="¤" name=Montety223"/>, l'adjoint de [[Pierre-Henri Teitgen]] au sein des [[Mouvements unis de la Résistance]] empêtrés dans leur réorganisation. Depuis novembre, les Français se demandent si l'[[Allemagne]] n'a pas commencé [[Bataille de Stalingrad|devant Stalingrad]] de perdre la guerre. Il est question de faire passer Thierry Maulnier de ''[[L'Action française (journal)|L'Action française]]'' au journal clandestin ''[[Combat (journal)|Combat]]'', pour lequel celui-ci réaliserait un [[hebdomadaire]], ''Les Cahiers de [[Combat (journal)|Combat]]''<ref group="¤" name="Montety253">{{p.|253}}.</ref>. Thierry Maulnier refuse, au prétexte que l'influence et l'audience du premier sont plus grandes que celles du second<ref group="¤" name=Montety223"/>, ce qui est inexact. Quelques jours plus tôt, il fustigeait les idées [[Individualisme|individualistes]] de [[Jean-Jacques Rousseau]], accusé d'avoir ruiné l’ordre et la tradition issues du [[Civilisation gréco-romaine|monde grécolatin]] et causé les deux plus grandes catastrophes de l’[[histoire de France]], la [[Révolution française|chute de l’Ancien régime]] et l’[[Bataille de France|invasion allemande]]<ref>Th. Maulnier, in ''[[L'Action française (journal)|L'Action française]]'', [[Lyon]], 20 janvier 1943.</ref>. [[Georges Bidault]], président du comité directeur du [[Front national (Résistance)|Front national]] sud depuis {{date-|février 1943}}, déclare à propos de ce raté {{Citation|Je veux bien qu'une putain me prétende qu'elle est vierge mais je suis en droit de lui demander de quitter le bordel}}<ref>[[Étienne de Montety]], ''Thierry Maulnier'', [[Éditions Julliard]], {{p.|224}}, [[Éditions Perrin]], [[Paris]], 2013 {{ISBN|978-2-262-04172-4}}.</ref>. Membre du réseau [[Combat (Résistance)|Combat]] qui a été arrêté au printemps précédent et s'est évadé en {{date-|novembre 1942}}, [[Roger Stéphane]] est de nouveau arrêté le {{date|17|3|1943}}<ref>[[Christine Levisse-Touzé]] & V. Trouplin, ''{{lien brisé|url=http://www.unadif.fr/index.php?option=com_phocadownload&view=category&download=81%3Atmoignage-de-pierre-ropiquet-rsistant-patriote-dport&id=6%3Atmoignages&Itemid=30 |titre=Paris, compagnon de la Libération. }}'', {{p.|54}}, Comité d'histoire de la [[Mairie de Paris|Ville de Paris]], [[Paris]], 2010.</ref>, quelque temps après son entrevue avec Thierry Maulnier et trois mois avant la capture de [[Jean Moulin]].


Revenu à [[Paris]], Thierry Maulnier contribue à une ''Histoire de la médecine'', travail alimentaire que lui offre des amis<ref group="¤" name="Montety232">{{p.|232}}.</ref> proches de ''[[La Cagoule]]''. Il fréquente aussi bien le [[Hauptmann|capitaine]] [[Ernst Jünger]], figure intellectuelle majeure de la [[Révolution conservatrice (Weimar)|révolution conservatrice]] lors de la république de Weimar, employé de la censure mais secrètement opposé à l'[[Adolf Hitler|hitlérisme]], que [[François Sentein]], directeur d'un [[Chantiers de la jeunesse française|chantier de jeunesse]], ou [[Maurice Clavel]], qu'il retrouve régulièrement aux [[Les Deux Magots|Deux magots]] et auquel il propose de cacher des [[Résistance intérieure française|résistants]] dans son logement 27 [[rue de Bellechasse]], parce qu'il n'y a pas de [[Concierge (immeuble)|concierge]]<ref group="¤" name="Montety232"/>. À partir d'{{date-|octobre 1943}}<ref group="¤">{{p.|237}}.</ref>, tout en continuant d'envoyer ses articles à ''[[L'Action française (journal)|L'Action française]]'' et la ''[[Revue universelle]]'', il se consacre à la vie du théâtre, que pilote son ami [[Jean-Louis Vaudoyer]] désormais en disgrâce auprès des jusqu'au boutistes de la [[Collaboration en France|Collaboration]], et à la carrière de [[Marcelle Tassencourt]], actrice de trente ans qu'il a rencontrée dans le train à la fin d'octobre 1940 alors qu'elle était mariée à un [[Avocat (métier)|avocat]] devenu [[journaliste]], Louis Gabriel Robinet, et qu'ils se rendaient en compagnie de collègues du ''[[Le Figaro|Figaro]]'' à [[Lyon]], en [[zone libre]].
Revenu à [[Paris]], Thierry Maulnier contribue à une ''Histoire de la médecine'', travail alimentaire que lui offre des amis<ref group="¤" name="Montety232">{{p.|232}}.</ref> proches de ''[[La Cagoule]]''. Il fréquente aussi bien le [[Hauptmann|capitaine]] [[Ernst Jünger]], figure intellectuelle majeure de la [[Révolution conservatrice (Weimar)|révolution conservatrice]] lors de la république de Weimar, employé de la censure mais secrètement opposé à l'[[Adolf Hitler|hitlérisme]], que [[François Sentein]], directeur d'un [[Chantiers de la jeunesse française|chantier de jeunesse]], ou [[Maurice Clavel]], qu'il retrouve régulièrement aux [[Les Deux Magots|Deux magots]] et auquel il propose de cacher des [[Résistance intérieure française|résistants]] dans son logement 27 [[rue de Bellechasse]], parce qu'il n'y a pas de [[Concierge (immeuble)|concierge]]<ref group="¤" name="Montety232"/>. À partir d'{{date-|octobre 1943}}<ref group="¤">{{p.|237}}.</ref>, tout en continuant d'envoyer ses articles à ''[[L'Action française (journal)|L'Action française]]'' et la ''[[Revue universelle]]'', il se consacre à la vie du théâtre, que pilote son ami [[Jean-Louis Vaudoyer]] désormais en disgrâce auprès des jusqu'au boutistes de la [[Collaboration en France|Collaboration]], et à la carrière de [[Marcelle Tassencourt]], actrice de trente ans qu'il a rencontrée dans le train à la fin d'octobre 1940 alors qu'elle était mariée à un [[Avocat (métier)|avocat]] devenu [[journaliste]], Louis Gabriel Robinet, et qu'ils se rendaient en compagnie de collègues du ''[[Le Figaro|Figaro]]'' à [[Lyon]], en [[zone libre]].
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En 1944, il est arrêté au café ''Au vieux Paris'' en compagnie de [[Pierre Grappin]], [[Pierre Courtade]], [[Annie Hervé]], [[Pierre Kaufmann]] et [[Madeleine Herr]], et placé quelques jours en détention<ref>{{Article|auteur=[[Baldine Saint Girons]]|titre=Pierre Kaufmann|périodique=Revue philosophique de la France et de l'étranger|date=octobre 1995|pages=586-588|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/41097596}}.</ref>
En 1944, il est arrêté au café ''Au vieux Paris'' en compagnie de [[Pierre Grappin]], [[Pierre Courtade]], [[Annie Hervé]], [[Pierre Kaufmann]] et [[Madeleine Herr]], et placé quelques jours en détention<ref>{{Article|auteur=[[Baldine Saint Girons]]|titre=Pierre Kaufmann|périodique=Revue philosophique de la France et de l'étranger|date=octobre 1995|pages=586-588|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/41097596}}.</ref>


Au printemps 1944, il met en scène pour elle une ''Antigone'' de [[Robert Garnier]], auteur [[Renaissance|renaissant]] que lui a fait découvrir son ancienne maîtresse, [[Dominique Aury]], pour laquelle il a rédigé en 1941 une [[préface (littérature)|préface]]<ref>[[Dominique Aury|D. Aury]], ''Poètes [[Préciosité|précieux]] & [[Littérature baroque|baroques]] du {{s mini|XVII|e}}'', Jacques Petit, 1941.</ref>, mais avec laquelle la rupture était devenue définitive en {{date-|mai 1942}}. Celle-ci, travaillant pour la [[Résistance intérieure française|Résistance]] aux côtés de [[Jean Paulhan]] puis de [[Marguerite Donnadieu]], est passée dans le camp adverse en {{date-|septembre 1942}}, peu avant que lui-même ne s'engage dans la propagande pour les [[Chantiers de la jeunesse française]]. [[Alain Laubreaux]] raille un Thierry Maulnier en {{Citation|[[Gaullisme|gaulliste]] forcené}}, lui reprochant ainsi de vouloir par cette [[Antigone fille d'Œdipe|Antigone]], qui est un plaidoyer contre la tyrannie, donner des gages au futur vainqueur.
Au printemps 1944, il met en scène pour elle une ''Antigone'' de [[Robert Garnier]], auteur [[Renaissance|renaissant]] que lui a fait découvrir son ancienne maîtresse, [[Dominique Aury]], pour laquelle il a rédigé en 1941 une [[préface (littérature)|préface]]<ref>[[Dominique Aury]], ''Poètes [[Préciosité|précieux]] & [[Littérature baroque|baroques]] du {{s mini|XVII|e}}'', Jacques Petit, 1941.</ref>, mais avec laquelle la rupture était devenue définitive en {{date-|mai 1942}}. Celle-ci, travaillant pour la [[Résistance intérieure française|Résistance]] aux côtés de [[Jean Paulhan]] puis de [[Marguerite Donnadieu]], est passée dans le camp adverse en {{date-|septembre 1942}}, peu avant que lui-même ne s'engage dans la propagande pour les [[Chantiers de la jeunesse française]]. [[Alain Laubreaux]] raille un Thierry Maulnier en {{Citation|[[Gaullisme|gaulliste]] forcené}}, lui reprochant ainsi de vouloir par cette [[Antigone fille d'Œdipe|Antigone]], qui est un plaidoyer contre la tyrannie, donner des gages au futur vainqueur.


Le {{date-|25 novembre 1944}}, Thierry Maulnier épouse [[Marcelle Tassencourt]] dans [[Libération de Paris|Paris libéré]].
Le {{date-|25 novembre 1944}}, Thierry Maulnier épouse [[Marcelle Tassencourt]] dans [[Libération de Paris|Paris libéré]].
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Durant l'[[Épuration à la Libération en France|Épuration]], ''Demain'' n'est pas autorisé à reparaître. [[Roger Stéphane]], qui était entré dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]] dès 1941 et auquel avait été au début de l'année 1943 soumis un projet de revue par Thierry Maulnier, a accepté à l'automne 1944 de se porter caution pour celui-ci<ref group="¤" name="Montety253"/>, qui retrouve grâce à cette démarche sa [[Carte de presse en France|carte de presse]].
Durant l'[[Épuration à la Libération en France|Épuration]], ''Demain'' n'est pas autorisé à reparaître. [[Roger Stéphane]], qui était entré dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]] dès 1941 et auquel avait été au début de l'année 1943 soumis un projet de revue par Thierry Maulnier, a accepté à l'automne 1944 de se porter caution pour celui-ci<ref group="¤" name="Montety253"/>, qui retrouve grâce à cette démarche sa [[Carte de presse en France|carte de presse]].


Thierry Maulnier, secondé par [[Marcelle Tassencourt|sa femme]], se démène pour faire signer la pétition qui sauverait [[Robert Brasillach]], son ami de plus de quinze ans, de la [[peine de mort]], en vain. Il trouve refuge dans un petit journal de [[Sarlat]] renommé en 1944<ref>D. Evleth, ''Bibliographies and indexes in world history'', n° 48 "The Authorized Press in Vichy and German-occupied France, 1940-1944 : A Bibliography.", {{p.|37}}, [[Greenwood Publishing Group|GPG]], [[Santa Barbara (Californie)|Santa Barbara]] ([[Californie]]), 1999 {{ISSN|0742-6852}} {{ISBN|9780313307843}}.</ref> ''L'Essor''<ref>Th. Maulnier, « [[Claude Vermorel|Jeanne avec nous]] », in ''L’Essor'', {{date-|19 janvier 1946}}.<br />Cité in C. Foran, « [https://repository.upenn.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1048&context=phr Understanding the Legacy of German Occupation : Analyzing Postwar Criticism of Jeanne Avec Nous] », in ''Penn History Review'', vol. XVIII, n° 2, {{p.|36}}, Département d'histoire de l'[[Université de Pennsylvanie]], [[Philadelphie]], 7 septembre 2011.</ref> et reprend la direction de ce qui fut les ''Cahiers français'', revue des [[Chantiers de la jeunesse française|Chantiers de la jeunesse]] durant l'[[Occupation allemande|Occupation]]<ref name="Gros"/>, sous le titre de ''[[La Table ronde|Cahiers de la Table ronde]]''<ref>[[Robert Paxton|R. Paxton]], O. Corpet & [[Claire Paulhan|C. Paulhan]], ''Archives de la vie littéraire sous l'Occupation'', {{p.|426}}, [[Éditions Tallandier|Tallandier]], [[Paris]], avril 2009, {{ISBN|978-2-84734-585-8}}.</ref>, qui lui a été donné après la [[Libération de la France|Libération]], en {{date-|décembre 1944}}, par [[Roland Laudenbach]]<ref name="Gros"/>. Il la renommera à son tour ''La Table ronde'' en s'associant, en {{date-|janvier 1948}}, avec [[François Mauriac]] avant que celle-ci ne soit rachetée par [[Éditions Plon|Plon]] et ne devienne le point de ralliement des [[Les Hussards (mouvement littéraire)|Hussards]]. La [[Éditions de la Table ronde|maison d'édition homonyme]], fondée en juillet 1944 sous le nom d’Éditions du Centre par Roger Mouton<ref>« [http://www.imec-archives.com/wp-content/uploads/2013/08/LTR_web.pdf Fonds des archives de la Table ronde. Inventaire.] », {{p.|1}}, [[Institut mémoires de l'édition contemporaine|IMEC]], [[Saint-Germain-la-Blanche-Herbe]], 2011.</ref>, ex directeur d'un « [[Chantiers de la jeunesse française|centre de la jeunesse]] »<ref name="Gros"/>, l'édite en 1946 sous son pseudonyme de Jacques Darcy<ref>J. Darcy, ''Histoire de la guerre : septembre 1939-août 1945.'', [[Éditions de la Table ronde|La Table ronde]], [[Paris]], 1946, 278 p.</ref> aux côtés de ses camarades [[Régime de Vichy|vichystes]], [[Paul Baudouin]], [[Gabriel Jeantet]], [[Jacques Isorni]], le [[Georges Groussard (officier)|Colonel Groussard]].
Thierry Maulnier, secondé par [[Marcelle Tassencourt|sa femme]], se démène pour faire signer la pétition qui sauverait [[Robert Brasillach]], son ami de plus de quinze ans, de la [[peine de mort]], en vain. Il trouve refuge dans un petit journal de [[Sarlat]] renommé en 1944<ref>D. Evleth, ''Bibliographies and indexes in world history'', n° 48 "The Authorized Press in Vichy and German-occupied France, 1940-1944 : A Bibliography.", {{p.|37}}, [[Greenwood Publishing Group|GPG]], [[Santa Barbara (Californie)|Santa Barbara]] ([[Californie]]), 1999 {{ISSN|0742-6852}} {{ISBN|9780313307843}}.</ref> ''L'Essor''<ref>Th. Maulnier, « [[Claude Vermorel|Jeanne avec nous]] », in ''L’Essor'', {{date-|19 janvier 1946}}.<br />Cité in C. Foran, « [https://repository.upenn.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1048&context=phr Understanding the Legacy of German Occupation : Analyzing Postwar Criticism of Jeanne Avec Nous] », in ''Penn History Review'', vol. XVIII, n° 2, {{p.|36}}, Département d'histoire de l'[[Université de Pennsylvanie]], [[Philadelphie]], 7 septembre 2011.</ref> et reprend la direction de ce qui fut les ''Cahiers français'', revue des [[Chantiers de la jeunesse française|Chantiers de la jeunesse]] durant l'[[Occupation allemande|Occupation]]<ref name="Gros"/>, sous le titre de ''[[La Table ronde|Cahiers de la Table ronde]]''<ref>[[Robert Paxton]], O. Corpet & [[Claire Paulhan]], ''Archives de la vie littéraire sous l'Occupation'', {{p.|426}}, [[Éditions Tallandier]], [[Paris]], avril 2009, {{ISBN|978-2-84734-585-8}}.</ref>, qui lui a été donné après la [[Libération de la France|Libération]], en {{date-|décembre 1944}}, par [[Roland Laudenbach]]<ref name="Gros"/>. Il la renommera à son tour ''La Table ronde'' en s'associant, en {{date-|janvier 1948}}, avec [[François Mauriac]] avant que celle-ci ne soit rachetée par [[Éditions Plon|Plon]] et ne devienne le point de ralliement des [[Les Hussards (mouvement littéraire)|Hussards]]. La [[Éditions de la Table ronde|maison d'édition homonyme]], fondée en juillet 1944 sous le nom d’Éditions du Centre par Roger Mouton<ref>« [http://www.imec-archives.com/wp-content/uploads/2013/08/LTR_web.pdf Fonds des archives de la Table ronde. Inventaire.] », {{p.|1}}, [[Institut mémoires de l'édition contemporaine|IMEC]], [[Saint-Germain-la-Blanche-Herbe]], 2011.</ref>, ex directeur d'un « [[Chantiers de la jeunesse française|centre de la jeunesse]] »<ref name="Gros"/>, l'édite en 1946 sous son pseudonyme de Jacques Darcy<ref>J. Darcy, ''Histoire de la guerre : septembre 1939-août 1945.'', [[Éditions de la Table ronde]], [[Paris]], 1946, 278 p.</ref> aux côtés de ses camarades [[Régime de Vichy|vichystes]], [[Paul Baudouin]], [[Gabriel Jeantet]], [[Jacques Isorni]], le [[Georges Groussard (officier)|Colonel Groussard]].


En 1947, il se voit confier la [[critique littéraire]] de la revue ''[[Hommes et Mondes]]'' par son fondateur, le promoteur des [[États-Unis d'Europe]] [[Philippe Pétain|pétainiste]] [[Gaston Riou]], et passe en {{date-|novembre 1950}} à la rubrique politique<ref>''[[Le Devoir]]'', n° 261, {{p.|8}}, [[Montréal]], 11 novembre 1950.</ref>. [[François Mauriac]] et [[Pierre Brisson]], engagés dans l'[[anticommunisme]] de la [[guerre froide]] et l'[[atlantisme]], en font, tout comme [[Wladimir d'Ormesson|Vladimir d'Ormesson]], un collaborateur régulier du ''[[Le Figaro|Figaro]]'' malgré les protestations de collègues heurtés de devoir travailler avec un ancien [[vichyste]]. Thierry Maulnier y poursuivra sa carrière de journaliste jusqu'à sa mort. Les [[Éditions Fayard]] lui recommandent le [[Championnats de France d'athlétisme 1949|champion de France]] du [[800 mètres|huit cents mètres]] [[Michel Clare]], dont il fait son secrétaire et avec lequel il pénètre le monde du sport.
En 1947, il se voit confier la [[critique littéraire]] de la revue ''[[Hommes et Mondes]]'' par son fondateur, le promoteur des [[États-Unis d'Europe]] [[Philippe Pétain|pétainiste]] [[Gaston Riou]], et passe en {{date-|novembre 1950}} à la rubrique politique<ref>''[[Le Devoir]]'', n° 261, {{p.|8}}, [[Montréal]], 11 novembre 1950.</ref>. [[François Mauriac]] et [[Pierre Brisson]], engagés dans l'[[anticommunisme]] de la [[guerre froide]] et l'[[atlantisme]], en font, tout comme [[Wladimir d'Ormesson|Vladimir d'Ormesson]], un collaborateur régulier du ''[[Le Figaro|Figaro]]'' malgré les protestations de collègues heurtés de devoir travailler avec un ancien [[vichyste]]. Thierry Maulnier y poursuivra sa carrière de journaliste jusqu'à sa mort. Les [[Éditions Fayard]] lui recommandent le [[Championnats de France d'athlétisme 1949|champion de France]] du [[800 mètres|huit cents mètres]] [[Michel Clare]], dont il fait son secrétaire et avec lequel il pénètre le monde du sport.


==== Contre la décolonisation (1950-1955) ====
==== Contre la décolonisation (1950-1955) ====
Sans pour autant dévier de ses positions paradoxales<ref>L. Morel, ''Thierry Maulnier : de la Jeune Droite révolutionnaire à l'ordre établi - [[thèse de doctorat]]'', Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire de l'[[université de Lorraine]], [[Nancy]], 25 novembre 2013.</ref>, son engagement politique se fait plus discret mais alors que s'ouvre [[Affaire Henri Martin|le procès]] d'[[Henri Martin (homme politique, 1927-2015)|Henri Martin]], marin et ancien [[Résistance intérieure française|résistant]] militant contre la [[guerre d'Indochine]], il exprime à l'automne 1950 sa sympathie pour l'[[armée française]] prise dans la piteuse défaite de [[Lạng Sơn#La Guerre d'Indochine|Long Son]]. Six mois plus tôt, le {{date-|21 février}}, il témoignait au procès de [[Louis-Ferdinand Céline]] en faveur de celui-ci, finalement condamné pour [[intelligence avec l'ennemi]] puis amnistié. En 1953, convaincu de la faiblesse de la procédure menée contre les [[époux Rosenberg]], il se prononce contre leur exécution, contrairement à [[Raymond Aron]], et met en garde contre l'effet néfaste pour la cause [[Atlantisme|atlantiste]] qu'aurait la révélation ultérieure de leur innocence<ref>Th. Maulnier, « Toujours les Rosenberg », in ''[[Dernières Nouvelles d’Alsace]]'', {{p.|1}}, [[Strasbourg]], 12 juin 1953.</ref>. À la [[Bataille de Diên Biên Phu|chute de Diên Biên Phu]], il fulmine contre ce qu'il voit comme un défaut d'engagement [[Patriotisme|patriotique]] de [[Jean-Paul Sartre]] et la complicité tacite des intellectuels [[Saint-Germain-des-Près|germanopratins]] avec l'[[URSS]]<ref>''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 20 mai 1954.</ref>.
Sans pour autant dévier de ses positions paradoxales<ref>L. Morel, ''Thierry Maulnier : de la Jeune Droite révolutionnaire à l'ordre établi - [[thèse de doctorat]]'', Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire de l'[[université de Lorraine]], [[Nancy]], 25 novembre 2013.</ref>, son engagement politique se fait plus discret mais alors que s'ouvre [[Affaire Henri Martin|le procès]] d'[[Henri Martin (homme politique, 1927-2015)|Henri Martin]], marin et ancien [[Résistance intérieure française|résistant]] militant contre la [[guerre d'Indochine]], il exprime à l'automne 1950 sa sympathie pour l'[[armée française]] prise dans la piteuse défaite de [[Lạng Sơn#La Guerre d'Indochine|Long Son]]. Six mois plus tôt, le {{date-|21 février}}, il témoignait au procès de [[Louis-Ferdinand Céline]] en faveur de celui-ci, finalement condamné pour [[intelligence avec l'ennemi]] puis amnistié. En 1953, convaincu de la faiblesse de la procédure menée contre les [[époux Rosenberg]], il se prononce contre leur exécution, contrairement à [[Raymond Aron]], et met en garde contre l'effet néfaste pour la cause [[Atlantisme|atlantiste]] qu'aurait la révélation ultérieure de leur innocence<ref>Th. Maulnier, « Toujours les Rosenberg », in ''[[Dernières Nouvelles d’Alsace]]'', {{p.|1}}, [[Strasbourg]], 12 juin 1953.</ref>. À la [[Bataille de Diên Biên Phu|chute de Diên Biên Phu]], il fulmine contre ce qu'il voit comme un défaut d'engagement [[Patriotisme|patriotique]] de [[Jean-Paul Sartre]] et la complicité tacite des intellectuels [[Saint-Germain-des-Près|germanopratins]] avec l'[[URSS]]<ref>''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 20 mai 1954.</ref>.


Il donne sa dernière contribution à ''[[La Table ronde]]'' en {{date-|novembre 1955}}<ref>« [http://www.revues-litteraires.com/articles.php?pg=1933 La Table Ronde (1948-1969) 2e série] », in L. Autret, ''Revues litteraires'', Paris, août 2015.</ref>. Il défend le [[Empire colonial français|projet colonial de la France]] comme une œuvre civilisatrice. Quand la [[guerre d'Algérie]] prend la suite de la [[guerre d'Indochine]], il se fait le porte parole des partisans de l'[[Algérie française]], {{Citation|terre attachée à notre terre, [...] chair attachée à notre chair}}<ref>''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 29 mars 1956.</ref>. Il honore la mémoire des soldats français impliqués en publiant un recueil de leurs lettres. C'est à Thierry Maulnier, au sujet de l'indépendance de l'[[Algérie]] et du maintien dans la [[France]] des [[Territoires du Sud]], devenus le [[Sahara algérien]], que [[Raymond Aron]] répondra en publiant en {{date-|avril 1957}} ''La Tragédie algérienne''. Thierry Maulnier qualifie de {{Citation|lobby de l'abandon}} cette [[Droite en France|droite]] au pouvoir qui ne voit plus dans les colonies qu'un risque<ref>Th. Maulnier, in ''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 24 octobre 1958.</ref>. Aux lendemains du [[putsch des généraux]], qu'il désapprouvera après avoir fait en 1959 un reportage auprès des [[pieds-noirs]] mais qu'il excusera en accusant le gouvernement lui-même<ref>Th. Maulnier, Témoignage recueilli par Maitre [[Jean-Louis Tixier-Vignancour|Tixier-Vignancour]], Paris, 1962, cité in [http://www.salan.asso.fr/iso_album/bulletin_02_final.pdf ''Bulletin'', n° 2], {{p.|12}}, Les Amis de [[Raoul Salan]], [[Paris]], mars 2004.</ref>, il reconnaitra la vanité des [[Attentats pendant la guerre d'Algérie|attentats]] de l'[[Organisation armée secrète|OAS]]<ref>Th. Maulnier, in ''Politique Éclair'', 27 mars 1962.</ref>.
Il donne sa dernière contribution à ''[[La Table ronde]]'' en {{date-|novembre 1955}}<ref>« [http://www.revues-litteraires.com/articles.php?pg=1933 La Table Ronde (1948-1969) 2e série] », in L. Autret, ''Revues litteraires'', Paris, août 2015.</ref>. Il défend le [[Empire colonial français|projet colonial de la France]] comme une œuvre civilisatrice. Quand la [[guerre d'Algérie]] prend la suite de la [[guerre d'Indochine]], il se fait le porte parole des partisans de l'[[Algérie française]], {{Citation|terre attachée à notre terre, [] chair attachée à notre chair}}<ref>''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 29 mars 1956.</ref>. Il honore la mémoire des soldats français impliqués en publiant un recueil de leurs lettres. C'est à Thierry Maulnier, au sujet de l'indépendance de l'[[Algérie]] et du maintien dans la [[France]] des [[Territoires du Sud]], devenus le [[Sahara algérien]], que [[Raymond Aron]] répondra en publiant en {{date-|avril 1957}} ''La Tragédie algérienne''. Thierry Maulnier qualifie de {{Citation|lobby de l'abandon}} cette [[Droite en France|droite]] au pouvoir qui ne voit plus dans les colonies qu'un risque<ref>Th. Maulnier, in ''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 24 octobre 1958.</ref>. Aux lendemains du [[putsch des généraux]], qu'il désapprouvera après avoir fait en 1959 un reportage auprès des [[pieds-noirs]] mais qu'il excusera en accusant le gouvernement lui-même<ref>Th. Maulnier, Témoignage recueilli par Maitre [[Jean-Louis Tixier-Vignancour|Tixier-Vignancour]], Paris, 1962, cité in [http://www.salan.asso.fr/iso_album/bulletin_02_final.pdf ''Bulletin'', n° 2], {{p.|12}}, Les Amis de [[Raoul Salan]], [[Paris]], mars 2004.</ref>, il reconnaitra la vanité des [[Attentats pendant la guerre d'Algérie|attentats]] de l'[[Organisation armée secrète|OAS]]<ref>Th. Maulnier, in ''Politique Éclair'', 27 mars 1962.</ref>.


==== Fédéraliste européen (1956-1967) ====
==== Fédéraliste européen (1956-1967) ====
Avec certains [[Non-conformistes des années 30|non conformistes des années 1930]], [[Robert Aron]], [[Daniel-Rops]], [[Jean de Fabrègues]], [[Alexandre Marc]], [[Denis de Rougemont]], il travaille au sein de l'[[Union des fédéralistes européens]] à la formulation et la diffusion de concepts utiles à la reconstruction d'une [[Europe]] politique<ref>[[Jean-Louis Loubet del Bayle|J. L. Loubet del Bayle]], « [https://www.erudit.org/fr/revues/ps/1998-v17-n1-2-ps2491/040106ar.pdf Le mouvement personnaliste français des années 1930 et sa postérité.] », in ''Politique et Sociétés'', vol. XVII, n° 1 & 2, {{p.|233}}, [[Société québécoise de science politique]], [[Montréal]], 1998 {{ISSN|1203-9438}}.</ref>. Cet engagement [[pro-européen]] se traduit de 1956 à 1971<ref>« [http://archives.eui.eu/search?utf8=✓&search-terms=Maulnier&commit=+ Maulnier] », in ''[[Archives historiques de l'Union européenne]]'', [[Institut universitaire européen]], [[Florence]], [s.d.]</ref> par une collaboration épisodique au mensuel ''Le {{s-|XX|e}} fédéraliste'' édité par le [[groupe d'influence]]<ref>« Fonctionnement, activités, implantation des mouvements et groupements français ou internationaux favorables ou hostiles à l'Unité européenne (classement par mouvements intéressés), 1955-1978 », Sous-direction information sociale, économique et financière de la [[Direction centrale des Renseignements généraux|DCRG]], [[Paris]], 1978 ([[Archives nationales (France)|AN]] 19850087/107 MI 26704).</ref> ''[[La Fédération]]''<ref>« [https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1968-28-page-1.htm#re2no2 Mouvements et groupements européens] », in ''Courrier hebdomadaire'', vol. 416-417, n° 28, {{p.|7}}, [[Centre de recherche et d'information socio-politiques|CRISP]], [[Bruxelles]], septembre 1968 {{ISSN|0008-9664}}.</ref>.
Avec certains [[Non-conformistes des années 30|non conformistes des années 1930]], [[Robert Aron]], [[Daniel-Rops]], [[Jean de Fabrègues]], [[Alexandre Marc]], [[Denis de Rougemont]], il travaille au sein de l'[[Union des fédéralistes européens]] à la formulation et la diffusion de concepts utiles à la reconstruction d'une [[Europe]] politique<ref>[[Jean-Louis Loubet del Bayle|J. L. Loubet del Bayle]], « [https://www.erudit.org/fr/revues/ps/1998-v17-n1-2-ps2491/040106ar.pdf Le mouvement personnaliste français des années 1930 et sa postérité.] », in ''Politique et Sociétés'', vol. XVII, n° 1 & 2, {{p.|233}}, [[Société québécoise de science politique]], [[Montréal]], 1998 {{ISSN|1203-9438}}.</ref>. Cet engagement [[pro-européen]] se traduit de 1956 à 1971<ref>« [http://archives.eui.eu/search?utf8=✓&search-terms=Maulnier&commit=+ Maulnier] », in ''[[Archives historiques de l'Union européenne]]'', [[Institut universitaire européen]], [[Florence]], [s.d.]</ref> par une collaboration épisodique au mensuel ''Le {{s-|XX|e}} fédéraliste'' édité par le [[groupe d'influence]]<ref>« Fonctionnement, activités, implantation des mouvements et groupements français ou internationaux favorables ou hostiles à l'Unité européenne (classement par mouvements intéressés), 1955-1978 », Sous-direction information sociale, économique et financière de la [[Direction centrale des Renseignements généraux|DCRG]], [[Paris]], 1978 ([[Archives nationales (France)|AN]] 19850087/107 MI 26704).</ref> ''[[La Fédération]]''<ref>« [https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1968-28-page-1.htm#re2no2 Mouvements et groupements européens] », in ''Courrier hebdomadaire'', vol. 416-417, n° 28, {{p.|7}}, [[Centre de recherche et d'information socio-politiques|CRISP]], [[Bruxelles]], septembre 1968 {{ISSN|0008-9664}}.</ref>.


Le {{date|16|12|1958}}, dix mille spectateurs sollicités par des cercles [[Famille dominicaine|dominicains]] et des étudiants [[Intégrisme|intégristes]] de la [[Sorbonne]] accompagnent le cardinal [[Maurice Feltin|Feltin]], [[Archevêché de Paris|archevêque de Paris]] qui fut [[Régime de Vichy|vichyste]], venu applaudir au [[Vélodrome d'Hiver]] l'adaptation que Thierry Maulnier a faite du ''{{Lien|langue=it|trad=Processo a Gesù|fr=Procès à Jésus}}'', [[Pièce de théâtre|pièce]] [[Antisémitisme|antisémite]] de [[Diego Fabbri]] qui ressasse l'idée d'une malédiction pesant sur les [[Juifs]], « [[peuple déicide]] »<ref>[[Jules Isaac|J. Isaac]], ''L'enseignement du mépris'', {{p.|165-182}}, [[Éditions Fasquelle|Fasquelle]], [[Paris]], 1962.</ref>, et qui a été condamnée par le [[Congrégation pour la doctrine de la foi|Saint Office]] pour {{Citation|offense à la religion et incitation à la haine sociale}}. Le spectacle se clôt par une [[Procession religieuse|procession]] jusqu'à [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre Dame]].
Le {{date|16|12|1958}}, dix mille spectateurs sollicités par des cercles [[Famille dominicaine|dominicains]] et des étudiants [[Intégrisme|intégristes]] de la [[Sorbonne]] accompagnent le cardinal [[Maurice Feltin|Feltin]], [[Archevêché de Paris|archevêque de Paris]] qui fut [[Régime de Vichy|vichyste]], venu applaudir au [[Vélodrome d'Hiver]] l'adaptation que Thierry Maulnier a faite du ''{{Lien|langue=it|trad=Processo a Gesù|fr=Procès à Jésus}}'', [[Pièce de théâtre|pièce]] [[Antisémitisme|antisémite]] de [[Diego Fabbri]] qui ressasse l'idée d'une malédiction pesant sur les [[Juifs]], « [[peuple déicide]] »<ref>[[Jules Isaac]], ''L'enseignement du mépris'', {{p.|165-182}}, [[Éditions Fasquelle]], [[Paris]], 1962.</ref>, et qui a été condamnée par le [[Congrégation pour la doctrine de la foi|Saint Office]] pour {{Citation|offense à la religion et incitation à la haine sociale}}. Le spectacle se clôt par une [[Procession religieuse|procession]] jusqu'à [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre Dame]].


En {{date-|juin 1959}}, l'ensemble de sa carrière littéraire est honorée du [[grand prix de littérature de l'Académie française]]. Il se fait [[metteur en scène]] assistant de sa femme, [[Marcelle Tassencourt]], nommée en 1961 directrice du [[théâtre Montansier]], à [[Versailles]], grâce à l'intervention du [[Ministère de la Culture (France)|ministre des Affaires culturelles]] [[André Malraux]]. Le {{date-|13 février 1964}}, quatre ans après [[Henri Massis]], il est élu à l'[[Académie française]] au fauteuil d'[[Henry Bordeaux]]. Éternel distrait, il oublie son épée de cérémonie le jour de son intronisation.
En {{date-|juin 1959}}, l'ensemble de sa carrière littéraire est honorée du [[grand prix de littérature de l'Académie française]]. Il se fait [[metteur en scène]] assistant de sa femme, [[Marcelle Tassencourt]], nommée en 1961 directrice du [[théâtre Montansier]], à [[Versailles]], grâce à l'intervention du [[Ministère de la Culture (France)|ministre des Affaires culturelles]] [[André Malraux]]. Le {{date-|13 février 1964}}, quatre ans après [[Henri Massis]], il est élu à l'[[Académie française]] au fauteuil d'[[Henry Bordeaux]]. Éternel distrait, il oublie son épée de cérémonie le jour de son intronisation.


==== La Nouvelle droite (1968-1977) ====
==== La Nouvelle droite (1968-1977) ====
À la fin des [[années soixante]], Thierry Maulnier fonde avec [[Dominique Venner]] l'[[Institut d'études occidentales]], éphémère dissidence du [[Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne|GRECE]] d'[[Alain de Benoist]] qui se veut un contre feu au [[gauchisme]] de [[mai 1968]], qu'il préside<ref>{{Article |auteur1= |titre=UNE CONFÉRENCE DE M. THIERRY MAULNIER SUR "LES VALEURS OCCIDENTALES ET LA CRISE DE LA SOCIÉTÉ TECHNICIENNE ". |périodique=[[Le Monde]] |date=14-04-1969 |pages= |issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/04/14/une-conference-de-m-thierry-maulnier-sur-les-valeurs-occidentales-et-la-crise-de-la-societe-technicienne_2437737_1819218.html}}.</ref>. L'IEO disparaît en 1971. Les analyses et travaux de l'institut seront repris dix ans plus tard par la [[Nouvelle Droite]].
À la fin des [[années soixante]], Thierry Maulnier fonde avec [[Dominique Venner]] l'[[Institut d'études occidentales]], éphémère dissidence du [[Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne|GRECE]] d'[[Alain de Benoist]] qui se veut un contre feu au [[gauchisme]] de [[mai 1968]], qu'il préside<ref>{{Article |auteur1= |titre=UNE CONFÉRENCE DE M. THIERRY MAULNIER SUR "LES VALEURS OCCIDENTALES ET LA CRISE DE LA SOCIÉTÉ TECHNICIENNE "|périodique=[[Le Monde]] |date=14-04-1969 |pages= |issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/04/14/une-conference-de-m-thierry-maulnier-sur-les-valeurs-occidentales-et-la-crise-de-la-societe-technicienne_2437737_1819218.html}}.</ref>. L'IEO disparaît en 1971. Les analyses et travaux de l'institut seront repris dix ans plus tard par la [[Nouvelle Droite]].


Gendre d'une citoyenne américaine, il préside l'[[Association France États-Unis]] de 1967 à 1988.
Gendre d'une citoyenne américaine, il préside l'[[Association France États-Unis]] de 1967 à 1988.


En 1968, il est des premiers conférenciers<ref>F. Denord, « [https://www.cairn.info/revue-mouvements-2004-5-page-17.htm La conversion au néo-libéralisme. Droite et libéralisme économique dans les années 1980.] », in ''[[Mouvements (revue)|Mouvements]]'', vol. XXXV, n° 5, {{p.|18}}, [[Éditions La Découverte|La Découverte]], [[Paris]], 2004 {{ISSN|1291-6412}}.</ref> à participer au sein de la nouvelle [[Association pour la liberté économique et le progrès social]] au {{Citation|réarmement idéologique des partisans et des praticiens de l’[[économie de marché]]}} que, face au [[gauchisme]] de [[Mai 68]], met en œuvre le gouvernement de son ancien camarade de [[École normale supérieure (Paris)|Normale]] [[Georges Pompidou]]<ref group="¤">{{p.|50}}.</ref>. Il siège aux côtés de [[Madeleine Renaud]] et [[Georges Neveux]] à la commission qui, au sein du comité des programmes de l'[[Office de radiodiffusion-télévision française|ORTF]], supervise l'émission ''[[Au théâtre ce soir]]''<ref>[[Georges-Emmanuel Clancier|G. E. Clancier]], « Rapport d’activité de février 1967 à février 1968 », Comité de programmes de l'[[Office de radiodiffusion-télévision française|ORTF]], [[Paris]], 1968 (archives [[Institut national de l'audiovisuel|INA]], fonds "documentation écrite", cote IV AT 1).</ref>. En 1970 il participe au comité de patronage de ''[[Nouvelle École]]'', succursale de la Nouvelle Droite.
En 1968, il est des premiers conférenciers<ref>F. Denord, « [https://www.cairn.info/revue-mouvements-2004-5-page-17.htm La conversion au néo-libéralisme. Droite et libéralisme économique dans les années 1980.] », in ''[[Mouvements (revue)|Mouvements]]'', vol. XXXV, n° 5, {{p.|18}}, [[Éditions La Découverte|La Découverte]], [[Paris]], 2004 {{ISSN|1291-6412}}.</ref> à participer au sein de la nouvelle [[Association pour la liberté économique et le progrès social]] au {{Citation|réarmement idéologique des partisans et des praticiens de l’[[économie de marché]]}} que, face au [[gauchisme]] de [[Mai 68]], met en œuvre le gouvernement de son ancien camarade de [[École normale supérieure (Paris)|Normale]] [[Georges Pompidou]]<ref group="¤">{{p.|50}}.</ref>. Il siège aux côtés de [[Madeleine Renaud]] et [[Georges Neveux]] à la commission qui, au sein du comité des programmes de l'[[Office de radiodiffusion-télévision française|ORTF]], supervise l'émission ''[[Au théâtre ce soir]]''<ref>[[Georges-Emmanuel Clancier]], « Rapport d’activité de février 1967 à février 1968 », Comité de programmes de l'[[Office de radiodiffusion-télévision française|ORTF]], [[Paris]], 1968 (archives [[Institut national de l'audiovisuel|INA]], fonds "documentation écrite", cote IV AT 1).</ref>. En 1970 il participe au comité de patronage de ''[[Nouvelle École]]'', succursale de la Nouvelle Droite.


En 1971, il est élu membre de l'[[Académie de Nîmes]]<ref>« Classe des membres non résidants », ''[[Mémoires de l'Académie de Nîmes]]'', t. LX, 1980, p. 216.</ref>.
En 1971, il est élu membre de l'[[Académie de Nîmes]]<ref>« Classe des membres non résidants », ''[[Mémoires de l'Académie de Nîmes]]'', t. LX, 1980, p. 216.</ref>.


En {{date-|janvier 1975}}, il signe aux côtés de la veuve du [[Alphonse Juin|Maréchal Juin]], de celle du [[Jean de Lattre de Tassigny|Maréchal de Lattre de Tassigny]], [[Simonne Calary de Lamazière|Simonne]], du [[Colonel Rémy]], de [[Maurice Druon]], de [[Michel de Saint Pierre]], de [[Jean Cau]], de [[Louis Pauwels]], de [[Michel Droit]], de [[François Brigneau]] et de trente trois parlementaires, le ''Contre appel des deux cents'' lancé par Joël Dupuy de Merri, un des dirigeants du [[Parti des forces nouvelles (France)|PFN]], pour s'opposer à la [[syndicalisation]] des militaires<ref>[[Jean-Paul Gautier|H. P. Gautier]], ''Les extrêmes droites en France de 1945 à nos jours'', {{p.|346}}, coll. Mauvais Temps, [[Éditions Syllepse|Syllepse]], [[Paris]] {{ISBN|9782849505700}}.</ref>.
En {{date-|janvier 1975}}, il signe aux côtés de la veuve du [[Alphonse Juin|Maréchal Juin]], de celle du [[Jean de Lattre de Tassigny|Maréchal de Lattre de Tassigny]], [[Simonne Calary de Lamazière|Simonne]], du [[Colonel Rémy]], de [[Maurice Druon]], de [[Michel de Saint Pierre]], de [[Jean Cau]], de [[Louis Pauwels]], de [[Michel Droit]], de [[François Brigneau]] et de trente trois parlementaires, le ''Contre appel des deux cents'' lancé par Joël Dupuy de Merri, un des dirigeants du [[Parti des forces nouvelles (France)|PFN]], pour s'opposer à la [[syndicalisation]] des militaires<ref>[[Jean-Paul Gautier]], ''Les extrêmes droites en France de 1945 à nos jours'', {{p.|346}}, coll. Mauvais Temps, [[Éditions Syllepse]], [[Paris]] {{ISBN|9782849505700}}.</ref>.


En {{date-|mai 1977}}, il signe une pétition dénonçant l'arrestation de Philippe Cuignache et Serge Rep<ref>[[Frédéric Chatillon|F. Chatillon]], [[Thomas Lagane|Th. Lagane]], [[Jack Marchal|J. Marchal]] & al., ''[https://fr.scribd.com/doc/42313464/Les-Rats-Maudits Les Rats maudits Histoire des étudiants nationalistes 1965-1995]'', {{p.|88}}, [[Parti des forces nouvelles (France)|Éditions des Monts d'Arrée]], [[Paris]], 1995 {{ISBN|2-911387-00-7}}.</ref>, militants du [[Groupe union défense|GUD]] restés proches du [[Parti des forces nouvelles (France)|PFN]] et camarades d'Alain Escoffier, qui, à vingt sept ans, s'est immolé le {{date-|10 février}} précédent, huit ans après [[Ryszard Siwiec|Richard Sivietch]], [[Jan Palach|Yan Palach]] et [[Jan Zajíc|Yan Zaïtch]], devant le siège parisien de l'[[Aéroflot]], [[avenue des Champs Élysées]], au cri de {{Citation|Communistes assassins !}}<ref>[[Frédéric Chatillon|F. Chatillon]], [[Thomas Lagane|Th. Lagane]], [[Jack Marchal|J. Marchal]] & al., ''[https://fr.scribd.com/doc/42313464/Les-Rats-Maudits Les Rats maudits Histoire des étudiants nationalistes 1965-1995]'', {{p.|87}}, [[Parti des forces nouvelles (France)|Éditions des Monts d'Arrée]], [[Paris]], 1995 {{ISBN|2-911387-00-7}}.</ref>. Cette année 1977, il participe au XII{{e}} colloque du [[Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne|GRECE]].
En {{date-|mai 1977}}, il signe une pétition dénonçant l'arrestation de Philippe Cuignache et Serge Rep<ref>[[Frédéric Chatillon]], [[Thomas Lagane]], [[Jack Marchal]] & al., ''[https://fr.scribd.com/doc/42313464/Les-Rats-Maudits Les Rats maudits Histoire des étudiants nationalistes 1965-1995]'', {{p.|88}}, [[Parti des forces nouvelles (France)|Éditions des Monts d'Arrée]], [[Paris]], 1995 {{ISBN|2-911387-00-7}}.</ref>, militants du [[Groupe union défense|GUD]] restés proches du [[Parti des forces nouvelles (France)|PFN]] et camarades d'Alain Escoffier, qui, à vingt sept ans, s'est immolé le {{date-|10 février}} précédent, huit ans après [[Ryszard Siwiec|Richard Sivietch]], [[Jan Palach|Yan Palach]] et [[Jan Zajíc|Yan Zaïtch]], devant le siège parisien de l'[[Aéroflot]], [[avenue des Champs Élysées]], au cri de {{Citation|Communistes assassins !}}<ref>[[Frédéric Chatillon]], [[Thomas Lagane]], [[Jack Marchal]] & al., ''[https://fr.scribd.com/doc/42313464/Les-Rats-Maudits Les Rats maudits Histoire des étudiants nationalistes 1965-1995]'', {{p.|87}}, [[Parti des forces nouvelles (France)|Éditions des Monts d'Arrée]], [[Paris]], 1995 {{ISBN|2-911387-00-7}}.</ref>. Cette année 1977, il participe au XII{{e}} colloque du [[Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne|GRECE]].


==== Moraliste face à la maladie (1978-1988) ====
==== Moraliste face à la maladie (1978-1988) ====
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:''La souffrance humaine ne doit pas nous rendre insensibles à l’autre souffrance, à l’immense souffrance animale dont nous sommes souvent les auteurs, par volonté de nuire ou par indifférence.''
:''La souffrance humaine ne doit pas nous rendre insensibles à l’autre souffrance, à l’immense souffrance animale dont nous sommes souvent les auteurs, par volonté de nuire ou par indifférence.''


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En 1981, à l'occasion de [[Élection présidentielle française de 1981|la campagne présidentielle]], il est des dix sept membres du comité de soutien à [[La Fondation droit animal, éthique et sciences|la Fondation droit animal]] réuni par [[Alfred Kastler]] qui signent une pétition engageant les candidats à défendre un [[droits des animaux|droit des animaux]]<ref>''[[Le Monde]]'', [[Paris]], 20 mars 1981.</ref>. Lui-même et sa femme vivent entourés d'une douzaine de chats recueillis dans leur maison de [[Marnes-la-Coquette]]<ref>[[Maurice Château|M. Château]], « [http://www.ina.fr/video/CPA90003238/thierry-maulnier-un-academicien-parmi-ses-chats-video.html Thierry Maulnier un académicien parmi ses chats] », in [[Jean-Pierre Hutin|J. P. Hutin]], ''[[30 millions d'amis]]'', [[TF1]], [[Paris]], 16 octobre 1976, 8 min 14 s.</ref>. En 1986, il siège dans le jury du [[Cercle Montherlant]], association de deux cents membres qui décerne chaque année un prix à un artiste ayant contribué au rayonnement de la [[France]]. Il devient aussi membre d'honneur de [[Secours de France]], association d'aide aux [[Pieds-noirs]] et aux [[Harkis]].
En 1981, à l'occasion de [[Élection présidentielle française de 1981|la campagne présidentielle]], il est des dix sept membres du comité de soutien à [[La Fondation droit animal, éthique et sciences|la Fondation droit animal]] réuni par [[Alfred Kastler]] qui signent une pétition engageant les candidats à défendre un [[droits des animaux|droit des animaux]]<ref>''[[Le Monde]]'', [[Paris]], 20 mars 1981.</ref>. Lui-même et sa femme vivent entourés d'une douzaine de chats recueillis dans leur maison de [[Marnes-la-Coquette]]<ref>[[Maurice Château]], « [http://www.ina.fr/video/CPA90003238/thierry-maulnier-un-academicien-parmi-ses-chats-video.html Thierry Maulnier un académicien parmi ses chats] », in [[Jean-Pierre Hutin]], ''[[30 millions d'amis]]'', [[TF1]], [[Paris]], 16 octobre 1976, 8 min 14 s.</ref>. En 1986, il siège dans le jury du [[Cercle Montherlant]], association de deux cents membres qui décerne chaque année un prix à un artiste ayant contribué au rayonnement de la [[France]]. Il devient aussi membre d'honneur de [[Secours de France]], association d'aide aux [[Pieds-noirs]] et aux [[Harkis]].


En quête d'une spiritualité [[Humanisme|humaniste]] dépassant le [[christianisme]] sans le renier<ref>Th. Maulnier, ''Le Dieu masqué'', 1985.</ref>, il meurt à la [[Hôpital Foch|clinique chirurgicale du Val d'Or]] à [[Saint-Cloud]], où l'a conduit une chute ayant entrainé une [[fracture du col du fémur]], sans avoir fait retour au [[catholicisme]] mais sa dépouille reçoit des obsèques religieuses, présidées par le père [[Ambroise-Marie Carré]]<ref group="৳">{{p.|170}}.</ref>. A l'[[Académie française|Académie]], c'est [[Jean d'Ormesson]], qu'il avait été chargé d'accueillir en 1973, qui lui rend hommage. Un [[lycée général]] et [[Lycée technologique|technologique]] de [[Nice]] a porté son nom avant d'être rebaptisé Mélinée et Missak Manouchian en avril 2023.
En quête d'une spiritualité [[Humanisme|humaniste]] dépassant le [[christianisme]] sans le renier<ref>Th. Maulnier, ''Le Dieu masqué'', 1985.</ref>, il meurt à la [[Hôpital Foch|clinique chirurgicale du Val d'Or]] à [[Saint-Cloud]], où l'a conduit une chute ayant entrainé une [[fracture du col du fémur]], sans avoir fait retour au [[catholicisme]] mais sa dépouille reçoit des obsèques religieuses, présidées par le père [[Ambroise-Marie Carré]]<ref group="৳">{{p.|170}}.</ref>. À l'[[Académie française|Académie]], c'est [[Jean d'Ormesson]], qu'il avait été chargé d'accueillir en 1973, qui lui rend hommage. Un [[lycée général]] et [[Lycée technologique|technologique]] de [[Nice]] a porté son nom avant d'être rebaptisé Mélinée et Missak Manouchian en avril 2023.


== Œuvre ==
== Œuvre ==
=== Roman ===
=== Roman ===
Avec [[Robert Brasillach|R. Brasillach]], [[Roger Vailland|R. Vailland]], [[Paul Gadenne|P. Gadenne]], F. Semach, J. M. Pin, P. Frémy & A. Fabre, ''[[Fulgur|Fulgur, grand roman d'aventures de police et d'épopée]]'', La Tribune de l'[[Yonne (département)|Yonne]], [[Sens (Yonne)|Sens]], 1927.
Avec [[Robert Brasillach]], [[Roger Vailland]], [[Paul Gadenne]], F. Semach, J. M. Pin, P. Frémy & A. Fabre, ''[[Fulgur|Fulgur, grand roman d'aventures de police et d'épopée]]'', La Tribune de l'[[Yonne (département)|Yonne]], [[Sens (Yonne)|Sens]], 1927.
:Rééd. dir. J. Servière, préf. [[Francis Lacassin|F. Lacassin]], coll. La Seconde chance, [[Éditions Julliard|Julliard]], [[Paris]], 1992, 367 p.{{ISBN|9782260009757}}
:Rééd. dir. J. Servière, préf. [[Francis Lacassin]], coll. La Seconde chance, [[Éditions Julliard]], [[Paris]], 1992, 367 p.{{ISBN|9782260009757}}


=== Essais idéologiques ===
=== Essais idéologiques ===
* ''La crise est dans l'homme'', [[Antoine Redier (écrivain)|Redier]], [[Paris]], 1932.
* ''La crise est dans l'homme'', [[Antoine Redier (écrivain)|Redier]], [[Paris]], 1932.
* Avec [[Jean-Pierre Maxence|J. P. Maxence]] & [[Robert Francis (écrivain)|R. Francis]], ''Demain la France'', [[Éditions Grasset|Grasset]], Paris, 1934.
* Avec [[Jean-Pierre Maxence|J. P. Maxence]] & [[Robert Francis (écrivain)|R. Francis]], ''Demain la France'', [[Éditions Grasset|Grasset]], Paris, 1934.
* ''Mythes socialistes'', 1936.
* ''Mythes socialistes'', 1936.
* ''Principes d'un réalisme révolutionnaire'', Les Cahiers de [[Combat (revue)|Combat]] n° 1, 1937.
* ''Principes d'un réalisme révolutionnaire'', Les Cahiers de [[Combat (revue)|Combat]] n° 1, 1937.
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* ''Violence et conscience'', 1945.
* ''Violence et conscience'', 1945.
* ''Arrière-pensées'', 1946.
* ''Arrière-pensées'', 1946.
* ''L'honneur d'être juif'' avec [[Gilbert Prouteau]], 1970.
* ''L'honneur d'être juif'' avec [[Gilbert Prouteau]], 1970.
* ''Lettres aux Américains'', 1968.
* ''Lettres aux Américains'', 1968.
* ''Le Sens des mots'', 1976.
* ''Le Sens des mots'', 1976.
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* ''La course des rois'', 1947.
* ''La course des rois'', 1947.
* ''La Révolution du {{s-|XX}}'', 1948.
* ''La Révolution du {{s-|XX}}'', 1948.
* ''La Face de méduse du [[communisme]]'', [[Éditions Gallimard|Gallimard]], 1951.
* ''La Face de méduse du [[communisme]]'', [[Éditions Gallimard]], 1951.
* ''Ceux d'Algérie : Lettres de Rappelés précédées d'un débat entre Jean-Yves Alquier, [[Roger Barberot]], [[Raoul Girardet]], [[Michel Massenet]] et Thierry Maulnier.'', [[Éditions Plon|Plon]], 1957.
* ''Ceux d'Algérie : Lettres de Rappelés précédées d'un débat entre Jean-Yves Alquier, [[Roger Barberot]], [[Raoul Girardet]], [[Michel Massenet]] et Thierry Maulnier.'', [[Éditions Plon]], 1957.
* ''Cette Grèce où nous sommes nés'', 1964.
* ''Cette Grèce où nous sommes nés'', 1964.
* ''L'Europe a fait le monde'', 1966.
* ''L'Europe a fait le monde'', 1966.
* ''L'Italie que j'aime'', 1967.
* ''L'Italie que j'aime'', 1967.
* ''La Défaite d'[[Hannibal|Annibal]]'', [[Éditions Gallimard|Gallimard]], 1968.
* ''La Défaite d'[[Hannibal|Annibal]]'', [[Éditions Gallimard]], 1968.
* ''Le monde a pris le large à partir de Paris'', avec [[Gilbert Prouteau]], 1982.
* ''Le monde a pris le large à partir de Paris'', avec [[Gilbert Prouteau]], 1982.


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:''La pompe liturgique du langage, son inentamable dignité, qui refuse, dans le théâtre de Racine, la description réaliste de la douleur ou de la joie, bannit de la scène l'élan trop spontané, le réflexe brut et n'admet le cri même que réduit à sa plus stricte bienséance. Voilà les éléments plastiques de l'office théâtral, qui est aussi souverain exercice de la [[catharsis]] ! Jamais les héros de [[Jean Racine|Racine]] ne s'abaissent à la vulgaire spontanéité de la mimique naturelle. Ils ne trahissent, ils ne libèrent leurs émois que transformés en signes clairs et, par ce passage à travers la pensée, définis, ordonnés, intelligibles. Dans la plus grande brutalité, le chantage le plus cynique, dans la honte, dans le [[sadisme]], ils gardent ce contrôle et cette vigilance suprêmes qui composent le visage et contraignent les gestes<ref>Th. Maulnier, ''Racine'', {{p.|74}}, Librairie de la Revue française, Paris, 1935.</ref>.''
:''La pompe liturgique du langage, son inentamable dignité, qui refuse, dans le théâtre de Racine, la description réaliste de la douleur ou de la joie, bannit de la scène l'élan trop spontané, le réflexe brut et n'admet le cri même que réduit à sa plus stricte bienséance. Voilà les éléments plastiques de l'office théâtral, qui est aussi souverain exercice de la [[catharsis]] ! Jamais les héros de [[Jean Racine|Racine]] ne s'abaissent à la vulgaire spontanéité de la mimique naturelle. Ils ne trahissent, ils ne libèrent leurs émois que transformés en signes clairs et, par ce passage à travers la pensée, définis, ordonnés, intelligibles. Dans la plus grande brutalité, le chantage le plus cynique, dans la honte, dans le [[sadisme]], ils gardent ce contrôle et cette vigilance suprêmes qui composent le visage et contraignent les gestes<ref>Th. Maulnier, ''Racine'', {{p.|74}}, Librairie de la Revue française, Paris, 1935.</ref>.''


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| style="text-align: right; font-size: 90%;" |Thierry Maulnier<br />à propos d'un [[théâtre classique]] à l'heure du cinématographe.
| style="text-align: right; font-size: 90%;" |Thierry Maulnier<br />à propos d'un [[théâtre classique]] à l'heure du cinématographe.
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* ''[[Jean Racine|Racine]]'', Alexis [[Antoine Redier (écrivain)|Redier]], {{date-|mai 1935}}, réed. [[Éditions Gallimard|Gallimard]], 1936, rééd. 1988.
* ''[[Jean Racine|Racine]]'', Alexis [[Antoine Redier (écrivain)|Redier]], {{date-|mai 1935}}, réed. [[Éditions Gallimard]], 1936, rééd. 1988.
* Préface, in [[Dominique Aury|D. Aury]], ''Introduction à la poésie française'', coll. [[Collection Blanche (Gallimard)|Blanche]], [[Éditions Gallimard|Gallimard]], [[Paris]], {{date-|septembre 1939}}.
* Préface, in [[Dominique Aury|D. Aury]], ''Introduction à la poésie française'', coll. [[Collection Blanche (Gallimard)|Blanche]], [[Éditions Gallimard]], [[Paris]], {{date-|septembre 1939}}.
* ''Poésie du XVIIème siècle'', 1945.
* ''Poésie du XVIIème siècle'', 1945.
* ''Langages'', 1946.
* ''Langages'', 1946.
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* [[1950 au théâtre|1950]] : ''[[Ys|La Ville au fond de la mer]]'', diffusé à la radio par [[Radiodiffusion-télévision française|RTF]] le {{date|1|7|1950}}, avec [[Michel Vitold]], [[Maria Casares]], [[Roger Blin]] et [[Marcelle Tassencourt]] pour interprètes, première en [[1953 au théâtre|1953]].
* [[1950 au théâtre|1950]] : ''[[Ys|La Ville au fond de la mer]]'', diffusé à la radio par [[Radiodiffusion-télévision française|RTF]] le {{date|1|7|1950}}, avec [[Michel Vitold]], [[Maria Casares]], [[Roger Blin]] et [[Marcelle Tassencourt]] pour interprètes, première en [[1953 au théâtre|1953]].
* [[1950 au théâtre|1950]] : ''Le Profanateur'' mis en scène par [[Jean Vilar]] dans le [[Palais des Papes d'Avignon|Verger d’Urbain V]] lors du [[festival d’Avignon]] en juillet, repris en janvier [[1951 au théâtre|1951]] au théâtre de l'Essor à [[Tunis]], en [[1952 au théâtre|1952]] dans une mise en scène de [[Tania Balachova]] au [[Théâtre du Vieux Colombier]] puis au [[Théâtre Hébertot|Théâtre des Arts]].
* [[1950 au théâtre|1950]] : ''Le Profanateur'' mis en scène par [[Jean Vilar]] dans le [[Palais des Papes d'Avignon|Verger d’Urbain V]] lors du [[festival d’Avignon]] en juillet, repris en janvier [[1951 au théâtre|1951]] au théâtre de l'Essor à [[Tunis]], en [[1952 au théâtre|1952]] dans une mise en scène de [[Tania Balachova]] au [[Théâtre du Vieux Colombier]] puis au [[Théâtre Hébertot|Théâtre des Arts]].
* [[1953 au théâtre|1953]] : ''La Maison de la nuit'', pièce en trois actes ([[Éditions Gallimard|Gallimard]], 220 pages) mise en scène par [[Marcelle Tassencourt]] et interprétée par [[Michel Vitold]] en [[1953 au théâtre|1953]] au [[Théâtre Hébertot|Théâtre des Arts]], reprise en [[1954 au théâtre|1954]] au [[Théâtre des Célestins]].
* [[1953 au théâtre|1953]] : ''La Maison de la nuit'', pièce en trois actes ([[Éditions Gallimard]], 220 pages) mise en scène par [[Marcelle Tassencourt]] et interprétée par [[Michel Vitold]] en [[1953 au théâtre|1953]] au [[Théâtre Hébertot|Théâtre des Arts]], reprise en [[1954 au théâtre|1954]] au [[Théâtre des Célestins]].
* [[1955 au théâtre|1955]] : ''[[Louis-Antoine de Bourbon-Condé|L'Homme qui n'avait rien fait]]'' diffusé à la radio par [[Radiodiffusion-télévision française|RTF]] en janvier, mis en scène en [[1970 au théâtre|1970]] par Marcelle Tassencourt, publié chez [[Éditions Gallimard|Gallimard]] en 1983 sous le titre ''Celui qui n'avait rien fait''.
* [[1955 au théâtre|1955]] : ''[[Louis-Antoine de Bourbon-Condé|L'Homme qui n'avait rien fait]]'' diffusé à la radio par [[Radiodiffusion-télévision française|RTF]] en janvier, mis en scène en [[1970 au théâtre|1970]] par Marcelle Tassencourt, publié chez [[Éditions Gallimard]] en 1983 sous le titre ''Celui qui n'avait rien fait''.
* [[1960 au théâtre|1960]] : ''Le Sexe et le néant'' mis en scène par [[Marcelle Tassencourt]] au [[Théâtre de l'Athénée]].
* [[1960 au théâtre|1960]] : ''Le Sexe et le néant'' mis en scène par [[Marcelle Tassencourt]] au [[Théâtre de l'Athénée]].
* 1968 : ''La défaite d'Annibal'' suivi de ''La Ville au fond de la Mer''. Gallimard. 234 p.
* 1968 : ''La défaite d'Annibal'' suivi de ''La Ville au fond de la Mer''. Gallimard. 234 p.
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== Réception ==
== Réception ==
{{ton publicitaire|date=juin 2023}}
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{{Bloc citation|[...] une pièce raciale et politique au sens ethnologique du terme ou une pièce sociale et politique [...] le théâtre de la [[Camps de concentration nazis|déportation]], le théâtre de la [[Résistance intérieure française|résistance]], [...], le théâtre de la duplicité [[Colonialisme|colonialiste]].|[[Critique dramatique|Critique]] du ''Prince d’Égypte'' créé le {{date|21|9|1955}} au [[théâtre du Vieux Colombier]]<ref>G.
{{Bloc citation|] une pièce raciale et politique au sens ethnologique du terme ou une pièce sociale et politique [] le théâtre de la [[Camps de concentration nazis|déportation]], le théâtre de la [[Résistance intérieure française|résistance]], [], le théâtre de la duplicité [[Colonialisme|colonialiste]].|[[Critique dramatique|Critique]] du ''Prince d’Égypte'' créé le {{date|21|9|1955}} au [[théâtre du Vieux Colombier]]<ref>G. Verdot, in ''Franc-Tireur'', [[Paris]], 26 septembre 1955.</ref>.}}
Verdot, in ''Franc-Tireur'', [[Paris]], 26 septembre 1955.</ref>.}}


{{Bloc citation|[...] cette pièce est la plus forte et la plus belle qu'on ait créée cette saison.|[[Robert Kemp]] au sujet du ''Profanateur'' créé le 5 janvier 1952 au [[théâtre de l'Athénée]]<ref>''[[Le Monde]]'', [[Paris]], 8 janvier 1952.</ref>.}}
{{Bloc citation|[] cette pièce est la plus forte et la plus belle qu'on ait créée cette saison.|[[Robert Kemp]] au sujet du ''Profanateur'' créé le 5 janvier 1952 au [[théâtre de l'Athénée]]<ref>''[[Le Monde]]'', [[Paris]], 8 janvier 1952.</ref>.}}


{{Bloc citation|Voilà une pièce que j’irai sûrement voir cinq ou six fois [...]|[[Marcel Aymé]] au sujet de ''La Maison de la nuit'' créée le 16 octobre 1953 au [[Théâtre Hébertot|théâtre des Arts]]<ref>''[[Arts (revue)|Arts]]'', [[Paris]], 19 octobre 1953.</ref>.}}
{{Bloc citation|Voilà une pièce que j’irai sûrement voir cinq ou six fois []|[[Marcel Aymé]] au sujet de ''La Maison de la nuit'' créée le 16 octobre 1953 au [[Théâtre Hébertot|théâtre des Arts]]<ref>''[[Arts (revue)|Arts]]'', [[Paris]], 19 octobre 1953.</ref>.}}


{{Bloc citation|Que M. Thierry Maulnier le veuille ou non ''La Maison de la nuit'' est d’abord une [[Pièce de théâtre|pièce]] politique, la pièce d’un homme de [[Droite en France|droite]], fasciné par le [[communisme]], par ce communisme qui le répugne mais dont il ne peut s’empêcher, semble-t-il , de prévoir la victoire.|[[Critique dramatique|Critique]] de [[Robert Kanters]] en octobre 1953<ref>''[[L’Express]]'', [[Paris]], 24 octobre 1953.</ref>.}}
{{Bloc citation|Que M. Thierry Maulnier le veuille ou non ''La Maison de la nuit'' est d’abord une [[Pièce de théâtre|pièce]] politique, la pièce d’un homme de [[Droite en France|droite]], fasciné par le [[communisme]], par ce communisme qui le répugne mais dont il ne peut s’empêcher, semble-t-il , de prévoir la victoire.|[[Critique dramatique|Critique]] de [[Robert Kanters]] en octobre 1953<ref>''[[L’Express]]'', [[Paris]], 24 octobre 1953.</ref>.}}


{{Bloc citation|[...] jusqu’alors ses pièces étaient uniformément graves. Au contraire dans ''La Maison de la Nuit'' il a su, de temps à autre, détendre le spectateur par un sourire.|[[Jean-Jacques Gautier]] au sujet de la même [[Pièce de théâtre|pièce]]<ref>''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 19 octobre 1953.</ref>.}}
{{Bloc citation|[] jusqu’alors ses pièces étaient uniformément graves. Au contraire dans ''La Maison de la Nuit'' il a su, de temps à autre, détendre le spectateur par un sourire.|[[Jean-Jacques Gautier]] au sujet de la même [[Pièce de théâtre|pièce]]<ref>''[[Le Figaro]]'', [[Paris]], 19 octobre 1953.</ref>.}}


{{Bloc citation|N’est-ce pas détourner singulièrement le théâtre de sa voie que de le réduire à une suite d’images destinées à orner un texte supposé connu ?|[[Jacques Lemarchand]], critique dans un journal de [[Droite en France|droite]] dépité par l'[[Avant-garde (art)|avantgardisme]] de l'adaptation à la scène de ''[[La Condition humaine]]''<ref>''[[Le Figaro littéraire]]'', [[Paris]], 12 décembre 1954.</ref>.}}
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{{Bloc citation|D’une pièce de M. Thierry Maulnier, on se demande toujours en quoi elle peut servir son [[anticommunisme]] maladif.|Guy Leclerc, critique [[communiste]] au sujet de la même en décembre 1954<ref>''[[L’Humanité]]'', [[Paris]], 13 décembre 1954.</ref>.}}
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{{Bloc citation|[[Charles Maurras|Maurassien]] d'étroite observance dès sa jeunesse, j'ignore si Thierry Maulnier a donné beaucoup de larmes aux [[Basques]] de [[Bombardement de Guernica|Guernica]] et si le traitement par le [[Bombe au phosphore|phosphore]] que [[Benito Mussolini|Mussolini]] infligea aux [[Abyssinie|Abyssins]] scandalisa outre mesure ce [[Nationalisme|nationaliste]] intégral à qui les crimes politiques ne font ni chaud ni froid tant que ce ne sont pas des [[Communisme|communistes]] qui les commettent.|Attaque ad hominem de [[François Mauriac]] rapprochant les prises de position publiques en faveur d'[[Adolphe Hitler|Hitler]] et de [[Benito Mussolini|Mussolini]] du Thierry Maulnier d'[[Seconde Guerre mondiale|avant guerre]] de celles d'[[après guerre]] contre la [[décolonisation]] et le [[communisme]]<ref>[[François Mauriac|F. Mauriac]], « Thierry Maulnier n'est pas non plus spécialiste des questions [[Madagascar|malgaches]] », 21 novembre 1956, cité in [[François Mauriac|F. Mauriac]], ''Bloc-Notes 1952-1957'', {{p.|413}}, [[Éditions du Seuil|Seuil]], [[Paris]], 1993 {{ISBN|9782020128148}}.</ref>.}}
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{{Bloc citation|J'ai été subjugé, [... un] style clair, le goût des [[aphorismes]] [...]|Hommage d'[[Henri Troyat]] à son collègue [[Académie française|académicien]] décédé l'avant veille<ref>J. Cristobal, « [http://www.ina.fr/video/CPB88000398/henri-troyat-video.html Henri Troyat] », in [[Bernard Pivot|B. Pivot]], ''Strophes'', [[Antenne 2]], [[Paris]], 11 janvier 1988.</ref>.}}
{{Bloc citation|J'ai été subjugé, [ un] style clair, le goût des [[aphorismes]] []|Hommage d'[[Henri Troyat]] à son collègue [[Académie française|académicien]] décédé l'avant veille<ref>J. Cristobal, « [http://www.ina.fr/video/CPB88000398/henri-troyat-video.html Henri Troyat] », in [[Bernard Pivot]], ''Strophes'', [[Antenne 2]], [[Paris]], 11 janvier 1988.</ref>.}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* [[Pierre Andreu]], ''Révoltes de l'esprit : les revues des années 30'', {{coll|Histoire des idées, théorie politique et recherches en sciences sociales}}, [[Éditions Kimé|Kimé]], Paris, 1991, 276 p. {{ISBN|2-908212-07-2}}.
* [[Pierre Andreu]], ''Révoltes de l'esprit : les revues des années 30'', {{coll|Histoire des idées, théorie politique et recherches en sciences sociales}}, [[Éditions Kimé|Kimé]], Paris, 1991, 276 p. {{ISBN|2-908212-07-2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=S.|nom1=Velay|directeur1=oui|prénom2=M.|nom2=Boissard|prénom3=C.|nom3=Bernié Boissard|titre=Petit dictionnaire des écrivains du Gard|lieu=Nîmes|éditeur=Alcide|année=2009|pages totales=255|passage=161|isbn=|présentation en ligne=http://www.editions-alcide.com/livre-Petit_dictionnaire_des_%C3%A9crivains_du_Gard-328-1-1-0-1.html}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=S.|nom1=Velay|directeur1=oui|prénom2=M.|nom2=Boissard|prénom3=C.|nom3=Bernié Boissard|titre=Petit dictionnaire des écrivains du Gard|lieu=Nîmes|éditeur=Alcide|année=2009|pages totales=255|passage=161|isbn=|présentation en ligne=http://www.editions-alcide.com/livre-Petit_dictionnaire_des_%C3%A9crivains_du_Gard-328-1-1-0-1.html}}
* [[Étienne de Montety]], ''Thierry Maulnier'', [[Éditions Julliard|Juillard]], 1994 ; rééd. [[Éditions Perrin|Perrin]], [[Paris]], 2013 {{ISBN|978-2-262-04172-4}}.
* [[Étienne de Montety]], ''Thierry Maulnier'', [[Éditions Julliard|Juillard]], 1994 ; rééd. [[Éditions Perrin]], [[Paris]], 2013 {{ISBN|978-2-262-04172-4}}.
* G. Feltin-Tracol, préf. de [[Philippe d'Hugues]], ''Thierry Maulnier. Un itinéraire singulier'', [[Éditions Auda Isarn|Auda Isarn]], [[Toulouse]], 2014 {{ISBN|978-2-917295-43-4}}.
* G. Feltin-Tracol, préf. de [[Philippe d'Hugues]], ''Thierry Maulnier. Un itinéraire singulier'', [[Éditions Auda Isarn]], [[Toulouse]], 2014 {{ISBN|978-2-917295-43-4}}.
* {{Chapitre|titre=Jacques Talagrand, alias Thierry Maulnier|titre ouvrage=Personnages connus ou méconnus du Gard et des Cévennes|lieu=Brignon|éditeur=La Fenestrelle|année=2016|tome=I|isbn=979-1-0928-2666-1|passage=40-47}} {{commentaire biblio SRL|ouvrage édité par l'[[Académie cévenole]].}}
* {{Chapitre|titre=Jacques Talagrand, alias Thierry Maulnier|titre ouvrage=Personnages connus ou méconnus du Gard et des Cévennes|lieu=Brignon|éditeur=La Fenestrelle|année=2016|tome=I|isbn=979-1-0928-2666-1|passage=40-47}} {{commentaire biblio SRL|ouvrage édité par l'[[Académie cévenole]].}}
* [[Henri Guillemin]], ''L'Affaire Pétain'', éditions Utovie, 2012, 220 p. {{ISBN|2868197728}}.
* [[Henri Guillemin]], ''L'Affaire Pétain'', éditions Utovie, 2012, 220 p. {{ISBN|2868197728}}.


=== Liens externes ===
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Version du 17 mai 2024 à 17:21

Thierry Maulnier
Fonctions
Président
Institut d'études occidentales (d)
-
Président
Association France États-Unis
-
Fauteuil 20 de l'Académie française
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Marnes-la-Coquette (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jacques Louis André TalagrandVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Jean Servière, Jacques Darcy, Thierry Maulnier, Dominique BertinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Joseph Talagrand (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Marc Talagrand (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Dominique Aury (de à )
Marcelle Tassencourt (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Membre de
Académie française (-)
Institut d'études occidentales (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
signature de Thierry Maulnier
Signature

Thierry Maulnier, pseudonyme de Jacques Talagrand, né le à Alès et mort le à Marnes-la-Coquette, est un écrivain français et éditorialiste engagé, passé de L'Action française au Figaro.

Essayiste de droite « ultra »[1], c'est-à-dire moins extrême[₫ 1] qu'un Lucien Rebatet, fustigeant le matérialisme des régimes marxistes comme des sociétés capitalistes, il a incarné durant les années 1930 un courant des « non conformistes », parallèle à la Jeune Droite mais affranchi des instances catholiques, qui durant l'Occupation, tout en voulant par nationalisme éviter la Collaboration, a œuvré à la révolution nationale.

Critique attaché au langage classique et opposé au théâtre engagé[2] comme à la littérature existentialiste, c'est aussi un auteur dramatique à la prosodie austère. Proche des Hussards, sans succès populaire, il est élu en 1964 à l'Académie française.

Biographie

Formation (1909-1930)

Enfant précoce (1909-1924)

Jacques Talagrand[3] est le fils d'une sévrienne, Virginie Gibrac, et d'un normalien, Joseph Talagrand, cévenol qui a été le condisciple de Charles Péguy et de Louis Gillet mais est athée et voltairien[4]. Il grandit avec son frère Marc, aîné d'un an et demi, qui deviendra procureur, à Alès, où son père, professeur de lycée, assure lui-même l'éducation à domicile de ses fils, tout en les admettant occasionnellement dans sa classe. C'est de leur grand-père maternel, Camille Gibrac, correspondant de La Dépêche algérienne et directeur de l'agence Afrique de Havas, qui a épousé une descendante des fondateurs de la colonie de Jadotville, que les frères héritent un esprit patriotique.

Leurs parents divorcent en 1919, après douze ans de mariage. Ils intègrent une classe de rhétorique à Nice, où leur père est affecté et où un lycée porte aujourd'hui le nom de Maulnier. Les relations familiales deviennent exécrables mais Jacques Talagrand est reçu second au concours général d'histoire.

Brillant élève quoique dandy désinvolte, il a trois ans d'avance et a déjà à son actif plusieurs poèmes, une pièce de théâtre et un journal intime intitulé Mémoires. Il est admis avec son frère en classe de philosophie[4] au lycée Louis le Grand, à Paris à la rentrée 1924. Les grands-parents maternels, habitants de Garches, assurent le logement. Gymnaste, il pratique aussi la course de fond et restera sportif.

Étudiant maurrassien (1925-1930)

Jacques Talagrand poursuit à Louis le Grand en hypokhâgne et khâgne, qu'il doit redoubler parce qu'il est trop jeune pour se présenter au concours d'entrée à l'École normale supérieure.

Il a pour amie une étudiante en anglais de deux ans plus âgée, Anne Desclos, étudiante à la Sorbonne qui n'hésite pas pour s'amuser à déambuler dans le quartier des Halles déguisée en prostituée. Il a pour camarades Robert Brasillach, José Lupin, Maurice Bardèche, Georges Pelorson, Lucien Paye, Jean Beaufret et Roger Vailland, tous hostiles aux étudiants de la LAURS. Avec eux ou quelques autres, il écrit des pastiches[4] et un canular de roman fantastique intitulé Fulgur, qui met en scène un Fantomas féminin évoluant entre des vierges éventrées jusqu'au triomphe de la flotte afghane sur l'Empire britannique et qui trouve toutefois à être publié en feuilleton dans un journal de province mineur[5]. Les potaches ont l'habitude d'aller admirer ensemble Gaston Baty au Studio des Champs-Élysées, Louis Jouvet au théâtre de l’Athénée, Charles Dullin au théâtre de l'Atelier, Georges Pitoëff au théâtre des Mathurins. Hormis José Lupin, recalé, ils entrent ensemble à l'École normale supérieure en 1928. Ils appartiennent à la même promotion que Claude Jamet, Henri Queffélec, Jacques Soustelle, Maurice Merleau-Ponty, Robert Merle, Paul Gadenne, Julien Gracq et Simone Weil.

Jacques Talagrand admire le talent de Charles Maurras que son professeur de lettres en hypokhâgne, André Bellessort, chroniqueur littéraire au Temps et au Journal des débats, a fait découvrir à ses meilleurs élèves. C'est au Journal des débats, où Maurice Blanchot est chroniqueur politique, qu'il fait la connaissance de Maurras. Lors des conférences organisées au sein de la Sorbonne ou données par André Bellessort lui-même à l'Institut d'Action française, il côtoie le milieu de cette association royaliste. C'est un mouvement politique mais aussi une école idéologique traversée par la question de la tradition catholique quand triomphe une science positiviste. Ses membres ont été excommuniés et ses publications ont été mises à l'Index depuis par une Curie qui reste marquée par la crise moderniste. Désormais en rupture avec le néothomisme de Jacques Maritain, on y rejette, comme au Vatican, le darwinisme et on y professe le fixisme, ce qui vaut à Pierre Teilhard de Chardin tentant de réconcilier la Doctrine avec le rationalisme, une mise à l'écart en 1921. Talagrand/Maulnier fréquente le local parisien des étudiants d'Action française, au 33, rue Saint-André des arts, à partir de 1929-1930[6].

Robert Brasillach et Jacques Talagrand envoient des critiques littéraires à la Revue universelle, journal cofinancé par les éditions Plon et l'Action française dont le rédacteur en chef est Henri Massis. Au printemps 1930, ils se proposent pour remplacer avec Maurice Bardèche, José Lupin l'équipe de rédaction du journal que le mouvement édite à destination des étudiants, L'Étudiant français[4].

Sur l'invitation d'Henri Massis, Thierry Maulnier, pseudonyme qu'il adopte à cette occasion, rejoint aussitôt l'équipe de la maison-mère[7], si bien qu'il échoue l'année suivante à l'agrégation de lettres qui lui aurait ouvert une carrière de professeur dans l'enseignement du second degré. Sa nouvelle situation lui permet de louer à l'année une chambre à l'Hôtel du Cèdre, 1 rue Lacépède[♦ 1].

Un fascisme de mots (1931-1938)

Marxien de la Jeune droite (1931-1933)

Au quotidien L'Action française, Thierry Maulnier est soutenu par Pierre Drieu la Rochelle et Robert Brasillach, qui siègent au comité de rédaction, et passe rapidement de la chronique littéraire à la rubrique politique. Marxien qui adhère à l'analyse de Friedrich Engels de la plus value[8], il est conduit à la suite de La Tour du Pin par une réflexion originale, qui lui vaut le surnom de l'Anguille[4], à rechercher des arguments contre l'idéologie marxiste dans la remise en cause de ce qui dans le capitalisme même se prêterait à la déshumanisation puis la révolte du Lumpenprolétariat et à proposer un nouvel ordre social, qu'il qualifie d'humaniste, qui fasse de la liberté personnelle et du partage des biens spirituels, et non du travail ou de l'argent, sa condition centrale.

Cet engagement idéologique s'inscrit dans un groupe d'intellectuels que l'historiographie repèrera sous le nom qu'ils se sont donné de Non conformistes. Il se traduit dans les années 1930-1934 par sa collaboration à La Revue française et à l'éphémère Réaction pour l'ordre, auxquelles succède en La Revue du siècle, mais aussi aux Nouvelles littéraires, à Rempart et à 1933. Cette tentative de dépassement du communisme comme du libéralisme, qui est en premier lieu une contestation de l'ordre bourgeois, est résumé dans un premier livre, La crise est dans l'homme, qui est un recueil d'articles. L'ouvrage est édité par Antoine Redier, un ancien des Chemises bleues, qui avait été le premier mouvement fasciste français. Il y dénonce, à l'instar de Herbert Marcuse[9], le technicisme et le consumérisme du modèle inhumain qu'est la société américaine[10].

Avec Jean-Pierre Maxence, bientôt suivi par les représentants de la nouvelle génération tel Claude Roy, Thierry Maulnier incarne au sein de la Jeune droite une ligne dissidente[11], plus radicale, opposée à la compromission de la droite catholique, actée par les accords du Latran, avec le fascisme de Mussolini. Il juge celui-ci affadi par des préoccupations sociales et le qualifie de « collectivisme autoritaire » inadapté au salut d'une France où l'individu ne renoncerait pas « à se faire valoir comme être humain autonome »[12]. Il restera cependant en deçà de l'outrance qui caractérise la ligne adoptée très tôt par Robert Brasillach. Son conservatisme libertaire, comme chez Jacques Chardonne, est celui d'un réactionnaire qui ambitionne la restauration par une révolution d'un ordre social traditionnel[13], corporatiste, qui n'asservirait pas l'individu[12], et sa morale, comme chez Friedrich Nietzsche, se veut aristocratique[14].

Thierry Maulnier recevant le prix des critiques littéraires pour son livre sur Racine avec Gaston Rageot et Jean Vignaud, président du jury dans Le Petit Provençal du 12 mai 1935.

Il met à profit son service militaire pour rédiger un essai qui retrouve dans l'œuvre de Racine le héros à l'avènement duquel appelle l'auteur de La Naissance de la tragédie. L'ouvrage concourt pour le Prix de la Critique. Il rédige la préface de la traduction française Troisième Reich[15], ouvrage de son homologue allemand en nationalisme Arthur Moeller van den Bruck paru dix ans plus tôt auquel il emprunte l'idée d'une troisième voie entre communisme et capitalisme.

Ancien atelier de Gustave Doré, 27 rue de Bellechasse, où habitait Thierry Maulnier durant l'entre deux guerres, à partir de 1934.

Il retrouve régulièrement à La Coupole Jean-Pierre Maxence et le frère de celui-ci, Robert Francis, Maurice Blanchot et Claudine Chonez, auteur de poèmes qui mêlent spiritualité et érotisme. Irreligieux, il inaugure au printemps 1933 une relation libre avec Anne Desclos, liaison clandestine qui durera huit ans où celle-ci trouve là le courage de divorcer d'un mari violent et dont elle s'inspirera en partie pour écrire après guerre Histoire d'Ô[♦ 2].

Le temps de l'engagement (1934-1935)

Durant les manifestations de janvier et février 1934, Thierry Maulnier défile dans les rangs des Croix de feu. À la suite de cet épisode insurrectionnel, il publie avec Jean-Pierre Maxence et Robert Francis, un ouvrage programme qui sera salué par les nazis pour son biologisme[16], Demain la France. Il est de ceux qui voient dans le jeune Comte de Paris, par lequel il est reçu à Bruxelles[₫ 2] ainsi que bien d'autres qui ne sont pas tous pour autant des Camelots du Roi, un possible recours face à une Troisième République qu'il juge décadente.

Il séjourne quinze jours en août à l'Hôtel du Mont-Blanc de Vallorcine pour pratiquer la course en montagne et retrouver dans les paysages alpins l'esprit de grandeur que cultivait Nietzsche, randonneur de la Haute Engadine. Il y retournera régulièrement avec sa mère et son beau-père. Il termine sa formation militaire à Noël 1934 au grade de sous-lieutenant de réserve par un stage de deux mois et demi au camp de Mourmelon au sein du 46e R.I.

En , il représente avec Jean de Fabrègues les Jeunes droites au Congrès sur les corporations qui se tient à l'Institut fasciste de la culture, à Rome. Il s'y rend en compagnie de Robert Aron, Claude Chevalley et René Dupuis, délégués d'Ordre Nouveau, de Georges Roditi, Paul Marion, de la revue L'Homme nouveau, d'Emmanuel Mounier, André Ulmann, Louis-Émile Galey, de la revue Esprit, Pierre Gimon, délégué des Jeunesses patriotes, Pierre Ganivet, cégétiste de la revue L'Homme réel[17]. À l'automne, il soutient l'annexion de l'Éthiopie par l'Italie fasciste en signant parmi les premiers le Manifeste des intellectuels français pour la défense de l'Occident et la paix en Europe. Il justifie ce manifeste devant les étudiants d'Action française[18].

Armer la droite (1936)

En [19], Thierry Maulnier crée avec Jean de Fabrègues une revue mensuelle destinée à approfondir la réflexion idéologique, Combat, qui paraîtra jusqu'à la guerre. Il y signe ses articles les moins importants du pseudonyme de Dominique Bertin[৳ 1]. D'emblée les dissensions apparaissent entre son équipe et celle de Jean de Fabrègues, au sein de laquelle on ne croit pas à une révolution nationaliste, programme d'affichage qui n'a rien de concret[₫ 3], mais à l'émergence d'une forme de néothomisme, qualifiée par beaucoup de spécieuse[20], qui transcende marxisme et libéralisme. S'il s'emploie à surmonter les clivages avec la droite catholique[৳ 1], il essaie de bousculer les conservateurs qui « ont défendu l'ordre établi […], la démocratie […] sociale, le capitalisme […] il faut en finir. […] Ce que nous appelons Ordre, c'est précisément la subversion totale de cet ordre-là »[21].

En , il fonde avec Robert Castille, conseiller juridique du député antisémite Xavier Vallat qui a été condamné à six mois de prison pour avoir agressé Marc Sangnier et ancien secrétaire général des étudiants d'AF, et Henry Charbonneau, un éphémère Comité de vigilance de la jeunesse[22],[23]. Ce comité organise plusieurs meetings, dont un meeting des « jeunes mobilisables » au Magic City, dans le contexte de la remilitarisation de la Rhénanie, avec Louis Darquier de Pellepoix, choisi pour présider le CNVJ. Ces réunions témoignent du néo-pacifisme des nationalistes maurrassiens ; Maulnier, prêt à défendre la France si elle est agressée, fustige le « Front populaire aux ordres de Moscou (qui) veut la guerre » et une « guerre qui tournerait au bénéfice de nos ennemis de l'intérieur »[24].

Insurgé (1937)

Le , il fonde avec Jean-Pierre Maxence et Maurice Blanchot, apologue du terrorisme d'état[25] à la Robespierre[26] mais pas assez antisémite et trop antinazi au goût de Robert Brasillach[27], un hebdomadaire satirique[28], L'Insurgé politique et social. La ligne éditoriale, fixée par Pierre Monnier[৳ 2], veut concilier l'esprit de révolte de Jules Vallès, auquel le titre est emprunté, et l'antisémitisme d'Édouard Drumont[29]. Les fonds ont été apportés par Jacques Lemaigre Dubreuil[19], président des Huiles Lesieur. Le siège du journal est abrité au 31 rue Caumartin par le Parti national révolutionnaire et social fondé par Eugène Deloncle. Thierry Maulnier embauche Kléber Haedens, admirateur jaloux d'Anne Desclos, qui est omniprésente[♦ 3].

Dès mars, Thierry Maulnier est poursuivi en correctionnelle avec cinq autres journalistes pour avoir affirmé dans un article que la troupe a tiré sur des ouvriers[30]. Il le sera plusieurs fois, augmentant ainsi popularité et tirages. Il y fait paraître sous un pseudonyme androgyne, Dominique Aury, les critiques de littérature et de peinture qu'il a appris à sa maîtresse à rédiger, ainsi que des articles de Georges Blond, disciple d'Alexis Carrel, le camarade de Philippe Pétain et théoricien de l'eugénisme, de la naturopathie et du comportementalisme. Lui-même, à sa table du Café de Flore ou chez Lipp, brasserie qui sert tous les mardis soir de salle de rédaction à Combat, rédige des articles dans lesquels il abuse de violence verbale contre le Front populaire et Léon Blum pour fustiger le parlementarisme sinon ses « dérives » et défendre un patriotisme proche du courant fascisant[31]. Ces positions se retrouveront enrobées dans l'essai Au-delà du nationalisme, recueil et synthèse d'articles qui paraitra en .

Charles Maurras, alors emprisonné pour huit mois à la Santé, s'en émeut[32], Jacques Lemaigre Dubreuil ne tolère plus que ses capitaux rémunèrent des journalistes anticapitalistes et l'aventure cesse au quarante deuxième numéro le . Jean-Pierre Maxence, toujours chroniqueur littéraire à Gringoire qui s'engage dans Solidarité française[₫ 4], et Pierre Andreu sont écartés de Combat[৳ 2].

Soutenir les dictatures (1938)

Thierry Maulnier, concluant que la révolution ne viendra pas des Dubreuil et autres membres de la Cagoule, rentre dans le rang et redevient en 1938 un collaborateur de l’Action française, régulièrement rémunéré. Avec les autres membres de la rédaction de Combat, qui compte désormais parmi ses contributeurs deux camarades du cercle La Tour du Pin, Jean-François Gravier et François Mitterrand[33][réf. à confirmer], il organise à Paris et en province quatre conférences militantes qui prolongent ses articles[৳ 3].

À la chute de la république d'Espagne, Thierry Maulnier soutient la dictature de Franco dans son projet de régénérer la nation[34]. Un an après le bombardement de Guernica, il rencontre le nouvel ambassadeur nazi Otto Abetz dans le cadre de la Société franco allemande (de) et s'explique sur son « antisémitisme raisonnable », qui ne veut pas éliminer les Juifs, pour ce qu'ils seraient une race maudite, que ce soit pour avoir fait crucifier le Christ ou pour avoir suscité une jalousie économique, mais les « assimiler » en supprimant la société mercantile, pour ce qu'elle leur donnerait une puissance disproportionnée et une « hétérogénéité irréductible »[35]. Pour Thierry Maulnier, le « problème juif » n'est pas la cause de la crise du capitalisme mais son effet. C'est en supprimant le capitalisme qu'on résoudrait l'antisémitisme, et non en supprimant les Juifs qu'on règlerait la crise capitaliste. En , il applaudit les accords de Munich et soutient l'annexion des Sudètes parce qu'il voit dans le régime nazi le meilleur rempart contre le communisme. Il souligne dans Combat de novembre 1938 le dilemme des nationalistes français « hostiles sentimentalement à l'Allemagne » mais tout aussi hostiles au régime républicain, au communisme et à une croisade antifasciste et convaincus sans l'avouer qu'« une défaite de l'Allemagne signifierait l'écroulement des systèmes autoritaires qui constituent le principal rempart à la révolution communiste » et qu'une victoire de la France « eût été moins une victoire de la France qu'une victoire de principes considérés à bon droit comme menant tout droit à la ruine de la France et de la civilisation elle-même »[36].

À l'automne 1938, sa maîtresse Dominique Aury lui demande une préface à une Introduction à la poésie française[♦ 4] qui fait suite au mémoire qu'elle a soutenu en Sorbonne[¤ 1]. Concomitamment, l'éditeur, Jean Paulhan, est sollicité par Alan Boase, professeur de littérature française de l'université de Glasgow et futur pilier des French Studies qui a fait redécouvrir les poètes précieux du XVIIe siècle[37], pour préparer une anthologie. Jean Paulhan adresse Alan Boase à Thierry Maulnier et se contentera d'une publication dans Mesures des Stances de la mort préfacées par le professeur écossais[38]. L'anthologie de Dominique Aury paraitra sous le seul nom de Thierry Maulnier en , durant la drôle de guerre[♦ 5]. Reçu comme une diane française, le livre devra être réimprimé de nombreuses fois tant son succès sera grand[♦ 5]. L'anthologie de poésie précieuse ne paraitra, elle, qu'une fois la guerre finie, en 1945, celle d'Alan Boase en 1949.

Louvoiements dans la guerre (1939-1944)

L'opportunité de Vichy (1939-1940)

Aux premiers jours de , déclenchement de la guerre, Thierry Maulnier est mobilisé au grade de sous-lieutenant[39] le au quartier Raoult du 46e R.I., à Fontainebleau[♦ 6], avant d'être affecté dans le même régiment au camp de Mourmelon[♦ 7]. Myope et héméralope, il est démobilisé dès novembre[৳ 4]. Jusqu'à la défaite, il souhaite la victoire franco-anglaise[৳ 4]. Durant la débâcle, la direction de Je suis partout, Charles Lesca, Alain Laubreaux, Robert Brasillach, Lucien Rebatet, est convoquée par la police pour atteinte à la sûreté de l'état ainsi que nombre d'intellectuels fascistes. L'édition du dernier numéro est confiée en urgence à Thierry Maulnier, collaborateur occasionnel de l'hebdomadaire, et Pierre Varillon. Celui là refuse d'y faire mention des arrestations et de publier un article de Robert Brasillach dénonçant une violation de la liberté de la presse[40].

Il retrouve ses fonctions auprès de Charles Maurras, qu'il rejoint durant l’Exode dans la voiture de Léon Daudet à Limoges, et à l'Action française, qui transfère son siège à Lyon. Dès les débuts de l'Occupation, il prédit, en privé, l'échec à un terme plus ou moins lointain du projet irréaliste d'Hitler, note l'hostilité des passants aux soldats de la Wehrmacht et incite François Sentein à diffuser de la propagande clandestine contre les Allemands. Le Cri du peuple, journal de Doriot, l'accuse, lui et Pierre Varillon, d'avoir été « au service de tous les criminels mensonges de Mandel et Reynaud », autant dire des acteurs de la défaite. En , il est à Vichy pour rencontrer le chef de cabinet et le secrétaire général du Maréchal, l'inspecteur des finances Henry du Moulin de Labarthète et l'amiral Jean Fernet, ainsi que le secrétaire d'État de Laval, Paul Baudouin, qui vient de signer le statut des Juifs et devient un mois plus tard, en tant que Secrétaire d'état à l'information, son ministre de tutelle.

Il publie aussi dans la Revue universelle, dans Candide et à partir de , parfois sous le pseudonyme de Jacques Darcy, au Figaro[৳ 5], que dirige Pierre Brisson et auquel il a déjà eu l'occasion avant guerre de donner quelques articles. Quand le Je suis partout reparait, il y est décrié comme un « monument de la jobardise pédantesque » et un « gaulliste honteux et anglophile à la solde de l'Intelligence Service ». Les insultes ne cessent que quand son ami Robert Brasillach rentre de l'Oflag, le , et prend la direction du journal collaborationniste. Thierry Maulnier se fait chroniqueur militaire mais aussi apologue de la révolution nationale[৳ 5]. Fidèle au slogan de Maurras « la France seule », il s'accommode aussi bien de l'Occupation que de l'éventuelle victoire de l'Angleterre[৳ 5], à laquelle il n'appelle donc pas, pourvu que ce soit l'occasion pour la France de « se régénérer »[41].

Propagandiste de la révolution nationale (1941-1942)

Désormais journaliste autorisé, Thierry Maulnier donne aussi des articles à La Légion, mensuel illustré publié à partir de juin 1941 sous la présidence directe de Pétain, qui s'en fait un conseiller personnel[42]. Six mois plus tôt, le , il était choisi, avec Antoine de Saint-Exupéry, pour être un des quarante membres du comité directeur du Rassemblement pour la révolution nationale[43], qui est un éphémère parti politique créé par Henry du Moulin de Labarthète pour faire pièce au projet de parti unique porté par Marcel Déat.

Quand, en , est créé sous la direction d'Yves Urvoy l'Institut national de formation légionnaire pour endoctriner les cadres de la Légion française des combattants, c'est donc naturellement qu'il est nommé responsable des programmes. Il y donne lui-même des conférences et fait intervenir entre autres Paul Marion et François Perroux. François Mitterrand, ex collègue de Combat bientôt engagé dans le réseau d'Antoine Mauduit-Larive, y fait un passage. Au terme d'un an est créée au sein de la LFC la Milice, dont l'école des cadres évince l'École des cadres d'Uriage, foyer des « vichysto résistants », et en accapare les locaux dans le Château d’Uriage.

Thierry Maulnier bénéficie du soutien de René Vincent, ex rédacteur en chef de Combat qui est entré au Secrétariat général à l'information et qui lui confie la rédaction d'un nouvel hebdomadaire, Demain. C'est un organe de presse de la Fédération nationale catholique fondé en [44] par Jean de Fabrègues à la demande pressante de l'épiscopat français désireux de rallier les démocrates chrétiens hostiles à la cause du Maréchal[44] et de s'impliquer dans le redressement moral de la jeunesse.

Il y travaillera jusqu'en 1944, sous la supervision de René Vincent, relayant les consignes du ministère de Paul Marion et la propagande vichyste ainsi que dans la revue Idées consacrée à l'idéologie maréchaliste[45]. Quand les Alliés débarquent en Afrique du Nord, le et que la zone libre est envahie, Le Figaro est interdit par la censure allemande, interdiction que le dernier numéro présente comme un sabordage, à l'image de la flotte de Toulon.

C'est à Thierry Maulnier, ainsi qu'à André Fraigneau, qu'est alors confiée la supervision des Cahiers français, nouvelle mouture des Cahiers de la génération que dirige désormais Jean Le Marchand, un ancien collègue de Combat assisté du jeune Roland Laudenbach[46], le neveu de Pierre Fresnay. C'est le journal officiel de la propagande des Chantiers de la jeunesse française[46], dont l'Occupant désormais se défie et d'où sortiront nombre de résistants et recrues de l'Armée d'Afrique engagée aux côtés des Alliés. Y publient entre autres Louis Salleron, Jean de Fabrègues, René Vincent, Pierre Andreu, François Sentein, Raoul Girardet, Antoine Blondin, Jean Turlais[46]. La revue continuera après la fin de la guerre sous le titre de Cahiers de la Table ronde[46] et Thierry Maulnier en fixera la ligne générale[46] jusqu'à la fin de l'année 1949.

En retrait de la Collaboration (1943-1944)

À Lyon, Charles Maurras est rudoyé par des hommes de la Milice, à la création de laquelle il avait applaudi. Dans ce qui faisait jusqu'à l'invasion de la zone libre figure de petite capitale, tous les journalistes parisiens se fréquentent, notamment Chez Antoinette dont ils ont fait leur cantine, et Thierry Maulnier a retrouvé un condisciple de Normale, Jean Beaufret[¤ 2], lequel entrera dans la Résistance en .

Celui-ci, au début du doux hiver 1943, le met en contact avec Roger Stéphane[¤ 2], l'adjoint de Pierre-Henri Teitgen au sein des Mouvements unis de la Résistance empêtrés dans leur réorganisation. Depuis novembre, les Français se demandent si l'Allemagne n'a pas commencé devant Stalingrad de perdre la guerre. Il est question de faire passer Thierry Maulnier de L'Action française au journal clandestin Combat, pour lequel celui-ci réaliserait un hebdomadaire, Les Cahiers de Combat[¤ 3]. Thierry Maulnier refuse, au prétexte que l'influence et l'audience du premier sont plus grandes que celles du second[¤ 2], ce qui est inexact. Quelques jours plus tôt, il fustigeait les idées individualistes de Jean-Jacques Rousseau, accusé d'avoir ruiné l’ordre et la tradition issues du monde grécolatin et causé les deux plus grandes catastrophes de l’histoire de France, la chute de l’Ancien régime et l’invasion allemande[47]. Georges Bidault, président du comité directeur du Front national sud depuis , déclare à propos de ce raté « Je veux bien qu'une putain me prétende qu'elle est vierge mais je suis en droit de lui demander de quitter le bordel »[48]. Membre du réseau Combat qui a été arrêté au printemps précédent et s'est évadé en , Roger Stéphane est de nouveau arrêté le [49], quelque temps après son entrevue avec Thierry Maulnier et trois mois avant la capture de Jean Moulin.

Revenu à Paris, Thierry Maulnier contribue à une Histoire de la médecine, travail alimentaire que lui offre des amis[¤ 4] proches de La Cagoule. Il fréquente aussi bien le capitaine Ernst Jünger, figure intellectuelle majeure de la révolution conservatrice lors de la république de Weimar, employé de la censure mais secrètement opposé à l'hitlérisme, que François Sentein, directeur d'un chantier de jeunesse, ou Maurice Clavel, qu'il retrouve régulièrement aux Deux magots et auquel il propose de cacher des résistants dans son logement 27 rue de Bellechasse, parce qu'il n'y a pas de concierge[¤ 4]. À partir d'[¤ 5], tout en continuant d'envoyer ses articles à L'Action française et la Revue universelle, il se consacre à la vie du théâtre, que pilote son ami Jean-Louis Vaudoyer désormais en disgrâce auprès des jusqu'au boutistes de la Collaboration, et à la carrière de Marcelle Tassencourt, actrice de trente ans qu'il a rencontrée dans le train à la fin d'octobre 1940 alors qu'elle était mariée à un avocat devenu journaliste, Louis Gabriel Robinet, et qu'ils se rendaient en compagnie de collègues du Figaro à Lyon, en zone libre.

En 1944, il est arrêté au café Au vieux Paris en compagnie de Pierre Grappin, Pierre Courtade, Annie Hervé, Pierre Kaufmann et Madeleine Herr, et placé quelques jours en détention[50]

Au printemps 1944, il met en scène pour elle une Antigone de Robert Garnier, auteur renaissant que lui a fait découvrir son ancienne maîtresse, Dominique Aury, pour laquelle il a rédigé en 1941 une préface[51], mais avec laquelle la rupture était devenue définitive en . Celle-ci, travaillant pour la Résistance aux côtés de Jean Paulhan puis de Marguerite Donnadieu, est passée dans le camp adverse en , peu avant que lui-même ne s'engage dans la propagande pour les Chantiers de la jeunesse française. Alain Laubreaux raille un Thierry Maulnier en « gaulliste forcené », lui reprochant ainsi de vouloir par cette Antigone, qui est un plaidoyer contre la tyrannie, donner des gages au futur vainqueur.

Le , Thierry Maulnier épouse Marcelle Tassencourt dans Paris libéré.

Anticommuniste influent et reconnu (1945-1988)

Purgatoire (1945-1949)

Durant l'Épuration, Demain n'est pas autorisé à reparaître. Roger Stéphane, qui était entré dans la Résistance dès 1941 et auquel avait été au début de l'année 1943 soumis un projet de revue par Thierry Maulnier, a accepté à l'automne 1944 de se porter caution pour celui-ci[¤ 3], qui retrouve grâce à cette démarche sa carte de presse.

Thierry Maulnier, secondé par sa femme, se démène pour faire signer la pétition qui sauverait Robert Brasillach, son ami de plus de quinze ans, de la peine de mort, en vain. Il trouve refuge dans un petit journal de Sarlat renommé en 1944[52] L'Essor[53] et reprend la direction de ce qui fut les Cahiers français, revue des Chantiers de la jeunesse durant l'Occupation[46], sous le titre de Cahiers de la Table ronde[54], qui lui a été donné après la Libération, en , par Roland Laudenbach[46]. Il la renommera à son tour La Table ronde en s'associant, en , avec François Mauriac avant que celle-ci ne soit rachetée par Plon et ne devienne le point de ralliement des Hussards. La maison d'édition homonyme, fondée en juillet 1944 sous le nom d’Éditions du Centre par Roger Mouton[55], ex directeur d'un « centre de la jeunesse »[46], l'édite en 1946 sous son pseudonyme de Jacques Darcy[56] aux côtés de ses camarades vichystes, Paul Baudouin, Gabriel Jeantet, Jacques Isorni, le Colonel Groussard.

En 1947, il se voit confier la critique littéraire de la revue Hommes et Mondes par son fondateur, le promoteur des États-Unis d'Europe pétainiste Gaston Riou, et passe en à la rubrique politique[57]. François Mauriac et Pierre Brisson, engagés dans l'anticommunisme de la guerre froide et l'atlantisme, en font, tout comme Vladimir d'Ormesson, un collaborateur régulier du Figaro malgré les protestations de collègues heurtés de devoir travailler avec un ancien vichyste. Thierry Maulnier y poursuivra sa carrière de journaliste jusqu'à sa mort. Les Éditions Fayard lui recommandent le champion de France du huit cents mètres Michel Clare, dont il fait son secrétaire et avec lequel il pénètre le monde du sport.

Contre la décolonisation (1950-1955)

Sans pour autant dévier de ses positions paradoxales[58], son engagement politique se fait plus discret mais alors que s'ouvre le procès d'Henri Martin, marin et ancien résistant militant contre la guerre d'Indochine, il exprime à l'automne 1950 sa sympathie pour l'armée française prise dans la piteuse défaite de Long Son. Six mois plus tôt, le , il témoignait au procès de Louis-Ferdinand Céline en faveur de celui-ci, finalement condamné pour intelligence avec l'ennemi puis amnistié. En 1953, convaincu de la faiblesse de la procédure menée contre les époux Rosenberg, il se prononce contre leur exécution, contrairement à Raymond Aron, et met en garde contre l'effet néfaste pour la cause atlantiste qu'aurait la révélation ultérieure de leur innocence[59]. À la chute de Diên Biên Phu, il fulmine contre ce qu'il voit comme un défaut d'engagement patriotique de Jean-Paul Sartre et la complicité tacite des intellectuels germanopratins avec l'URSS[60].

Il donne sa dernière contribution à La Table ronde en [61]. Il défend le projet colonial de la France comme une œuvre civilisatrice. Quand la guerre d'Algérie prend la suite de la guerre d'Indochine, il se fait le porte parole des partisans de l'Algérie française, « terre attachée à notre terre, […] chair attachée à notre chair »[62]. Il honore la mémoire des soldats français impliqués en publiant un recueil de leurs lettres. C'est à Thierry Maulnier, au sujet de l'indépendance de l'Algérie et du maintien dans la France des Territoires du Sud, devenus le Sahara algérien, que Raymond Aron répondra en publiant en La Tragédie algérienne. Thierry Maulnier qualifie de « lobby de l'abandon » cette droite au pouvoir qui ne voit plus dans les colonies qu'un risque[63]. Aux lendemains du putsch des généraux, qu'il désapprouvera après avoir fait en 1959 un reportage auprès des pieds-noirs mais qu'il excusera en accusant le gouvernement lui-même[64], il reconnaitra la vanité des attentats de l'OAS[65].

Fédéraliste européen (1956-1967)

Avec certains non conformistes des années 1930, Robert Aron, Daniel-Rops, Jean de Fabrègues, Alexandre Marc, Denis de Rougemont, il travaille au sein de l'Union des fédéralistes européens à la formulation et la diffusion de concepts utiles à la reconstruction d'une Europe politique[66]. Cet engagement pro-européen se traduit de 1956 à 1971[67] par une collaboration épisodique au mensuel Le XXe siècle fédéraliste édité par le groupe d'influence[68] La Fédération[69].

Le , dix mille spectateurs sollicités par des cercles dominicains et des étudiants intégristes de la Sorbonne accompagnent le cardinal Feltin, archevêque de Paris qui fut vichyste, venu applaudir au Vélodrome d'Hiver l'adaptation que Thierry Maulnier a faite du Procès à Jésus (it), pièce antisémite de Diego Fabbri qui ressasse l'idée d'une malédiction pesant sur les Juifs, « peuple déicide »[70], et qui a été condamnée par le Saint Office pour « offense à la religion et incitation à la haine sociale ». Le spectacle se clôt par une procession jusqu'à Notre Dame.

En , l'ensemble de sa carrière littéraire est honorée du grand prix de littérature de l'Académie française. Il se fait metteur en scène assistant de sa femme, Marcelle Tassencourt, nommée en 1961 directrice du théâtre Montansier, à Versailles, grâce à l'intervention du ministre des Affaires culturelles André Malraux. Le , quatre ans après Henri Massis, il est élu à l'Académie française au fauteuil d'Henry Bordeaux. Éternel distrait, il oublie son épée de cérémonie le jour de son intronisation.

La Nouvelle droite (1968-1977)

À la fin des années soixante, Thierry Maulnier fonde avec Dominique Venner l'Institut d'études occidentales, éphémère dissidence du GRECE d'Alain de Benoist qui se veut un contre feu au gauchisme de mai 1968, qu'il préside[71]. L'IEO disparaît en 1971. Les analyses et travaux de l'institut seront repris dix ans plus tard par la Nouvelle Droite.

Gendre d'une citoyenne américaine, il préside l'Association France États-Unis de 1967 à 1988.

En 1968, il est des premiers conférenciers[72] à participer au sein de la nouvelle Association pour la liberté économique et le progrès social au « réarmement idéologique des partisans et des praticiens de l’économie de marché » que, face au gauchisme de Mai 68, met en œuvre le gouvernement de son ancien camarade de Normale Georges Pompidou[¤ 6]. Il siège aux côtés de Madeleine Renaud et Georges Neveux à la commission qui, au sein du comité des programmes de l'ORTF, supervise l'émission Au théâtre ce soir[73]. En 1970 il participe au comité de patronage de Nouvelle École, succursale de la Nouvelle Droite.

En 1971, il est élu membre de l'Académie de Nîmes[74].

En , il signe aux côtés de la veuve du Maréchal Juin, de celle du Maréchal de Lattre de Tassigny, Simonne, du Colonel Rémy, de Maurice Druon, de Michel de Saint Pierre, de Jean Cau, de Louis Pauwels, de Michel Droit, de François Brigneau et de trente trois parlementaires, le Contre appel des deux cents lancé par Joël Dupuy de Merri, un des dirigeants du PFN, pour s'opposer à la syndicalisation des militaires[75].

En , il signe une pétition dénonçant l'arrestation de Philippe Cuignache et Serge Rep[76], militants du GUD restés proches du PFN et camarades d'Alain Escoffier, qui, à vingt sept ans, s'est immolé le précédent, huit ans après Richard Sivietch, Yan Palach et Yan Zaïtch, devant le siège parisien de l'Aéroflot, avenue des Champs Élysées, au cri de « Communistes assassins ! »[77]. Cette année 1977, il participe au XIIe colloque du GRECE.

Moraliste face à la maladie (1978-1988)

À l'âge de la retraite, parkinsonien depuis 1973, Thierry Maulnier, dictant ce qu'il ne peut plus écrire lui-même, ne se consacre plus guère qu'à la réflexion sur le sens de la vie. Il sort de l'oubli une pièce de jeunesse de Jean Racine, La Thébaïde, en la présentant au festival de Versailles de [4].

La souffrance humaine ne doit pas nous rendre insensibles à l’autre souffrance, à l’immense souffrance animale dont nous sommes souvent les auteurs, par volonté de nuire ou par indifférence.
Thierry Maulnier, soutien de la LFDA[78].

En 1981, à l'occasion de la campagne présidentielle, il est des dix sept membres du comité de soutien à la Fondation droit animal réuni par Alfred Kastler qui signent une pétition engageant les candidats à défendre un droit des animaux[79]. Lui-même et sa femme vivent entourés d'une douzaine de chats recueillis dans leur maison de Marnes-la-Coquette[80]. En 1986, il siège dans le jury du Cercle Montherlant, association de deux cents membres qui décerne chaque année un prix à un artiste ayant contribué au rayonnement de la France. Il devient aussi membre d'honneur de Secours de France, association d'aide aux Pieds-noirs et aux Harkis.

En quête d'une spiritualité humaniste dépassant le christianisme sans le renier[81], il meurt à la clinique chirurgicale du Val d'Or à Saint-Cloud, où l'a conduit une chute ayant entrainé une fracture du col du fémur, sans avoir fait retour au catholicisme mais sa dépouille reçoit des obsèques religieuses, présidées par le père Ambroise-Marie Carré[৳ 6]. À l'Académie, c'est Jean d'Ormesson, qu'il avait été chargé d'accueillir en 1973, qui lui rend hommage. Un lycée général et technologique de Nice a porté son nom avant d'être rebaptisé Mélinée et Missak Manouchian en avril 2023.

Œuvre

Roman

Avec Robert Brasillach, Roger Vailland, Paul Gadenne, F. Semach, J. M. Pin, P. Frémy & A. Fabre, Fulgur, grand roman d'aventures de police et d'épopée, La Tribune de l'Yonne, Sens, 1927.

Rééd. dir. J. Servière, préf. Francis Lacassin, coll. La Seconde chance, Éditions Julliard, Paris, 1992, 367 p. (ISBN 9782260009757)

Essais idéologiques

  • La crise est dans l'homme, Redier, Paris, 1932.
  • Avec J. P. Maxence & R. Francis, Demain la France, Grasset, Paris, 1934.
  • Mythes socialistes, 1936.
  • Principes d'un réalisme révolutionnaire, Les Cahiers de Combat n° 1, 1937.
  • Au-delà du nationalisme, 1937.
  • La pensée marxiste, 1938.
  • La France, la guerre et la paix, Lyon, 1942.
  • Violence et conscience, 1945.
  • Arrière-pensées, 1946.
  • L'honneur d'être juif avec Gilbert Prouteau, 1970.
  • Lettres aux Américains, 1968.
  • Le Sens des mots, 1976.
  • Dialogue inattendu, avec le communiste Jean Elleinstein, Flammarion, 1979.

Études historiques

Études littéraires

La pompe liturgique du langage, son inentamable dignité, qui refuse, dans le théâtre de Racine, la description réaliste de la douleur ou de la joie, bannit de la scène l'élan trop spontané, le réflexe brut et n'admet le cri même que réduit à sa plus stricte bienséance. Voilà les éléments plastiques de l'office théâtral, qui est aussi souverain exercice de la catharsis ! Jamais les héros de Racine ne s'abaissent à la vulgaire spontanéité de la mimique naturelle. Ils ne trahissent, ils ne libèrent leurs émois que transformés en signes clairs et, par ce passage à travers la pensée, définis, ordonnés, intelligibles. Dans la plus grande brutalité, le chantage le plus cynique, dans la honte, dans le sadisme, ils gardent ce contrôle et cette vigilance suprêmes qui composent le visage et contraignent les gestes[82].
Thierry Maulnier
à propos d'un théâtre classique à l'heure du cinématographe.

Pièces de théâtre

Adaptations dramatiques

Essais moraux

  • Nietzsche, Redier, Paris, 1933.
  • Les Vaches sacrées, 1977.
  • L'étrangeté d'être, 1982.
  • Le Dieu masqué, 1985.
  • Les matins que tu ne verras pas, 1989.

Prix

Réception

« …] une pièce raciale et politique au sens ethnologique du terme ou une pièce sociale et politique […] le théâtre de la déportation, le théâtre de la résistance, […], le théâtre de la duplicité colonialiste. »

— Critique du Prince d’Égypte créé le au théâtre du Vieux Colombier[83].

« […] cette pièce est la plus forte et la plus belle qu'on ait créée cette saison. »

— Robert Kemp au sujet du Profanateur créé le 5 janvier 1952 au théâtre de l'Athénée[84].

« Voilà une pièce que j’irai sûrement voir cinq ou six fois […] »

— Marcel Aymé au sujet de La Maison de la nuit créée le 16 octobre 1953 au théâtre des Arts[85].

« Que M. Thierry Maulnier le veuille ou non La Maison de la nuit est d’abord une pièce politique, la pièce d’un homme de droite, fasciné par le communisme, par ce communisme qui le répugne mais dont il ne peut s’empêcher, semble-t-il , de prévoir la victoire. »

— Critique de Robert Kanters en octobre 1953[86].

« […] jusqu’alors ses pièces étaient uniformément graves. Au contraire dans La Maison de la Nuit il a su, de temps à autre, détendre le spectateur par un sourire. »

— Jean-Jacques Gautier au sujet de la même pièce[87].

« N’est-ce pas détourner singulièrement le théâtre de sa voie que de le réduire à une suite d’images destinées à orner un texte supposé connu ? »

— Jacques Lemarchand, critique dans un journal de droite dépité par l'avantgardisme de l'adaptation à la scène de La Condition humaine[88].

« D’une pièce de M. Thierry Maulnier, on se demande toujours en quoi elle peut servir son anticommunisme maladif. »

— Guy Leclerc, critique communiste au sujet de la même en décembre 1954[89].

« Maurassien d'étroite observance dès sa jeunesse, j'ignore si Thierry Maulnier a donné beaucoup de larmes aux Basques de Guernica et si le traitement par le phosphore que Mussolini infligea aux Abyssins scandalisa outre mesure ce nationaliste intégral à qui les crimes politiques ne font ni chaud ni froid tant que ce ne sont pas des communistes qui les commettent. »

— Attaque ad hominem de François Mauriac rapprochant les prises de position publiques en faveur d'Hitler et de Mussolini du Thierry Maulnier d'avant guerre de celles d'après guerre contre la décolonisation et le communisme[90].

« J'ai été subjugé, [… un] style clair, le goût des aphorismes […] »

— Hommage d'Henri Troyat à son collègue académicien décédé l'avant veille[91].

Notes et références

Sources

  1. p. 182.
  2. a b et c p. 223.
  3. a et b p. 253.
  4. a et b p. 232.
  5. p. 237.
  6. p. 50.
  1. p. 217.
  2. p. 313 & 321.
  3. p. 238.
  4. p. 254.
  5. a et b p. 257.
  6. p. 265.
  7. p. 266.
  1. p. 97.
  2. p. 91.
  3. p. 93-94.
  4. p. 88.
  1. a et b p. 261.
  2. a et b p. 274.
  3. p. 294.
  4. a et b p. 326.
  5. a b et c p. 360.
  6. p. 170.

Références

  1. Pierre Milza, « L'ultra- droite des années trente », in Michel Winock, Histoire de l'extrême droite en France, Seuil, Paris, 1993.
  2. Hélène Merlin-Kajman, « Relire le "Racine" de Thierry Maulnier et le "Corneille" de Robert Brasillach ? », in Michel Leymarie, Olivier Dard 1 J. Y. Guérin, L'Action française. Culture, société, politique., vol. IV "Maurrassisme et littérature", p. 174, coll. « Histoire et civilisations », Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2012 (ISBN 9782757404010).
  3. Dictionnaire des intellectuels français, p. 768, Éditions du Seuil, Paris.
  4. a b c d e et f Marcel Achard, « Réponse au discours de réception de Thierry Maulnier », Académie française, Paris, 20 janvier 1966.
  5. An., Fulgur, La Tribune de l'Yonne, Sens, 1927.
  6. Olivier Dard, « Jeunesse, élite et Action française », dans Christine Bouneau, Caroline Le Mao (dir.), Jeunesse(s) et élites: Des rapports paradoxaux en Europe de l'Ancien Régime à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009 (Lire en ligne)
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Annexes

Bibliographie

Liens externes