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Un '''parlement minoritaire''' (en [[anglais]], ''hung parliament'') est la situation d'une [[législature]] [[Parlement|parlementaire]] dans laquelle aucun [[Parti politique|parti]] ne dispose de la [[majorité absolue]].
{{ébauche|politique|Royaume-Uni}}
Un '''Parlement sans majorité''' (en anglais : ''Hung Parliament'') est une situation particulière du [[Parlement]] [[Parlement du Royaume-Uni|britannique]] ou [[Canada|canadien]] et d'autres législatures utilisant le [[système de Westminster]]. Elle réside dans le fait qu'aucun des [[parti]]s n'a de [[majorité absolue]], ce qui est très rare dans le cadre d'une élection au [[scrutin uninominal à un tour]]. Cette configuration pose un certain nombre de problèmes (étant donné la responsabilité du Gouvernement devant le Parlement et le caractère [[bipartisme|bipartiste]] de la vie politique) et peut déboucher sur un [[Gouvernement de coalition]], un [[Gouvernement minoritaire]] ou encore sur la [[Dissolution parlementaire|dissolution]] du Parlement.


Si les parlements minoritaires sont la règle des [[Scrutin proportionnel plurinominal|scrutins proportionnels plurinominaux]], l'expression s'emploie en particulier dans les pays utilisant le [[système de Westminster]], notamment l'[[Parlement d'Australie|Australie]], le [[Parlement du Canada|Canada]] ou le [[Parlement du Royaume-Uni|Royaume-Uni]]. Un parlement minoritaire y est généralement considéré comme exceptionnel dans la mesure où le [[scrutin uninominal à un tour]] favorise le [[bipartisme]] et l'obtention de la majorité par un seul parti. Mais dans certains pays, un parlement minoritaire peut être la règle plutôt que l'exception ; tel est le cas notamment aux [[îles Salomon]], de même qu'au [[Canada]] où les parlements minoritaires sont relativement fréquents — en raison notamment du poids du [[Bloc québécois]] et du [[Nouveau Parti démocratique]].
== Au Royaume-Uni ==


Étant donné la [[Responsabilité gouvernementale|responsabilité du gouvernement]] devant le parlement dans le système de Westminster, un parlement minoritaire peut entraîner :
[[Fichier:Nick Clegg by the 2009 budget cropped.jpg|thumb|alt=Photographie de Nick Clegg|Nick Clegg, le leader des [[Démocrates libéraux (Royaume-Uni)|LibDem]], est nommé Vice-premier ministre dans le cadre d'un [[gouvernement de coalition]] avec les [[Parti conservateur (Royaume-Uni)|Tories]] menés par [[David Cameron]], suite à l'élection d'un Parlement sans majorité en 2010.]]
* la formation d'un [[gouvernement minoritaire]] ;
* la formation d'un [[gouvernement de coalition]] ;
* la [[dissolution parlementaire|dissolution]] du parlement et la convocation de nouvelles élections.


== Australie ==
Au Royaume-Uni, avant la [[Première Guerre mondiale]], un [[bipartisme]] stable existait depuis des générations ; en général, seuls les [[Tories]] et les [[Parti whig (Royaume-Uni)|Whig]]s, ou depuis la seconde moitié du {{s-|XIX|e}} les Partis [[Parti conservateur (Royaume-Uni)|conservateur]] et [[Parti libéral (Royaume-Uni)|libéral]], réussissaient à faire élire un nombre significatif de députés. Les Parlements sans majorité étaient donc rares, en particulier pendant le {{s-|XIX|e}}. Cependant, à la suite de l'[[Acte d'Union (1800)|Acte d'Union]], un certain nombre de députés irlandais prirent place au parlement, ce qui modifia l'équilibre politique. Après les élections générales de 1885, aucun parti ne disposait de la majorité absolue. Le soutien du [[Irish Parliamentary Party]] devenait indispensable à la formation d'un gouvernement, et la [[Home Rule]] accordant l'autonomie à l'Irlande était une condition de ce soutien. Le parti libéral se déchira au sujet de la Home Rule (les libéraux y étant opposés formant le [[parti libéral unioniste]]), menant à de nouvelles élections en 1886. Celles-ci virent la victoire des conservateurs associés aux unionistes.
[[Fichier:Julia Gillard 2010.jpg|thumb|150px|[[Julia Gillard]] est à la tête d'un [[gouvernement minoritaire]] australien entre [[Élections fédérales australiennes de 2010|2010]] et [[Élections fédérales australiennes de 2013|2013]].]]
De la création du [[Australie|Commonwealth d'Australie]], en [[1901]], à [[1910]], aucun parti ne disposait de la majorité à la [[Chambre des représentants (Australie)|Chambre des représentants australienne]] en raison de la division du paysage politique entre le [[Parti travailliste australien|Parti travailliste]] et deux partis non-socialistes. Les changements de gouvernement étaient fréquents, y compris en cours de mandat.


Depuis [[1910]], le paysage politique australien est [[Bipartisme|bipartite]] et voit s'opposer le Parti travailliste à un autre parti ou une coalition de partis [[Conservatisme|conservateurs]]. Seuls deux parlements minoritaires sont élus :
Des Parlements sans majorité furent élus plusieurs autres fois, à cause de la montée en puissance du [[Parti travailliste (Royaume-Uni)|parti travailliste]] dans les années précédant la [[Première Guerre mondiale]]. Les élections de 1929 ont mené au dernier Parlement sans majorité jusqu'en 1974 ; entre-temps, le Parti travailliste a pris la place du Parti libéral en tant que bloc dominant, avec les conservateurs, la vie politique.
* en [[Élections fédérales australiennes de 1940|1940]], le [[Premier ministre australien|Premier ministre]] sortant [[Robert Menzies]] obtient l'appui des deux députés indépendants et continue de gouverner ; mais au cours de la législature les indépendants changent de camp et apportant leur soutien au Leader de l'Opposition [[John Curtin]].
Après 1929, la situation ne s'est représentée que deux fois. La première fut l'[[Élections législatives britanniques de février 1974|élection de février 1974]], où les travaillistes surprirent les prévisions en dépassant les conservateurs, sans toutefois acquérir de majorité. Une coalition conservateurs-libéraux échouant sur la question du système électoral, la Reine désigna en fin de compte le travailliste [[Harold Wilson]] pour mener un [[Gouvernement minoritaire]], essayant de trouver un arrangement point par point. La législature n'a tenu que jusqu'en septembre.
* en [[Élections fédérales australiennes de 2010|2010]], ni la coalition [[Parti libéral d'Australie|libérale]]-[[Parti national d'Australie|nationale]] ni le [[Parti travailliste australien]] sortant ne dispose d'une majorité absolue<ref>{{en}} [http://www.guardian.co.uk/world/2010/aug/21/australia-election-hung-parliament Australia election results point to hung parliament], ''[[The Guardian]]'', le {{date|21|août|2010}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/australiaandthepacific/australia/7957876/Australian-election-delivers-hung-parliament.html Australian election delivers hung parliament], ''[[The Daily Telegraph]]'', le {{date|21|août|2010}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://english.aljazeera.net/news/asia-pacific/2010/08/2010821111047881182.html Australia hung parliament 'likely'], ''[[Al Jazeera]]'', le {{date|21|août|2010}}</ref> ; la [[Premier ministre australien|Première ministre]] [[Julia Gillard]] convainc alors les élus indépendants de soutenir son gouvernement.
L'élection suivante a ensuite garanti aux travaillistes les sièges manquants.


== Canada ==
La seconde occurrence fut en [[Élections législatives britanniques de 2010|2010]]. Comme prédit par la presse, le Parti conservateur arrive à battre les travaillistes sans pourtant contenir l'avancée des libéraux-démocrates<ref>[http://politicsraw.com/2010/05/07/uk-election-results-in-hung-parliament "General election 2010 results of a hung parliament"], PoliticsRAW. 8 mai 2010. Résultats de l'élection.</ref>. Contrairement à 1974, les discussions des libéraux-démocrates échouent du côté du parti travailliste. La situation aboutit à un gouvernement de coalition entre le Parti conservateur de [[David Cameron]] et les [[Démocrates libéraux (Royaume-Uni)|démocrates libéraux]] de [[Nick Clegg]].
Bien qu'appliquant le [[scrutin uninominal à un tour]] pour ses élections, le [[Parlement du Canada|Canada]] connait régulièrement des situations de parlement minoritaire en raison de l'éclatement du paysage politique en trois ou quatre grands partis et le fait que leurs appuis soient souvent déséquilibrés à travers le pays. Ainsi, depuis [[Élection fédérale canadienne de 1867|1867]], il y a eu treize parlements minoritaires. Le parti disposant de plus d'élus forme systématiquement un [[Gouvernements minoritaires au Canada|gouvernement minoritaire]]<ref>Le seul gouvernement fédéral de coalition au Canada et le [[gouvernement d'union nationale]] de [[10e conseil des ministres du Canada|Borden]] formé pendant la [[Première Guerre mondiale]]. Il ne s'agissait toutefois pas d'un parlement minoritaire.</ref> Aucun gouvernement fédéral minoritaire n'a duré pour un mandat complet, et la plupart ont duré moins de deux ans.


En [[anglais canadien]], l'expression ''minority parliament'' et généralement préféré à ''hung parliament''.
Une situation de parlement sans majorité peut également arriver quand le gouvernement n'a qu'une faible majorité à la [[Chambre des communes (Royaume-Uni)|Chambre des communes]] et que celle-ci est érodée par des [[élection partielle|élections partielles]], des défections, ou encore des démissions de la part de députés. Cela est arrivé en décembre 1996 au gouvernement conservateur de [[John Major]] (1990–97) et en 1978 au gouvernement travailliste de [[James Callaghan]] (1976–79) ; cette période correspond à ce que l'on appelle désormais l'[[hiver du mécontentement]].


== En Australie ==
== France ==
Sous la [[Cinquième République (France)|Cinquième République]], la France connaît une première expérience du parlement minoritaire à la suite des [[Élections législatives françaises de 1988|élections législatives de 1988]] s'étant déroulées au scrutin proportionnel et ou le [[Parti socialiste (France)|Parti socialiste]] du président [[François Mitterrand]] échoue à obtenir la majorité à quelques sièges près, bien que l'apport ponctuel des voix communistes ou du centre et l'alliance avec des députés centristes permette au [[Premier ministre français|Premier ministre]] [[Michel Rocard]] de gouverner plus ou moins efficacement, le forçant toutefois à utiliser à 28 reprises l'article [[Article 49 de la Constitution de la Cinquième République française|49 alinéa 3]], un record.
Les cas de Parlement sans majorité sont rares au niveau fédéral en Australie, où existe un système très majoritairement bipartiste, où le [[Parti travailliste australien]] affronte une alliance de partis conservateurs et n'ont eu lieu que pendant de brèves périodes depuis le début du {{XXe}} siècle. Avant 1910, aucun parti n'avait la majorité à la [[Chambre des représentants (Australie)|Chambre des représentants]] car il y avait deux partis concurrents non-travaillistes. En conséquence, il y avait des changements fréquents de gouvernement, dont plusieurs ont eu lieu pendant les termes parlementaires. Depuis 1910, lorsque le système des deux partis a été bien appliqué, il n'y a eu que deux parlements sans majorité. En 1940, le Premier ministre sortant, [[Robert Menzies]], a obtenu l'appui des deux députés indépendants et a continué à gouverner, mais au cours de la législature, les indépendants ont changé de camp, apportant leur soutien à [[John Curtin]]. Cette situation s'est également produite pour la Chambre des représentants suite aux [[Élections fédérales australiennes de 2010|élections fédérales anticipées du 21 août 2010]], du fait d'une absence de [[majorité absolue]] pour la coalition [[Parti libéral d'Australie|Libéraux]]-[[Parti national d'Australie|Nationaux]] ou bien pour le [[Parti travailliste australien]]<ref>{{en}} [http://www.guardian.co.uk/world/2010/aug/21/australia-election-hung-parliament Australia election results point to hung parliament], ''[[The Guardian]]'', le {{date|21|août|2010}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/australiaandthepacific/australia/7957876/Australian-election-delivers-hung-parliament.html Australian election delivers hung parliament], ''[[The Daily Telegraph]]'', le {{date|21|août|2010}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://english.aljazeera.net/news/asia-pacific/2010/08/2010821111047881182.html Australia hung parliament 'likely'], ''[[Al Jazeera]]'', le {{date|21|août|2010}}</ref>. À la différence du Royaume-Uni, les élus qui n'appartiennent pas à l'une de ces deux forces sont presque tous [[sans étiquette]]. Juridiquement, pour rester en place, la [[Premier ministre d'Australie|Première ministre]], [[Julia Gillard]], doit simplement éviter une majorité qui lui serait opposée. Cette situation, unique à la Chambre depuis [[1940]], est courante au Sénat.


À la suite du passage au quinquennat sous la présidence de [[Jacques Chirac]], les élections législatives se déroulent très peu de temps après la présidentielle, garantissant une majorité solide à chaque gouvernement suivant jusqu'aux [[Élections législatives françaises de 2022|élections législatives de 2022]] ou la coalition [[Ensemble (coalition française)|Ensemble]] du Président [[Emmanuel Macron]] perd la majorité, ce qui impose à sa Première ministre [[Élisabeth Borne]] de négocier avec les groupes d'opposition, le plus souvent avec le groupe [[Groupe Les Républicains (Assemblée nationale)|Les Républicains]] mais aussi ponctuellement avec la [[Nouvelle Union populaire écologique et sociale]].
== Au Canada ==
Bien qu'également héritier du [[Système de Westminster|système parlementaire britannique]], au Canada on qualifie les parlements sans majorité de parlement "minoritaire" plutôt que "suspendu" (l'expression ''Hung Parliament'' est parfois employé dans la presse anglophone mais reste rare). L'existence de plusieurs partis politiques et le fait que leurs appuis sont souvent déséquilibrés à travers le pays fait que les parlements minoritaires sont relativement courants au Canada: il y en a eu treize depuis 1867. À de rares exceptions près, le gouvernement est en général formé par le parti disposant du plus grand nombre de sièges: on parle alors de [[Gouvernements minoritaires au Canada|gouvernement minoritaire]]. Celui-ci doit se rallier l'appui des autres partis afin de demeurer au pouvoir, ce qui conduit à plus d'instabilité qu'un gouvernement majoritaire. Au niveau fédéral, aucun gouvernement minoritaire n'a duré pour un mandat complet, et la plupart ont duré moins de deux ans.


== Inde ==
Le gouvernement actuel du Canada est un gouvernement majoritaire [[Parti Conservateur du Canada|conservateur]] dirigé par le [[Premier ministre du Canada|Premier ministre]] [[Stephen Harper]]. Il s'agit du troisième gouvernement conservateur dirigé par Stephen Harper et le premier à être majoritaire.
Dans les années qui suivent l'[[Indépendance de l'Inde]], le [[Congrès national indien]] domine largement la vie politique et remporte la majorité absolue à la [[Lok Sabha]] à toutes les [[Élections en Inde|élections]] de [[1952]] à [[1971]].

Par la suite, l'émergence progressive de mouvements régionaux et communautaires rend difficile l'obtention d'une majorité. Le [[scrutin uninominal à un tour]] permet à des partis présents dans une seule région ou [[États et territoires de l'Inde|État]] de remporter des sièges. De [[Élections législatives indiennes de 1989|1989]] à [[Élections législatives indiennes de 2014|2014]], tous les parlements indiens ont été des parlements minoritaires. Pour gouverner, les deux principaux partis, le [[Congrès national indien|Congrès]] et le [[Bharatiya Janata Party|BJP]], s'appuient sur des coalitions aux contours parfois fluctuants.

== Italie ==
L'Italie présente la particularité d'un [[système parlementaire]] [[bicamérisme|bicaméral]] dans lequel le [[gouvernement italien|gouvernement]] est responsable devant les deux chambres du [[Parlement italien|Parlement]] plutôt que devant la seule [[chambre basse]] comme c'est généralement le cas.

La loi électorale de [[2005]] accorde une prime de majorité à la coalition arrivée en tête à la [[Chambre des députés (Italie)|Chambre des députés]], ce qui lui assure une majorité. Au [[Sénat de la République (Italie)|Sénat]] en revanche, une prime est accordée au niveau régional. Ainsi, lors des [[élections générales italiennes de 2013|élections de 2013]], la coalition [[Italie. Bien commun]] seulement 123 sénateurs sur 315, débouchant ainsi sur un parlement minoritaire malgré une majorité absolue à la Chambre des députés.

== Royaume-Uni ==
[[Fichier:Nick Clegg by the 2009 budget cropped.jpg|thumb|150px|alt=Photographie de Nick Clegg|En [[Élections générales britanniques de 2010|2010]], [[Nick Clegg]], chef des [[Libéraux-démocrates (Royaume-Uni)|LibDems]], forme un [[gouvernement de coalition]] avec les [[Parti conservateur (Royaume-Uni)|Tories]] menés par [[David Cameron]].]]
À la [[Chambre des communes (Royaume-Uni)|Chambre des communes du Royaume-Uni]], durant la majeure partie du {{s-|XIX|e}} et jusqu'à la [[Première Guerre mondiale]], seuls deux partis — les [[Tories]] et les [[Parti whig (Royaume-Uni)|Whig]]s puis à partir de la seconde moitié du {{s-|XIX|e}} les [[Parti conservateur (Royaume-Uni)|conservateur]]s et [[Parti libéral (Royaume-Uni)|libéraux]] font élire un nombre significatif de députés. Cependant, à la suite de l'[[Acte d'Union (1800)|Acte d'Union]] des députés irlandais prennent place à [[Parlement du Royaume-Uni|Westminster]] : après les [[Élections générales britanniques de 1885|élections de 1885]], aucun parti ne dispose de la majorité et le soutien de l'[[Irish Parliamentary Party]] devient indispensable à la formation d'un gouvernement. Le [[Home Rule (Irlande)|Home Rule]] accordant l'autonomie à l'Irlande était une condition de ce soutien. Le parti libéral se déchire à ce sujet, les libéraux y opposés formant le [[parti libéral unioniste]], provoquant de [[Élections générales britanniques de 1885|nouvelles élections en 1886]], remportées par les conservateurs associés aux unionistes.

Au début du {{s-|XX|e}}, la montée en puissance du [[Parti travailliste (Royaume-Uni)|Parti travailliste]] provoque l'élection de plusieurs parlements minoritaires, le dernier étant élu aux [[Élections générales britanniques de 1929|élections de 1929]]. Il faut ensuite attendre [[Élections générales britanniques de février 1974|février 1974]] pour qu'un autre parlement minoritaire soit élu : le [[Premier ministre britannique|Premier ministre]] [[Edward Heath]] essaye sans succès de former une coalition puis démissionne et c'est le travailliste [[Harold Wilson]] qui forme un [[gouvernement minoritaire]] avant de convoquer de nouvelles élections en [[Élections générales britanniques d'octobre 1974|octobre]].

En [[Élections générales britanniques de 2010|2010]], le [[Parti conservateur britannique|Parti conservateur]] devance les travaillistes sortant mais ne parvient pas à atteindre la majorité absolue<ref>[http://politicsraw.com/2010/05/07/uk-election-results-in-hung-parliament "General election 2010 results of a hung parliament"], PoliticsRAW. 8 mai 2010. Résultats de l'élection.</ref> : un [[gouvernement Cameron (1)|gouvernement de coalition]] est formé entre le Parti conservateur de [[David Cameron]] et les [[Démocrates libéraux (Royaume-Uni)|libéraux-démocrates]] de [[Nick Clegg]].

Par ailleurs, par deux fois un gouvernement ne disposant que d'une faible majorité est devenu minoritaire à la [[Chambre des communes (Royaume-Uni)|Chambre des communes]] à la suite d'[[élection partielle|élections partielles]] perdues, de démissions ou de défections : en [[1978]] au gouvernement travailliste de [[James Callaghan]] et en [[1996]] au gouvernement conservateur de [[John Major]].

== Salomon ==
Depuis l'indépendance du pays en 1978, tous les parlements ont été des parlements minoritaires, en raison de l'existence d'une multitude de petits partis politiques sans enracinement national conséquent ; ces partis sont fluides, apparaissant, disparaissant et se recomposant au fil des élections. Les gouvernements sont ainsi toujours composés de larges coalitions, souvent instables<ref name="IPU">{{en}} [http://www.ipu.org/parline/reports/2289_E.htm "Solomon Islands"], [[Union inter-parlementaire]]</ref>.

Lors des {{Lien|langue=en|trad=Solomon Islands general election, 2006|fr=élections législatives salomonaises de 2006|texte=élections législatives de 2006}}, par exemple, aucun parti n'obtient plus de quatre élus<ref name="IPU"/>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}


{{portail|Politique}}
{{Portail|Politique}}


[[Catégorie:Politique]]
[[Catégorie:Politique]]

[[arz:برلمان متعلق]]
[[de:Hung parliament]]
[[en:Hung parliament]]
[[hi:त्रिशंकु संसद (हंग पार्लियामेंट)]]
[[it:Parlamento appeso]]
[[ja:ハング・パーラメント]]
[[nl:Hung parliament]]
[[no:Hengt parlament]]
[[pl:Zawieszony parlament]]
[[sh:Blokirani parlament]]
[[sv:Hängt parlament]]
[[zh:懸峙國會]]

Dernière version du 21 mai 2023 à 10:44

Un parlement minoritaire (en anglais, hung parliament) est la situation d'une législature parlementaire dans laquelle aucun parti ne dispose de la majorité absolue.

Si les parlements minoritaires sont la règle des scrutins proportionnels plurinominaux, l'expression s'emploie en particulier dans les pays utilisant le système de Westminster, notamment l'Australie, le Canada ou le Royaume-Uni. Un parlement minoritaire y est généralement considéré comme exceptionnel dans la mesure où le scrutin uninominal à un tour favorise le bipartisme et l'obtention de la majorité par un seul parti. Mais dans certains pays, un parlement minoritaire peut être la règle plutôt que l'exception ; tel est le cas notamment aux îles Salomon, de même qu'au Canada où les parlements minoritaires sont relativement fréquents — en raison notamment du poids du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique.

Étant donné la responsabilité du gouvernement devant le parlement dans le système de Westminster, un parlement minoritaire peut entraîner :

Australie[modifier | modifier le code]

Julia Gillard est à la tête d'un gouvernement minoritaire australien entre 2010 et 2013.

De la création du Commonwealth d'Australie, en 1901, à 1910, aucun parti ne disposait de la majorité à la Chambre des représentants australienne en raison de la division du paysage politique entre le Parti travailliste et deux partis non-socialistes. Les changements de gouvernement étaient fréquents, y compris en cours de mandat.

Depuis 1910, le paysage politique australien est bipartite et voit s'opposer le Parti travailliste à un autre parti ou une coalition de partis conservateurs. Seuls deux parlements minoritaires sont élus :

Canada[modifier | modifier le code]

Bien qu'appliquant le scrutin uninominal à un tour pour ses élections, le Canada connait régulièrement des situations de parlement minoritaire en raison de l'éclatement du paysage politique en trois ou quatre grands partis et le fait que leurs appuis soient souvent déséquilibrés à travers le pays. Ainsi, depuis 1867, il y a eu treize parlements minoritaires. Le parti disposant de plus d'élus forme systématiquement un gouvernement minoritaire[4] Aucun gouvernement fédéral minoritaire n'a duré pour un mandat complet, et la plupart ont duré moins de deux ans.

En anglais canadien, l'expression minority parliament et généralement préféré à hung parliament.

France[modifier | modifier le code]

Sous la Cinquième République, la France connaît une première expérience du parlement minoritaire à la suite des élections législatives de 1988 s'étant déroulées au scrutin proportionnel et ou le Parti socialiste du président François Mitterrand échoue à obtenir la majorité à quelques sièges près, bien que l'apport ponctuel des voix communistes ou du centre et l'alliance avec des députés centristes permette au Premier ministre Michel Rocard de gouverner plus ou moins efficacement, le forçant toutefois à utiliser à 28 reprises l'article 49 alinéa 3, un record.

À la suite du passage au quinquennat sous la présidence de Jacques Chirac, les élections législatives se déroulent très peu de temps après la présidentielle, garantissant une majorité solide à chaque gouvernement suivant jusqu'aux élections législatives de 2022 ou la coalition Ensemble du Président Emmanuel Macron perd la majorité, ce qui impose à sa Première ministre Élisabeth Borne de négocier avec les groupes d'opposition, le plus souvent avec le groupe Les Républicains mais aussi ponctuellement avec la Nouvelle Union populaire écologique et sociale.

Inde[modifier | modifier le code]

Dans les années qui suivent l'Indépendance de l'Inde, le Congrès national indien domine largement la vie politique et remporte la majorité absolue à la Lok Sabha à toutes les élections de 1952 à 1971.

Par la suite, l'émergence progressive de mouvements régionaux et communautaires rend difficile l'obtention d'une majorité. Le scrutin uninominal à un tour permet à des partis présents dans une seule région ou État de remporter des sièges. De 1989 à 2014, tous les parlements indiens ont été des parlements minoritaires. Pour gouverner, les deux principaux partis, le Congrès et le BJP, s'appuient sur des coalitions aux contours parfois fluctuants.

Italie[modifier | modifier le code]

L'Italie présente la particularité d'un système parlementaire bicaméral dans lequel le gouvernement est responsable devant les deux chambres du Parlement plutôt que devant la seule chambre basse comme c'est généralement le cas.

La loi électorale de 2005 accorde une prime de majorité à la coalition arrivée en tête à la Chambre des députés, ce qui lui assure une majorité. Au Sénat en revanche, une prime est accordée au niveau régional. Ainsi, lors des élections de 2013, la coalition Italie. Bien commun seulement 123 sénateurs sur 315, débouchant ainsi sur un parlement minoritaire malgré une majorité absolue à la Chambre des députés.

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

Photographie de Nick Clegg
En 2010, Nick Clegg, chef des LibDems, forme un gouvernement de coalition avec les Tories menés par David Cameron.

À la Chambre des communes du Royaume-Uni, durant la majeure partie du XIXe siècle et jusqu'à la Première Guerre mondiale, seuls deux partis — les Tories et les Whigs puis à partir de la seconde moitié du XIXe siècle les conservateurs et libéraux — font élire un nombre significatif de députés. Cependant, à la suite de l'Acte d'Union des députés irlandais prennent place à Westminster : après les élections de 1885, aucun parti ne dispose de la majorité et le soutien de l'Irish Parliamentary Party devient indispensable à la formation d'un gouvernement. Le Home Rule accordant l'autonomie à l'Irlande était une condition de ce soutien. Le parti libéral se déchire à ce sujet, les libéraux y opposés formant le parti libéral unioniste, provoquant de nouvelles élections en 1886, remportées par les conservateurs associés aux unionistes.

Au début du XXe siècle, la montée en puissance du Parti travailliste provoque l'élection de plusieurs parlements minoritaires, le dernier étant élu aux élections de 1929. Il faut ensuite attendre février 1974 pour qu'un autre parlement minoritaire soit élu : le Premier ministre Edward Heath essaye sans succès de former une coalition puis démissionne et c'est le travailliste Harold Wilson qui forme un gouvernement minoritaire avant de convoquer de nouvelles élections en octobre.

En 2010, le Parti conservateur devance les travaillistes sortant mais ne parvient pas à atteindre la majorité absolue[5] : un gouvernement de coalition est formé entre le Parti conservateur de David Cameron et les libéraux-démocrates de Nick Clegg.

Par ailleurs, par deux fois un gouvernement ne disposant que d'une faible majorité est devenu minoritaire à la Chambre des communes à la suite d'élections partielles perdues, de démissions ou de défections : en 1978 au gouvernement travailliste de James Callaghan et en 1996 au gouvernement conservateur de John Major.

Salomon[modifier | modifier le code]

Depuis l'indépendance du pays en 1978, tous les parlements ont été des parlements minoritaires, en raison de l'existence d'une multitude de petits partis politiques sans enracinement national conséquent ; ces partis sont fluides, apparaissant, disparaissant et se recomposant au fil des élections. Les gouvernements sont ainsi toujours composés de larges coalitions, souvent instables[6].

Lors des élections législatives de 2006 (en), par exemple, aucun parti n'obtient plus de quatre élus[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Australia election results point to hung parliament, The Guardian, le
  2. (en) Australian election delivers hung parliament, The Daily Telegraph, le
  3. (en) Australia hung parliament 'likely', Al Jazeera, le
  4. Le seul gouvernement fédéral de coalition au Canada et le gouvernement d'union nationale de Borden formé pendant la Première Guerre mondiale. Il ne s'agissait toutefois pas d'un parlement minoritaire.
  5. "General election 2010 results of a hung parliament", PoliticsRAW. 8 mai 2010. Résultats de l'élection.
  6. a et b (en) "Solomon Islands", Union inter-parlementaire