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La '''Micronésie''' ( « les petites îles » ) est, avec la [[Mélanésie]] et la [[Polynésie]], l'une des trois grandes régions que l'on distingue couramment en [[Océanie]]. La Micronésie comprend les États et régions administratives suivants :
La '''Micronésie''' (« les petites îles ») est, avec la [[Mélanésie]] et la [[Polynésie]], l'une des trois grandes régions que l'on distingue couramment en [[Océanie]]. La Micronésie comprend les États et régions administratives suivants :
* les [[Micronésie (pays)|États fédérés de Micronésie]] ;
* [[États fédérés de Micronésie]] (accord de [[État associé|libre association]] avec les [[États-Unis]])
* les [[îles Marshall]] ;
* [[Iles Marshall]] (accord de libre association avec les États-Unis)
* les [[Kiribati]] ;
* [[Kiribati]]
* les [[Îles Mariannes du Nord|Mariannes du Nord]] (commonwealth des [[États-Unis]]) ;
* [[Îles Mariannes du Nord]] (commonwealth des [[États-Unis]]) ;
* [[Wake (atoll)|Wake]] (dépendance des [[États-Unis]])
* [[Nauru]] ;
* les [[Palaos]] ;
* [[Nauru]]
* [[Guam]] (dépendance des [[États-Unis]]).
* [[Palaos]] (accord de libre association avec les États-Unis)
* [[Guam]] (dépendance des [[États-Unis]])


== Géographie ==
== Toponymie ==
Les termes Micronésie, Polynésie et Mélanésie, construits par des auteurs différents, sont repris en 1832 par [[Jules Dumont d'Urville]], qui les intègre dans une approche géographique et raciale de l'Océan Pacifique.
En [[1831]], [[Jules Dumont d'Urville]] propose à la [[Société de géographie de Paris]] de distinguer plusieurs régions dans l'Océanie :
* la [[Polynésie]], « les nombreuses îles » ;
* la [[Mélanésie]], « les îles noires » ;
* la ''Micronésie'', « les petites îles » ;
* et la [[Insulinde|Malaisie]] (plus tard retirée).


Le plus ancien est le terme [[Polynésie]], proposé par [[Charles de Brosses]] en 1756 pour désigner l'ensemble des îles de l'Océan Pacifique. Il est construit à partir du préfixe "polus" (nombreux) et du nom "nèsos" (îles)<ref group="T">{{Harvsp|Tcherkézoff|2003|p=179}}.</ref>.
Cette distinction qui peut être qualifiée d'historique est désormais contestée<ref>Voir entre autres, cette source du CREDO par Anne Piazza [http://www.pacific-credo.fr/index.php?page=theme-2-de-la-connaissance-du-passe-enjeux-et-debats&hl=fr] ou cet article de Serge Tcherkézoff [http://www.lesnouvelles.pf/le-temps-de-vivre/1578-serge-tcherkezoff.html], tous deux membres de la Société des Océanistes.</ref> par les géographes et les [[Société des océanistes|océanistes]]. Benoît Antheaume et Joël Bonnemaison écrivent ainsi : « ''il n'y a sans doute pas de coupures profondes, culturelles et même ethniques, entre les sociétés mélanésiennes, polynésiennes et micronésiennes qui, de long temps, se sont nourries de multiples contacts'' » (<cite>Atlas des îles et États du Pacifique Sud</cite>)<ref>{{ouvrage|prénom1=Benoît|nom1=Antheaume|langue=fr|titre=Atlas des îles et états du Pacifique Sud|lien éditeur=GIP Reclus|éditeur=GIP RECLUS PUBLISUD|lieu=Montpellier Paris|année=1988|mois= |jour= |isbn=2866004175|isbn2=978-2866004170|bnf=376630846}}</ref>. Dans le grand public et dans les ouvrages de vulgarisation, cependant, cette nomenclature est couramment adoptée.


[[Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent]], suivant le modèle de [[Georges Cuvier]] d'une classification zoologique n'établissant pas de différence entre les animaux et les hommes, conscient du fait que les "Noirs" du Pacifique sont différents des "[[Nègre]]s" d'Afrique (racine romane ''ne(g)ro''), suggère, dans un article de 1825 et un livre de 1827 traitant de l'espèce humaine, le terme "Mélaniens" en utilisant la racine grecque ''melas''<ref group="T">{{Harvsp|Tcherkézoff|2003|p=177-178}}.</ref>.

Le 16 décembre 1831, [[Grégoire Louis Domeny de Rienzi]] propose à la [[Société de géographie de Paris]] de diviser l'Océan Pacifique en cinq régions (Malaysie, Micronésie {{Incise|du grec mikros petit, et nèsos île}}, Polynésie ou Tabooed Plethonesia, Océanie centrale, Océanie du sud ou Endamenia) et de distinguer les populations en quatre races (Malais, Polynésiens, Endamans, et Papuans) en fonction de leur couleur de peau, avec des "degrés de civilisation" différents<ref group="T">{{Harvsp|Tcherkézoff|2003|p=180-181}}.</ref>. Il rassemble sous le terme Micronésie un ensemble d'îles inhabitées correspondant aux [[Îles Midway]], à l'[[atoll Johnston]], à l'[[Wake (atoll)|atoll de Wake]] et à l'[[archipel Ogasawara]]<ref group="R">{{Harvsp|Rainbird|2003|p=239}}.</ref>.

[[File:Pacific Culture Areas.png|thumb|Les trois régions de l'Océanie selon Jules Dumont d'Urville]]
En 1832, Jules Dumont d'Urville, influencé par l'historiographie sur la distinction des races dans l'Océan Pacifique<ref group="T">{{Harvsp|Tcherkézoff|2003|p=182-196}}.</ref>, et bien que ne disposant que de peu d'informations culturelles, fonde son découpage, d'une part, sur une distinction entre les groupes humains à la peau noire et ceux à la peau cuivrée, d'autre part sur des considérations linguistiques ou sociétales<ref group="R" name=p237240/>. Les [[Polynésiens]] et les [[Micronésiens]] ont une peau cuivrée, mais les premiers ont une langue commune et sont assujettis au [[tapu]] alors que les seconds ont une multitude de langue et ne suivent pas le tapu. Les Mélanésiens ont la peau noire<ref group="R" name=p237240>{{Harvsp|Rainbird|2003|p=237-240}}.</ref>.

Ces dénominations sont l'objet de débats au sein de la communauté scientifique. Elles sont considérées comme des dénominations pratiques et doivent être comprises comme reflétant seulement des aspects d'histoire culturelle minimaux et incomplets selon Mike T. Carson<ref>{{Ouvrage|langue=en |auteur1=Mike T. Carson |titre=Archaeology of the Pacific Oceania |lieu=Londres |éditeur=Rouledge |année=2018|passage=4|pages totales={{XX}}-386 |isbn=978-1-138-09717-9}}.</ref>. Pour Glenn Peterson, cette nomenclature est plus ou moins appropriée. Le terme Mélanésie lui paraît impropre, celui de Polynésie lui semble le moins controversé en raison de la proximité des langues, et le mot Micronésie s'avère approprié car les sociétés autochtones ont des traits culturels communs<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Glenn|nom1=Petersen|titre=Traditional Micronesian Societies: Adaptation, Integration, and Political Organization in the Central Pacific|lieu=Hawaï|éditeur=University of Hawai'i Press|année=2009|passage=18-19|pages totales=328|isbn=0824832485}}.</ref>. D'autres, comme [[Benoît Antheaume]] et [[Joël Bonnemaison]], pensent qu'{{Citation|il n'y a sans doute pas de coupures profondes, culturelles et même ethniques, entre les sociétés mélanésiennes, polynésiennes et micronésiennes qui, de long temps, se sont nourries de multiples contacts}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Benoît|nom1=Antheaume|titre=Atlas des îles et états du Pacifique Sud|lieu=Montpellier Paris|éditeur=GIP Reclus|année=1988|pages totales=126|isbn=2-86600-417-5|isbn2=978-2866004170|bnf=376630846}}.</ref>. Dans le grand public et dans les ouvrages de vulgarisation, cette nomenclature est couramment adoptée.

== Géographie ==
La Micronésie comprend des archipels et des îles isolées, situés plutôt au nord-ouest du Pacifique.
La Micronésie comprend des archipels et des îles isolées, situés plutôt au nord-ouest du Pacifique.
Elle est formée d'environ deux mille îles recouvrant {{formatnum:2700}} [[km²]], éparpillées sur plus de 7 millions de kilomètres carrés, dont beaucoup d'atolls minuscules, souvent densément habités (plus de {{formatnum:400000}} habitants, 150 h/km²).
Elle est formée d'environ deux mille îles recouvrant {{formatnum:2700}} [[km²]], éparpillées sur plus de 7 millions de kilomètres carrés, dont beaucoup d'atolls minuscules, souvent densément habités (plus de {{formatnum:400000}} habitants, 150 h/km²).
Elle comprend notamment les îles [[Îles Mariannes du Nord|Mariannes du Nord]], [[Guam]], les [[Micronésie (pays)|États fédérés de Micronésie]], les [[Palaos]], les [[îles Marshall]], les [[Kiribati]] et [[Nauru]]. Les îles ''hautes'' (volcaniques) bordent la [[fosse des Mariannes]], tandis que les îles ''basses'' (atolls) se trouvent surtout à l'est du groupe. De [[Tobi]] ([[Palaos]]) à [[Arorae]] ([[Kiribati]]), il y a {{formatnum:2726}} milles nautiques, soit environ la distance entre [[San Francisco]] et [[Miami]].
Elle comprend notamment les îles [[Îles Mariannes du Nord|Mariannes du Nord]], [[Guam]], les [[États fédérés de Micronésie]], les [[Palaos]], les [[îles Marshall]], les [[Kiribati]] et [[Nauru]]. Les îles ''hautes'' (volcaniques) bordent la [[fosse des Mariannes]], tandis que les îles ''basses'' (atolls) se trouvent surtout à l'est du groupe. De [[Hatohobei (île)|Hatohobei]] ([[Palaos]]) à [[Arorae]] ([[Kiribati]]), il y a {{formatnum:2726}} milles nautiques, soit environ la distance entre [[San Francisco]] et [[Miami]].


== Politique ==
== Politique ==
Les régimes politiques [[Politique des Kiribati|des Kiribati]], [[Politique de Nauru|de Nauru]], [[Politique des Palaos|des Palaos]], [[Politique des îles Marshall|des îles Marshall]] et [[Politique de la Micronésie|de la Micronésie]] sont tous [[République|républicains]]. Le régime est [[Régime parlementaire|parlementaire]] pour les deux premiers, et [[Régime présidentiel|présidentiel]] pour les trois autres. Le président y est aussi chef du gouvernement, et élu au suffrage universel direct ou indirect. La Micronésie se démarque par son organisation en [[Fédéralisme|fédération]].
Les régimes politiques [[Politique des Kiribati|des Kiribati]], [[Politique à Nauru|de Nauru]], [[Politique des Palaos|des Palaos]], [[Politique des îles Marshall|des îles Marshall]] et [[Politique de la Micronésie|de la Micronésie]] sont tous [[République|républicains]]. Le régime est [[Régime parlementaire|parlementaire]] pour les deux premiers (anciennes colonies de l'[[Empire britannique]]), et [[Régime présidentiel|présidentiel]] pour les trois autres (anciens territoires sous souveraineté des États-Unis). Le président y est aussi chef du gouvernement, et élu au suffrage universel direct ou indirect. Les États fédérés de Micronésie et les Palaos se démarquent par leur organisation en [[Fédéralisme|fédération]].


[[Politique de Guam|Guam]] et [[Politique des îles Mariannes du Nord|les îles Mariannes du Nord]] sont tous deux des territoires organisés non-incorporés des États-Unis, mais tandis que Guam est régi par la branche exécutive de l'État fédéral, le second a une autonomie bien plus grande en sa qualité de ''[[commonwealth (territoire insulaire des États-Unis)|commonwealth]]''.
[[Politique de Guam|Guam]] et [[Politique des îles Mariannes du Nord|les îles Mariannes du Nord]] sont tous deux des territoires organisés non-incorporés des États-Unis, mais tandis que Guam est régi par la branche exécutive de l'État fédéral, le second a une autonomie bien plus grande en sa qualité de ''[[commonwealth (territoire insulaire des États-Unis)|commonwealth]]''.


== Population et langues ==
== Population et langues ==
[[Fichier:Micronesian languages.fr.svg|vignette|upright=1.5|Carte des langues micronésiennes]]
Il y a {{formatnum:5000}} ans ([[-3000|3&nbsp;000 av. J.-C.]]), des habitants du littoral de la [[Monde chinois|Chine]] du Sud, cultivateurs de [[millet (graminée)|millet]] et de riz, commencent à traverser le détroit pour s'installer à [[Taïwan]]. Vers [[2000|2&nbsp;000 avant J.-C.]], des migrations ont lieu de Taïwan vers les [[Philippines]]. Vers [[-1500|1&nbsp;500 av. J.-C.]], un autre mouvement mène des [[Philippines]] en [[Nouvelle-Guinée]] et au-delà, les îles du [[Pacifique]]. Les [[Austronésiens]] sont sans doute les premiers grands navigateurs de l'histoire de l'humanité.
Vers [[-3000|3&nbsp;000 av. J.-C.]] des habitants du littoral de la [[Monde chinois|Chine]] du Sud, cultivateurs de [[millet (graminée)|millet]] et de riz, commencent à traverser le détroit pour s'installer à [[Taïwan]]. Vers [[2000|2&nbsp;000 {{av JC}}]], des migrations ont lieu de Taïwan vers les [[Philippines]]. Vers [[-1500|1&nbsp;500 av. J.-C.]], un autre mouvement mène des [[Philippines]] en [[Nouvelle-Guinée]] et au-delà, les îles du [[Pacifique]]. Les [[Austronésiens]] sont sans doute les premiers grands navigateurs de l'histoire de l'humanité.
{{Article détaillé|Peuplement de l'Océanie}}
{{Article détaillé|Peuplement de l'Océanie}}
Les langues parlées en Micronésie (avant les colonisations européennes), appartiennent toutes à la branche [[malayo-polynésien]]ne des [[langues austronésiennes]]. Le sous-groupe des [[langues micronésiennes]] qui fait partie des [[langues océaniennes]] y est le mieux représenté — mais avec des exceptions notables et des isolats polynésiens ou périphériques comme le [[chamorro]] ou les langues des [[Palaos]].
Les langues parlées en Micronésie (avant les colonisations européennes), appartiennent toutes à la branche [[malayo-polynésien]]ne des [[langues austronésiennes]]. Le sous-groupe des [[langues micronésiennes]] qui fait partie des [[langues océaniennes]] y est le mieux représenté — mais avec des exceptions notables et des isolats polynésiens ou périphériques comme le [[chamorro]] ou les langues des [[Palaos]].


On trouve notamment le [[carolinien]], originaire des [[Carolines]] (parlé aux [[îles Mariannes]]), le [[gilbertin]] ([[Kiribati]]), [[Kosrae|Kusaie/Kosrae]], [[Lamotrek]] (parfois considéré comme un dialecte du Woleai), [[îles Marshall]], [[Mokil]], [[Mortlock]], [[Pohnpei (langue)|Ponape/Pohnpei]], [[Puluwat|Puluwat/Polowat]], [[Satawal]], [[Chuuk|Truk/Chuuk]], [[Ulithi]], [[Sonsorol]] et [[Woleai]]) ; mais aussi quelques isolats [[polynésie]]ns ([[Kapingamarangi]] ou [[Nukuoro]] ou encore [[Tobi (langue)|Tobi]]) voire d'autres groupes toujours austronésiens, mais en provenance des îles de la Sonde ([[Insulinde]]) (comme à [[Îles Yap|Yap]]) ou plus nettement différents comme aux [[Palaos]] ou chez les [[Chamorro]]s des [[îles Mariannes]]. Le cas de la langue de [[Nauru]] est discuté. Sur certaines îles se sont formés des [[Créole (linguistique)|créoles]], à base d'anglais ou de japonais.
On trouve notamment le [[carolinien]], originaire des [[Carolines]] (parlé aux [[îles Mariannes]]), le [[gilbertin]] ([[Kiribati]]), le [[Kosrae (langue)|kosrae]], le lamotrek (parfois considéré comme un dialecte du [[Woleai (langue)|woleai]]), le [[marshallais]], le [[Mokil (langue)|mokil]], le [[mortlock]], le [[Pohnpei (langue)|pohnpei]], le [[Puluwat (langue)|puluwat]], le [[Satawal (langue)|satawal]], le [[Chuuk (langue)|chuuk]], l'[[Ulithi (langue)|ulithi]], le [[sonsorolais]] ; mais aussi quelques isolats [[polynésie]]ns ([[Kapingamarangi]] ou [[Nukuoro]] ou encore [[Tobi (langue)|Tobi]]) voire d'autres groupes toujours austronésiens, mais en provenance des îles de la Sonde ([[Insulinde]]) (comme à [[Îles Yap|Yap]]) ou plus nettement différents comme aux [[Palaos]] ou chez les [[Chamorro]]s des [[îles Mariannes]]. Le cas de la langue de [[Nauru]] est discuté. Sur certaines îles se sont formés des [[Créole (linguistique)|créoles]], à base d'anglais ou de japonais.


== Références ==
== Références ==
*{{Article|prénom1=Serge|nom1=Tcherkézoff|titre=A Long and Unfortunate Voyage Towards the ‘Invention’ of the Melanesia/Polynesia Distinction, 1595–1832|périodique=The Journal of Pacific History|volume=38|numéro=2|date=2003|lire en ligne=https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0022334032000120521|accès url=payant|format=pdf|pages=175-196}}.
{{Références|colonnes=2}}
{{Références|groupe = T}}
*{{Article|prénom1=Paul|nom1=Rainbird|titre=Taking the Tapu|périodique=The Journal of Pacific History|volume=38|numéro=2|date=2003|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/25169641|accès url=payant|format=pdf|pages=237-250}}.
{{Références|groupe = R}}
*Autres références
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* [[Peter Bellwood]], ''The Austronesians'', Research School of Pacific and Asian Studies, Australian National University, 1995
* {{en}} [[Peter Bellwood]], ''The Austronesians'', Research School of Pacific and Asian Studies, Australian National University, 1995.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
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* [http://www.ethnologue.com/show_country.asp?name=Micronesia ethnologue.com : ''Languages of Micronesia'']
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Dernière version du 17 décembre 2023 à 16:34

Carte de la Micronésie.

La Micronésie (« les petites îles ») est, avec la Mélanésie et la Polynésie, l'une des trois grandes régions que l'on distingue couramment en Océanie. La Micronésie comprend les États et régions administratives suivants :

Toponymie[modifier | modifier le code]

Les termes Micronésie, Polynésie et Mélanésie, construits par des auteurs différents, sont repris en 1832 par Jules Dumont d'Urville, qui les intègre dans une approche géographique et raciale de l'Océan Pacifique.

Le plus ancien est le terme Polynésie, proposé par Charles de Brosses en 1756 pour désigner l'ensemble des îles de l'Océan Pacifique. Il est construit à partir du préfixe "polus" (nombreux) et du nom "nèsos" (îles)[T 1].

Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, suivant le modèle de Georges Cuvier d'une classification zoologique n'établissant pas de différence entre les animaux et les hommes, conscient du fait que les "Noirs" du Pacifique sont différents des "Nègres" d'Afrique (racine romane ne(g)ro), suggère, dans un article de 1825 et un livre de 1827 traitant de l'espèce humaine, le terme "Mélaniens" en utilisant la racine grecque melas[T 2].

Le 16 décembre 1831, Grégoire Louis Domeny de Rienzi propose à la Société de géographie de Paris de diviser l'Océan Pacifique en cinq régions (Malaysie, Micronésie — du grec mikros petit, et nèsos île —, Polynésie ou Tabooed Plethonesia, Océanie centrale, Océanie du sud ou Endamenia) et de distinguer les populations en quatre races (Malais, Polynésiens, Endamans, et Papuans) en fonction de leur couleur de peau, avec des "degrés de civilisation" différents[T 3]. Il rassemble sous le terme Micronésie un ensemble d'îles inhabitées correspondant aux Îles Midway, à l'atoll Johnston, à l'atoll de Wake et à l'archipel Ogasawara[R 1].

Les trois régions de l'Océanie selon Jules Dumont d'Urville

En 1832, Jules Dumont d'Urville, influencé par l'historiographie sur la distinction des races dans l'Océan Pacifique[T 4], et bien que ne disposant que de peu d'informations culturelles, fonde son découpage, d'une part, sur une distinction entre les groupes humains à la peau noire et ceux à la peau cuivrée, d'autre part sur des considérations linguistiques ou sociétales[R 2]. Les Polynésiens et les Micronésiens ont une peau cuivrée, mais les premiers ont une langue commune et sont assujettis au tapu alors que les seconds ont une multitude de langue et ne suivent pas le tapu. Les Mélanésiens ont la peau noire[R 2].

Ces dénominations sont l'objet de débats au sein de la communauté scientifique. Elles sont considérées comme des dénominations pratiques et doivent être comprises comme reflétant seulement des aspects d'histoire culturelle minimaux et incomplets selon Mike T. Carson[1]. Pour Glenn Peterson, cette nomenclature est plus ou moins appropriée. Le terme Mélanésie lui paraît impropre, celui de Polynésie lui semble le moins controversé en raison de la proximité des langues, et le mot Micronésie s'avère approprié car les sociétés autochtones ont des traits culturels communs[2]. D'autres, comme Benoît Antheaume et Joël Bonnemaison, pensent qu'« il n'y a sans doute pas de coupures profondes, culturelles et même ethniques, entre les sociétés mélanésiennes, polynésiennes et micronésiennes qui, de long temps, se sont nourries de multiples contacts »[3]. Dans le grand public et dans les ouvrages de vulgarisation, cette nomenclature est couramment adoptée.

Géographie[modifier | modifier le code]

La Micronésie comprend des archipels et des îles isolées, situés plutôt au nord-ouest du Pacifique. Elle est formée d'environ deux mille îles recouvrant 2 700 km², éparpillées sur plus de 7 millions de kilomètres carrés, dont beaucoup d'atolls minuscules, souvent densément habités (plus de 400 000 habitants, 150 h/km²). Elle comprend notamment les îles Mariannes du Nord, Guam, les États fédérés de Micronésie, les Palaos, les îles Marshall, les Kiribati et Nauru. Les îles hautes (volcaniques) bordent la fosse des Mariannes, tandis que les îles basses (atolls) se trouvent surtout à l'est du groupe. De Hatohobei (Palaos) à Arorae (Kiribati), il y a 2 726 milles nautiques, soit environ la distance entre San Francisco et Miami.

Politique[modifier | modifier le code]

Les régimes politiques des Kiribati, de Nauru, des Palaos, des îles Marshall et de la Micronésie sont tous républicains. Le régime est parlementaire pour les deux premiers (anciennes colonies de l'Empire britannique), et présidentiel pour les trois autres (anciens territoires sous souveraineté des États-Unis). Le président y est aussi chef du gouvernement, et élu au suffrage universel direct ou indirect. Les États fédérés de Micronésie et les Palaos se démarquent par leur organisation en fédération.

Guam et les îles Mariannes du Nord sont tous deux des territoires organisés non-incorporés des États-Unis, mais tandis que Guam est régi par la branche exécutive de l'État fédéral, le second a une autonomie bien plus grande en sa qualité de commonwealth.

Population et langues[modifier | modifier le code]

Carte des langues micronésiennes

Vers 3 000 av. J.-C. des habitants du littoral de la Chine du Sud, cultivateurs de millet et de riz, commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taïwan. Vers 2 000 av. J.-C., des migrations ont lieu de Taïwan vers les Philippines. Vers 1 500 av. J.-C., un autre mouvement mène des Philippines en Nouvelle-Guinée et au-delà, les îles du Pacifique. Les Austronésiens sont sans doute les premiers grands navigateurs de l'histoire de l'humanité.

Les langues parlées en Micronésie (avant les colonisations européennes), appartiennent toutes à la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes. Le sous-groupe des langues micronésiennes qui fait partie des langues océaniennes y est le mieux représenté — mais avec des exceptions notables et des isolats polynésiens ou périphériques comme le chamorro ou les langues des Palaos.

On trouve notamment le carolinien, originaire des Carolines (parlé aux îles Mariannes), le gilbertin (Kiribati), le kosrae, le lamotrek (parfois considéré comme un dialecte du woleai), le marshallais, le mokil, le mortlock, le pohnpei, le puluwat, le satawal, le chuuk, l'ulithi, le sonsorolais ; mais aussi quelques isolats polynésiens (Kapingamarangi ou Nukuoro ou encore Tobi) voire d'autres groupes toujours austronésiens, mais en provenance des îles de la Sonde (Insulinde) (comme à Yap) ou plus nettement différents comme aux Palaos ou chez les Chamorros des îles Mariannes. Le cas de la langue de Nauru est discuté. Sur certaines îles se sont formés des créoles, à base d'anglais ou de japonais.

Références[modifier | modifier le code]

  • Serge Tcherkézoff, « A Long and Unfortunate Voyage Towards the ‘Invention’ of the Melanesia/Polynesia Distinction, 1595–1832 », The Journal of Pacific History, vol. 38, no 2,‎ , p. 175-196 (lire en ligne Accès payant [PDF]).
  1. Tcherkézoff 2003, p. 179.
  2. Tcherkézoff 2003, p. 177-178.
  3. Tcherkézoff 2003, p. 180-181.
  4. Tcherkézoff 2003, p. 182-196.
  • Paul Rainbird, « Taking the Tapu », The Journal of Pacific History, vol. 38, no 2,‎ , p. 237-250 (lire en ligne Accès payant [PDF]).
  1. Rainbird 2003, p. 239.
  2. a et b Rainbird 2003, p. 237-240.
  • Autres références
  1. (en) Mike T. Carson, Archaeology of the Pacific Oceania, Londres, Rouledge, , XX-386 p. (ISBN 978-1-138-09717-9), p. 4.
  2. (en) Glenn Petersen, Traditional Micronesian Societies: Adaptation, Integration, and Political Organization in the Central Pacific, Hawaï, University of Hawai'i Press, , 328 p. (ISBN 0824832485), p. 18-19.
  3. Benoît Antheaume, Atlas des îles et états du Pacifique Sud, Montpellier Paris, GIP Reclus, , 126 p. (ISBN 2-86600-417-5 et 978-2866004170, BNF 37663084).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Peter Bellwood, The Austronesians, Research School of Pacific and Asian Studies, Australian National University, 1995.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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