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|type = glaciaire
|type = glaciaire
|nom britannique = Devensien
|nom britannique = Devensien
|nom nordique = [[Vistulien]], [[weichsélien]]
|nom nordique = [[Glaciation vistulienne]]
|nom russe = {{Lien|trad=Валдайское оледенение|lang=ru|fr=Glaciation de Valdaï|texte=Valdaï}}
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|nom sibérien = Zyrian (''Зырянское оледенение'')
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|subdivisions = Würm {{rom-maj|I}},<br /> Würm {{rom-maj|II}},<br /> Würm {{rom-maj|III}},<br /> Würm {{rom-maj|IV}} ([[Tardiglaciaire]])
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|début = {{unité|125000|ans}}
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|prédécesseur = [[Éémien|Interglaciaire Riss-Würm]]
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|successeur = [[Holocène]]
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|étage = [[Pléistocène supérieur]]
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|évolution = Remplacement de l'[[Homme de Néandertal]] et de l'[[Homme de Denisova]] par ''[[Homo sapiens]]''
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Le '''Würm''' ou '''Würmien''', plus explicitement '''glaciation de Würm''', est le nom donné à la [[dernière période glaciaire]] globale du [[Pléistocène]] dans les [[Alpes]].
La '''glaciation de Würm''' est le nom donné à la [[dernière période glaciaire]] du [[Pléistocène]] dans les [[Alpes]]. Elle s'étend de {{nb|115000 à 11700 ans}} [[avant le présent]] (AP).

La glaciation de Würm se subdivise en quatre grandes phases : Würm I (période fraiche), Würm II (premier pléniglaciaire) de {{nb|71000 à 57000 ans AP}}, Würm III (interpléniglaciaire), et Würm IV (second pléniglaciaire) de {{nb|30000 à 11700 ans AP}}.


== Historique ==
== Historique ==
La glaciation de Würm a été définie au début du {{s|XX}} par les géologues allemands [[Albrecht Penck]] et [[Eduard Brückner]]<ref name="albrecht1909"/>. Ils lui ont donné le nom d'un affluent du [[Danube]], la [[Würm (rivière)|Würm]]<ref group="N">La Würm est un affluent de l’''Ammer'', connue aussi sous le nom de ''Amper''. L'''Ammer'' ou ''Amper'' est un affluent de l’''[[Isar (rivière allemande)|Isar]]'', lui-même un affluent du Danube.</ref>, selon le même principe qu'ont été nommées les [[glaciations alpines]] précédentes ([[Glaciation de Riss|Riss]], [[Glaciation de Mindel|Mindel]], [[Glaciation de Günz|Günz]]).
[[Fichier:Map of Alpine Glaciations.png|vignette|gauche|260px|Extension maximale de la glaciation de Würm (en violet) dans les Alpes ; bleu: [[Glaciation de Riss]].]]


La glaciation de Würm a été définie au début du {{s|XX}} par [[Albrecht Penck]] et [[Eduard Brückner]]<ref name="albrecht1909"/>. Ils lui ont donné le nom d'un affluent du [[Danube]], la [[Würm]]<ref group="N">La Würm est un affluent de l’''Ammer'', connue aussi sous le nom de ''Amper''. L'''Ammer'' ou ''Amper'' est un affluent de l’''[[Isar]]'', lui-même un affluent du Danube.</ref>, selon le même principe qu'ont été nommées les glaciations alpines précédentes ([[Glaciation de Riss|Riss]], [[Glaciation de Mindel|Mindel]], [[Glaciation de Günz|Günz]], [[Glaciation de Donau|Donau]]). Sa définition repose sur les observations des conséquences géologiques de la baisse importante des températures moyennes sur une longue période (nappe fluvio-glaciaire, [[moraine]]s) dans le massif alpin.
Sa définition repose sur les observations des conséquences géologiques de la baisse importante des températures moyennes sur une longue période (nappe fluvio-glaciaire, [[moraine]]s) dans le massif alpin.

La glaciation de Würm a été découpée en quatre grandes phases, Würm I à IV, correspondant aux principales variations climatiques enregistrées au cours de la période. Ultérieurement, cette segmentation a été affinée et renommée dans le cadre de la [[chronologie isotopique]] globale du [[Pléistocène]] (voir ci-après).


[[Fichier:Chronologie Würm fr.svg|vignette|center|redresse=4|Chronologie simplifiée de la glaciation de Würm, d'après Guy Monjuvent et Gérard Nicoud, 1988<ref>(1988) {{Article |langue= fr |auteur1= Guy Monjuvent |auteur2= Gérard Nicoud |titre= Modalités et chronologie de la déglaciation würmienne dans l'arc alpin occidental et les massifs français : synthèse et réflexions |périodique= Bulletin de l'association française pour l'étude du Quaternaire |volume= 25 |numéro= 2-3 |date= 1988 |pages= 147-156 |lire en ligne= http://www.persee.fr/doc/quate_0004-5500_1988_num_25_2_1876?luceneQuery=%252B%2528authorId%253Apersee_149867+authorId%253A%2522auteur+quate_1108%2522%2529&words=persee_149867&words=auteur%2520quate_1108 |consulté le= 14 mai 2018 }}</ref>.]]


== Chronologie ==
== Chronologie ==
[[Fichier:Temperatures âge glaciaire.png|vignette|redresse=2|Évolution des températures et de la quantité de glace pendant les {{nb|450000 dernières}} années (données recueillies dans l'[[Antarctique]]).]]
[[Fichier:Chronologie Würm fr.svg|thumb|center|800px|Chronologie simplifiée de la glaciation de Würm d'après Guy Monjuvent et Gérard Nicoud, 1988<ref>(1988) {{Article |id= |langue= fr |auteur1= Guy Monjuvent |auteur2= Gérard Nicoud |titre= Modalités et chronologie de la déglaciation würmienne dans l'arc alpin occidental et les massifs français : synthèse et réflexions |périodique= Bulletin de l'association française pour l'étude du Quaternaire |volume= 25 |numéro= 2-3 |date= 1988 |pages= 147-156 |issn= |lire en ligne= http://www.persee.fr/doc/quate_0004-5500_1988_num_25_2_1876?luceneQuery=%252B%2528authorId%253Apersee_149867+authorId%253A%2522auteur+quate_1108%2522%2529&words=persee_149867&words=auteur%2520quate_1108 |consulté le= 14 mai 2018 |brisé le= }}.</ref>.]]
[[Fichier:Map of Alpine Glaciations.png|vignette|redresse=1.6|Extension maximale de la glaciation de Würm (en violet) dans les Alpes. En bleu : [[glaciation de Riss]].]]

La glaciation würmienne correspond aux stades [[Chronologie isotopique|SIO 2, 3, 4 et 5a-d]] de la [[chronologie isotopique]] mise au point depuis les années 1950. Sa limite inférieure est généralement fixée à {{nb|115000 ans [[Avant le présent|AP]]}} (fin de l'[[Éémien|interglaciaire Riss-Würm]] et début du [[stade isotopique|stade]] 5d)<ref name=max/>. Sa limite supérieure correspond à la fin du stade 2 et au début de l'[[Holocène]], il y a {{nb|11700 ans}}. Le [[Dernier maximum glaciaire|maximum glaciaire]] a été atteint il y a environ {{nb|21000 ans}}<ref name=fra/>. À cette époque, les températures annuelles moyennes dans les Alpes étaient plus basses de 10 à {{tmp|12|°C}} qu'actuellement, comme le montrent les changements dans la végétation mis en évidence par la [[palynologie]].

Le Würm est plus ou moins [[synchrone]] d'autres glaciations de l'[[hémisphère nord]], dont le Wisconsinien en [[Amérique du Nord]], le [[Glaciation vistulienne|Vistulien]] (ou ''Weichselien'') en Europe du Nord, et le ''Devensien'' dans les [[Îles Britanniques]]. L'appellation Würm n'a qu'une signification chronologique locale, limitée à la région située autour des [[Alpes]].

Dans les montagnes d'Europe, des petits glaciers se sont aussi formés dans les [[Massif des Vosges|Vosges]], la [[Forêt-Noire]], le [[Massif central]], les [[Carpates]], les [[Pyrénées]], les [[Apennins]], les [[Balkans]] et la [[Sierra Nevada (Espagne)|Sierra Nevada]], mais aussi dans le Nord-Ouest de l'Espagne, en [[Crète]] et en [[Corse]]<ref name=phi/>.

Le Würm commence par le long intercycle de Saint-Germain ([[Chronologie isotopique|stades isotopiques 5a à 5d]], ou Würm I<ref name="2006texier2">(2006) {{Article |id=2006texier |langue= fr |auteur1= Jean-Pierre Texier |titre= Nouvelle lecture géologique du site paléolithique du Pech-de-l’Azé II (Dordogne, France) |périodique= Paléo |numéro= 18 |date= 2006 |pages= 217-236 |lire en ligne= https://journals.openedition.org/paleo/339 |consulté le= 7 mai 2018 }}, paragr. 2</ref>, de {{nb|115000 à 71000 ans AP}}), où les températures sont froides mais pas encore glaciales. Le climat est alors semi-sec. Au sud des Alpes, dans le [[Massif du Luberon|Luberon]], le [[pin d'Alep]] et le [[Chêne pubescent|chêne blanc]] sont peu à peu remplacés par le [[pin sylvestre]] et le [[hêtre commun|hêtre]], mais aussi le noisetier, le tilleul, l'aulne et les fougères. La faune correspond encore à celle des pays tempérés (cerf, ours brun, sanglier, loup, lynx, panthère, [[lion des cavernes européen|lion des cavernes]], belette, putois, martre, loutre...)<ref name=mehu/>.


Le premier grand coup de froid intervient avec le Würm II, ou [[Chronologie isotopique|stade isotopique 4]], d'environ {{nb|71000 à 57000 ans AP}}. Le climat s'assèche, la forêt disparait, laissant place à une steppe parsemée de petits pins sylvestres et de bouleaux. Après une phase légèrement plus clémente, le Würm III, ou stade isotopique 3, d'environ {{nb|57000 à 30000 ans AP}}, le froid et la sécheresse atteignent leur paroxysme au Würm IV, ou stade isotopique 2, d'environ {{nb|30000 à 11700 ans AP}}. En Provence, le sanglier disparaît, remplacé par des chevaux, des chamois et aussi par des antilopes [[saïga]]s, animal caractéristique des steppes sèches<ref name=mehu/>.
La glaciation würmienne correspond aux stades 2, 3, 4 et 5a-d de la [[chronologie isotopique]] mise au point depuis les années 1950. Sa limite inférieure est généralement fixée à {{nb|115000|[[Avant le présent|AP]]}} (fin de l'[[Eémien|interglaciaire Riss-Würm]] et début du stade 5d)<ref name=max/> mais certains auteurs considèrent qu'elle débute avec le stade 4 ({{nb|71000|AP}}). Sa limite supérieure correspond à la fin du stade 2 et au début de l'[[Holocène]], il y a environ {{nb|12000|ans}}. Le maximum glaciaire a été atteint il y a environ {{nb|20000|ans}}<ref name=fra/>. À cette époque, les températures annuelles moyennes dans les Alpes étaient plus basses de 10 à {{tmp|12|°C}} qu'actuellement comme le montrent les changements dans la végétation mis en évidence par la [[palynologie]].


Le maximum glaciaire du Würmien est encore l'objet de controverses entre deux écoles. Dans les Alpes orientales, il est supposé que les glaciers sont restés cantonnés en haute montagne pendant la plus grande partie du Würm, n'envahissant les vallées qu'au Würm tardif lors du [[dernier maximum glaciaire]], en même temps que les grands [[inlandsis]] du Nord il y a environ {{nb|21000 ans}} ; et qu'il aurait été suivi d'un retrait rapide<ref name=reit/>. Dans les Alpes occidentales, il se serait produit nettement avant, peut-être même dès le Würm II, et le retrait se serait produit de manière très graduelle<ref name=cou/>. La cause en serait la plus grande sécheresse lors de la dernière période froide.
Le Würm est plus ou moins [[synchrone]] d'autres glaciations de l'[[hémisphère nord]], dont le [[Glaciation du Wisconsin|Wisconsinien]] en [[Amérique du Nord]], le [[Vistulien]] (ou ''Weichselien'') en Europe du Nord et le ''Devensien'' dans les Îles Britanniques. L'appellation Würm n'a qu'une signification chronologique locale, limitée à la région située autour des [[Alpes]]. Dans les montagnes d'Europe, des petits glaciers se sont aussi formés dans les [[Massif des Vosges|Vosges]], la [[Forêt-Noire]], le [[Massif central]], les [[Carpates]], les [[Pyrénées]], les [[Apennins]], les [[Balkans]] et la [[Sierra Nevada (Espagne)|Sierra Nevada]] mais aussi dans le Nord-Ouest de l'Espagne, en [[Crète]] et en [[Corse]]<ref name=phi/>.


== Interstades ==
== Interstades ==
Les interstades correspondent à des [[Oscillation climatique|oscillations climatiques]] de courte durée relative à l'intérieur des quatre grandes phases de la glaciation de Würm, c'est-à-dire de brèves périodes fraîches au cours d'une phase froide, ou froides au cours d'une phase fraîche.
[[Fichier:Temperatures âge glaciaire.png|vignette|260px|Évolution des températures et de la quantité de glace pendant les {{formatnum:450000}} dernières années (données recueillies dans l'[[Antarctique]]).]]


=== Brefs réchauffements ===
Le Würm commence par le long interstade de St-Germain (stade isotopique 5a à 5d, Würmien précoce (I)<ref name="2006texier2">(2006) {{Article |id=2006texier |langue= fr |auteur1= Jean-Pierre Texier |titre= Nouvelle lecture géologique du site paléolithique du Pech-de-l’Azé II (Dordogne, France) |périodique= Paléo |volume= |numéro= 18 |date= 2006 |pages= 217-236 |issn= |lire en ligne= https://journals.openedition.org/paleo/339 |consulté le= 7 mai 2018 |brisé le= }}, paragr. 2.</ref>, de {{nb|115000}} à {{nb|71000 ans}}) où les températures sont froides mais pas encore glaciales. Le climat est alors semi-humide. Au sud des Alpes, dans le [[Massif du Luberon|Luberon]], le [[pin d'Alep]] et le [[Chêne pubescent|chêne blanc]] sont peu à peu remplacés par le [[pin sylvestre]] et le [[hêtre commun|hêtre]] mais aussi le noisetier, le tilleul, l'aulne et les fougères. La faune correspond encore à celle des pays tempérés (cerf, ours brun, sanglier, loup, lynx, panthère, [[lion des cavernes européen|lion des cavernes]], belette, putois, martre, loutre...)<ref name=mehu/>.
* Interstade du Groenland 12 (IG 12) : {{nb|47000 à 45000 ans AP}}<br>Cet épisode aurait permis à ''[[Homo sapiens]]'' de s'étendre, peu après sa [[Expansion planétaire de l'Homme moderne|dernière sortie d'Afrique]], vers des latitudes plus septentrionales, avec notamment une première incursion jusqu'en [[Europe centrale]], et une expansion vers l'Asie centrale, la Mongolie, et la Chine du Nord. ''Homo sapiens'' est principalement attesté dans ces régions par ses industries lithiques dites du [[Paléolithique supérieur]] initial<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Nicolas Zwyns|auteur2=Cleantha H. Paine|auteur3=Bolorbat Tsedendorj|et al.=oui|titre=The Northern Route for Human dispersal in Central and Northeast Asia: New evidence from the site of Tolbor-16, Mongolia|périodique=Scientific Reports|volume=9|numéro=11759|date=13 aout 2019|doi=10.1038/s41598-019-47972-1| url=https://www.nature.com/articles/s41598-019-47972-1}}</ref>.
* Interstade de [[Bölling]]-[[Alleröd]] : {{nb|14600 à 12900 ans AP}}<br>Durant le [[Tardiglaciaire]], les températures montent brutalement au début de cet interstade, puis reviennent progressivement à un climat plus frais. Cet épisode aurait vu un renouvellement significatif de la population d'Hommes modernes en Europe en provenance des Balkans ou d'Anatolie, après la dépression démographique due au [[dernier maximum glaciaire]], vers {{nb|21000 ans AP}}.


=== Autres interstades possibles (à confirmer) ===
Des traces de peuplement par des [[Néandertaliens]] ont été retrouvées par exemple au [[Gorges de la Nesque|bau de l'Aubésier]], à la [[Buoux|baume des Peyrards]], à la [[Baume Bonne]] ou dans les grottes de {{lien|Wilkirchli|lang=en}} et de [[Gudenus]].
* Interstade d'Amersfoort : vers {{nb|64000 ans}} [[avant le présent]] (AP)<ref name="1967valoch263"/>.
* Interstade de Brörup : vers {{nb|58000 ans AP}}<ref name="1967valoch263"/>.
* Interstade d'Hengelo-[[Grotte des Cottés (Saint-Pierre-de-Maillé)|les Cottés]]<ref name="2003momplaisir195">{{Ouvrage |libellé= Momplaisir 2003 |langue= fr |auteur1= Michel-Ange Momplaisir |titre= Propédeutique à L'Anthropologie Biologique |éditeur= Educa Vision |lieu= Coconut Creek, Floride |année= 2003 |pages totales= 554 |passage= 195 |lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=6KCEypXixGIC&pg=PA195&dq=interstade+de+Gottweig |format= sur ''books.google.fr'' |consulté le= 3 mai 2018 }}.</ref>, de {{nb|37650 à 33350 ans AP}}<ref name="1997Sanchez4">{{Article |libellé= Goñi 1997 |langue= en |auteur1= Maria F. Sanchez Goñi |titre= Les changements climatiques du Paléolithique supérieur. Enquête sur le rapport entre paléoclimatologie et préhistoire |périodique= Zephyrus |numéro= 49 |date= 1997 |pages= 3-36 |issn= 0514-7336 |lire en ligne= http://revistas.usal.es/index.php/0514-7336/article/download/5122/5160&usg=AOvVaw2IYagFN-X663XGnlQnHQDy |format= pdf sur ''revistas.usal.es'' |consulté le= 26 avril 2018 }}, p. 4.</ref>. [[Arlette Leroi-Gourhan]] (1983) propose de l'arrêter à {{unité|34500|ans AP}}<ref name="1989broglio437">{{Chapitre |id=1989broglio |libellé= Broglio 1989 |langue= fr |auteur1= Alberto Broglio |titre chapitre= Le début du Paléolithique supérieur dans les régions méditerranéennes d'Europe |auteurs ouvrage= Giacomo Giacobini |titre ouvrage= Hominidae |nature ouvrage= Actes Du {{2e}} Congrès International de Paléontologie Humaine, Turin, 28 septembre-3 octobre 1987 |lieu= Milan |éditeur= Jaca Book |année= 1989 |passage= 437 |lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=wTnWJGnBwgUC&pg=PA437&lpg=PA437&dq=interstade+de+Kesselt&source=bl&ots=hq4x2kFv0i&sig=QKYcq65Qb1gPkiIyQ2CuqJ75z8E&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwi2lcaM68TaAhVF6aQKHQWFDdsQ6AEIMTAB#v=onepage&q=interstade%20de%20Kesselt&f=false |format= sur ''books.google.fr'' |consulté le= 19 avril 2018 }}. Broglio cite les propositions d'[[Arlette Leroi-Gourhan]] et Chantal Leroyer en 1983.</ref>, Momplaisir (2003) le fait commencer à {{unité|39000|ans AP}}. Il a porté ou porte encore d'autres noms : « Göttweig » (Bayer 1927, Momplaisir 2003<ref name=2003momplaisir195/>), « Hollabrunn » (Götzinger 1938), « Oberfellabrunn » (Brandiner 1954), « Stillfried A » (Fink 1954), « Mittelwürminterstadial » (Woldstedt 1956)<ref name="1967valoch263">{{Article |libellé= Valoch 1967 |langue= fr |auteur1= Karel Valoch |titre= La subdivision du Pléistocène récent et l'apparition du Paléolithique supérieur en Europe centrale |périodique= Quaternaire |volume= 4 |numéro= 4 |date= 1967 |pages= 263-269 |lire en ligne= |format= pdf |consulté le= 3 mai 2018 }}, p. 263. Valoch cite l'interstade de Göttweig comme étant à la transition Würm I-II, ce qui correspond aux anciennes divisions du Würm. Voir la page référencée pour le détail du changement de la chronologie établie pour le Würm et subséquemment de la notation de ses subdivisions.</ref>. Une phase d'instabilité de {{nb|34500 à 33000 ans AP}}<ref name="1989broglio437"/>, puis un stade froid de {{nb|33000 à 31500 ans AP}}<ref name="1989broglio437"/>.
* Interstade d'Arcy : de {{nb|31500 à 30000 ans AP}}<ref name="1989broglio437"/>.


== Peuplement ==
Autres interstades :
Jusque vers {{nb|48000 ans AP}}, l'Europe est peuplée exclusivement par l'[[Homme de Néandertal]]. Des traces de peuplement par des [[Homme de Néandertal|Néandertaliens]] ont été trouvées par exemple au [[Gorges de la Nesque|bau de l'Aubésier]], à la [[baume des Peyrards]] et à la [[baume Bonne]] en France, dans les grottes de [[Wildkirchli]] et [[Grotte de Cotencher|Cotencher]] en [[Suisse]] et dans la [[grotte Gudenus]] en [[Autriche]].
* ''' Interstade d'Amersfoort''' : ~{{unité|64000|[[avant le présent|BP]]}}<ref name="1967valoch263"/>.
* ''' Interstade de Brörup''' : ~{{unité|58000|[[avant le présent|BP]]}}<ref name="1967valoch263"/>.
* ''' Interstade d'Hengelo-[[les Cottés]]''' : interstade Würm II-Würm III<ref name=2003momplaisir195>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Michel-Ange Momplaisir |titre=Propédeutique à L'Anthropologie Biologique |éditeur=Educa Vision |lieu=Coconut Creek, Floride |année=2003 |pages totales=554 |passage=195 |isbn= |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=6KCEypXixGIC&pg=PA195&dq=interstade+de+Gottweig |consulté le=3 mai 2018}}.</ref>{{,}}<ref name="">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Alban Defleur |titre=Atlas préhistorique du Midi méditerranéen (5) |sous-titre=Feuille de Carpentras |éditeur=CNRS |lieu=Marseille |série=Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale |année=1983 |pages totales=222 |isbn= |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=aO1XDwAAQBAJ&pg=PT369&dq=interstade+de+Gottweig |consulté le=3 mai 2018}}.</ref>, de {{nb|37650}} à {{unité|33350|ans [[avant le présent|BP]]}}<ref name="1997Sanchez4">{{Article |id= |langue= en |auteur1= Maria F. Sanchez Goñi |titre= Les changements climatiques du Paléolithique supérieur. Enquête sur le rapport entre paléoclimatologie et préhistoire |périodique= Zephyrus |numéro= 49 |date= 1997 |pages= 3-36 |issn= 0514-7336 |lire en ligne= http://revistas.usal.es/index.php/0514-7336/article/download/5122/5160&usg=AOvVaw2IYagFN-X663XGnlQnHQDy |format= pdf |consulté le= 26 avril 2018 |brisé le= }}, p. 4.</ref> ({{nb|35700}} à {{unité|31400|ans [[avant l'ère commune|BC]]}}). [[Arlette Leroi-Gourhan|Arl. Leroi-Gourhan]] (1983) propose de l'arrêter à {{unité|34500|ans BP}}<ref name="1989broglio437">{{Chapitre |id=1989broglio |langue= fr |auteur1= Alberto Broglio |titre chapitre= Le début du Paléolithique supérieur dans les régions méditerranéennes d'Europe |auteurs ouvrage= Giacomo Giacobini |titre ouvrage= Hominidae : Actes Du 2ème Congrès International de Paléontologie Humaine – Turin, 28 septembre-3 octobre 1987 |lieu= Milan |éditeur= Jaca Book |année= 1989 |isbn= |lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=wTnWJGnBwgUC&pg=PA437&lpg=PA437&dq=interstade+de+Kesselt&source=bl&ots=hq4x2kFv0i&sig=QKYcq65Qb1gPkiIyQ2CuqJ75z8E&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwi2lcaM68TaAhVF6aQKHQWFDdsQ6AEIMTAB#v=onepage&q=interstade%20de%20Kesselt&f=false |passage= 437 |consulté le= 19 avril 2018 |brisé le= }}. Broglio cite les propositions d'[[Arlette Leroi-Gourhan|Arl. Leroi-Gourhan]] et C. Leroyer en 1983.</ref>, Momplaisir (2003) le fait commencer à {{unité|39000|ans BP}}. Il a porté ou porte encore d'autres noms : « '''Göttweig''' » (Bayer 1927, Momplaisir 2003<ref name=2003momplaisir195/>), « '''Hollabrunn''' » (Götzinger 1938), « '''Oberfellabrunn''' » (Brandiner 1954), « '''Stillfried A''' » (Fink 1954), « '''Mittelwürminterstadial''' » (Woldstedt 1956)<ref name="1967valoch263">{{Article |id= |langue= fr |auteur1= Karel Valoch |titre= La subdivision du Pléistocène récent et l'apparition du Paléolithique supérieur en Europe centrale |périodique= Quaternaire |volume= 4 |numéro= 4 |titre numéro= |date= 1967 |pages= 263-269 |issn= |lire en ligne= |résumé= |format= pdf |consulté le= 3 mai 2018 |brisé le= }}, p. 263. Valoch cite l'intestade de Göttweig comme étant à la transition Würm I-II, ce qui correspond aux anciennes divisions du Würm. Voir la page référencée pour le détail du changement de la chronologie établie pour le Würm et subséquemment de la notation de ses subdivisions.</ref>. Il correspond à peu près au [[Châtelperronien]]<ref name="2001salomon228">{{Article |id= 2001David |langue= fr |auteur1= Francine David |auteur2= Nelly Connet |auteur3= Michel Girard |auteur4= Vincent Lhomme |auteur5= Jean-Claude Miskovsky |auteur6= Annie Roblin-Jouve |titre= Le Châtelperronien de la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure (Yonne). Données sédimentologiques et chronostratigraphiques |périodique= bulletin de la Société préhistorique française |tome= 98 |numéro= 2 |date= 2001 |pages= 207-230 |passage= 228 |doi= 10.3406/bspf.2001.12483 |lire en ligne= https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_2001_num_98_2_12483 |consulté le= 22 mars 2018 |brisé le= }}.</ref>. Cet interstade est suivi du Würm III, avec :
: une phase d'instabilité de {{nb|34500}} à {{nb|33000|ans BP}}<ref name="1989broglio437"/> (ou le tiers le plus récent du stade isotopique 3<ref name="1997leveque">{{Article |id= |langue= fr |auteur1= François Lévêque |auteur2= Gérard Gouraud |auteur3= Frédéric Bouin |titre= Contribution à l'étude des occupations préhistoriques de la grotte de la Grande roche de la Plématrie à Quincay (Vienne) |périodique= Groupe vendéen d'études préhistoriques |volume= |numéro= 33 |titre numéro= |date= 1997 |pages= |issn= |lire en ligne= http://gvep.fr/bulletins/archives/GVEP_1997_33/GVEP_33_1997_Leveque_et_al.pdf |format= pdf |consulté le= 4 mai 2018 |brisé le= }}.</ref>),
: puis un stade froid de {{nb|33000}} à {{unité|31500|ans BP}}<ref name="1989broglio437"/>.
* '''Interstade d'Arcy''' : de {{nb|31500}} à {{unité|30000|ans BP}}<ref name="1989broglio437"/> - [[Arlette Leroi-Gourhan|Arl. Leroi-Gourhan]] donnait en 1968 de {{nb|29000}} à {{unité|27000|ans BP}} (~{{nb|27000}} à {{unité|25000|ans [[avant l'ère commune|BC]]}}) pour cet intervalle<ref name="1968ArlLG126et127">{{Article |id=1968ArlLG |langue= fr |auteur1= [[Arlette Leroi-Gourhan]] |titre= III. Analyse pollinique - L'abri du Facteur à Tursac (Dordogne) |périodique= Gallia Préhistoire |volume= 11 |numéro= 1 |année= 1968 |pages= 126-127 |issn= |lire en ligne= http://www.persee.fr/doc/galip_0016-4127_1968_num_11_1_1309 |consulté le= 15 avril 2018 }}.</ref> ;
: suivi d'une phase froide inter Arcy-Kesselt, de {{nb|30000}} à {{unité|29000|ans BP}}<ref name="1989broglio437"/>.
* '''Interstade de Kesselt''' : de {{nb|29000}} à {{unité|27000|ans BP}}<ref name="1989broglio437"/>.
* '''Interstade de Paudorf''' : de {{nb|28750}} à {{unité|25950|ans [[avant le présent|BP]]}} ({{nb|26800}} à {{unité|24000|ans [[avant l'ère commune|BC]]}}<ref name="1968ArlLG127">{{Harvsp|id= 1968ArlLG|Arl. Leroi-Gourhan|1968|p=127}}</ref>), il est compris dans le [[Gravettien]]. Il a parfois été appelé « '''Stillfried B''' » (Fink 1954)<ref name="1967valoch263"/>.
* '''Interstade de Lascaux''' : daté à Lascaux de {{nb|16950}} à {{unité|16000|ans [[avant le présent|BP]]}} ({{nb|15000}} à {{unité|14050|ans [[avant l'ère commune|BC]]}}<ref name="1968ArlLG127"/>), il correspond aux dernières phases du [[Solutréen]] local. Il se retrouve en Amérique sous le nom d'interstade de {{Lien |langue= en |trad= Vigo Park, Texas |fr= Vigo Park}}<ref>{{Article |id= |langue= fr |auteur1= Arlette Leroi-Gourhan |lien auteur1= Arlette Leroi-Gourhan |titre= Les analyses polliniques sur les sédiments des grottes |périodique= Quaternaire |volume= 2 |numéro= 2 |date= 1965 |pages= 145-152 |issn= |lire en ligne= https://www.persee.fr/doc/quate_0004-5500_1965_num_2_2_993 |consulté le= 13 mai 2018 |brisé le= }}, p. 149.</ref>.
* '''Interstade de [[Bölling]]''' : il serait précédé d'un léger réchauffement entre {{nb|14850}} et {{unité|13950|ans BP}} ({{nb|12900}} et {{unité|12000|ans BC}}) et aurait duré jusque vers {{unité|12750|ans BP}} ({{unité|10800|ans BC}})<ref name="1964LG18et19">{{Article |id=1964LG |langue= fr |auteur1= [[Arlette Leroi-Gourhan]] et [[André Leroi-Gourhan]] |titre= Chronologie des grottes d'Arcy-sur-Cure (Yonne) |périodique= Gallia Préhistoire |tome= 7 |numéro= |date= 1964 |pages= 18-19 |doi= 10.3406/galip.1964.1238 |lire en ligne= http://www.persee.fr/doc/galip_0016-4127_1964_num_7_1_1238 |consulté le= 19 mars 2018 }}.</ref> et correspond à peu près au [[Magdalénien]].


''[[Homo sapiens]]'' arrive en Europe en provenance du [[Proche-Orient]] par vagues successives, qui donneront successivement le [[Paléolithique supérieur]] initial ({{nb|48000 ans AP}}), l'[[Aurignacien]] ({{nb|43000 ans AP}}), et le [[Gravettien]] ({{nb|31000 ans AP}}).
== Étendue maximale ==
Le premier grand coup de froid intervient avec le Würmien inférieur (Würm II, stade isotopique 4, environ de –{{formatnum:70000}} à -{{formatnum:50000}}). Le temps est encore humide mais s'assèche progressivement. La forêt disparait lentement, laissant la place à une steppe parsemée de petits pins sylvestres et de bouleaux. Après un autre interstade légèrement plus clément, le Würmien moyen (Würm III, stade isotopique 3, environ de -{{formatnum:50000}} à -{{formatnum:30000}}), le froid et la sécheresse atteignent leur paroxysme au milieu de la phase du Würmien supérieur (stade isotopique 2, environ de -{{formatnum:30000}} à -{{formatnum:10000}}). En Provence, le sanglier disparaît, remplacé par des chevaux, des chamois et aussi par des [[antilope saïga|antilopes saïgas]], animal caractéristique des steppes sèches<ref name=mehu/>.


Pendant le [[dernier maximum glaciaire]], d'environ {{nb|26000 à 19000 ans AP}}, le froid extrême entraine un large dépeuplement de l'Europe, à l'exception des trois péninsules refuges que sont la [[péninsule Ibérique]], l'[[Italie]], et les [[Balkans]]. La remontée des températures au cours du [[Tardiglaciaire]] permet une recolonisation de l'Europe centrale et septentrionale à partir de ces péninsules.
La datation de ce maximum würmien est encore l'objet de controverses entre deux écoles.
Dans les Alpes orientales, il est supposé que les glaciers sont restés cantonnés en haute montagne pendant la plus grande partie du Würm, n'envahissant les vallées qu'au Würm tardif lors du [[dernier maximum glaciaire]], en même temps que les grands inlandsis du Nord il y a environ {{formatnum:22000}} ans ; et qu'il aurait été suivi d'un retrait rapide<ref name=reit/>.


La divergence entre les ancêtres des populations de l'Ouest et de l'Est de l'Europe au Paléolithique est estimée à environ 25 600 ans<ref name="Marchi202205">{{Lien web|langue=en| auteur=Nina Marchi, Laura Winkelbach, Ilektra Schulz et al. |titre=The genomic origins of the world’s first farmers| url=https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(22)00455-X| périodique= Cell|date=12 mai 2022|doi=10.1016/j.cell.2022.04.008}}.</ref>. Elle se produit probablement en raison d'une détérioration de l'habitat et d'une contraction des refuges lors du dernier maximum glaciaire (LGM) potentiellement situés dans des régions plus douces. Ainsi, les populations européennes de chasseurs-cueilleurs après avoir connu un [[Goulet d'étranglement de population|goulet d'étranglement]] très sévère s'étaient déjà divisées lors du dernier maximum glaciaire il y a environ 22 800 ans. Une étude de paléogénétique publiée en 2022 estime la taille de population effective du goulot d'étranglement à 383 individus. Ce faible nombre serait conforme aux données archéologiques suggérant une diminution de 60 % de la taille de la population de recensement dans la dernière partie du [[Gravettien]], datée entre 29 000 et 25 000 ans AP, avec une population totale en Europe aussi faible que 700 à 1 550 individus. Ces analyses indiquent en outre que les chasseurs-cueilleurs européens se sont alors différenciés en deux refuges distincts à la fin du dernier maximum glaciaire il y a 21 700 ans, correspondant peut-être à ce que les archéologues identifient traditionnellement comme les aires de distribution des technocomplexes [[solutréen]]s et [[épigravettien]]s<ref name="Marchi202205"/>.
Dans les Alpes occidentales, il se serait produit nettement avant, peut-être même dès le Würmien inférieur, et le retrait se serait produit de manière très graduelle<ref name=cou/>. La cause en serait la plus grande sécheresse lors de la dernière période froide.


== Étendue maximale ==
Par rapport aux glaciations de Riss et de Mindel, le Würm a une étendue maximale relativement limitée. Toutefois, les glaciers des vallées sont suffisamment grands pour se rejoindre et former une immense calotte qui ne laisse dépasser que les montagnes les plus élevées.
Par rapport aux glaciations de Riss et de Mindel, le Würm a une étendue maximale relativement limitée. Toutefois, les glaciers des vallées sont suffisamment grands pour se rejoindre et former une immense calotte qui ne laisse dépasser que les montagnes les plus élevées.


[[Fichier:AlpsA20022741240250m.png|vignette|Photo satellite de l'[[amphithéâtre morainique d'Ivrée]] au débouché de la [[vallée d'Aoste]] dans la [[plaine du Pô]].]]
[[Fichier:AlpsA20022741240250m.png|vignette|Photo satellite de l'[[amphithéâtre morainique d'Ivrée]] au débouché de la [[vallée d'Aoste]] dans la [[plaine du Pô]].]]
Dans le sud des Alpes, les glaciers restent cantonnés dans le haut de leurs vallées ; seul le [[glacier de la Durance]] acquiert une étendue considérable et descend jusqu'à [[Sisteron]]. Dans le Dauphiné, le [[Trièves]] reste épargné par les glaces ; cependant, un lac se forme car les eaux du [[Drac]] sont bloquées par le [[glacier de l'Isère]] avant d'arriver à Grenoble. De même, les glaces des Alpes occidentales se joignent à celles de la calotte jurassienne mais s'arrêtent {{unité|30|km}} avant Lyon. La branche suisse du [[glacier du Rhône]] s'arrête au niveau de [[Bienne]] et ne rejoint pas le [[glacier du Rhin]] qui s'arrête à [[Schaffhouse]]. En Allemagne, le glacier du [[Lech]] s'arrête à [[Pürgen]], celui de l'[[Glacier de l'Isar-Loisach|Isar]] à [[Schäftlarn]] et le [[glacier de l'Inn]] à [[Haag in Oberbayern|Haag]]. En Autriche, les glaciers restent à l'intérieur des vallées et ne sortent pas dans l'avant-pays. Le [[glacier de la Salzach]] dépasse toutefois [[Salzbourg]] et celui de la [[Drave (cours d'eau)|Drave]] atteint [[Völkermarkt]]. Dans l'est du pays, seul le sommet des massifs est recouvert de glace. En Italie, les glaciers s'avancent jusqu'à la plaine du Pô et sont à l'origine des grands lacs qui la bordent. Dans les régions plates (Lyon, Bavière), les glaces s'étalent en forme de [[lobe glaciaire|lobe]] et les eaux de fonte sortent en de multiples endroits en se répartissant largement dans la plaine.


Dans le sud des Alpes, les glaciers restent cantonnés dans le haut de leurs vallées ; seul le glacier de la Durance acquiert une étendue considérable et descend jusqu'à [[Sisteron]]. Dans le Dauphiné, le [[Trièves]] reste épargné par les glaces ; cependant, un lac se forme car les eaux du [[Drac]] sont bloquées par le [[glacier de l'Isère]] avant d'arriver à Grenoble. De même, les glaces des Alpes occidentales se joignent à celles de la calotte [[Massif du Jura|jurassienne]] mais s'arrêtent {{unité|30|km}} avant Lyon. Sur le [[Plateau suisse]], le [[glacier du Rhône]], rejoint par le [[Glacier de l'Unteraar|glacier de l'Aar]], s'arrête au niveau de [[Wangen an der Aare]] et ne rejoint pas le [[glacier du Rhin]] qui s'arrête à [[Schaffhouse]]<ref>[https://s.geo.admin.ch/887ee29e6b La Suisse durant le dernier maximum glaciaire (LGM))], 1:500000, [[Office fédéral de topographie]] swisstopo, sur map.geo.admin.ch.</ref>. En Allemagne, le glacier du [[Lech]] s'arrête à [[Pürgen]], celui de l'[[Glacier de l'Isar-Loisach|Isar]] à [[Schäftlarn]] et le [[glacier de l'Inn]] à [[Haag in Oberbayern|Haag]]. En Autriche, les glaciers restent à l'intérieur des vallées et ne sortent pas dans l'avant-pays. Le glacier de la [[Salzach]] dépasse toutefois [[Salzbourg]] et celui de la [[Drave (cours d'eau)|Drave]] atteint [[Völkermarkt]]. Dans l'Est du pays, seul le sommet des massifs est recouvert de glace. En Italie, les glaciers s'avancent jusqu'à la [[plaine du Pô]] et sont à l'origine des grands lacs qui la bordent. Dans les régions plates (Lyon, Bavière), les glaces s'étalent en forme de [[lobe glaciaire|lobe]] et les eaux de fonte sortent en de multiples endroits en se répartissant largement dans la plaine.
À cette époque, la température moyenne de la Méditerranée au pied des Alpes varie entre {{tmp|8|°C}} en hiver et 11 en été<ref name=ang/>.

À cette époque, la température moyenne de la [[mer Méditerranée]] au pied des Alpes varie entre {{tmp|8|°C}} en hiver et 11 en été<ref name=ang/>.


== Fin de la glaciation ==
== Fin de la glaciation ==
Le réchauffement commence par toucher l'hémisphère Nord, au-dessus de 60° de latitude, à cause d'un léger changement orbital qui a rapproché la Terre du Soleil à l'été boréal. De plus, l'axe de rotation est incliné de sorte que l'hémisphère Nord bénéficie le premier du surplus d'insolation<ref name=bar/>.
Le réchauffement commence par toucher l'[[hémisphère nord]], au-dessus de 60° de latitude, à cause d'un léger [[Orbite de la Terre|changement orbital]] qui a rapproché la Terre du Soleil à l'été boréal. De plus, l'axe de rotation est incliné de sorte que l'hémisphère Nord bénéficie le premier du surplus d'insolation<ref name=bar/>.


[[Fichier:Lake Garda (2685098264).jpg|vignette|Le [[lac de Garde]] vu depuis le nord]]
[[Fichier:Lake Garda (2685098264).jpg|vignette|Le [[lac de Garde]] vu depuis le nord.]]
Dans les Alpes, le retrait est rapide. En {{formatnum:17000}} av. J.-C, une grande partie des Alpes est déjà dégagée. Le [[lac Léman]] et le [[lac d'Annecy]] sont libres de glace en -{{formatnum:15000}} et même lors du dernier coup de froid du [[Dryas récent]], l'avancée des glaciers reste très limitée. Ainsi, au pied du [[Massif du Mont-Blanc|Mont Blanc]], les glaciers ne parviennent même pas à remplir la vallée de [[Chamonix]]<ref name=cou/>.


Dans bien des cas, le retrait des glaciers s'est produit dans un milieu lacustre<ref name=cou/>. Ces lacs sont issus d'un surcreusement de la vallée à l'amont d'un verrou. Presque tous les lacs alpins sont d'origine glaciaire. De nombreux autres lacs avaient aussi été initialement formés tels que le [[lac du Grésivaudan]], le [[lac de Rosenheim]] et les lacs des vallées de l'[[Arve]] et de l'[[Inn (rivière)|Inn]]. Ceux-ci ont été cependant très rapidement comblés car ils étaient traversés par une grande rivière chargée de sédiments. Ce sont surtout les lacs à l'écart des grandes vallées ou alimentés par une rivière provenant d'une région calcaire qui ont pu survivre jusqu'à notre époque. Les eaux issues des glaciers sont trop troubles et trop froides pour que les poissons puissent y vivre ; ce n'est qu'il y a {{formatnum:15000}} ans lors du réchauffement du [[Bölling|Bölling-Allerød]] qu'ils ont pu recoloniser les Alpes à partir des basses vallées du Danube, du Rhône et du Pô<ref name=sal/>
Dans les Alpes, le retrait est rapide. Le [[lac Léman]] et le [[lac d'Annecy]] sont libres de glace il y a {{nb|17000 ans}}. Lors du dernier coup de froid du [[Dryas récent]], l'avancée des glaciers reste limitée. Ainsi, au pied du [[Massif du Mont-Blanc|Mont Blanc]], les glaciers ne parviennent même pas à remplir la vallée de [[Chamonix]]<ref name=cou/>.
Dans bien des cas, le retrait des glaciers s'est produit dans un milieu lacustre<ref name=cou/>. Ces lacs sont issus d'un surcreusement de la vallée à l'amont d'un verrou. Presque tous les lacs alpins sont d'origine glaciaire. De nombreux autres lacs avaient aussi été initialement formés tels que le [[lac du Grésivaudan]], le [[lac de Rosenheim]] et les lacs des vallées de l'[[Arve]] et de l'[[Inn (rivière)|Inn]]. Ceux-ci ont été cependant très rapidement comblés car ils étaient traversés par une grande rivière chargée de sédiments. Ce sont surtout les lacs à l'écart des grandes vallées ou alimentés par une rivière provenant d'une région [[calcaire]] qui ont pu survivre jusqu'à notre époque. Les eaux issues des glaciers sont trop troubles et trop froides pour que les poissons puissent y vivre. Ce n'est qu'il y a {{nb|14600 ans}}, lors du réchauffement du [[Bölling|Bölling-Allerød]], qu'ils ont pu recoloniser les Alpes à partir des basses vallées du Danube, du Rhône et du Pô<ref name=sal/>.

[[Fichier:20110910-Gletschermilch am Stubaier Höhenweg.JPG|vignette|Lait glaciaire produit par de la [[farine de roche]] en suspension (ruisseau issu d'un glacier des [[Alpes de Stubai]]).]]


[[Fichier:20110910-Gletschermilch am Stubaier Höhenweg.JPG|vignette|Lait glaciaire produit par de la [[farine de roche]] en suspension (ruisseau issu d'un glacier des [[Alpes de Stubai]])]]
== Repeuplement alpin ==
== Repeuplement alpin ==
Bien qu'au plus fort de la glaciation le couloir rhodanien ait encore fourni de beaux exemples de la présence humaine ([[Roche de Solutré]], [[baume d'Oullins]], [[grotte de la Salpêtrière]], [[grotte Chauvet]]), le repeuplement des Alpes ne se fait que lentement. En Suisse, le retrait glaciaire permet l'arrivée des hommes (''[[Homo sapiens]]'') dans la région. Le premier témoignage de leur retour se trouve dans la grotte de Kastelhöhle près de [[Soleure]] vers {{nb|17500 ans AP}}, avec une industrie de type [[Badegoulien]]. Les sites se multiplient au temps des [[Magdalénien]]s ({{nb|16500 à 14500 ans AP}}) mais seulement sur le [[plateau suisse]] et dans le Jura à basse altitude (moins de {{unité|900|m}}). Les hommes vivent dans une steppe froide et chassent les rennes et les chevaux. Leur présence en milieu montagnard ne commence vraiment qu'avec la phase fraiche du [[Bölling]]-[[Alleröd]] ({{nb|14600 à 12900 ans AP}}), comme le montre l'[[Les Ciernes-Picat|abri sous bloc de Château d'Oex]] occupé par des chasseurs [[azilien]]s qui s'attaquaient aux cerfs et aux sangliers dans une forêt de bouleaux et de pins. Toutefois, cette première arrivée est rapidement interrompue par le bref mais intense retour du froid lors du [[Dryas récent]] ({{nb|12900 à 11700 ans AP}}) qui forme le dernier épisode de la glaciation de Würm<ref name=cro/>.
Bien qu'au plus fort de la glaciation le couloir rhodanien ait encore fourni de beaux exemples de la présence humaine ([[Roche de Solutré]], [[baume d'Oullins]], [[grotte de la Salpêtrière]], [[grotte Chauvet]]), le repeuplement des Alpes ne se fait que lentement.
En Suisse, le retrait glaciaire permet l'arrivée des hommes (''[[homo sapiens]]'') dans la région. Le premier témoignage de leur retour se trouve dans la grotte de Kastelhöhle près de [[Soleure]] vers {{formatnum:17500}} av. J.-C avec une industrie de type [[Badegoulien]]. Les sites se multiplient au temps des [[Magdalénien]]s (-{{formatnum:14500}} à -{{formatnum:12500}}) mais seulement sur le plateau et dans le Jura à basse altitude (moins de {{unité|900|m}}). Ceux-ci vivent dans une steppe froide et chassent les rennes et les chevaux. Leur présence en milieu montagnard ne commence vraiment qu'avec la phase chaude de l'[[Bölling|Alleröd]] (-{{formatnum:11700}} à -{{formatnum:10900}}) comme le montre l'abri sous bloc de [[Château d'Oex]] occupé par des chasseurs [[azilien]]s qui s'attaquaient aux cerfs et aux sangliers dans une forêt de bouleaux et de pins. Toutefois, cette première arrivée est rapidement interrompue par le bref mais intensif retour du froid lors du [[Dryas récent]] (-{{formatnum:10900}} à -{{formatnum:9700}}) qui forme le dernier épisode de la glaciation de Würm<ref name=cro/>.


== Flore ==
== Flore ==
[[Fichier:Mountainavens3.jpg|vignette|Dryades octopétales dans la toundra des [[Spitzberg]]]]
[[Fichier:Mountainavens3.jpg|vignette|Dryades octopétales dans la toundra des [[Spitzberg]].]]

Au maximum glaciaire, sur les hauteurs non couvertes par les glaces, la végétation correspond à celle de l'[[étage nival]] et le sol est soumis à la [[solifluxion]]. Dans les plaines côté nord, c'est la [[toundra]], caractérisée par la présence de [[dryade octopétale]] (''Dryas octopetala''), une plante qui a donné son nom à une des dernières [[Dryas (paléoclimat)|périodes climatiques]] du Würm. Elle est accompagnée d'[[armoise]]s, de [[chenopodiaceae]], de [[poaceae|graminées]], du [[bouleau nain]] et du [[Salix polaris|saule polaire]]. Côté sud, c'est une [[steppe]] d'armoise de type méditerranéen avec quelques bosquets.
Au maximum glaciaire, sur les hauteurs non couvertes par les glaces, la végétation correspond à celle de l'[[étage nival]] et le sol est soumis à la [[solifluxion]]. Dans les plaines côté nord, c'est la [[toundra]], caractérisée par la présence de [[dryade octopétale]] (''Dryas octopetala''), une plante qui a donné son nom à une des dernières [[Dryas (paléoclimat)|périodes climatiques]] du Würm. Elle est accompagnée d'[[armoise]]s, de [[chenopodiaceae]], de [[poaceae|graminées]], du [[bouleau nain]] et du [[Salix polaris|saule polaire]]. Côté sud, c'est une [[steppe]] d'armoise de type méditerranéen avec quelques bosquets.


Après la glaciation, la recolonisation des Alpes s'est produite à partir de certaines zones de retrait spécifique. À partir de la toundra des plaines de l'Allemagne sont revenus l'armoise, le bouleau et le [[genévrier]]. Le [[pin (plante)|pin]] et l'[[épicéa]] sont revenus depuis l'Europe orientale et son climat continental tandis que le [[sapin]], le [[tilleul]] et le [[chêne]] avaient trouvé refuge sur les bords de la Méditerranée en profitant de son climat océanique et doux.
Après la glaciation, la recolonisation des Alpes s'est produite à partir de certaines zones de retrait spécifique. À partir de la toundra des plaines de l'Allemagne sont revenus l'armoise, le bouleau et le [[genévrier]]. Le [[pin (plante)|pin]] et l'[[épicéa]] sont revenus depuis l'Europe orientale et son climat continental tandis que le [[sapin]], le [[tilleul]] et le [[chêne]] avaient trouvé refuge sur les bords de la Méditerranée en profitant de son climat océanique et doux.


[[Fichier:Pan serra da alice.jpg|vignette|upright=3|centre|La Serra di Ivrea, moraine latérale du glacier du val d'Aoste]]
[[Fichier:Pan serra da alice.jpg|vignette|redresse=3|centre|L'Amphithéâtre morainique d'Ivrée, moraine latérale du glacier du val d'Aoste.]]
[[Fichier:Pierrabot (2).jpg|vignette|La [[Pierrabot]], [[bloc erratique]] provenant du [[massif du Mont-Blanc]] en Valais et déposé à [[Neuchâtel]] par le [[glacier du Rhône]].]]
[[Fichier:Andechs, Bäckerbichl (Drumlin).01.jpg|vignette|Un [[drumlin]] à [[Andechs]] produit par le glacier d'Isar-Loisach.]]

== Les traces de la glaciation ==
== Les traces de la glaciation ==
[[Fichier:Pierrabot (2).jpg|vignette|La [[Pierrabot]], [[bloc erratique]] provenant du [[massif du Mont-Blanc]] en Valais et déposé à [[Neuchâtel]] par le [[glacier du Rhône]]]]
[[Fichier:Andechs, Bäckerbichl (Drumlin).01.jpg|vignette|Un [[drumlin]] à [[Andechs]] produit par le [[glacier d'Isar-Loisach]]]]
Les traces de la glaciation de Würm sont celles qui sont le mieux conservées car elles n'ont pas été recouvertes ni détruites par d'autres glaciations puisque c'est la dernière grande glaciation. Elle a pu être reconstituée par l'analyse de la position des anciennes [[moraine]]s, des [[trimlines]] et des [[blocs erratiques]] ainsi que de leur lieu d'origine.
Les traces de la glaciation de Würm sont celles qui sont le mieux conservées car elles n'ont pas été recouvertes ni détruites par d'autres glaciations puisque c'est la dernière grande glaciation. Elle a pu être reconstituée par l'analyse de la position des anciennes [[moraine]]s, des [[trimlines]] et des [[blocs erratiques]] ainsi que de leur lieu d'origine.


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Dans les Alpes, de nombreuses stries glaciaires, provoquées par le frottement des blocs contre la paroi de la vallée glaciaire, sont visibles. Des blocs erratiques laissés là par le glacier lors de sa fonte sont aussi facilement observables. On voit également des restes de glaciers ainsi que des cirques, notamment ceux du Taillefer dans le massif éponyme, au-dessus de la vallée de la Romanche. Ils sont des parfaits exemples de cirques glaciaires, avec un verrou glaciaire immense.
Dans les Alpes, de nombreuses stries glaciaires, provoquées par le frottement des blocs contre la paroi de la vallée glaciaire, sont visibles. Des blocs erratiques laissés là par le glacier lors de sa fonte sont aussi facilement observables. On voit également des restes de glaciers ainsi que des cirques, notamment ceux du Taillefer dans le massif éponyme, au-dessus de la vallée de la Romanche. Ils sont des parfaits exemples de cirques glaciaires, avec un verrou glaciaire immense.


Les vestiges du Würm sont aussi les torrents, les lacs pro-glaciaires tels le [[Lauvitel|lac Lauvitel]], dans le [[Parc national des Écrins]], ou le [[lac Léman]], en grande partie vestige du [[glacier du Rhône]].
Les vestiges du Würm sont aussi les torrents, les lacs pro-glaciaires tels le [[Lauvitel]], dans le [[parc national des Écrins]], ou le [[lac Léman]], en grande partie vestige du [[glacier du Rhône]].


Dans les [[Massif des Vosges|Vosges]], les marques laissées par les glaciers sont également très identifiables : hautes vallées en auge (par exemple, la haute vallée de la [[Savoureuse]]), [[moraine]]s, stries, lacs d'origine glaciaire.
Dans les [[Massif des Vosges|Vosges]], les marques laissées par les glaciers sont également très identifiables : hautes vallées en auge (par exemple, la haute vallée de la [[Savoureuse]]), [[moraine]]s, stries, lacs d'origine glaciaire.

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Roger Brunet |auteur2=Robert Ferras |auteur3=Hervé Thery |titre=Les mots de la géographie, dictionnaire critique |éditeur=Reclus-La Documentation française |collection=Dynamiques du territoire |lieu=Paris |année=1992 |pages totales=470 |passage=241 : « Glaciation » |isbn=2-11-003036-4 |présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/tigr_0048-7163_1993_num_83_1_1292_t1_0148_0000_3 |consulté le=29 mars 2018}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Jean-Marie Le Tensorer]] |titre=Le paléolithique en Suisse |éditeur=Jérôme Millon |collection=L(Homme des Origines |lieu=Grenoble |série=Préhistoire d'Europe |année=1998 |pages totales=499 |isbn=2-84137-063-1 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=a7w-70FXZb0C&printsec=frontcover |consulté le=30 avril 2018}}. Würm : pp. 82-85.

=== Articles connexes ===
* [[Glaciations quaternaires]]
* [[Dernière période glaciaire]]
* [[Histoire du climat]]
* [[Vistulien]]
* [[Tardiglaciaire]]
* [[Eémien]]


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
=== Notes ===
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=== Références ===
=== Références ===
{{Références|colonnes=2|refs=
{{Références|colonnes=2|refs=
<ref name="albrecht1909">{{Ouvrage |langue=de |prénom1=Albrecht Friedrich Karl |nom1=Penck |prénom2=Eduard |nom2=Brückner |titre=Die Alpen im Eiszeitalter |éditeur=Chr. Herm. Tauchnitz |lieu=Leipzig |année=1909 |pages totales= }}, 3 vol.</ref>
<ref name="albrecht1909">{{Ouvrage |langue=de |prénom1=Albrecht Friedrich Karl |nom1=Penck |prénom2=Eduard |nom2=Brückner |titre=Die Alpen im Eiszeitalter |éditeur=Chr. Herm. Tauchnitz |lieu=Leipzig |année=1909 }}, 3 vol.</ref>
<ref name="max">{{Chapitre |id= |langue= fr |auteur1= |titre chapitre= {{unité|120000|BP}} |auteurs ouvrage= Max Derruau |titre ouvrage= Les formes du relief terrestre. Notions de géomorphologie |lieu= Paris |éditeur= Armand Colin |année= 2001 |numéro d'édition= 8 |isbn= 2-200-21014-0 |lire en ligne= |passage= 74 }}.</ref>
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<ref name="fra">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=François Michel |titre=Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre |éditeur=Belin, brgm éditions |lieu=Paris, Orléans |année=2005 |pages totales=255 |passage=14 |isbn=2-7011-4081-1}}.</ref>
<ref name="fra">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=François Michel |titre=Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre |éditeur=Belin, brgm éditions |lieu=Paris, Orléans |année=2005 |pages totales=255 |passage=14 |isbn=2-7011-4081-1}}.</ref>
<ref name="phi">{{pdf}} {{Article |id= |langue= en |auteur1= Philip D. Hughes |auteur2= Jamie C. Woodward |titre= Timing of glaciation in the Mediterranean mountains during the last cold stage |périodique= Journal of Quaternary Science |volume= 23 |numéro= 6-7 |date= 2008 |pages= 575-588 |issn= |lire en ligne= https://www.escholar.manchester.ac.uk/api/datastream?publicationPid=uk-ac-man-scw:1b6216&datastreamId=POST-PEER-REVIEW-PUBLISHERS-DOCUMENT.PDF |consulté le= 29 mars 2018 }}.</ref>
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<ref name="mehu">{{Lien web |id= |langue= fr |auteur=Jean Méhu |titre= La glaciation würmienne |série= L'histoire du Luberon, des origines au siècle des Lumières |url= http://www.histoireduluberon.fr/page4.html |date= 2004-2008 |site= [http://www.histoireduluberon.fr/ histoireduluberon.fr] |consulté le= 29 mars 2018 |brisé le= }}.</ref>
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<ref name="reit">{{Article |id= |langue= de |auteur1= J.M. Reitner |titre= Das Inngletschersystem während des Würm-Glazials |périodique= Arbeitstagung der geologischen Bundesanstalt |volume= |numéro= |date= 2011 |pages= 79-88 |issn= |lire en ligne= http://www.geologie.ac.at/gba_application/index.php/event/downloadFile/168 |consulté le= 29 mars 2018 }}.</ref>
<ref name="reit">{{Article |langue= de |auteur1= J.M. Reitner |titre= Das Inngletschersystem während des Würm-Glazials |périodique= Arbeitstagung der geologischen Bundesanstalt |date= 2011 |pages= 79-88 |lire en ligne= http://www.geologie.ac.at/gba_application/index.php/event/downloadFile/168 |consulté le= 29 mars 2018 }}.</ref>
<ref name="cou">{{pdf}} {{Lien web |id= |langue= fr |auteur= Sylvain Coutterand |titre= Etude géomorphologique des flux glaciaires dans les Alpes nord-occidentales au Pléistocène récent |série= Thèse de doctorat, université de Savoie |url= http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00517790/ |date= 21 juin 2010 |site= [http://tel.archives-ouvertes.fr/ tel.archives-ouvertes.fr] |consulté le= 29 mars 2018 |brisé le= }}.</ref>
<ref name="cou">{{pdf}} {{Lien web |langue= fr |auteur= Sylvain Coutterand |titre= Etude géomorphologique des flux glaciaires dans les Alpes nord-occidentales au Pléistocène récent |série= Thèse de doctorat, université de Savoie |url= http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00517790/ |date= 21 juin 2010 |site= [http://tel.archives-ouvertes.fr/ tel.archives-ouvertes.fr] |consulté le= 29 mars 2018 }}.</ref>
<ref name="ang">{{Article |id= |langue= en |auteur1= Angela Hayes |auteur2= Michal Kucera |auteur3= Nejib Kallel |auteur4= Laura Sbaffi |auteur5= Eelco J. Rohling |titre= Glacial Mediterranean sea surface temperatures based on planktonic foraminiferal assemblages |périodique= Quaternary Science Reviews |volume= 24 |numéro= 7-9 |date= avril 2005 |pages= 999–1016 |issn= |lire en ligne= http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277379104002124 |consulté le= 29 mars 2018 }}.</ref>
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<ref name="bar">{{pdf}} {{Article |id= |langue= fr |auteur1= Edouard Bard |titre= Le dernier réchauffement climatique |périodique=La Recherche |volume= |numéro= 474 |date= avril 2013 |pages= 54-57 |issn= |lire en ligne= www.college-de-france.fr/media/edouard-bard/UPL1026748074527999487_Bard13LaRecherche.pdf |consulté le= 29 mars 2018 }}.</ref>
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<ref name="cro">{{pdf}} {{Article |id= |langue= fr |auteur1= Pierre Crotti |titre= Le peuplement paléolithique et mésolithique de la Suisse |périodique= Geographica Helvetica |volume= |numéro= 63 |date= 2008 |pages= 168-175 |issn= |lire en ligne= http://www.geogr-helv.net/63/167/2008/gh-63-167-2008.pdf |consulté le= 29 mars 2018 }}.</ref>
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}}
}}


== Voir aussi ==
{{Portail|sciences de la Terre et de l'Univers|climat|Préhistoire|Alpes}}
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |auteur=[[Jean-Marie Le Tensorer]] |titre=Le paléolithique en Suisse |éditeur=Jérôme Millon |collection=L'Homme des Origines |lieu=Grenoble |série=Préhistoire d'Europe |année=1998 |pages totales=499 |isbn=2-84137-063-1 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=a7w-70FXZb0C&printsec=frontcover}} (Würm : p.82-85).

=== Articles connexes ===
* [[Glaciations quaternaires]]
* [[Glaciations alpines]]
* [[Dernière période glaciaire]]
* [[Glaciation vistulienne]]
* [[Dernier maximum glaciaire]]
* [[Tardiglaciaire]]
* [[Éémien]]

{{Portail|Climat|Préhistoire|Alpes}}


[[Catégorie:Pléistocène]]
[[Catégorie:Période glaciaire|Würm]]
[[Catégorie:Climat du Pléistocène]]

Version du 25 décembre 2023 à 22:41

Glaciation de Würm

Équivalent nordique Glaciation vistulienne
Équivalent russe Valdaï (ru)
Équivalent sibérien Zyrian (Зырянское оледенение)
DébutFin
115 000 ans 11 700 ans

Subdivisions

Würm I,
Würm II,
Würm III,
Würm IV, dont Tardiglaciaire

Faune et flore

Évolution

Remplacement de l'Homme de Néandertal et de l'Homme de Denisova par Homo sapiens

La glaciation de Würm est le nom donné à la dernière période glaciaire du Pléistocène dans les Alpes. Elle s'étend de 115 000 à 11 700 ans avant le présent (AP).

La glaciation de Würm se subdivise en quatre grandes phases : Würm I (période fraiche), Würm II (premier pléniglaciaire) de 71 000 à 57 000 ans AP, Würm III (interpléniglaciaire), et Würm IV (second pléniglaciaire) de 30 000 à 11 700 ans AP.

Historique

La glaciation de Würm a été définie au début du XXe siècle par les géologues allemands Albrecht Penck et Eduard Brückner[1]. Ils lui ont donné le nom d'un affluent du Danube, la Würm[N 1], selon le même principe qu'ont été nommées les glaciations alpines précédentes (Riss, Mindel, Günz).

Sa définition repose sur les observations des conséquences géologiques de la baisse importante des températures moyennes sur une longue période (nappe fluvio-glaciaire, moraines) dans le massif alpin.

La glaciation de Würm a été découpée en quatre grandes phases, Würm I à IV, correspondant aux principales variations climatiques enregistrées au cours de la période. Ultérieurement, cette segmentation a été affinée et renommée dans le cadre de la chronologie isotopique globale du Pléistocène (voir ci-après).


Chronologie simplifiée de la glaciation de Würm, d'après Guy Monjuvent et Gérard Nicoud, 1988[2].

Chronologie

Évolution des températures et de la quantité de glace pendant les 450 000 dernières années (données recueillies dans l'Antarctique).
Extension maximale de la glaciation de Würm (en violet) dans les Alpes. En bleu : glaciation de Riss.

La glaciation würmienne correspond aux stades SIO 2, 3, 4 et 5a-d de la chronologie isotopique mise au point depuis les années 1950. Sa limite inférieure est généralement fixée à 115 000 ans AP (fin de l'interglaciaire Riss-Würm et début du stade 5d)[3]. Sa limite supérieure correspond à la fin du stade 2 et au début de l'Holocène, il y a 11 700 ans. Le maximum glaciaire a été atteint il y a environ 21 000 ans[4]. À cette époque, les températures annuelles moyennes dans les Alpes étaient plus basses de 10 à 12 °C qu'actuellement, comme le montrent les changements dans la végétation mis en évidence par la palynologie.

Le Würm est plus ou moins synchrone d'autres glaciations de l'hémisphère nord, dont le Wisconsinien en Amérique du Nord, le Vistulien (ou Weichselien) en Europe du Nord, et le Devensien dans les Îles Britanniques. L'appellation Würm n'a qu'une signification chronologique locale, limitée à la région située autour des Alpes.

Dans les montagnes d'Europe, des petits glaciers se sont aussi formés dans les Vosges, la Forêt-Noire, le Massif central, les Carpates, les Pyrénées, les Apennins, les Balkans et la Sierra Nevada, mais aussi dans le Nord-Ouest de l'Espagne, en Crète et en Corse[5].

Le Würm commence par le long intercycle de Saint-Germain (stades isotopiques 5a à 5d, ou Würm I[6], de 115 000 à 71 000 ans AP), où les températures sont froides mais pas encore glaciales. Le climat est alors semi-sec. Au sud des Alpes, dans le Luberon, le pin d'Alep et le chêne blanc sont peu à peu remplacés par le pin sylvestre et le hêtre, mais aussi le noisetier, le tilleul, l'aulne et les fougères. La faune correspond encore à celle des pays tempérés (cerf, ours brun, sanglier, loup, lynx, panthère, lion des cavernes, belette, putois, martre, loutre...)[7].

Le premier grand coup de froid intervient avec le Würm II, ou stade isotopique 4, d'environ 71 000 à 57 000 ans AP. Le climat s'assèche, la forêt disparait, laissant place à une steppe parsemée de petits pins sylvestres et de bouleaux. Après une phase légèrement plus clémente, le Würm III, ou stade isotopique 3, d'environ 57 000 à 30 000 ans AP, le froid et la sécheresse atteignent leur paroxysme au Würm IV, ou stade isotopique 2, d'environ 30 000 à 11 700 ans AP. En Provence, le sanglier disparaît, remplacé par des chevaux, des chamois et aussi par des antilopes saïgas, animal caractéristique des steppes sèches[7].

Le maximum glaciaire du Würmien est encore l'objet de controverses entre deux écoles. Dans les Alpes orientales, il est supposé que les glaciers sont restés cantonnés en haute montagne pendant la plus grande partie du Würm, n'envahissant les vallées qu'au Würm tardif lors du dernier maximum glaciaire, en même temps que les grands inlandsis du Nord il y a environ 21 000 ans ; et qu'il aurait été suivi d'un retrait rapide[8]. Dans les Alpes occidentales, il se serait produit nettement avant, peut-être même dès le Würm II, et le retrait se serait produit de manière très graduelle[9]. La cause en serait la plus grande sécheresse lors de la dernière période froide.

Interstades

Les interstades correspondent à des oscillations climatiques de courte durée relative à l'intérieur des quatre grandes phases de la glaciation de Würm, c'est-à-dire de brèves périodes fraîches au cours d'une phase froide, ou froides au cours d'une phase fraîche.

Brefs réchauffements

  • Interstade du Groenland 12 (IG 12) : 47 000 à 45 000 ans AP
    Cet épisode aurait permis à Homo sapiens de s'étendre, peu après sa dernière sortie d'Afrique, vers des latitudes plus septentrionales, avec notamment une première incursion jusqu'en Europe centrale, et une expansion vers l'Asie centrale, la Mongolie, et la Chine du Nord. Homo sapiens est principalement attesté dans ces régions par ses industries lithiques dites du Paléolithique supérieur initial[10].
  • Interstade de Bölling-Alleröd : 14 600 à 12 900 ans AP
    Durant le Tardiglaciaire, les températures montent brutalement au début de cet interstade, puis reviennent progressivement à un climat plus frais. Cet épisode aurait vu un renouvellement significatif de la population d'Hommes modernes en Europe en provenance des Balkans ou d'Anatolie, après la dépression démographique due au dernier maximum glaciaire, vers 21 000 ans AP.

Autres interstades possibles (à confirmer)

  • Interstade d'Amersfoort : vers 64 000 ans avant le présent (AP)[11].
  • Interstade de Brörup : vers 58 000 ans AP[11].
  • Interstade d'Hengelo-les Cottés[12], de 37 650 à 33 350 ans AP[13]. Arlette Leroi-Gourhan (1983) propose de l'arrêter à 34 500 ans AP[14], Momplaisir (2003) le fait commencer à 39 000 ans AP. Il a porté ou porte encore d'autres noms : « Göttweig » (Bayer 1927, Momplaisir 2003[12]), « Hollabrunn » (Götzinger 1938), « Oberfellabrunn » (Brandiner 1954), « Stillfried A » (Fink 1954), « Mittelwürminterstadial » (Woldstedt 1956)[11]. Une phase d'instabilité de 34 500 à 33 000 ans AP[14], puis un stade froid de 33 000 à 31 500 ans AP[14].
  • Interstade d'Arcy : de 31 500 à 30 000 ans AP[14].

Peuplement

Jusque vers 48 000 ans AP, l'Europe est peuplée exclusivement par l'Homme de Néandertal. Des traces de peuplement par des Néandertaliens ont été trouvées par exemple au bau de l'Aubésier, à la baume des Peyrards et à la baume Bonne en France, dans les grottes de Wildkirchli et Cotencher en Suisse et dans la grotte Gudenus en Autriche.

Homo sapiens arrive en Europe en provenance du Proche-Orient par vagues successives, qui donneront successivement le Paléolithique supérieur initial (48 000 ans AP), l'Aurignacien (43 000 ans AP), et le Gravettien (31 000 ans AP).

Pendant le dernier maximum glaciaire, d'environ 26 000 à 19 000 ans AP, le froid extrême entraine un large dépeuplement de l'Europe, à l'exception des trois péninsules refuges que sont la péninsule Ibérique, l'Italie, et les Balkans. La remontée des températures au cours du Tardiglaciaire permet une recolonisation de l'Europe centrale et septentrionale à partir de ces péninsules.

La divergence entre les ancêtres des populations de l'Ouest et de l'Est de l'Europe au Paléolithique est estimée à environ 25 600 ans[15]. Elle se produit probablement en raison d'une détérioration de l'habitat et d'une contraction des refuges lors du dernier maximum glaciaire (LGM) potentiellement situés dans des régions plus douces. Ainsi, les populations européennes de chasseurs-cueilleurs après avoir connu un goulet d'étranglement très sévère s'étaient déjà divisées lors du dernier maximum glaciaire il y a environ 22 800 ans. Une étude de paléogénétique publiée en 2022 estime la taille de population effective du goulot d'étranglement à 383 individus. Ce faible nombre serait conforme aux données archéologiques suggérant une diminution de 60 % de la taille de la population de recensement dans la dernière partie du Gravettien, datée entre 29 000 et 25 000 ans AP, avec une population totale en Europe aussi faible que 700 à 1 550 individus. Ces analyses indiquent en outre que les chasseurs-cueilleurs européens se sont alors différenciés en deux refuges distincts à la fin du dernier maximum glaciaire il y a 21 700 ans, correspondant peut-être à ce que les archéologues identifient traditionnellement comme les aires de distribution des technocomplexes solutréens et épigravettiens[15].

Étendue maximale

Par rapport aux glaciations de Riss et de Mindel, le Würm a une étendue maximale relativement limitée. Toutefois, les glaciers des vallées sont suffisamment grands pour se rejoindre et former une immense calotte qui ne laisse dépasser que les montagnes les plus élevées.

Photo satellite de l'amphithéâtre morainique d'Ivrée au débouché de la vallée d'Aoste dans la plaine du Pô.

Dans le sud des Alpes, les glaciers restent cantonnés dans le haut de leurs vallées ; seul le glacier de la Durance acquiert une étendue considérable et descend jusqu'à Sisteron. Dans le Dauphiné, le Trièves reste épargné par les glaces ; cependant, un lac se forme car les eaux du Drac sont bloquées par le glacier de l'Isère avant d'arriver à Grenoble. De même, les glaces des Alpes occidentales se joignent à celles de la calotte jurassienne mais s'arrêtent 30 km avant Lyon. Sur le Plateau suisse, le glacier du Rhône, rejoint par le glacier de l'Aar, s'arrête au niveau de Wangen an der Aare et ne rejoint pas le glacier du Rhin qui s'arrête à Schaffhouse[16]. En Allemagne, le glacier du Lech s'arrête à Pürgen, celui de l'Isar à Schäftlarn et le glacier de l'Inn à Haag. En Autriche, les glaciers restent à l'intérieur des vallées et ne sortent pas dans l'avant-pays. Le glacier de la Salzach dépasse toutefois Salzbourg et celui de la Drave atteint Völkermarkt. Dans l'Est du pays, seul le sommet des massifs est recouvert de glace. En Italie, les glaciers s'avancent jusqu'à la plaine du Pô et sont à l'origine des grands lacs qui la bordent. Dans les régions plates (Lyon, Bavière), les glaces s'étalent en forme de lobe et les eaux de fonte sortent en de multiples endroits en se répartissant largement dans la plaine.

À cette époque, la température moyenne de la mer Méditerranée au pied des Alpes varie entre °C en hiver et 11 en été[17].

Fin de la glaciation

Le réchauffement commence par toucher l'hémisphère nord, au-dessus de 60° de latitude, à cause d'un léger changement orbital qui a rapproché la Terre du Soleil à l'été boréal. De plus, l'axe de rotation est incliné de sorte que l'hémisphère Nord bénéficie le premier du surplus d'insolation[18].

Le lac de Garde vu depuis le nord.

Dans les Alpes, le retrait est rapide. Le lac Léman et le lac d'Annecy sont libres de glace il y a 17 000 ans. Lors du dernier coup de froid du Dryas récent, l'avancée des glaciers reste limitée. Ainsi, au pied du Mont Blanc, les glaciers ne parviennent même pas à remplir la vallée de Chamonix[9].

Dans bien des cas, le retrait des glaciers s'est produit dans un milieu lacustre[9]. Ces lacs sont issus d'un surcreusement de la vallée à l'amont d'un verrou. Presque tous les lacs alpins sont d'origine glaciaire. De nombreux autres lacs avaient aussi été initialement formés tels que le lac du Grésivaudan, le lac de Rosenheim et les lacs des vallées de l'Arve et de l'Inn. Ceux-ci ont été cependant très rapidement comblés car ils étaient traversés par une grande rivière chargée de sédiments. Ce sont surtout les lacs à l'écart des grandes vallées ou alimentés par une rivière provenant d'une région calcaire qui ont pu survivre jusqu'à notre époque. Les eaux issues des glaciers sont trop troubles et trop froides pour que les poissons puissent y vivre. Ce n'est qu'il y a 14 600 ans, lors du réchauffement du Bölling-Allerød, qu'ils ont pu recoloniser les Alpes à partir des basses vallées du Danube, du Rhône et du Pô[19].

Lait glaciaire produit par de la farine de roche en suspension (ruisseau issu d'un glacier des Alpes de Stubai).

Repeuplement alpin

Bien qu'au plus fort de la glaciation le couloir rhodanien ait encore fourni de beaux exemples de la présence humaine (Roche de Solutré, baume d'Oullins, grotte de la Salpêtrière, grotte Chauvet), le repeuplement des Alpes ne se fait que lentement. En Suisse, le retrait glaciaire permet l'arrivée des hommes (Homo sapiens) dans la région. Le premier témoignage de leur retour se trouve dans la grotte de Kastelhöhle près de Soleure vers 17 500 ans AP, avec une industrie de type Badegoulien. Les sites se multiplient au temps des Magdaléniens (16 500 à 14 500 ans AP) mais seulement sur le plateau suisse et dans le Jura à basse altitude (moins de 900 m). Les hommes vivent dans une steppe froide et chassent les rennes et les chevaux. Leur présence en milieu montagnard ne commence vraiment qu'avec la phase fraiche du Bölling-Alleröd (14 600 à 12 900 ans AP), comme le montre l'abri sous bloc de Château d'Oex occupé par des chasseurs aziliens qui s'attaquaient aux cerfs et aux sangliers dans une forêt de bouleaux et de pins. Toutefois, cette première arrivée est rapidement interrompue par le bref mais intense retour du froid lors du Dryas récent (12 900 à 11 700 ans AP) qui forme le dernier épisode de la glaciation de Würm[20].

Flore

Dryades octopétales dans la toundra des Spitzberg.

Au maximum glaciaire, sur les hauteurs non couvertes par les glaces, la végétation correspond à celle de l'étage nival et le sol est soumis à la solifluxion. Dans les plaines côté nord, c'est la toundra, caractérisée par la présence de dryade octopétale (Dryas octopetala), une plante qui a donné son nom à une des dernières périodes climatiques du Würm. Elle est accompagnée d'armoises, de chenopodiaceae, de graminées, du bouleau nain et du saule polaire. Côté sud, c'est une steppe d'armoise de type méditerranéen avec quelques bosquets.

Après la glaciation, la recolonisation des Alpes s'est produite à partir de certaines zones de retrait spécifique. À partir de la toundra des plaines de l'Allemagne sont revenus l'armoise, le bouleau et le genévrier. Le pin et l'épicéa sont revenus depuis l'Europe orientale et son climat continental tandis que le sapin, le tilleul et le chêne avaient trouvé refuge sur les bords de la Méditerranée en profitant de son climat océanique et doux.

L'Amphithéâtre morainique d'Ivrée, moraine latérale du glacier du val d'Aoste.
La Pierrabot, bloc erratique provenant du massif du Mont-Blanc en Valais et déposé à Neuchâtel par le glacier du Rhône.
Un drumlin à Andechs produit par le glacier d'Isar-Loisach.

Les traces de la glaciation

Les traces de la glaciation de Würm sont celles qui sont le mieux conservées car elles n'ont pas été recouvertes ni détruites par d'autres glaciations puisque c'est la dernière grande glaciation. Elle a pu être reconstituée par l'analyse de la position des anciennes moraines, des trimlines et des blocs erratiques ainsi que de leur lieu d'origine.

Au Quaternaire, l'inlandsis, qui couvrait de nombreuses montagnes, laissa derrière lui des modelés d'accumulation et d'érosion tout à fait caractéristiques. Les esker, drumlin et chenaux proglaciaires marquent de nombreux paysages dans les régions périglaciaires.

Dans les Alpes, de nombreuses stries glaciaires, provoquées par le frottement des blocs contre la paroi de la vallée glaciaire, sont visibles. Des blocs erratiques laissés là par le glacier lors de sa fonte sont aussi facilement observables. On voit également des restes de glaciers ainsi que des cirques, notamment ceux du Taillefer dans le massif éponyme, au-dessus de la vallée de la Romanche. Ils sont des parfaits exemples de cirques glaciaires, avec un verrou glaciaire immense.

Les vestiges du Würm sont aussi les torrents, les lacs pro-glaciaires tels le Lauvitel, dans le parc national des Écrins, ou le lac Léman, en grande partie vestige du glacier du Rhône.

Dans les Vosges, les marques laissées par les glaciers sont également très identifiables : hautes vallées en auge (par exemple, la haute vallée de la Savoureuse), moraines, stries, lacs d'origine glaciaire.

Notes et références

Notes

  1. La Würm est un affluent de l’Ammer, connue aussi sous le nom de Amper. L'Ammer ou Amper est un affluent de l’Isar, lui-même un affluent du Danube.

Références

  1. (de) Albrecht Friedrich Karl Penck et Eduard Brückner, Die Alpen im Eiszeitalter, Leipzig, Chr. Herm. Tauchnitz, , 3 vol.
  2. (1988) Guy Monjuvent et Gérard Nicoud, « Modalités et chronologie de la déglaciation würmienne dans l'arc alpin occidental et les massifs français : synthèse et réflexions », Bulletin de l'association française pour l'étude du Quaternaire, vol. 25, nos 2-3,‎ , p. 147-156 (lire en ligne, consulté le )
  3. « 120 000 BP », dans Max Derruau, Les formes du relief terrestre. Notions de géomorphologie, Paris, Armand Colin, , 8e éd. (ISBN 2-200-21014-0), p. 74.
  4. François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre, Paris, Orléans, Belin, brgm éditions, , 255 p. (ISBN 2-7011-4081-1), p. 14.
  5. [PDF] (en) Philip D. Hughes et Jamie C. Woodward, « Timing of glaciation in the Mediterranean mountains during the last cold stage », Journal of Quaternary Science, vol. 23, nos 6-7,‎ , p. 575-588 (lire en ligne, consulté le ).
  6. (2006) Jean-Pierre Texier, « Nouvelle lecture géologique du site paléolithique du Pech-de-l’Azé II (Dordogne, France) », Paléo, no 18,‎ , p. 217-236 (lire en ligne, consulté le ), paragr. 2
  7. a et b Jean Méhu, « La glaciation würmienne », L'histoire du Luberon, des origines au siècle des Lumières, sur histoireduluberon.fr, 2004-2008 (consulté le ).
  8. (de) J.M. Reitner, « Das Inngletschersystem während des Würm-Glazials », Arbeitstagung der geologischen Bundesanstalt,‎ , p. 79-88 (lire en ligne, consulté le ).
  9. a b et c [PDF] Sylvain Coutterand, « Etude géomorphologique des flux glaciaires dans les Alpes nord-occidentales au Pléistocène récent », Thèse de doctorat, université de Savoie, sur tel.archives-ouvertes.fr, (consulté le ).
  10. (en) Nicolas Zwyns, Cleantha H. Paine, Bolorbat Tsedendorj et al., « The Northern Route for Human dispersal in Central and Northeast Asia: New evidence from the site of Tolbor-16, Mongolia », Scientific Reports, vol. 9, no 11759,‎ (DOI 10.1038/s41598-019-47972-1, lire en ligne)
  11. a b et c [Valoch 1967] Karel Valoch, « La subdivision du Pléistocène récent et l'apparition du Paléolithique supérieur en Europe centrale », Quaternaire, vol. 4, no 4,‎ , p. 263-269, p. 263. Valoch cite l'interstade de Göttweig comme étant à la transition Würm I-II, ce qui correspond aux anciennes divisions du Würm. Voir la page référencée pour le détail du changement de la chronologie établie pour le Würm et subséquemment de la notation de ses subdivisions.
  12. a et b [Momplaisir 2003] Michel-Ange Momplaisir, Propédeutique à L'Anthropologie Biologique, Coconut Creek, Floride, Educa Vision, , 554 p., sur books.google.fr (lire en ligne), p. 195.
  13. [Goñi 1997] (en) Maria F. Sanchez Goñi, « Les changements climatiques du Paléolithique supérieur. Enquête sur le rapport entre paléoclimatologie et préhistoire », Zephyrus, no 49,‎ , p. 3-36 (ISSN 0514-7336, lire en ligne [PDF] sur revistas.usal.es, consulté le ), p. 4.
  14. a b c et d [Broglio 1989] Alberto Broglio, « Le début du Paléolithique supérieur dans les régions méditerranéennes d'Europe », dans Giacomo Giacobini, Hominidae (Actes Du 2e Congrès International de Paléontologie Humaine, Turin, 28 septembre-3 octobre 1987), Milan, Jaca Book, , sur books.google.fr (lire en ligne), p. 437. Broglio cite les propositions d'Arlette Leroi-Gourhan et Chantal Leroyer en 1983.
  15. a et b (en) Nina Marchi, Laura Winkelbach, Ilektra Schulz et al., « The genomic origins of the world’s first farmers », Cell, (DOI 10.1016/j.cell.2022.04.008).
  16. La Suisse durant le dernier maximum glaciaire (LGM)), 1:500000, Office fédéral de topographie swisstopo, sur map.geo.admin.ch.
  17. (en) Angela Hayes, Michal Kucera, Nejib Kallel, Laura Sbaffi et Eelco J. Rohling, « Glacial Mediterranean sea surface temperatures based on planktonic foraminiferal assemblages », Quaternary Science Reviews, vol. 24, nos 7-9,‎ , p. 999–1016 (lire en ligne, consulté le ).
  18. [PDF] Edouard Bard, « Le dernier réchauffement climatique », La Recherche, no 474,‎ , p. 54-57 (www.college-de-france.fr/media/edouard-bard/UPL1026748074527999487_Bard13LaRecherche.pdf, consulté le ).
  19. [PDF] (de) P. Jäger, M. Häupl et H. Ibetsberger, « Die nacheiszeitliche Wiederbesiedelung der Salzburger Gewässer mit Fischen », Reihe Gewässerschutz, no 14,‎ , p. 55-90 (lire en ligne, consulté le ).
  20. [PDF] Pierre Crotti, « Le peuplement paléolithique et mésolithique de la Suisse », Geographica Helvetica, no 63,‎ , p. 168-175 (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes