« André Leducq » : différence entre les versions

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==== Champion de France amateur et nombreux succès (1922-1923) ====
==== Champion de France amateur et nombreux succès (1922-1923) ====
[[Fichier:André Leducq champion de France 1922.png|vignette|redresse|alt=Photographie d'un cycliste sur son vélo, un bouquet à la main, un homme le soutenant.|André Leducq, en maillot tricolore, félicité par [[Paul Ruinart]] pour son titre de champion de France.]]
Enrôlé dans le [[Vélo Club de Levallois|puissant club amateur]] dirigé par [[Paul Ruinart]], André Leducq affirme très vite ses brillantes aptitudes lors des épreuves [[Cyclisme sur route|sur route]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=14}}. Troisième de [[Paris-Rouen (cyclisme)|Paris-Rouen]], il remporte ensuite Paris-Mantes-Paris en réglant le sprint<ref name="miroir2">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1-3|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1045|date=10 janvier 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796006b/f2}}.</ref>. Leducq confirme cette première victoire avec des succès lors des Trophées du ''[[Le Petit Journal (quotidien)|Petit Journal]]'', le Grand Prix du Sporting{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=14}}, mais surtout en décrochant le titre de champion de France sur route dans la catégorie juniors à [[Rambouillet]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=14}}{{,}}<ref name="sergent">{{harvsp|Sergent|2002|p=1076}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|titre=Le jeune Anré Leducq, du V.C.L., succède à Marcillac comme champion de France junior|périodique=''[[L'Auto]]''|date=11 septembre 1922|pages=4|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46290381/f4}}.</ref>. Accélérant dans la deuxième ascension de la côte des [[dix-sept tournants]], il parvient détaché sur la ligne d'arrivée, avec près de deux minutes d'avance sur ses rivaux<ref name="miroir2"/>.

[[Fichier:André Leducq 1922 Championnat France juniors b.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie du coureur à l'arrivée, salué par la foule.|Victoire au championnat de France juniors en 1922.]]
[[Fichier:André Leducq 1922 Championnat France juniors b.jpg|vignette|gauche|alt=Photographie du coureur à l'arrivée, salué par la foule.|Victoire au championnat de France juniors en 1922.]]
Après une nouvelle victoire individuelle sur le Critérium des Amateurs<ref name="miroir2"/>, Leducq gagne avec ses coéquipiers du {{abréviation discrète|VCL|Vélo Club de Levallois}}, [[Maurice Bonney]] et [[Georges Wambst]], le Challenge des Juniors de l'[[Union vélocipédique de France]], Leducq réalisant à titre personnel le deuxième temps parmi tous les engagés<ref>{{article|titre=À Marseille le Challenge des Seniors, à Levallois celui des Juniors|périodique=''[[L'Auto]]''|date=2 octobre 1922|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46290596/f3}}.</ref>.
Nullement découragé par ses premiers résultats, André Leducq finit par se distinguer dans les courses de classement et les interclubs, ce qui lui permet d'intégrer le [[Vélo Club de Levallois]], un puissant club amateur dirigé par [[Paul Ruinart]]. Il affirme très vite ses brillantes aptitudes lors des épreuves [[Cyclisme sur route|sur route]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=14}}.


Dès 1922, il remporte Paris-Mantes-Paris, les Trophées du Petit Journal et le Grand Prix du Sporting{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=14}}. Il se classe également {{3e}} de [[Paris-Rouen (cyclisme)|Paris-Rouen]] et obtient sa première victoire d'importance en décrochant le titre de champion de France sur route dans la catégorie juniors à [[Rambouillet]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=14}}{{,}}<ref name="sergent">{{harvsp|Sergent|2002|p=1076}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|titre=Le jeune Anré Leducq, du V.C.L., succède à Marcillac comme champion de France junior|périodique=''[[L'Auto]]''|date=11 septembre 1922|pages=4|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46290381/f4}}.</ref>. Avec ses coéquipiers du {{abréviation discrète|VCL|Vélo Club de Levallois}}, [[Maurice Bonney]] et [[Georges Wambst]], il remporte le Challenge des Juniors de l'[[Union vélocipédique de France]], Leducq réalisant à titre personnel le deuxième temps parmi tous les engagés<ref>{{article|titre=À Marseille le Challenge des Seniors, à Levallois celui des Juniors|périodique=''[[L'Auto]]''|date=2 octobre 1922|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46290596/f3}}.</ref>. Les performances de Leducq attirent les commentaires des spécialistes. Dans ''[[L'Auto]]'', le journaliste Charles Ravaud souligne que c'est à son travail de musculation que le coureur doit ses récents succès : {{citation|Savez-vous bien que notre nouveau champion de France junior sur route, André Leducq, ne valait pas « chipette » au point de vue athlétique, il y a deux ans, alors qu'il appartenait à Montmartre Sportif, et que, grâce à elle, il est devenu, à dix-huit ans et demi, un gaillard admirablement souple, puissant, bien construit, superbement proportionné.<ref>{{article|titre=Les commentaires de la semaine - Cyclisme|auteur=Charles Ravaud|périodique=''[[L'Auto]]''|date=12 septembre 1922|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4629039f/f4|pages=4}}.</ref>}}
Les performances du coureur attirent les commentaires des spécialistes. Dans ''[[L'Auto]]'', le journaliste Charles Ravaud souligne que c'est à son intense travail de musculation qu'il doit ses récents succès : {{citation|Savez-vous bien que notre nouveau champion de France junior sur route, André Leducq, ne valait pas « chipette » au point de vue athlétique, il y a deux ans, alors qu'il appartenait à Montmartre Sportif, et que, grâce à elle, il est devenu, à dix-huit ans et demi, un gaillard admirablement souple, puissant, bien construit, superbement proportionné<ref>{{article|titre=Les commentaires de la semaine - Cyclisme|auteur=Charles Ravaud|périodique=''[[L'Auto]]''|date=12 septembre 1922|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4629039f/f4|pages=4}}.</ref>.}}


[[Fichier:André Leducq 1923.png|vignette|redresse|alt=Portrait du coureur portant une écharpe tricolore.|André Leducq après sa victoire dans les Trophées du Petit Journal, en 1923.]]
Pendant la saison hivernale, il obtient un contrat pour s'entraîner sur le vélodrome de Pont-Magnan à [[Nice]], puis en 1923, il remporte à nouveau les Trophées du Petit Journal ainsi que [[Paris-Troyes]] et l'Étoile de Paris, une course sur laquelle sa domination est totale puisqu'il s'empare de trois victoires en cinq étapes, en plus du classement général{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=15}}{{,}}<ref>{{article|titre=Etoile de Paris|périodique=''[[L'Auto]]''|date=7 mai 1923|pages=6|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4629276d/f6}}.</ref>. Le {{date-|25 août}}, il participe aux [[Championnats du monde de cyclisme sur route 1923|Championnats du monde]] à [[Zurich]], ouverts aux seuls coureurs amateurs. Très actif pendant la course, il se lance dans une échappée en solitaire et n'est rejoint qu'à {{unité|15|kilomètres}} de l'arrivée. Il se classe finalement sixième de la course, dans le même temps que le vainqueur italien [[Libero Ferrario]]<ref>{{article|titre=Les championnats du monde à Zurich|auteur=Gaston Bénac|périodique=''[[L'Auto]]''|date=26 août 1923|pages=2|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4629387j/f2}}.</ref>.
Pendant la saison hivernale, il obtient un contrat pour s'entraîner sur le vélodrome de Pont-Magnan à [[Nice]], puis en 1923, il remporte d'abord l'Étoile de Paris, une course sur laquelle sa domination est totale puisqu'il s'empare de trois victoires en cinq étapes, en plus du classement général{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=15}}{{,}}<ref>{{article|titre=Etoile de Paris|périodique=''[[L'Auto]]''|date=7 mai 1923|pages=6|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4629276d/f6}}.</ref>. Leducq s'impose également sur [[Paris-Troyes]], et gagne comme l'année précédente les Trophées du ''[[Le Petit Journal (quotidien)|Petit Journal]]''{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=15}}. Le {{date-|25 août}}, il participe aux [[Championnats du monde de cyclisme sur route 1923|Championnats du monde]] à [[Zurich]], ouverts aux seuls coureurs amateurs. Très actif pendant la course, il se lance dans une échappée en solitaire et n'est rejoint qu'à {{unité|15|kilomètres}} de l'arrivée. Il se classe finalement sixième de la course, dans le même temps que le vainqueur italien [[Libero Ferrario]]<ref>{{article|titre=Les championnats du monde à Zurich|auteur=Gaston Bénac|périodique=''[[L'Auto]]''|date=26 août 1923|pages=2|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4629387j/f2}}.</ref>.

En fin de saison, les coureurs du [[Vélo Club de Levallois]] sont invités en [[Espagne]] pour prendre part à la course Madrid-Santander. Battu au sprint par le coureur luxembourgeois [[Nicolas Frantz]] lors de la première étape après que son arrache-clou mal fixé a bloqué sa roue, André Leducq ne peut faire son retard dans la seconde et prend la deuxième place du classement général de l'épreuve<ref name="miroir3">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1-3|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1048|date=31 janvier 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97979557/f3}}.</ref>.


==== Champion du monde (1924) ====
==== Champion du monde (1924) ====
[[Fichier:André Leducq 1924.jpg|vignette|redresse|alt=Photographie en noir et blanc d'un coureur cycliste tenant un vélo.|André Leducq sous les couleurs du [[Vélo Club de Levallois]] en 1924.]]
[[Fichier:André Leducq et son père (1924).png|vignette|gauche|redresse|alt=Photographie d'un coureur cycliste en tenue posant à côté d'un homme en costume.|André Leducq pose à côté de son père, en 1924.]]
En 1924, André Leducq doit être incorporé à l'armée pour effectuer son [[Service militaire en France|service militaire]] mais Paul Ruinart lui permet d'obtenir un sursis afin qu'il puisse préparer les [[Cyclisme aux Jeux olympiques d'été de 1924|Jeux olympiques]] qui se tiennent [[Paris]]. Il y dispute la course individuelle sur route, courue sous la forme d'un contre-la-montre individuel sur une distance de {{unité|188|kilomètres}}<ref name="cc moret17">{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=17}}.</ref>. « Non classé<ref>Seuls les six premiers sont officiellement « classés ».</ref> », il réalise le neuvième temps de l'épreuve, gêné par trois crevaisons, en {{heure|6|39|16}}, contre {{heure|6|20|48}} pour le vainqueur [[Armand Blanchonnet]]<ref>{{lien web|format=pdf|url=http://la84foundation.org/6oic/OfficialReports/1924/1924part2.pdf|titre=Les Jeux de la {{VIIIe}} olympiade - Paris 1924 - Rapport officiel|site=la84foundation.org|consulté le=25 janvier 2012}}.</ref>, membre comme lui du [[Vélo Club de Levallois|Vélo-Club de Levallois]]. Dix jours plus tard, le {{date-|2 août}}, il devient [[Championnats du monde de cyclisme sur route 1924|champion du monde sur route amateur]] à Versailles<ref>Une Fleur au Guidon, Roger Bastide 1978 p.72</ref>, Blanchonnet est seulement troisième<ref>{{harvsp|Chany|p=299}}.</ref>{{,}}<ref name="cc moret17"/>.
En 1924, André Leducq doit être incorporé à l'armée pour effectuer son [[Service militaire en France|service militaire]] mais Paul Ruinart lui permet d'obtenir un sursis afin qu'il puisse préparer les [[Cyclisme aux Jeux olympiques d'été de 1924|Jeux olympiques]] qui se tiennent [[Paris]] et dont il est l'un des principaux favoris<ref name="cc moret17"/>{{,}}<ref name="miroir4"/>. Avant l'épreuve olympique, Leducq connaît un mois de juin fructueux, et obtient une série de bons résultats : il se classe {{2e}} de Paris-Orléans<ref>{{article|titre=A. Vugé enlève brillamment Paris-Orléans|périodique=[[L'Auto]]|date=2 juin 1924|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4684613c/f3}}.</ref> puis remporte pour la troisième année consécutive les Trophées du ''Petit Journal''<ref>{{article|titre=André Leducq gagne pour la {{3e|fois}} le Trophée cycliste du Petit Journal|périodique=[[L'Auto]]|date=9 juin 1924|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4684621x/f3}}.</ref>. Il devient également champion de France amateurs le {{date-|22 juin}} en battant au sprint son coéquipier [[Armand Blanchonnet]], sur un circuit de {{unité|100|kilomètres}} tracé autour de [[Bordeaux]]<ref>{{article|titre=André Leducq est champion de France amateur des 100 kil. sur route|périodique=[[L'Auto]]|date=23 juin 1924|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46846386/f3}}.</ref>.


Le {{date-|23 juillet}}, André Leducq dispute l'épreuve individuelle sur route des Jeux olympiques, courue sous la forme d'un contre-la-montre individuel de {{unité|188|kilomètres}}<ref name="cc moret17">{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=17}}.</ref>. « Non classé<ref group="Note">Seuls les six premiers sont officiellement « classés ».</ref> », il réalise le neuvième temps de l'épreuve, gêné par trois crevaisons et contraint de se ravitailler plusieurs fois, en {{heure|6|39|16}}, contre {{heure|6|20|48}} pour le vainqueur [[Armand Blanchonnet]]<ref name="jo24">{{lien web|format=pdf|url=https://digital.la84.org/digital/collection/p17103coll8/id/13498/rec/9|titre=Les Jeux de la {{VIIIe}} olympiade - Paris 1924 - Rapport officiel|site=la84foundation.org|consulté le=20 juin 2023}}.</ref>{{,}}<ref name="auto jo1924">{{article|titre=La France enlève la première épreuve cycliste|périodique=[[L'Auto]]|date=24 juillet 1924|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4684670d/f3}}.</ref>.
En 1925, André Leducq intègre le [[90e régiment d'infanterie|{{90e|régiment}} d'infanterie]], basé à [[Tours]]. À peine engagé, il remporte le championnat de France sur routes militaires<ref>{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=18-19}}.</ref>. Il remporte également le championnat de France amateurs<ref name="sergent" />.

L'équipe de France, qui compte également dans ses rangs [[René Hamel]] et [[Georges Wambst]], remporte le classement par équipes, même si la performance d'André Leducq n'est pas comptabilisée : seuls les trois meilleurs temps de chaque nation sont pris en compte pour établir le classement et Leducq n'est que le quatrième français de l'épreuve<ref name="miroir4">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1-2|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1051|date=21 février 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9797999d/f1}}.</ref>.
<gallery caption="Jeux olympiques de 1924, à Paris." mode="packed">
L'équipe de France cycliste olympique sur route en 1924 (médaillée d'or).jpg|alt=Montage photographique présentant cinq cyclistes côte à côte.|L'équipe de France de cyclisme sur route.
Jo 1924 france cyclisme2.png|alt=Photographie montrant quatre cyclistes à l'entraînement sur un vélodrome.|André Leducq mène l'équipe à l'entraînement.
Jo 1924 france cyclisme.png|alt=Photographie en noir et blanc montrant cinq hommes se tenant debout, en costume et pantalon blanc, portant chacun un canotier.|André Leducq, {{2e}} à gauche, et ses coéquipiers.
Jo 1924 leducq.png|alt=Photographie d'un cycliste portant un maillot tricolore.|Leducq à l'arrivée.
</gallery>

[[Fichier:Leducq championnat du monde 1924.png|vignette|alt=Photographie d'un cycliste en course, avançant tête baissée.|L'attaque décisive d'André Leducq dans la côte des [[dix-sept tournants]].]]
Dix jours plus tard, le {{date-|2 août}}, il devient [[Championnats du monde de cyclisme sur route 1924|champion du monde sur route amateurs]] à [[Versailles]], au terme d'une course animée par l'ensemble des coureurs français<ref>Une Fleur au Guidon, Roger Bastide 1978 p.72</ref>, où Blanchonnet est seulement troisième<ref>{{harvsp|Chany|p=299}}.</ref>{{,}}<ref name="cc moret17"/>. Échappé en solitaire entre [[Chartres]] et [[Rambouillet]], André Leducq est repris par Armand Blanchonnet et le coureur suisse [[Otto Lehner]], mais il place une nouvelle attaque décisive dans la côte des [[dix-sept tournants]] pour s'imposer avec plus d'une minute d'avance sur ce dernier<ref name="l'auto 030824">{{article|auteur=Charles Ravaud|titre=Après une course formidable André Leducq du V.C.L. s'adjuge le titre de champion du monde amateurs sur route|périodique=[[L'Auto]]|date=3 août 1924|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46846816/f3}}.</ref>. Charles Ravaud, correspondant de ''[[L'Auto]]'', fait l'éloge de Leducq après la course : {{citation bloc|L'homme est épatant, complet, parfait. C'est l'as dans toute sa splendeur, à la santé florissante, au cœur bien accroché, capable de fournir tous les efforts<ref name="l'auto 030824"/>.}}

==== Champion de France militaires et amateurs (1925) ====
[[Fichier:André Leducq champion de France militaires 1925.png|vignette|gauche|alt=Cycliste entrant sur la piste d'un vélodrome sous le regard de deux agents et de la foule dans les tribunes.|André Leducq au championnat de France militaires 1925.]]
En 1925, après un succès au Grand Prix olympique, disputé sur un parcours autour de [[Reims]]<ref>{{article|titre=Leducq vainqueur à Reims|périodique=[[L'Auto]]|pages=2|date=23 mars 1925|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4684927f/f2}}.</ref>, puis une {{2e|place}} dans [[Paris-Évreux]] derrière [[Pierre Magne]]<ref>{{article|titre=P. Magne (S.S.S.) gagne le 15e Paris-Evreux|périodique=[[L'Auto]]|date=30 mars 1925|pages=2|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4684936d/f2}}.</ref>, André Leducq intègre le [[90e régiment d'infanterie|{{90e|régiment}} d'infanterie]], basé à [[Tours]], pour effectuer son [[Service militaire en France|service militaire]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=18-19}}.

[[Fichier:André Leducq 1925 Championnat France 100 kms.jpg|vignette|alt=Coureur cycliste posant après sa victoire, entouré par la foule.|Le coureur félicité après sa victoire dans le championnat de France amateurs.]]
À peine engagé, il dispute le [[Championnats de France de cyclisme sur route|championnat de France militaires sur route]] à [[Vincennes]], une épreuve qu'il remporte aisément{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=18-19}}. En juillet, André Leducq et ses coéquipiers du [[Vélo Club de Levallois]] remportent la Traversée de la France par relais, une épreuve organisée par ''[[Le Petit Journal (quotidien)|Le Petit Journal]]'' entre [[Marseille]] et [[Lille]]. Leducq assure l'avant-dernier relais de l'épreuve, entre les points de contrôle de [[Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)|Saint-Denis]] et [[Amiens]]<ref>{{article|titre=La Traversée de la France par relais|périodique=[[L'Auto]]|date=15 juillet 1925|pages=3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4684307m/f3}}.</ref>{{,}}<ref name="miroir5">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1-2|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1054|date=14 mars 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97963531/f2}}.</ref>. Il bénéficie encore d'une permission pour se rendre au [[Portugal]], où l'équipe de France olympique est invitée à disputer le Grand Prix de Lisbonne. Tandis que ses coéquipiers abandonne, André Leducq s'impose avec une vingtaine de minutes d'avance sur ses poursuivants<ref name="miroir5"/>. Au mois d'août, il conserve son titre de champion de France amateurs sur route, couru en circuit autour de [[Rambouillet]], en réglant au sprint un groupe de six coureurs<ref>{{article|titre=André Leducq (V.C.L.) conserve le maillot tricolore de Champion de France sur Route|périodique=[[L'Auto]]|date=31 août 1925|pages=1, 3|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4684357h/f1}}.</ref>{{,}}<ref name="sergent" />.

En fin de saison, André Leducq obtient des permissions pour disputer quelques réunions [[Cyclisme sur piste|sur piste]] au [[Vélodrome d'Hiver]]. C'est là qu'il dispute sa dernière course comme amateur, le {{date-|5 décembre}}, à l'occasion d'un match France-Belgique de vitesse<ref name="miroir5"/>.


=== Carrière professionnelle ===
=== Carrière professionnelle ===
==== Les premières victoires (1926-1927) ====
==== Débuts difficiles et premières victoires (1926-1927) ====
[[Fichier:Tour de France 1927 Etape 24 André Leducq.jpg|vignette|gauche|alt=Cycliste entrant sur la piste d'un vélodrome, devant une foule nombreuse en tribune.|André Leducq entre en vainqueur sur le vélodrome du [[Parc des Princes]], lors de la dernière étape du [[Tour de France 1927]].]]
Contrairement à l'avis de Paul Ruinart, André Leducq devient professionnel en 1926 au sein de l'équipe Thomann-Dunlop, dirigée par [[Ludovic Feuillet]]. En méforme et devant la difficulté d'obtenir des permissions, il n'obtient aucun résultat significatif lors de cette saison<ref>{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=20}}.</ref>. Libéré de ses obligations militaires, en 1927, il est engagé par l'équipe la plus puissante de l'époque, [[équipe cycliste Alcyon|Alcyon-Dunlop]]. En {{date-|juillet 1927}}, André participe pour la première fois au [[Tour de France 1927|Tour de France]]. Après une [[Tour de France 1926|édition 1926]] qualifiée d'ennuyeuse par les suiveurs, le directeur de la course [[Henri Desgrange]] essaye une nouvelle formule : lors des étapes de plaine, soit seize des vingt-quatre étapes, les équipes partent séparément, de quart d'heure en quart d'heure. Leducq est une des révélations de l'épreuve et remporte trois étapes : la sixième à [[Brest]] et les deux dernières à [[Dunkerque]] et [[Paris]]. Il termine à la quatrième place du classement général et premier Français. Avec [[Antonin Magne]], qui débute également sur la « grande boucle » et finit sixième, il incarne le renouveau du cyclisme français<ref>{{harvsp|McGann|McGann|2006|id=McGann|texte=The Story of the Tour de France|p=87}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Eclimont|2013|p=75-76}}.</ref>.
Contre l'avis de [[Paul Ruinart]], André Leducq devient professionnel en 1926 au sein de l'[[Équipe cycliste Thomann|équipe Thomann-Dunlop]], dirigée par [[Ludovic Feuillet]]. En méforme et devant la difficulté d'obtenir des permissions, il n'obtient aucun résultat significatif lors de cette saison<ref>{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=20}}.</ref>. Ses deux premières courses professionnelles, le [[Tour des Flandres 1926|Tour des Flandres]] et [[Paris-Roubaix 1926|Paris-Roubaix]], se soldent par deux abandons<ref name="miroir6">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1-2|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1055|date=21 mars 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9797150d/f2}}.</ref>. Ne pouvant prendre part au championnat de France militaires, pour une affaire de règlement, il s'engage sur le championnat de vitesse, dont il se classe deuxième derrière Domanchin<ref name="miroir6"/>.

Libéré de ses obligations militaires, en 1927, André Leducq envisage de meilleurs résultats. En début de saison, après avoir terminé {{3e}} de [[Paris-Le Havre]], il fait bonne figure sur [[Paris-Roubaix 1927|Paris-Roubaix]] et accompagne le groupe de tête jusqu'à {{unité|5|km}} de l'arrivée, lorsqu'une crevaison lui fait perdre toute chance de victoire<ref name="miroir7">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1058|date=12 avril 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9797960j/f2}}.</ref>. Au mois de juin, il est engagé pour la première fois sur le [[Tour de France 1927|Tour de France]]. Après une [[Tour de France 1926|édition 1926]] qualifiée d'ennuyeuse par les suiveurs, le directeur de la course, [[Henri Desgrange]], essaye une nouvelle formule : lors des étapes de plaine, soit seize des vingt-quatre étapes, les équipes partent séparément, de quart d'heure en quart d'heure{{sfn|Eclimont|2013|p=75-76}}. André Leducq est une des révélations de cette édition : il remporte trois étapes (la sixième à [[Brest]] et les deux dernières à [[Dunkerque]] et [[Paris]]) et termine quatrième de l'épreuve. Premier Français au classement général, il incarne alors, avec [[Antonin Magne]], qui termine sixième pour ses débuts sur la « Grande Boucle », le renouveau du cyclisme français{{sfn|McGann|McGann|2006|id=McGann|texte=The Story of the Tour de France|p=87}}{{,}}{{sfn|Eclimont|2013|p=75-76}}.

[[Fichier:Leducq Tour du Pays basque 1927.png|vignette|alt=Cycliste entouré par la foule nombreuse.|Leducq (au centre) après sa victoire dans la première étape du Tour du Pays basque.]]
À la demande de son directeur sportif, [[Ludovic Feuillet]], Leducq participe au [[Tour du Pays basque 1927|Tour du Pays basque]]. Il s'y distingue en remportant les deux premières étapes à [[Vitoria-Gasteiz|Vitoria]] et [[Pampelune]]<ref name="miroir8">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=2|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1063|date=16 mai 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9798000g/f3}}.</ref>, mais cède du terrain dans la troisième étape vers [[Saint-Sébastien (Espagne)|Saint-Sébastien]] : victime d'une crevaison et abandonné par ses coéquipiers qui refusent de l'attendre, il perd la première place du classement général et termine l'épreuve au deuxième rang, le lendemain<ref name="miroir9">{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1064|date=23 mai 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9798000g/f3}}.</ref>. En fin de saison, sa première participation au [[Championnats de France de cyclisme sur route|championnat de France]] dans la catégorie des professionnels se solde par une cinquième place<ref name="miroir9"/>.


==== Succès sur Paris-Roubaix et victoires d'étapes sur le Tour de France (1928-1929) ====
==== Succès sur Paris-Roubaix et victoires d'étapes sur le Tour de France (1928-1929) ====
[[Fichier:André Leducq Tour de France 1929.JPG|thumb|upright|alt=Portrait en noir et blanc d'un homme en costume cravate.|André Leducq en 1929.]]
[[Fichier:Leducq Paris-Roubaix 1928.png|vignette|gauche|alt=Cycliste franchissant la ligne d'arrivée marqué par l'effort et portant des lunettes opaques.|André Leducq à l'arrivée de [[Paris-Roubaix 1928]].]]
André Leducq se retrouve dans une situation délicate au début de l'année 1928 : son père, comptable et administrateur de ses biens, lui reproche son train de vie et décide de lui couper les vivres, cependant que son contrat est menacé{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=23-24}}.
Au début de l'année 1928, André Leducq est dans une situation délicate. Son père, comptable et administrateur de ses biens, lui reproche son train de vie et lui coupe les vivres. Son contrat avec Alcyon est menacé. Le {{date-|1er avril}}, il gagne Paris-Le Havre et la semaine suivante, il remporte sa première grande classique en s'imposant sur [[Paris-Roubaix 1928|Paris-Roubaix]]<ref name="cc moret23-24">{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=23-24}}.</ref>. Il bat au sprint les Belges [[Georges Ronsse]] et [[Charles Meunier (cycliste)|Charles Meunier]]<ref>{{harvsp|Sergent|id=Sergent|p=167-170}}.</ref>. Ce succès lance véritablement sa carrière et Leducq se livre à la confidence dans son autobiographie ''Une fleur au guidon'' : {{citation|C'est seulement sous la douche que j'ai réalisé : la prime de victoire pour Paris-Roubaix, chez Alcyon, était de cinq mille francs… Douce perspective. Mais cela venait après. En passant la ligne, je n'avais éprouvé qu'un sentiment d'orgueil immense : tu as gagné Paris-Roubaix, tu as gagné la plus belle<ref name="lnc"/> !}}


Pour autant, il réalise un excellent début de saison : désormais coureur de la firme [[Équipe cycliste Alcyon|Alcyon]], il gagne [[Paris-Le Havre]] le {{date-|1er avril}} puis remporte la semaine suivante sa première grande classique en s'imposant sur [[Paris-Roubaix 1928|Paris-Roubaix]] en battant au sprint les Belges [[Georges Ronsse]] et [[Charles Meunier (cycliste)|Charles Meunier]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=23-24}}{{,}}{{sfn|Sergent|id=Sergent|p=167-170}}. Dans son autobiographie ''Une fleur au guidon'', André Leducq se livre à la confidence sur ce succès qui lance véritablement sa carrière : {{citation|C'est seulement sous la douche que j'ai réalisé : la prime de victoire pour Paris-Roubaix, chez Alcyon, était de cinq mille francs… Douce perspective. Mais cela venait après. En passant la ligne, je n'avais éprouvé qu'un sentiment d'orgueil immense : tu as gagné Paris-Roubaix, tu as gagné la plus belle<ref name="lnc"/> !}}
Une semaine avant le départ du [[Tour de France 1928|Tour de France]], il se classe {{2e}} du championnat de France et fait alors figure de favori pour la Grande Boucle<ref name="cc moret23-24"/>. Malgré les défauts constatés lors de l'édition précédente, [[Henri Desgrange]] conserve la formule inaugurée sur le Tour 1927 : 15 des {{unité|22|étapes}} sont disputées avec départs séparés des équipes, ce qui favorise les équipes importantes, comme l'équipe Alcyon dont sont membres André Leducq et le vainqueur sortant [[Nicolas Frantz]]. Ce dernier gagne la première étape et garde le maillot jaune du début à la fin de la course. Après avoir perdu dix minutes à cause d'une crevaison lors de la première étape, Leducq est fortement critiqué, mais il gagne la deuxième étape à [[Cherbourg]], puis une autre à [[Perpignan]], [[Marseille]] et [[Belfort]]. Il est deuxième du classement général final, derrière Frantz, qui gagne son deuxième Tour consécutif et devant le Belge [[Maurice De Waele]], un autre coureur d'Alcyon<ref>{{lien web|url=http://memoire-du-cyclisme.net/eta_tdf_1903_1939/tdf1928.php|titre=Tour de France 1928|site=memoire-du-cyclisme.net|consulté le=25 janvier 2012}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=220-221}}.</ref>. En {{date-|septembre 1928}}, Leducq achète un pavillon à [[Sartrouville]]<ref>{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=25}}.</ref>, puis se marie avec Marthe Bergeron, originaire de la commune de [[Saint-Mammès]]. Il y séjourne régulièrement, notamment au bateau-lavoir que gère sa belle-mère. Entre 1928 et 1931, il achète une petite maison qu'il destine à la location, puis une maison sur le quai du [[Loing]], où il élit domicile. Il s'entraîne le plus souvent sur la piste en ciment du vélodrome de [[Champagne-sur-Seine]], une commune voisine<ref>{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=31-35}}.</ref>.


Une semaine avant le départ du [[Tour de France 1928|Tour de France]], il se classe {{2e}} du [[Championnats de France de cyclisme sur route|championnat de France]], disputé pour la première fois sur le [[Autodrome de Linas-Montlhéry|circuit de Montlhéry]], et fait alors figure de favori pour la Grande Boucle{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=23-24}}. Malgré les défauts constatés lors de l'édition précédente, [[Henri Desgrange]] reconduit la formule des départs séparés pour les équipes : 15 des {{unité|22|étapes}} sont disputées dans ce format, ce qui favorise les grandes équipes comme [[Équipe cycliste Alcyon|Alcyon]] qui engage Leducq et le vainqueur sortant [[Nicolas Frantz]]. Ce dernier remporte la première étape et conserve le maillot jaune du début à la fin de la course{{sfn|Eclimont|2013|p=77-79}}.
En 1929, Henri Desgrange revient sur la formule des départs séparés : le Tour de France est de nouveau disputé individuellement, l'entraide entre coureurs est interdite. André Leducq gagne la deuxième étape, à [[Cherbourg]]. À [[Bordeaux]], Nicolas Frantz remporte la septième étape, trois coureurs revêtent le maillot jaune : Frantz, Leducq et [[Victor Fontan]]<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=45}}.</ref>. À [[Perpignan]], Maurice De Waele récupère le maillot jaune. Malade, il bénéficie alors de l'aide des autres coureurs d'Alcyon, dont Leducq, qui bloquent la course et l'accompagnent pour favoriser sa victoire, malgré le règlement. Des coureurs « isolés » et des adversaires sont également sollicités. Leducq gagne quatre autres étapes et termine à la onzième place du classement général. Les conditions de la victoire de De Waele font dire à Henri Desgrange : {{citation|On fait gagner un cadavre ! Comment un Maillot Jaune aussi facile à dépouiller a-t-il pu conserver la première place ?}} Après plusieurs éditions et des changements de formules qui ont dégradé l'image de l'épreuve ({{citation|l'époque la plus ténébreuse du Tour}} selon [[Pierre Chany]]), celui-ci, ainsi que son règlement, qui interdit l'entraide, sont définitivement discrédités<ref>{{harvsp|Viollet|2007|p=95-96}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=223-228}}.</ref>.


Fortement critiqué après avoir perdu dix minutes à la suite d'une crevaison lors de la première étape, André Leducq se reprend dès le lendemain pour s'imposer à [[Cherbourg]]<ref>{{article|titre={{2e|Tour}} de France cycliste|périodique=[[L'Auto]]|pages=1, 3|date=19 juin 1928|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k46324855/f1}}.</ref>. Au total, il remporte quatre étapes dans cette édition, en gagnant également à [[Perpignan]], [[Marseille]] et [[Belfort]], et prend la deuxième place du classement général final devant le coureur belge [[Maurice De Waele]], un autre coureur d'Alcyon{{sfn|Eclimont|2013|p=75-76}}{{,}}{{sfn|Chany|2004|p=220-221}}.
==== Double vainqueur du Tour de France (1930-1932) ====

<gallery caption="Tour de France 1928." mode="packed">
Tour de France 1928 Etape 11 André Leducq.jpg|alt=Cycliste posant sur son vélo, un bouquet à la main, sur la piste d'un vélodrome.|Leducq après sa victoire à [[Marseille]] dans la {{11e|étape}}.
Tour de France 1928 Etape 10 André Leducq Nicolas Frantz Maurice De Waele.jpg|alt=Trois cyclistes posant à l'arrivée, se tenant par l'épaule, à côté d'hommes en costume.|Leducq (à gauche), [[Nicolas Frantz]] et [[Maurice de Waele]] après la {{10e|étape}} à [[Perpignan]].
Tour de France 1928 Etape 13 André Leducq Marcel Bidot sommet Allos.jpg|alt=Cyclistes au sommet d'un col, sur une route empierrée, l'un sur son vélo, l'autre marchant à côté de sa bicyclette.|Leducq (à gauche) au [[col d'Allos]], en compagnie de [[Marcel Bidot]], dans la {{13e|étape}}.
Tour de France 1928 Etape 15 Joseph Curtel André Leducq.jpg|alt=Cyclistes assis sur le bord d'une route.|Leducq (à droite) et [[Joseph Curtel]] avant le départ de la {{15e|étape}}.
</gallery>

En {{date-|septembre 1928}}, Leducq achète un pavillon à [[Sartrouville]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=25}} et se marie avec Marthe Bergeron, originaire de la commune de [[Saint-Mammès]]{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=31-35}}. Il y séjourne régulièrement, notamment au bateau-lavoir que gère sa belle-mère. Entre 1928 et 1931, il achète une petite maison qu'il destine à la location, puis une maison sur le quai du [[Loing]], où il élit domicile. Il s'entraîne le plus souvent sur la piste en ciment du vélodrome de [[Champagne-sur-Seine]], une commune voisine{{sfn|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=31-35}}.

André Leducq conclut la saison 1928 en prenant comme l'année précédente la {{2e|place}} du [[Tour du Pays basque 1928|Tour du Pays basque]], ajoutant une victoire dans la {{3e|étape}}, puis en s'engageant sur les [[Six Jours de Buffalo]], sa première participation à ce type d'épreuve, associé à [[Georges Cuvelier]]<ref>{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1-2|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1070|date=4 juillet 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796989q/f3}}.</ref>.

[[Fichier:André Leducq Tour de France 1929.JPG|vignette|redresse|alt=Portrait d'un homme en costume.|André Leducq en 1929.]]
En 1929, André Leducq connaît une série de résultats décevants. Incapable de jouer les premiers rôles sur les premières [[Classique (cyclisme)|classiques]] de la saison, il n'obtient sa sélection pour le [[Championnats de France de cyclisme sur route|championnat de France]] que lors de la dernière épreuve qualificative, le [[Circuit de Paris]]<ref>{{article|auteur=Raymond Huttier|titre=Ma vie sportive, par André Leducq|pages=1|périodique=[[Le Miroir des sports]]|numéro=1071|date=11 juillet 1939|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97984033/f2.item.zoom3}}.</ref>. À la surprise des suiveurs qui doutaient encore de ses capacités, il prend la {{3e|place}} du championnat de France, à trois minutes du vainqueur [[Marcel Bidot]], obtenant ainsi son premier podium de la saison<ref>{{article|titre=Marcel Bidot enlève brillamment le championnat de France cycliste sur route|périodique=[[L'Auto]]|date=17 juin 1929|pages=1|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4632865s/f1}}.</ref>.

Pour le [[Tour de France 1929|Tour de France]], [[Henri Desgrange]] revient sur la formule des départs séparés : l'épreuve est de nouveau disputée individuellement et l'entraide entre coureurs est interdite. André Leducq gagne la deuxième étape à [[Cherbourg]], puis fait partie des trois coureurs qui revêtent le maillot jaune à [[Bordeaux]], au terme de la {{7e|étape}}, avec [[Nicolas Frantz]] et [[Victor Fontan]], avant de le perdre le lendemain{{sfn|Cazeneuve|2010|p=45}}. La victoire au classement général revient finalement au coureur belge [[Maurice De Waele]], qui récupère le maillot jaune après la onzième étape à [[Perpignan]], mais les conditions de sa victoire font parler. Malade dans les derniers jours de course, Maurice de Waele bénéficie alors de l'aide des autres coureurs d'[[Équipe cycliste Alcyon|Alcyon]], dont Leducq, qui bloquent la course et l'accompagnent en dépit du règlement. Des coureurs « isolés » et des adversaires sont également sollicités. En colère, Henri Desgrange déclare : {{citation|On fait gagner un cadavre ! Comment un Maillot Jaune aussi facile à dépouiller a-t-il pu conserver la première place ?}} Après plusieurs éditions et des changements de formules qui ont dégradé l'image de l'épreuve, au point que le journaliste [[Pierre Chany]] évoque {{citation|l'époque la plus ténébreuse du Tour}}, Desgrange et son règlement qui interdit l'entraide sont définitivement discrédités{{sfn|Viollet|2007|p=95-96}}{{,}}{{sfn|Chany|2004|p=223-228}}. De son côté, André Leducq gagne au total cinq étapes et termine à la onzième place du classement général{{sfn|Cazeneuve|2010|p=45}}.

==== Première victoire dans le Tour de France (1930) ====
[[Fichier:1930-Learco Guerra-Tour.jpg|thumb|upright|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste couvert de boue à l'arrivée d'une course.|L'Italien Learco Guerra est battu par André Leducq sur le Tour 1930.]]
[[Fichier:1930-Learco Guerra-Tour.jpg|thumb|upright|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste couvert de boue à l'arrivée d'une course.|L'Italien Learco Guerra est battu par André Leducq sur le Tour 1930.]]
André Leducq choisit de ne plus assurer ses contrats sur piste durant la saison hivernale afin de préparer au mieux la saison sur route 1930. Le {{date-|27 avril}}, il remporte [[Paris-Caen]]. Dix jours plus tard, sa sélection en équipe de France pour le [[Tour de France 1930|Tour de France]] est annoncée<ref>{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=28}}.</ref>. Le directeur de l'épreuve, Henri Desgrange, bouleverse le mode de participation au Tour. Les marques de cycles sont supprimées et désormais, les coureurs contractent directement avec le Tour et sont regroupés par équipes nationales. Pour cette édition 1930, cinq équipes nationales de huit coureurs sont présentes<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Fabien|nom1=Conord|titre=Le Tour de France à l'heure nationale|sous-titre=1930-1968|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=2014|pages totales=356|passage=194|isbn=978-2-13-062166-9}}.</ref>{{,}}<ref name="cazeneuve46-47">{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=46-47}}.</ref>. Durant la première semaine, la course est un duel entre les routiers-sprinters des équipes de France et d'Italie. André Leducq gagne une étape aux [[Les Sables-d'Olonne|Sables-d'Olonne]] tandis que l'Italien [[Learco Guerra]] porte le maillot jaune. [[Alfredo Binda]], alors quadruple vainqueur du [[Tour d'Italie]], remporte la première étape des [[Pyrénées]] à [[Luchon]], devant [[Pierre Magne (cycliste)|Pierre Magne]] et André Leducq. Celui-ci prend le maillot jaune, Learco Guerra perdant 13 minutes ce jour-là. Lors de la seizième étape entre [[Grenoble]] et [[Évian]], Leducq chute deux fois : une première dans la descente du [[col du Galibier]], puis dans l'ascension du col du Télégraphe. Cette dernière est causée par la cassure de l'une de ses pédales. Il monte alors sur le vélo de son coéquipier [[Marcel Bidot]]. Aidé des autres coureurs de l'équipe de France, il parvient à rattraper Guerra, qui a pris 15 minutes d'avance, et Leducq gagne au sprint à [[Évian]] devant [[Charles Pélissier]]. Selon Marcel Bidot, qui témoigne de ces faits en 1975 auprès du journaliste [[Jacques Augendre]], cette victoire constitue l'un des plus grands retournements de situation et des plus grands exploits de l'histoire du sport cycliste : {{citation|Ce coup de théâtre dont je fus le témoin est l'un des évènements qui m'ont le plus frappé. Tous les éléments se trouvaient réunis pour en faire un acte de légende, y compris la part de la fatalité et de la Providence. Quarante-cinq ans après, le pathétique de cette étape inoubliable s'est estompé, mais sa signification demeure, et sa beauté, symbole du triomphe de la volonté confortée par l'esprit d'équipe. Le désespoir de Leducq, affalé sur un talus, le genou en sang, la tête appuyée sur le bras droit, dans l'attitude qui devait inspirer le sculpteur allemand [[Arno Breker]], est passé à la postérité<ref>{{ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Antoine Blondin]]|titre=Sur le Tour de France|éditeur=La Table Ronde|lien éditeur=Éditions de la Table ronde|collection=La petite vermillon|année première édition=1977|année=2016|passage=43-44|isbn=978-2-7103-8013-9}}.</ref>.}}
André Leducq choisit de ne plus assurer ses contrats sur piste durant la saison hivernale afin de préparer au mieux la saison sur route 1930. Le {{date-|27 avril}}, il remporte [[Paris-Caen]]. Dix jours plus tard, sa sélection en équipe de France pour le [[Tour de France 1930|Tour de France]] est annoncée<ref>{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=28}}.</ref>. Le directeur de l'épreuve, Henri Desgrange, bouleverse le mode de participation au Tour. Les marques de cycles sont supprimées et désormais, les coureurs contractent directement avec le Tour et sont regroupés par équipes nationales. Pour cette édition 1930, cinq équipes nationales de huit coureurs sont présentes<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Fabien|nom1=Conord|titre=Le Tour de France à l'heure nationale|sous-titre=1930-1968|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=2014|pages totales=356|passage=194|isbn=978-2-13-062166-9}}.</ref>{{,}}<ref name="cazeneuve46-47">{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=46-47}}.</ref>. Durant la première semaine, la course est un duel entre les routiers-sprinters des équipes de France et d'Italie. André Leducq gagne une étape aux [[Les Sables-d'Olonne|Sables-d'Olonne]] tandis que l'Italien [[Learco Guerra]] porte le maillot jaune. [[Alfredo Binda]], alors quadruple vainqueur du [[Tour d'Italie]], remporte la première étape des [[Pyrénées]] à [[Luchon]], devant [[Pierre Magne (cycliste)|Pierre Magne]] et André Leducq. Celui-ci prend le maillot jaune, Learco Guerra perdant 13 minutes ce jour-là. Lors de la seizième étape entre [[Grenoble]] et [[Évian]], Leducq chute deux fois : une première dans la descente du [[col du Galibier]], puis dans l'ascension du col du Télégraphe. Cette dernière est causée par la cassure de l'une de ses pédales. Il monte alors sur le vélo de son coéquipier [[Marcel Bidot]]. Aidé des autres coureurs de l'équipe de France, il parvient à rattraper Guerra, qui a pris 15 minutes d'avance, et Leducq gagne au sprint à [[Évian]] devant [[Charles Pélissier]]. Selon Marcel Bidot, qui témoigne de ces faits en 1975 auprès du journaliste [[Jacques Augendre]], cette victoire constitue l'un des plus grands retournements de situation et des plus grands exploits de l'histoire du sport cycliste : {{citation|Ce coup de théâtre dont je fus le témoin est l'un des évènements qui m'ont le plus frappé. Tous les éléments se trouvaient réunis pour en faire un acte de légende, y compris la part de la fatalité et de la Providence. Quarante-cinq ans après, le pathétique de cette étape inoubliable s'est estompé, mais sa signification demeure, et sa beauté, symbole du triomphe de la volonté confortée par l'esprit d'équipe. Le désespoir de Leducq, affalé sur un talus, le genou en sang, la tête appuyée sur le bras droit, dans l'attitude qui devait inspirer le sculpteur allemand [[Arno Breker]], est passé à la postérité<ref>{{ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Antoine Blondin]]|titre=Sur le Tour de France|éditeur=La Table Ronde|lien éditeur=Éditions de la Table ronde|collection=La petite vermillon|année première édition=1977|année=2016|passage=43-44|isbn=978-2-7103-8013-9}}.</ref>.}}
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Charles Pélissier gagne les quatre dernières étapes, lors desquelles la victoire finale de Leducq n'est plus menacée. Il s'impose au classement général devant Learco Guerra et son ami Antonin Magne. Aucun Français n'avait plus gagné le Tour depuis [[Henri Pélissier]] en 1923. Cette victoire est la première d'une série de cinq pour l'équipe de France. Elle projette l'image d'une France unie et suscite un regain d'intérêt du public, enthousiasmé par ses victoires<ref>{{harvsp|Viollet|2007|p=108}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=237-243}}.</ref>.
Charles Pélissier gagne les quatre dernières étapes, lors desquelles la victoire finale de Leducq n'est plus menacée. Il s'impose au classement général devant Learco Guerra et son ami Antonin Magne. Aucun Français n'avait plus gagné le Tour depuis [[Henri Pélissier]] en 1923. Cette victoire est la première d'une série de cinq pour l'équipe de France. Elle projette l'image d'une France unie et suscite un regain d'intérêt du public, enthousiasmé par ses victoires<ref>{{harvsp|Viollet|2007|p=108}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=237-243}}.</ref>.


==== En retrait (1931) ====
En 1931, Leducq participe aux [[Six jours de Paris]]. Henri Desgrange lui a proposé un contrat de {{unité|25000|francs}} pour obtenir cet engagement<ref name="cc moret38-39">{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=38-39}}.</ref>. Associé à [[Charles Pélissier]], il prend la {{6e|place}} de l'épreuve<ref>{{lien web|url=http://siteducyclisme.net/ritfiche.php?ritid=64983#ucira|titre=Paris, Six Jours 1931|site=siteducyclisme.net|consulté le=15 octobre 2016}}.</ref>. Cette manifestation populaire attire {{unité|15000|spectateurs}} et de nombreux artistes y font une apparition. À l'issue de la course, il déclare : {{citation|Ce sont les six-jours qui m'ont laissé les plus beaux souvenirs de ma carrière, ils ont été mon bottin mondain, mon université, mon jockey-club et ma cour de récréation<ref name="cc moret38-39"/>.}} André Leducq gagne [[Paris-Tours]], puis prend la troisième place du championnat de France. Il n'est cependant pas considéré comme un favori du [[Tour de France 1931|Tour de France]]. Durant la première étape des Pyrénées, les Belges [[Jef Demuysere]], [[Alfons Schepers]] et [[Julien Vervaecke]] attaquent avec l'Italien [[Antonio Pesenti]]. Ils sont cependant tous retardés par des crevaisons, de sorte qu'[[Antonin Magne]] s'impose à Luchon avec quatre minutes d'avance sur Pesenti et prend la tête du classement général. Il conserve le maillot jaune et remporte ce Tour de France devant Demuysere et Pesenti. Leducq gagne une étape à [[Colmar]] et termine à la dixième place du classement général<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=244-249}}.</ref>.
En 1931, Leducq participe aux [[Six jours de Paris]]. Henri Desgrange lui a proposé un contrat de {{unité|25000|francs}} pour obtenir cet engagement<ref name="cc moret38-39">{{harvsp|id=cc moret|texte=Le vélo et ses champions|p=38-39}}.</ref>. Associé à [[Charles Pélissier]], il prend la {{6e|place}} de l'épreuve<ref>{{lien web|url=http://siteducyclisme.net/ritfiche.php?ritid=64983#ucira|titre=Paris, Six Jours 1931|site=siteducyclisme.net|consulté le=15 octobre 2016}}.</ref>. Cette manifestation populaire attire {{unité|15000|spectateurs}} et de nombreux artistes y font une apparition. À l'issue de la course, il déclare : {{citation|Ce sont les six-jours qui m'ont laissé les plus beaux souvenirs de ma carrière, ils ont été mon bottin mondain, mon université, mon jockey-club et ma cour de récréation<ref name="cc moret38-39"/>.}} André Leducq gagne [[Paris-Tours]], puis prend la troisième place du championnat de France. Il n'est cependant pas considéré comme un favori du [[Tour de France 1931|Tour de France]]. Durant la première étape des Pyrénées, les Belges [[Jef Demuysere]], [[Alfons Schepers]] et [[Julien Vervaecke]] attaquent avec l'Italien [[Antonio Pesenti]]. Ils sont cependant tous retardés par des crevaisons, de sorte qu'[[Antonin Magne]] s'impose à Luchon avec quatre minutes d'avance sur Pesenti et prend la tête du classement général. Il conserve le maillot jaune et remporte ce Tour de France devant Demuysere et Pesenti. Leducq gagne une étape à [[Colmar]] et termine à la dixième place du classement général<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=244-249}}.</ref>.


En [[1931 au cinéma|1931]], il apparait dans on propre rôle dans le film [[Hardi les gars !]] réalisé par [[Maurice Champreux]]<ref>[http://cinema.encyclopedie.films.bifi.fr/index.php?pk=47501 Hardi les gars ! (1931) Maurice Champreux sur cinema.encyclopedie]</ref>{{,}}<ref>[https://www.imdb.com/title/tt0193999/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm Hardi les gars (1931) Full Cast & Crew]</ref>.

==== Deuxième Tour de France (1932) ====
[[Image:Leducq, gagnant du tour de France.JPG|thumb|left|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste accomplissant un tour d'honneur, un bouquet à la main, devant une foule enthousiaste.|En 1932, André Leducq célèbre sa deuxième victoire dans le Tour.]]
[[Image:Leducq, gagnant du tour de France.JPG|thumb|left|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste accomplissant un tour d'honneur, un bouquet à la main, devant une foule enthousiaste.|En 1932, André Leducq célèbre sa deuxième victoire dans le Tour.]]
Charles Pélissier et Antonin Magne renoncent à participer au [[Tour de France 1932]]. Henri Desgrange, qui souhaitait voir Pélissier s'imposer, a introduit des bonifications de quatre minutes aux vainqueurs d'étape, supposées favoriser un routier-sprinter comme Pélissier. En l'absence de ce dernier, André Leducq profite de ces bonifications et de ses qualités de finisseur. En remportant la troisième étape à [[Bordeaux]], la plus longue de ce Tour avec {{unité|387|kilomètres}}, il prend le maillot jaune avec près de deux minutes d'avance sur l'Allemand [[Kurt Stöpel]]<ref name="McGann105-107">{{harvsp|McGann|McGann|2006|id=McGann|texte=The Story of the Tour de France|p=105-107}}.</ref>. Lors des étapes suivantes, il accumule les places d'honneur et creuse peu à peu l'écart sur ses poursuivants au classement général. Malgré une méforme lors de l'étape entre Cannes et Nice, il limite sa perte de temps grâce au travail de ses équipiers<ref name="McGann105-107"/>. Bénéficiant de la mésentente régnant dans l'équipe de Belgique, et grâce à sa stratégie basée sur les victoires d'étapes, il remporte son deuxième Tour de France. Vainqueur à [[Gap]], [[Aix-les-Bains]], [[Belfort]] et lors des deux dernières étapes à [[Amiens]] et [[Paris]], il porte son total de victoires d'étapes à six<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=250-252}}.</ref>. Il obtient finalement {{unité|31|minutes}} de bonification, contre sept pour son dauphin Kurt Stöpel, une différence de {{unité|24|minutes}} qui correspond à l'écart entre les deux hommes au classement général final. Le nouveau règlement voulu par Henri Desgrange joue donc un rôle prépondérant dans la seconde victoire d'André Leducq dans le Tour de France<ref name="McGann105-107"/>.
Charles Pélissier et Antonin Magne renoncent à participer au [[Tour de France 1932]]. Henri Desgrange, qui souhaitait voir Pélissier s'imposer, a introduit des bonifications de quatre minutes aux vainqueurs d'étape, supposées favoriser un routier-sprinter comme Pélissier. En l'absence de ce dernier, André Leducq profite de ces bonifications et de ses qualités de finisseur. En remportant la troisième étape à [[Bordeaux]], la plus longue de ce Tour avec {{unité|387|kilomètres}}, il prend le maillot jaune avec près de deux minutes d'avance sur l'Allemand [[Kurt Stöpel]]<ref name="McGann105-107">{{harvsp|McGann|McGann|2006|id=McGann|texte=The Story of the Tour de France|p=105-107}}.</ref>. Lors des étapes suivantes, il accumule les places d'honneur et creuse peu à peu l'écart sur ses poursuivants au classement général. Malgré une méforme lors de l'étape entre Cannes et Nice, il limite sa perte de temps grâce au travail de ses équipiers<ref name="McGann105-107"/>. Bénéficiant de la mésentente régnant dans l'équipe de Belgique, et grâce à sa stratégie basée sur les victoires d'étapes, il remporte son deuxième Tour de France. Vainqueur à [[Gap]], [[Aix-les-Bains]], [[Belfort]] et lors des deux dernières étapes à [[Amiens]] et [[Paris]], il porte son total de victoires d'étapes à six<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=250-252}}.</ref>. Il obtient finalement {{unité|31|minutes}} de bonification, contre sept pour son dauphin Kurt Stöpel, une différence de {{unité|24|minutes}} qui correspond à l'écart entre les deux hommes au classement général final. Le nouveau règlement voulu par Henri Desgrange joue donc un rôle prépondérant dans la seconde victoire d'André Leducq dans le Tour de France<ref name="McGann105-107"/>.
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Dernière version du 14 janvier 2024 à 15:09

André Leducq
André Leducq en 1931.
Informations
Nom de naissance
André Raymond LeducqVoir et modifier les données sur Wikidata
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 76 ans)
MarseilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Spécialité
Équipes amateurs
1918-1922Montmartre Sportif
1922-1925Vélo Club de Levallois
Équipes professionnelles
Principales victoires
2 grands tours
Leader du classement général Tour de France 1930 et 1932
Classiques
Paris-Roubaix 1928
Paris-Tours 1931
25 étapes de grand tour
Tour de France (25 étapes)
Vue de la sépulture.

André Leducq, né le à Saint-Ouen, dans le département de la Seine, aujourd'hui Seine-Saint-Denis, et mort le à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, est un coureur cycliste français. Professionnel de 1926 à 1938, il est considéré comme l'un des plus grands coureurs français de l'histoire du cyclisme. Double vainqueur du Tour de France, en 1930 et 1932, il remporte 25 victoires d'étape sur l'épreuve, soit le quatrième plus grand total derrière Eddy Merckx, Bernard Hinault et Mark Cavendish. Il compte en outre une victoire sur Paris-Roubaix en 1928, ainsi qu'un titre de champion du monde sur route amateurs en 1924. Il est également double champion de France sur route chez les amateurs, une fois dans la catégorie des juniors et une fois chez les militaires.

Coureur complet et véloce, il se montre particulièrement redoutable lors des arrivées au sprint. Surnommé « le joyeux Dédé », ou encore « Dédé gueule d'amour et muscles d'acier », il est l'un des sportifs français les plus renommés de l'entre-deux-guerres et jouit d'une grande popularité tout au long de sa carrière. Son succès sur le Tour de France 1930, le premier disputé par équipes nationales, renforce l'admiration que lui voue le public. Élevé au rang de vedette, il fréquente de nombreux artistes, acteurs et chanteurs de son époque.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunes années[modifier | modifier le code]

André Leducq naît le dans une maison de la rue Biron à Saint-Ouen, dans le département de la Seine. Son père, Georges Leducq, est employé de la société parisienne Mildé, qui fabrique et installe du matériel électrique. Sa mère, Martine Dupetit, exerce la profession de culottière à domicile[1]. André est le troisième enfant de la famille après les naissances de Marcelle en 1901 et Georges en 1902[1].

Peu après sa naissance, la famille s'installe dans le quartier de Belleville à Paris, rue des Alouettes, à proximité des bureaux de la société de cinéma Gaumont, où Georges Leducq travaille alors comme chauffeur de Léon Gaumont, président de la société. Cet emploi permet à ses enfants de tenir le rôle de figurants dans plusieurs films produits par Gaumont : André Leducq apparaît ainsi dans Napoléon, Bébé et les Cosaques, Un mari à l'essai ou encore Le Petit Poucet[1].

En 1913, Georges Leducq rachète une entreprise de caoutchouc et de vieux pneus de la rue Michelet et la famille jouit alors d'une certaine aisance financière. L'année suivante, il est mobilisé pour la Première Guerre mondiale[2]. À cette époque, André Leducq découvre la gymnastique et la musculation au sein du patronage protestant de son quartier, puis il joue au football pendant deux saisons à l'« Union Athlétique de Montmartre »[3]. Dans ses jeunes années, il pratique également le violon[4].

En 1916, il quitte l'école : malgré des facilités intellectuelles, le directeur de son établissement convainc sa mère qu'il n'est pas fait pour les études. André enchaîne alors les petits boulots, le plus souvent pour quelques jours[4]. Il travaille d'abord chez un électricien, dans une entreprise de charpentes métalliques à Saint-Ouen, chez un plombier-couvreur de la rue Jean-Dollfus puis dans une fonderie de la rue Marcadet. Après quelques mois comme ramoneur, il est licencié à la suite d'un différend avec un autre employé, et retrouve du travail dans la construction de charpentes métalliques à Gennevilliers[5], avant de s'engager comme mécanicien chez un garagiste de la rue Francœur. Ce dernier, également passionné de vélo, lui laisse de nombreuses libertés pour aller s'entraîner[4] : en 1918, après avoir vendu son violon, André Leducq fait l'acquisition de son premier vélo[4].

Carrière en amateur[modifier | modifier le code]

Débuts cyclistes (1919-1921)[modifier | modifier le code]

Deux cyclistes prêts pour le départ, tenus par deux hommes debout.
André Leducq (à gauche) et son frère Georges au Vélodrome d'Hiver, en 1919.

Son père, démobilisé, ouvre en 1919 un nouvel entrepôt pour son commerce de caoutchouc, au no 149 de la rue Marcadet[5]. André travaille à ses côtés, cependant qu'il passe ses premiers brevets cyclistes et signe sa première licence au club de Montmartre-Sportif. Ses premiers résultats sont peu probants, André étant régulièrement victime de fringale[4].

Il assiste au départ du Tour de France 1919 en tant que spectateur, ce qui le conforte dans sa volonté de devenir coureur professionnel. Son frère aîné Georges, également coureur, est victime d'une lourde chute lors d'une course amateur : il décide d'arrêter sa carrière et cède son vélo, un Alcyon, à André. L'année suivante, son père lui offre un autre vélo, de marque Bianchi. André Leducq s'entraîne alors régulièrement au Vélodrome d'Hiver et y dispute certaines courses. Il n'y décroche que des places d'honneur, étant régulièrement distancé par ses concurrents alors qu'il lance son sprint de trop loin[6]. Au cours de cette année 1920, ses résultats sur route, où il s'aligne sur des épreuves de quatrième catégorie, sont tout aussi modestes, bien qu'il se classe 5e du prix Marcero, disputé entre Villiers-le-Bel et Coulommiers, puis 3e du circuit de Vaujours. Il croit remporter sa première victoire sur Boulogne-Épône-Boulogne, avant d'être déclassé par les commissaires pour ne pas avoir fait timbrer son dossard lors d'un contrôle[5].

En 1921, il s'aligne désormais sur des courses de première catégorie. Sa prestation lors du Critérium des amateurs, disputé entre Enghien et Montmorency, lui vaut d'être repéré par le champion olympique Achille Souchard, qui le fait engager l'année suivante au Vélo Club de Levallois[5].

Champion de France amateur et nombreux succès (1922-1923)[modifier | modifier le code]

Photographie d'un cycliste sur son vélo, un bouquet à la main, un homme le soutenant.
André Leducq, en maillot tricolore, félicité par Paul Ruinart pour son titre de champion de France.

Enrôlé dans le puissant club amateur dirigé par Paul Ruinart, André Leducq affirme très vite ses brillantes aptitudes lors des épreuves sur route[7]. Troisième de Paris-Rouen, il remporte ensuite Paris-Mantes-Paris en réglant le sprint[8]. Leducq confirme cette première victoire avec des succès lors des Trophées du Petit Journal, le Grand Prix du Sporting[7], mais surtout en décrochant le titre de champion de France sur route dans la catégorie juniors à Rambouillet[7],[9],[10]. Accélérant dans la deuxième ascension de la côte des dix-sept tournants, il parvient détaché sur la ligne d'arrivée, avec près de deux minutes d'avance sur ses rivaux[8].

Photographie du coureur à l'arrivée, salué par la foule.
Victoire au championnat de France juniors en 1922.

Après une nouvelle victoire individuelle sur le Critérium des Amateurs[8], Leducq gagne avec ses coéquipiers du VCL, Maurice Bonney et Georges Wambst, le Challenge des Juniors de l'Union vélocipédique de France, Leducq réalisant à titre personnel le deuxième temps parmi tous les engagés[11].

Les performances du coureur attirent les commentaires des spécialistes. Dans L'Auto, le journaliste Charles Ravaud souligne que c'est à son intense travail de musculation qu'il doit ses récents succès : « Savez-vous bien que notre nouveau champion de France junior sur route, André Leducq, ne valait pas « chipette » au point de vue athlétique, il y a deux ans, alors qu'il appartenait à Montmartre Sportif, et que, grâce à elle, il est devenu, à dix-huit ans et demi, un gaillard admirablement souple, puissant, bien construit, superbement proportionné[12]. »

Portrait du coureur portant une écharpe tricolore.
André Leducq après sa victoire dans les Trophées du Petit Journal, en 1923.

Pendant la saison hivernale, il obtient un contrat pour s'entraîner sur le vélodrome de Pont-Magnan à Nice, puis en 1923, il remporte d'abord l'Étoile de Paris, une course sur laquelle sa domination est totale puisqu'il s'empare de trois victoires en cinq étapes, en plus du classement général[13],[14]. Leducq s'impose également sur Paris-Troyes, et gagne comme l'année précédente les Trophées du Petit Journal[13]. Le , il participe aux Championnats du monde à Zurich, ouverts aux seuls coureurs amateurs. Très actif pendant la course, il se lance dans une échappée en solitaire et n'est rejoint qu'à 15 kilomètres de l'arrivée. Il se classe finalement sixième de la course, dans le même temps que le vainqueur italien Libero Ferrario[15].

En fin de saison, les coureurs du Vélo Club de Levallois sont invités en Espagne pour prendre part à la course Madrid-Santander. Battu au sprint par le coureur luxembourgeois Nicolas Frantz lors de la première étape après que son arrache-clou mal fixé a bloqué sa roue, André Leducq ne peut faire son retard dans la seconde et prend la deuxième place du classement général de l'épreuve[16].

Champion du monde (1924)[modifier | modifier le code]

Photographie d'un coureur cycliste en tenue posant à côté d'un homme en costume.
André Leducq pose à côté de son père, en 1924.

En 1924, André Leducq doit être incorporé à l'armée pour effectuer son service militaire mais Paul Ruinart lui permet d'obtenir un sursis afin qu'il puisse préparer les Jeux olympiques qui se tiennent Paris et dont il est l'un des principaux favoris[17],[18]. Avant l'épreuve olympique, Leducq connaît un mois de juin fructueux, et obtient une série de bons résultats : il se classe 2e de Paris-Orléans[19] puis remporte pour la troisième année consécutive les Trophées du Petit Journal[20]. Il devient également champion de France amateurs le en battant au sprint son coéquipier Armand Blanchonnet, sur un circuit de 100 kilomètres tracé autour de Bordeaux[21].

Le , André Leducq dispute l'épreuve individuelle sur route des Jeux olympiques, courue sous la forme d'un contre-la-montre individuel de 188 kilomètres[17]. « Non classé[Note 1] », il réalise le neuvième temps de l'épreuve, gêné par trois crevaisons et contraint de se ravitailler plusieurs fois, en h 39 min 16 s, contre h 20 min 48 s pour le vainqueur Armand Blanchonnet[22],[23].

L'équipe de France, qui compte également dans ses rangs René Hamel et Georges Wambst, remporte le classement par équipes, même si la performance d'André Leducq n'est pas comptabilisée : seuls les trois meilleurs temps de chaque nation sont pris en compte pour établir le classement et Leducq n'est que le quatrième français de l'épreuve[18].

Photographie d'un cycliste en course, avançant tête baissée.
L'attaque décisive d'André Leducq dans la côte des dix-sept tournants.

Dix jours plus tard, le , il devient champion du monde sur route amateurs à Versailles, au terme d'une course animée par l'ensemble des coureurs français[24], où Blanchonnet est seulement troisième[25],[17]. Échappé en solitaire entre Chartres et Rambouillet, André Leducq est repris par Armand Blanchonnet et le coureur suisse Otto Lehner, mais il place une nouvelle attaque décisive dans la côte des dix-sept tournants pour s'imposer avec plus d'une minute d'avance sur ce dernier[26]. Charles Ravaud, correspondant de L'Auto, fait l'éloge de Leducq après la course :

« L'homme est épatant, complet, parfait. C'est l'as dans toute sa splendeur, à la santé florissante, au cœur bien accroché, capable de fournir tous les efforts[26]. »

Champion de France militaires et amateurs (1925)[modifier | modifier le code]

Cycliste entrant sur la piste d'un vélodrome sous le regard de deux agents et de la foule dans les tribunes.
André Leducq au championnat de France militaires 1925.

En 1925, après un succès au Grand Prix olympique, disputé sur un parcours autour de Reims[27], puis une 2e place dans Paris-Évreux derrière Pierre Magne[28], André Leducq intègre le 90e régiment d'infanterie, basé à Tours, pour effectuer son service militaire[29].

Coureur cycliste posant après sa victoire, entouré par la foule.
Le coureur félicité après sa victoire dans le championnat de France amateurs.

À peine engagé, il dispute le championnat de France militaires sur route à Vincennes, une épreuve qu'il remporte aisément[29]. En juillet, André Leducq et ses coéquipiers du Vélo Club de Levallois remportent la Traversée de la France par relais, une épreuve organisée par Le Petit Journal entre Marseille et Lille. Leducq assure l'avant-dernier relais de l'épreuve, entre les points de contrôle de Saint-Denis et Amiens[30],[31]. Il bénéficie encore d'une permission pour se rendre au Portugal, où l'équipe de France olympique est invitée à disputer le Grand Prix de Lisbonne. Tandis que ses coéquipiers abandonne, André Leducq s'impose avec une vingtaine de minutes d'avance sur ses poursuivants[31]. Au mois d'août, il conserve son titre de champion de France amateurs sur route, couru en circuit autour de Rambouillet, en réglant au sprint un groupe de six coureurs[32],[9].

En fin de saison, André Leducq obtient des permissions pour disputer quelques réunions sur piste au Vélodrome d'Hiver. C'est là qu'il dispute sa dernière course comme amateur, le , à l'occasion d'un match France-Belgique de vitesse[31].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Débuts difficiles et premières victoires (1926-1927)[modifier | modifier le code]

Cycliste entrant sur la piste d'un vélodrome, devant une foule nombreuse en tribune.
André Leducq entre en vainqueur sur le vélodrome du Parc des Princes, lors de la dernière étape du Tour de France 1927.

Contre l'avis de Paul Ruinart, André Leducq devient professionnel en 1926 au sein de l'équipe Thomann-Dunlop, dirigée par Ludovic Feuillet. En méforme et devant la difficulté d'obtenir des permissions, il n'obtient aucun résultat significatif lors de cette saison[33]. Ses deux premières courses professionnelles, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, se soldent par deux abandons[34]. Ne pouvant prendre part au championnat de France militaires, pour une affaire de règlement, il s'engage sur le championnat de vitesse, dont il se classe deuxième derrière Domanchin[34].

Libéré de ses obligations militaires, en 1927, André Leducq envisage de meilleurs résultats. En début de saison, après avoir terminé 3e de Paris-Le Havre, il fait bonne figure sur Paris-Roubaix et accompagne le groupe de tête jusqu'à 5 km de l'arrivée, lorsqu'une crevaison lui fait perdre toute chance de victoire[35]. Au mois de juin, il est engagé pour la première fois sur le Tour de France. Après une édition 1926 qualifiée d'ennuyeuse par les suiveurs, le directeur de la course, Henri Desgrange, essaye une nouvelle formule : lors des étapes de plaine, soit seize des vingt-quatre étapes, les équipes partent séparément, de quart d'heure en quart d'heure[36]. André Leducq est une des révélations de cette édition : il remporte trois étapes (la sixième à Brest et les deux dernières à Dunkerque et Paris) et termine quatrième de l'épreuve. Premier Français au classement général, il incarne alors, avec Antonin Magne, qui termine sixième pour ses débuts sur la « Grande Boucle », le renouveau du cyclisme français[37],[36].

Cycliste entouré par la foule nombreuse.
Leducq (au centre) après sa victoire dans la première étape du Tour du Pays basque.

À la demande de son directeur sportif, Ludovic Feuillet, Leducq participe au Tour du Pays basque. Il s'y distingue en remportant les deux premières étapes à Vitoria et Pampelune[38], mais cède du terrain dans la troisième étape vers Saint-Sébastien : victime d'une crevaison et abandonné par ses coéquipiers qui refusent de l'attendre, il perd la première place du classement général et termine l'épreuve au deuxième rang, le lendemain[39]. En fin de saison, sa première participation au championnat de France dans la catégorie des professionnels se solde par une cinquième place[39].

Succès sur Paris-Roubaix et victoires d'étapes sur le Tour de France (1928-1929)[modifier | modifier le code]

Cycliste franchissant la ligne d'arrivée marqué par l'effort et portant des lunettes opaques.
André Leducq à l'arrivée de Paris-Roubaix 1928.

André Leducq se retrouve dans une situation délicate au début de l'année 1928 : son père, comptable et administrateur de ses biens, lui reproche son train de vie et décide de lui couper les vivres, cependant que son contrat est menacé[40].

Pour autant, il réalise un excellent début de saison : désormais coureur de la firme Alcyon, il gagne Paris-Le Havre le puis remporte la semaine suivante sa première grande classique en s'imposant sur Paris-Roubaix en battant au sprint les Belges Georges Ronsse et Charles Meunier[40],[41]. Dans son autobiographie Une fleur au guidon, André Leducq se livre à la confidence sur ce succès qui lance véritablement sa carrière : « C'est seulement sous la douche que j'ai réalisé : la prime de victoire pour Paris-Roubaix, chez Alcyon, était de cinq mille francs… Douce perspective. Mais cela venait après. En passant la ligne, je n'avais éprouvé qu'un sentiment d'orgueil immense : tu as gagné Paris-Roubaix, tu as gagné la plus belle[42] ! »

Une semaine avant le départ du Tour de France, il se classe 2e du championnat de France, disputé pour la première fois sur le circuit de Montlhéry, et fait alors figure de favori pour la Grande Boucle[40]. Malgré les défauts constatés lors de l'édition précédente, Henri Desgrange reconduit la formule des départs séparés pour les équipes : 15 des 22 étapes sont disputées dans ce format, ce qui favorise les grandes équipes comme Alcyon qui engage Leducq et le vainqueur sortant Nicolas Frantz. Ce dernier remporte la première étape et conserve le maillot jaune du début à la fin de la course[43].

Fortement critiqué après avoir perdu dix minutes à la suite d'une crevaison lors de la première étape, André Leducq se reprend dès le lendemain pour s'imposer à Cherbourg[44]. Au total, il remporte quatre étapes dans cette édition, en gagnant également à Perpignan, Marseille et Belfort, et prend la deuxième place du classement général final devant le coureur belge Maurice De Waele, un autre coureur d'Alcyon[36],[45].

En , Leducq achète un pavillon à Sartrouville[46] et se marie avec Marthe Bergeron, originaire de la commune de Saint-Mammès[47]. Il y séjourne régulièrement, notamment au bateau-lavoir que gère sa belle-mère. Entre 1928 et 1931, il achète une petite maison qu'il destine à la location, puis une maison sur le quai du Loing, où il élit domicile. Il s'entraîne le plus souvent sur la piste en ciment du vélodrome de Champagne-sur-Seine, une commune voisine[47].

André Leducq conclut la saison 1928 en prenant comme l'année précédente la 2e place du Tour du Pays basque, ajoutant une victoire dans la 3e étape, puis en s'engageant sur les Six Jours de Buffalo, sa première participation à ce type d'épreuve, associé à Georges Cuvelier[48].

Portrait d'un homme en costume.
André Leducq en 1929.

En 1929, André Leducq connaît une série de résultats décevants. Incapable de jouer les premiers rôles sur les premières classiques de la saison, il n'obtient sa sélection pour le championnat de France que lors de la dernière épreuve qualificative, le Circuit de Paris[49]. À la surprise des suiveurs qui doutaient encore de ses capacités, il prend la 3e place du championnat de France, à trois minutes du vainqueur Marcel Bidot, obtenant ainsi son premier podium de la saison[50].

Pour le Tour de France, Henri Desgrange revient sur la formule des départs séparés : l'épreuve est de nouveau disputée individuellement et l'entraide entre coureurs est interdite. André Leducq gagne la deuxième étape à Cherbourg, puis fait partie des trois coureurs qui revêtent le maillot jaune à Bordeaux, au terme de la 7e étape, avec Nicolas Frantz et Victor Fontan, avant de le perdre le lendemain[51]. La victoire au classement général revient finalement au coureur belge Maurice De Waele, qui récupère le maillot jaune après la onzième étape à Perpignan, mais les conditions de sa victoire font parler. Malade dans les derniers jours de course, Maurice de Waele bénéficie alors de l'aide des autres coureurs d'Alcyon, dont Leducq, qui bloquent la course et l'accompagnent en dépit du règlement. Des coureurs « isolés » et des adversaires sont également sollicités. En colère, Henri Desgrange déclare : « On fait gagner un cadavre ! Comment un Maillot Jaune aussi facile à dépouiller a-t-il pu conserver la première place ? » Après plusieurs éditions et des changements de formules qui ont dégradé l'image de l'épreuve, au point que le journaliste Pierre Chany évoque « l'époque la plus ténébreuse du Tour », Desgrange et son règlement qui interdit l'entraide sont définitivement discrédités[52],[53]. De son côté, André Leducq gagne au total cinq étapes et termine à la onzième place du classement général[51].

Première victoire dans le Tour de France (1930)[modifier | modifier le code]

Photographie en noir et blanc d'un cycliste couvert de boue à l'arrivée d'une course.
L'Italien Learco Guerra est battu par André Leducq sur le Tour 1930.

André Leducq choisit de ne plus assurer ses contrats sur piste durant la saison hivernale afin de préparer au mieux la saison sur route 1930. Le , il remporte Paris-Caen. Dix jours plus tard, sa sélection en équipe de France pour le Tour de France est annoncée[54]. Le directeur de l'épreuve, Henri Desgrange, bouleverse le mode de participation au Tour. Les marques de cycles sont supprimées et désormais, les coureurs contractent directement avec le Tour et sont regroupés par équipes nationales. Pour cette édition 1930, cinq équipes nationales de huit coureurs sont présentes[55],[56]. Durant la première semaine, la course est un duel entre les routiers-sprinters des équipes de France et d'Italie. André Leducq gagne une étape aux Sables-d'Olonne tandis que l'Italien Learco Guerra porte le maillot jaune. Alfredo Binda, alors quadruple vainqueur du Tour d'Italie, remporte la première étape des Pyrénées à Luchon, devant Pierre Magne et André Leducq. Celui-ci prend le maillot jaune, Learco Guerra perdant 13 minutes ce jour-là. Lors de la seizième étape entre Grenoble et Évian, Leducq chute deux fois : une première dans la descente du col du Galibier, puis dans l'ascension du col du Télégraphe. Cette dernière est causée par la cassure de l'une de ses pédales. Il monte alors sur le vélo de son coéquipier Marcel Bidot. Aidé des autres coureurs de l'équipe de France, il parvient à rattraper Guerra, qui a pris 15 minutes d'avance, et Leducq gagne au sprint à Évian devant Charles Pélissier. Selon Marcel Bidot, qui témoigne de ces faits en 1975 auprès du journaliste Jacques Augendre, cette victoire constitue l'un des plus grands retournements de situation et des plus grands exploits de l'histoire du sport cycliste : « Ce coup de théâtre dont je fus le témoin est l'un des évènements qui m'ont le plus frappé. Tous les éléments se trouvaient réunis pour en faire un acte de légende, y compris la part de la fatalité et de la Providence. Quarante-cinq ans après, le pathétique de cette étape inoubliable s'est estompé, mais sa signification demeure, et sa beauté, symbole du triomphe de la volonté confortée par l'esprit d'équipe. Le désespoir de Leducq, affalé sur un talus, le genou en sang, la tête appuyée sur le bras droit, dans l'attitude qui devait inspirer le sculpteur allemand Arno Breker, est passé à la postérité[57]. »

Charles Pélissier gagne les quatre dernières étapes, lors desquelles la victoire finale de Leducq n'est plus menacée. Il s'impose au classement général devant Learco Guerra et son ami Antonin Magne. Aucun Français n'avait plus gagné le Tour depuis Henri Pélissier en 1923. Cette victoire est la première d'une série de cinq pour l'équipe de France. Elle projette l'image d'une France unie et suscite un regain d'intérêt du public, enthousiasmé par ses victoires[58],[59].

En retrait (1931)[modifier | modifier le code]

En 1931, Leducq participe aux Six jours de Paris. Henri Desgrange lui a proposé un contrat de 25 000 francs pour obtenir cet engagement[60]. Associé à Charles Pélissier, il prend la 6e place de l'épreuve[61]. Cette manifestation populaire attire 15 000 spectateurs et de nombreux artistes y font une apparition. À l'issue de la course, il déclare : « Ce sont les six-jours qui m'ont laissé les plus beaux souvenirs de ma carrière, ils ont été mon bottin mondain, mon université, mon jockey-club et ma cour de récréation[60]. » André Leducq gagne Paris-Tours, puis prend la troisième place du championnat de France. Il n'est cependant pas considéré comme un favori du Tour de France. Durant la première étape des Pyrénées, les Belges Jef Demuysere, Alfons Schepers et Julien Vervaecke attaquent avec l'Italien Antonio Pesenti. Ils sont cependant tous retardés par des crevaisons, de sorte qu'Antonin Magne s'impose à Luchon avec quatre minutes d'avance sur Pesenti et prend la tête du classement général. Il conserve le maillot jaune et remporte ce Tour de France devant Demuysere et Pesenti. Leducq gagne une étape à Colmar et termine à la dixième place du classement général[62].

En 1931, il apparait dans on propre rôle dans le film Hardi les gars ! réalisé par Maurice Champreux[63],[64].

Deuxième Tour de France (1932)[modifier | modifier le code]

Photographie en noir et blanc d'un cycliste accomplissant un tour d'honneur, un bouquet à la main, devant une foule enthousiaste.
En 1932, André Leducq célèbre sa deuxième victoire dans le Tour.

Charles Pélissier et Antonin Magne renoncent à participer au Tour de France 1932. Henri Desgrange, qui souhaitait voir Pélissier s'imposer, a introduit des bonifications de quatre minutes aux vainqueurs d'étape, supposées favoriser un routier-sprinter comme Pélissier. En l'absence de ce dernier, André Leducq profite de ces bonifications et de ses qualités de finisseur. En remportant la troisième étape à Bordeaux, la plus longue de ce Tour avec 387 kilomètres, il prend le maillot jaune avec près de deux minutes d'avance sur l'Allemand Kurt Stöpel[65]. Lors des étapes suivantes, il accumule les places d'honneur et creuse peu à peu l'écart sur ses poursuivants au classement général. Malgré une méforme lors de l'étape entre Cannes et Nice, il limite sa perte de temps grâce au travail de ses équipiers[65]. Bénéficiant de la mésentente régnant dans l'équipe de Belgique, et grâce à sa stratégie basée sur les victoires d'étapes, il remporte son deuxième Tour de France. Vainqueur à Gap, Aix-les-Bains, Belfort et lors des deux dernières étapes à Amiens et Paris, il porte son total de victoires d'étapes à six[66]. Il obtient finalement 31 minutes de bonification, contre sept pour son dauphin Kurt Stöpel, une différence de 24 minutes qui correspond à l'écart entre les deux hommes au classement général final. Le nouveau règlement voulu par Henri Desgrange joue donc un rôle prépondérant dans la seconde victoire d'André Leducq dans le Tour de France[65].

Photographie en noir et blanc de deux cyclistes montant un col, l'un poussant l'autre, un homme courant à leur côté.
Georges Speicher et André Leducq lors du Tour de France 1933.

Lors du Tour de France 1933, André Leducq, avec les autres coureurs de l'équipe de France, aide Maurice Archambaud à défendre son maillot jaune durant la première semaine puis Georges Speicher, qui prend la tête du classement général à Marseille après la douzième étape et gagne ce Tour. Leducq gagne deux étapes. Speicher signe la quatrième victoire consécutive de l'équipe de France, invaincue depuis que le Tour est disputé par équipes nationales. C'est lors de cette édition 1933 que sa « cohésion […] est la plus forte »[67]. Cette « équipe de copains offrait un potentiel assez exceptionnel », qui fait dire à Speicher après sa victoire : « Non, vraiment, nous n'avions aucune idée sur celui d'entre nous qui gagnerait »[68]. En plus de ses deux victoires d'étape sur le Tour, Leducq remporte le Critérium national lors de cette année 1933[69].

Fin de carrière (1934-1938)[modifier | modifier le code]

En 1934, André Leducq quitte Alcyon, qui l'emploie depuis 1927, parce qu'elle lui refuse une augmentation de 200 francs. Il rejoint la nouvelle équipe Mercier-Hutchinson, dirigée par Henri Pélissier, vainqueur du Tour de France 1923. Les relations entre ce dernier et Henri Desgrange sont mauvaises, alors que Desgrange est ami avec le patron d'Alcyon, Edmond Gentil. La firme Alcyon est en outre le fabricant des vélos jaunes utilisés par les coureurs du Tour de France depuis la création des équipes nationales en 1930. Ainsi, pour le seul motif qu'il a quitté Alcyon, Henri Desgrange écarte Leducq de l'équipe de France. Celle-ci écrase le Tour de France : elle gagne vingt étapes et porte le maillot jaune de bout en bout, d'abord avec Georges Speicher puis Antonin Magne qui gagne son deuxième Tour. De son côté, Leducq suit cette édition avec les journalistes de Paris-Soir Albert Baker d'Isy et Géo Villetan[70]. Cette même année, il crée sa marque de cycle, à son nom, filiale du groupe Mercier[71]. Il n'obtient qu'une seule victoire au cours de la saison, le Critérium des As, disputé en septembre à Longchamp[72].

Antonin Magne qui vient de chuter lors de la 7e étape du Tour de France 1935 est soutenu par André Leducq.

En , André Leducq se classe deuxième de Paris-Roubaix. En tête à 10 kilomètres de l'arrivée en compagnie de Gaston Rebry, il crève et laisse la victoire au coureur belge[73]. Engagé sur le Tour d'Italie, il abandonne au départ de la 17e étape, souffrant de furoncles[74]. André Leducq est réintégré à l'équipe de France pour le Tour 1935. Avec la présence de Speicher et de Magne, les vainqueurs des cinq derniers Tours sont ainsi au départ[75]. Le Belge Romain Maes gagne la première étape et remporte cette édition en conservant le maillot jaune durant toute la course. Victime d'une chute et blessé, Antonin Magne, favori de l'épreuve et capitaine de l'équipe de France, abandonne lors de la septième étape. Les coureurs français se concentrent dès lors davantage sur les victoires d'étapes que sur le classement général. Ils en gagnent treize, dont une par André Leducq à La Rochelle. Georges Speicher est toutefois un temps en mesure de disputer le maillot jaune, mais perd toutes ses chances dans les Pyrénées et termine à la sixième place. Dans les discussions suivant cette défaite, Magne met en cause la mésentente de l'équipe après son abandon et l'attitude des coureurs, notamment celle de Maurice Archambaud et René Vietto, qui n'ont selon lui pas suffisamment soutenu Speicher. Leducq admet le manque de confiance des coureurs envers ce dernier, justifie les stratégies individuelles de ses coéquipiers et demande la désignation d'un directeur sportif de l'équipe de France, à l'image de ceux dont disposent les équipes de Belgique et d'Italie[76].

Photographie en noir et blanc d'un coureur cycliste se tenant debout à côté de son vélo.
Antonin Magne, ami d'André Leducq, gagne avec lui la dernière étape du Tour 1938.

En 1936, André et sa femme divorcent[77]. Il ne participe pas au Tour cette même année, ni à l'édition 1937, qu'il décide comme Antonin Magne de ne pas disputer. Cette année-là, Henri Desgrange dote l'équipe de France d'un directeur sportif, comme le demandait Leducq deux ans plus tôt. Ce directeur sportif est Jean Leulliot, collaborateur du journal L'Auto et futur organisateur de courses cyclistes. Au début de l'année 1937, André Leducq est contacté par Charles Spiessert, directeur du cirque Pinder pour effectuer une tournée à travers la France, d'une durée de huit mois, en compagnie d'Antonin Magne et des frères Raymond et Ferdinand Le Drogo. Les coureurs s'exhibent sur un home trainer disposé sur un grand plateau équipé de silhouettes cyclistes[78].

En 1938, Henri Desgrange supprime la catégorie des coureurs individuels du Tour de France, également appelée « touristes-routiers » ou « isolés » lors d'éditions précédentes. Il agrandit les équipes nationales et crée deux équipes de coureurs français, en plus de l'équipe de France emmenée par Antonin Magne : l'une est appelée « Bleuets » et l'autre « Cadets », qui a pour capitaine André Leducq. Sans avoir gagné d'étape, Leducq prend le maillot jaune après le deuxième tronçon de la sixième étape, à Bayonne. Il le cède au Belge Félicien Vervaecke à l'issue de la huitième étape, à Luchon, où il arrive avec 25 minutes de retard. Il termine à la trentième place de ce Tour de France remporté par l'Italien Gino Bartali. Lors de la dernière étape, entre Lille et Paris, il s'échappe avec Antonin Magne à Vallangoujard. Ils parcourent ensemble les cinquante derniers kilomètres menant au Parc des Princes. Après avoir débuté sur le Tour la même année, ils font ensemble leur adieu à la « grande boucle » en franchissant la ligne d'arrivée se tenant par l'épaule et sont classés premiers ex-aequo[79],[80]. C'est la 25e victoire d'étape de Leducq sur le Tour de France, un record qui ne sera battu qu'en 1972 par Eddy Merckx. À cette occasion, il est le sixième cycliste du Tour de France à connaître une victoire d'étape dix ans au moins après un premier succès.

Après carrière[modifier | modifier le code]

En , il participe aux Six jours de Paris en compagnie de Georges Wambst. À mi-course, l'équipage occupe la treizième et dernière place[81], avant d'abandonner finalement[82]. André Leducq se retire de la compétition et devient observateur parmi la caravane du Tour pour le compte des journaux Le Petit Parisien et Miroir des sports[83]. Blanche Larivaut (1912-2003), sa compagne qui travaille au service photographique du journal France-Soir, donne naissance au seul enfant du couple, prénommé Jean-François, le . Elle devient sa seconde épouse le , à Mériel. À partir de la fin du mois d', André Leducq exerce la fonction d'inspecteur des ventes des Cycles Mercier. Au début des années 1950, il fait l'acquisition, avec sa femme, d'un café-tabac à Mériel, puis en , il achète un café-épicerie à Maisons-Laffitte[84]. Il ne s'éloigne pas pour autant du monde du cyclisme puisqu'il accepte de diriger l'équipe de France sur le Tour d'Espagne 1961, qui compte dans ses rangs François Mahé, deuxième du classement général[71], puis en 1964, il part effectuer une mission d'éducateur sportif à Téhéran[84]. En 1953, il est invité à l'arrivée du Tour de France 1953 au Parc des Princes, à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'épreuve, au même titre que les anciens vainqueurs encore en vie[85].

En 1961, il divorce de sa seconde femme et s'installe avec Germaine Le Gaillard (1907-1999), une modiste de l'avenue de l'Opéra, à Paris, avec laquelle il se marie le . André Leducq se passionne pour la plongée sous-marine qu'il pratique avec son ami Roger Poulain, moniteur aux Goudes[86]. Le , il est retrouvé inanimé dans la chambre qu'il occupe chez son ami. Il meurt à son arrivée à l'hôpital de Marseille, à l'âge de 76 ans[86]. Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine[87].

Style et personnalité[modifier | modifier le code]

André Leducq est un coureur complet, un « athlète du vélo » selon le journaliste Jacques Augendre, capable de battre au sprint les coureurs les plus rapides de sa génération, mais également bon rouleur et performant dans les ascensions[71]. Dès ses premières années, les suiveurs du cyclisme se disent étonnés par les qualités physiques de Leducq : « ses jambes, comme chez tous les hommes en forme, tournent harmonieusement, comme un rouet bien rond qui déviderait inlassablement sa laine[88] ». Spécialiste de l'histoire du cyclisme, Pierre Chany le décrit comme « un athlète naturel, puissant et harmonieux, possesseur d'un organisme robuste »[89]. Il souligne également ses qualités de sprinteur et de descendeur[89]. Le journaliste Christophe Penot le compare à François Faber, vainqueur du Tour de France 1909 : « Même bonne humeur, même popularité, même solidité, même pointe de vitesse et même passion pour le Tour de France[42] ». Leducq est d'ailleurs un admirateur de Faber et lie une longue amitié avec la veuve du coureur, mort au combat lors de la Première Guerre mondiale[71].

Surnommé « Dédé gueule d'amour et muscles d'acier » ou encore « le joyeux Dédé »[90], il jouit d'une popularité incontestable, comparable à celle de Raymond Poulidor dans les années 1970[89] et qui « dépasse le sport » selon le romancier Michel Droit, qui le compare à Georges Carpentier, Jules Ladoumègue et Jean Borotra[71]. Selon la formule de Christophe Penot : « En son temps, il eut la popularité d'un jeune dieu[42]. » Le Miroir des sports lui consacre sa une 22 fois entre 1928 et 1935, soit autant qu'Antonin Magne et plus qu'aucun autre coureur cycliste de cette époque[91]. Passionné de sport, il ne cesse de rouler à vélo tout au long de sa vie et s'initie également à la plongée sous-marine[71]. Personnage haut en couleur, « garçon jovial[42] », le scénariste Olivier Dazat dit de lui : « La malice de Filochard, la gouaille de Ribouldingue et la grande gueule de Croquignol, André Leducq était un peu les Pieds Nickelés à lui seul[71]. » Selon Pierre Chany, Leducq conserve de son enfance sur les hauteurs de Montmartre « l'esprit vif et le sens de la répartie »[89]. Il fréquente de nombreuses vedettes de son époque et compte le chanteur Maurice Chevalier et les acteurs Jean Gabin et Albert Préjean parmi ses plus proches amis. Il côtoie aussi des artistes comme Eugène Paul et Bernard Buffet[71].

Hommages[modifier | modifier le code]

Photographie d'une plaque commémorative en pierre blanche gravée en lettres rouges.
Plaque en hommage d'André Leducq, au no 19 rue Michel-Ange (Paris).

En 1931, André Leducq est le premier lauréat du challenge Sedis, qui récompense le meilleur routier professionnel de la saison française[92]. Il est décoré de la Légion d'honneur en . En 2002, il fait partie des coureurs retenus dans le Hall of Fame de l'Union cycliste internationale[93].

Une rue à La Roche-sur-Yon[94] ainsi que le gymnase de la commune de Mériel dans le Val-d'Oise lui sont dédiés[95]. Une plaque est apposée sur l'immeuble du 19 rue Michel-Ange (16e arrondissement de Paris), où il a vécu. La statue intitulée Le Guerrier blessé, œuvre du sculpteur allemand Arno Breker, s'inspire très largement d'une photographie d'André Leducq après sa chute dans le col du Galibier sur le Tour de France 1930. Le guerrier sculpté par Breker adopte la même position que le coureur cycliste, prostré, assis sur une pierre, au point qu'elle est nommée par plusieurs spécialistes « la statue André Leducq ». Elle est installée dans le jardin du musée Arno Breker, à Düsseldorf[96].

Palmarès[modifier | modifier le code]

Les principaux éléments du palmarès d'André Leducq sont présentés ci-dessous[69].

Palmarès amateur[modifier | modifier le code]

Palmarès professionnel[modifier | modifier le code]

Résultats sur les grands tours[modifier | modifier le code]

Résultats sur le Tour de France[modifier | modifier le code]

En neuf participations, André Leducq remporte deux fois le Tour. Il totalise 25 victoires d'étapes dont quatre par équipes, ce qui fait de lui le quatrième coureur au classement des victoires d'étapes dans l'épreuve derrière Eddy Merckx, Bernard Hinault et Mark Cavendish[97]. Il passe au total 35 jours avec le maillot jaune sur les épaules[98]. André Leducq fait également partie des coureurs ayant remporté au moins deux étapes du Tour de France sur plus de dix années.

  • 1927 : 4e du classement général et vainqueur des 6e, 23e et 24e étapes
  • 1928 : 2e du classement général et vainqueur des 2e, 10e, 11e et 16e étapes
  • 1929 : 11e du classement général et vainqueur des 2e, 11e, 17e, 18e  et 21° étapes, maillot jaune pendant 1 jour
  • 1930 : Leader du classement général vainqueur du classement général et des 5e et 16e étapes, maillot jaune pendant 13 jours
  • 1931 : 10e du classement général et vainqueur de la 20e étape
  • 1932 : Leader du classement général vainqueur du classement général et des 3e, 11e, 13e, 15e, 20e et 21e étapes, maillot jaune pendant 19 jours
  • 1933 : 31e du classement général et vainqueur des 13e et 14e étapes
  • 1935 : 17e du classement général et vainqueur de la 18eb étape (contre-la-montre)
  • 1938 : 30e du classement général et vainqueur de la 21e étape, maillot jaune pendant 2 jours (dont une demi-étape)

Résultats sur le Tour d'Italie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Seuls les six premiers sont officiellement « classés ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Le vélo et ses champions, p. 7-8.
  2. Le vélo et ses champions, p. 9.
  3. « L'Iintransigeant » du 1er aout 1927 sur Gallica.
  4. a b c d et e Le vélo et ses champions, p. 10-11.
  5. a b c et d Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1044,‎ , p. 1-3 (lire en ligne).
  6. Le vélo et ses champions, p. 12-13.
  7. a b et c Le vélo et ses champions, p. 14.
  8. a b et c Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1045,‎ , p. 1-3 (lire en ligne).
  9. a et b Sergent 2002, p. 1076.
  10. « Le jeune Anré Leducq, du V.C.L., succède à Marcillac comme champion de France junior », L'Auto,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  11. « À Marseille le Challenge des Seniors, à Levallois celui des Juniors », L'Auto,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  12. Charles Ravaud, « Les commentaires de la semaine - Cyclisme », L'Auto,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  13. a et b Le vélo et ses champions, p. 15.
  14. « Etoile de Paris », L'Auto,‎ , p. 6 (lire en ligne).
  15. Gaston Bénac, « Les championnats du monde à Zurich », L'Auto,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  16. Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1048,‎ , p. 1-3 (lire en ligne).
  17. a b et c Le vélo et ses champions, p. 17.
  18. a et b Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1051,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
  19. « A. Vugé enlève brillamment Paris-Orléans », L'Auto,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  20. « André Leducq gagne pour la 3e fois le Trophée cycliste du Petit Journal », L'Auto,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  21. « André Leducq est champion de France amateur des 100 kil. sur route », L'Auto,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  22. « Les Jeux de la VIIIe olympiade - Paris 1924 - Rapport officiel » [PDF], sur la84foundation.org (consulté le ).
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  24. Une Fleur au Guidon, Roger Bastide 1978 p.72
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  26. a et b Charles Ravaud, « Après une course formidable André Leducq du V.C.L. s'adjuge le titre de champion du monde amateurs sur route », L'Auto,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  27. « Leducq vainqueur à Reims », L'Auto,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  28. « P. Magne (S.S.S.) gagne le 15e Paris-Evreux », L'Auto,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  29. a et b Le vélo et ses champions, p. 18-19.
  30. « La Traversée de la France par relais », L'Auto,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  31. a b et c Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1054,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
  32. « André Leducq (V.C.L.) conserve le maillot tricolore de Champion de France sur Route », L'Auto,‎ , p. 1, 3 (lire en ligne).
  33. Le vélo et ses champions, p. 20.
  34. a et b Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1055,‎ , p. 1-2 (lire en ligne).
  35. Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1058,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  36. a b et c Eclimont 2013, p. 75-76.
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  39. a et b Raymond Huttier, « Ma vie sportive, par André Leducq », Le Miroir des sports, no 1064,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  40. a b et c Le vélo et ses champions, p. 23-24.
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Publications[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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  • Thierry Cazeneuve, 1903-1939 L'invention du Tour, L'Équipe, coll. « La Grande histoire du Tour de France » (no 1), , 62 p. (ISBN 978-2-8152-0293-0). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre Chany (préf. Antoine Blondin), La fabuleuse histoire du cyclisme, Paris, O.D.I.L., , 1053 p..
  • Pierre Chany, La Fabuleuse Histoire du Tour de France : livre officiel du centenaire, Genève/Paris, Minerva, , 959 p. (ISBN 2-8307-0766-4). Document utilisé pour la rédaction de l’article
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  • Christian-Louis Eclimont, Le Tour de France en 100 Histoires Extraordinaires, Paris, First, , 380 p. (ISBN 978-2-7540-5044-9). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Bill McGann et Carol McGann, The Story of the Tour de France, vol. 1 : How a Newspaper Promotion Became the Greatest Sporting Event in the World, Dog Ear Publishing, , 304 p. (ISBN 978-1-59858-180-5, lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean Roussel, Il était une fois le Tour de France : À l'époque tumultueuse de l'entre-deux-guerres 1919-1939, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, , 365 p. (ISBN 2-7475-5254-3).
  • Pascal Sergent, Paris-Roubaix : chronique d'une légende, t. I : 1896-1939, Roubaix, Véloclub de Roubaix, , 243 p. (BNF 36158492), p. 167-170.
  • Pascal Sergent, Encyclopédie mondiale du cyclisme, vol. 3, De Eecloonaar, , 2134 p. (ISBN 90-74128-73-4).
  • Sandrine Viollet, Le Tour de France cycliste : 1903-2005, Paris/Budapest/Kinshasa etc., L'Harmattan, , 256 p. (ISBN 978-2-296-02505-9, lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article

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