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[[Fichier:Toba zoom.jpg|thumb|Image satellite du [[lac Toba]].]]
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L'[[éruption explosive]] du [[supervolcan]] Toba, survenue il y a {{unité|73000|ans}} (±{{unité|4000|ans}}) sur le site actuel du [[lac Toba]] (île de [[Sumatra]] en [[Indonésie]]), est la dernière et la plus importante des quatre éruptions qu'a connues ce volcan au cours du [[Quaternaire]]. Son indice d'explosivité est estimé à 8 sur l'[[Indice d'explosivité volcanique|échelle VEI]], la plus haute valeur possible. La '''théorie de la catastrophe de Toba''' soutient que cet événement, d'une durée de deux semaines<ref>{{YouTube|3krjG5fUtEk|Yellowstone Supervolcano.High Alert|en}}</ref>, causa un [[hiver volcanique]] qui dura de 6 à 10 ans suivi d'un refroidissement global s'étendant sur environ un millénaire.
L'[[Éruption du Toba|éruption explosive]] du [[supervolcan]] Toba, survenue il y a {{unité|73000|±=4000|ans}} sur le site actuel du [[lac Toba]] dans l'île de [[Sumatra]] ([[Indonésie]]), est la dernière et la plus importante des quatre [[éruption explosive|éruptions]] qu'a connues ce volcan au cours du [[Quaternaire]]. Son indice d'explosivité est estimé à 8 sur l'[[Indice d'explosivité volcanique|échelle VEI]], la plus haute valeur possible. La '''théorie de la catastrophe de Toba''' soutient que cet événement, d'une durée de deux semaines<ref>{{YouTube|3krjG5fUtEk|Yellowstone Supervolcano.High Alert|en}}</ref>, causa un [[hiver volcanique]] qui dura de {{nobr|6 à 10 ans}} suivi d'un refroidissement global s'étendant sur environ un millénaire.


En 1993, la journaliste scientifique américaine Ann Gibbons suggéra une corrélation entre l'éruption et le [[goulet d'étranglement de population]] de l'[[Histoire évolutive de la lignée humaine|évolution humaine]]. Michael R. Rampino de l'[[université de New York]] et Stephen Self de l'[[université d'Hawaï à Mānoa]] apportèrent leur soutien à cette idée. En 1998, la théorie d'un goulet d'étranglement génétique causé par la super-éruption du Toba fut développée par Stanley H. Ambrose de l'[[Université de l'Illinois à Urbana-Champaign]]<ref>{{article |langue=en |auteur1=Stanley H. Ambrose |titre=Late Pleistocene human population bottlenecks, volcanic winter, and differentiation of modern humans |périodique=Journal of Human Evolution |année=1998 |volume= 34 |numéro= 6 |passage= 623–651 |DOI=10.1006/jhev.1998.0219}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.bradshawfoundation.com/evolution/ |auteur=Stanley H. Ambrose |année=2005 |titre=Volcanic Winter, and Differentiation of Modern Humans |site=bradshawfoundation.com}}</ref>.
En 1993, la journaliste scientifique américaine Ann Gibbons suggéra une corrélation entre l'éruption et un potentiel [[goulet d'étranglement de population]] de l'[[Histoire évolutive de la lignée humaine|évolution humaine]]. Michael R. Rampino de l'[[université de New York]] et Stephen Self de l'[[université d'Hawaï à Mānoa]] apportèrent leur soutien à cette idée. En 1998, la théorie d'un goulet d'étranglement génétique causé par la super-éruption du Toba fut développée par Stanley H. Ambrose de l'[[université de l'Illinois à Urbana-Champaign]]<ref>{{article |langue=en |auteur1=Stanley H. Ambrose |titre=Late Pleistocene human population bottlenecks, volcanic winter, and differentiation of modern humans |périodique=Journal of Human Evolution |année=1998 |volume= 34 |numéro= 6 |passage= 623–651 |DOI=10.1006/jhev.1998.0219}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.bradshawfoundation.com/evolution/ |auteur=Stanley H. Ambrose |année=2005 |titre=Volcanic Winter, and Differentiation of Modern Humans |site=bradshawfoundation.com}}</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
[[Fichier:Tobaeruption.png|vignette|Reconstitution de ce qui aurait pu ressembler à l'éruption du [[lac Toba|Toba]].]]
[[Fichier:Tobaeruption.png|vignette|Reconstitution de ce à quoi aurait pu ressembler l'éruption du supervolcan [[lac Toba|Toba]].]]
Les connaissances sur l'[[Préhistoire|histoire humaine préhistorique]], quoique largement théoriques, sont basées sur des données [[Archéologie|archéologique]]s et sur certaines réalités [[Génétique humaine|génétique]]s. Au cours des trois derniers [[Million d'années|millions d'années]], après que la branche humaine et la branche des [[grands singes]] eurent divergé d'un même [[ancêtre commun]], la lignée humaine a produit une variété d'espèces. Selon la théorie de la catastrophe de Toba, une gigantesque [[éruption volcanique]] a modifié le cours de l'[[évolution humaine]] par la disparition des différentes espèces d'[[hominidé]]s qui existaient alors, ne laissant subsister qu'une population résiduelle de quelques milliers d'individus en Afrique orientale.
Les connaissances sur l'[[Préhistoire|histoire humaine préhistorique]], quoique largement théoriques, sont basées sur des données [[Archéologie|archéologique]]s et sur certaines réalités [[Génétique humaine|génétique]]s. Au cours des trois derniers [[Million d'années|millions d'années]], après que la branche humaine et la branche des [[Hominoidea|grands singes]] eurent divergé d'un même [[Dernier ancêtre commun|ancêtre commun]], la lignée humaine a produit une variété d'espèces. Selon la théorie de la catastrophe de Toba, une gigantesque [[éruption volcanique]] a modifié le cours de l'[[Histoire évolutive de la lignée humaine|évolution humaine]] par la disparition des différentes espèces d'[[Hominidae|hominidé]]s qui existaient alors, ne laissant subsister qu'une population résiduelle de quelques milliers d'individus en Afrique orientale.


Il y a environ {{unité|75000|ans}}, le volcan où se trouve actuellement la [[caldeira]] du [[lac Toba]] dans l'île de [[Sumatra]], entra en éruption avec une force trois mille fois supérieure à celle de l'éruption du [[mont Saint Helens]] aux [[États-Unis]] en [[1980]]. Selon le professeur Ambrose, cela entraîna une chute de la moyenne des températures d'environ 3 à {{unité|3.5|°C}} sur plusieurs années. Une chute globale de 3 à {{unité|3.5|°C}} peut conduire à une baisse de plus de {{unité|15|°C}} dans les régions tempérées. Ce changement brutal de l'environnement serait à l'origine de ce qui a été appelé un « goulet d'étranglement » ''(bottleneck)'' de population chez les hominidés.
Il y a environ {{unité|75000|ans}}, le volcan où se trouve actuellement la [[caldeira]] du [[lac Toba]] dans l'île de [[Sumatra]], [[Éruption du Toba|entra en éruption]] avec une force trois mille fois supérieure à celle de l'éruption du [[mont Saint Helens]] aux [[États-Unis]] en [[1980]]. Selon le professeur Ambrose, cela entraîna une chute de la moyenne des températures d'environ {{tmp|3|3.5|°C}} sur plusieurs années. Une chute globale de {{tmp|3|3.5|°C}} peut conduire à une baisse de plus de {{tmp|15|°C}} dans les régions tempérées. Ce changement brutal de l'environnement serait à l'origine de ce qui a été appelé un « goulet d'étranglement » ''(bottleneck)'' de population chez les hominidés.


Des preuves géologiques constituées par la structure unique des cendres volcaniques datées d'il y a {{unité|75000|ans}}, les preuves [[glaciologie|glaciologique]]s (forte concentration de sulfures dans les glaces également datées à {{unité|75000|ans}}) et les preuves issues de l'analyse des dépôts d'animaux marins datant de la même période, ainsi que des modélisations, accréditent la plausibilité de la théorie de la catastrophe de Toba. Des éléments génétiques comme l'étude des [[mitochondrie]]s suggèrent que tous les humains vivant aujourd'hui, en dépit de leur apparente variété, descendent d'un petit groupe de quelques milliers d'individus vivant en Afrique orientale<ref>«Aux frontières de la science : l'apocalypse à l'âge de pierre », ''[[National Geographic Channel]]''</ref>. En utilisant les taux moyens de mutation génétique, certains généticiens{{précision nécessaire}} ont estimé que ce petit groupe vivait à une période contemporaine de la catastrophe de Toba.
Des preuves géologiques constituées par la structure unique des [[Cendre volcanique|cendres volcaniques]] datées d'il y a {{unité|75000|ans}}, les preuves [[glaciologie|glaciologique]]s (forte concentration de sulfures dans les glaces également datées à {{unité|75000|ans}}) et les preuves issues de l'analyse des dépôts d'animaux marins datant de la même période, ainsi que des modélisations, accréditent la plausibilité de la théorie de la catastrophe de Toba. Des éléments génétiques comme l'étude des [[mitochondrie]]s suggèrent que tous les humains vivant aujourd'hui, en dépit de leur apparente variété, descendent d'un petit groupe de quelques milliers d'individus vivant en Afrique orientale<ref>«Aux frontières de la science : l'apocalypse à l'âge de pierre », ''[[National Geographic Channel]]''</ref>. En utilisant les taux moyens de mutation génétique, certains généticiens{{précision nécessaire}} ont estimé que ce petit groupe vivait à une période contemporaine de la catastrophe de Toba.


Selon cette théorie, les humains, après Toba, auraient à nouveau rayonné lorsque le climat et d'autres facteurs redevinrent favorables. Partant de l'[[Afrique]], ils migrèrent vers l'[[Indochine]] et l'[[Australie]] et, plus tard, vers le [[Croissant fertile]] et le [[Moyen-Orient]]. Les routes migratoires créèrent des [[Foyer de peuplement|foyers de peuplement]] de l'homme moderne en [[Ouzbékistan]], [[Afghanistan]] et [[Inde]]. Les divergences de [[Couleur de la peau humaine|couleur de peau]] apparurent, dues à des niveaux variés de [[mélanine]] adaptés aux variations locales de l'intensité des [[Ultraviolet|rayons UV]]. L'Europe s'est ensuite peuplée par des flux migratoires venus d'Asie centrale à la fin du dernier [[Glaciation|âge glaciaire]] au fur et à mesure que les conditions climatiques devenaient plus clémentes.
Selon cette théorie, les humains, après Toba, auraient à nouveau rayonné lorsque le climat et d'autres facteurs redevinrent favorables. Partant de l'[[Afrique]], ils migrèrent vers l'[[Indochine]] et l'[[Australie]] et, plus tard, vers le [[Croissant fertile]] et le [[Moyen-Orient]]. Les routes migratoires créèrent des [[Foyer de peuplement|foyers de peuplement]] de l'homme moderne en [[Ouzbékistan]], [[Afghanistan]] et [[Inde]]. Les divergences de [[Couleur de la peau humaine|couleur de peau]] apparurent, dues à des niveaux variés de [[mélanine]] adaptés aux variations locales de l'intensité des [[Ultraviolet|rayons UV]]. L'Europe s'est ensuite peuplée par des flux migratoires venus d'Asie centrale à la fin du dernier [[Glaciation|âge glaciaire]] au fur et à mesure que les conditions climatiques devenaient plus clémentes.


À l'appui de la théorie d'une « génération de Toba » et d'une origine commune relativement récente, on notera l'unité culturelle humaine que l'on observe au travers de l'[[Linguistique|analyse des langues]], des [[cosmogonie]]s humaines et de ses mythes fondateurs. Toutes les langues auraient une origine commune, ce que tend à confirmer l'étude des mythes humains, où l'on retrouve des thèmes analogues, des archétypes fondant les structures morales des cultures.
À l'appui de la théorie d'une « génération de Toba » et d'une origine commune relativement récente, [[Merritt Ruhlen]] postule l'unité culturelle humaine que l'on observe au travers de l'[[Linguistique|analyse des langues]], des [[cosmogonie]]s humaines et de ses mythes fondateurs. Toutes les langues auraient une origine commune, ce que tend à confirmer l'étude des mythes humains, où l'on retrouve des thèmes analogues, des archétypes fondant les structures morales des cultures<ref>Merritt Ruhlen, {{en}} ''On the Origin of Languages: Studies in Linguistic Taxonomy'', Stanford University Press 1994, {{ISBN|978-0804728058}}.</ref>.


À l'encontre de cette théorie, de récentes découvertes archéologiques dans le sud de l'[[Inde]] à {{lien|Jwalapuram}} semblent montrer que l'activité humaine n'a pas été si perturbée pendant cette période. Cinq cents outils de pierre montrant une continuité des techniques traditionnelles y ont été découverts, ce qui tendrait à démontrer qu'il n'y a pas eu d'extinction<ref>{{article |langue=fr |titre=La super-éruption de Toba, pas si ravageuse |périodique=[[Sciences et Avenir]] |numéro=726 |date=août 2007}}</ref>. Les récentes analyses [[Paléoclimatologie|paléoclimatique]]s menées dans les sédiments du [[lac Malawi]] infirment aussi l'idée d'une catastrophe climatique durable affectant l'Afrique orientale<ref>{{article |langue=en |auteur1=C.S. Lane |auteur2=B.T. Chorn |auteur3=T.C. Johnson |titre=Ash from the Toba supereruption in Lake Malawi shows no volcanic winter in East Africa at 75 ka |périodique=PNAS |date=29 avril 2013 |doi=10.1073/pnas.1301474110}}</ref>.
À l'encontre de cette théorie, de récentes découvertes archéologiques dans le sud de l'[[Inde]] à [[Jwalapuram]] semblent montrer que l'activité humaine n'a pas été si perturbée pendant cette période. Cinq cents outils de pierre y ont été découverts, qui montrent une continuité des techniques traditionnelles avant et après la catastrophe<ref>{{article |langue=fr |titre=La super-éruption de Toba, pas si ravageuse |périodique=[[Sciences et Avenir]] |numéro=726 |date=août 2007}}</ref>. Les récentes analyses [[Paléoclimatologie|paléoclimatique]]s menées dans les sédiments du [[lac Malawi]] infirment aussi l'idée d'une catastrophe climatique durable affectant l'Afrique orientale<ref>{{article |langue=en |auteur1=C.S. Lane |auteur2=B.T. Chorn |auteur3=T.C. Johnson |titre=Ash from the Toba supereruption in Lake Malawi shows no volcanic winter in East Africa at 75 ka |périodique=PNAS |date=29 avril 2013 |doi=10.1073/pnas.1301474110}}</ref>.


Cependant la polémique est très loin d'être tranchée, notamment à cause de difficultés à dater précisément la catastrophe et les restes fossiles ou d'outils découverts<ref>{{article |langue=en |titre=A high-precision <sup>40</sup>Ar/<sup>39</sup>Ar age for the Young Toba Tuff and dating of ultra-distal tephra: Forcing of Quaternary climate and implications for hominin occupation of India |auteur1=Darren F. Mark |auteur2=Michael Petraglia |auteur3=Victoria C. Smith |auteur4=Leah E. Morgan |auteur5=Dan N. Barfod |auteur6=Ben S. Ellis |auteur7=Nick J. Pearce |auteur8=J.N. Pal |auteur9=Ravi Korisettar |périodique=Quaternary Geochronology |volume= 21 |date=11 déc. 2012 |passage=90–103}}</ref>{{,}}<ref>{{article |langue=en |périodique=Quaternary Geochronology |volume= 18 |date=décembre 2013 |passage=173–175 |titre=Multiple interpretive errors? Indeed. Reply to: Climate effects of the 74 ka Toba super-eruption: Multiple interpretive errors in ‘A high-precision <sup>40</sup>Ar/<sup>39</sup>Ar age for the Young Toba Tuff and dating of ultra-distal tephra’ by Michael Haslam
Cependant la discussion est très loin d'être tranchée, notamment à cause de difficultés à dater précisément la catastrophe et les restes fossiles ou d'outils découverts<ref>{{article |langue=en |titre=A high-precision <sup>40</sup>Ar/<sup>39</sup>Ar age for the Young Toba Tuff and dating of ultra-distal tephra: Forcing of Quaternary climate and implications for hominin occupation of India |auteur1=Darren F. Mark |auteur2=Michael Petraglia |auteur3=Victoria C. Smith |auteur4=Leah E. Morgan |auteur5=Dan N. Barfod |auteur6=Ben S. Ellis |auteur7=Nick J. Pearce |auteur8=J.N. Pal |auteur9=Ravi Korisettar |périodique=Quaternary Geochronology |volume= 21 |date=11 déc. 2012 |passage=90–103}}</ref>{{,}}<ref>{{article |langue=en |périodique=Quaternary Geochronology |volume= 18 |date=décembre 2013 |passage=173–175 |titre=Multiple interpretive errors? Indeed. Reply to: Climate effects of the 74 ka Toba super-eruption: Multiple interpretive errors in ‘A high-precision <sup>40</sup>Ar/<sup>39</sup>Ar age for the Young Toba Tuff and dating of ultra-distal tephra’ by Michael Haslam
Darren F. Mark, Michael Petraglia, Victoria C. Smith, Leah E. Morgan, Dan N. Barfod, Ben S. Ellis, Nick J. Pearce, J.N. Pal, Ravi Korisettar}}</ref>, même si l'[[Palynologie|étude des pollens]] montre bien un changement de la flore<ref>{{article |langue=en |périodique=Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology |volume= 284 |numéro=3–4 |date=30 décembre 2009 |passage=295–314 |titre=Environmental impact of the 73 ka Toba super-eruption in South Asia |auteur1=Martin A.J. Williams |auteur2=Stanley H. Ambrose |auteur3=Sander van der Kaars |auteur4=Carsten Ruehlemann |auteur5=Umesh Chattopadhyaya |auteur6=Jagannath Pa |auteur7=Parth R. Chauhan}}</ref>, synonyme de changement climatique et/ou d'occupation humaine.
Darren F. Mark, Michael Petraglia, Victoria C. Smith, Leah E. Morgan, Dan N. Barfod, Ben S. Ellis, Nick J. Pearce, J.N. Pal, Ravi Korisettar}}</ref>, même si l'[[Palynologie|étude des pollens]] montre bien un changement de la flore<ref>{{article |langue=en |périodique=Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology |volume= 284 |numéro=3–4 |date=30 décembre 2009 |passage=295–314 |titre=Environmental impact of the 73 ka Toba super-eruption in South Asia |auteur1=Martin A.J. Williams |auteur2=Stanley H. Ambrose |auteur3=Sander van der Kaars |auteur4=Carsten Ruehlemann |auteur5=Umesh Chattopadhyaya |auteur6=Jagannath Pa |auteur7=Parth R. Chauhan}}</ref>, synonyme de [[changement climatique]] et/ou d'occupation humaine.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Source ===
=== Source ===
* {{Extrait vidéo|langue=fr|vo=en|titre=Le supervolcan de Toba|titre original=Mystery of the Megavolcano|prénom producteur=Ben|nom producteur=Fox
* {{Extrait vidéo|langue=fr|vo=en|titre=Le supervolcan de Toba|titre original=Mystery of the Megavolcano|prénom producteur=Ben|nom producteur=Fox
|collection=Aux origines de l'humanité|série=Documentaire de géologie|volume=2/2|année=2006|mois=9|jour=26|présentation en ligne=http://www.pbs.org/wgbh/nova/earth/lessons-supervolcano.html}}, diffusé le 21 mars 2009 et le 24 juillet 2016 sur [[Arte]].
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* ''Le feu et la glace'', épisode 7/8 de la série documentaire ''[[Animal Armageddon]]'', réalisée par Jason McKinley, 2009, diffusé sur [[France 5]], le 6 mars 2010.
* ''Le feu et la glace'', épisode 7/8 de la série documentaire ''[[Animal Armageddon]]'', réalisée par Jason McKinley, 2009, diffusé sur [[France 5]], le {{date|6 mars 2010}}.


== Annexes ==
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Éruption du Toba]]
* [[Ève mitochondriale]]
* [[Ève mitochondriale]]
* [[Origine africaine de l'homme moderne]]
* [[Extinction de l'humanité]]
* [[Origine africaine de l'Homme moderne]]
* [[Origine multirégionale de l'homme moderne]]
* [[Plus récent ancêtre patrilinéaire commun]]
* [[Plus récent ancêtre patrilinéaire commun]]


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* {{en}} [http://www.jqjacobs.net/anthro/paleo/bottleneck.html Population Bottlenecks and Volcanic Winter]
* {{en}} [http://www.jqjacobs.net/anthro/paleo/bottleneck.html Population Bottlenecks and Volcanic Winter]
* {{en}} [http://www.sciencedaily.com/releases/1998/09/980908074159.htm Article de Sciencedaily de 1998 basé sur les commentaires qui ont suivi la publication d'Ambrose]
* {{en}} [http://www.sciencedaily.com/releases/1998/09/980908074159.htm Article de Sciencedaily de 1998 basé sur les commentaires qui ont suivi la publication d'Ambrose]
* {{en}} [http://www.andaman.org/BOOK/originals/Weber-Toba/textr.htm Le volcan Toba par George Veber]
* {{fr}} [https://www.dailymotion.com/video/xdx6xb_le-supervolcan-de-toba-1-3_tech Le supervolcan de Toba]
* {{fr}} [https://www.dailymotion.com/video/xdx6xb_le-supervolcan-de-toba-1-3_tech Le supervolcan de Toba]


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{{Portail|volcanisme|Origine et évolution du vivant|Indonésie}}


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[[Catégorie:Lac Toba]]
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[[Catégorie:Théorie géologique|Catastrophe de Toba]]
[[Catégorie:Volcanologie]]

Dernière version du 27 mars 2024 à 16:27

Image satellite du lac Toba.

L'éruption explosive du supervolcan Toba, survenue il y a 73 000 ± 4 000 ans sur le site actuel du lac Toba dans l'île de Sumatra (Indonésie), est la dernière et la plus importante des quatre éruptions qu'a connues ce volcan au cours du Quaternaire. Son indice d'explosivité est estimé à 8 sur l'échelle VEI, la plus haute valeur possible. La théorie de la catastrophe de Toba soutient que cet événement, d'une durée de deux semaines[1], causa un hiver volcanique qui dura de 6 à 10 ans suivi d'un refroidissement global s'étendant sur environ un millénaire.

En 1993, la journaliste scientifique américaine Ann Gibbons suggéra une corrélation entre l'éruption et un potentiel goulet d'étranglement de population de l'évolution humaine. Michael R. Rampino de l'université de New York et Stephen Self de l'université d'Hawaï à Mānoa apportèrent leur soutien à cette idée. En 1998, la théorie d'un goulet d'étranglement génétique causé par la super-éruption du Toba fut développée par Stanley H. Ambrose de l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign[2],[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Reconstitution de ce à quoi aurait pu ressembler l'éruption du supervolcan Toba.

Les connaissances sur l'histoire humaine préhistorique, quoique largement théoriques, sont basées sur des données archéologiques et sur certaines réalités génétiques. Au cours des trois derniers millions d'années, après que la branche humaine et la branche des grands singes eurent divergé d'un même ancêtre commun, la lignée humaine a produit une variété d'espèces. Selon la théorie de la catastrophe de Toba, une gigantesque éruption volcanique a modifié le cours de l'évolution humaine par la disparition des différentes espèces d'hominidés qui existaient alors, ne laissant subsister qu'une population résiduelle de quelques milliers d'individus en Afrique orientale.

Il y a environ 75 000 ans, le volcan où se trouve actuellement la caldeira du lac Toba dans l'île de Sumatra, entra en éruption avec une force trois mille fois supérieure à celle de l'éruption du mont Saint Helens aux États-Unis en 1980. Selon le professeur Ambrose, cela entraîna une chute de la moyenne des températures d'environ 3 à 3,5 °C sur plusieurs années. Une chute globale de 3 à 3,5 °C peut conduire à une baisse de plus de 15 °C dans les régions tempérées. Ce changement brutal de l'environnement serait à l'origine de ce qui a été appelé un « goulet d'étranglement » (bottleneck) de population chez les hominidés.

Des preuves géologiques constituées par la structure unique des cendres volcaniques datées d'il y a 75 000 ans, les preuves glaciologiques (forte concentration de sulfures dans les glaces également datées à 75 000 ans) et les preuves issues de l'analyse des dépôts d'animaux marins datant de la même période, ainsi que des modélisations, accréditent la plausibilité de la théorie de la catastrophe de Toba. Des éléments génétiques comme l'étude des mitochondries suggèrent que tous les humains vivant aujourd'hui, en dépit de leur apparente variété, descendent d'un petit groupe de quelques milliers d'individus vivant en Afrique orientale[4]. En utilisant les taux moyens de mutation génétique, certains généticiens[précision nécessaire] ont estimé que ce petit groupe vivait à une période contemporaine de la catastrophe de Toba.

Selon cette théorie, les humains, après Toba, auraient à nouveau rayonné lorsque le climat et d'autres facteurs redevinrent favorables. Partant de l'Afrique, ils migrèrent vers l'Indochine et l'Australie et, plus tard, vers le Croissant fertile et le Moyen-Orient. Les routes migratoires créèrent des foyers de peuplement de l'homme moderne en Ouzbékistan, Afghanistan et Inde. Les divergences de couleur de peau apparurent, dues à des niveaux variés de mélanine adaptés aux variations locales de l'intensité des rayons UV. L'Europe s'est ensuite peuplée par des flux migratoires venus d'Asie centrale à la fin du dernier âge glaciaire au fur et à mesure que les conditions climatiques devenaient plus clémentes.

À l'appui de la théorie d'une « génération de Toba » et d'une origine commune relativement récente, Merritt Ruhlen postule l'unité culturelle humaine que l'on observe au travers de l'analyse des langues, des cosmogonies humaines et de ses mythes fondateurs. Toutes les langues auraient une origine commune, ce que tend à confirmer l'étude des mythes humains, où l'on retrouve des thèmes analogues, des archétypes fondant les structures morales des cultures[5].

À l'encontre de cette théorie, de récentes découvertes archéologiques dans le sud de l'Inde à Jwalapuram semblent montrer que l'activité humaine n'a pas été si perturbée pendant cette période. Cinq cents outils de pierre y ont été découverts, qui montrent une continuité des techniques traditionnelles avant et après la catastrophe[6]. Les récentes analyses paléoclimatiques menées dans les sédiments du lac Malawi infirment aussi l'idée d'une catastrophe climatique durable affectant l'Afrique orientale[7].

Cependant la discussion est très loin d'être tranchée, notamment à cause de difficultés à dater précisément la catastrophe et les restes fossiles ou d'outils découverts[8],[9], même si l'étude des pollens montre bien un changement de la flore[10], synonyme de changement climatique et/ou d'occupation humaine.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) [vidéo] Yellowstone Supervolcano.High Alert sur YouTube
  2. (en) Stanley H. Ambrose, « Late Pleistocene human population bottlenecks, volcanic winter, and differentiation of modern humans », Journal of Human Evolution, vol. 34, no 6,‎ , p. 623–651 (DOI 10.1006/jhev.1998.0219)
  3. (en) Stanley H. Ambrose, « Volcanic Winter, and Differentiation of Modern Humans », sur bradshawfoundation.com,
  4. «Aux frontières de la science : l'apocalypse à l'âge de pierre », National Geographic Channel
  5. Merritt Ruhlen, (en) On the Origin of Languages: Studies in Linguistic Taxonomy, Stanford University Press 1994, (ISBN 978-0804728058).
  6. « La super-éruption de Toba, pas si ravageuse », Sciences et Avenir, no 726,‎
  7. (en) C.S. Lane, B.T. Chorn et T.C. Johnson, « Ash from the Toba supereruption in Lake Malawi shows no volcanic winter in East Africa at 75 ka », PNAS,‎ (DOI 10.1073/pnas.1301474110)
  8. (en) Darren F. Mark, Michael Petraglia, Victoria C. Smith, Leah E. Morgan, Dan N. Barfod, Ben S. Ellis, Nick J. Pearce, J.N. Pal et Ravi Korisettar, « A high-precision 40Ar/39Ar age for the Young Toba Tuff and dating of ultra-distal tephra: Forcing of Quaternary climate and implications for hominin occupation of India », Quaternary Geochronology, vol. 21,‎ , p. 90–103
  9. (en) « Multiple interpretive errors? Indeed. Reply to: Climate effects of the 74 ka Toba super-eruption: Multiple interpretive errors in ‘A high-precision 40Ar/39Ar age for the Young Toba Tuff and dating of ultra-distal tephra’ by Michael Haslam Darren F. Mark, Michael Petraglia, Victoria C. Smith, Leah E. Morgan, Dan N. Barfod, Ben S. Ellis, Nick J. Pearce, J.N. Pal, Ravi Korisettar », Quaternary Geochronology, vol. 18,‎ , p. 173–175
  10. (en) Martin A.J. Williams, Stanley H. Ambrose, Sander van der Kaars, Carsten Ruehlemann, Umesh Chattopadhyaya, Jagannath Pa et Parth R. Chauhan, « Environmental impact of the 73 ka Toba super-eruption in South Asia », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 284, nos 3–4,‎ , p. 295–314

Source[modifier | modifier le code]

  • Le supervolcan de Toba [ Mystery of the Megavolcano ], vol. 2/2, de Ben Fox, coll. « Aux origines de l'humanité / Documentaire de géologie », 26 septembre 2006 [présentation en ligne], diffusé le et le sur Arte.
  • Le feu et la glace, épisode 7/8 de la série documentaire Animal Armageddon, réalisée par Jason McKinley, 2009, diffusé sur France 5, le .

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]