« Erich Ludendorff » : différence entre les versions

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| date de naissance = {{Date|9|avril|1865}}
| date de naissance = 9 avril 1865
| lieu de naissance = [[Kruszewnia (Grande-Pologne)|Kruszewnia]] ([[province de Posnanie]], [[royaume de Prusse]])
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| âge au décès = 72
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== Biographie ==
== Biographie ==
=== Sous l'Empire allemand ===
=== Sous l'Empire allemand ===
Né sous le nom de « Erich Ludendorff » et non à tort « Erich von Ludendorff », il appartient à la grande bourgeoisie prussienne et non à la noblesse. Issu d'une famille de marchands, son père, officier de réserve [[province de Poméranie (1815-1945)|poméranien]], a racheté le manoir de Kruszewnia, en [[Province de Posnanie|Posnanie]], où il est né, et sa mère, de nationalité [[Suède|suédoise]], descend de la noble famille prussienne des {{lien|lang=de|Tempelhoff|texte=von Tempelhoff}}. Son jeune frère est l'astrophysicien {{lien|lang=de|Hans Ludendorff}}. Il fréquente l'école préparatoire militaire de [[Plön]] puis est admis à l'Académie militaire de [[Berlin-Lichterfelde|Lichterfelde]] (1877-1882) et obtient à {{nombre|18|ans}} son brevet de lieutenant. D'abord affecté au [[57e régiment d'infanterie « duc Ferdinand de Brunswick » (8e régiment d'infanterie westphalien)|{{57e|régiment}} d'infanterie]] stationné à Wesel, il rejoint en 1887 un bataillon d'[[infanterie de marine]] et sert à bord des vaisseaux ''Niobe'', ''Baden'' et ''Kaiser'', qui croisent entre Scandinavie et Îles Britanniques. Simultanément, il étudie passionnément le [[russe]] et est recommandé par ses supérieurs pour l'[[Académie de guerre de Prusse|Académie de guerre de Berlin]]. L'armée lui offre un stage de trois mois à Saint-Pétersbourg et Moscou pour qu'il puisse y parfaire sa connaissance de la langue et de la civilisation russes<ref name="Nebelin"/>. Promu commandant en 1902, Ludendorff est officier d’état-major.
Né sous le nom de « Erich Ludendorff » et non « Erich von Ludendorff », il appartient à la grande bourgeoisie prussienne, et non à la noblesse. Issu d'une famille de marchands, son père, officier de réserve [[province de Poméranie (1815-1945)|poméranien]], a racheté le manoir de Kruszewnia, en [[Province de Posnanie|Posnanie]], où il est né, et sa mère, de nationalité [[Suède|suédoise]], descend de la noble famille prussienne des {{lien|lang=de|Tempelhoff|texte=von Tempelhoff}}. Son jeune frère est l'astrophysicien {{lien|lang=de|Hans Ludendorff}}. Il fréquente l'école préparatoire militaire de [[Plön]] puis est admis à l'Académie militaire de [[Berlin-Lichterfelde|Lichterfelde]] (1877-1882) et obtient à {{nombre|18|ans}} son brevet de lieutenant. D'abord affecté au [[57e régiment d'infanterie « duc Ferdinand de Brunswick » (8e régiment d'infanterie westphalien)|{{57e|régiment}} d'infanterie]] stationné à Wesel, il rejoint en 1887 un bataillon d'[[infanterie de marine]] et sert à bord des vaisseaux ''Niobe'', ''Baden'' et ''Kaiser'', qui croisent entre Scandinavie et Îles Britanniques. Simultanément, il étudie passionnément le [[russe]] et est recommandé par ses supérieurs pour l'[[Académie de guerre de Prusse|Académie de guerre de Berlin]]. L'armée lui offre un stage de trois mois à Saint-Pétersbourg et Moscou pour qu'il puisse y parfaire sa connaissance de la langue et de la civilisation russes<ref name="Nebelin"/>. Promu commandant en 1902, Ludendorff est officier d’état-major.
[[Fichier:Berlin Hauptkadettenanstalt 1900.jpg|vignette|L'[[École des cadets]] de Lichterfelde, à Berlin, où Ludendorff effectua ses études.]]
[[Fichier:Berlin Hauptkadettenanstalt 1900.jpg|vignette|L'[[École des cadets]] de Lichterfelde, à Berlin, où Ludendorff effectua ses études.]]
[[Militarisme|Militariste]] convaincu, Ludendorff citait volontiers [[Salluste]] pour qui {{citation|la paix est l’intervalle de temps entre deux guerres<ref>Cité par {{ouvrage|auteur=Jean Giraudoux |titre=Le futur armistice|éditeur=Grasset|année= 1939}}.</ref>}} : il participe activement à l’élaboration du [[plan Schlieffen]] pour l’invasion de la [[France]], en tant que chef de la {{2e|section}} du Grand État-Major d'avril 1908 à janvier 1913. En 1912, il refuse d'être anobli.
[[Militarisme|Militariste]] convaincu, Ludendorff citait volontiers [[Salluste]] pour qui {{citation|la paix est l’intervalle de temps entre deux guerres<ref>Cité par {{Ouvrage|auteur1=Jean Giraudoux|titre=Le futur armistice|éditeur=[[Éditions Grasset|Grasset]]|année=1939}}.</ref>}} : il participe activement à l’élaboration du [[plan Schlieffen]] pour l’invasion de la [[France]], en tant que chef de la {{2e|section}} du Grand État-Major d'avril 1908 à janvier 1913. En 1912, il refuse d'être anobli.
{{article connexe|Grand État-Major général}}
{{article connexe|Grand État-Major général}}


=== Grande Guerre ===
=== Grande Guerre ===
{{Article détaillé|Dioscures (Première Guerre mondiale)|Conférences de Spa (Première Guerre mondiale)}}
{{Article détaillé|Dioscures (Première Guerre mondiale)|Conférences de Spa (Première Guerre mondiale)}}
À peine le conflit est-il engagé que Ludendorff est nommé au poste de ''Generalquartiermeister'' à la deuxième armée commandée par [[Karl von Bülow|von Bülow]]. L’objectif de la deuxième armée est de mettre en œuvre ce qui a été décidé par le [[plan Schlieffen]], à savoir la prise des [[Position fortifiée de Liège|forts de Liège]] afin de s’ouvrir la route du territoire français. Après le succès de l’opération<ref name="Nebelin">Cf. {{ouvrage|auteur=Manfred Nebelin|titre= Ludendorff – Diktator im Ersten Weltkrieg|éditeur= Siedler|lieu= Munich|année= 2010|passage= 113–122}}.</ref>, Ludendorff est rappelé à l'''OHL'' (''[[Oberste Heeresleitung]]'' ou « Commandement suprême de l'armée de terre ») aux côtés de [[Paul von Hindenburg]].
À peine le conflit est-il engagé que Ludendorff est nommé au poste de ''Generalquartiermeister'' à la deuxième armée commandée par [[Karl von Bülow|von Bülow]]. L’objectif de la deuxième armée est de mettre en œuvre ce qui a été décidé par le [[plan Schlieffen]], à savoir la prise des [[Position fortifiée de Liège|forts de Liège]] afin de s’ouvrir la route du territoire français. Après le succès de l’opération<ref name="Nebelin">Cf. {{Ouvrage|auteur1=Manfred Nebelin|titre=Ludendorff – Diktator im Ersten Weltkrieg|lieu=Munich|éditeur=Siedler|année=2010|passage=113–122|isbn=}}.</ref>, Ludendorff est rappelé à l'''OHL'' (''[[Oberste Heeresleitung]]'' ou « Commandement suprême de l'armée de terre ») aux côtés de [[Paul von Hindenburg]].
Après la victoire de [[Bataille de Tannenberg (1914)|Tannenberg]] ({{nobr|[[26 août|26]]-{{Date|30|août|1914|guerre mondiale}}}}) sur la {{IIe}} armée du général russe [[Alexandre Samsonov|Alexander Samsonov]], Ludendorff est nommé ''Generalquartiermeister'' de von Hindenburg. Dans les territoires conquis à l'est de la Prusse et de la Pologne, l'[[Ober Ost]], est mise en place une administration militaire sous la tutelle directe de l'OHL et confiée directement à Ludendorff<ref>Cf. {{ouvrage|auteur=Vejas Gabriel Liulevicius|titre= War land on the Eastern Front : culture, national identity, and German occupation in World War I|éditeur=Cambridge Univ. Press|isbn=0-521-66157-9|lieu=Cambridge, Mass.|année= 2000|passage=33 et suiv., 71 et suiv}}.</ref>, sous l'autorité de von Hindenburg.
Après la victoire de [[Bataille de Tannenberg (1914)|Tannenberg]] ({{nobr|[[26 août|26]]-{{Date|30|août|1914|guerre mondiale}}}}) sur la {{IIe}} armée du général russe [[Alexandre Samsonov|Alexander Samsonov]], Ludendorff est nommé ''Generalquartiermeister'' de von Hindenburg. Dans les territoires conquis à l'est de la Prusse et de la Pologne, l'[[Ober Ost]], est mise en place une administration militaire sous la tutelle directe de l'OHL et confiée directement à Ludendorff<ref>Cf. {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Vejas Gabriel Liulevicius|titre=War land on the Eastern Front : culture, national identity, and German occupation in World War I|lieu=Cambridge, Mass.|éditeur=[[Cambridge University Press|Cambridge Univ. Press]]|année=2000|pages totales=309|passage=33 et suiv., 71 et suiv|isbn=0-521-66157-9}}.</ref>, sous l'autorité de von Hindenburg.
Inséparables, ils deviennent peu à peu les véritables décideurs de l’[[Allemagne]] après que von Hindenburg eut été nommé chef suprême de l’armée allemande en remplacement de [[Erich von Falkenhayn|Falkenhayn]], limogé en {{date|août 1916|guerre mondiale}}, reléguant le {{nobr|[[Empereur|Kaiser]] [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]]}} dans un rôle de faire-valoir<ref>Cf. {{article|auteur=Erich Eyck|titre= The Generals and the Downfall of the German Monarchy 1917–1918|journal= Transactions of the Royal Historical Society|volume=5|numéro= 2|année= 1952|pages= 48}}.</ref>.
Inséparables, ils deviennent peu à peu les véritables décideurs de l’[[Allemagne]] après que von Hindenburg eut été nommé chef suprême de l’armée allemande en remplacement de [[Erich von Falkenhayn|Falkenhayn]], limogé en {{date|août 1916|guerre mondiale}}, reléguant le {{nobr|[[Empereur|Kaiser]] [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]]}} dans un rôle de faire-valoir<ref>Cf. {{article|auteur=Erich Eyck|titre= The Generals and the Downfall of the German Monarchy 1917–1918|journal= Transactions of the Royal Historical Society|volume=5|numéro= 2|année= 1952|pages= 48}}.</ref>.
[[Fichier:Hindenburg and Ludendorff.jpg|vignette|[[Paul von Hindenburg]] et Erich Ludendorff.]]
[[Fichier:Hindenburg and Ludendorff.jpg|vignette|[[Paul von Hindenburg]] et Erich Ludendorff.]]


Face à la supériorité maritime britannique, Ludendorff se fait l’apôtre de la guerre totale [[Guerre sous-marine à outrance|en utilisant à outrance sa flotte sous-marine]]<ref>Cf. {{article|auteur=Torsten Oppelland|titre= Les débats sur la guerre sous-marine et la neutralité américaine au Reichstag 1914-1917|journal=Parlement[s], Revue d'histoire politique |date=2008/2|numéro= 10| pages= 92 à 103}}.</ref>{{,}}<ref>Cf. {{article|auteur=Holger H. Herwig|date=printemps 1998|titre=Total Rhetoric, Limited War: Germany's U-Boat Campaign 1917–1918|journal=Journal of Military and Strategic Studies.|url=https://web.archive.org/web/20090813224106/http://www.jmss.org/1998/article2.html}}.</ref>{{,}}<ref>Cf. {{ouvrage|auteur=Joachim Schröder|titre= Die U-Boote des Kaisers|sous-titre= Die Geschichte des deutschen U-Boot-Krieges gegen Großbritannien im Ersten Weltkrieg|éditeur=Bernard & Graefe|lieu= Bonn|année= 2003|passage= 211–218}}.</ref> : cette arme, destinée à provoquer l'effroi des convois de ravitaillement, envoie par le fond de multiples navires civils comme le ''[[RMS Lusitania|Lusitania]]''. Loin d'interrompre le trafic transatlantique, elle détériore fortement les relations diplomatiques entre l'Allemagne et les États-Unis. En [[1917]], Ludendorff est un des principaux acteurs qui négocient le [[traité de Brest-Litovsk]] avec la [[Russie]] révolutionnaire. Les forces allemandes pouvant être retirées du front est, Hindenburg et Ludendorff décident alors de planifier une vaste offensive pour le printemps [[1918]].
Face à la supériorité maritime britannique, Ludendorff se fait l’apôtre de la guerre totale [[Guerre sous-marine à outrance|en utilisant à outrance sa flotte sous-marine]]<ref>Cf. {{article|auteur=Torsten Oppelland|titre= Les débats sur la guerre sous-marine et la neutralité américaine au Reichstag 1914-1917|journal=Parlement[s], Revue d'histoire politique |date=2008/2|numéro= 10| pages= 92 à 103}}.</ref>{{,}}<ref>Cf. {{article|auteur=Holger H. Herwig|date=printemps 1998|titre=Total Rhetoric, Limited War: Germany's U-Boat Campaign 1917–1918|journal=Journal of Military and Strategic Studies.|url=https://web.archive.org/web/20090813224106/http://www.jmss.org/1998/article2.html}}.</ref>{{,}}<ref>Cf. {{Ouvrage|auteur1=Joachim Schröder|titre=Die U-Boote des Kaisers|sous-titre=Die Geschichte des deutschen U-Boot-Krieges gegen Großbritannien im Ersten Weltkrieg|lieu=Bonn|éditeur=Bernard & Graefe|année=2003|passage=211–218|isbn=}}.</ref> : cette arme, destinée à provoquer l'effroi des convois de ravitaillement, envoie par le fond de multiples navires civils comme le ''[[RMS Lusitania|Lusitania]]''. Loin d'interrompre le trafic transatlantique, elle détériore fortement les relations diplomatiques entre l'Allemagne et les États-Unis. En [[1917]], Ludendorff est un des principaux acteurs qui négocient le [[traité de Brest-Litovsk]] avec la [[Russie]] révolutionnaire. Les forces allemandes pouvant être retirées du front est, Hindenburg et Ludendorff décident alors de planifier une vaste offensive pour le printemps [[1918]].


Le {{date|21 mars 1918|guerre mondiale}}, {{nombre|181|divisions}} allemandes s’attaquent à {{nombre|211|divisions}} alliées, dont {{nombre|104|françaises}}. Ludendorff met enfin en œuvre la tactique d'infiltration d'[[Oskar von Hutier]] qui, conjointement à la technique de tirs ciblés de l'artilleur [[Georg Bruchmüller]], réalise pour la première fois depuis le début de la guerre des tranchées une authentique percée en prenant les Alliés totalement au dépourvu. Mais cette tactique consiste à négliger sciemment la protection des ailes de l'attaque<ref>D'après {{ouvrage|auteur1=Gerhard P. Gross|chap=Das Dogma der Beweglichkeit. Überlegungen zur Genese der deutschen Heerestaktik im Zeitalter der Weltkriege.|auteur2=Bruno Thoss, H.-E. Volkmann|directeur2=Bruno Thoss, H.-E. Volkmann|titre=Erster Weltkrieg – Zweiter Weltkrieg. Ein Vergleich. Krieg – Kriegserlebnis – Kriegserfahrung in Deutschland.|lieu= Paderborn |année=2002|passage= 152}}.</ref> et, si elle amène Paris sous le feu des canons à longue portée allemands, elle échoue à faire la décision tant recherchée<ref>David Stevenson: ''1914–1918. Der Erste Weltkrieg.'' Albatros-Verlag, Mannheim 2010, S. 471.</ref> faute de troupes de réserve (nouveaux engagements dans les Balkans, mutineries, disette et amorces de la [[grippe espagnole]]). De son côté, le Grand État-Major allié avait pallié le manque de [[Char de combat|chars]] par la constitution d’une artillerie mobile pour suivre les progressions de l’infanterie. Devant l’imminence du danger, le maréchal français [[Ferdinand Foch|Foch]] est nommé commandant en chef des armées alliées à la {{lien|lang=en|trad=Doullens Conference|fr=conférence de Doullens}}, le 26 mars. [[Georges Clemenceau|Clemenceau]] doit défendre bec et ongles Foch à la Chambre devant les critiques et finalement, l’offensive allemande est enrayée. Le {{date|18 juillet 1918-|guerre mondiale}}, pour la première fois, {{nombre|500|chars}} français utilisés en masse permettent la percée du front au sud de [[Soissons]].
Le {{date|21 mars 1918|guerre mondiale}}, {{nombre|181|divisions}} allemandes s’attaquent à {{nombre|211|divisions}} alliées, dont {{nombre|104|françaises}}. Ludendorff met enfin en œuvre la tactique d'infiltration d'[[Oskar von Hutier]] qui, conjointement à la technique de tirs ciblés de l'artilleur [[Georg Bruchmüller]], réalise pour la première fois depuis le début de la guerre des tranchées une authentique percée en prenant les Alliés totalement au dépourvu. Mais cette tactique consiste à négliger sciemment la protection des ailes de l'attaque<ref>D'après {{Ouvrage|auteur1=Gerhard P. Gross|auteur2=Bruno Thoss, H.-E. Volkmann|directeur2=Bruno Thoss, H.-E. Volkmann|titre=Erster Weltkrieg – Zweiter Weltkrieg. Ein Vergleich. Krieg – Kriegserlebnis – Kriegserfahrung in Deutschland.|lieu=Paderborn|éditeur=|année=2002|passage=152|isbn=|titre chapitre=Das Dogma der Beweglichkeit. Überlegungen zur Genese der deutschen Heerestaktik im Zeitalter der Weltkriege.}}.</ref> et, si elle amène Paris sous le feu des canons à longue portée allemands, elle échoue à faire la décision tant recherchée<ref>David Stevenson: ''1914–1918. Der Erste Weltkrieg.'' Albatros-Verlag, Mannheim 2010, S. 471.</ref> faute de troupes de réserve (nouveaux engagements dans les Balkans, mutineries, disette et amorces de la [[grippe espagnole]]). De son côté, le Grand État-Major allié avait pallié le manque de [[Char de combat|chars]] par la constitution d’une artillerie mobile pour suivre les progressions de l’infanterie. Devant l’imminence du danger, le maréchal français [[Ferdinand Foch|Foch]] est nommé commandant en chef des armées alliées à la {{lien|lang=en|trad=Doullens Conference|fr=conférence de Doullens}}, le 26 mars. [[Georges Clemenceau|Clemenceau]] doit défendre bec et ongles Foch à la Chambre devant les critiques et finalement, l’offensive allemande est enrayée. Le {{date|18 juillet 1918-|guerre mondiale}}, pour la première fois, {{nombre|500|chars}} français utilisés en masse permettent la percée du front au sud de [[Soissons]].


L’offensive franco-britannique débute le {{date|8 août 1918-|guerre mondiale}} et ne s’arrêtera plus. Dans ses mémoires, Ludendorff qualifie cette date du {{date|8 août}} de « jour de deuil de l’armée allemande » parce qu’il sait à ce moment que la guerre est définitivement perdue. Confronté à l'[[armistice de Thessalonique]] et à la percée réussie des Britanniques sur la [[ligne Siegfried]]<ref>Cf. {{ouvrage|auteur=Sönke Neitzel|titre=Weltkrieg und Revolution. 1914–1918/19|éditeur=BPB|lieu= Berlin|année= 2008|passage= 150}}.</ref>, Ludendorff suggère au Kaiser le {{date|29 septembre 1918-|guerre mondiale}} à [[Conférence de Spa (29 septembre 1918)|Spa]] de demander sans délai l'armistice au [[Président des États-Unis|Président]] [[Woodrow Wilson|Wilson]] et d'engager (mais pour des raisons purement tactiques) une [[Réformes d'Octobre|réforme constitutionnelle]]<ref name="Randle">Cf. {{article|auteur=Robert Randle |titre=The Domestic Origins of Peace|journal=Annals of the American Academy of Political and Social Science.|volume=392|année= 1970|pages= 83}}.</ref>{{,}}<ref name="Epstein">Cf. {{article|auteur=Klaus Epstein|titre=Wrong Man in a Maelstrom: The Government of Max of Baden.|journal=The Review of Politics.|volume=26|numéro=2|année= 1964|pages= 225}}.</ref>. Les motifs de ce revirement chez Ludendorff (défaitisme ou calcul [[Machiavélisme|machiavélique]]) restent controversés<ref>Cf. {{article|auteur=Michael Geyer |titre=Insurrectionary Warfare: The German Debate about a Levée en Masse in October 1918|journal=The Journal of Modern History.|volume=73|numéro=3|année= 2001|pages= 465}}.</ref> ; il constituait en tous cas un aveu d'échec militaire et a ouvert la voie à l'instauration du [[République|régime républicain]]<ref name="Epstein"/>. Sans doute s'agissait-il de faire endosser la responsabilité des pourparlers de paix aux civils, et surtout aux députés sociaux-démocrates<ref name="Randle"/> ; là se trouvent les prémisses de la [[Dolchstosslegende|légende du « coup de poignard dans le dos]]<ref>Cf. {{Ouvrage |auteur1=Pierre Jardin |titre=Aux racines du mal |sous-titre=1918, le déni de défaite |éditeur=Tallandier |lieu=Paris |année=2005 |pages totales=639 |pages=639 |isbn=978-2-84734-158-4 |oclc=64226009}}.</ref>. »
L’offensive franco-britannique débute le {{date|8 août 1918-|guerre mondiale}} et ne s’arrêtera plus. Dans ses mémoires, Ludendorff qualifie cette date du {{date|8 août}} de « jour de deuil de l’armée allemande » parce qu’il sait à ce moment que la guerre est définitivement perdue. Confronté à l'[[armistice de Thessalonique]] et à la percée réussie des Britanniques sur la [[ligne Siegfried]]<ref>Cf. {{Ouvrage|auteur1=Sönke Neitzel|titre=Weltkrieg und Revolution. 1914–1918/19|lieu=Berlin|éditeur=BPB|année=2008|passage=150|isbn=}}.</ref>, Ludendorff suggère au Kaiser le {{date|29 septembre 1918-|guerre mondiale}} à [[Conférence de Spa (29 septembre 1918)|Spa]] de demander sans délai l'armistice au [[Président des États-Unis|Président]] [[Woodrow Wilson|Wilson]] et d'engager (mais pour des raisons purement tactiques) une [[Réformes d'Octobre|réforme constitutionnelle]]<ref name="Randle">Cf. {{article|auteur=Robert Randle |titre=The Domestic Origins of Peace|journal=Annals of the American Academy of Political and Social Science.|volume=392|année= 1970|pages= 83}}.</ref>{{,}}<ref name="Epstein">Cf. {{article|auteur=Klaus Epstein|titre=Wrong Man in a Maelstrom: The Government of Max of Baden.|journal=The Review of Politics.|volume=26|numéro=2|année= 1964|pages= 225}}.</ref>. Les motifs de ce revirement chez Ludendorff (défaitisme ou calcul [[Machiavélisme|machiavélique]]) restent controversés<ref>Cf. {{article|auteur=Michael Geyer |titre=Insurrectionary Warfare: The German Debate about a Levée en Masse in October 1918|journal=The Journal of Modern History.|volume=73|numéro=3|année= 2001|pages= 465}}.</ref> ; il constituait en tous cas un aveu d'échec militaire et a ouvert la voie à l'instauration du [[République|régime républicain]]<ref name="Epstein"/>. Sans doute s'agissait-il de faire endosser la responsabilité des pourparlers de paix aux civils, et surtout aux députés sociaux-démocrates<ref name="Randle"/> ; là se trouvent les prémisses de la [[Dolchstosslegende|légende du « coup de poignard dans le dos]]<ref>Cf. {{Ouvrage |auteur1=Pierre Jardin |titre=Aux racines du mal |sous-titre=1918, le déni de défaite |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]] |année=2005 |pages totales=639 |isbn=978-2-84734-158-4 |oclc=64226009 |pages totales-doublon=639 <!--PARAMETRE 'pages totales-doublon' N'EXISTE PAS -->}}.</ref>. »


Après la nomination de [[Max de Bade]] au début d’{{date|octobre 1918|guerre mondiale}}, l'influence de Ludendorff s'effaça presque instantanément de la politique allemande ; les différends qui opposaient ces deux hommes furent tous tranchés en faveur du nouveau chancelier<ref name="Epstein"/>. Le [[Friedrich-Werner von der Schulenburg|comte von der Schulenburg]] prit au mot la proposition de Ludendorff de lancer les négociations d'armistice<ref>Cf. {{ouvrage |auteur1=Wolfgang Förster|titre=Der Feldherr Ludendorff im Unglück. Eine Studie über seine seelische Haltung in der Endphase des ersten Weltkrieges|lieu= Wiesbaden|année= 1952|passage= 104}}.</ref> : dès le {{date|23 octobre 1918-|guerre mondiale}}, Wilson dans une troisième note, exigeait, outre l'évacuation des territoires occupés par l'armée allemande et l'arrêt immédiat de la guerre sous-marine, une réforme profonde de l'Empire allemand et l'adoption de mesures empêchant l'Allemagne de reprendre les armes et de déclarer les hostilités. Ludendorff, qui avait agité l'éventualité d'un armistice et {{citation|qui n'avait pas sérieusement envisagé les conséquences politiques et militaires, mêmes les plus immédiates, de sa décision précipitée<ref>{{ouvrage|auteur1=Wilhelm Deist|chap=Die Kriegführung der Mittelmächte.|auteur2=Gerhard Hirschfeld, Gerd Krumeich et Irina Renz|directeur2=oui|titre= Enzyklopädie Erster Weltkrieg|lieu=Paderborn |année=2003|passage= 249–271, ici p. 285}}.</ref>}}, se trouvait désormais confronté à un ultimatum qu'il rejeta sans sourciller<ref>D'après {{Lien web|titre=Der Waffenstillstand von Compiègne 1918: Vorverhandlungen zum Waffenstillstand|url=http://www.dhm.de/lemo/html/wk1/kriegsverlauf/verhandlung/index.html|site=LEMO - Lebendiges Museum Online|date=1998 }}.</ref> : il décida d'interrompre les pourparlers sur le champ et exigea, en totale contradiction avec ce qu'il avait écrit la veille, de reprendre « la résistance par tous les moyens possibles » (''Widerstand mit äußersten Kräften''). Toutefois le [[Cabinet von Baden|cabinet formé par Max de Bade]], qui venait d'entrer en fonction, ne l'entendait pas de cette oreille. Le {{date-|26 octobre 1918}}, Ludendorff fut, sur requête du chancelier, convoqué (quoique formellement « invité ») par l’empereur au [[Château de Bellevue (Berlin)|château de Bellevue]]<ref name="Epstein"/>. Ludendorff et Hindenburg furent donc conduits au château de Bellevue où, après une altercation verbale avec le représentant du gouvernement, Ludendorff quitta la salle de conférence. Il attendit dans l'antichambre le retour de son comparse Hindenburg, convaincu que ce dernier allait lui aussi remettre sa démission ; mais lorsque Hindenburg le rejoignit, toujours chef de l’État-major, Ludendorff décida de retourner seul au quartier général, déclarant : {{citation|''Je n'ai plus rien à faire de vous tous''<ref name="neblin" />}} La convocation du château de Bellevue marque, selon l'historien Manfred Nebelin, le rétablissement du [[Cedant arma togae|primat de la politique sur le militaire]]<ref name="neblin">Cf. {{ouvrage|auteur=Manfred Nebelin|titre=Ludendorff. Diktator im Ersten Weltkrieg.|lieu=Munich|année= 2011|passage= 500 et suiv}}.</ref>, en sommeil depuis la [[Theobald von Bethmann Hollweg#Démission et retraite|chute du chancelier Bethmann-Hollweg]]. Au début de la [[Révolution allemande de 1918-1919]], Ludendorff envisagea d'abord de s'emparer du quartier général de [[Château Wilhelmshöhe|Cassel-Wilhelmshöhe]] mais fut en butte au refus du ministre « démissionné » [[Heinrich Schëuch|Schëuch]]. Par divers expédients (il se fit passer pour le domestique d'un de ses amis qui l'hébergeait à Berlin-Wilmersdorf), il parvint à s'enfuir en [[Suède]] via [[Copenhague]] sous un faux nom (Ernst Lindström, dont les initiales E.&nbsp;L. étaient les siennes), muni d'un passeport diplomatique finlandais. Sa femme, redoutant une déchéance publique, avait tenté en vain de l'en empêcher ; d'ailleurs, le journaliste [[Kurt Tucholsky]] lui reproche en 1920 son comportement lâche et irresponsable, indigne d'un véritable chef<ref>[http://www.textlog.de/tucholsky-ludendorff.html ''Ludendorff''] 1920, in: Kurt Tucholsky: ''Glossen und Essays. Gesammelte Schriften''.</ref> ; dans un de ses romans (« Un été en Suède : vacances au château de Gripsholm »), Tucholsky recommande plaisamment au lecteur le restaurant favori de Ludendorff à Copenhague.
Après la nomination de [[Max de Bade]] au début d’{{date|octobre 1918|guerre mondiale}}, l'influence de Ludendorff s'effaça presque instantanément de la politique allemande ; les différends qui opposaient ces deux hommes furent tous tranchés en faveur du nouveau chancelier<ref name="Epstein"/>. Le [[Friedrich-Werner von der Schulenburg|comte von der Schulenburg]] prit au mot la proposition de Ludendorff de lancer les négociations d'armistice<ref>Cf. {{Ouvrage |auteur1=Wolfgang Förster |titre=Der Feldherr Ludendorff im Unglück. Eine Studie über seine seelische Haltung in der Endphase des ersten Weltkrieges |lieu=Wiesbaden |éditeur= |année=1952 |passage=104 }}.</ref> : dès le {{date|23 octobre 1918-|guerre mondiale}}, Wilson dans une troisième note, exigeait, outre l'évacuation des territoires occupés par l'armée allemande et l'arrêt immédiat de la guerre sous-marine, une réforme profonde de l'Empire allemand et l'adoption de mesures empêchant l'Allemagne de reprendre les armes et de déclarer les hostilités. Ludendorff, qui avait agité l'éventualité d'un armistice et {{citation|qui n'avait pas sérieusement envisagé les conséquences politiques et militaires, mêmes les plus immédiates, de sa décision précipitée<ref>{{Ouvrage|auteur1=Wilhelm Deist|auteur2=Gerhard Hirschfeld, Gerd Krumeich et Irina Renz|directeur2=oui|titre=Enzyklopädie Erster Weltkrieg|lieu=Paderborn|éditeur=|année=2003|passage=249–271, ici p. 285|isbn=|titre chapitre=Die Kriegführung der Mittelmächte.}}.</ref>}}, se trouvait désormais confronté à un ultimatum qu'il rejeta sans sourciller<ref>D'après {{Lien web|titre=Der Waffenstillstand von Compiègne 1918: Vorverhandlungen zum Waffenstillstand|url=http://www.dhm.de/lemo/html/wk1/kriegsverlauf/verhandlung/index.html|site=LEMO - Lebendiges Museum Online|date=1998 }}.</ref> : il décida d'interrompre les pourparlers sur le champ et exigea, en totale contradiction avec ce qu'il avait écrit la veille, de reprendre « la résistance par tous les moyens possibles » (''Widerstand mit äußersten Kräften''). Toutefois le [[Cabinet von Baden|cabinet formé par Max de Bade]], qui venait d'entrer en fonction, ne l'entendait pas de cette oreille. Le {{date-|26 octobre 1918}}, Ludendorff fut, sur requête du chancelier, convoqué (quoique formellement « invité ») par l’empereur au [[Château de Bellevue (Berlin)|château de Bellevue]]<ref name="Epstein"/>. Ludendorff et Hindenburg furent donc conduits au château de Bellevue où, après une altercation verbale avec le représentant du gouvernement, Ludendorff quitta la salle de conférence. Il attendit dans l'antichambre le retour de son comparse Hindenburg, convaincu que ce dernier allait lui aussi remettre sa démission ; mais lorsque Hindenburg le rejoignit, toujours chef de l’État-major, Ludendorff décida de retourner seul au quartier général, déclarant : {{citation|''Je n'ai plus rien à faire de vous tous''<ref name="neblin" />}} La convocation du château de Bellevue marque, selon l'historien Manfred Nebelin, le rétablissement du [[Cedant arma togae|primat de la politique sur le militaire]]<ref name="neblin">Cf. {{Ouvrage|auteur1=Manfred Nebelin|titre=Ludendorff. Diktator im Ersten Weltkrieg.|lieu=Munich|éditeur=|année=2011|passage=500 et suiv|isbn=}}.</ref>, en sommeil depuis la [[Theobald von Bethmann Hollweg#Démission et retraite|chute du chancelier Bethmann-Hollweg]]. Au début de la [[Révolution allemande de 1918-1919]], Ludendorff envisagea d'abord de s'emparer du quartier général de [[Château Wilhelmshöhe|Cassel-Wilhelmshöhe]] mais fut en butte au refus du ministre « démissionné » [[Heinrich Schëuch|Schëuch]]. Par divers expédients (il se fit passer pour le domestique d'un de ses amis qui l'hébergeait à Berlin-Wilmersdorf), il parvint à s'enfuir en [[Suède]] via [[Copenhague]] sous un faux nom (Ernst Lindström, dont les initiales E.&nbsp;L. étaient les siennes), muni d'un passeport diplomatique finlandais. Sa femme, redoutant une déchéance publique, avait tenté en vain de l'en empêcher ; d'ailleurs, le journaliste [[Kurt Tucholsky]] lui reproche en 1920 son comportement lâche et irresponsable, indigne d'un véritable chef<ref>[http://www.textlog.de/tucholsky-ludendorff.html ''Ludendorff''] 1920, in: Kurt Tucholsky: ''Glossen und Essays. Gesammelte Schriften''.</ref> ; dans un de ses romans (« Un été en Suède : vacances au château de Gripsholm »), Tucholsky recommande plaisamment au lecteur le restaurant favori de Ludendorff à Copenhague.


=== Le « Putsch de la Brasserie » et ses conséquences ===
=== Le « Putsch de la Brasserie » et ses conséquences ===
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-R41120, Erich Ludendorff, Gustav v. Kahr.jpg|vignette|Ludendorff (au centre) aux côtés de [[Gustav von Kahr]] (marqué d'une croix ; cliché de 1921), qui jouera par la suite un rôle-clef dans la répression du Putsch de la Brasserie.]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-R41120, Erich Ludendorff, Gustav v. Kahr.jpg|vignette|Ludendorff (au centre) aux côtés de [[Gustav von Kahr]] (marqué d'une croix ; cliché de 1921), qui jouera par la suite un rôle-clef dans la répression du Putsch de la Brasserie.]]
[[Image:Bundesarchiv Bild 102-00344A, München, nach Hitler-Ludendorff Prozess retouched.jpg|thumb|upright=1.6|Les personnalités inculpées lors du procès d'Adolf Hitler en [[1924]] : Ludendorff se retrouve au côté d'[[Adolf Hitler]]. Photo d'[[Heinrich Hoffmann (photographe)|Heinrich Hoffmann]].]]
[[Image:Bundesarchiv Bild 102-00344A, München, nach Hitler-Ludendorff Prozess retouched.jpg|thumb|upright=1.6|Les personnalités inculpées lors du procès d'Adolf Hitler en [[1924]] : Ludendorff se trouve au côté d'[[Adolf Hitler]]. Photo d'[[Heinrich Hoffmann (photographe)|Heinrich Hoffmann]].]]
En [[Suède]], il écrit des ouvrages sur la [[tactique]] militaire et d’autres, plus politiques, dénonçant le sabordage de l’[[Allemagne]] par le pouvoir politique alors dominé par le [[Parti social-démocrate d'Allemagne|SPD]]. C'est l'un des grands propagandistes de la fameuse thèse du « coup de poignard dans le dos<ref>Cf. {{article|auteur=Klaus-Jürgen Bremm|titre=Erich Ludendorff – Totengräber des Kaiserreichs |journal=Die Welt|date=29 avril 2011|url=https://www.welt.de/kultur/history/article13213633/Erich-Ludendorff-Totengraeber-des-Kaiserreichs.html}}</ref> » (''[[Dolchstoßlegende]]'') selon laquelle l'armée allemande, invaincue sur le terrain, a été trahie par les politiciens de l'arrière.
En [[Suède]], il écrit des ouvrages sur la [[tactique]] militaire et d’autres, plus politiques, dénonçant le sabordage de l’[[Allemagne]] par le pouvoir politique alors dominé par le [[Parti social-démocrate d'Allemagne|SPD]]. C'est l'un des grands propagandistes de la fameuse thèse du « coup de poignard dans le dos<ref>Cf. {{article|auteur=Klaus-Jürgen Bremm|titre=Erich Ludendorff – Totengräber des Kaiserreichs |journal=Die Welt|date=29 avril 2011|url=https://www.welt.de/kultur/history/article13213633/Erich-Ludendorff-Totengraeber-des-Kaiserreichs.html}}</ref> » (''[[Dolchstoßlegende]]'') selon laquelle l'armée allemande, invaincue sur le terrain, a été trahie par les politiciens de l'arrière.


Revenu en Allemagne en 1920, il fréquente les milieux nationalistes et les intellectuels de la [[Révolution conservatrice (Weimar)|Révolution conservatrice]]. Il participe au [[putsch de Kapp]], puis [[Max Erwin von Scheubner-Richter]] lui présente un jeune agitateur, Hitler, auquel il n'accorda d'abord que peu d'attention car l'homme n'était pas même officier ; ce sont les affinités politiques de plus en plus fortes qui les rapprochent progressivement. Ludendorff participe au [[Putsch de la Brasserie|putsch préparé par Adolf Hitler à Munich]] dans la nuit du 9 au 10 novembre 1923. Hitler, qui considérait encore l'ancien généralissime comme l'âme des forces réactionnaires allemandes<ref>Cf. {{ouvrage|auteur=Rudolph Binion|titre=Hitler Among the Germans|lieu= New York |éditeur=Northern Illinois University Press |pages= 226 |isbn= 0875805310 |année=1976|passage= 115 et suiv}}.</ref>, envisageait, s'il avait réussi son coup de force à Munich, de placer Ludendorff à la tête d'une grande marche sur Berlin ; mais le coup de Munich tourna à l'échec, et Ludendorff, cité à comparaître lors du [[procès Hitler-Ludendorff]], fut relâché faute de preuves ainsi qu'en raison de son dévouement à la patrie pendant la Grande Guerre. Son attitude envers Hitler, condamné à une peine de détention à [[prison de Landsberg|Landsberg]], se dégrada clairement au début de 1924, surtout parce qu'Hitler se considérait désormais comme le guide du mouvement national-socialiste allemand<ref>{{article|auteur=Peter D. Stachura |titre=The Political Strategy of the Nazi Party, 1919–1933|périodique=German Studies Review.|volume= 3|numéro= 2|année= 1980|pages= 261–288, et surtout 267}}.</ref> : Ludendorff se défiait de Hitler, à qui il reprochait d'avoir « déserté » le mouvement nationaliste le 9 novembre<ref>Cf. {{ouvrage|auteur=Wulf C. Schwarzwäller|titre=Hitlers Geld|éditeur= VMA-Verlag|lieu=Wiesbaden|année= 2001|passage=115}}.</ref>. Opposant décidé au cléricalisme, il désapprouvait également les concessions qu'Hitler faisait par pragmatisme à l'Eglise catholique<ref>{{article|auteur=Jeremy Noakes|titre=Conflict and Development in the NSDAP 1924–1927|périodique=Journal of Contemporary History.|volume= 1|numéro=4|année= 1966|pages= 10}}.</ref> ; quant à Hitler, il reprochait à Ludendorff de diviser le [[mouvement völkisch]] avec son [[Bund für Deutsche Gotterkenntnis|sectarisme religieux]]<ref>Kurt Meier: ''Kreuz und Hakenkreuz. Die evangelische Kirche im Dritten Reich.'' München 1992, S. 10 f.</ref>.
Revenu en Allemagne en 1920, il fréquente les milieux nationalistes et les intellectuels de la [[Révolution conservatrice (Weimar)|Révolution conservatrice]]. Il participe au [[putsch de Kapp]], puis [[Max Erwin von Scheubner-Richter]] lui présente un jeune agitateur, Hitler, auquel il n'accorda d'abord que peu d'attention car l'homme n'était pas même officier ; ce sont les affinités politiques de plus en plus fortes qui les rapprochent progressivement. Ludendorff participe au [[Putsch de la Brasserie|putsch préparé par Adolf Hitler à Munich]] dans la nuit du 9 au 10 novembre 1923. Hitler, qui considérait encore l'ancien généralissime comme l'âme des forces réactionnaires allemandes<ref>Cf. {{Ouvrage|auteur1=Rudolph Binion|titre=Hitler Among the Germans|lieu=New York|éditeur=Northern Illinois University Press|année=1976|pages totales=226|passage=115 et suiv|isbn=0875805310}}.</ref>, envisageait, s'il avait réussi son coup de force à Munich, de placer Ludendorff à la tête d'une grande marche sur Berlin ; mais le coup de Munich tourna à l'échec, et Ludendorff, cité à comparaître lors du [[procès Hitler-Ludendorff]], fut relâché faute de preuves ainsi qu'en raison de son dévouement à la patrie pendant la Grande Guerre. Son attitude envers Hitler, condamné à une peine de détention à [[prison de Landsberg|Landsberg]], se dégrada clairement au début de 1924, surtout parce qu'Hitler se considérait désormais comme le guide du mouvement national-socialiste allemand<ref>{{article|auteur=Peter D. Stachura |titre=The Political Strategy of the Nazi Party, 1919–1933|périodique=German Studies Review.|volume= 3|numéro= 2|année= 1980|pages= 261–288, et surtout 267}}.</ref> : Ludendorff se défiait de Hitler, à qui il reprochait d'avoir « déserté » le mouvement nationaliste le 9 novembre<ref>Cf. {{Ouvrage|auteur1=Wulf C. Schwarzwäller|titre=Hitlers Geld|lieu=Wiesbaden|éditeur=VMA-Verlag|année=2001|passage=115|isbn=}}.</ref>. Opposant décidé au cléricalisme, il désapprouvait également les concessions qu'Hitler faisait par pragmatisme à l'Eglise catholique<ref>{{article|auteur=Jeremy Noakes|titre=Conflict and Development in the NSDAP 1924–1927|périodique=Journal of Contemporary History.|volume= 1|numéro=4|année= 1966|pages= 10}}.</ref> ; quant à Hitler, il reprochait à Ludendorff de diviser le [[mouvement völkisch]] avec son [[Bund für Deutsche Gotterkenntnis|sectarisme religieux]]<ref>Kurt Meier: ''Kreuz und Hakenkreuz. Die evangelische Kirche im Dritten Reich.'' München 1992, S. 10 f.</ref>.


Ludendorff, avec l'appui de [[Gregor Strasser]] et d'[[Albrecht von Graefe (homme politique)|Albrecht von Graefe]], créa alors un autre parti, le ''Deutschvölkische Freiheitspartei'' (DVFP), branche dissidente du mouvement völkisch aux accents nettement [[Origines de l'antisémitisme nazi|antisémites]]<ref>Cf. {{article|auteur=Frederick L. Schuman|titre=The Political Theory of German Fascism.|périodique=The American Political Science Review.|volume= 28|numéro=2|année= 1934|pages=214}}.</ref>, censé reprendre le flambeau du NSDAP, dissous depuis le procès de 1923.
Ludendorff, avec l'appui de [[Gregor Strasser]] et d'[[Albrecht von Graefe (homme politique)|Albrecht von Graefe]], créa alors un autre parti, le ''Deutschvölkische Freiheitspartei'' (DVFP), branche dissidente du mouvement völkisch aux accents nettement [[Origines de l'antisémitisme nazi|antisémites]]<ref>Cf. {{article|auteur=Frederick L. Schuman|titre=The Political Theory of German Fascism.|périodique=The American Political Science Review.|volume= 28|numéro=2|année= 1934|pages=214}}.</ref>, censé reprendre le flambeau du NSDAP, dissous depuis le procès de 1923.


De 1924 à 1928, Ludendorff siégeait comme député du groupe des nationalistes au [[Reichstag (république de Weimar)|Reichstag]], aux côtés d'Albrecht von Graefe. Aux élections législatives du 29 mars 1925, il se porta candidat des populistes völkisch pour l'[[Élection présidentielle allemande de 1925|élection présidentielle]]. Hitler n'était alors pas encore citoyen allemand et ne pouvait donc en aucune façon concourir ; aussi les nationaux-socialistes soutinrent-ils implicitement Ludendorff au premier tour<ref>Cf. {{article|auteur=Robert A. Pois|titre=The Bourgeois Democrats of Weimar Germany|périodique=Transactions of the American Philosophical Society|série= New Series.|volume= 66|numéro=4|année=1976|pages= 50}}.</ref>, mais celui-ci n'obtint que 1,1 % des voix. Après que Hitler, dont il espérait ardemment l'appui, eut appelé ses partisans à soutenir la candidature du maréchal Hindenburg, Ludendorff ne se présenta même pas au second tour. {{Citation|C'est parfait}}<ref>D'après {{ouvrage|auteur=Ian Kershaw|lien auteur=Ian Kershaw|titre=Hitler|volume= I|éditeur= Flammarion|année= 2000|chap=7. La maîtrise du mouvement}}.</ref> confie [[Adolf Hitler|Hitler]] à Hermann Esser, {{Citation|Nous lui avons porté le coup de grâce}}. L'échec cuisant de Ludendorff fit en effet de Hitler le chef incontesté de l'extrême-droite jusqu’à la fin de la République de Weimar<ref>Cf. {{ouvrage|auteur1=Phillip Wegehaupt|chap=Ludendorff, Erich|auteur2=Wolfgang Benz |directeur2=Wolfgang Benz|titre=Handbuch des Antisemitismus|volume= 2|titre volume=Personen|éditeur=De Gruyter Saur|lieu= Berlin|année= 2009|isbn= 978-3-598-44159-2|passage= 495}} (consulté sur le site De Gruyter Online).</ref> ; quant à Ludendorff, il ne se remettra jamais de sa défaite.
De 1924 à 1928, Ludendorff siégeait comme député du groupe des nationalistes au [[Reichstag (république de Weimar)|Reichstag]], aux côtés d'Albrecht von Graefe. Aux élections législatives du 29 mars 1925, il se porta candidat des populistes völkisch pour l'[[Élection présidentielle allemande de 1925|élection présidentielle]]. Hitler n'était alors pas encore citoyen allemand et ne pouvait donc en aucune façon concourir ; aussi les nationaux-socialistes soutinrent-ils implicitement Ludendorff au premier tour<ref>Cf. {{article|auteur=Robert A. Pois|titre=The Bourgeois Democrats of Weimar Germany|périodique=Transactions of the American Philosophical Society|série= New Series.|volume= 66|numéro=4|année=1976|pages= 50}}.</ref>, mais celui-ci n'obtint que 1,1 % des voix. Après que Hitler, dont il espérait ardemment l'appui, eut appelé ses partisans à soutenir la candidature du maréchal Hindenburg, Ludendorff ne se présenta même pas au second tour. {{Citation|C'est parfait}}<ref>D'après {{Ouvrage|auteur1=[[Ian Kershaw]]|titre=Hitler|volume=I|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=2000|isbn=|titre chapitre=7. La maîtrise du mouvement}}.</ref> confie [[Adolf Hitler|Hitler]] à Hermann Esser, {{Citation|Nous lui avons porté le coup de grâce}}. L'échec cuisant de Ludendorff fit en effet de Hitler le chef incontesté de l'extrême-droite jusqu’à la fin de la République de Weimar<ref>Cf. {{Ouvrage|langue=de|auteur1=Phillip Wegehaupt|auteur2=Wolfgang Benz|directeur2=Wolfgang Benz|titre=Handbuch des Antisemitismus|volume=2|titre volume=Personen|lieu=Berlin|éditeur=De Gruyter Saur|année=2009|pages totales=976|passage=495|isbn=978-3-598-44159-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q9DXouKcmZAC&printsec=frontcover|titre chapitre=Ludendorff, Erich}} (consulté sur le site De Gruyter Online).</ref> ; quant à Ludendorff, il ne se remettra jamais de sa défaite.


Considérant que son ancien allié est devenu gênant pour le [[parti nazi|mouvement nazi]], Hitler l'accuse en [[1927]] d'être [[franc-maçon]]. Il est pourtant l'auteur d'un livre [[pamphlétaire]] [[antimaçonnique]] : ''Vernichtung der Freimaurerei durch Enthüllung ihrer Geheimnisse'' (''Anéantissement de la franc-maçonnerie par la révélation de ses secrets'')<ref>{{en}} [http://www.masonicinfo.com/erich.htm Fiche sur cet ouvrage « conspirationniste » d'Erich Ludendorff].</ref>. Marginalisé, et ne jouant plus le moindre rôle, le vieux général se retire de la vie politique en [[1928]].
Considérant que son ancien allié est devenu gênant pour le [[parti nazi|mouvement nazi]], Hitler l'accuse en [[1927]] d'être [[franc-maçon]]. Il est pourtant l'auteur d'un livre [[pamphlétaire]] [[antimaçonnique]] : ''Vernichtung der Freimaurerei durch Enthüllung ihrer Geheimnisse'' (''Anéantissement de la franc-maçonnerie par la révélation de ses secrets'')<ref>{{en}} [http://www.masonicinfo.com/erich.htm Fiche sur cet ouvrage « conspirationniste » d'Erich Ludendorff].</ref>. Marginalisé, et ne jouant plus le moindre rôle, le vieux général se retire de la vie politique en [[1928]].
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=== Éloignement du Nazisme ===
=== Éloignement du Nazisme ===


En apprenant que son ancien collègue, le maréchal-président [[Paul von Hindenburg|Hindenburg]], vient d'appeler Hitler à la chancellerie le {{Date|30|janvier|1933}}, Ludendorff lui adresse une lettre de reproches : {{Citation|Et moi, je vous prédis solennellement que cet homme exécrable entraînera notre nation vers des abîmes de déshonneur […]. Les générations futures vous maudiront dans votre tombe pour ce que vous avez fait}}<ref>Cité par {{Harvsp|Ian Kershaw|2000|p=?}}.</ref>.
En apprenant que son ancien collègue, le maréchal-président [[Paul von Hindenburg|Hindenburg]], vient d'appeler Hitler à la chancellerie le {{Date|30|janvier|1933}}, Ludendorff lui adresse une lettre de reproches : {{Citation|Vous avez livré notre sainte patrie allemande à l'un des plus grands démagogues de tous les temps. Je prédis solennellement que cet homme exécrable entraînera notre Reich dans l'abîme et plongera notre nation dans une misère inimaginable. Les générations futures vous maudiront dans votre tombe pour ce que vous avez fait.}}<ref>Cité par {{Harvsp|Ian Kershaw|2000|p=609}}.</ref>.


Erich Ludendorff meurt le {{Date|20|décembre|1937}} à l’âge de 72 ans après avoir rejeté, en [[1935]], l’offre de [[Adolf Hitler|Hitler]] de l’élever à la dignité de [[maréchal (armée)#Allemagne|maréchal]]. Néanmoins, le général a droit à des [[funérailles nationales]] à Munich<ref>{{Harvsp|Ian Kershaw|2000|p=946-947}}.</ref>.
Erich Ludendorff meurt le {{Date|20|décembre|1937}} à l’âge de 72 ans après avoir rejeté, en [[1935]], l’offre de [[Adolf Hitler|Hitler]] de l’élever à la dignité de [[maréchal (armée)#Allemagne|maréchal]]. Néanmoins, le général a droit à des [[funérailles nationales]] à Munich<ref>{{Harvsp|Ian Kershaw|2000|p=946-947}}.</ref>.


=== Le mouvement païen ===
=== Le mouvement païen ===
Se détournant de la politique, il fonde en 1925, avec [[Mathilde Ludendorff|Mathilde Spiess]] (qu'il épousera en secondes noces en 1926) le ''{{lang|de|Tannenbergbund}}'', mouvement [[paganisme|païen]] de « connaissance des Dieux »<ref>Voir les [http://www.resistancia-ug.org/categories/Kulture/Mythes%20et%20Kultes/thule/thule2-chap9.htm extraits] du livre de [[Jean Mabire]], ''Thulé le soleil retrouvé des hyperboréens'', Robert Laffont, 1977.</ref>, qui existe toujours sous le nom de ''{{lang|de|Bund für Deutsche Gotterkenntnis}}'', et dont les membres sont parfois appelés ''{{lang|de|Ludendorffer}}''. Son retrait de la politique ne signifie pas renoncement à ses convictions. Dans ''La guerre totale'', peu de temps avant sa mort, il écrit par exemple que {{citation|la guerre totale [...] n'était pas née uniquement de conditions politiques nouvelles où s'affirmait toujours plus nettement la concurrence entre le peuple juif et l'Église romaine, aspirant fiévreusement tous deux à dominer les peuples, à les affaiblir, à saigner à blanc les récalcitrants [...]}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Erich Ludendorff |traducteur=A. Pfannstiel |titre=La guerre totale |éditeur=Éditions Perrin |lieu=Paris |année=2010 |pages totales=285 |passage=54 |isbn=978-2-262-03125-1}}. La phrase se poursuit avec d'autres conditions : {{citation|[...] mais aussi du service militaire obligatoire, vu la densité croissante de la population, et enfin des moyens de combat dont les effets se montrèrent toujours plus destructifs.}}</ref>.
Se détournant de la politique, il fonde en 1925, avec [[Mathilde Ludendorff|Mathilde Spiess]] (qu'il épousera en secondes noces en 1926) le ''{{lang|de|Tannenbergbund}}'', mouvement [[paganisme|païen]] de « connaissance des Dieux »<ref>Voir les [http://www.resistancia-ug.org/categories/Kulture/Mythes%20et%20Kultes/thule/thule2-chap9.htm extraits] du livre de [[Jean Mabire]], ''Thulé le soleil retrouvé des hyperboréens'', Robert Laffont, 1977.</ref>, qui existe toujours sous le nom de ''{{lang|de|Bund für Deutsche Gotterkenntnis}}'', et dont les membres sont parfois appelés ''{{lang|de|Ludendorffer}}''. Son retrait de la politique ne signifie pas renoncement à ses convictions. Dans ''La guerre totale'', peu de temps avant sa mort, il écrit par exemple que {{citation|la guerre totale [...] n'était pas née uniquement de conditions politiques nouvelles où s'affirmait toujours plus nettement la concurrence entre le peuple juif et l'Église romaine, aspirant fiévreusement tous deux à dominer les peuples, à les affaiblir, à saigner à blanc les récalcitrants [...]}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Erich Ludendorff |traducteur=A. Pfannstiel |titre=La guerre totale |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin]] |année=2010 |pages totales=285 |passage=54 |isbn=978-2-262-03125-1}}. La phrase se poursuit avec d'autres conditions : {{citation|[...] mais aussi du service militaire obligatoire, vu la densité croissante de la population, et enfin des moyens de combat dont les effets se montrèrent toujours plus destructifs.}}</ref>.


== Œuvres ==
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* Dans ''{{lien|lang=de|trad=Tannenberg (1932)|fr=Tannenberg (film)|texte=Tannenberg}}'' (1932), son rôle est joué par Henry Pleß.
* Dans ''{{lien|lang=de|trad=Tannenberg (1932)|fr=Tannenberg (film)|texte=Tannenberg}}'' (1932), son rôle est joué par Henry Pleß.
* Dans ''[[Hitler et sa clique]]'' 1944), son rôle est joué par [[Reinhold Schünzel]].
* Dans ''[[Hitler et sa clique]]'' 1944), son rôle est joué par [[Reinhold Schünzel]].
* Dans ''[[La Chute des aigles]]'' (1974), son rôle est joué par [[Michael Bates (acteur)|Michael Bates]].
* Dans ''[[La Chute des aigles (série)|La Chute des aigles]]'' (1974), son rôle est joué par [[Michael Bates (acteur)|Michael Bates]].
* Dans ''[[Hitler : La Naissance du mal]]'' (2003), son rôle est joué par [[Friedrich von Thun]].
* Dans ''[[Hitler : La Naissance du mal]]'' (2003), son rôle est joué par [[Friedrich von Thun]].
* Dans ''[[Wonder Woman (film, 2017)|Wonder Woman]]'' (2017), son rôle est joué par [[Danny Huston]].
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*Mabille, [https://archive.org/details/documentsdugqgal00lude/page/n9/mode/2up?q=conflit+armé+entre+deux Documents du GQG allemand sur le rôle qu'il a joué de 1916 à 1918], sur archive.org
*Mabille, [https://archive.org/details/documentsdugqgal00lude/page/n9/mode/2up?q=conflit+armé+entre+deux Documents du GQG allemand sur le rôle qu'il a joué de 1916 à 1918], sur archive.org
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Erich Ludendorff
Erich Ludendorff
Naissance
Kruszewnia (province de Posnanie, royaume de Prusse)
Décès (à 72 ans)
Tutzing (Bavière, Reich allemand)
Grade General der Infanterie
Années de service 1883 – 1919
Commandement Adjoint du chef de l'État-Major allemand
Conflits Première Guerre mondiale
Faits d'armes Bataille de Tannenberg (août-septembre 1914)
Autres fonctions Député (1924-1928)
Famille Mathilde Ludendorff
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Erich Ludendorff, né le à Schwersenz, en province de Posnanie et mort le à Tutzing en Bavière, est un militaire et homme politique allemand. Il a exercé les fonctions de général en chef des armées allemandes (la Deutsches Heer) pendant la Première Guerre mondiale, de 1916 à 1918. Il soutient activement le mouvement national-socialiste dans ses débuts (années 1920), avant de s'opposer à Adolf Hitler, et de se détourner de la politique pour créer, avec sa femme, un mouvement néopaïen.

Biographie[modifier | modifier le code]

Sous l'Empire allemand[modifier | modifier le code]

Né sous le nom de « Erich Ludendorff » et non « Erich von Ludendorff », il appartient à la grande bourgeoisie prussienne, et non à la noblesse. Issu d'une famille de marchands, son père, officier de réserve poméranien, a racheté le manoir de Kruszewnia, en Posnanie, où il est né, et sa mère, de nationalité suédoise, descend de la noble famille prussienne des von Tempelhoff (de). Son jeune frère est l'astrophysicien Hans Ludendorff (de). Il fréquente l'école préparatoire militaire de Plön puis est admis à l'Académie militaire de Lichterfelde (1877-1882) et obtient à 18 ans son brevet de lieutenant. D'abord affecté au 57e régiment d'infanterie stationné à Wesel, il rejoint en 1887 un bataillon d'infanterie de marine et sert à bord des vaisseaux Niobe, Baden et Kaiser, qui croisent entre Scandinavie et Îles Britanniques. Simultanément, il étudie passionnément le russe et est recommandé par ses supérieurs pour l'Académie de guerre de Berlin. L'armée lui offre un stage de trois mois à Saint-Pétersbourg et Moscou pour qu'il puisse y parfaire sa connaissance de la langue et de la civilisation russes[1]. Promu commandant en 1902, Ludendorff est officier d’état-major.

L'École des cadets de Lichterfelde, à Berlin, où Ludendorff effectua ses études.

Militariste convaincu, Ludendorff citait volontiers Salluste pour qui « la paix est l’intervalle de temps entre deux guerres[2] » : il participe activement à l’élaboration du plan Schlieffen pour l’invasion de la France, en tant que chef de la 2e section du Grand État-Major d'avril 1908 à janvier 1913. En 1912, il refuse d'être anobli.

Article connexe : Grand État-Major général.

Grande Guerre[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Dioscures (Première Guerre mondiale) et Conférences de Spa (Première Guerre mondiale).

À peine le conflit est-il engagé que Ludendorff est nommé au poste de Generalquartiermeister à la deuxième armée commandée par von Bülow. L’objectif de la deuxième armée est de mettre en œuvre ce qui a été décidé par le plan Schlieffen, à savoir la prise des forts de Liège afin de s’ouvrir la route du territoire français. Après le succès de l’opération[1], Ludendorff est rappelé à l'OHL (Oberste Heeresleitung ou « Commandement suprême de l'armée de terre ») aux côtés de Paul von Hindenburg. Après la victoire de Tannenberg (26-) sur la IIe armée du général russe Alexander Samsonov, Ludendorff est nommé Generalquartiermeister de von Hindenburg. Dans les territoires conquis à l'est de la Prusse et de la Pologne, l'Ober Ost, est mise en place une administration militaire sous la tutelle directe de l'OHL et confiée directement à Ludendorff[3], sous l'autorité de von Hindenburg. Inséparables, ils deviennent peu à peu les véritables décideurs de l’Allemagne après que von Hindenburg eut été nommé chef suprême de l’armée allemande en remplacement de Falkenhayn, limogé en , reléguant le Kaiser Guillaume II dans un rôle de faire-valoir[4].

Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff.

Face à la supériorité maritime britannique, Ludendorff se fait l’apôtre de la guerre totale en utilisant à outrance sa flotte sous-marine[5],[6],[7] : cette arme, destinée à provoquer l'effroi des convois de ravitaillement, envoie par le fond de multiples navires civils comme le Lusitania. Loin d'interrompre le trafic transatlantique, elle détériore fortement les relations diplomatiques entre l'Allemagne et les États-Unis. En 1917, Ludendorff est un des principaux acteurs qui négocient le traité de Brest-Litovsk avec la Russie révolutionnaire. Les forces allemandes pouvant être retirées du front est, Hindenburg et Ludendorff décident alors de planifier une vaste offensive pour le printemps 1918.

Le , 181 divisions allemandes s’attaquent à 211 divisions alliées, dont 104 françaises. Ludendorff met enfin en œuvre la tactique d'infiltration d'Oskar von Hutier qui, conjointement à la technique de tirs ciblés de l'artilleur Georg Bruchmüller, réalise pour la première fois depuis le début de la guerre des tranchées une authentique percée en prenant les Alliés totalement au dépourvu. Mais cette tactique consiste à négliger sciemment la protection des ailes de l'attaque[8] et, si elle amène Paris sous le feu des canons à longue portée allemands, elle échoue à faire la décision tant recherchée[9] faute de troupes de réserve (nouveaux engagements dans les Balkans, mutineries, disette et amorces de la grippe espagnole). De son côté, le Grand État-Major allié avait pallié le manque de chars par la constitution d’une artillerie mobile pour suivre les progressions de l’infanterie. Devant l’imminence du danger, le maréchal français Foch est nommé commandant en chef des armées alliées à la conférence de Doullens (en), le 26 mars. Clemenceau doit défendre bec et ongles Foch à la Chambre devant les critiques et finalement, l’offensive allemande est enrayée. Le , pour la première fois, 500 chars français utilisés en masse permettent la percée du front au sud de Soissons.

L’offensive franco-britannique débute le et ne s’arrêtera plus. Dans ses mémoires, Ludendorff qualifie cette date du de « jour de deuil de l’armée allemande » parce qu’il sait à ce moment que la guerre est définitivement perdue. Confronté à l'armistice de Thessalonique et à la percée réussie des Britanniques sur la ligne Siegfried[10], Ludendorff suggère au Kaiser le à Spa de demander sans délai l'armistice au Président Wilson et d'engager (mais pour des raisons purement tactiques) une réforme constitutionnelle[11],[12]. Les motifs de ce revirement chez Ludendorff (défaitisme ou calcul machiavélique) restent controversés[13] ; il constituait en tous cas un aveu d'échec militaire et a ouvert la voie à l'instauration du régime républicain[12]. Sans doute s'agissait-il de faire endosser la responsabilité des pourparlers de paix aux civils, et surtout aux députés sociaux-démocrates[11] ; là se trouvent les prémisses de la légende du « coup de poignard dans le dos[14]. »

Après la nomination de Max de Bade au début d’, l'influence de Ludendorff s'effaça presque instantanément de la politique allemande ; les différends qui opposaient ces deux hommes furent tous tranchés en faveur du nouveau chancelier[12]. Le comte von der Schulenburg prit au mot la proposition de Ludendorff de lancer les négociations d'armistice[15] : dès le , Wilson dans une troisième note, exigeait, outre l'évacuation des territoires occupés par l'armée allemande et l'arrêt immédiat de la guerre sous-marine, une réforme profonde de l'Empire allemand et l'adoption de mesures empêchant l'Allemagne de reprendre les armes et de déclarer les hostilités. Ludendorff, qui avait agité l'éventualité d'un armistice et « qui n'avait pas sérieusement envisagé les conséquences politiques et militaires, mêmes les plus immédiates, de sa décision précipitée[16] », se trouvait désormais confronté à un ultimatum qu'il rejeta sans sourciller[17] : il décida d'interrompre les pourparlers sur le champ et exigea, en totale contradiction avec ce qu'il avait écrit la veille, de reprendre « la résistance par tous les moyens possibles » (Widerstand mit äußersten Kräften). Toutefois le cabinet formé par Max de Bade, qui venait d'entrer en fonction, ne l'entendait pas de cette oreille. Le , Ludendorff fut, sur requête du chancelier, convoqué (quoique formellement « invité ») par l’empereur au château de Bellevue[12]. Ludendorff et Hindenburg furent donc conduits au château de Bellevue où, après une altercation verbale avec le représentant du gouvernement, Ludendorff quitta la salle de conférence. Il attendit dans l'antichambre le retour de son comparse Hindenburg, convaincu que ce dernier allait lui aussi remettre sa démission ; mais lorsque Hindenburg le rejoignit, toujours chef de l’État-major, Ludendorff décida de retourner seul au quartier général, déclarant : « Je n'ai plus rien à faire de vous tous[18] » La convocation du château de Bellevue marque, selon l'historien Manfred Nebelin, le rétablissement du primat de la politique sur le militaire[18], en sommeil depuis la chute du chancelier Bethmann-Hollweg. Au début de la Révolution allemande de 1918-1919, Ludendorff envisagea d'abord de s'emparer du quartier général de Cassel-Wilhelmshöhe mais fut en butte au refus du ministre « démissionné » Schëuch. Par divers expédients (il se fit passer pour le domestique d'un de ses amis qui l'hébergeait à Berlin-Wilmersdorf), il parvint à s'enfuir en Suède via Copenhague sous un faux nom (Ernst Lindström, dont les initiales E. L. étaient les siennes), muni d'un passeport diplomatique finlandais. Sa femme, redoutant une déchéance publique, avait tenté en vain de l'en empêcher ; d'ailleurs, le journaliste Kurt Tucholsky lui reproche en 1920 son comportement lâche et irresponsable, indigne d'un véritable chef[19] ; dans un de ses romans (« Un été en Suède : vacances au château de Gripsholm »), Tucholsky recommande plaisamment au lecteur le restaurant favori de Ludendorff à Copenhague.

Le « Putsch de la Brasserie » et ses conséquences[modifier | modifier le code]

Ludendorff (au centre) aux côtés de Gustav von Kahr (marqué d'une croix ; cliché de 1921), qui jouera par la suite un rôle-clef dans la répression du Putsch de la Brasserie.
Les personnalités inculpées lors du procès d'Adolf Hitler en 1924 : Ludendorff se trouve au côté d'Adolf Hitler. Photo d'Heinrich Hoffmann.

En Suède, il écrit des ouvrages sur la tactique militaire et d’autres, plus politiques, dénonçant le sabordage de l’Allemagne par le pouvoir politique alors dominé par le SPD. C'est l'un des grands propagandistes de la fameuse thèse du « coup de poignard dans le dos[20] » (Dolchstoßlegende) selon laquelle l'armée allemande, invaincue sur le terrain, a été trahie par les politiciens de l'arrière.

Revenu en Allemagne en 1920, il fréquente les milieux nationalistes et les intellectuels de la Révolution conservatrice. Il participe au putsch de Kapp, puis Max Erwin von Scheubner-Richter lui présente un jeune agitateur, Hitler, auquel il n'accorda d'abord que peu d'attention car l'homme n'était pas même officier ; ce sont les affinités politiques de plus en plus fortes qui les rapprochent progressivement. Ludendorff participe au putsch préparé par Adolf Hitler à Munich dans la nuit du 9 au 10 novembre 1923. Hitler, qui considérait encore l'ancien généralissime comme l'âme des forces réactionnaires allemandes[21], envisageait, s'il avait réussi son coup de force à Munich, de placer Ludendorff à la tête d'une grande marche sur Berlin ; mais le coup de Munich tourna à l'échec, et Ludendorff, cité à comparaître lors du procès Hitler-Ludendorff, fut relâché faute de preuves ainsi qu'en raison de son dévouement à la patrie pendant la Grande Guerre. Son attitude envers Hitler, condamné à une peine de détention à Landsberg, se dégrada clairement au début de 1924, surtout parce qu'Hitler se considérait désormais comme le guide du mouvement national-socialiste allemand[22] : Ludendorff se défiait de Hitler, à qui il reprochait d'avoir « déserté » le mouvement nationaliste le 9 novembre[23]. Opposant décidé au cléricalisme, il désapprouvait également les concessions qu'Hitler faisait par pragmatisme à l'Eglise catholique[24] ; quant à Hitler, il reprochait à Ludendorff de diviser le mouvement völkisch avec son sectarisme religieux[25].

Ludendorff, avec l'appui de Gregor Strasser et d'Albrecht von Graefe, créa alors un autre parti, le Deutschvölkische Freiheitspartei (DVFP), branche dissidente du mouvement völkisch aux accents nettement antisémites[26], censé reprendre le flambeau du NSDAP, dissous depuis le procès de 1923.

De 1924 à 1928, Ludendorff siégeait comme député du groupe des nationalistes au Reichstag, aux côtés d'Albrecht von Graefe. Aux élections législatives du 29 mars 1925, il se porta candidat des populistes völkisch pour l'élection présidentielle. Hitler n'était alors pas encore citoyen allemand et ne pouvait donc en aucune façon concourir ; aussi les nationaux-socialistes soutinrent-ils implicitement Ludendorff au premier tour[27], mais celui-ci n'obtint que 1,1 % des voix. Après que Hitler, dont il espérait ardemment l'appui, eut appelé ses partisans à soutenir la candidature du maréchal Hindenburg, Ludendorff ne se présenta même pas au second tour. « C'est parfait »[28] confie Hitler à Hermann Esser, « Nous lui avons porté le coup de grâce ». L'échec cuisant de Ludendorff fit en effet de Hitler le chef incontesté de l'extrême-droite jusqu’à la fin de la République de Weimar[29] ; quant à Ludendorff, il ne se remettra jamais de sa défaite.

Considérant que son ancien allié est devenu gênant pour le mouvement nazi, Hitler l'accuse en 1927 d'être franc-maçon. Il est pourtant l'auteur d'un livre pamphlétaire antimaçonnique : Vernichtung der Freimaurerei durch Enthüllung ihrer Geheimnisse (Anéantissement de la franc-maçonnerie par la révélation de ses secrets)[30]. Marginalisé, et ne jouant plus le moindre rôle, le vieux général se retire de la vie politique en 1928.

Éloignement du Nazisme[modifier | modifier le code]

En apprenant que son ancien collègue, le maréchal-président Hindenburg, vient d'appeler Hitler à la chancellerie le , Ludendorff lui adresse une lettre de reproches : « Vous avez livré notre sainte patrie allemande à l'un des plus grands démagogues de tous les temps. Je prédis solennellement que cet homme exécrable entraînera notre Reich dans l'abîme et plongera notre nation dans une misère inimaginable. Les générations futures vous maudiront dans votre tombe pour ce que vous avez fait. »[31].

Erich Ludendorff meurt le à l’âge de 72 ans après avoir rejeté, en 1935, l’offre de Hitler de l’élever à la dignité de maréchal. Néanmoins, le général a droit à des funérailles nationales à Munich[32].

Le mouvement païen[modifier | modifier le code]

Se détournant de la politique, il fonde en 1925, avec Mathilde Spiess (qu'il épousera en secondes noces en 1926) le Tannenbergbund, mouvement païen de « connaissance des Dieux »[33], qui existe toujours sous le nom de Bund für Deutsche Gotterkenntnis, et dont les membres sont parfois appelés Ludendorffer. Son retrait de la politique ne signifie pas renoncement à ses convictions. Dans La guerre totale, peu de temps avant sa mort, il écrit par exemple que « la guerre totale [...] n'était pas née uniquement de conditions politiques nouvelles où s'affirmait toujours plus nettement la concurrence entre le peuple juif et l'Église romaine, aspirant fiévreusement tous deux à dominer les peuples, à les affaiblir, à saigner à blanc les récalcitrants [...] »[34].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Éditions originales

  • Meine Kriegserinnerungen 1914–1918. Berlin (1919, réimpr. 1936).
  • Urkunden der Obersten Heeresleitung über ihre Tätigkeit 1916–1918. Ludendorffs Verlag, Munich (1922).
  • Kriegführung und Politik. Mittler, Berlin (1923).
  • Vernichtung der Freimaurerei durch Enthüllung ihrer Geheimnisse. Ludendorffs Verlag, Munich (1927, réimpr. 1940).
  • Kriegshetze und Völkermorden in den letzten 150 Jahren. Ludendorffs Verlag, Munich (1928, réimpr. 1939).
  • Erich et Mathilde Ludendorff, Das Geheimnis der Jesuitenmacht und ihr Ende. Ludendorffs Verlag, Munich (1929, réimpr. 1934).
  • Weltkrieg droht auf deutschem Boden. Ludendorffs Verlag, Munich (1930).
  • Mein militärischer Werdegang. Blätter der Erinnerung an unser stolzes Heer. Ludendorffs Verlag, Munich (1933).
  • Eine Auswahl aus den militärischen Schriften. Quelle & Meyer, Leipzig (1935).
  • Der totale Krieg. Ludendorffs Verlag, Munich (1935).
  • (en coll.) Mathilde Ludendorff – ihr Werk und Wirken. Ludendorffs Verlag, Munich (1937).
  • Auf dem Weg zur Feldherrnhalle. Lebenserinnerungen an die Zeit des 9.11.1923. Ludendorffs Verlag, Munich (1937).
  • (en coll. avec Mathilde Ludendorff) Die Judenmacht, ihr Wesen und Ende. Ludendorffs Verlag, Munich (1939).
  • Vom Feldherrn zum Weltrevolutionär und Wegbereiter deutscher Volksschöpfung. (Lebenserinnerungen, 3 vol.) Ludendorffs Verlag, Munich (1940).
Traductions en français
  • Conduite de la guerre et Politique, traduit par L. Koeltz, Berger-Levrault, Paris (1922)
  • Documents du GQG allemand sur le rôle qu'il a joué de 1916 à 1918, traduit par le chef de bataillon d'infanterie breveté Mabille 1922
  • La guerre totale, traduit par A. Pfannstiel, Flammarion, Paris (1937)
  • Souvenirs de guerre (1914-1918) - Tome I et II, Nouveau Monde éditions (2014)

Filmographie[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. ↑ a et b Cf. Manfred Nebelin, Ludendorff – Diktator im Ersten Weltkrieg, Munich, Siedler, , p. 113–122.
  2. ↑ Cité par Jean Giraudoux, Le futur armistice, Grasset, .
  3. ↑ Cf. (en) Vejas Gabriel Liulevicius, War land on the Eastern Front : culture, national identity, and German occupation in World War I, Cambridge, Mass., Cambridge Univ. Press, , 309 p. (ISBN 0-521-66157-9), p. 33 et suiv., 71 et suiv.
  4. ↑ Cf. Erich Eyck, « The Generals and the Downfall of the German Monarchy 1917–1918 », Transactions of the Royal Historical Society, vol. 5, no 2,‎ , p. 48.
  5. ↑ Cf. Torsten Oppelland, « Les débats sur la guerre sous-marine et la neutralité américaine au Reichstag 1914-1917 », Parlement[s], Revue d'histoire politique, no 10,‎ , p. 92 à 103.
  6. ↑ Cf. Holger H. Herwig, « Total Rhetoric, Limited War: Germany's U-Boat Campaign 1917–1918 », Journal of Military and Strategic Studies.,‎ (lire en ligne).
  7. ↑ Cf. Joachim Schröder, Die U-Boote des Kaisers : Die Geschichte des deutschen U-Boot-Krieges gegen Großbritannien im Ersten Weltkrieg, Bonn, Bernard & Graefe, , p. 211–218.
  8. ↑ D'après Gerhard P. Gross et Bruno Thoss, H.-E. Volkmann (dir.), Erster Weltkrieg – Zweiter Weltkrieg. Ein Vergleich. Krieg – Kriegserlebnis – Kriegserfahrung in Deutschland., Paderborn, , « Das Dogma der Beweglichkeit. Überlegungen zur Genese der deutschen Heerestaktik im Zeitalter der Weltkriege. », p. 152.
  9. ↑ David Stevenson: 1914–1918. Der Erste Weltkrieg. Albatros-Verlag, Mannheim 2010, S. 471.
  10. ↑ Cf. Sönke Neitzel, Weltkrieg und Revolution. 1914–1918/19, Berlin, BPB, , p. 150.
  11. ↑ a et b Cf. Robert Randle, « The Domestic Origins of Peace », Annals of the American Academy of Political and Social Science., vol. 392,‎ , p. 83.
  12. ↑ a b c et d Cf. Klaus Epstein, « Wrong Man in a Maelstrom: The Government of Max of Baden. », The Review of Politics., vol. 26, no 2,‎ , p. 225.
  13. ↑ Cf. Michael Geyer, « Insurrectionary Warfare: The German Debate about a Levée en Masse in October 1918 », The Journal of Modern History., vol. 73, no 3,‎ , p. 465.
  14. ↑ Cf. Pierre Jardin, Aux racines du mal : 1918, le déni de défaite, Paris, Tallandier, , 639 p. (ISBN 978-2-84734-158-4, OCLC 64226009).
  15. ↑ Cf. Wolfgang Förster, Der Feldherr Ludendorff im Unglück. Eine Studie über seine seelische Haltung in der Endphase des ersten Weltkrieges, Wiesbaden, , p. 104.
  16. ↑ Wilhelm Deist et Gerhard Hirschfeld, Gerd Krumeich et Irina Renz (dir.), Enzyklopädie Erster Weltkrieg, Paderborn, , « Die Kriegführung der Mittelmächte. », p. 249–271, ici p. 285.
  17. ↑ D'après « Der Waffenstillstand von Compiègne 1918: Vorverhandlungen zum Waffenstillstand », sur LEMO - Lebendiges Museum Online, .
  18. ↑ a et b Cf. Manfred Nebelin, Ludendorff. Diktator im Ersten Weltkrieg., Munich, , p. 500 et suiv.
  19. ↑ Ludendorff 1920, in: Kurt Tucholsky: Glossen und Essays. Gesammelte Schriften.
  20. ↑ Cf. Klaus-Jürgen Bremm, « Erich Ludendorff – Totengräber des Kaiserreichs », Die Welt,‎ (lire en ligne)
  21. ↑ Cf. Rudolph Binion, Hitler Among the Germans, New York, Northern Illinois University Press, , 226 p. (ISBN 0875805310), p. 115 et suiv.
  22. ↑ Peter D. Stachura, « The Political Strategy of the Nazi Party, 1919–1933 », German Studies Review., vol. 3, no 2,‎ , p. 261–288, et surtout 267.
  23. ↑ Cf. Wulf C. Schwarzwäller, Hitlers Geld, Wiesbaden, VMA-Verlag, , p. 115.
  24. ↑ Jeremy Noakes, « Conflict and Development in the NSDAP 1924–1927 », Journal of Contemporary History., vol. 1, no 4,‎ , p. 10.
  25. ↑ Kurt Meier: Kreuz und Hakenkreuz. Die evangelische Kirche im Dritten Reich. München 1992, S. 10 f.
  26. ↑ Cf. Frederick L. Schuman, « The Political Theory of German Fascism. », The American Political Science Review., vol. 28, no 2,‎ , p. 214.
  27. ↑ Cf. Robert A. Pois, « The Bourgeois Democrats of Weimar Germany », Transactions of the American Philosophical Society, new Series., vol. 66, no 4,‎ , p. 50.
  28. ↑ D'après Ian Kershaw, Hitler, vol. I, Flammarion, , « 7. La maîtrise du mouvement ».
  29. ↑ Cf. (de) Phillip Wegehaupt et Wolfgang Benz (dir.), Handbuch des Antisemitismus, vol. 2 : Personen, Berlin, De Gruyter Saur, , 976 p. (ISBN 978-3-598-44159-2, lire en ligne), « Ludendorff, Erich », p. 495 (consulté sur le site De Gruyter Online).
  30. ↑ (en) Fiche sur cet ouvrage « conspirationniste » d'Erich Ludendorff.
  31. ↑ Cité par Ian Kershaw 2000, p. 609.
  32. ↑ Ian Kershaw 2000, p. 946-947.
  33. ↑ Voir les extraits du livre de Jean Mabire, Thulé le soleil retrouvé des hyperboréens, Robert Laffont, 1977.
  34. ↑ Erich Ludendorff (trad. A. Pfannstiel), La guerre totale, Paris, Éditions Perrin, , 285 p. (ISBN 978-2-262-03125-1), p. 54. La phrase se poursuit avec d'autres conditions : « [...] mais aussi du service militaire obligatoire, vu la densité croissante de la population, et enfin des moyens de combat dont les effets se montrèrent toujours plus destructifs. »

Annexes[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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