« Coureur des bois » : différence entre les versions

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[[Fichier:La Vérendrye.jpg|vignette|Représentation romantique d’un coureur des bois dans le tableau ''La Vérendrye at the Lake of the Woods'' de {{Lien|langue=en|trad=Arthur H. Hider}}, v. 1900-1930.]]
[[Fichier:La Vérendrye.jpg|vignette|Représentation romantique d’un coureur des bois dans le tableau ''La Vérendrye at the Lake of the Woods'' de [[Arthur H. Hider]], v. 1900-1930.]]
Un '''coureurs des bois'''
you should put this in english sorry- . Les '''coureurs de bois''' (ou '''coureurs des bois''') sont des hommes ayant pour métier la traite des [[Fourrure|pelleteries]] et le transport de marchandises. D'abord Français, ils sont lentement supplantés par les [[Canadiens français|Canadiens]] vers la fin du {{s-|XVII}} avec l'épanouissement de la société canadienne en [[Nouvelle-France]]. Œuvrant souvent dans la clandestinité et sans permis de traite, leur activité s'organise et se banalise grandement après la paix franco-iroquoise de 1667, lorsque les routes vers l’ouest deviennent plus sécuritaires pour le voyage en canot. D'ailleurs, c'est surtout après ce conflit que certains hommes vont explorer, voyager et troquer des marchandises européennes ouvragées contre des fourrures, directement auprès des nations autochtones ou dans les différents postes de traite disséminés, en grande partie, entre le [[fleuve Saint-Laurent]], le bassin des [[Pays-d'en-Haut|Grands Lacs]], la [[Baie d'Hudson|baie d’Hudson]] et la vallée du [[Louisiane (Nouvelle-France)|Mississippi]]. Les coureurs de bois forment ainsi un groupe social distinct des autres populations de la Nouvelle-France par leur origine modeste, leur mode de vie semi-sédentaire et une occupation professionnelle saisonnière axée sur le commerce intérieur. Avec l'instauration d'un système de permis, les traiteurs clandestins et les commerçants hors-la-loi finissent par disparaître graduellement. Après la reprise du commerce des fourrures vers 1715, « le terme « coureur de bois » [ainsi que ses connotations péjoratives] ont tendance à s'effacer devant des appellations plus neutres telles que « voyageurs », « traiteurs » ou « chasseur », [...]<ref name="Havard">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gilles Havard|titre=Histoire des coureurs de bois|sous-titre=Amérique du Nord 1600-1840|lieu=Paris|éditeur=Les Indes savantes|année=2017|lire en ligne={{Google Livres|2ff1jwEACAAJ}}|isbn=978-2-84654-424-5|oclc=965621111|pages totales=885|format=24 cm}}.</ref>{{rp|231}} ». Enfin, la course de bois et l'industrie des pelleteries ne disparaissent pas avec la cession du Canada à l'Angleterre en 1763. La course de bois prend alors une autre forme et l'activité perdure jusqu'au {{s-|XIX}}.
<ref>Coureur ''de'' bois ou coureur ''des'' bois. {{refsou|L'expression ''coureur des bois'' apparait dans une ordonnance de [[Louis de Buade de Frontenac|Frontenac]]}}.</ref>
est, en [[Nouvelle-France]], un colon indépendant
qui pratique la [[traite des fourrures]]. {{refsou|Avant eux, les [[Autochtones d'Amérique]] avaient, pour seuls interlocuteus européens, les interprètes des compagnies marchandes, puis les missionnaires et leurs domestiques.}}


{{refsou|Ils se déplacent sur de longues distances, en [[canoé|canot]], entre la [[vallée du Saint-Laurent]] et l’intérieur du continent, le plus souvent dans la [[région des Grands Lacs]]. Ils hivernent parfois avec les populations locales, troquent des vêtements, des haches, des fusils, des chaudrons contre des peaux de castor, d’orignal, de caribou, etc.}}. Après la [[guerres franco-iroquoises|paix franco-iroquoise de 1653 et 1667]], les routes vers l’Ouest deviennent plus sûres pour les Français et leurs alliés. Les coureurs de bois se font plus nombreux, et {{refsou|le [[centre de gravité]] du [[commerce franco-autochtone]] se déplace vers l'ouest}}.
== La traite des pelleteries sous le Régime français au {{s-|XVII}} ==
L'abondance de fourrures sur le marché européen menace l’économie de la Nouvelle-France. En 1681, [[Colbert]] instaure un système de [[congés de traite]] destiné à la freiner, mais sans succès: dès 1696, ce système est révoqué par [[Louis XIV]], qui fait fermer presque tous les postes de la colonie.
Lorsque le [[royaume de France]] commence réellement à s'intéresser à l'Amérique du Nord au début du {{s-|XVII}}, l'occupation terrestre se limite à quelques dizaines d'hivernants gardant les postes de pêche et de traite comme celui de [[Tadoussac]] ou de [[Québec (ville)|Québec]]. À cette époque, il est inutile de s'enfoncer très loin dans les terres à la recherche de [[Traite des fourrures|fourrures]]. En effet, les traiteurs autochtones apportent dans les postes de traite des peaux en provenance de leurs réseaux commerciaux qui s'étendent très loin, bien au-delà de la vallée du Saint-Laurent. En outre, malgré cette politique de traite sédentaire qui nécessite très peu d'activité, on ne peut négliger le rôle des premiers truchements et explorateurs qui accompagnent alors les convois de canots en compagnie de voyageurs [[Hurons-Wendats|Hurons]] et [[Algonquins]].


Les religieux et les administrateurs coloniaux considèrent les coureurs de bois comme associés à l’illégalité, aux mœurs dissolues, au banditisme et à la contrebande avec les [[Nouvelle-Néerlande|Anglo-hollandais]] de [[Fort Orange (Nouvelle-Néerlande)|Fort Orange]]. Le terme ''coureur de bois'' s’efface au cours du {{s|XVIII}} au profit de celui de ''voyageur'' puis d’''engagé''. Le commerce s’organise autour de marchands ou d’officiers militaires qui emploient des voyageurs pour faire la traite avec les Autochtones des [[Pays d’en haut]]. La course de bois se poursuit après [[Guerre de la Conquête|la Conquête]] en 1763. Elle est monopolisée par deux grandes compagnies avant de péricliter au {{s-|XIX}}.
=== Les truchements ===
[[Fichier:coureur de bois.jpg|vignette|''Coureur de bois'' - Gravure sur bois d’ {{lien|lang=en|trad=Arthur Heming|fr=Arthur Heming}}.]]
Parmi les premiers individus européens à voyager en Amérique du Nord, beaucoup ont servi d'interprètes entre des nations amérindiennes et les Français. Or, si ces jeunes hommes qui endossent le rôle de truchements posent peut-être les bases de ce qui sera la course de bois aux {{s2-|XVIII|XIX}}, ils ne sont pas à confondre avec les coureurs des bois. D'une part, parce que la traite des pelleteries se fait presque exclusivement dans des postes statiques et pour ces individus, le commerce des fourrures constitue une activité d'appoint, non une activité professionnelle organisée.


== Évolution de la traite des pelleteries franco-autochtone ==
D'autre part, c'est souvent la figure d'[[Étienne Brûlé]] qui alimente cette controverse historiographique sur l'appartenance des truchements à la course de bois. Dans les faits, l'appellation « coureur de bois » n’apparaît dans les sources que vers 1670<ref name="Havard"/>{{rp|64}}, presque 40 ans après la mort présumée d'Étienne Brûlé vers 1630<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Olga Jurgens |titre=Brûlé, Étienne|url=http://www.biographi.ca/fr/bio/brule_etienne_1E.html |site=Dictionnaire Biographique du Canada |date=2015 (1966) |consulté le=2021}}.</ref>. Pour la période dite « des truchements » (1610-1630), l'historien Gilles Havard identifie une vingtaine d'individus qui endossent ce statut et parmi lesquels on compte [[Jean Nicolet]], [[Nicolas Marsolet de Saint-Aignan|Nicolas Marsolet]] ou Jean Richet, dit gros-Jean de Dieppe<ref name="Havard"/>{{rp|27}}. Il relativise conséquemment le rôle des truchements dans l'embryonnaire société canadienne du début du {{s-|XVII}} et nuance leur implication dans la course de bois. Enfin, il est évident que le personnage d'Étienne Brûlé et les premiers truchements sont valorisé dans l'historiographie canadienne pour leur valeur symbolique et historique, mais aussi comme des modèles d'adaptation, de survivance et de liberté<ref name="V&T">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Philippe Joutard et Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Vie et transformation du coureur de bois|périodique=Mémoire de Nouvelle-France : De France en Nouvelle-France|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|année=2005}}.</ref>{{rp|179-186}}.
Au début du {{s-|XVII}}, la présence coloniale française dans la vallée du Saint-Laurent se limite à quelques dizaines d'hivernants gardant les postes de pêche et de traite comme celui de [[Tadoussac]] ou de [[Québec (ville)|Québec]]. Les traiteurs autochtones apportent des peaux en provenance de leurs réseaux commerciaux qui s'étendent très loin, à l’intérieur du continent, bien au-delà de la vallée du Saint-Laurent. Les premiers [[Drogman|truchements]] français accompagnent les convois de canots autochtones.


=== Les prémices de la course de bois, 1534-1610 ===
Par ailleurs, les coureurs de bois apparaissent surtout lorsque les Hurons et les [[Outaouais (peuple)|Outaouais]] cessent d’apporter régulièrement des fourrures dans la colonie et lorsque la concurrence se fait de plus en plus forte, au cours de la seconde moitié du {{s-|XVII}}. C'est donc seulement après la paix franco-iroquoise de 1667 et la pacification des routes de commerce que l'on voit l’apparition d’un groupe d’individus qui utilisent et intègrent certaines pratiques autochtones à leur identité pour faire de la traite et du voyage en canot une activité professionnelle relativement bien organisée. De leur côté, les truchements ont comme occupation semi-professionnelle de tisser des liens socio-culturels et linguistiques avec les nations autochtones dans l'idée que ceux-ci puissent, ensuite, commercer et apporter des fourrures dans les postes statiques. Par conséquent, on peut exclure la synonymie entre « truchement » et « coureur de bois » entretenue par les historiens canadiens des {{s2-|XIX|XX}}.
Le troc a été une activité pratiquée par les Premières Nations pendant des millénaires. Un réseau de commerce relativement bien structuré existait en Amérique bien avant l'arrivée des Européens<ref name="Delâge">{{Article|langue=fr|auteur1=Denys Delâge|titre=La traite des pelleteries aux {{s2-|XVII|XVIII}}|périodique=Les Cahiers des dix|date=2016|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/cdd/2016-n70-cdd02912/1038752ar.pdf|passage=344-346}}.</ref>. Cela est confirmé dès les premiers épisodes d'échanges entre Autochtones et pêcheurs basques dans le golfe du Saint-Laurent<ref group="n">Pour en savoir plus sur les premiers épisodes de troc entre les pêcheurs et les nations autochtones du Canada au {{s-|XVI}}, voir : Laurier Turgeon, « Pêcheur basques et la traite de la fourrure dans le Saint-Laurent au {{s-|XVI}} », ''Le castor fait tout : choix de textes présentés à la {{5e}} conférence Nord-américaine sur la fourrure'', Bruce G. Trigger, Toby Morantz et Louise Dechêne, dir., Montréal, Société historique du Lac Saint-Louis, 1985, p. 14-24.</ref>. En 1534, l’explorateur [[Jacques Cartier]] note pour sa part qu'une douzaine d'Autochtones vinrent « aussi franchement à bort de noz navires comme s'ilz eusent esté françoys''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Marcel Trudel|titre=Histoire de la Nouvelle-France|tome=I : Les vaines tentatives 1524-1603|passage=83|lieu=Montréal|éditeur=Fides|date=1963}}.</ref>''». Dans les années 1580, le commerce franco-autochtone prend de l’ampleur. À partir de 1600, ce commerce est consolidé par l'établissement de postes (Tadoussac en 1600, Port-Royal en 1605, Québec en 1608) où les traiteurs autochtones échangent des couteaux, des chaudrons de cuivre, des perles et des textiles contre des fourrures<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Gilles Havard et Cécile Vidal|titre=Histoire de l'Amérique française|passage=73|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|date=2014}}.</ref>.


=== Les prémisses de la course de bois, 1534-1645 ===
=== Les truchements chez les Autochtones (1610-1630) ===
De jeunes Français hivernent chez les Wendats, les Algonquins, les Innus et les Népissingues afin d'apprendre leur langue et servir d'intermédiaires linguistiques dans le commerce des fourrures. Ils sont appelés [[Truchement#Colonisation et truchements|truchements]]<ref>Gilles Havard, ''Histoire des coureurs de bois'', Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 28.</ref>.
Si les truchements restent parmi les premiers Français à faire la traite des fourrures, il est fondamentalement inexact de présupposer que ce commerce débute avec l'arrivée des Européens aux {{s2-|XVI|XVII}}. À l'heure actuelle, on présume qu'il y existait déjà un important réseau de commerce relativement bien structuré avant l’implantation des premiers Européens. En effet, il semble que le troc soit une activité pratiqué par les Première Nation depuis au moins 6000 ans et « quand les Européens arrivèrent en Amérique, ils se trouvèrent face à des populations habituées à compter sur les échanges<ref name="Delâge">{{Article|langue=fr|auteur1=Denys Delâge |titre=La traite des pelleteries aux {{s2-|XVII|XVIII}} |périodique=Les cahiers des dix |date=2016 |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/cdd/2016-n70-cdd02912/1038752ar.pdf|passage=344-346}}.</ref>». Ce constat se confirme avec des premiers épisodes d'échanges avec des pêcheurs basques dans le Golfe du Saint-Laurent<ref group="n">Pour en savoir plus sur les premiers épisodes de troc entre les pêcheurs et les nations autochtones du Canada au {{s-|XVI}}, voir : Laurier Turgeon, « Pêcheur basques et la traite de la fourrure dans le Saint-Laurent au {{s-|XVI}} », ''Le castor fait tout : choix de textes présentés à la {{5e}} conférence Nord-américaine sur la fourrure'', Bruce G. Trigger, Toby Morantz et Louise Dechêne, dir., Montréal, Société historique du Lac Saint-Louis, 1985, p. 14-24.</ref>. Une activité détaillée par le récit de voyage de l’explorateur [[Jacques Cartier]] en 1534 qui relate, notamment, qu'une douzaine d'Autochtones vinrent « ''aussi franchement à bort de noz navires comme s'ilz eusent esté françoys<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Marcel Trudel|titre=Histoire de la Nouvelle-France|tome=I : Les vaines tentatives 1524-1603|passage=83|lieu=Montréal|éditeur=Fides|date=1963}}.</ref>''». Mais hormis l'activité de quelques pêcheurs, il y a très peu de gens qui pratiquent la traite au Canada avant le {{s-|XVII}}. En Amérique du Nord, c'est vers 1600 qu'on trouve les traces d'une réelle activité économique plus importante. Un période marquée par la fondation d'une série de postes statiques dans lesquels les traiteurs autochtones peuvent venir chercher des babioles de fer, des chaudrons de cuivre ou des textiles en échange de fourrures. Or, cette méthode ne favorise pas le peuplement et dépend grandement de la volonté et des besoins des populations autochtones locales qui y voient simplement « d'importants avantages économiques et militaires<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Gilles Havard, Cécile Vidal|titre=Histoire de l'Amérique française|passage=73|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|date=2014}}.</ref>» à l’établissement des Européens sur leurs terres.


Parmi les premiers truchements, [[Étienne Brûlé]] se porte volontaire à l'été 1610 pour hiverner chez les Wendats et apprendre leur langue. Il accompagne quelque 200 Wendats et Algonquins au [[Sault-Saint-Louis|Sault Saint-Louis]] à l’été suivant, avant de repartir hiverner en Huronie.
Au début du {{s-|XVII}}, on compte très peu d'infrastructures dans la vallée du Saint-Laurent, car la société canadienne est encore au stade embryonnaire de son développement. Néanmoins, on commence à apercevoir l'apparition des premiers hivernants, ceux qui demeurent dans les postes à l'année. On compte alors plusieurs engagés des Compagnies de commerce, quelques missionnaires jésuites ou récollets et très peu de femmes. Venus des quatre coins de la France ou d'ailleurs, ces hommes vont poser les premiers fondements d'une société. Ainsi, par une relation de proximité, voir de dépendance, les habitants de la Nouvelle-France vont progressivement emprunter aux autochtones leurs technologies plus adaptées à la vie en Amérique du Nord et se distinguer des autres Français non domiciliés au Canada.


Les compagnies marchandes détentrices du monopole de la traite attribuent aux truchements un rôle précis, celui d'« entretenir [l’amitié des] Sauvages & les amener tous les ans à la traite<ref>Gilles Havard, ''Histoire des coureurs de bois'', Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 33.</ref> ». Ces jeunes Français auront en plus l'occasion de se familiariser avec la culture et les pratiques autochtones, comme la chasse, le maniements du canot et l'utilisation des raquettes. Ils sont autorisés à acquérir des peaux pour les revendre à leur profit.
Pour la période 1608-1645, le développement de la société canadienne suit le cours du fleuve Saint-Laurent et le commerce des fourrures. Suivant cette logique, le peuplement s'implante d'abord à Québec en 1608, aux [[Trois-Rivières]] en 1634 et enfin à [[Montréal]] en 1642, lorsque la [[Compagnie de la Nouvelle-France|Compagnie des Cent-Associés]] concède une grande l'île en amont du fleuve Saint-Laurent à la [[Société Notre-Dame de Montréal|Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle-France]]. Situé à l'embouchure de la rivière des Outaouais, l'île de Montréal est un « lieu de confluence » entre le Saint-Laurent et les Grands Lacs, ce qui permet la création d’un important mouvement migratoire et la création d’un nouveau pôle d'échange en rapprochant la société coloniale des Pays-d'en-Haut, le territoire des Hurons. D'ailleurs, selon l’historienne Louise Dechêne : « le commerce de fourrures est le premier facteur de création de ce poste intérieur [et] l'agriculture s'y développe parallèlement dans des conditions assez semblables à celle du reste de la colonie<ref name="Dechêne">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Louise Dechêne|titre=Habitants et Marchands de Montréal au {{s-|XVII}}|lire en ligne={{Google Livres|uyACoQEACAAJ}}|lieu=Montréal|éditeur=Plon|collection=Civilisations et Mentalités|date=1974|oclc=300822065|pages totales=588|format=19 cm}}.</ref>{{rp|8}} ». De ce fait, elle tire deux conclusions importantes sur l’avènement de la course de bois. La première est que la traite des fourrures reste encore, entre 1608 et 1667, une activité statique pratiquée dans les postes de traite. La quantité d’individus qui s’enfoncent dans la profondeur des bois est donc marginale, car les peuples [[Peuples iroquoiens|Iroquoiens]] et les [[Peuples algonquiens|Algonquiens]] apportent eux-mêmes les peaux dans les grands centres comme Montréal. Enfin, la seconde remarque relève l’importance du déplacement géographique de la traite des fourrures vers l’ouest après la fondation de Montréal, car c’est à partir de la décennie 1640, et surtout après la paix de 1667, que cette zone de confluence s'impose comme le centre du commerce des fourrures et de la course de bois en Laurentie. Suivant ce raisonnement, elle conclut que la traite des fourrures est à l'origine de la colonisation de la vallée du Saint-Laurent, mais que c'est le développement de l'agriculture, dans les zones limitrophes des postes de traite, qui assure la permanence d’une société canadienne aux {{s2-|XVII|XVIII}}.


Outre Étienne brûlé, l'historien Gilles Havard identifie une vingtaine de truchements parmi lesquels on retrouve [[Olivier Letardif]], [[Jean Nicolet|Jean Nicollet]], [[Nicolas Marsolet de Saint-Aignan|Nicolas Marsolet]] et Jean Richet, dit gros-Jean de Dieppe<ref name="Havard">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gilles Havard|titre=Histoire des coureurs de bois|sous-titre=Amérique du Nord 1600-1840|lieu=Paris|éditeur=Les Indes savantes|année=2017|pages totales=885|isbn=|lire en ligne=}}</ref>{{rp|27}}. Plusieurs d’entre eux demeurent avec leurs hôtes autochtones au moment où Québec est capturée par les frères [[David Kirke|Kirke]] (1629-1632).
=== Le « Pérou » de la course de bois, 1645-1667 ===
[[Fichier:Étienne Brûlé - The Old Mill Inn, Toronto.JPG|vignette|Étienne Brûlé se porte volontaire pour hiverner en Huronie en 1610. Il y passera la majeure partie de sa vie comme truchement. Cette plaque commémorative en son honneur se trouve à Old Mill, Toronto.]]
En considérant que le développement social suit le fleuve Saint-Laurent et le commerce des fourrures, la population canadienne se positionne aussi près des grands axes fluviaux tels que la [[rivière Saint-Maurice]], le [[Rivière Richelieu|Richelieu]] et [[Rivière des Outaouais|l'Outaouais]]. Cette mobilité sociale vers les routes de commerce a pour conséquence de concurrencer le réseau commercial [[Nouvelle-Néerlande|anglo-hollandais]] à [[Fort Orange (Nouvelle-Néerlande)|Albany]] et de court-circuiter celui de leurs alliés [[Iroquois]]. D'ailleurs, les régions de Montréal et des Trois-Rivières sont plus près de [[Iroquoisie|l'Iroquoisie]] que Québec. Cette position géographique facilite alors les incursions iroquoises dans une société laurentienne en plein développement. Ainsi, entre 1645 et 1667, les voyages au pays des Hurons sont très périlleux et peu d'hommes osent s'aventurer loin des habitations en raison de l'insécurité provoquée par les tensions avec les peuples Iroquois. À cette époque, l'insécurité est si grande que les traiteurs autochtones ne descendent presque plus à la foire de Montréal avec leurs peaux. Une situation désastreuse pour l'économie de la colonie qui repose en partie sur les taxes prélevées sur les exportations des pelleteries. C'est donc pour contrebalancer l'instabilité du marché causé par les guerres iroquoises, que « la liberté de traite est réaffirmée par un arrêt du 5 mars 1648 [qui] autorise les colons à se rendre parmi les Amérindiens de l'intérieur pour en rapporter des [[Fourrure|pelleteries]]<ref name="Havard"/>{{rp|36}} » et de former une « milice destinée à protéger les convois hurons apportant les fourrures<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gervais Carpin|titre=Le réseau du Canada|sous-titre=Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France (1628-1662)|passage=179|lieu=Québec|éditeur=Septentrion|date=2001}}.</ref> ». Cette nouvelle politique s'avère d'une importance capitale dans le développement de la course de bois, car la concession du droit de traite aux habitants permet la rétention d'engagés motivés par l'appât « facile » du gain et la création d'une forme primitive de course de bois. Ainsi, la Nouvelle-France passe de 900 habitants en 1645 à près de {{formatnum:3000}} en 1663<ref name="Perou">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Sylvie Dépatie, Catherine Desbarats, Danielle Gauvreau et al.|directeur2=oui|titre=Le Pérou éphémère|sous-titre=termes d'échanges et éclatement du commerce des franco-amérindien, 1645-1670|périodique=Vingt ans après Habitants et marchands : lectures de l'histoire des {{s2-|XVII|XVIII}} canadiens|lieu=Montréal|éditeur=McGill-Queen's University Press|volume=|numéro=|date=1998|pages=160-188|issn=|lire en ligne=|consulté le=2020-09-01|id=}}.</ref>{{rp|166}}.
Les truchements comme Étienne Brûlé et Nicolas Marsolet hésitent à transmettre leurs connaissances des langues autochtones aux missionnaires. Les Jésuites multiplient les plaintes à leur égard. Champlain fait de même, surtout quand il apprend que certains truchements ont aidé les frères Kirke pendant leur administration de Québec entre 1629 et 1632. Il dénonce en particulier « la mauvaise vie que la plupart des Français avaient menée en ce pays des Hurons, et entre autres le truchement Brûlé<ref>Gilles Havard, ''Histoire des coureurs de bois'', Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 35.</ref>».


Après leur retour à Québec en 1632, les Jésuites prennent le contrôle de la relation des Français avec les Wendats. Les intermédiaires, comme les truchements, ne sont dès lors plus essentiels. Pour les inciter à regagner la colonie, plusieurs se voient accorder des terres. C'est le cas de Marsolet qui obtient la seigneurie Bellechasse en 1637. La même année, [[Jean Nicolet]] hérite pour sa part d'un fief avec Olivier Letardif. Il se marie avec l'une des filles de [[Guillaume Couillard]] et de Guillemette Hébert<ref>Gilles Havard, ''Histoire des coureurs de bois'', Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 37.</ref>. Les laïcs qui demeurent en pays autochtones sont désormais sous la tutelle des jésuites, à l’instar de Pierre Boucher, qui habite la Huronie de 1637 à 1641<ref>Gilles Havard, ''Histoire des coureurs de bois'', Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 38.</ref>.
Cependant, la traite des fourrures reste, en théorie, réservée aux habitants domiciliés en Nouvelle-France et ceux-ci semblent voir d'un très mauvais œil les concurrents illégitimes qui font augmenter le prix des fourrures en surabondant le marché de produits à prix modiques en raison d'un passage éphémère dans la colonie. En juillet 1653, le gouverneur des Trois-Rivières, [[Pierre Boucher (gouverneur)|Pierre Boucher]], s'insurge déjà contre cette pratique de traite déloyale qui affecte le commerce local :{{Citation|[P]lusieurs des Français, poursuit-il, desquels mesme la plupart ne sont point habitans ny permanents en ce pays mais passagers donnent des marchandises à qui plus vil prix aux dits Sauvages à l'envy les uns des autres pour attraper du castor ce qui causeroit la ruyne de la traite veu que les Sauvage ayans eu des marchandises à vil prix n'en voudroient achepter à prix raisonnable<ref name="Perou"/>{{rp|160-188}}.}}
Le mot du gouverneur des Trois-Rivières révèle ainsi qu’un commerce parallèle à la législation et perpétré par un groupe de traiteurs illicites est attesté dès 1653. C'est donc surtout après la [[Massacre des Hurons|chute de la Huronie]] vers 1649-1650, qu'on perçoit la tendance de certains individus d'aller traiter directement avec les autochtones pour contourner la foire de Montréal, où les « Outaouais s'offusquent lorsque certains marchands français tentent de profiter de l'abondance du castor pour donner moins de produits européens par peau<ref name="Perou"/>{{rp|164}} ». De ce fait, certaines activités illégales s'ajoutent au commerce des non-résidents telles que la contrebande d'alcool ou l’abandon de terre et sont à l'origine de la réputation sulfureuse de certains coureurs de bois. Cette nouvelle réalité économique qui affecte le prix du castor permet ainsi l'apparition des premiers « voyageurs/coureur de bois », qui commencent à s'enfoncer vers l'ouest à la recherche de nations moins réticentes vis-à-vis l'encombrement matériel et prêtes à échanger leur peaux pour moins cher que ce qu'ils auraient à la foire de Montréal.


Les truchements ne sont pas les premiers coureurs de bois à proprement parler. Mais ce sont eux qui développent les relations avec les Autochtones.
Parmi ces pionniers de la course, on peut compter [[Médard Chouart des Groseilliers|Médard Chouart Des Groseillers]] et son beau-frère, [[Pierre-Esprit Radisson]]<ref group="n">Son récit de voyage reste un document incontournable de l'histoire de la Nouvelle-France au {{s-|XVII}} et du début de la course de bois. Voir : Pierre-Esprit Radisson, ''Les Aventures extraordinaires d’un coureur des bois : récits de voyage au pays des Indiens d’Amérique'', Québec, Éditions Nota Bene, 1999, 374 p.</ref>. Seuls ou en convois, ils explorent la région du lac Supérieur et la baie d'Hudson pour le compte de la France, avant de tomber au service de l'Angleterre. Radisson et Des Groseillers seront aussi intimement liés à la fondation de la [[Compagnie de la Baie d'Hudson|Hudson's Bay Compagny]]'','' toujours en activité au début du {{s-|XXI}}. En outre, si le commerce des pelleteries s'étend véritablement à l'ensemble des colons domiciliés au Canada entre 1651 et 1652<ref name="Perou"/>{{rp|167}}, on peut commencer à observer la fin du tâtonnement de la course de bois vers 1660 avec les explorations de ces derniers. Bien que le terme « coureur de bois » n’apparaisse dans les sources qu'après 1670, les explorations menées par Radisson et De Groseillers modifient profondément la pratique de la traite en Nouvelle-France et permettent l'apparition de groupes d'hommes spécialisés dans le voyage, le transport et le commerce des fourrures. Si ces activités débutent vers 1650, c'est majoritairement après la paix franco-iroquoise de 1666-1667, qui permet « d'atténuer l'insécurité sur la rivière des Outaouais<ref name="Havard"/>{{rp|53}} », que des Français et des Canadiens vont s'enfoncer dans le territoire Nord-américain afin de trouver de nouveaux partenaires commerciaux pour le commerce des fourrures et des pelleteries.


=== Le « Pérou » de la course de bois, 1645-1667<ref>L'expression est de Bacqueville de La Potherie « C'était un Pérou pour eux ». Cité dans Gilles Havard, ''Histoire des coureurs de bois'', Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 61.</ref> ===
Ainsi, ces facteurs combinés à « la conjonction entre la concurrence de plus en plus vive entre Français [due à la liberté de traite chez les habitants] et la faiblesse de la demande des Amérindiens, liée à leur réticence structurelle vis-à-vis de l'encombrement matériel, explique [donc] l'appel d'air de la course de bois<ref name="Havard"/>{{rp|55}} ».
Dans la seconde moitié du {{s-|XVII}}, Montréal commence à jouer un rôle important dans le commerce des fourrures. Entre 1645 et 1667, les déplacements des Français et leurs alliés entre la vallée du Saint-Laurent et le bassin des Grands Lacs s'avèrent périlleux en raison des tensions avec les Iroquois. À cette époque, l'insécurité est si grande que les traiteurs autochtones hésitent à se déplacer vers la vallée du Saint-Laurent avec leurs peaux. Cette situation est désastreuse pour l'économie de la colonie canadienne qui repose en partie sur l'exportation des pelleteries. Pour contrebalancer l'instabilité du marché causé par les guerres iroquoises, « la liberté de traite est réaffirmée par un arrêt du 5 mars 1648 [qui] autorise les colons à se rendre parmi les Amérindiens de l'intérieur pour en rapporter des [[Fourrure|pelleteries]]<ref name="Havard" />{{rp|36}} » et à former une « milice destinée à protéger les convois hurons apportant les fourrures<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gervais Carpin|titre=Le réseau du Canada|sous-titre=Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France (1628-1662)|passage=179|lieu=Québec|éditeur=Septentrion|date=2001}}.</ref> ». Ce droit des colons de pouvoir commercer avec les Autochtones est confirmé vers 1651-1652. Cette nouvelle politique s'avère d'une importance capitale dans le développement de la course des bois, car la concession du droit de traite aux habitants permet la rétention d'engagés motivés par l'aspect financier.

Cependant, la traite des fourrures reste, en théorie, réservée aux habitants domiciliés en Nouvelle-France. Ces derniers voient d'un mauvais œil les concurrents qui effectuent un passage éphémère dans la colonie et inondent le marché de produits à prix modiques, ce qui a pour conséquence de faire augmenter le prix des fourrures. En juillet 1654, le gouverneur de Trois-Rivières, [[Pierre Boucher (gouverneur)|Pierre Boucher]], s'insurge contre cette pratique de traite déloyale qui affecte le commerce local :{{Citation|[P]lusieurs des Français desquels mesme la plupart ne sont point habitans ny permanents en ce pays mais passagers donnent des marchandises à qui plus vil prix aux dits Sauvages à l'envy les uns des autres pour attraper du castor ce qui causeroit la ruyne de la traite veu que les Sauvage ayans eu des marchandises à vil prix n'en voudroient achepter à prix raisonnable<ref name="Perou"/>{{rp|160-188}}.}}

Après la [[Massacre des Hurons|chute de la Huronie]] en 1650 et la paix franco-iroquois de 1653, certains vont en effet traiter directement avec les Autochtones en amont des lieux de rencontre établis que sont Trois-Rivières et Montréal. Au même moment, le commerce de l’alcool commence à prendre une place plus importante<ref name="Perou">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Le Pérou éphémère|sous-titre=termes d'échanges et éclatement du commerce des franco-amérindien, 1645-1670|périodique=Vingt ans après Habitants et marchands : lectures de l'histoire des {{s2-|XVII|XVIII}} canadiens|pages=160-188|lieu=Montréal|éditeur=McGill-Queen's University Press|date=1998|lire en ligne=|consulté le=2020-09-01}}.</ref>{{rp|164}}. L’historien Thomas Wien explique quant à lui ce déplacement du commerce vers l’Ouest par la concurrence de plus en plus vive entre marchands français [due à la liberté de traite chez les habitants] et la faiblesse de la demande des Autochtones pour des objets européens<ref>Thomas Wien, « », ''Vingt ans après Habitants et marchands : lectures de l'histoire des {{s2-|XVII|XVIII}} canadiens'', Montréal, McGill-Queen's University Press, 1998, {{p.|160-188}}.</ref>.
[[Fichier:Corographie du pays des Hurons - btv1b52510980c (1 of 2).jpg|vignette|Carte du pays des Hurons vers 1639-1648 attribuée au jésuite Jérôme Lalemant.]]
Parmi ces pionniers de la course, on retrouve [[Médard Chouart des Groseilliers|Médard Chouart Des Groseillers]] et son beau-frère, [[Pierre-Esprit Radisson]]<ref group="n">Son récit de voyage reste un document incontournable de l'histoire de la Nouvelle-France au {{s-|XVII}} et du début de la course de bois. Voir : Pierre-Esprit Radisson, ''Les Aventures extraordinaires d’un coureur des bois : récits de voyage au pays des Indiens d’Amérique'', Québec, Éditions Nota Bene, 1999, 374 p.</ref>. Seuls ou en convois, ils explorent la région du lac Supérieur et de la baie d'Hudson, avant de se mettre au service de l'Angleterre, en étant intimement liés à la fondation de la [[Compagnie de la Baie d'Hudson|Hudson's Bay Compagny]]'','' toujours en activité au début du {{s-|XXI}}<ref name="Perou" />{{rp|167}}.

Ainsi, selon l'historien Gilles Havard, ces facteurs, combinés à « la conjonction entre la concurrence de plus en plus vive entre Français [due à la liberté de traite chez les habitants] et la faiblesse de la demande des Amérindiens, liée à leur réticence structurelle vis-à-vis de l'encombrement matériel, explique [donc] l'appel d'air de la course de bois<ref name="Havard" />{{rp|55}} ».


=== L'anarchie, 1667-1681 ===
=== L'anarchie, 1667-1681 ===
Les explorations conduites par Des Groseillers et Radisson modifient profondément la pratique de la traite en Nouvelle-France. Elles entraînent l'apparition de groupes d'hommes spécialisés dans le voyage, le transport et le commerce des fourrures. Si ces activités débutent dans les années 1650, c'est surtout après la paix franco-iroquoise de 1666-1667, qui permet « d'atténuer l'insécurité sur la rivière des Outaouais<ref name="Havard" />{{rp|53}} », que des Français et des Canadiens s'enfoncent en plus grand nombre dans le territoire Nord-américain afin de trouver de nouveaux partenaires commerciaux<ref name="Havard" />{{rp|64}}.
Avec l'arrivée du régiment de [[Régiment de Carignan-Salières|Carigan-Salières]] en 1665 et quelques campagnes militaires, les Français peuvent désormais faire la paix avec les Iroquois en 1667. Après cela, on aperçoit un engouement pour le commerce intérieur et puisque les voyages sont moins périlleux, plusieurs tentent leur chance dans les bois dans l'espoir de faire fortune même si la traite des fourrures reste réservée aux habitants domiciliés au Canada. Au commerce canadien, s'ajoute celui des non-résidents, des « volontaires » et officiers militaires, qui s'enfoncent aussi dans les bois en quête de fourrures à échanger illégalement contre de l'alcool et des petites babioles achetés ou prêtés par des marchands locaux. On qualifie donc cette période « d'anarchie de la traite », car il n'existe pas, ou très peu, de règlement sur les échanges et à cette époque il est très difficile de réglementer les voyages en dehors des lieux colonisés. D'ailleurs, la ligne entre ce qui est licite ou illicite reste assez mince entre 1667 et 1681, et beaucoup profitent de cette zone grise de manière à court-circuiter le privilège des habitants et de la Compagnie. En effet, certains individus vont même contourner les taxes prélevées sur les peaux en allant porter leurs marchandises au comptoir des Anglo-hollandais à Albany. Cette pratique illégale de la traite et sa mention toujours plus fréquente dans les documents de l’époque marque, d’une certaine manière, la réelle naissance des coureurs de bois. Après 1667, on voit alors l’activité de certains traiteurs comme un facteur qui ralentit le développement de la société laurentienne et la source de plusieurs problèmes sociaux dans la colonie. Une réalité que le secrétaire de l'intendant Talon, [[Jean-Baptiste Patoulet]], prend soin de souligner en janvier 1672 :{{Citation|''[D]es gens vagabons qui ne se marient pas [avec des françaises], qui ne travaillent jamais au défrichement des terres qui doit estre la principale application d'un bon colon et qui commettent une infinité de désordres par leur vie licentieuse et libertine [...]. Ces hommes vivants toujours à la manière des Sauvages s'en vont à cinq ou six lieües au dessus de Québec pour troquer des paux que ces barbares apportaient eux-mesmes dans nos habitations<ref name="Havard"/>{{rp|59}}''.}}
C’est donc cette mention de {{Citation|vagabons qui ne se marient pas}} qui constitue la naissance des coureurs des bois et une conséquence directe de l'apparente fugacité de la législation royale en Nouvelle-France. Ainsi, pour contrer la tendance à l’insubordination de certains Français et Canadiens, le gouvernement royal s'empresse de trouver de nouvelles solutions au « problème des coureurs de bois ». On a beau condamner sévèrement les individus qui pratiquent la traite clandestine et la vente d'alcool, il semble y avoir toujours trop d'hommes qui délaissent l'exploitation de la terre pour aller s'égarer dans la profondeur des bois. Cette situation contraignante, qui dégrade l'autorité royale, retient donc toujours plus l'attention du Conseil de Québec, lui-même divisé sur le statut des coureurs de bois. D'ailleurs, si l'intendant [[Jacques Duchesneau de la Doussinière et d'Ambault|Jacques Duchesneau]] se range du côté de l'[[François de Montmorency-Laval|Évêque Monseigneur de Laval]] sur le problème de la vente d'alcool aux Amérindiens alors que le gouverneur « [[Louis de Buade de Frontenac|[Louis de Buade, compte de] Frontenac]] pensait au commerce et voyait clairement que si les trafiquants français ne disposaient pas de cognac pour mener à bien leurs transactions, les Amérindiens iraient faire affaire avec les Anglais qui n’avaient aucun scrupule à leur fournir du rhum<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Léopold Lamontagne |titre=Duchesneau De La Doussinière Et D’ambault, Jacques|url=Http://Www.Biographi.Ca/Fr/Bio/Duchesneau_De_La_Doussiniere_Et_D_Ambault_Jacques_1F.Html |site=Dictionnaire Biographique du Canada |date=1986 (1966) |consulté le=2021}}.</ref>». C'est donc à cette époque que naît l’image plutôt négative des coureurs de bois, en raison de certains abus et surtout du fait qu'ils ne cultivent pas la terre qui est selon les élites de l'époque, « ''la principale application d'un bon colon'' ».


Certains contournent les taxes prélevées sur les peaux en allant porter leurs marchandises au comptoir des Anglo-hollandais à Albany. Cette pratique illégale est mentionnée de plus en plus fréquemment dans les documents de l’époque. Cela marque, d’une certaine manière, la naissance des coureurs de bois<ref>L'expression « coureurs des bois » est erronée et n'a jamais été employée dans les sources d'époque. Gilles Havard, ''Histoire de coureurs de bois'', Paris, Perrin (Tempus), 2021, p. 9.</ref>. Après 1667, on considère l’activité de traiteurs comme un facteur de ralentissement du développement de la société laurentienne et la source de plusieurs problèmes dans la colonie. Le secrétaire de l'intendant Talon, [[Jean-Baptiste Patoulet]], prend soin de souligner cette réalité en janvier 1672 :<blockquote>{{Citation|''[D]es gens vagabons qui ne se marient pas [avec des Françaises], qui ne travaillent jamais au défrichement des terres qui doit estre la principale application d'un bon colon et qui commettent une infinité de désordres par leur vie licentieuse et libertine [...]. Ces hommes vivants toujours à la manière des Sauvages s'en vont à cinq ou six lieües au dessus de Québec pour troquer des paux que ces barbares apportaient eux-mesmes dans nos habitations<ref name="Havard"/>{{rp|59}}''.}}</blockquote>
Or, cette perception négative des coureurs de bois qui naît entre 1667 et 1681 est nuancée par Havard et Dechêne, car le coureur de bois demeure pour l'élite l'Ancien régime, un « bouc-émissaire des ratés de la colonisation<ref name="Havard"/>{{rp|101}} ». On peut donc facilement attribuer bien des problèmes à la course de bois partant du fait que cette activité est pratiquée par bon nombre d'habitants depuis l'édit de 1648 et que l'étendue du territoire ne favorise aucunement le respect des lois et la bonne mise en place de l'autorité royale en dehors des zones habitées. De plus, c'est aussi en raison de l’abus de certains coureurs de bois que la société canadienne reste relativement stigmatisée aux comportements pernicieux tels que l'abandon des terres, ainsi qu'une trop grande tendance à l'insubordination et aux immoralités<ref name="Dechêne"/>{{rp|217}}. Du coup, si la société canadienne prend un essor considérable depuis la reprise de la colonie par Louis XIV en 1663, on n'hésite pas à comparer son lent développement aux concurrents britanniques de la côte Est américaine qui se développent bien plus rapidement. D'ailleurs, la concurrence commerciale des [[Treize Colonies|Anglais]], récemment installés à [[Albany (New York)|Albany]] et à la [[Terre de Rupert|baie d'Hudson]], alimente aussi ce sentiment d'animosité des élites française envers la traite par les habitants. Ceux-ci y voient une ouverture à l’évasion fiscale, car il est impossible de prélever la taxe du quart des fourrures qui ne sont pas rendues dans leurs magasins. On peut aussi ajouter que les Anglo-hollandais offrent de meilleurs prix pour les peaux et contrairement aux Français, ceux-ci n'hésitent pas troquer des armes à feu et de l'alcool aux autochtones en échange de fourrures. Par conséquent, certains Français et Canadiens profitent aussi de cet avantage pour troquer clandestinement avec les Anglais.
[[Fichier:Portrait of Monseigneur François de Laval, Québec city, 1700.jpg|vignette|Détail d’une peinture représentant Monseigneur de Laval, 1700. Celui-ci s’oppose au gouverneur Frontenac au sujet de l’utilisation de l'alcool dans la traite des fourrures franco-autochtones.]]
[[Fichier:Exemple_de_congé_de_traite.jpg|vignette|435x435px|Congé de traite accordé par Charles Lemoyne III, gouverneur de Montréal, le 23 avril 1726 à Louise Bizard pour un canot de provisions et cinq hommes à destination du poste des Miamis (Ohio) et Ouyatanons (Indiana)<ref>BanQ Vieux-Montréal, Coll. Congés de traite homologués (1721-1752), TL4, S34, P183, Fonds juridiction royale de Montréal, [ID:697223].</ref>.]]
Cette situation est une conséquence de l'apparente fugacité de la législation en Nouvelle-France. Le gouvernement colonial cherche donc des solutions au « problème des coureurs de bois ». Or, même si les individus qui pratiquent la traite clandestine et la vente d'alcool sont condamnés sévèrement, il semble toujours y avoir trop d'hommes qui délaissent la terre pour s'enfoncer dans la profondeur des bois. Un problème connexe retient l’attention des autorités, celui de la vente de l’alcool aux Autochtones. Ainsi, si l'intendant [[Jacques Duchesneau de la Doussinière et d'Ambault|Jacques Duchesneau]] se range du côté de l'[[François de Montmorency-Laval|évêque Monseigneur de Laval]] sur le problème de la vente d'alcool aux Autochtones, le gouverneur [[Louis de Buade de Frontenac|Louis de Buade, comte de Frontenac]] pensait avant tout au commerce. Pour lui, si les trafiquants français ne disposaient pas de cognac pour mener à bien leurs transactions, les Autochtones se tourneraient vers « les Anglais qui n’avaient aucun scrupule à leur fournir du rhum<ref>{{Lien web |langue=Français |auteur=Léopold Lamontagne |titre=Duchesneau De La Doussinière et D’Ambault, Jacques |url=Http://Www.Biographi.Ca/Fr/Bio/Duchesneau_De_La_Doussiniere_Et_D_Ambault_Jacques_1F.Html |site=Dictionnaire biographique du Canada |date=1986 (1966) |consulté le=2021}}.</ref>».
Cette réalité peu envieuse pour le commerce en Nouvelle-France justifie donc pour l'État l'établissement d'une réglementation afin d'encadrer ceux qui vont désormais aller chercher les fourrures dans les régions éloignées et pour éviter que ces hommes passent par Albany plutôt qu'à Montréal ou Québec. Pour Gilles Havard, l’instauration des permis de traite s’apparente plus à « une indulgence [...] pour ce qu'on ne peut empêcher<ref name="Havard"/>{{rp|106}}. » que d'une réelle mesure coercitive. En d'autres mots, l'apparition d'un cadre défini pour la traite constitue la naissance d'un univers professionnel par une reconnaissance légale des individus qui pratiquent la course de bois. Désormais, les hommes qui sont autorisés à aller traiter avec les nations autochtones de l'intérieur sont triés sur le volet au même titre que les marchandises qu'ils transportent. Un cadre professionnel sérieux qui doit, entre autres, réglementer le commerce d'eau-de-vie et faire en sorte que les coureurs de bois « ne donn[ent] aucun sujet de plainte dans leur service chez les sauvages<ref name="Havard"/>{{rp|108}}. » Enfin, cette nouvelle réalité législative qui entoure la course de bois permet aussi de faire oublier progressivement la connotation péjorative des premiers traiteurs illicites et incidemment, du coureur de bois en lui-même. Bien que quelques marginaux continuent de frauder le système mis en place en 1681, les coureurs de bois commencent alors à s’effacer progressivement du langage étatique, désormais remplacés par des dénominations plus officielles tels que voyageurs, traiteurs ou marchands-voyageurs<ref name="Havard"/>{{rp|231}}{{,}}<ref name="V&T"/>{{rp|181}}.

Cette perception négative des coureurs de bois, qui naît entre 1667 et 1681, est nuancée par les historiens Havard et Dechêne. Pour Havard, le coureur de bois demeure un « bouc-émissaire des ratés de la colonisation<ref name="Havard" />{{rp|101}} ». Bien des problèmes sont attribués à la course de bois surtout depuis qu'elle est pratiquée par bon nombre d'habitants depuis l'édit de 1648 et que l'étendue du territoire ne favorise pas le respect des lois et de l'autorité royale en dehors des zones habitées<ref name="Dechêne">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Louise Dechêne|titre=Habitants et Marchands de Montréal au {{s-|XVII}}|lieu=Montréal|éditeur=Plon|collection=Civilisations et Mentalités|date=1974|pages totales=588|lire en ligne=}}.</ref>{{rp|217}}. D'ailleurs, la concurrence commerciale des [[Treize Colonies|Anglais]], installés à [[Albany (New York)|Albany]] et à la [[Terre de Rupert|baie d'Hudson]], alimente un certain sentiment de suspicion des administrateurs français à l'égard de la traite effectuée par les habitants. Ils y voient une possibilité d'évasion monétaire car il leur est impossible de prélever la taxe du quart des fourrures qui ne sont pas rendues dans leurs magasins. De plus, les Anglo-hollandais offrent de meilleurs prix pour les peaux et, contrairement aux Français, n'hésitent pas troquer des armes à feu et de l'alcool aux Autochtones en échange de fourrures. [[Fichier:Exemple_de_congé_de_traite.jpg|vignette|435x435px|Congé de traite accordé par Charles Lemoyne III, gouverneur de Montréal, le 23 avril 1726 à Louise Bizard pour un canot de provisions et cinq hommes à destination du poste des Miamis (Ohio) et Ouyatanons (Indiana)<ref>Archives nationales du Québec à Montréal, Congés de traite homologués (1721-1752), TL4, S34, P183, Fonds juridiction royale de Montréal, [ID:697223].</ref>.]]
Une réglementation est instaurée afin d'encadrer ceux qui iront chercher les fourrures dans les régions éloignées et d'éviter qu'ils passent par Albany plutôt que Montréal ou Québec. Le 2 mai 1681, un édit du roi instaure le système des congés de traite. Il interdit de faire le commerce avec les Autochtones « dans la profondeur des bois », sauf pour ceux qui en ont l'autorisation. Vingt-cinq congés de traite sont délivrés annuellement, gratuitement, par le gouverneur, avec l'accord de l'intendant. Chaque congé permet le déplacement d'un canot de marchandises dans l'Ouest, manœuvré par trois hommes. Ce congé peut également être vendu au tarif de 1000 livres selon le témoignage de l'intendant Raudot. L'édit menace les traiteurs sans permis d'être fouettés et marqués au fer, voire d'être condamnés aux galères à perpétuité<ref>Gilles Havard, ''Histoire des coureurs de bois'', Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 118.</ref>.

La mise en place d'un tel cadre marque la naissance d'un univers professionnel autorisé pour les individus qui pratiquent la course de bois. Désormais, les hommes qui sont autorisés à aller traiter avec les nations autochtones de l'intérieur du continent sont choisis, au même titre que les marchandises qu'ils transportent. Ce cadre réglemente, entre autres, le commerce d'eau-de-vie et fait en sorte que les coureurs de bois « ne donn[ent] aucun sujet de plainte dans leur service chez les sauvages<ref name="Havard" />{{rp|108}}. » Enfin, cette nouvelle réalité permet de faire oublier la connotation négative qui entourait le coureur de bois jusque-là. Bien que quelques marginaux continuent leurs pratiques, l'expression « coureurs de bois » commence à s’effacer progressivement du langage étatique au profit de dénominations telles que voyageurs, traiteurs ou marchands-voyageurs<ref name="Havard" />{{rp|231}}{{,}}<ref name="V&T">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Vie et transformation du coureur de bois|périodique=Mémoire de Nouvelle-France : De France en Nouvelle-France|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|année=2005|date=}}.</ref>{{rp|181}}.


== Voyageurs, coureurs ou pagayeurs ? (1681-1763) ==
== Voyageurs, coureurs ou pagayeurs ? (1681-1763) ==
Le fait d’encadrer le voyage et d'envoyer des hommes dans la profondeur des bois permet de stabiliser l'offre et la demande en fourrure. Cette nouvelle façon de se procurer des fourrures devient tellement efficace, qu'on observe une période de surproduction à la fin du {{s-|XVII}}. À partir de 1696, le roi émet donc l'interdiction de voyager dans la profondeur des bois jusqu'à la reprise vers 1715. Après le désengorgement du commerce des fourrures au début du {{s-|XVIII}}, l'activité des coureurs de bois reste sous l'influence des congés de traite et s'ensuit une courte période d'adaptation. Désormais, les individus qui opèrent sous contrats se démarquent des commerçants illégaux et la documentation officielle sur les coureurs de bois, les voyageurs, se fait de plus en plus abondante. Il devient plus aisé de dégager les grandes tendances qui ressortent de cette profession telles que les modalités d'engagements, la rémunération des engagés, leur origine familiale et leur importante mobilité sociale.
Le fait d’encadrer le voyage et d'envoyer des hommes dans la profondeur des bois permet de stabiliser l'offre et la demande en fourrure. Cette nouvelle façon de se procurer des fourrures devient tellement efficace, qu'on observe une période de surexploitation à la fin du {{s-|XVII}}. À partir de 1696, le roi interdit donc aux colons canadiens de voyager dans la profondeur des bois jusqu'à la reprise vers 1715. Après le désengorgement du commerce des fourrures au début du {{s-|XVIII}}, l'activité des coureurs de bois reste encadrée par les congés de traite. Désormais, les individus qui possèdent un congé se démarquent des commerçants illégaux.


=== Pourquoi la course de bois? (1681-1715) ===
=== Pourquoi la course de bois? (1681-1715) ===
C'est donc pour lutter contre l'anarchie et la clandestinité que le gouvernement royal se voit obligé d'instaurer une législation à partir de la décennie 1680 et le congé de traite régulera l'activité des coureurs de bois jusqu’à la fin du Régime français. Pour répondre à la demande en pelleteries des chapeliers français, on élabore ainsi la construction d’une série de forts sur le territoire des Grands Lacs et dans la vallée du Mississippi. À titre d'exemple, on peut nommer les nouveaux lieux de confluence tels que [[Fort Pontchartrain du Détroit|Détroit]], [[Fort Michilimakinac|Michillimakinac]] et le fort Saint-Louis au Pays des Illinois. Cette politique commerciale devient alors un important facteur de mobilité sociale et est à l'origine du peuplement de nouvelles régions comme [[Détroit (Michigan)|Détroit]] et la [[La Nouvelle-Orléans|Nouvelle-Orléans]]. En effet, « [a]u cours des années 1681-1696, l'occupation française des rives des Grands Lacs consiste en l'installation [...] de « ''françois habitués'' » (personnel militaire, artisans, missionnaires)<ref name="Havard"/>{{rp|109}}. » C'est donc la fondation de ces postes éloignés qui est à la base d'une professionnalisation du voyage et d’une colonisation centrée sur le commerce des fourrures et le développement rural et urbain qui ceinture ces postes de traite suit vraisemblablement la même logique que celui observé dans la vallée du Saint-Laurent au début du {{s-|XVII}}. Seule différence, la survie de ces peuplements ne dépend plus directement des grandes routes fluviales, mais des nombreux allers-retours effectués par les voyageurs qui transportent dans leurs canots les marchandises nécessaires à la traite des pelleteries et à l’entretien des troupes de garnisons.
C'est donc pour lutter contre la clandestinité que le gouvernement colonial est contraint de légiférer. Le congé de traite encadrera dès lors l'activité des coureurs de bois jusqu’à la fin du Régime français. Pour répondre notamment à la demande en pelleteries des chapeliers français et assurer la défense de la colonie française, une série de forts sont érigés sur le territoire des Grands Lacs et dans la vallée du Mississippi. À titre d'exemple, on peut nommer [[Fort Pontchartrain du Détroit|Détroit]], [[Fort Michilimakinac|Michillimakinac]] et le fort Saint-Louis au Pays des Illinois<ref name="Havard"/>{{rp|109}}. » La multiplication de ces postes éloignés est à la base d'une professionnalisation du voyage et d’une colonisation centrée sur le commerce des fourrures.


D'ailleurs, l'activité des coureurs de bois permet une excellente rentabilité de ce système et pousse la production de pelleterie à son maximum. Cette rentabilité est alors le fruit de plusieurs facteurs tels que « [l]'assurance pour les marchands d'écouler à prix fixe leur production, l'illégalisme généralisé, l'ouverture à la traite du Pays des Illinois [Louisiane], [et] [[Première guerre intercoloniale|l'élimination provisoire de la concurrence anglaise de la baie James]]<ref name="Havard"/>{{rp|118}}. » Cumulés à l'efficacité des coureurs de bois, le commerce des fourrure entre alors dans une période de surproduction et de prohibition. Ainsi, de 1697 à 1715, seuls les principaux forts sont maintenus en opération et malgré la proscription, plusieurs individus continuent de ramener des fourrures clandestinement. On observe aussi à cette période l'enracinement d'une culture du voyage dans la société canadienne et une sorte de banalisation des illégalités reliés à la traite<ref name="Havard"/>{{rp|127}}.
D'ailleurs, l'activité des coureurs de bois entraîne une excellente rentabilité. Cela est le fruit de « [l]'assurance pour les marchands d'écouler à prix fixe leur production, l'illégalisme généralisé, l'ouverture à la traite du Pays des Illinois [Louisiane], [et] [[Première guerre intercoloniale|l'élimination provisoire de la concurrence anglaise de la baie James]]<ref name="Havard"/>{{rp|118}}. » Cumulé à l'efficacité des coureurs de bois, le commerce des fourrure entre alors dans une période de surproduction. De 1697 à 1715, seuls les principaux forts sont maintenus. Malgré cela, plusieurs individus continuent de ramener des fourrures clandestinement. On observe aussi durant cette période l'enracinement d'une culture du voyage dans la société canadienne et une sorte de banalisation des illégalités reliés à la traite<ref name="Havard"/>{{rp|127}}.


=== La carrière des « employés » de la traite après 1715 ===
=== La carrière des « employés » de la traite après 1715 ===
[[Fichier:Pierre Le Royer, coureur des bois, en 1889.jpg|thumb|Pierre Le Royer, célèbre coureur des bois canadien-français, au retour d'une expédition en 1889.]]Après cet épisode de surproduction, la course reprend de plus belle et dans un environnement mieux organisé. C'est pourquoi on remarque une recrudescence des contrats entre un employeur et son engagé entre 1720 et 1763. Bien que certains voyages échappent aux documents officiels, le contrat d’engagement constitue une source fiable pour dégager plusieurs spécificités de l’engagement car on y retrouve les noms des individus, la destination et le salaire. La carrière d’un engagés de la traite reste quelque chose d’assez basique dans la mesure où un simple engagé, pagayeur ou voyageur, n’est pas autorisé à commercer dans les postes. En effet, ce rôle revient aux marchands ou aux détenteurs de permis de traite qui les emploient parfois. Le rôle du voyageur et du coureur de bois n’est pas celui d’un marchands-voyageurs.
[[Fichier:Pierre Le Royer, coureur des bois, en 1889.jpg|thumb|Pierre Le Royer, coureur de bois canadien-français, au retour d'une expédition en 1889.]]Après un épisode de surproduction, la course reprend de plus bel. Cette fois, elle évolue dans un environnement mieux organisé. On remarque d'abord une recrudescence des contrats entre employeur et engagé entre 1720 et 1763.


Un simple engagé, pagayeur ou voyageur n’est pas autorisé à commercer dans les postes. En effet, ce rôle revient plutôt aux marchands ou aux détenteurs de permis de traite qui les emploient.
Le travail des historiens contemporains a montré que le commerce des fourrures est une activité profondément importante dans l'économie laurentienne aux {{s2-|XVII|XVIII}} et c'est ce commerce qui permet le développement d'une société canadienne diversifiée. Aux côtés des ordres religieux, des habitants, marchands et artisans, on peut désormais compter le groupe dit des « voyageurs », les coureurs de bois au sens large. Les sources qui nous permettent de définir les spécificités de ce groupe social sont tenus dans les dossiers de l'administration civile, des notaires et les livres de compte, car l'existence d'une « comptabilité rudimentaire semble rester la règle jusqu'à la fin du {{s-|XVIII}} dans toutes les petites entreprises commerciales, individuelles ou sociétés générales [...]<ref name="Dechêne"/>{{rp|189}}. » À ce propos, l’historien Gratien Allaire donne un bon aperçu des données contenues dans les archives notariales et relève une grande variété de contrats d'engagements pour la période 1701-1745. Les conditions et les termes d'engagement qui concernent ce groupe social sont donc relativement bien connus des historiens qui recensent près de 23 professions différentes en lien avec la course de bois<ref name="Allaire">{{Article|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Officiers et marchands|sous-titre=les sociétés de commerce des fourrures, 1715-1760|périodique=RHAF|lien périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|date=1987|volume=40|numéro=3|lire en ligne=https://www.erudit.org/en/journals/haf/1987-v40-n3-haf2344/304469ar.pdf|pages=409-428}}.</ref>{{rp|123}}.


L’historien Gratien Allaire a donné un bon aperçu du contenu des archives notariales à leur sujet pour la période 1701-1745. Il recense près de 23 métiers différents pratiqués par des personnes liées à la course de bois<ref name="Allaire">{{Article|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Officiers et marchands|sous-titre=les sociétés de commerce des fourrures, 1715-1760|périodique=RHAF|lien périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|date=1987|volume=40|numéro=3|lire en ligne=https://www.erudit.org/en/journals/haf/1987-v40-n3-haf2344/304469ar.pdf|pages=409-428}}.</ref>{{rp|123}}. Par ailleurs, Allaire remarque une augmentation des contrats notariés signés entre marchands et voyageurs surtout entre 1715 et 1721<ref name="Allaire" />{{rp|409}}.
Par ailleurs, une grande différence que l'on peut dégager entre le XVIIe et le {{s-|XVIII}} concerne l'aspect légal des engagements et des employés de la traite. En effet, on remarque une augmentation des contrats notariés entre marchands et voyageurs surtout après la période de reprise entre 1715 et 1721<ref name="Allaire"/>{{rp|409}}. Un détail important qui permet de recenser avec précision les individus, les conditions et les destinations des voyages à une époque où l'accroissement de la demande en peaux et pelleteries est en constante augmentation. Considérant que l'on poursuit le principe des congés adopté en 1681, le témoignage du chapelier parisien [[Louis Guiguer|Louis Guigues]] donne un bon aperçu de la traite au début du {{s-|XVIII}} :<blockquote>« Un particulier achète un congé qu’il paye très cher, il le vend à sept ou huit personnes qui se joignent ensemble pour aller à la Course. Ces gens qui sont proprement des vagabonds sans feu ny lieu s’obligent à en payer le prix en castor […] ils traittent avec un ou plusieurs marchands d’une quantité d'eau de vie et autres marchandises pour emporter avec eux, payable à leur retour en castor à un prix convenu<ref name="Havard"/>{{rp|128-129}}. »</blockquote>Par cette documentation, les chercheurs savent qu'il existe une activité professionnelle du voyage. Ainsi, les coureurs des bois ressortent plus souvent comme des engagés de la traite que des traiteurs clandestins, car certain engagés voyagent directement sous le commandement d’un officier ou d'un marchands-voyageur qui s'assurent de la validité du permis et des cargaisons à destination des [[Pays-d'en-Haut|Pays-D'en-Haut]]. De plus, « ces hommes sont sommés de faire leur traite uniquement dans les postes [...], sous les yeux des commandants<ref name="Havard"/>{{rp|237}}. » Bien que cette réglementation ne soit pas appliquée au sens strict, on observe néanmoins une régulation des voyages par l'État dans l'optique de limiter les comportements qui seraient inappropriés et surtout, la contrebande issue de coureurs de bois « illégaux ».[[Fichier:François Mercier, voyageur canadien.jpg|thumb|« Frs. Mercier, célèbre voyageur canadien » (1871), gravure tirée du périodique canadien-français ''L'Opinion publique''.]]Les sources laissent aussi supposer qu’il existe une hiérarchie au sein des groupes de voyageurs. Les convois semblent souvent se diviser entre les individus expérimentés et moins expérimentés, entre les guides, ceux qui ont passé plusieurs hivers dans les postes éloignés, et les engagés de provenances diverses et parfois inexpérimenté. On peut déterminer l'expérience des membres d’une expédition par la place qu'ils occupent à l'intérieur du canot. Les hommes de « devant » et du « gouvernail » sont généralement les plus anciens et commandent les convois de canots alors que les « milieu » sont les voyageurs semi-régulier<ref name="Wien">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Gérard Béaur, Christian Dessureault et Joseph Goy|directeur2=oui|titre=Les Temps de l'engagement|sous-titre=La Main-d'œuvre du commerce canadien des fourrures entre le calendrier agricole et commercial au {{s-|XVIII}}|périodique=Familles, Terres, Marchés : logiques économiques et stratégies dans les milieux ruraux ({{sp-|XVII|-|XX}}s). Actes du colloque ''France-Québec-Suisse''|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|date=2004|isbn=978-2-86847-949-5|oclc=1015982797|pages totales=278|format=24 cm}}.</ref>{{rp|263}}. Entre eux, on retrouve les individus moins expérimentés qui détiennent le titre de « second devant » ou de « second derrière ». Souvent issu de la paysannerie, ces derniers ne font généralement qu'un ou deux voyages au cours de leur vie. Un convoi est alors généralement composés d'équipage de 5 à 9 hommes, beaucoup de ces hommes proviennent de la région de Montréal, un important bassin de recrutement d'où provient près de {{Pourcentage|80}} des engagés de la traite au {{s-|XVIII}}<ref name="Wien" />. Enfin, ces convois sont majoritairement constitués d’une flottille qui oscille entre 4 et 6 [[Canot|canots]] souvent prêtés et équipés par un marchands-équipeurs ou une société de voyageurs qui s'engage pour une durée variable auprès d'un marchand-équipeur<ref name="Familles">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|titre=Familles paysannes et marché de l'engagement pour le commerce des fourrures au Canada au {{s-|XVIII}}|auteur2=Christian Dessurealt, John A. Dickinson et Joseph Goy|directeur2=oui|périodique=Famille et marché. {{sp-|XVI|-|XX}}|lieu=Québec|éditeur=Éditions du Septentrion|date=2003}}.</ref>{{rp|167-172}}.


Pour la composition sociale des convois de coureurs de bois, l'inventaire établi par Louise Dechêne pour la période 1708-1717 recense 668 engagés, dont 448 voyageurs indépendants et 220 engagés qui font au moins un voyage dans les Pays-d'en-Haut<ref name="Dechêne"/>{{rp|217-220}}. Bien que l'origine des engagés de la traite est variable, on peut soulever une majorité d'habitants domiciliés dans la grande région de Montréal dont 470 individus sont des immigrants de deuxième génération et 116 de troisième génération. Si on fait le calcul, les Canadiens sont donc nettement majoritaires avec 586 cas sur les 668 engagés à faire le voyage entre 1708 et 1717. Pour la composition des 82 individus restant, on dénombre 5 autochtones, 39 nouveaux immigrants et 38 inconnus, totalisant près de 1120 départ pour l'Ouest, toute nationalités confondues. De ces départs, l'historienne tire la conclusion que la majorité des allers-retours sont d'environ quatre mois et couvrent surtout la période estivale. Cette temporalité des encagements a été étudiée et affirmée par Thomas Wien de l'Université de Montréal qui montre que le marché de l'engagement est bel et bien saisonnier et concorde avec le calendrier agricole canadien. Selon lui, le marché de l'engagement pour la traite des fourrures se caractérise par « l'interaction des deux principaux secteurs de l'économie canadienne: l'agriculture et le commerce des fourrures<ref name="Wien"/>{{rp|261}}. » Enfin, c'est aussi grâce au dépouillement des minutes notariales par Gratien Allaire que l'on a pu compter près de 5964 départs pour l'ouest, entre 1701 et 1745<ref name="Allaire2">{{Article|langue=fr|auteur1=Gratien Allaire|titre=Les engagements pour la traite des fourrures. Évaluation de la documentation |périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française |date=1980 |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1980-v34-n1-haf2318/303835ar.pdf |pages=5}}.</ref>{{rp|5}}, qui suivent les modèles établis par Louise Dechêne et Thomas Wien. Il est donc possible de montrer la course de bois comme une valeur normative au sein de la société canadienne du {{s-|XVIII}} et « le débouché extra-agricole le plus important pour la main-d'œuvre rurale<ref name="Wien"/>{{rp|261}}. » qui compose près de {{Pourcentage|80}} de la population laurentienne.


=== Familles paysannes et spécificités de l'engagement, 1715-1763 ===
Une grande partie des Canadiens ont déjà, au moins une fois, pratiqué la course de bois depuis que le commerce des fourrures s’est ouvert aux habitants en 1645. Beaucoup sont prêts à s'engager dans le voyage malgré les risques de noyade et de mort violente. Ce qui motive principalement les engagés à entreprendre de si longs voyages dans des conditions particulièrement difficiles parait être la rémunération, bien que l'aspect héréditaire et le contexte social semblent aussi influencer certains à épouser ce mode de vie.


Le témoignage du chapelier parisien [[Louis Guigues]] donne un bon aperçu de la traite au début du {{s-|XVIII}} :<blockquote>« Un particulier achète un congé qu’il paye très cher, il le vend à sept ou huit personnes qui se joignent ensemble pour aller à la Course. Ces gens qui sont proprement des vagabonds sans feu ny lieu s’obligent à en payer le prix en castor […] ils traittent avec un ou plusieurs marchands d’une quantité d'eau de vie et autres marchandises pour emporter avec eux, payable à leur retour en castor à un prix convenu<ref name="Havard"/>{{rp|128-129}}. »</blockquote>Les coureurs de bois sont davantage des engagés de la traite que des traiteurs clandestins, car de nombreux engagés voyagent sous le commandement d’un officier ou d'un marchand-voyageur qui s'assure de la validité du permis et vérifie l'état des cargaisons destinées aux [[Pays-d'en-Haut]]. De plus, comme le souligne l'historien Gilles Havard, « ces hommes sont sommés de faire leur traite uniquement dans les postes [...], sous les yeux des commandants<ref name="Havard"/>{{rp|237}}. » Bien que cette réglementation ne soit pas appliquée au sens strict, on observe néanmoins une régulation des voyages par l'État dans l'optique de limiter les comportements qui seraient inappropriés et surtout, la contrebande issue de coureurs de bois « illégaux ».[[Fichier:François Mercier, voyageur canadien.jpg|thumb|« Frs. Mercier, célèbre voyageur canadien » (1871), gravure tirée du périodique canadien-français ''L'Opinion publique''.]]Les sources laissent aussi entendre qu’il y a une hiérarchie au sein des groupes de voyageurs. Les convois semblent souvent se diviser entre les individus expérimentés et moins expérimentés, entre les guides, ceux qui ont passé plusieurs hivers dans les postes éloignés, et les engagés de provenances diverses et parfois inexpérimentés. On peut déterminer l'expérience des membres d’une expédition par la place qu'ils occupent à l'intérieur du canot. Les hommes de « devant » et du « gouvernail » sont généralement les plus anciens et commandent les convois de canots alors que les « milieu » sont les voyageurs semi-réguliers<ref name="Wien">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Les temps de l'engagement|sous-titre=La main-d'œuvre du commerce canadien des fourrures entre le calendrier agricole et commercial au {{s-|XVIII}}|périodique=Familles, Terres, Marchés : logiques économiques et stratégies dans les milieux ruraux ({{sp-|XVII|-|XX}}s). Actes du colloque ''France-Québec-Suisse''|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|date=2004|isbn=978-2-86847-949-5|oclc=1015982797|format=24 cm|pages totales=278}}.</ref>{{rp|263}}. Entre eux, on retrouve les individus moins expérimentés qui détiennent le titre de « second devant » ou de « second derrière ». Souvent issus du milieu agricole, ces derniers n'effectuent qu'un ou deux voyages au cours de leur vie.
Dechêne a montré que la majorité des individus qui s'engagent pour un aller-retour dans les différents postes de traites proviennent de la vallée du Saint-Laurent et sont issus du secteur agricole. La paysannerie reste un bassin d'engagement fort important pour la course de bois au {{s-|XVIII}}, ce qui pourrait aussi expliquer la propension des engagés en provenance d'une immigration de deuxième ou troisième génération<ref name="Dechêne"/>{{rp|224}}. Elle estime que la région des Trois-Rivières totalise près de {{Pourcentage|54}} du bassin d'engagés alors que la grande région de Montréal offre une population de voyageur qui oscille entre {{Pourcentage|21}} et {{Pourcentage|30}} des individus recensés au cours de cette même période. L'apport des autres régions de la société laurentienne reste plus marginal et compose entre {{Pourcentage|16}} et {{Pourcentage|25}} des engagés de la traite<ref name="Dechêne"/>{{rp|220-1}}. Par conséquent, il est possible que ces régions soient peu propices à l'agriculture, obligeant les paysans à chercher un revenu extra-agricole. Cependant, la société canadienne du {{s-|XVIII}} est composé d'environ {{Pourcentage|80}} de ruraux : il est peut-être normal de voir une propension plus élevée d'engagés venant de ce milieu.


Un convoi est généralement composé d'équipage de 5 à 9 hommes. Au {{s-|XVIII}}, ils proviennent de la région de Montréal dans une proportion de près de {{Pourcentage|80}}<ref name="Wien" />. Enfin, ces convois sont majoritairement constitués d’une flottille qui oscille entre 4 et 6 [[Canot|canots]] prêtés et équipés par un marchand-équipeur ou une société de voyageurs qui s'engage pour une durée variable auprès d'un marchand-équipeur<ref name="Familles">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Familles paysannes et marché de l'engagement pour le commerce des fourrures au Canada au {{s-|XVIII}}|périodique=Famille et marché. {{sp-|XVI|-|XX}}|lieu=Québec|éditeur=Éditions du Septentrion|date=2003}}.</ref>{{rp|167-172}}.
Wien croit qu'on peut aussi caractériser l'agriculteur canadien comme étant quelqu'un « d'apparemment distrait [et] très ouvert aux propositions venant d'autres secteurs<ref name="Wien"/>{{rp|262}}. » Or, l'alternance des voyages se fait surtout entre le printemps et l'automne, soit entre la période d'ensemencement et la récolte. Une réalité qui peut s'expliquer par la faiblesse de la production agricole de plusieurs terres, encore vouées à l'autosuffisance, et par une certaine tradition familiale pour les fils de ces producteurs. Certains engagés peuvent profiter de leur jeunesse et des offres qui se présentent à eux pour amasser une somme suffisante à l'achat d'une terre ou dans l'attente de succéder au poste de leur père dans le cas des fils de marchands et artisans. Il est aussi possible que plusieurs enfants de familles nombreuses restent sur la terre familiale le temps des semences avant de quitter pour des postes dans le monde du voyage<ref name="Familles"/>{{rp|172-173}}.

En ce qui concerne la composition sociale des convois de coureurs de bois, Louise Dechêne a établi un inventaire pour la période 1708-1717. Elle a recensé 668 engagés, dont 448 voyageurs indépendants et 220 engagés qui font au moins un voyage dans les Pays-d'en-Haut<ref name="Dechêne" />{{rp|217-220}}. Bien que l'origine socioéconomique des engagés varie pour la grande région de Montréal, 470 personnes sont des immigrants de deuxième génération et 116 de troisième génération. Les Canadiens sont donc nettement majoritaires : 586 sur les 668 engagés à faire le voyage entre 1708 et 1717. Pour les 82 individus restants, on dénombre 5 Autochtones, 39 nouveaux immigrants et 38 d'origine inconnue. Ceci totalise près de 1120 départs pour l'Ouest, toutes nationalités confondues. De ces départs, l'historienne Dechêne conclut que la plupart durent environ quatre mois et s'effectuent surtout lors de la période estivale. Cela a été confirmé par l'historien Thomas Wien qui a démontré que le marché de l'engagement est bel et bien saisonnier et qu'il concorde avec le calendrier agricole canadien. À son avis, le marché est caractérisé par « l'interaction des deux principaux secteurs de l'économie canadienne: l'agriculture et le commerce des fourrures<ref name="Wien" />{{rp|261}}. »

Enfin, grâce au dépouillement des minutes notariales, Gratien Allaire a dénombré près de 5964 départs pour l'ouest entre 1701 et 1745<ref name="Allaire2">{{Article|langue=fr|auteur1=Gratien Allaire|titre=Les engagements pour la traite des fourrures. Évaluation de la documentation |périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française |date=1980 |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1980-v34-n1-haf2318/303835ar.pdf |pages=5}}.</ref>{{rp|5}}. Ces données illustrent que la course de bois constitue une valeur normative au sein de la société canadienne du {{s-|XVIII}} et « le débouché extra-agricole le plus important pour la main-d'œuvre rurale<ref name="Wien" />{{rp|261}} », qui compose près de {{Pourcentage|80}} de la population laurentienne.

=== Familles paysannes et spécificités de l'engagement, 1715-1763 ===
Plusieurs Canadiens vont pratiquer au moins une fois la course de bois depuis que le commerce des fourrures a été ouvert aux habitants en 1645. Beaucoup sont prêts à s'engager dans le voyage malgré les risques de noyade et de mort. Dechêne a démontré que la majorité des individus qui s'engagent pour un aller-retour dans les différents postes de traites proviennent de la vallée du Saint-Laurent et qu'ils sont issus du secteur agricole<ref name="Dechêne" />{{rp|224}}. Elle estime que la région des Trois-Rivières totalise près de {{Pourcentage|54}} du bassin d'engagés alors que la grande région de Montréal compte entre 21 et {{Pourcentage|30}} des individus recensés au cours de la période. L'apport des autres régions de la société laurentienne oscille entre 16 et {{Pourcentage|25}}<ref name="Dechêne" />{{rp|220-1}}.

Wien croit que l'on peut caractériser l'habitant canadien comme quelqu'un « d'apparemment distrait [et] très ouvert aux propositions venant d'autres secteurs<ref name="Wien" />{{rp|262}}. » Or, l'alternance des voyages se fait surtout entre le printemps et l'automne, soit entre l'ensemencement et la récolte. Cette réalité peut s'expliquer par la faiblesse de la production agricole de plusieurs terres, encore vouées à l'autosuffisance. Certains engagés peuvent profiter de leur jeunesse et des offres qui se présentent à eux pour amasser une somme suffisante à l'achat d'une terre. Il est aussi possible que les enfants de familles nombreuses restent sur la terre familiale le temps des semences avant de quitter pour effectuer des voyages dans les postes de traite<ref name="Familles" />{{rp|172-173}}.


=== Nature des échanges et rémunération ===
=== Nature des échanges et rémunération ===
On retrouve quantité d’informations importantes sur les voyageurs dans les contrats d’engagement, car passer un accord par devant notaire donne un recours légal à l'employeur qui voit ses employés se désister et inversement, c'est pour un engagé « l’assurance de se faire verser son plein salaire à la fin du voyage<ref name="Wien"/>{{rp|266}}. »
On retrouve quantité d’informations sur les voyageurs dans les contrats d’engagement. Passer un accord par devant notaire donne un recours légal à l'employeur qui verrait ses employés se désister et inversement, à l'engagé qui a « l’assurance de se faire verser son plein salaire à la fin du voyage<ref name="Wien"/>{{rp|266}}. »
[[Fichier:Wien,_p.272.jpg|vignette|511x511px|Salaire et distances parcourues selon la destination et la fonction des engagés<ref name="Wien"/>{{rp|272}}.]]
[[Fichier:Wien,_p.272.jpg|vignette|511x511px|Salaire et distances parcourues selon la destination et la fonction des engagés<ref name="Wien"/>{{rp|272}}.]]
La rémunération semble ainsi être l'une des principales motivations du voyage, car « l'engagé qui faisait un aller-retour au cours de l'été, était bien mieux payé qu'un journalier ou qu'un autre travailleur manuel<ref name="Wien"/>{{rp|171}} ». Or, le montant de son salaire est déterminé par l'expérience du voyageur. En effet, un engagé peu qualifié pouvait espérer toucher entre 150 et 200 livres de rente pour une année de travail, payable en peaux de castor qu'il devait revendre dans les magasins de la Compagnie<ref name="Dechêne"/>{{rp|226-7}}. Ceci étant pour les destinations moins éloignées comme Détroit. D'autre part, les voyageurs plus expérimentés reçoivent évidemment plus, entre 300 et 400 livres. Mais les postes de guides ou de « bout » sont rares, ces hommes sont de véritable professionnels de la traite.
La rémunération semble ainsi être l'une des principales motivations du voyage, car « l'engagé qui faisait un aller-retour au cours de l'été, était bien mieux payé qu'un journalier ou qu'un autre travailleur manuel<ref name="Wien"/>{{rp|171}} ». Or, le montant du salaire est déterminé par l'expérience du voyageur. En effet, un engagé peu qualifié pouvait espérer toucher entre 150 et 200 livres par année, payable en peaux de castor qu'il devait revendre dans les magasins de la compagnie<ref name="Dechêne"/>{{rp|226-7}}. Ceci est valable pour les destinations moins éloignées comme Détroit. Les voyageurs plus expérimentés reçoivent entre 300 et 400 livres. Les postes de guides ou de « bout » sont rares. Ce sont pour la plupart de véritables professionnels de la traite.


Par exemple, nous pouvons prendre le cas de François Lanthier qui accumule les employeurs et les contrats<ref name="Engagés">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Luigi Lorenzetti, Anne-Lise Head-König et Joseph Goy|directeur2=oui|titre=Carrières d'engagés du commerce des fourrures canadien au {{s-|XVIII}}|périodique=Marchés, migrations et logiques familiales dans les espaces français canadien et suisse, {{s2-|XVIII|XX}}|lieu=Berne|éditeur=Peter Lang|date=2005}}.</ref>{{rp|138}}. Voyageur expérimenté, il conclut d'abord un accord avec le marchand Trottier Desrivières en 1746, avant de réapparaître en 1749, associé avec un autre individu. Ensuite, il s'engage en 1752 avec un certain Charles Héry « par devant notaire à hiverner au poste de Témiscamingue<ref name="Engagés"/>{{rp|138-139}}. » Ainsi, entre 1746 et 1757, l’engagé effectue près de cinq voyages en onze années de service, {{Pas clair |soit de l'ordre d'un voyage au trois ans en moyenne }} et pour cinq employeurs différents. Le cas Lanthier montre assez bien la réalité historique de la carrière d'un engagé expérimenté, mais qui ne peut représenter l'ensemble du cadre professionnel dans la mesure où ce dernier fait, selon les notaires, « figure de loyal serviteur, passant jusqu'à six ans dans l'emploi de Trottier [...]<ref name="Engagés"/>{{rp|137-139}}. » Autrement, c’est le salaire promis par l'employeur qui motive le voyageur à s'engager pour cinq voyages avec cinq employeurs différents entre 1746 et 1757. Plus encore, « dans les 92 cas où les documents permettent de suivre des engagés mettant le cap sur la même destination au pays de amérindiens deux années de suite (en changeant de maître ou non), ces travailleurs voient leur salaire augmenter 67 fois. Parmi les seuls hommes qui voyagent pour le même marchand pendant deux années consécutives, une proportion un peu moins élevée, soit 11 sur 17, améliore son sort à ce chapitre. En tenant compte uniquement des hausses, le changement moyen atteint {{Pourcentage|12}}<ref name="Engagés"/>{{rp|140}}. » Cet aspect intéressant développé par Wien montre que le salaire des engagés de la traite est loin d'être inamovible et influence l'engagé dans ses choix professionnels. Aussi, la rémunération change aussi selon la destination. Les engagés qui voyagent jusqu’à Détroit sont moins expérimentés et donc, moins bien payés. On remarque une propension plus élevée de voyageurs inexpérimentés à faire un aller-retour Montréal-Détroit que pour un poste plus éloigné comme Michilimakinac ou Témiscamingue<ref name="Wien"/>{{rp|271}}. Selon son expérience ou la destination, un engagé peut donc espérer voir sa rente annuelle augmenter considérablement entre le moment où il effectue son premier voyage et la fin de sa carrière. Les plus expérimentés, les guides ou hivernants, obtiennent certainement plus, mais contre un effort plus élevé et une plus longue période passée à l’intérieur du continent.
Par exemple, prenons le cas de François Lanthier qui accumule les employeurs et les contrats<ref name="Engagés">{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Carrières d'engagés du commerce des fourrures canadien au {{s-|XVIII}}|périodique=Marchés, migrations et logiques familiales dans les espaces français canadien et suisse, {{s2-|XVIII|XX}}|lieu=Berne|éditeur=Peter Lang|date=2005}}.</ref>{{rp|138}}. Voyageur expérimenté, il conclut d'abord un accord avec le marchand Trottier Desrivières en 1746, avant de réapparaître en 1749, associé avec un autre individu. Ensuite, il s'engage en 1752 auprès de Charles Héry « par devant notaire à hiverner au poste de Témiscamingue<ref name="Engagés"/>{{rp|138-139}}. » Ainsi, entre 1746 et 1757, l’engagé effectue près de cinq voyages en onze années, soit aux trois ans en moyenne, pour cinq employeurs différents. Lanthier fait, selon les notaires, « figure de loyal serviteur, passant jusqu'à six ans dans l'emploi de Trottier [...]<ref name="Engagés"/>{{rp|137-139}}. » Autrement, c’est le salaire promis par l'employeur qui motive le voyageur à s'engager pour cinq voyages avec cinq employeurs différents durant cette période. L'exemple de Lanthier illustre bien la réalité d'un engagé expérimenté au {{s-|XVIII}}.
[[Fichier:Tableau_16,_p.151.jpg|vignette|388x388px|Valeur relative des diverses catégories de marchandises d'après les stocks des marchands de Montréal, 1650-1720<ref name="Dechêne"/>{{rp|151}}.]]
De plus, cette augmentation de salaire en lien avec l'expérience laisse supposer que la confiance est aussi un aspect important du voyage. Le caractère imprévisible des voyages semble pris en compte entre les partis, puisque les marchandises prêtées par les marchands-équipeurs sont transporté en canot sur de très longues distances. Par exemple, on peut compter « deux ballots totalisant presque 200 livres, supportés par une sangle tenue autour de la tête, qu'il faut transborder dans les portages et porter des journées entières quand les rivières sont à sec<ref name="Dechêne"/>{{rp|227}}. » Lorsque tout va bien, on espère ramener suffisamment de fourrure pour rembourser le prêt des articles qui ont servi à la traite et gagner la confiance de employeur en vu d'un deuxième voyage. D’ailleurs, les marchandises transportées « rapporte[nt] ordinairement {{Pourcentage|700}} de profit<ref name="Dechêne"/>{{rp|163}}. » On échange aux peuples autochtones de Louisiane et de la Baie James des couvertures de laine, des chaudrons de cuivres, de la poudre ou des plombs contre des peaux et idéalement du castor.


Plus encore, selon l'historien Wien, « dans les 92 cas où les documents permettent de suivre des engagés mettant le cap sur la même destination au pays des Amérindiens deux années de suite (en changeant de maître ou non), ces travailleurs voient leur salaire augmenter 67 fois. Parmi les seuls hommes qui voyagent pour le même marchand pendant deux années consécutives, une proportion un peu moins élevée, soit 11 sur 17, améliore son sort à ce chapitre. En tenant compte uniquement des hausses, le changement moyen atteint {{Pourcentage|12}}<ref name="Engagés" />{{rp|140}}. »
Les paiement en fourrures étant monnaie courante dans la colonie, il n’est pas rare de voir un employeur payer ses engagés en peaux car ceux-ci pourront aisément les échanger contre de la [[monnaie de carte]] ou des lettres de change dans l’un ou l’autre des magasins de la colonie.


Wien démontre que le salaire des engagés de la traite est loin d'être inamovible et l'influence dans ses choix professionnels. Aussi, la rémunération change selon la destination. Les engagés qui voyagent jusqu’à Détroit sont moins expérimentés et donc, moins bien payés. On remarque une propension plus élevée de voyageurs inexpérimentés à faire un aller-retour Montréal-Détroit que pour un poste plus éloigné comme [[Fort Michillimakinac|Michillimakinac]]<ref name="Wien" />{{rp|271}}. Selon son expérience ou la destination, un engagé peut donc espérer voir son salaire augmenter considérablement entre le moment où il effectue son premier voyage et la fin de sa carrière. Les plus expérimentés, les guides ou les hivernants, obtiennent certainement davantage, mais contre un plus grand effort et une plus longue période passée à l’intérieur du continent.
=== Volontaires et « petite guerre » ===
Il existe une réelle symbiose entre le territoire et le coureur de bois. Les conditions difficiles du voyage permettent de former des hommes robustes, courageux et bien formés aux combats en forêt. Or, cette relation unique entre l'Européen, le territoire et les armes, n'est possible que grâce à l'utilisation de plusieurs habitudes empruntées aux nation autochtones, les spécialistes incontestés de la guerre d'embuscade, la « petite guerre<ref name="Havard"/>{{rp|177}}. » En outre, ces caractéristiques du coureur de bois font de lui un candidat idéal pour accompagner des expéditions militaires à l'intérieur du contient Nord-américain.


Les marchandises prêtées par les marchands-équipeurs sont transportés en canot sur de très longues distances. Par exemple, on peut compter « deux ballots totalisant presque 200 livres, supportés par une sangle tenue autour de la tête, qu'il faut transborder dans les portages et porter des journées entières quand les rivières sont à sec<ref name="Dechêne"/>{{rp|227}}. » Lorsque tout va bien, on espère ramener suffisamment de fourrure pour rembourser le prêt des articles qui ont servi à la traite et gagner la confiance de son employeur en vue d'un deuxième voyage. Les marchandises transportées « rapporte[nt] ordinairement {{Pourcentage|700}} de profit<ref name="Dechêne"/>{{rp|163}}. »
Si la participation des coureurs de bois aux expéditions militaires n'est pas quelque chose de marginal, elle reste relativement peu fréquente considérant l’épisode de paix de 1713 à 1744. Ceux-ci ne seront jamais organisés en contingents autonomes à l'image des milices ou des compagnies franches de la Marine. Or, on peut compter plusieurs Canadiens parmi les troupes de [[Pierre Le Moyne d'Iberville]] pendant ses nombreuses batailles et lors de la [[guerre de la Ligue d'Augsbourg]] à la fin du {{s-|XVII}}. S'il est vrai que quelques Canadiens, « qui ne peuvent résister à l'appel des courses lointaines », accompagnent le chevalier de Troyes lors de son [[Expédition de la baie d'Hudson (1686)|expédition contre les Anglais de la Baie d'Hudson en 1686]], ils ne dépassent pas la trentaine d'individus<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Guy Frégault|titre=Pierre Le Moyne d'Iberville|passage=66-67|lieu=Montréal|éditeur=Fides|date=1968}}.</ref>. Par conséquent, on ne peut omettre la présence et la participation des coureurs de bois aux affrontements qui opposent Anglais, Iroquois et Français, mais on doit rester prudent sur leur rôle de guerrier qui reste presque anecdotique. D'ailleurs, ils sont très peu présent lors de guerre de la [[Guerre de la Conquête|Conquête]] de 1760. Il faut donc garder à l'esprit que le coureur de bois reste, avant tout, un professionnel du voyage et de la traite des pelleteries et que cette image du guerrier des bois rompu à toutes les ruses tire bien plus de la culture cinématographique hollywoodienne que de la réalité historique.

Pratique dans la colonie, il n’est pas rare de voir un marchand-équipeur payer ses engagés en pelleteries qui pourront être échangées contre de la [[monnaie de carte]] ou des lettres de change dans l’un des magasins de la colonie.

=== Volontaires et « petite guerre » ===
Les conditions difficiles du voyage permettent de former des hommes robustes, courageux et familiers des combats en forêt. Ils empruntent rapidement de pratiques de nations autochtones, notamment la guerre d'embuscade appelée « petite guerre<ref name="Havard"/>{{rp|177}}. » En outre, ces caractéristiques font du coureur de bois un candidat idéal pour accompagner des expéditions militaires à l'intérieur du continent nord-américain.


Si la participation des coureurs de bois aux expéditions militaires n'est pas marginale, elle reste relativement peu fréquente pendant l’épisode de paix de 1713 à 1744. Ils ne seront jamais organisés en contingents autonomes à l'image des milices et des compagnies franches de la Marine. Or, on peut compter plusieurs Canadiens parmi les troupes de [[Pierre Le Moyne d'Iberville]] pendant ses nombreuses batailles et lors de la [[guerre de la Ligue d'Augsbourg]] à la fin du {{s-|XVII}}. S'il est vrai que quelques Canadiens, « qui ne peuvent résister à l'appel des courses lointaines », accompagnent le chevalier de Troyes lors de son [[Expédition de la baie d'Hudson (1686)|expédition contre les Anglais de la Baie d'Hudson en 1686]], ils ne dépassent pas la trentaine d'individus<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Guy Frégault|titre=Pierre Le Moyne d'Iberville|passage=66-67|lieu=Montréal|éditeur=Fides|date=1968}}.</ref>. Par conséquent, le rôle de guerrier des coureurs de bois semble presque anecdotique. Celui-ci demeure, avant tout, un professionnel du voyage et de la traite des pelleteries et cette image du guerrier des bois rompu à toutes les ruses tire ses racines de l'historiographie qui a plus tard été remise en question, notamment par Louis Dechêne.
== Recherche en cours ==
Grâce aux registres d'État civil, aux contrats d'engagement et aux archives notariales, il est désormais possible de retracer la vie de ces individus et de révéler centaines spécificités de ce groupe social. Avec ce nouveau regard de l'histoire sur la course de bois, il est possible de montrer que les individus qui ont participé à cette activité sont loin de l'image construite par le cinéma et l'historiographie traditionnelle des {{s2-|XIX|XX}}. Le récent travail des historiens déconstruit l’image d’Épinal sur les coureurs de bois qui montre des individus ensauvagés vivant avec et comme les autochtones. On ne peut nier l'existence de certains de ces personnages, mais ils ne forment pas la majorité. La recherche actuelle (Havard et autres) tente de situer les coureurs de bois dans leur environnement professionnel au sein de la société canadienne des {{s2-|XVII|XVIII}}. On peut ainsi détacher de ces observations plusieurs caractéristiques sociales des engagés du commerce des fourrures tels qu'une forte mobilité sociale, une présence accrue des engagés canadiens dans le commerce des fourrures, une pluriactivité saisonnière dans un secteur extra-agricole, un âge au mariage plus élevé, une certaine hérédité dans la pratique du voyage et un engouement certain pour l'aventure. Cet ensemble de caractéristiques non-exhaustives sur la figure des coureurs de bois permet de tracer un portrait réaliste, historique, des individus qui ont participé au commerce des fourrures et posés les bases du développement social en Amérique du Nord et dans le reste du Canada. Une réalité qui perdure bien après la fin du Régime français jusqu'au {{s-|XIX}}.{{Référence nécessaire|date=6 juin 2021}}


== Liste non-exhaustive de coureurs des bois connus ==
== Liste non-exhaustive de coureurs de bois connus ==


[[Étienne Brûlé]], [[Louis Joliet]], [[Médard Chouart des Groseilliers]], [[Pierre-Esprit Radisson]], [[Jean Nicolet]], Alphonse Dedans et son fils [[Paul Guillet]], Jean‐Baptiste Cuillerier, [[Jacques de Noyon]] et [[Pierre Gaultier de Varennes et de la Vérendrye|La Vérendrye]], [[Paul Provencher]], [[Michel Pageau]] et [[André-François Bourbeau]].
[[Étienne Brûlé]], [[Louis Joliet]], [[Médard Chouart des Groseilliers]], [[Pierre-Esprit Radisson]], [[Jean Nicolet]], Alphonse Dedans et son fils [[Paul Guillet]], Jean‐Baptiste Cuillerier, [[Jacques de Noyon]] et [[Pierre Gaultier de Varennes et de la Vérendrye|La Vérendrye]], [[Paul Provencher]], [[Michel Pageau]] et [[André-François Bourbeau]], [[Toussaint Charbonneau]].


== Dans la culture populaire ==
== Dans la culture populaire ==
'''Dans la littérature'''
'''Dans la littérature'''
*Léo-Paul Desrosiers, ''Les engagés du Grand Portage'', Paris, Gallimard, 1938.
*''The Big Sky'' (1947) d'[[A. B. Guthrie]] {{Commentaire|Publié en français sous le titre ''La Captive aux yeux clairs'', Paris, Denoël, 1947 ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « L’Ouest, le vrai », 2014.}}
*''The Big Sky'' (1947) d'[[A. B. Guthrie]]{{Commentaire|Publié en français sous le titre ''La Captive aux yeux clairs'', Paris, Denoël, 1947 ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « L’Ouest, le vrai », 2014.}}
'''Dans la bande dessinée'''.
'''Dans la bande dessinée'''
* Le tome 26 de la série ''[[Les Tuniques bleues]]'' de [[Raoul Cauvin|Cauvin]] et [[Lambil]], ''L'Or du Québec'', donne une vision humoristique du coureur des bois, sous les traits d'un traqueur asthmatique doté d'un sens de l'orientation proche de celui de la poule…
* Le tome 26 de la série ''[[Les Tuniques bleues]]'' de [[Raoul Cauvin|Cauvin]] et [[Lambil]], ''L'Or du Québec'', donne une vision humoristique du coureur de bois, sous les traits d'un traqueur asthmatique doté d'un sens de l'orientation proche de celui de la poule…
'''Au cinéma'''.
'''Au cinéma'''
*  ''[[La Captive aux yeux clairs]]'' (1952) d'[[Howard Hawks]], d'après le roman d'[[A. B. Guthrie]].
* ''[[The Revenant]]'' (2015) d'[[Alejandro González Iñárritu]] avec [[Leonardo DiCaprio]] {{Commentaire|Le récit de coureurs des bois aux prises avec des indiens [[Arikaras]] dans l'actuel [[Dakota du Nord]].}}
* ''[[La Captive aux yeux clairs]]'' (1952) d'[[Howard Hawks]], d'après le roman d'[[A. B. Guthrie]].
* ''[[The Revenant]]'' (2015) d'[[Alejandro González Iñárritu]] avec [[Leonardo DiCaprio]].
{{Commentaire|Le récit de coureurs de bois aux prises avec des Autochtones [[Arikaras]] dans l'actuel [[Dakota du Nord]].}}
'''À la télévision'''.
'''À la télévision'''
* Une série télé québécoise ''Coureur des bois - Un père et sa fille parcourent le Québec à la recherche de saveurs des forêts''.
* Une série québécoise : ''Coureur des bois - Un père et sa fille parcourent le Québec à la recherche de saveurs des forêts''.
'''Dans les jeux vidéo'''.
'''Dans les jeux vidéo'''
* Les coureurs des bois sont les colons français dans le [[jeu vidéo]] ''[[Age of Empires III]]''.
* Les coureurs de bois sont les colons français dans le [[jeu vidéo]] ''[[Age of Empires III]]''.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{Article|langue=fr|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Les engagements pour la traite des fourrures. Évaluation de la documentation|périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|lien périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|mois=juin|année=1980 |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1980-v34-n1-haf2318/303835ar.pdf|volume=34|numéro=1|pages=3-26}}{{rp|5}}
*{{Article|langue=fr|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Les engagements pour la traite des fourrures. Évaluation de la documentation|périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|lien périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|mois=juin|année=1980 |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1980-v34-n1-haf2318/303835ar.pdf|volume=34|numéro=1|pages=3-26}}.
* {{ouvrage|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Les Engagés de la fourrure, 1701-1745|éditeur=Bibliothèque nationale du Canada|lieu=Ottawa|date=1983|pages totales=330|isbn=}}
*{{ouvrage|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Les Engagés de la fourrure, 1701-1745|éditeur=Bibliothèque nationale du Canada|lieu=Ottawa|date=1983|pages totales=330|isbn=}}
* {{Article|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Officiers et marchands|sous-titre=les sociétés de commerce des fourrures, 1715-1760|périodique=RHAF|lien périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|date=1987|volume=40|numéro=3|lire en ligne=https://www.erudit.org/en/journals/haf/1987-v40-n3-haf2344/304469ar.pdf|pages=409-428}}.
*{{Article|prénom1=Gratien|nom1=Allaire|titre=Officiers et marchands|sous-titre=les sociétés de commerce des fourrures, 1715-1760|périodique=RHAF|lien périodique=Revue d'histoire de l'Amérique française|date=1987|volume=40|numéro=3|lire en ligne=https://www.erudit.org/en/journals/haf/1987-v40-n3-haf2344/304469ar.pdf|pages=409-428}}.
*Pierre-François-Xavier de Charlevoix, ''Journal d’un voyage fait par ordre du Roi dans l’Amérique septentrionale ; Adressé à Madame la Duchesse de Lesdiguières'', 9 tomes, Paris, Chez la veuve Ganeau, 1744.
* Gervais Carpin, ''Le réseau du Canada''. ''Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France (1628-1662)''. Québec, Éditions du Septentrion, 2001, 552 p.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Louise Dechêne|titre=Habitants et Marchands de Montréal au {{s-|XVII}}|lire en ligne={{Google Livres|uyACoQEACAAJ}}|lieu=Montréal|éditeur=Plon|collection=Civilisations et Mentalités|date=1974|oclc=300822065|pages totales=588|format=19 cm}}.
* Pierre-François-Xavier de Charlevoix, ''Journal d’un voyage fait par ordre du Roi dans l’Amérique septentrionale ; Adressé à Madame la Duchesse de Lesdiguières'', 9 tomes. Paris, Chez la veuve Ganeau, 1744.
*{{Article|langue=fr|auteur1=Denys Delâge|titre=La traite des pelleteries aux {{s2-|XVII|XVIII}}|périodique=Les Cahiers des dix|date=2016|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/cdd/2016-n70-cdd02912/1038752ar.pdf|passage=344-346}}.
* Antoine D'Eschambault, ''La Vie aventureuse de Daniel Greysolon, sieur de Dulhut'', dans RHAF, vol 5, n° 3 (1951), {{p.}}320-339.
*Antoine D'Eschambault, « La Vie aventureuse de Daniel Greysolon, sieur de Dulhut », ''RHAF'', vol. 5, n° 3 (1951), {{p.}}320-339.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Louise Dechêne|titre=Habitants et Marchands de Montréal au {{s-|XVII}}|lire en ligne={{Google Livres|uyACoQEACAAJ}}|lieu=Montréal|éditeur=Plon|collection=Civilisations et Mentalités|date=1974|oclc=300822065|pages totales=588|format=19 cm}}
*Jean-Claude Dupont, ''Les Forgerons voyageurs ({{s2-|XVII|XVIII|}})'', dans René Bouchard, dir., ''La vie quotidienne au Québec : histoire, métiers, techniques et traditions''. ''Mélanges en l’honneur de Robert-Lionel Séguin'', Sillery, Presses de l’Université Laval, 1983.
* {{Article|langue=fr|auteur1=Denys Delâge |titre=La traite des pelleteries aux {{s2-|XVII|XVIII}} |périodique=Les cahiers des dix |date=2016 |lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/cdd/2016-n70-cdd02912/1038752ar.pdf|passage=344-346}}.
*David Hackett Fischer, ''Le Rêve de Champlain'', Montréal, Les Éditions du Boréal (Boréal compact ; 237), 2012, p. 585-588. Traduction de : ''Champlain's Dream''.
* Sylvie Dépatie (dir.), ''Habitants et marchands, vingt ans après : lecture de l’histoire des {{s2-|XVII|XVIII|}} canadiens'', Montréal, Mc-Gill Queen’s University Press, 1998. 297 p.
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Martin|nom1=Fournier|titre=Pierre-Esprit Radisson, 1636-1710 : Aventurier et commerçant|lieu=Sillery|éditeur=Septentrion|date=2001|pages totales=314|isbn=}}
* Jean-Claude Dupont, ''Les Forgerons voyageurs ({{s2-|XVII|XVIII|}})'', dans Bouchard, René, dir. La vie quotidienne au Québec : histoire, métiers, techniques et traditions. Sillery, Presses de l’université Laval.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Martin|nom1=Fournier|titre=Pierre-Esprit Radisson, 1636-1710 : Aventurier et commerçant|éditeur=|date=2001|pages totales=314|isbn=}}
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Martin|nom1=Fournier|titre=Pierre-Esprit Radisson|sous-titre=coureur des bois et homme du monde|lieu=Montréal|éditeur=Nota Bene|date=1996|pages totales=125|isbn=}}
*Serge Fournier, ''Le Coureur de bois au Pays du Québec : une figure, une parole - son univers et son évolution'', thèse de doctorat, Université du Québec à Trois-Rivières, mars 2012, 263 p.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Martin|nom1=Fournier|titre=Pierre-Esprit Radisson|sous-titre=coureur des bois et homme du monde|éditeur=|date=1996|pages totales=125|isbn=}}
*{{Article|langue=fr|auteur=Daniel Francis|titre=La Traite des fourrures|périodique=Horizon Canada|numéro=4|date=1984|pages=73-79|lire en ligne=|consulté le=2021-07-07}}.
* Serge Fournier, ''Le Coureur de bois au Pays du Québec : une figure, une parole - son univers et son évolution'', thèse de doctorat, mars 2012, Université du Québec à Trois-Rivières, 263 p.
*Guy Frégault, ''Pierre le Moyne d'Iberville'', Montréal, Fides, 1968, 300 p.
* {{Article|langue=fr|auteur=Daniel Francis|titre=La Traite des fourrures|périodique=Horizon Canada|volume=|numéro=4|date=1984|pages=73-79|issn=|lire en ligne=|consulté le=2021-07-07|id=}}.
* Guy Frégault, ''Pierre le Moyne d'Iberville'', Montréal, Fides, 1968, 300 p.
*Guy Frégault, ''Le {{s-|XVIII}} canadien'', Montréal, HMH, 1968, 387 p.
* Guy Frégault, ''Le {{s-|XVIII}} canadien'', Montréal, HMH, 1968, 387 p.
*Donatien Frémont, ''Pierre Radisson. Roi des coureurs de bois'', Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1933, 264 p.
*[[François-Xavier Garneau]], ''Histoire du Canada depuis la découverte'', Québec, N. Aubin, 1845-1852, 4 volumes. Musée de la Civilisation (23.1.19.V1) ou Bibliothèque nationale du Québec (971 G234 1845/52).
* Donatien Frémont, ''Pierre Radisson. Roi des coureurs de bois'', Montréal, Éditions Albert Lévesque, 1933. 264 p.
*[[Georges-Hébert Germain]], ''Les Coureurs des bois. La Saga des Indiens blancs'', Montréal, Libre Expression, 2003, 162 p.
* [[François-Xavier Garneau]], ''Histoire du Canada depuis la découverte'', Québec, N. Aubin, 1845-1852. 4 volumes. Musée de la Civilisation 23.1.19.V1 ou Bibliothèque nationale du Québec 971 G234 1845/52.
* {{Article|langue=en|auteur=Allan Greer|titre=Fur‑Trade Labour and Lower Canadian Agrarian Structures|périodique=Historical Papers / Communications historiques|volume=16|numéro=1|date=1981|pages=197-214|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/hp/1981-v16-n1-hp1116/030875ar.pdf|consulté le=2021-07-07}}.
* [[Georges-Hébert Germain]], ''Les Coureurs des bois. La Saga des Indiens blancs'', Montréal, Libre Expression, 2003, 162 p. 
* {{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|lien auteur1=Lionel Groulx|titre=Histoire du Canada français depuis la découverte|numéro d'édition=4|éditeur=Fides|lieu=Montréal|année=1976|pages totales=252|isbn=}}
* {{Article|langue=en|auteur=Allan Greer|titre=Fur‑Trade Labour and Lower Canadian Agrarian Structures|périodique=Historical Papers / Communications historiques|volume=16|numéro=1|date=1981|pages=197–214|issn=|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/hp/1981-v16-n1-hp1116/030875ar.pdf|consulté le=2021-07-07|id=}}.
* {{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|lien auteur1=Lionel Groulx|titre=Histoire du Canada français depuis la découverte|numéro d'édition=4|éditeur=Fides|lieu=Montréal|année=1976|pages totales=252|isbn=}}
*{{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=L'Appel de la race|éditeur=Fides|lieu=Montréal|date=1956|isbn=}}.
* {{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=L'Appel de la race|éditeur=Fides|lieu=Montréal|date=1956|isbn=}}
*{{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=La Naissance d’une race|éditeur=Bibliothèque de l’Action française|lieu=Montréal|date=1919|pages totales=294|isbn=}}
* {{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=La Naissance d’une race|éditeur=|lieu=Bibliothèque de l’Action française, Montréal|date=1919|pages totales=294|isbn=}}
*{{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=Les Lendemains de la Conquête|éditeur=|lieu=Montréal|année=1977|pages totales=199|isbn=}}
* {{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=Les Lendemains de la Conquête|éditeur=|lieu=Montréal|année=1977|pages totales=199|isbn=}}
*{{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=Notre grande aventure|sous-titre=l’empire français en Amérique du Nord, 1535-1760|éditeur=|lieu=Montréal|date=1976|pages totales=299|isbn=}}
*Jean Hamelin, ''Économie et société en Nouvelle-France'', Québec, Presses de l’Université Laval, [s.d.]. 137 p.
* {{ouvrage|prénom1=Lionel|nom1=Groulx|titre=Notre grande aventure|sous-titre=l’empire français en Amérique du Nord, 1535-1760|éditeur=|lieu=Montréal|date=1976|pages totales=299|isbn=}}
* Jean Hamelin, ''Économie et société en Nouvelle-France'', Québec, Presses de l’Université Laval, [s.d.]. 137 p.
*[[Gilles Havard]], ''Indiens et Français dans le Pays d'en Haut, 1660-1715'', Paris et Québec, Presses de l’université de Paris-Sorbonne et Septentrion, 2003, 870 p.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gilles Havard|titre=Histoire des coureurs de bois|sous-titre=Amérique du Nord 1600-1840|lieu=Paris|éditeur=Perrin (Tempus)|année=2021|lire en ligne={{Google Livres|2ff1jwEACAAJ}}|isbn=978-2-84654-424-5|oclc=965621111|pages totales=885|format=24 cm}}
* [[Gilles Havard]], ''Indiens et Français dans le Pays d'en Haut, 1660-1715'', Presses de l’université de Paris-Sorbonne, Septentrion, 2003, 870 p.
*Gilles Havard, ''L'Amérique fantôme:'' ''les aventuriers francophones du Nouveau monde'', Montréal, Flammarion Québec, 2019.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gilles Havard|titre=Histoire des coureurs de bois|sous-titre=Amérique du Nord 1600-1840|lieu=Paris|éditeur=Les Indes savantes|année=2017|lire en ligne={{Google Livres|2ff1jwEACAAJ}}|isbn=978-2-84654-424-5|oclc=965621111|pages totales=885|format=24 cm}}
*{{en}} [[Harold Innis]], ''The Fur Trade in Canada : An Introduction to Canadian Economic History'', New Haven, Yale University Press, 1930, 444 p.
* Gilles Havard, ''L'Amérique fantôme'', Flammarion, 2019.
*[[Philippe Jacquin]], ''Les Indiens blancs : Français et Indiens en Amérique du Nord, du {{sp-|XVI|au|XVIII}}'', Paris, Payot, 1987, 310 p. (Coll. « Bibliothèque historique »).
* {{en}} [[Harold Innis]], ''The Fur Trade in Canada : An Introduction to Canadian Economic History'', New Haven, Yale University Press, 1930, 444 p.
*{{en}} Lawrence M. Lande, ''The Development of the Voyageur Contract'', Montréal, [s.n.], 1989.
* [[Philippe Jacquin]], ''Les Indiens blancs : Français et Indiens en Amérique du Nord, du {{sp-|XVI|au|XVIII}}'', Paris, Payot, 1987, 310 p. (Coll. « Bibliothèque historique »).
*{{Article|langue=fr|auteur=Robert Le Blant|titre=Le Commerce compliqué des fourrures canadiennes au début du {{s-|XVII}}|périodique=RHAF|volume=26|numéro=1|mois=juin|année=1972|pages=53-66}}.
* {{en}} Lawrence M. Lande, ''The Development of the Voyageur Contract'', Montréal, [s.n.], 1989.
*Thierry Lefrançois, ''La Traite de la fourrure : Les Français et la découverte de l’Amérique du Nord'', La Rochelle, Musée du Nouveau Monde, 1992, 172 p.
* Yves Landry (dir.), ''Pour le Christ et le Roi. La vie au temps des premiers Montréalais'', Montréal, Libre Expression et Art Global, 1992, 320 p.
*Gérard Malchelosse, « Les Coureurs des bois au {{s-|XVII}} », ''Les Cahiers des dix'', {{numéro|6}}, Montréal, Les Dix, 1941, {{p.|104-144}}.
* {{Article|langue=fr|auteur=Robert Le Blant|titre=Le Commerce compliqué des fourrures canadiennes au début du {{s-|XVII}}|périodique=RHAF|volume=26|numéro=1|mois=juin|année=1972|pages=53-66}}.
*{{Article|langue=en|auteur=W. B. Munro|titre=The Coureur de Bois|périodique=Massachusetts Historical Society Proceedings|volume=1923-1924|date=1923|lieu=Boston|éditeur=Massachusetts Historical Society|pages=192-205|lire en ligne=|consulté le=2020-09-01}}.
* Thierry Lefrançois, ''La Traite de la fourrure : Les Français et la découverte de l’Amérique du Nord'', La Rochelle, [[Musée du Nouveau Monde]], 1992, 172 p.
*{{ouvrage|langue=en|prénom1=Grace Lee|nom1=Nute|titre=Caesars of the Wilderness|éditeur=D. Appleton-Century|lieu=New York|date=1943|pages totales=386|isbn=}}
* Paul-André Linteau (dir.), ''Histoire générale du Canada'', Montréal, Éditions du Boréal, 1990, 694 p.
*{{ouvrage|prénom1=Grace Lee|nom1=Nute|titre=The Voyageur|éditeur=Minnesota Historical Society|lieu=Saint-Paul|date=1955|pages totales=289|isbn=}}
* Marie-Hélène Morot-Sir, ''Au cœur de la Nouvelle France''. t. I, éditions Publibook Paris 2009.
*Fernand Ouellet, ''Histoire économique et sociale du Québec, 1760-1850, structures et conjonctures'', thèse de doctorat, Université Laval, 1965, 3 v.
* Gérard Malchelosse, « Les Coureurs des bois au {{s-|XVII}} », ''Les Cahiers des dix'', {{numéro|6}}, Montréal, Les Dix, 1941, {{p.|104-144}}.
*Jeanne Pomerleau, ''Les Coureurs de bois : la traite des fourrures avec les Amérindiens'', Sainte-Foy, Éditions Dupont, 1994, 143 p.
* {{Article|langue=en|auteur=W. B. Munro|titre=The Coureur de Bois|périodique=Massachusetts Historical Society Proceedings|volume=1923-1924|numéro=|date=1923|lieu=Boston|éditeur=Massachusetts Historical Society|pages192-205=|issn=|lire en ligne=|consulté le=2020-09-01|id=}}.
*Émile Salone, ''La Colonisation de la Nouvelle-France, étude sur les origines de la nation canadienne-française'', Trois-Rivières, Boréal Express, 1970 (1905), 505 p.
* {{ouvrage|langue=en|prénom1=Grace Lee|nom1=Nute|titre=Caesars of the Wilderness|éditeur=D. Appleton-Century|lieu=New York|date=1943|pages totales=386|isbn=}}
*Benjamin Sulte, ''Les coureurs des bois au Lac Supérieur, 1660'', Ottawa, Société royale du Canada, 1911.
* {{ouvrage|prénom1=Grace Lee|nom1=Nute|titre=The Voyageur|=éditeur=Minnesota Historical Society|lieu=Saint-Paul|date=1955|pages totales=289|isbn=}}
*Marcel Trudel, « Pêcheur basques et la traite de la fourrure dans le Saint-Laurent au {{s-|XVI}} », dans Bruce G. Trigger, Toby Morantz et Louise Dechêne, dir., ''Le castor fait tout : choix de textes présentés à la {{5e}} conférence Nord-américaine sur la fourrure'', Montréal, Société historique du Lac Saint-Louis, 1985, p. 14-24.
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*{{Article|prénom1=Thomas|nom1=Wien|titre=Compte-rendu de l’œuvre de Martin Fournier, 2001|périodique=RHAF|date=2003|volume=57|numéro=2|pages=278-280}}.
* Jeanne Pomerleau, ''Les Coureurs de bois : la traite des fourrures avec les Amérindiens'', Sainte-Foy, Éditions Dupont, 1994, 143 p.
*{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Le Pérou éphémère|sous-titre=termes d'échanges et éclatement du commerce des franco-amérindien, 1645-1670|périodique=Vingt ans après Habitants et marchands : lectures de l'histoire des {{s2-|XVII|XVIII}} canadiens|lieu=Montréal|éditeur=McGill-Queen's University Press|date=1998|pages=160-188|lire en ligne=|consulté le=2020-09-01}}.
* Émile Salone, ''La Colonisation de la Nouvelle-France, étude sur les origines de la nation canadienne-française'' Trois-Rivières, Boréal Express, 1970 (1905), 505 p.
*{{Article|auteur1=Thomas Wien|titre=Familles paysannes et marché de l'engagement pour le commerce des fourrures au Canada au {{s-|XVIII}}|directeur2=oui|périodique=dans Famille et marché. {{sp-|XVI|-|XX}}|pages=167-172|lieu=Québec|éditeur=Éditions du Septentrion|date=2003}}.
* Benjamin Sulte, ''Les coureurs des bois au Lac Supérieur, 1660'', Ottawa, Société royale du Canada, 1911. 15 images (microfiche).
* {{Article|langue=fr|prénom1=Thomas|nom1=Wien|titre=Carrières d’engagés du commerce des fourrures canadien au {{s-|XVIII}}|auteur2=Anne-Lise Head-König|directeur2=oui|périodique=Marchés, migrations et logiques familiales dans les espaces français, canadien et suisse, 18{{e}}-20{{e}} siècles|éditeur=|lieu=Berlin|année=2005|pages=133-145|isbn=}}.
*{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Les temps de l'engagement|sous-titre=La main-d'œuvre du commerce canadien des fourrures entre le calendrier agricole et commercial au {{s-|XVIII}}|périodique=Familles, Terres, Marchés : logiques économiques et stratégies dans les milieux ruraux ({{sp-|XVII|-|XX}}s). Actes du colloque ''France-Québec-Suisse''|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|date=2004|isbn=978-2-86847-949-5|oclc=1015982797|pages totales=278|format=24 cm}}.
*{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Carrières d'engagés du commerce des fourrures canadien au {{s-|XVIII}}|périodique=Marchés, migrations et logiques familiales dans les espaces français canadien et suisse, {{s2-|XVIII|XX}}. Actes du colloque ''Familles, marchés et migrations ({{s2-|XVIII|XX}})'' organisé à Genève en sept. 2003|lieu=Berne|éditeur=Peter Lang|date=2005|pages=133-145|isbn=978-3-03910-497-0|oclc=470209037|format=1 v. (321 p.) : illustrations ; 23 cm}}.
* Marcel Trudel, ''Histoire de la Nouvelle-France. tome II : Le comptoir 1604-1627''. Montréal, Fides, 1966, 554 p.
*{{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|titre=Vie et transformation du coureur de bois|périodique=Mémoire de Nouvelle-France : De France en Nouvelle-France. Textes présentés lors d'un colloque organisé par GERHICO et CFQLMC tenu le 26-30 sept. 2001 à l'Université de Poitiers et à l'Université de La Rochelle|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|année=2005|pages=167-178|date=|isbn=978-2-86847-853-5|oclc=70796230|format=24 cm}}.
* Marcel Trudel, ''Catalogue des immigrants : 1632-1662'', Montréal, Hurtubise HMH, 1983, 569 p.
* Marcel Trudel, « Pêcheur basques et la traite de la fourrure dans le Saint-Laurent au {{s-|XVI}} ». Bruce G. Trigger, Toby Morantz et Louise Dechêne, dir. ''Le castor fait tout : choix de textes présentés à la {{5e}} conférence Nord-américaine sur la fourrure'', Montréal, Société historique du Lac Saint-Louis, 1985, p. 14-24.
* {{Article|prénom1=Thomas|nom1=Wien|titre=Compte-rendu de l’œuvre de Martin Fournier, 2001|périodique=RHAF|date=2003|volume=57|numéro=2|pages=278-280}}.
* {{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Sylvie Dépatie, Catherine Desbarats, Danielle Gauvreau et al.|directeur2=oui|titre=Le Pérou éphémère|sous-titre=termes d'échanges et éclatement du commerce des franco-amérindien, 1645-1670|périodique=Vingt ans après Habitants et marchands : lectures de l'histoire des {{s2-|XVII|XVIII}} canadiens|lieu=Montréal|éditeur=McGill-Queen's University Press|volume=|numéro=|date=1998|pages=160-188|issn=|lire en ligne=|consulté le=2020-09-01|id=}}.
* {{Article|auteur1=Thomas Wien|titre=Familles paysannes et marché de l'engagement pour le commerce des fourrures au Canada au {{s-|XVIII}}|auteur2=Christian Dessurealt, John A. Dickinson et Joseph Goy|directeur2=oui|périodique=Famille et marché. {{sp-|XVI|-|XX}}|pages=167-172|lieu=Québec|éditeur=Éditions du Septentrion|date=2003}}.
* {{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Gérard Béaur, Christian Dessureault et Joseph Goy|directeur2=oui|titre=Les Temps de l'engagement|sous-titre=La Main-d'œuvre du commerce canadien des fourrures entre le calendrier agricole et commercial au {{s-|XVIII}}|périodique=Familles, Terres, Marchés : logiques économiques et stratégies dans les milieux ruraux ({{sp-|XVII|-|XX}}s). Actes du colloque ''France-Québec-Suisse''|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|date=2004|isbn=978-2-86847-949-5|oclc=1015982797|pages totales=278|format=24 cm}}.
* {{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Luigi Lorenzetti, Anne-Lise Head-König et Joseph Goy|directeur2=oui|titre=Carrières d'engagés du commerce des fourrures canadien au {{s-|XVIII}}|périodique=Marchés, migrations et logiques familiales dans les espaces français canadien et suisse, {{s2-|XVIII|XX}}. Actes du colloque ''Familles, marchés et migrations ({{s2-|XVIII|XX}})'' organisé à Genève en sept. 2003|lieu=Berne|éditeur=Peter Lang|date=2005|pages=133-145|isbn=978-3-03910-497-0|oclc=470209037|format=1 v. (321 p.) : illustrations ; 23 cm}}.
* {{Article|langue=fr|auteur1=Thomas Wien|auteur2=Philippe Joutard et Thomas Wien|directeur2=oui|titre=Vie et transformation du coureur de bois|périodique=Mémoire de Nouvelle-France : De France en Nouvelle-France. Textes présentés lors d'un colloque organisé par GERHICO et CFQLMC tenu le 26-30 sept. 2001 à l'Université de Poitiers et à l'Université de La Rochelle|lieu=Rennes|éditeur=Presses Universitaires de Rennes|année=2005|pages=167-178|isbn=978-2-86847-853-5|oclc=70796230|format=24 cm}}.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
*[[Étienne Brûlé]]
* [[Voyageur (fourrure)|Voyageur]], [[Trappeur]].
*[[Castor du Canada|Castor]]
* [[Histoire du commerce de la fourrure au Québec]].
*[[Compagnie du Canada]]
* [[Héritage français dans la région de Pittsburgh]]
*[[Pays-d'en-Haut]]
*[[Voyageur (fourrure)|Voyageur]]
*[[Pierre-Esprit Radisson]]
*[[Traite de fourrures|Traite des fourrures]]
*[[Trappeur]]
*[[Histoire du commerce de la fourrure au Québec]]
*[[Héritage français dans la région de Pittsburgh]]


=== Liens externes ===
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* {{Lien web|langue=fr|url=http://www.onf.ca/film/canada_vignettes_coureurs_des_bois|titre=Canada vignettes : coureurs des bois|année=1978|site=ONF.ca}}
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Représentation romantique d’un coureur des bois dans le tableau La Vérendrye at the Lake of the Woods de Arthur H. Hider, v. 1900-1930.

Un coureurs des bois [1] est, en Nouvelle-France, un colon indépendant qui pratique la traite des fourrures. Avant eux, les Autochtones d'Amérique avaient, pour seuls interlocuteus européens, les interprètes des compagnies marchandes, puis les missionnaires et leurs domestiques.[réf. souhaitée]

Ils se déplacent sur de longues distances, en canot, entre la vallée du Saint-Laurent et l’intérieur du continent, le plus souvent dans la région des Grands Lacs. Ils hivernent parfois avec les populations locales, troquent des vêtements, des haches, des fusils, des chaudrons contre des peaux de castor, d’orignal, de caribou, etc.[réf. souhaitée]. Après la paix franco-iroquoise de 1653 et 1667, les routes vers l’Ouest deviennent plus sûres pour les Français et leurs alliés. Les coureurs de bois se font plus nombreux, et le centre de gravité du commerce franco-autochtone se déplace vers l'ouest[réf. souhaitée]. L'abondance de fourrures sur le marché européen menace l’économie de la Nouvelle-France. En 1681, Colbert instaure un système de congés de traite destiné à la freiner, mais sans succès: dès 1696, ce système est révoqué par Louis XIV, qui fait fermer presque tous les postes de la colonie.

Les religieux et les administrateurs coloniaux considèrent les coureurs de bois comme associés à l’illégalité, aux mœurs dissolues, au banditisme et à la contrebande avec les Anglo-hollandais de Fort Orange. Le terme coureur de bois s’efface au cours du XVIIIe siècle au profit de celui de voyageur puis d’engagé. Le commerce s’organise autour de marchands ou d’officiers militaires qui emploient des voyageurs pour faire la traite avec les Autochtones des Pays d’en haut. La course de bois se poursuit après la Conquête en 1763. Elle est monopolisée par deux grandes compagnies avant de péricliter au XIXe siècle.

Évolution de la traite des pelleteries franco-autochtone[modifier | modifier le code]

Au début du XVIIe siècle, la présence coloniale française dans la vallée du Saint-Laurent se limite à quelques dizaines d'hivernants gardant les postes de pêche et de traite comme celui de Tadoussac ou de Québec. Les traiteurs autochtones apportent des peaux en provenance de leurs réseaux commerciaux qui s'étendent très loin, à l’intérieur du continent, bien au-delà de la vallée du Saint-Laurent. Les premiers truchements français accompagnent les convois de canots autochtones.

Les prémices de la course de bois, 1534-1610[modifier | modifier le code]

Le troc a été une activité pratiquée par les Premières Nations pendant des millénaires. Un réseau de commerce relativement bien structuré existait en Amérique bien avant l'arrivée des Européens[2]. Cela est confirmé dès les premiers épisodes d'échanges entre Autochtones et pêcheurs basques dans le golfe du Saint-Laurent[n 1]. En 1534, l’explorateur Jacques Cartier note pour sa part qu'une douzaine d'Autochtones vinrent « aussi franchement à bort de noz navires comme s'ilz eusent esté françoys[3]». Dans les années 1580, le commerce franco-autochtone prend de l’ampleur. À partir de 1600, ce commerce est consolidé par l'établissement de postes (Tadoussac en 1600, Port-Royal en 1605, Québec en 1608) où les traiteurs autochtones échangent des couteaux, des chaudrons de cuivre, des perles et des textiles contre des fourrures[4].

Les truchements chez les Autochtones (1610-1630)[modifier | modifier le code]

De jeunes Français hivernent chez les Wendats, les Algonquins, les Innus et les Népissingues afin d'apprendre leur langue et servir d'intermédiaires linguistiques dans le commerce des fourrures. Ils sont appelés truchements[5].

Parmi les premiers truchements, Étienne Brûlé se porte volontaire à l'été 1610 pour hiverner chez les Wendats et apprendre leur langue. Il accompagne quelque 200 Wendats et Algonquins au Sault Saint-Louis à l’été suivant, avant de repartir hiverner en Huronie.

Les compagnies marchandes détentrices du monopole de la traite attribuent aux truchements un rôle précis, celui d'« entretenir [l’amitié des] Sauvages & les amener tous les ans à la traite[6] ». Ces jeunes Français auront en plus l'occasion de se familiariser avec la culture et les pratiques autochtones, comme la chasse, le maniements du canot et l'utilisation des raquettes. Ils sont autorisés à acquérir des peaux pour les revendre à leur profit.

Outre Étienne brûlé, l'historien Gilles Havard identifie une vingtaine de truchements parmi lesquels on retrouve Olivier Letardif, Jean Nicollet, Nicolas Marsolet et Jean Richet, dit gros-Jean de Dieppe[7]:27. Plusieurs d’entre eux demeurent avec leurs hôtes autochtones au moment où Québec est capturée par les frères Kirke (1629-1632).

Étienne Brûlé se porte volontaire pour hiverner en Huronie en 1610. Il y passera la majeure partie de sa vie comme truchement. Cette plaque commémorative en son honneur se trouve à Old Mill, Toronto.

Les truchements comme Étienne Brûlé et Nicolas Marsolet hésitent à transmettre leurs connaissances des langues autochtones aux missionnaires. Les Jésuites multiplient les plaintes à leur égard. Champlain fait de même, surtout quand il apprend que certains truchements ont aidé les frères Kirke pendant leur administration de Québec entre 1629 et 1632. Il dénonce en particulier « la mauvaise vie que la plupart des Français avaient menée en ce pays des Hurons, et entre autres le truchement Brûlé[8]».

Après leur retour à Québec en 1632, les Jésuites prennent le contrôle de la relation des Français avec les Wendats. Les intermédiaires, comme les truchements, ne sont dès lors plus essentiels. Pour les inciter à regagner la colonie, plusieurs se voient accorder des terres. C'est le cas de Marsolet qui obtient la seigneurie Bellechasse en 1637. La même année, Jean Nicolet hérite pour sa part d'un fief avec Olivier Letardif. Il se marie avec l'une des filles de Guillaume Couillard et de Guillemette Hébert[9]. Les laïcs qui demeurent en pays autochtones sont désormais sous la tutelle des jésuites, à l’instar de Pierre Boucher, qui habite la Huronie de 1637 à 1641[10].

Les truchements ne sont pas les premiers coureurs de bois à proprement parler. Mais ce sont eux qui développent les relations avec les Autochtones.

Le « Pérou » de la course de bois, 1645-1667[11][modifier | modifier le code]

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Montréal commence à jouer un rôle important dans le commerce des fourrures. Entre 1645 et 1667, les déplacements des Français et leurs alliés entre la vallée du Saint-Laurent et le bassin des Grands Lacs s'avèrent périlleux en raison des tensions avec les Iroquois. À cette époque, l'insécurité est si grande que les traiteurs autochtones hésitent à se déplacer vers la vallée du Saint-Laurent avec leurs peaux. Cette situation est désastreuse pour l'économie de la colonie canadienne qui repose en partie sur l'exportation des pelleteries. Pour contrebalancer l'instabilité du marché causé par les guerres iroquoises, « la liberté de traite est réaffirmée par un arrêt du 5 mars 1648 [qui] autorise les colons à se rendre parmi les Amérindiens de l'intérieur pour en rapporter des pelleteries[7]:36 » et à former une « milice destinée à protéger les convois hurons apportant les fourrures[12] ». Ce droit des colons de pouvoir commercer avec les Autochtones est confirmé vers 1651-1652. Cette nouvelle politique s'avère d'une importance capitale dans le développement de la course des bois, car la concession du droit de traite aux habitants permet la rétention d'engagés motivés par l'aspect financier.

Cependant, la traite des fourrures reste, en théorie, réservée aux habitants domiciliés en Nouvelle-France. Ces derniers voient d'un mauvais œil les concurrents qui effectuent un passage éphémère dans la colonie et inondent le marché de produits à prix modiques, ce qui a pour conséquence de faire augmenter le prix des fourrures. En juillet 1654, le gouverneur de Trois-Rivières, Pierre Boucher, s'insurge contre cette pratique de traite déloyale qui affecte le commerce local :« [P]lusieurs des Français desquels mesme la plupart ne sont point habitans ny permanents en ce pays mais passagers donnent des marchandises à qui plus vil prix aux dits Sauvages à l'envy les uns des autres pour attraper du castor ce qui causeroit la ruyne de la traite veu que les Sauvage ayans eu des marchandises à vil prix n'en voudroient achepter à prix raisonnable[13]:160-188. »

Après la chute de la Huronie en 1650 et la paix franco-iroquois de 1653, certains vont en effet traiter directement avec les Autochtones en amont des lieux de rencontre établis que sont Trois-Rivières et Montréal. Au même moment, le commerce de l’alcool commence à prendre une place plus importante[13]:164. L’historien Thomas Wien explique quant à lui ce déplacement du commerce vers l’Ouest par la concurrence de plus en plus vive entre marchands français [due à la liberté de traite chez les habitants] et la faiblesse de la demande des Autochtones pour des objets européens[14].

Carte du pays des Hurons vers 1639-1648 attribuée au jésuite Jérôme Lalemant.

Parmi ces pionniers de la course, on retrouve Médard Chouart Des Groseillers et son beau-frère, Pierre-Esprit Radisson[n 2]. Seuls ou en convois, ils explorent la région du lac Supérieur et de la baie d'Hudson, avant de se mettre au service de l'Angleterre, en étant intimement liés à la fondation de la Hudson's Bay Compagny, toujours en activité au début du XXIe siècle[13]:167.

Ainsi, selon l'historien Gilles Havard, ces facteurs, combinés à « la conjonction entre la concurrence de plus en plus vive entre Français [due à la liberté de traite chez les habitants] et la faiblesse de la demande des Amérindiens, liée à leur réticence structurelle vis-à-vis de l'encombrement matériel, explique [donc] l'appel d'air de la course de bois[7]:55 ».

L'anarchie, 1667-1681[modifier | modifier le code]

Les explorations conduites par Des Groseillers et Radisson modifient profondément la pratique de la traite en Nouvelle-France. Elles entraînent l'apparition de groupes d'hommes spécialisés dans le voyage, le transport et le commerce des fourrures. Si ces activités débutent dans les années 1650, c'est surtout après la paix franco-iroquoise de 1666-1667, qui permet « d'atténuer l'insécurité sur la rivière des Outaouais[7]:53 », que des Français et des Canadiens s'enfoncent en plus grand nombre dans le territoire Nord-américain afin de trouver de nouveaux partenaires commerciaux[7]:64.

Certains contournent les taxes prélevées sur les peaux en allant porter leurs marchandises au comptoir des Anglo-hollandais à Albany. Cette pratique illégale est mentionnée de plus en plus fréquemment dans les documents de l’époque. Cela marque, d’une certaine manière, la naissance des coureurs de bois[15]. Après 1667, on considère l’activité de traiteurs comme un facteur de ralentissement du développement de la société laurentienne et la source de plusieurs problèmes dans la colonie. Le secrétaire de l'intendant Talon, Jean-Baptiste Patoulet, prend soin de souligner cette réalité en janvier 1672 :

« [D]es gens vagabons qui ne se marient pas [avec des Françaises], qui ne travaillent jamais au défrichement des terres qui doit estre la principale application d'un bon colon et qui commettent une infinité de désordres par leur vie licentieuse et libertine [...]. Ces hommes vivants toujours à la manière des Sauvages s'en vont à cinq ou six lieües au dessus de Québec pour troquer des paux que ces barbares apportaient eux-mesmes dans nos habitations[7]:59. »

Détail d’une peinture représentant Monseigneur de Laval, 1700. Celui-ci s’oppose au gouverneur Frontenac au sujet de l’utilisation de l'alcool dans la traite des fourrures franco-autochtones.

Cette situation est une conséquence de l'apparente fugacité de la législation en Nouvelle-France. Le gouvernement colonial cherche donc des solutions au « problème des coureurs de bois ». Or, même si les individus qui pratiquent la traite clandestine et la vente d'alcool sont condamnés sévèrement, il semble toujours y avoir trop d'hommes qui délaissent la terre pour s'enfoncer dans la profondeur des bois. Un problème connexe retient l’attention des autorités, celui de la vente de l’alcool aux Autochtones. Ainsi, si l'intendant Jacques Duchesneau se range du côté de l'évêque Monseigneur de Laval sur le problème de la vente d'alcool aux Autochtones, le gouverneur Louis de Buade, comte de Frontenac pensait avant tout au commerce. Pour lui, si les trafiquants français ne disposaient pas de cognac pour mener à bien leurs transactions, les Autochtones se tourneraient vers « les Anglais qui n’avaient aucun scrupule à leur fournir du rhum[16]».

Cette perception négative des coureurs de bois, qui naît entre 1667 et 1681, est nuancée par les historiens Havard et Dechêne. Pour Havard, le coureur de bois demeure un « bouc-émissaire des ratés de la colonisation[7]:101 ». Bien des problèmes sont attribués à la course de bois surtout depuis qu'elle est pratiquée par bon nombre d'habitants depuis l'édit de 1648 et que l'étendue du territoire ne favorise pas le respect des lois et de l'autorité royale en dehors des zones habitées[17]:217. D'ailleurs, la concurrence commerciale des Anglais, installés à Albany et à la baie d'Hudson, alimente un certain sentiment de suspicion des administrateurs français à l'égard de la traite effectuée par les habitants. Ils y voient une possibilité d'évasion monétaire car il leur est impossible de prélever la taxe du quart des fourrures qui ne sont pas rendues dans leurs magasins. De plus, les Anglo-hollandais offrent de meilleurs prix pour les peaux et, contrairement aux Français, n'hésitent pas troquer des armes à feu et de l'alcool aux Autochtones en échange de fourrures.

Congé de traite accordé par Charles Lemoyne III, gouverneur de Montréal, le 23 avril 1726 à Louise Bizard pour un canot de provisions et cinq hommes à destination du poste des Miamis (Ohio) et Ouyatanons (Indiana)[18].

Une réglementation est instaurée afin d'encadrer ceux qui iront chercher les fourrures dans les régions éloignées et d'éviter qu'ils passent par Albany plutôt que Montréal ou Québec. Le 2 mai 1681, un édit du roi instaure le système des congés de traite. Il interdit de faire le commerce avec les Autochtones « dans la profondeur des bois », sauf pour ceux qui en ont l'autorisation. Vingt-cinq congés de traite sont délivrés annuellement, gratuitement, par le gouverneur, avec l'accord de l'intendant. Chaque congé permet le déplacement d'un canot de marchandises dans l'Ouest, manœuvré par trois hommes. Ce congé peut également être vendu au tarif de 1000 livres selon le témoignage de l'intendant Raudot. L'édit menace les traiteurs sans permis d'être fouettés et marqués au fer, voire d'être condamnés aux galères à perpétuité[19].

La mise en place d'un tel cadre marque la naissance d'un univers professionnel autorisé pour les individus qui pratiquent la course de bois. Désormais, les hommes qui sont autorisés à aller traiter avec les nations autochtones de l'intérieur du continent sont choisis, au même titre que les marchandises qu'ils transportent. Ce cadre réglemente, entre autres, le commerce d'eau-de-vie et fait en sorte que les coureurs de bois « ne donn[ent] aucun sujet de plainte dans leur service chez les sauvages[7]:108. » Enfin, cette nouvelle réalité permet de faire oublier la connotation négative qui entourait le coureur de bois jusque-là. Bien que quelques marginaux continuent leurs pratiques, l'expression « coureurs de bois » commence à s’effacer progressivement du langage étatique au profit de dénominations telles que voyageurs, traiteurs ou marchands-voyageurs[7]:231,[20]:181.

Voyageurs, coureurs ou pagayeurs ? (1681-1763)[modifier | modifier le code]

Le fait d’encadrer le voyage et d'envoyer des hommes dans la profondeur des bois permet de stabiliser l'offre et la demande en fourrure. Cette nouvelle façon de se procurer des fourrures devient tellement efficace, qu'on observe une période de surexploitation à la fin du XVIIe siècle. À partir de 1696, le roi interdit donc aux colons canadiens de voyager dans la profondeur des bois jusqu'à la reprise vers 1715. Après le désengorgement du commerce des fourrures au début du XVIIIe siècle, l'activité des coureurs de bois reste encadrée par les congés de traite. Désormais, les individus qui possèdent un congé se démarquent des commerçants illégaux.

Pourquoi la course de bois? (1681-1715)[modifier | modifier le code]

C'est donc pour lutter contre la clandestinité que le gouvernement colonial est contraint de légiférer. Le congé de traite encadrera dès lors l'activité des coureurs de bois jusqu’à la fin du Régime français. Pour répondre notamment à la demande en pelleteries des chapeliers français et assurer la défense de la colonie française, une série de forts sont érigés sur le territoire des Grands Lacs et dans la vallée du Mississippi. À titre d'exemple, on peut nommer Détroit, Michillimakinac et le fort Saint-Louis au Pays des Illinois[7]:109. » La multiplication de ces postes éloignés est à la base d'une professionnalisation du voyage et d’une colonisation centrée sur le commerce des fourrures.

D'ailleurs, l'activité des coureurs de bois entraîne une excellente rentabilité. Cela est le fruit de « [l]'assurance pour les marchands d'écouler à prix fixe leur production, l'illégalisme généralisé, l'ouverture à la traite du Pays des Illinois [Louisiane], [et] l'élimination provisoire de la concurrence anglaise de la baie James[7]:118. » Cumulé à l'efficacité des coureurs de bois, le commerce des fourrure entre alors dans une période de surproduction. De 1697 à 1715, seuls les principaux forts sont maintenus. Malgré cela, plusieurs individus continuent de ramener des fourrures clandestinement. On observe aussi durant cette période l'enracinement d'une culture du voyage dans la société canadienne et une sorte de banalisation des illégalités reliés à la traite[7]:127.

La carrière des « employés » de la traite après 1715[modifier | modifier le code]

Pierre Le Royer, coureur de bois canadien-français, au retour d'une expédition en 1889.

Après un épisode de surproduction, la course reprend de plus bel. Cette fois, elle évolue dans un environnement mieux organisé. On remarque d'abord une recrudescence des contrats entre employeur et engagé entre 1720 et 1763.

Un simple engagé, pagayeur ou voyageur n’est pas autorisé à commercer dans les postes. En effet, ce rôle revient plutôt aux marchands ou aux détenteurs de permis de traite qui les emploient.

L’historien Gratien Allaire a donné un bon aperçu du contenu des archives notariales à leur sujet pour la période 1701-1745. Il recense près de 23 métiers différents pratiqués par des personnes liées à la course de bois[21]:123. Par ailleurs, Allaire remarque une augmentation des contrats notariés signés entre marchands et voyageurs surtout entre 1715 et 1721[21]:409.


Le témoignage du chapelier parisien Louis Guigues donne un bon aperçu de la traite au début du XVIIIe siècle :

« Un particulier achète un congé qu’il paye très cher, il le vend à sept ou huit personnes qui se joignent ensemble pour aller à la Course. Ces gens qui sont proprement des vagabonds sans feu ny lieu s’obligent à en payer le prix en castor […] ils traittent avec un ou plusieurs marchands d’une quantité d'eau de vie et autres marchandises pour emporter avec eux, payable à leur retour en castor à un prix convenu[7]:128-129. »

Les coureurs de bois sont davantage des engagés de la traite que des traiteurs clandestins, car de nombreux engagés voyagent sous le commandement d’un officier ou d'un marchand-voyageur qui s'assure de la validité du permis et vérifie l'état des cargaisons destinées aux Pays-d'en-Haut. De plus, comme le souligne l'historien Gilles Havard, « ces hommes sont sommés de faire leur traite uniquement dans les postes [...], sous les yeux des commandants[7]:237. » Bien que cette réglementation ne soit pas appliquée au sens strict, on observe néanmoins une régulation des voyages par l'État dans l'optique de limiter les comportements qui seraient inappropriés et surtout, la contrebande issue de coureurs de bois « illégaux ».

« Frs. Mercier, célèbre voyageur canadien » (1871), gravure tirée du périodique canadien-français L'Opinion publique.

Les sources laissent aussi entendre qu’il y a une hiérarchie au sein des groupes de voyageurs. Les convois semblent souvent se diviser entre les individus expérimentés et moins expérimentés, entre les guides, ceux qui ont passé plusieurs hivers dans les postes éloignés, et les engagés de provenances diverses et parfois inexpérimentés. On peut déterminer l'expérience des membres d’une expédition par la place qu'ils occupent à l'intérieur du canot. Les hommes de « devant » et du « gouvernail » sont généralement les plus anciens et commandent les convois de canots alors que les « milieu » sont les voyageurs semi-réguliers[22]:263. Entre eux, on retrouve les individus moins expérimentés qui détiennent le titre de « second devant » ou de « second derrière ». Souvent issus du milieu agricole, ces derniers n'effectuent qu'un ou deux voyages au cours de leur vie.

Un convoi est généralement composé d'équipage de 5 à 9 hommes. Au XVIIIe siècle, ils proviennent de la région de Montréal dans une proportion de près de 80 %[22]. Enfin, ces convois sont majoritairement constitués d’une flottille qui oscille entre 4 et 6 canots prêtés et équipés par un marchand-équipeur ou une société de voyageurs qui s'engage pour une durée variable auprès d'un marchand-équipeur[23]:167-172.

En ce qui concerne la composition sociale des convois de coureurs de bois, Louise Dechêne a établi un inventaire pour la période 1708-1717. Elle a recensé 668 engagés, dont 448 voyageurs indépendants et 220 engagés qui font au moins un voyage dans les Pays-d'en-Haut[17]:217-220. Bien que l'origine socioéconomique des engagés varie pour la grande région de Montréal, 470 personnes sont des immigrants de deuxième génération et 116 de troisième génération. Les Canadiens sont donc nettement majoritaires : 586 sur les 668 engagés à faire le voyage entre 1708 et 1717. Pour les 82 individus restants, on dénombre 5 Autochtones, 39 nouveaux immigrants et 38 d'origine inconnue. Ceci totalise près de 1120 départs pour l'Ouest, toutes nationalités confondues. De ces départs, l'historienne Dechêne conclut que la plupart durent environ quatre mois et s'effectuent surtout lors de la période estivale. Cela a été confirmé par l'historien Thomas Wien qui a démontré que le marché de l'engagement est bel et bien saisonnier et qu'il concorde avec le calendrier agricole canadien. À son avis, le marché est caractérisé par « l'interaction des deux principaux secteurs de l'économie canadienne: l'agriculture et le commerce des fourrures[22]:261. »

Enfin, grâce au dépouillement des minutes notariales, Gratien Allaire a dénombré près de 5964 départs pour l'ouest entre 1701 et 1745[24]:5. Ces données illustrent que la course de bois constitue une valeur normative au sein de la société canadienne du XVIIIe siècle et « le débouché extra-agricole le plus important pour la main-d'œuvre rurale[22]:261 », qui compose près de 80 % de la population laurentienne.

Familles paysannes et spécificités de l'engagement, 1715-1763[modifier | modifier le code]

Plusieurs Canadiens vont pratiquer au moins une fois la course de bois depuis que le commerce des fourrures a été ouvert aux habitants en 1645. Beaucoup sont prêts à s'engager dans le voyage malgré les risques de noyade et de mort. Dechêne a démontré que la majorité des individus qui s'engagent pour un aller-retour dans les différents postes de traites proviennent de la vallée du Saint-Laurent et qu'ils sont issus du secteur agricole[17]:224. Elle estime que la région des Trois-Rivières totalise près de 54 % du bassin d'engagés alors que la grande région de Montréal compte entre 21 et 30 % des individus recensés au cours de la période. L'apport des autres régions de la société laurentienne oscille entre 16 et 25 %[17]:220-1.

Wien croit que l'on peut caractériser l'habitant canadien comme quelqu'un « d'apparemment distrait [et] très ouvert aux propositions venant d'autres secteurs[22]:262. » Or, l'alternance des voyages se fait surtout entre le printemps et l'automne, soit entre l'ensemencement et la récolte. Cette réalité peut s'expliquer par la faiblesse de la production agricole de plusieurs terres, encore vouées à l'autosuffisance. Certains engagés peuvent profiter de leur jeunesse et des offres qui se présentent à eux pour amasser une somme suffisante à l'achat d'une terre. Il est aussi possible que les enfants de familles nombreuses restent sur la terre familiale le temps des semences avant de quitter pour effectuer des voyages dans les postes de traite[23]:172-173.

Nature des échanges et rémunération[modifier | modifier le code]

On retrouve quantité d’informations sur les voyageurs dans les contrats d’engagement. Passer un accord par devant notaire donne un recours légal à l'employeur qui verrait ses employés se désister et inversement, à l'engagé qui a « l’assurance de se faire verser son plein salaire à la fin du voyage[22]:266. »

Salaire et distances parcourues selon la destination et la fonction des engagés[22]:272.

La rémunération semble ainsi être l'une des principales motivations du voyage, car « l'engagé qui faisait un aller-retour au cours de l'été, était bien mieux payé qu'un journalier ou qu'un autre travailleur manuel[22]:171 ». Or, le montant du salaire est déterminé par l'expérience du voyageur. En effet, un engagé peu qualifié pouvait espérer toucher entre 150 et 200 livres par année, payable en peaux de castor qu'il devait revendre dans les magasins de la compagnie[17]:226-7. Ceci est valable pour les destinations moins éloignées comme Détroit. Les voyageurs plus expérimentés reçoivent entre 300 et 400 livres. Les postes de guides ou de « bout » sont rares. Ce sont pour la plupart de véritables professionnels de la traite.

Par exemple, prenons le cas de François Lanthier qui accumule les employeurs et les contrats[25]:138. Voyageur expérimenté, il conclut d'abord un accord avec le marchand Trottier Desrivières en 1746, avant de réapparaître en 1749, associé avec un autre individu. Ensuite, il s'engage en 1752 auprès de Charles Héry « par devant notaire à hiverner au poste de Témiscamingue[25]:138-139. » Ainsi, entre 1746 et 1757, l’engagé effectue près de cinq voyages en onze années, soit aux trois ans en moyenne, pour cinq employeurs différents. Lanthier fait, selon les notaires, « figure de loyal serviteur, passant jusqu'à six ans dans l'emploi de Trottier [...][25]:137-139. » Autrement, c’est le salaire promis par l'employeur qui motive le voyageur à s'engager pour cinq voyages avec cinq employeurs différents durant cette période. L'exemple de Lanthier illustre bien la réalité d'un engagé expérimenté au XVIIIe siècle.

Plus encore, selon l'historien Wien, « dans les 92 cas où les documents permettent de suivre des engagés mettant le cap sur la même destination au pays des Amérindiens deux années de suite (en changeant de maître ou non), ces travailleurs voient leur salaire augmenter 67 fois. Parmi les seuls hommes qui voyagent pour le même marchand pendant deux années consécutives, une proportion un peu moins élevée, soit 11 sur 17, améliore son sort à ce chapitre. En tenant compte uniquement des hausses, le changement moyen atteint 12 %[25]:140. »

Wien démontre que le salaire des engagés de la traite est loin d'être inamovible et l'influence dans ses choix professionnels. Aussi, la rémunération change selon la destination. Les engagés qui voyagent jusqu’à Détroit sont moins expérimentés et donc, moins bien payés. On remarque une propension plus élevée de voyageurs inexpérimentés à faire un aller-retour Montréal-Détroit que pour un poste plus éloigné comme Michillimakinac[22]:271. Selon son expérience ou la destination, un engagé peut donc espérer voir son salaire augmenter considérablement entre le moment où il effectue son premier voyage et la fin de sa carrière. Les plus expérimentés, les guides ou les hivernants, obtiennent certainement davantage, mais contre un plus grand effort et une plus longue période passée à l’intérieur du continent.

Les marchandises prêtées par les marchands-équipeurs sont transportés en canot sur de très longues distances. Par exemple, on peut compter « deux ballots totalisant presque 200 livres, supportés par une sangle tenue autour de la tête, qu'il faut transborder dans les portages et porter des journées entières quand les rivières sont à sec[17]:227. » Lorsque tout va bien, on espère ramener suffisamment de fourrure pour rembourser le prêt des articles qui ont servi à la traite et gagner la confiance de son employeur en vue d'un deuxième voyage. Les marchandises transportées « rapporte[nt] ordinairement 700 % de profit[17]:163. »

Pratique dans la colonie, il n’est pas rare de voir un marchand-équipeur payer ses engagés en pelleteries qui pourront être échangées contre de la monnaie de carte ou des lettres de change dans l’un des magasins de la colonie.

Volontaires et « petite guerre »[modifier | modifier le code]

Les conditions difficiles du voyage permettent de former des hommes robustes, courageux et familiers des combats en forêt. Ils empruntent rapidement de pratiques de nations autochtones, notamment la guerre d'embuscade appelée « petite guerre[7]:177. » En outre, ces caractéristiques font du coureur de bois un candidat idéal pour accompagner des expéditions militaires à l'intérieur du continent nord-américain.

Si la participation des coureurs de bois aux expéditions militaires n'est pas marginale, elle reste relativement peu fréquente pendant l’épisode de paix de 1713 à 1744. Ils ne seront jamais organisés en contingents autonomes à l'image des milices et des compagnies franches de la Marine. Or, on peut compter plusieurs Canadiens parmi les troupes de Pierre Le Moyne d'Iberville pendant ses nombreuses batailles et lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg à la fin du XVIIe siècle. S'il est vrai que quelques Canadiens, « qui ne peuvent résister à l'appel des courses lointaines », accompagnent le chevalier de Troyes lors de son expédition contre les Anglais de la Baie d'Hudson en 1686, ils ne dépassent pas la trentaine d'individus[26]. Par conséquent, le rôle de guerrier des coureurs de bois semble presque anecdotique. Celui-ci demeure, avant tout, un professionnel du voyage et de la traite des pelleteries et cette image du guerrier des bois rompu à toutes les ruses tire ses racines de l'historiographie qui a plus tard été remise en question, notamment par Louis Dechêne.

Liste non-exhaustive de coureurs de bois connus[modifier | modifier le code]

Étienne Brûlé, Louis Joliet, Médard Chouart des Groseilliers, Pierre-Esprit Radisson, Jean Nicolet, Alphonse Dedans et son fils Paul Guillet, Jean‐Baptiste Cuillerier, Jacques de Noyon et La Vérendrye, Paul Provencher, Michel Pageau et André-François Bourbeau, Toussaint Charbonneau.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Dans la littérature

  • Léo-Paul Desrosiers, Les engagés du Grand Portage, Paris, Gallimard, 1938.
  • The Big Sky (1947) d'A. B. GuthriePublié en français sous le titre La Captive aux yeux clairs, Paris, Denoël, 1947 ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « L’Ouest, le vrai », 2014.

Dans la bande dessinée

  • Le tome 26 de la série Les Tuniques bleues de Cauvin et Lambil, L'Or du Québec, donne une vision humoristique du coureur de bois, sous les traits d'un traqueur asthmatique doté d'un sens de l'orientation proche de celui de la poule…

Au cinéma

Le récit de coureurs de bois aux prises avec des Autochtones Arikaras dans l'actuel Dakota du Nord. À la télévision

  • Une série québécoise : Coureur des bois - Un père et sa fille parcourent le Québec à la recherche de saveurs des forêts.

Dans les jeux vidéo

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pour en savoir plus sur les premiers épisodes de troc entre les pêcheurs et les nations autochtones du Canada au XVIe siècle, voir : Laurier Turgeon, « Pêcheur basques et la traite de la fourrure dans le Saint-Laurent au XVIe siècle », Le castor fait tout : choix de textes présentés à la 5e conférence Nord-américaine sur la fourrure, Bruce G. Trigger, Toby Morantz et Louise Dechêne, dir., Montréal, Société historique du Lac Saint-Louis, 1985, p. 14-24.
  2. Son récit de voyage reste un document incontournable de l'histoire de la Nouvelle-France au XVIIe siècle et du début de la course de bois. Voir : Pierre-Esprit Radisson, Les Aventures extraordinaires d’un coureur des bois : récits de voyage au pays des Indiens d’Amérique, Québec, Éditions Nota Bene, 1999, 374 p.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Coureur de bois ou coureur des bois. L'expression coureur des bois apparait dans une ordonnance de Frontenac[réf. souhaitée].
  2. Denys Delâge, « La traite des pelleteries aux XVIIe et XVIIIe siècles », Les Cahiers des dix,‎ , p. 344-346 (lire en ligne).
  3. Marcel Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, t. I : Les vaines tentatives 1524-1603, Montréal, Fides, , p. 83.
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  5. Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois, Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 28.
  6. Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois, Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 33.
  7. a b c d e f g h i j k l m n et o Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois : Amérique du Nord 1600-1840, Paris, Les Indes savantes, , 885 p.
  8. Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois, Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 35.
  9. Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois, Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 37.
  10. Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois, Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 38.
  11. L'expression est de Bacqueville de La Potherie « C'était un Pérou pour eux ». Cité dans Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois, Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 61.
  12. Gervais Carpin, Le réseau du Canada : Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France (1628-1662), Québec, Septentrion, , p. 179.
  13. a b et c Thomas Wien, « Le Pérou éphémère : termes d'échanges et éclatement du commerce des franco-amérindien, 1645-1670 », Vingt ans après Habitants et marchands : lectures de l'histoire des XVIIe et XVIIIe siècles canadiens, Montréal, McGill-Queen's University Press,‎ , p. 160-188.
  14. Thomas Wien, « », Vingt ans après Habitants et marchands : lectures de l'histoire des XVIIe et XVIIIe siècles canadiens, Montréal, McGill-Queen's University Press, 1998, p. 160-188.
  15. L'expression « coureurs des bois » est erronée et n'a jamais été employée dans les sources d'époque. Gilles Havard, Histoire de coureurs de bois, Paris, Perrin (Tempus), 2021, p. 9.
  16. Léopold Lamontagne, « Duchesneau De La Doussinière et D’Ambault, Jacques », sur Dictionnaire biographique du Canada, 1986 (1966) (consulté le ).
  17. a b c d e f et g Louise Dechêne, Habitants et Marchands de Montréal au XVIIe siècle, Montréal, Plon, coll. « Civilisations et Mentalités », , 588 p..
  18. Archives nationales du Québec à Montréal, Congés de traite homologués (1721-1752), TL4, S34, P183, Fonds juridiction royale de Montréal, [ID:697223].
  19. Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois, Paris, Perrin, Tempus, 2021, p. 118.
  20. Thomas Wien, « Vie et transformation du coureur de bois », Mémoire de Nouvelle-France : De France en Nouvelle-France, Rennes, Presses Universitaires de Rennes,‎ .
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  23. a et b Thomas Wien, « Familles paysannes et marché de l'engagement pour le commerce des fourrures au Canada au XVIIIe siècle », Famille et marché. XVIe – XXe siècle, Québec, Éditions du Septentrion,‎ .
  24. Gratien Allaire, « Les engagements pour la traite des fourrures. Évaluation de la documentation », Revue d'histoire de l'Amérique française,‎ , p. 5 (lire en ligne).
  25. a b c et d Thomas Wien, « Carrières d'engagés du commerce des fourrures canadien au XVIIIe siècle », Marchés, migrations et logiques familiales dans les espaces français canadien et suisse, XVIIIe et XXe siècles, Berne, Peter Lang,‎ .
  26. Guy Frégault, Pierre Le Moyne d'Iberville, Montréal, Fides, , p. 66-67.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]