« Sanchi » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
retouche de la modification précédente
Jmax (discuter | contributions)
→‎Liens externes : wikification
 
(39 versions intermédiaires par 28 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{homon|Sanchi (homonymie)}}
{{Infobox Patrimoine mondial
{{Infobox Patrimoine mondial
| Nom = Monuments bouddhiques de Sânchî
| nom = Monuments bouddhiques de Sânchî
| Image = Sanchi,stupa 1,torana east, front.JPG
| image = Stupa 1, Sanchi 02.jpg
| Légende = Le grand ''stūpa'' de Sânchî. Face est
| légende = Le grand ''stūpa'' de Sânchî, face ouest
| Latitude = 23.480656
| latitude = 23.480656
| Longitude = 77.7363
| longitude = 77.7363
| Échelle =
| échelle =
| Pays = {{Inde}}
| pays = {{Inde}}
| Subdivision = District de Raisen, [[Madhya Pradesh]]
| subdivision = District de Raisen, [[Madhya Pradesh]]
| Type = Culturel
| type = Culturel
| Critères = (i) (ii) (iii) (iv) (vi)
| critères = (i) (ii) (iii) (iv) (vi)
| Superficie =
| superficie =
| ZoneTampon =
| zone tampon =
| ID = 524
| ID = 524
| Zone = 3
| zone = 3
| Année = 1989
| année = 1989
| Retrait =
| retrait =
| Extension =
| extension =
| Extension2 =
| extension2 =
| Domaine =
| domaine =
| Danger =
| danger =
| DangerFin =
| danger fin =
| Danger2 =
| danger2 =
| Danger2Fin =
| danger2 fin =
| Autre protection =
| autre protection =
| Carte =
| carte =
| Note =
| note =
| géolocalisation = Inde/Madhya Pradesh
| géolocalisation = Inde/Madhya Pradesh
}}
}}
'''Sânchî''' est un petit village de l'[[Inde]], situé à {{unité|46|km}} au nord-est de [[Bhopal]], dans la partie centrale de l'État du [[Madhya Pradesh]] célèbre pour son ensemble de monuments [[bouddhiste]]s et en particulier le grand ''[[stūpa]]'', un des sites parmi les plus visités en Inde. Sanchi n'est pas relié avec le [[bouddha]] historique,mais l'une des femmes d'[[Ashoka]] aurait habité à [[Vidisha]],ville voisine dont elle portait le nom. Ce fut un lieu de pèlerinage jusqu'au {{s-|XIII|e}}<ref>{{en}} ''{{lang|en|The Princeton dictionary of buddhism}}'' par Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr aux éditions [[Princeton University Press]], ISBN 0691157863, page 703</ref>.
'''Sānchī''' ({{lang-hi|साँची}} ; [[ISO 15919]] : {{lang|hi-Latn|sām̐cī}}) est un petit village de l'[[Inde]], situé à {{unité|46|km}} au nord-est de [[Bhopal]], dans la partie centrale de l'État du [[Madhya Pradesh]] célèbre pour son ensemble de monuments [[bouddhiste]]s et en particulier le grand ''[[stūpa]]'', un des sites parmi les plus visités en Inde. Sanchi n'est pas relié avec le [[bouddha]] historique, mais l'une des femmes d'[[Ashoka]] aurait habité à [[Vidisha]], ville voisine dont elle portait le nom. Ce fut un lieu de pèlerinage jusqu'au {{s-|XIII}}<ref>{{en}} ''{{lang|en|The Princeton dictionary of buddhism}}'' par Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr aux éditions [[Princeton University Press]], {{ISBN|0691157863}}, page 703</ref>.


Sous les [[Maurya]], à l'époque d'[[Ashoka]] sans doute, au {{-s|III}}, on construisit plusieurs édifices et le [[tumulus]] du grand ''stūpa''. Le tumulus de ce grand ''stūpa'' (n°1) fut englobé dans une maçonnerie sous les [[Satavahana]] à la fin du {{-s|I}}, suivant un usage qui restera attesté dans tout le monde bouddhique jusqu'à l'époque moderne<ref name="ReferenceA">{{harvsp|Béguin|2009}} pp. 70 - 71.</ref>. D'autres ''stūpa'' ainsi que d'autres bâtiments religieux [[bouddhiste]]s, tels que des monastères, complétèrent le site jusqu'au {{s|XII}}. Cependant, à la suite de la contre-réforme [[hindouisme|hindouiste]], les monuments de Sânchî furent oubliés et se détériorèrent par manque d'entretien.


Le site a été redécouvert en [[1818]] par un officier britannique, le général Taylor. Des archéologues amateurs et des chasseurs de trésor ravagent la zone jusqu'en [[1881]], où des mesures de restauration sont entreprises. Entre [[1912]] et [[1919]], les structures sont remises dans leur état actuel sous la supervision de l'archéologue anglais [[John Marshall (archéologue)|Sir John Marshall]].
Sous les [[Maurya]], à l'époque d'[[Ashoka]] sans doute, au {{-s|III|e}}, on construisit plusieurs édifices et le [[tumulus]] du grand ''stūpa''. Le tumulus de ce grand ''stūpa'' (n°1) fut englobé dans une maçonnerie sous les [[Satavahana]] à la fin du {{-s|I|er}}, suivant un usage qui restera attesté dans tout le monde bouddhique jusqu'à l'époque moderne<ref name="ReferenceA">{{harvsp|Béguin|2009}} pp. 70 - 71.</ref>. D'autres ''stūpa'' ainsi que d'autres bâtiments religieux [[bouddhiste]]s, tels que des monastères, complétèrent le site jusqu'au {{s|XII|e}}. Cependant, à la suite de la contre-réforme [[hindouisme|hindouiste]], les monuments de Sânchî furent oubliés et se détériorèrent par manque d'entretien.

Le site a été redécouvert en [[1818]] par un officier britannique, le général Taylor. Des archéologues amateurs et des chasseurs de trésor ravagent la zone jusqu'en [[1881]], où des mesures de restauration sont entreprises. Entre [[1912]] et [[1919]], les structures sont remises dans leur état actuel sous la supervision de l'archéologue anglais {{lien|fr=John Marshall (archéologue)|trad=John Marshall (archaeologist)|texte=Sir John Marshall}}.


Il reste aujourd'hui cinquante monuments sur la colline de Sânchî, dont trois ''stūpa'' importants, et plusieurs temples en ruines.
Il reste aujourd'hui cinquante monuments sur la colline de Sânchî, dont trois ''stūpa'' importants, et plusieurs temples en ruines.


Le site des ''Monuments bouddhiques de Sânchî'' est inscrit sur la [[Patrimoine mondial|liste du patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] depuis [[1989]].
Le site des ''Monuments bouddhiques de Sânchî'' est inscrit sur la [[Patrimoine mondial|liste du patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] depuis [[1989]].

Il est également inscrit, avec [[Lumbini]], lieu de naissance de Bouddha au [[Népal]], et le grand [[vihara]] Somapura ([[Somapura Mahavihara]]) de Paharpur, l'un des plus célèbres viharas bouddhistes, situé au [[Bengladesh]], dans le programme « Routes du patrimoine mondial des sites du patrimoine bouddhiste »<ref>{{lien web|lang=fr| url=https://whc.unesco.org/fr/activites/955/| titre=Routes du patrimoine mondial des sites du patrimoine bouddhiste| site=whc.unesco.org}}</ref>.


== Le grand stūpa de Sanchi ==
== Le grand stūpa de Sanchi ==
L'ensemble du grand ''stūpa'' de Sanchi a un diamètre de 36 m environ<ref name="ReferenceA"/>.
L'ensemble du grand ''stūpa'' de Sanchi a un diamètre de 36 m environ<ref name="ReferenceA"/>.
Le ''[[stūpa]]'' est d'abord un [[mausolé]]e qui est un lieu de pèlerinage. Les dévotions se font en tournant autour du stupa, dans le sens des aiguilles d'une montre. Cet espace de [[circumambulation]] est protégé par une balustrade de pierre (''vedikâ'') qui reproduit, en son principe constructif, une balustrade de bois comme on en construisait alors dans les villages. L'ensemble du grand ''stūpa'' de Sanchi, avec la balustrade, a un diamètre de 36 m environ. Les quatre ''[[torana]]''-s, qui sont des portiques sculptés, sont tournés vers les quatre [[Point cardinal|points cardinaux]], et permettent d'accéder au ''stūpa''. Deux volées d'escalier, sur la face ouest, offrent un accès à un deuxième chemin de [[circumambulation]] (''[[parikrama]]''), sur un haut soubassement, légèrement débordant. Le ''stūpa'' est sommé d'un espace carré fermé par une autre balustrade. La restitution moderne n'a pu remonter les très vastes parasols qui surmontaient l'édifice, symboles de protection et signes du pouvoir, comme le mât central signifie l''' [[axis mundi]] ''.
Le ''[[stūpa]]'' est d'abord un [[mausolé]]e qui est un lieu de pèlerinage. Les dévotions se font en tournant autour du stupa, dans le sens des aiguilles d'une montre. Cet espace de [[circumambulation]] est protégé par une balustrade de pierre (''vedikâ'') qui reproduit, en son principe constructif, une balustrade de bois comme on en construisait alors dans les villages. L'ensemble du grand ''stūpa'' de Sanchi, avec la balustrade, a un diamètre de 36 m environ. Les quatre ''[[torana]]''s, qui sont des portiques sculptés, sont tournés vers les quatre [[Point cardinal|points cardinaux]], et permettent d'accéder au ''stūpa''. Deux volées d'escalier, sur la face ouest, offrent un accès à un deuxième chemin de [[circumambulation]] (''[[parikrama]]''), sur un haut soubassement, légèrement débordant. Le ''stūpa'' est sommé d'un espace carré fermé par une autre balustrade. La restitution moderne n'a pu remonter les très vastes parasols qui surmontaient l'édifice, symboles de protection et signes du pouvoir, comme le mât central signifie l'''[[axis mundi]]''.

Son noyau était une structure de brique hémisphérique construite sur les reliques du Bouddha.


=== Ses ''torana''-s ===
=== Ses ''toranas'' ===
Dans les innombrables scènes qui couvrent les faces des piliers et des [[architrave]]s certaines sont centrées sur un évènement de la vie de Buddha, mais son image humaine est toujours évitée encore à cette époque. Chaque fois une forme adaptée à la scène permet de l'évoquer. Soit que l'on utilise l'arbre ''[[pipal]]'', l'arbre de la [[Bodhi]], en particulier lors du [[Quatre nobles vérités|premier sermon]], soit que l'on évoque le ''[[parinirvāṇa]]'' au moyen d'un ''stūpa''… Chaque forme symbolique sert ainsi à identifier, même de loin, la scène représentée. La [[art gréco-bouddhique#Premières représentations humaines de Buddha et de bodhisattva-s|première représentation anthropomorphe de Buddha]] n'apparait qu'avec l'[[art gréco-bouddhique]] du [[Gandhara]], contemporain des derniers ''toranas'', au cours du premier siècle de notre ère.
Dans les innombrables scènes qui couvrent les faces des piliers et des [[architrave]]s, certaines sont centrées sur un évènement de la vie de Buddha, mais son image humaine est toujours évitée encore à cette époque. Chaque fois une forme adaptée à la scène permet de l'évoquer. Soit que l'on utilise l'arbre ''[[pipal]]'', l'arbre de la [[Bodhi]], en particulier lors du [[Quatre nobles vérités|premier sermon]], soit que l'on évoque le ''[[parinirvāṇa]]'' au moyen d'un ''stūpa''… Chaque forme symbolique sert ainsi à identifier, même de loin, la scène représentée. La [[art gréco-bouddhique#Premières représentations humaines de Buddha et de bodhisattva-s|première représentation anthropomorphe de Buddha]] n'apparait qu'avec l'[[art gréco-bouddhique]] du [[Gandhara]], contemporain des derniers ''toranas'', au cours du premier siècle de notre ère.
* '''Le ''torana'' sud''', qui semble être le plus ancien, porte une inscription gravée au milieu de l'architrave supérieure (face interne) dans le minuscule ''stūpa'' que l'on peut distinguer avec difficulté. Cette inscription signale « ''le don d'Anamda, fils de Vasithi (et) chef des artisans du roi Siri Satakarni'' » : probablement Satakarni {{Ier}} des [[Satavahana]] qui aurait régné au {{s-|I|er}}<ref>{{harvsp|Loth|2006}}, page 50.</ref>.
* '''Le ''torana'' sud''', qui semble être le plus ancien, porte une inscription gravée au milieu de l'architrave supérieure (face interne) dans le minuscule ''stūpa'' que l'on peut distinguer avec difficulté. Cette inscription signale « ''le don d'Anamda, fils de Vasithi (et) chef des artisans du roi Siri Satakarni'' » : probablement Satakarni {{Ier}} des [[Satavahana]] qui aurait régné au {{s-|I}}<ref>{{harvsp|Loth|2006}}, page 50.</ref>.
* '''Le ''torana'' est''' est celui qui montre le plus grand savoir-faire<ref>{{harvsp|Béguin|2009}}, page 71.</ref> dans les scènes les plus complexes : pour représenter l'espace dans le faible relief des sculptures et pour mettre en scène un large éventail de personnages dans les attitudes les plus variées. Les [[corbeau (architecture)|corbeaux]] qui semblent soutenir l'extrémité des jambages de porte sont constitués d'aimables ''[[Yaksha|yakshi]]'' qui tiennent chaque fois la branche d'un arbre couvert de fruits. Ce motif - la femme qui touche l'arbre porteur de fleurs ou de fruits - a traversé les siècles de l'art indien jusqu'à aujourd'hui.
* '''Le ''torana'' est''' est celui qui montre le plus grand savoir-faire<ref>{{harvsp|Béguin|2009}}, page 71.</ref> dans les scènes les plus complexes : pour représenter l'espace dans le faible relief des sculptures et pour mettre en scène un large éventail de personnages dans les attitudes les plus variées. Les [[corbeau (architecture)|corbeaux]] qui semblent soutenir l'extrémité des jambages de porte sont constitués d'aimables ''[[Yaksha|yakshi]]'' qui tiennent chaque fois la branche d'un arbre couvert de fruits. Ce motif - la femme qui touche l'arbre porteur de fleurs ou de fruits - a traversé les siècles de l'art indien jusqu'à aujourd'hui.
* '''Sur le ''torana'' nord''' on trouve plusieurs scènes situées dans des villes dont l'architecture est figurée avec des solutions singulières adaptées à l'espace du panneau et à la scène représentée, toujours très dense. Lorsqu'un char attelé de chevaux sort par une des portes de la ville, les volumes saillants des tours, la nature des différents matériaux, mais aussi la hiérarchie des personnages, tout trouve sa formule sans laisser un seul espace vide<ref>{{harvsp|Loth|2006}}, page 51.</ref>.
* '''Sur le ''torana'' nord''' on trouve plusieurs scènes situées dans des villes dont l'architecture est figurée avec des solutions singulières adaptées à l'espace du panneau et à la scène représentée, toujours très dense. Lorsqu'un char attelé de chevaux sort par une des portes de la ville, les volumes saillants des tours, la nature des différents matériaux, mais aussi la hiérarchie des personnages, tout trouve sa formule sans laisser un seul espace vide<ref>{{harvsp|Loth|2006}}, page 51.</ref>.
* La face intérieure des '''architraves du ''torana'' ouest''', bien visibles du haut des escaliers qui desservent le passage supérieur, mettent en scènes de nombreux personnages qui illustrent le ''Chaddanta Jataka'', l'histoire du [[bodhisattva]] incarné en un éléphant à six défenses<ref>{{harvsp|Frédéric|1994}}, page 38.</ref>. Un épisode du « partage des reliques » à la mort de Bouddha, alors que des rois se les disputaient<ref name="Newland2001">{{ouvrage|auteur=Guy Newland|titre=Changing Minds: Contributions to the Study of Buddhism and Tibet in Honor of Jeffrey Hopkins|url=http://books.google.com/books?id=8mo6mlDC1eMC&pg=PA24|date=3 août 2001|périodique=Snow Lion Publications|isbn=978-1-55939-978-4|page=24}}</ref>.
* La face intérieure des '''architraves du ''torana'' ouest''', bien visibles du haut des escaliers qui desservent le passage supérieur, mettent en scènes de nombreux personnages qui illustrent le ''Chaddanta Jataka'', l'histoire du [[bodhisattva]] incarné en un éléphant à six défenses<ref>{{harvsp|Frédéric|1994}}, page 38.</ref>. Un épisode du « partage des reliques » à la mort de Bouddha, alors que des rois se les disputaient<ref name="Newland2001">{{Ouvrage|auteur1=Guy Newland|titre=Changing Minds : Contributions to the Study of Buddhism and Tibet in Honor of Jeffrey Hopkins|éditeur=|date=3 août 2001|pages totales=352|passage=24|isbn=978-1-55939-978-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=8mo6mlDC1eMC&pg=PA24|collection=Snow Lion Publications }}</ref>.
Sur tous les ''torana''-s quelques endroits sont attitrés à certains types de motifs. Ainsi, à la base des piliers, sur la face correspondant au passage des pèlerins on retrouve toujours des gardiens: ''[[dvarapala]]''-s, figures de grande taille, débonnaires; toutefois certains portent une pique. Ailleurs, au-dessus des piliers, dans la partie qui supporte la première architrave des animaux ou des nains, ''gana''-s, de grande taille, assument le poids des blocs monumentaux. Tandis que les autres grands panneaux permettent de développer les moments les plus importants des histoires dans le premier bouddhisme: la vie de Buddha, ses vies antérieures et des scènes d'adoration.
Sur tous les ''toranas'' quelques endroits sont attitrés à certains types de motifs. Ainsi, à la base des piliers, sur la face correspondant au passage des pèlerins on retrouve toujours des gardiens: ''[[dvarapala]]s'', figures de grande taille, débonnaires; toutefois certains portent une pique. Ailleurs, au-dessus des piliers, dans la partie qui supporte la première architrave des animaux ou des nains, ''ganas'', de grande taille, assument le poids des blocs monumentaux. Tandis que les autres grands panneaux permettent de développer les moments les plus importants des histoires dans le premier bouddhisme: la vie de Buddha, ses vies antérieures et des scènes d'adoration.

== Stupa N°2 ==
[[File:Sanchi Stupa No2.jpg|thumb|Le Stupa N°2 à Sanchi.]]
{{Article détaillé|Sanchi Stupa No.2}}
Le [[Sanchi Stupa No.2|Stupa N° 2 à Sanchi]], est l'un des plus anciens [[Stūpa|stupas]] bouddhistes en Inde. Il est d'un intérêt particulier puisque c'est le premier cas connu d'importants reliefs décoratifs en Inde, probablement antérieur aux reliefs du [[Temple de la Mahabodhi]] à [[Bodhgaya]], ou aux reliefs de [[Bharhut]]<ref name="Bell 15">Didactic Narration: Jataka Iconography in Dunhuang with a Catalogue of Jataka Representations in China, Alexander Peter Bell, LIT Verlag Münster, 2000 [https://books.google.com/books?id=77hHrXX4COgC&pg=PA15 p.15ff]</ref>. Ce stupa présente ce qui a été appelé {{citation|les plus vieilles décorations de stupa en existence.}}<ref name="Walters">"The railing of Sanchi Stupa No.2, which represents the oldest extensive stupa decoration in existence, (and) dates from about the second century B.C.E" Constituting Communities: Theravada Buddhism and the Religious Cultures of South and Southeast Asia, John Clifford Holt, Jacob N. Kinnard , Jonathan S. Walters, SUNY Press, 2012 [https://books.google.com/books?id=PnnG8sclrdYC&pg=PA197 p.197]</ref> Le Stupa numéro II de Sanchi est ainsi considéré comme le berceau des illustrations de [[Jātaka|Jataka]] en Inde.


== Le temple 17 ==
== Le temple 17 ==
Le temple le plus ancien construit qui nous soit parvenu est celui de Sanchi : le temple {{numéro|17}}. Il s'agit probablement d'un temple bouddhique, comme l'ensemble du site<ref>{{harvsp|Anne-Marie Loth, 2006|p=84-85}}, y compris la citation, concernant la toiture.</ref>. Surélevé sur un soubassement, il est composé d'un sanctuaire (appareillé à joints vifs, initialement) et d'un porche à quatre colonnes à hautes bases carrées. Il aurait été construit au début du {{s-|V|e}} de l'ère commune. Il est peu décoré : seuls des lions couchés gardent un arbre sacré, sur chaque face du soutient de l'[[entablement]]. « Il est possible que le toit plat ait supporté une haute toiture aux arènes curvilignes, comme il en fut généralement aux époques suivantes. »
Le temple le plus ancien construit qui nous soit parvenu est celui de Sanchi : le temple {{numéro|17}}. Il s'agit probablement d'un temple bouddhique, comme l'ensemble du site<ref>{{harvsp|Anne-Marie Loth, 2006|p=84-85}}, y compris la citation, concernant la toiture.</ref>. Surélevé sur un soubassement, il est composé d'un sanctuaire (appareillé à joints vifs, initialement) et d'un porche à quatre colonnes à hautes bases carrées. Il aurait été construit au début du {{s-|V}} de l'ère commune. Il est peu décoré : seuls des lions couchés gardent un arbre sacré, sur chaque face du support de l'[[entablement]]. « Il est possible que le toit plat ait supporté une haute toiture aux arènes curvilignes, comme il en fut généralement aux époques suivantes. »


== Galerie ==
== Galerie ==
Ligne 65 : Ligne 74 :
Fichier:Sanchi portique nord.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' nord, aux éléphants. Au sommet : un fragment de la [[Dharmacakra|roue de la Loi]], brisée. Face interne.
Fichier:Sanchi portique nord.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' nord, aux éléphants. Au sommet : un fragment de la [[Dharmacakra|roue de la Loi]], brisée. Face interne.
Fichier:Sanchi portique est.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' est, aux éléphants et à la célèbre ''[[yaksha|yakshini]]'' à l'arbre. Face interne.
Fichier:Sanchi portique est.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' est, aux éléphants et à la célèbre ''[[yaksha|yakshini]]'' à l'arbre. Face interne.
Fichier:Salabhanjika - East Side - Bottom North Architrave End - East Gateway - Stupa 1 - Sanchi Hill 2013-02-21 4431.JPG|Grand ''stūpa'', ''torana'' est, v. {{s-|I|er}}, ''[[yaksha|yakshini]]'' à l'arbre.
Fichier:Salabhanjika - East Side - Bottom North Architrave End - East Gateway - Stupa 1 - Sanchi Hill 2013-02-21 4431.JPG|Grand ''stūpa'', ''torana'' est, v. {{s-|I}}, ''[[yaksha|yakshini]]'' à l'arbre.
Fichier:Sanchi3 N-MP-220.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' sud. Face interne. Siège de Kusinagara pour le partage des reliques.
Fichier:Sanchi3 N-MP-220.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' sud. Face interne. Siège de Kusinagara pour le partage des reliques.
Fichier:Sanchi stupa detail mod.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' nord, face externe, pilier nord. Bas relief montrant la sortie d'un char par la porte d'une ville.
Fichier:Sanchi stupa detail mod.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' nord, face externe, pilier nord. Bas relief montrant la sortie d'un char par la porte d'une ville.
Fichier:Sanchi stupa fort cm.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' sud, face interne, pilier est. Bas relief montrant les passages verticaux, d'un espace à l'autre.
Fichier:Sanchi stupa fort cm.jpg|Grand ''stūpa'', ''torana'' sud, face interne, pilier est. Bas relief montrant les passages verticaux, d'un espace à l'autre.
Fichier:Carving of Ashokan pillar at Sanchi.jpg|Colonne dite « d'Ashoka » (chapiteau original au musée de Sanchi). ''Stūpa'' n° 3, sur le seule torana : côté sud. Face externe.
Fichier:Carving of Ashokan pillar at Sanchi.jpg|Colonne dite « d'Ashoka » (chapiteau original au musée de Sanchi). ''Stūpa'' n° 3, sur le seul torana : côté sud. Face externe.
Fichier:Buddhist Stupas at Sanchi.jpg|''Stūpa'' n° 3 : côté sud, torana aux nains, ''gana''-s. Fondé à l'époque d'[[Ashoka]], reconstruit ensuite au début de notre ère.
Fichier:Buddhist Stupas at Sanchi.jpg|''Stūpa'' n° 3 : côté sud, torana aux nains, ''gana''-s. Fondé à l'époque d'[[Ashoka]], reconstruit ensuite au début de notre ère.
Fichier:Meditating Buddha statue at Sanchi.jpg|Buddha en méditation. Grand ''stūpa'', ''[[torana]]'' ouest : galerie basse. Époque [[Empire Gupta|Gupta]], {{s-|V|e}}
Fichier:Meditating Buddha statue at Sanchi.jpg|Buddha en méditation. Grand ''stūpa'', ''[[torana]]'' ouest : galerie basse. Époque [[Empire Gupta|Gupta]], {{s-|V}}
Fichier:1Temple 17 - Buddhist Monument - Sanchi Hill 2013-02-21 4493-2.jpg|Temple 17. Époque [[Empire Gupta|Gupta]], {{s-|V|e}}. Le premier exemple de temple bâti, en Inde. [[Cella (temple romain)|Cella]] à toit plat précédé d'un [[Portique (architecture)|portique]]<ref>{{harvsp|Albanese|2001}}, ainsi que pour l'ensemble du site : pages 134 - 145. Et {{harvsp|Anne-Marie Loth, 2006|p=84-85}}.</ref>.
Fichier:1Temple 17 - Buddhist Monument - Sanchi Hill 2013-02-21 4493-2.jpg|Temple 17. Époque [[Empire Gupta|Gupta]], {{s-|V}}. Le premier exemple de temple bâti, en Inde. [[Cella (temple romain)|Cella]] à toit plat précédé d'un [[Portique (architecture)|portique]]<ref>{{harvsp|Albanese|2001}}, ainsi que pour l'ensemble du site : pages 134 - 145. Et {{harvsp|Anne-Marie Loth, 2006|p=84-85}}.</ref>.
Fichier:Sanchi Stupa - Temple 45 inside.jpg|Buddha assis. Complexe 45, monastère, {{sp-|VII|e|-|X|e|}}
Fichier:Sanchi Stupa - Temple 45 inside.jpg|Buddha assis. Complexe 45, monastère, {{sp-|VII|-|X}}
Fichier:Seated Buddha inside the temple..JPG|Buddha assis. Complexe 45, temple, {{sp-|IX|e|-|X|e|}}
Fichier:Seated Buddha inside the temple..JPG|Buddha assis. Complexe 45, temple, {{sp-|IX|-|X}}
</gallery>
</gallery>


Ligne 84 : Ligne 93 :


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Marilia |nom1= Albanese |titre= L'Inde ancienne |sous-titre=|éditeur= Éditions Gründ |lieu=Paris|année=2001|pages=295 |isbn=2-7000-2155-X}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=it|prénom1=Marilia|nom1=Albanese|titre=L'Inde ancienne|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gründ]]|année=2001|pages totales=295|isbn=2-7000-2155-X}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gilles |nom1= Béguin|titre= L'art bouddhique |éditeur=CNRS éditions|lieu=Paris|année=2009|pages=415 |isbn=978-2-271-06812-5}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gilles|nom1=Béguin|titre=L'art bouddhique|lieu=Paris|éditeur=[[CNRS Éditions|CNRS éditions]]|année=2009|pages totales=415|isbn=978-2-271-06812-5}}
* {{Ouvrage|prénom1=Louis |nom1= Frédéric | titre= L'art de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est| éditeur= Flammarion|Collection=Tout l'art| année= 1994|pages=480| isbn= 2-08-012252-5|commentaire=Attention: la recherche a progressé depuis cette parution. Certains points sont à revoir à la lumière des publications récentes.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Louis|nom1=Frédéric|titre=L'art de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|collection=Tout l'art|année=1994|pages totales=480|isbn=2-08-012252-5}}{{Commentaire biblio|Attention: la recherche a progressé depuis cette parution. Certains points sont à revoir à la lumière des publications récentes.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Anne-Marie |nom1= Loth |titre= Art de l'Inde|sous-titre=Diversité et spiritualité |éditeur= Éditions chapitre douze |lieu=Bruxelles-Paris|année=2006|pages=443 |isbn=978-2-915345-049 |id=Anne-Marie Loth, 2006 |lire en ligne=http://www.sudoc.abes.fr/xslt//DB=2.1/SET=1/TTL=1/SHW?FRST=2 }} sur la page de SUDOC, à "lien externe, Worldcat".
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Anne-Marie|nom1=Loth|titre=Art de l'Inde|sous-titre=Diversité et spiritualité|lieu=Bruxelles-Paris|éditeur=Éditions chapitre douze|année=2006|pages totales=443|isbn=978-2-915345-04-9|lire en ligne=http://www.sudoc.abes.fr/xslt//DB=2.1/SET=1/TTL=1/SHW?FRST=2|id=Anne-Marie Loth, 2006}} sur la page de SUDOC, à "lien externe, Worldcat".


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{Territoires limitrophes
| type = Stupa
| nom = Sanchi
| élision =
| notes =
| nord =
| nord-est =
| est = [[Stupas de Bhojpur|Bhojpur]]
| sud-est = [[Stupas de Andher|Andher]]
| sud = [[Saru Maru]]
| sud-ouest = [[Sonari]]
| ouest = [[Satdhara]]
| nord-ouest =
| width =
| align =
}}
=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Buddhist monuments at Sanchi}}
{{Autres projets|commons=Category:Buddhist monuments at Sanchi}}
Ligne 95 : Ligne 120 :
* [http://whc.unesco.org/fr/list/524/ UNESCO : Monuments bouddhiques de Sânchî]
* [http://whc.unesco.org/fr/list/524/ UNESCO : Monuments bouddhiques de Sânchî]


{{Palette|Patrimoine mondial en Inde}}
{{Palette|Patrimoine mondial en Inde|Municipalités du Madhya Pradesh}}
{{Portail|architecture|patrimoine mondial|bouddhisme|Monde indien}}
{{Portail|architecture|patrimoine mondial|bouddhisme|Monde indien}}


{{DEFAULTSORT:Sanchi}}
{{DEFAULTSORT:Sanchi}}
[[Catégorie:Stûpa]]
[[Catégorie:Stûpa en Inde]]
[[Catégorie:Architecture en Inde]]
[[Catégorie:Architecture en Inde]]
[[Catégorie:Histoire de l'Inde antique]]
[[Catégorie:Histoire de l'Inde antique]]
[[Catégorie:Patrimoine mondial en Inde]]
[[Catégorie:Patrimoine mondial en Inde]]
[[Catégorie:Ville du Madhya Pradesh]]
[[Catégorie:Ville au Madhya Pradesh]]
[[Catégorie:Pèlerinage bouddhiste]]
[[Catégorie:Pèlerinage bouddhiste]]
[[Catégorie:Relique bouddhique]]
[[Catégorie:Architecture religieuse au IIIe siècle av. J.-C.]]

Dernière version du 15 mai 2024 à 07:43

Monuments bouddhiques de Sânchî *
Image illustrative de l’article Sanchi
Le grand stūpa de Sânchî, face ouest
Coordonnées 23° 28′ 50″ nord, 77° 44′ 11″ est
Pays Drapeau de l'Inde Inde
Subdivision District de Raisen, Madhya Pradesh
Type Culturel
Critères (i) (ii) (iii) (iv) (vi)
Numéro
d’identification
524
Région Asie et Pacifique **
Année d’inscription 1989 (13e session)
Géolocalisation sur la carte : Inde
(Voir situation sur carte : Inde)
Monuments bouddhiques de Sânchî
Géolocalisation sur la carte : Madhya Pradesh
(Voir situation sur carte : Madhya Pradesh)
Monuments bouddhiques de Sânchî
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Sānchī (hindi : साँची ; ISO 15919 : sām̐cī) est un petit village de l'Inde, situé à 46 km au nord-est de Bhopal, dans la partie centrale de l'État du Madhya Pradesh célèbre pour son ensemble de monuments bouddhistes et en particulier le grand stūpa, un des sites parmi les plus visités en Inde. Sanchi n'est pas relié avec le bouddha historique, mais l'une des femmes d'Ashoka aurait habité à Vidisha, ville voisine dont elle portait le nom. Ce fut un lieu de pèlerinage jusqu'au XIIIe siècle[1].

Sous les Maurya, à l'époque d'Ashoka sans doute, au IIIe siècle av. J.-C., on construisit plusieurs édifices et le tumulus du grand stūpa. Le tumulus de ce grand stūpa (n°1) fut englobé dans une maçonnerie sous les Satavahana à la fin du Ier siècle av. J.-C., suivant un usage qui restera attesté dans tout le monde bouddhique jusqu'à l'époque moderne[2]. D'autres stūpa ainsi que d'autres bâtiments religieux bouddhistes, tels que des monastères, complétèrent le site jusqu'au XIIe siècle. Cependant, à la suite de la contre-réforme hindouiste, les monuments de Sânchî furent oubliés et se détériorèrent par manque d'entretien.

Le site a été redécouvert en 1818 par un officier britannique, le général Taylor. Des archéologues amateurs et des chasseurs de trésor ravagent la zone jusqu'en 1881, où des mesures de restauration sont entreprises. Entre 1912 et 1919, les structures sont remises dans leur état actuel sous la supervision de l'archéologue anglais Sir John Marshall.

Il reste aujourd'hui cinquante monuments sur la colline de Sânchî, dont trois stūpa importants, et plusieurs temples en ruines.

Le site des Monuments bouddhiques de Sânchî est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1989.

Il est également inscrit, avec Lumbini, lieu de naissance de Bouddha au Népal, et le grand vihara Somapura (Somapura Mahavihara) de Paharpur, l'un des plus célèbres viharas bouddhistes, situé au Bengladesh, dans le programme « Routes du patrimoine mondial des sites du patrimoine bouddhiste »[3].

Le grand stūpa de Sanchi[modifier | modifier le code]

L'ensemble du grand stūpa de Sanchi a un diamètre de 36 m environ[2]. Le stūpa est d'abord un mausolée qui est un lieu de pèlerinage. Les dévotions se font en tournant autour du stupa, dans le sens des aiguilles d'une montre. Cet espace de circumambulation est protégé par une balustrade de pierre (vedikâ) qui reproduit, en son principe constructif, une balustrade de bois comme on en construisait alors dans les villages. L'ensemble du grand stūpa de Sanchi, avec la balustrade, a un diamètre de 36 m environ. Les quatre toranas, qui sont des portiques sculptés, sont tournés vers les quatre points cardinaux, et permettent d'accéder au stūpa. Deux volées d'escalier, sur la face ouest, offrent un accès à un deuxième chemin de circumambulation (parikrama), sur un haut soubassement, légèrement débordant. Le stūpa est sommé d'un espace carré fermé par une autre balustrade. La restitution moderne n'a pu remonter les très vastes parasols qui surmontaient l'édifice, symboles de protection et signes du pouvoir, comme le mât central signifie l'axis mundi.

Son noyau était une structure de brique hémisphérique construite sur les reliques du Bouddha.

Ses toranas[modifier | modifier le code]

Dans les innombrables scènes qui couvrent les faces des piliers et des architraves, certaines sont centrées sur un évènement de la vie de Buddha, mais son image humaine est toujours évitée encore à cette époque. Chaque fois une forme adaptée à la scène permet de l'évoquer. Soit que l'on utilise l'arbre pipal, l'arbre de la Bodhi, en particulier lors du premier sermon, soit que l'on évoque le parinirvāṇa au moyen d'un stūpa… Chaque forme symbolique sert ainsi à identifier, même de loin, la scène représentée. La première représentation anthropomorphe de Buddha n'apparait qu'avec l'art gréco-bouddhique du Gandhara, contemporain des derniers toranas, au cours du premier siècle de notre ère.

  • Le torana sud, qui semble être le plus ancien, porte une inscription gravée au milieu de l'architrave supérieure (face interne) dans le minuscule stūpa que l'on peut distinguer avec difficulté. Cette inscription signale « le don d'Anamda, fils de Vasithi (et) chef des artisans du roi Siri Satakarni » : probablement Satakarni Ier des Satavahana qui aurait régné au Ier siècle[4].
  • Le torana est est celui qui montre le plus grand savoir-faire[5] dans les scènes les plus complexes : pour représenter l'espace dans le faible relief des sculptures et pour mettre en scène un large éventail de personnages dans les attitudes les plus variées. Les corbeaux qui semblent soutenir l'extrémité des jambages de porte sont constitués d'aimables yakshi qui tiennent chaque fois la branche d'un arbre couvert de fruits. Ce motif - la femme qui touche l'arbre porteur de fleurs ou de fruits - a traversé les siècles de l'art indien jusqu'à aujourd'hui.
  • Sur le torana nord on trouve plusieurs scènes situées dans des villes dont l'architecture est figurée avec des solutions singulières adaptées à l'espace du panneau et à la scène représentée, toujours très dense. Lorsqu'un char attelé de chevaux sort par une des portes de la ville, les volumes saillants des tours, la nature des différents matériaux, mais aussi la hiérarchie des personnages, tout trouve sa formule sans laisser un seul espace vide[6].
  • La face intérieure des architraves du torana ouest, bien visibles du haut des escaliers qui desservent le passage supérieur, mettent en scènes de nombreux personnages qui illustrent le Chaddanta Jataka, l'histoire du bodhisattva incarné en un éléphant à six défenses[7]. Un épisode du « partage des reliques » à la mort de Bouddha, alors que des rois se les disputaient[8].

Sur tous les toranas quelques endroits sont attitrés à certains types de motifs. Ainsi, à la base des piliers, sur la face correspondant au passage des pèlerins on retrouve toujours des gardiens: dvarapalas, figures de grande taille, débonnaires; toutefois certains portent une pique. Ailleurs, au-dessus des piliers, dans la partie qui supporte la première architrave des animaux ou des nains, ganas, de grande taille, assument le poids des blocs monumentaux. Tandis que les autres grands panneaux permettent de développer les moments les plus importants des histoires dans le premier bouddhisme: la vie de Buddha, ses vies antérieures et des scènes d'adoration.

Stupa N°2[modifier | modifier le code]

Le Stupa N°2 à Sanchi.

Le Stupa N° 2 à Sanchi, est l'un des plus anciens stupas bouddhistes en Inde. Il est d'un intérêt particulier puisque c'est le premier cas connu d'importants reliefs décoratifs en Inde, probablement antérieur aux reliefs du Temple de la Mahabodhi à Bodhgaya, ou aux reliefs de Bharhut[9]. Ce stupa présente ce qui a été appelé « les plus vieilles décorations de stupa en existence. »[10] Le Stupa numéro II de Sanchi est ainsi considéré comme le berceau des illustrations de Jataka en Inde.

Le temple 17[modifier | modifier le code]

Le temple le plus ancien construit qui nous soit parvenu est celui de Sanchi : le temple no 17. Il s'agit probablement d'un temple bouddhique, comme l'ensemble du site[11]. Surélevé sur un soubassement, il est composé d'un sanctuaire (appareillé à joints vifs, initialement) et d'un porche à quatre colonnes à hautes bases carrées. Il aurait été construit au début du Ve siècle de l'ère commune. Il est peu décoré : seuls des lions couchés gardent un arbre sacré, sur chaque face du support de l'entablement. « Il est possible que le toit plat ait supporté une haute toiture aux arènes curvilignes, comme il en fut généralement aux époques suivantes. »

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) The Princeton dictionary of buddhism par Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr aux éditions Princeton University Press, (ISBN 0691157863), page 703
  2. a et b Béguin 2009 pp. 70 - 71.
  3. « Routes du patrimoine mondial des sites du patrimoine bouddhiste », sur whc.unesco.org
  4. Loth 2006, page 50.
  5. Béguin 2009, page 71.
  6. Loth 2006, page 51.
  7. Frédéric 1994, page 38.
  8. Guy Newland, Changing Minds : Contributions to the Study of Buddhism and Tibet in Honor of Jeffrey Hopkins, coll. « Snow Lion Publications », , 352 p. (ISBN 978-1-55939-978-4, lire en ligne), p. 24
  9. Didactic Narration: Jataka Iconography in Dunhuang with a Catalogue of Jataka Representations in China, Alexander Peter Bell, LIT Verlag Münster, 2000 p.15ff
  10. "The railing of Sanchi Stupa No.2, which represents the oldest extensive stupa decoration in existence, (and) dates from about the second century B.C.E" Constituting Communities: Theravada Buddhism and the Religious Cultures of South and Southeast Asia, John Clifford Holt, Jacob N. Kinnard , Jonathan S. Walters, SUNY Press, 2012 p.197
  11. Anne-Marie Loth, 2006, p. 84-85, y compris la citation, concernant la toiture.
  12. Albanese 2001, ainsi que pour l'ensemble du site : pages 134 - 145. Et Anne-Marie Loth, 2006, p. 84-85.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marilia Albanese (trad. de l'italien), L'Inde ancienne, Paris, Éditions Gründ, , 295 p. (ISBN 2-7000-2155-X)
  • Gilles Béguin, L'art bouddhique, Paris, CNRS éditions, , 415 p. (ISBN 978-2-271-06812-5)
  • Louis Frédéric, L'art de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'art », , 480 p. (ISBN 2-08-012252-5)
    Attention: la recherche a progressé depuis cette parution. Certains points sont à revoir à la lumière des publications récentes.
  • Anne-Marie Loth, Art de l'Inde : Diversité et spiritualité, Bruxelles-Paris, Éditions chapitre douze, , 443 p. (ISBN 978-2-915345-04-9, lire en ligne) sur la page de SUDOC, à "lien externe, Worldcat".

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Stupas limitrophes de Sanchi
Satdhara Sanchi Bhojpur
Sonari Saru Maru Andher

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :