Aller au contenu

« La Mère de Dieu » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Gn0me (discuter | contributions)
→‎Fétichisme et descriptions : orthographe + correction citation
Ligne 46 : Ligne 46 :
Bien que le roman ne soit pas dans la lignée de ''La Vénus à la fourrure'' où Sacher Masoch met en scène ce qu'il cherche à réellement vivre. Il décrit, cependant, la femme idéale, celle qu'il désire dans la Mère de Dieu, comme dans ses autre romans. Tout ce qui est de l'ordre de la beauté naturelle ne résiste pas à la fascination fétichiste. Elle annule tout ce qu'il y a autour d'elle pour occuper toute la scène. A un lecteur qui lui reproche ce coté répétitif, il répond : {{citation|si une telle femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres.}}
Bien que le roman ne soit pas dans la lignée de ''La Vénus à la fourrure'' où Sacher Masoch met en scène ce qu'il cherche à réellement vivre. Il décrit, cependant, la femme idéale, celle qu'il désire dans la Mère de Dieu, comme dans ses autre romans. Tout ce qui est de l'ordre de la beauté naturelle ne résiste pas à la fascination fétichiste. Elle annule tout ce qu'il y a autour d'elle pour occuper toute la scène. A un lecteur qui lui reproche ce coté répétitif, il répond : {{citation|si une telle femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres.}}


La relation à la fourrure, omni présente évidement comme dans de nombreux écrits de Sacher-Masoch, une relation avec le Legs de [[Cain]] :
La relation à la fourrure, omniprésente évidemment comme dans de nombreux écrits de Sacher-Masoch, une relation avec le Legs de [[Cain]] :


{{citation| Quant à la fourrure, sa présence obsédante dans la plupart des histoires galiciennes témoigne que [[Caïn]] et sa descendance sont du coté du sauvage, l'image sera si forte que la femme ne pourra être Vénus qu'ensauvagée d'une fourrure}}<ref name="Don Juan de Kolomea préface">Preface Elisabeth Lemirre et Jacques Cotin Don Juan de Kolomea - Éditions Philippe Piquier</ref>.
{{citation| Quant à la fourrure, sa présence obsédante dans la plupart des histoires galiciennes témoigne que [[Caïn]] et sa descendance sont du côté du sauvage, l'image sera si forte que la femme ne pourra être Vénus qu'ensauvagée d'une fourrure}}<ref name="Don Juan de Kolomea préface">Preface Elisabeth Lemirre et Jacques Cotin Don Juan de Kolomea - Éditions Philippe Piquier</ref>.


Sabatil est tout de suite fasciné par Mardona :
Sabatil est tout de suite fasciné par Mardona :
* « Il se jeta à ses genoux l'embrassa à ses pieds... » Fétichisme du pied omni présent particulièrement révélé dans ce livre. Toutes les formes de fétichisme qui fascinent Sacher-Masoch son réunies dans ce livre.
* « Il se jeta à ses genoux l'embrassa à ses pieds... » Fétichisme du pied omniprésent particulièrement révélé dans ce livre. Toutes les formes de fétichisme qui fascinent Sacher-Masoch son réunies dans ce livre.
Masoch la décrit :
Masoch la décrit :
* Elle est « encadrée de roses sauvages »,
* Elle est « encadrée de roses sauvages »,
* « Elle porte des hautes bottes de maroquin rouge », Les bottes de maroquin, les fourrures reviennent de façon répétitive dans tous les romans de Masoch. Les héroînes de Masoch ont toujours un fouet à la main.
* « Elle porte des hautes bottes de maroquin rouge »: Les bottes de maroquin, les fourrures reviennent de façon répétitive dans tous les romans de Masoch. Les héroïnes de Masoch ont toujours un fouet à la main.
* « Une pelisse bleue bordee d'agneau. »
* « Une pelisse bleue bordée d'agneau. »
Mardona est vierge et intouchable:
Mardona est vierge et intouchable:
* « Chaste et belle » « Ne me touche pas (...) tu commets un pécher en portant les mains sur moi. (...)
* « Chaste et belle » « Ne me touche pas (...) tu commets un péché en portant les mains sur moi. (...)
* « Elle se dégagea sans un mot son beau visage était enflammé de colère... »
* « Elle se dégagea sans un mot. Son beau visage était enflammé de colère... »
* « Elle plisse les lèvres dédaigneusement.»
* « Elle plisse les lèvres dédaigneusement.»


En revanche les frères de Mardona sont :
En revanche les frères de Mardona sont :
* « Petits, maigres visage pâle agités comme le sont ordinairement les poitrinaires. »
* « Petit[s], maigre[s], au[x] visage[s] pâle[s] [...] et agité[s] comme le sont ordinairement les poitrinaires.


Et à propos d'Anouchka (soeur de Mardona):
Et à propos d'Anouchka (soeur de Mardona):
* « Son visage avait aussi peu d'expression que celui d'une citrouille creuse où l'on aurait placé une chandelle. »
* « Son visage avait aussi peu d'expression que celui d'une citrouille creuse où l'on aurait placé une chandelle. »
Enfin la nature chez Masoch est aussi fetichisée :
Enfin la nature chez Masoch est aussi fétichisée :
* « Elle porte un manteau d'hermine blanc. »
* « Elle porte un manteau d'hermine blanc. »



Version du 23 avril 2014 à 15:03

La Mère de Dieu
Auteur Leopold von Sacher-Masoch
Pays Drapeau de l'Autriche-Hongrie Autriche-Hongrie
Genre Roman érotique noir
Version originale
Langue Allemand
Éditeur Hachette
Date de parution 1880
Version française
Traducteur Anna Catherine Strebinger
Éditeur Champ Vallon
Lieu de parution Paris
Date de parution 1991

La Mère de Dieu est un roman gothique de Leopold von Sacher Masoch paru en 1880.

Pour Gilles Deleuze, ce roman est avec La Pêcheuse d'âmes un des plus grands romans de Sacher-Masoch[1]. Pour Jean-Paul Corsetti, dans ces deux romans, les personnages masochiens se rapprochent aussi des héros de pacotille qui hantent les châteaux de la subversion[2], chers à la gothic story[3].

Résumé

La Mère de Dieu, Mardona, dirige sa secte. La secte est gaie mais sévère pour le péché, hostile au désordre. Mardona est « à la fois tendre, sévère et glacée »[4]

Se sentant trahie par Sabatil qui aime aussi Nimfodora, Mardona s'en inquiéte et s'écrie : « C'est l'amour de la Mère qui apporte la redemption, il constitue pour lui une deuxième naissance... ». Mardona le condamne : « Je ne suis pas parvenu à transformer ton amour charnel en affection divine... Je ne suis plus pour toi qu'un juge ». Elle condamne mais veut le consentement de Sabatil au supplice. Elle lui cloue les pieds et fait clouer les mains de Sabatil par Nimfodora.

Un rapport à Dracula dans le fait que Nimfodora s'entaille le bras pour que Mardona puisse se baigner dans le sang[4].

En croix, Sabatil joue la Passion : « Pourquoi m'as tu abandonné ? », et s'adressant a Nimfodora : « Pourquoi m'as tu trahi ? » Selon Gilles Deleuze, « La Mère de Dieu doit mettre son fils en croix précisément pour qu'il devienne son fils, et jouisse d'une naissance qu'il ne doive qu'à elle seule »[4].

A la fin de La mère de Dieu, Mardona se trouve emmenée suite à des délations accusée d'être au-dessus de la loi des hommes. Elle fait comprendre que si elle est au-dehors des lois de la cité, donc au-dehors des lois du Père, c'est qu'elle est, elle-même a sa façon, comme une autre instance de justice divine. Une autre forme de justice de la Déesse Mère. Mardona, fouette, lapide et reprend à son compte les punitions du patriarcat.

Personnages

Par ordre d'entrée en scène :

  • Sabatil
  • Mardona : Mère de Dieu
  • Anouchka : sœur de Mardona
  • Mouschkou : sobriquet du vieux juif
  • Nilko Ossipowitch : père de Mardona
  • Turib : frère de Mardona
  • Jehorig : frère de Mardona

Analyse

Masochisme

C'est La Vénus à la fourrure, et non le reste de l'œuvre masochienne qui poussa Krafft-Ebing à utiliser le terme masochisme pour qualifier un symptôme qu'il considérait comme une pathologie. Si Sacher-Masoch a toujours essayé de mettre en scène La Vénus à la fourrure dans sa vraie vie. Il lui aurait été impossible de faire de même avec les tueuses de ses autres romans. Certes il y a des éléments sadiques et masochistes dans les romans de Sacher-Masoch, comme il en existe dans la plupart des romans. Mais la sexualité est sous-jacente. En revanche les éléments fétichistes apparaissent tout au long des deux romans.

Fétichisme et descriptions

Bien que le roman ne soit pas dans la lignée de La Vénus à la fourrure où Sacher Masoch met en scène ce qu'il cherche à réellement vivre. Il décrit, cependant, la femme idéale, celle qu'il désire dans la Mère de Dieu, comme dans ses autre romans. Tout ce qui est de l'ordre de la beauté naturelle ne résiste pas à la fascination fétichiste. Elle annule tout ce qu'il y a autour d'elle pour occuper toute la scène. A un lecteur qui lui reproche ce coté répétitif, il répond : « si une telle femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres. »

La relation à la fourrure, omniprésente évidemment comme dans de nombreux écrits de Sacher-Masoch, une relation avec le Legs de Cain :

« Quant à la fourrure, sa présence obsédante dans la plupart des histoires galiciennes témoigne que Caïn et sa descendance sont du côté du sauvage, l'image sera si forte que la femme ne pourra être Vénus qu'ensauvagée d'une fourrure »[5].

Sabatil est tout de suite fasciné par Mardona :

  • « Il se jeta à ses genoux l'embrassa à ses pieds... » Fétichisme du pied omniprésent particulièrement révélé dans ce livre. Toutes les formes de fétichisme qui fascinent Sacher-Masoch son réunies dans ce livre.

Masoch la décrit :

  • Elle est « encadrée de roses sauvages »,
  • « Elle porte des hautes bottes de maroquin rouge »: Les bottes de maroquin, les fourrures reviennent de façon répétitive dans tous les romans de Masoch. Les héroïnes de Masoch ont toujours un fouet à la main.
  • « Une pelisse bleue bordée d'agneau. »

Mardona est vierge et intouchable:

  • « Chaste et belle » « Ne me touche pas (...) tu commets un péché en portant les mains sur moi. (...)
  • « Elle se dégagea sans un mot. Son beau visage était enflammé de colère... »
  • « Elle plisse les lèvres dédaigneusement.»

En revanche les frères de Mardona sont :

  • « Petit[s], maigre[s], au[x] visage[s] pâle[s] [...] et agité[s] comme le sont ordinairement les poitrinaires.

Et à propos d'Anouchka (soeur de Mardona):

  • « Son visage avait aussi peu d'expression que celui d'une citrouille creuse où l'on aurait placé une chandelle. »

Enfin la nature chez Masoch est aussi fétichisée :

  • « Elle porte un manteau d'hermine blanc. »

Le Legs de Caïn

L'œuvre de Sacher Masoch est sous le signe de Caïn. Sacher-Masoch se dit fils de Caïn, condamné d'avance par Dieu. Pour Gilles Deleuze, le crime de Cain appartient entièrement au monde masochiste[6].

Hermann Hesse dans Demian identifie la Déesse-Mère avec Éve, géante qui porte au front le signe de Caîn. Selon l'auteur, le signe de Caïn ne serait pas une marque visible, en somme une marque corporelle de sa faute, mais un signe de supériorité et de force de caractère[7].

Pour Jean-Paul Corsetti, ainsi que l'a montré Pascal Quignard :

« En face de Caïn il y a Jésus : Caïn est un rapport à la mort comme violence inaugurale. Il est le meurtre du frère (...) il définit le rapport à l'histoire aux totalités qu'il déchire. Mais du même coup, il institue l'histoire, en tant que déchirement. Pour Sacher Masoch l'enfer n'est pas seulement dans les profondeurs abyssales, mais aussi au-dessus de nos têtes, le monde céleste est infernal[8]… »

Pour Roland Jaccard, « à l'origine, il y a cette réfutation de Leibniz : le monde dans lequel nous vivons n'est pas le meilleur des mondes possibles. Le monde, tel que l'envisage Sacher-Masoch, est un « legs de Caïn », il est placé sous le signe du mal, du crime, de la malédiction, de la culpabilité. La nature, écrit-il, nous a donné la destruction comme moyen d'existence[9]. »

Le roman rejoint les gnostiques qui considèrent la création comme une création mauvaise engendrée par un mauvais démiurge. D'une certaine manière, tout le monde créé est infernal.

Pour Pascal Quignard, « Jésus est la mort-sens, la mort soumise que la mère crucifie »[8].

Présentations et préfaces

Voir aussi

Notes et références

  1. Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch, Paris, Éditions de Minuit, , 276 p. (ISBN 2-707-30332-1)
  2. Annie Le Brun, Les châteaux de la subversion, Paris, Gallimard, coll. Folio essais, 1986, p.14.
  3. Jean-Paul Corsetti, préface de La Pêcheuse d'âmes, édition Champ Vallon, 1991
  4. a b et c G. Deleuze, op. cit. p. 85
  5. Preface Elisabeth Lemirre et Jacques Cotin Don Juan de Kolomea - Éditions Philippe Piquier
  6. G. Deleuze, op. cit. p. 84
  7. Hermann Hesse, Demian, Le livre de poche
  8. a et b Pascal Quignard Don L'être et le balbutiement - Essai sur Sacher-Masoch Éditions Mercure de France 1969 , op. cit.,
  9. Roland Jaccard cite Leibniz, Le Monde, 13 décembre 1991