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Fils d’un fleuriste, né à Paris, Albert Simonin quitte l’école communale pour devenir, à 12 ans, calicot, puis successivement électricien, fumiste et négociant en perles. Journaliste à ''[[L'Intransigeant]]'', il est chargé de la rubrique sportive. Chauffeur de taxi, il tire de son expérience un reportage romancé, ''Voilà Taxi''. Revenu au journalisme, il tient à ''L’Intransigeant'' une chronique quotidienne, le ''Billet de l’Homme de la Rue'' et donne à ''[[Voilà]]'' et à ''[[Détective (magazine)|Détective]]'' une série de reportages sur la vie secrète de Paris.
Fils d’un fleuriste, né à Paris, Albert Simonin quitte l’école communale pour devenir, à 12 ans, calicot, puis successivement électricien, fumiste et négociant en perles. Journaliste à ''[[L'Intransigeant]]'', il est chargé de la rubrique sportive. Chauffeur de taxi, il tire de son expérience un reportage romancé, ''Voilà Taxi''. Revenu au journalisme, il tient à ''L’Intransigeant'' une chronique quotidienne, le ''Billet de l’Homme de la Rue'' et donne à ''[[Voilà]]'' et à ''[[Détective (magazine)|Détective]]'' une série de reportages sur la vie secrète de Paris.


En 1940, [[Henri Philippon]] le fait entrer au journal [[pétainiste]] ''[[La France au travail]]'', où il est rédacteur<ref>[[Henry Coston|H. Coston]], ''Dictionnaire de la Politique Française'', vol. IV, p. 656, [[Librairie française]], [[Chiré-en-Montreuil]], 1979.</ref> sous la [[rédacteur en chef|direction]] d'[[Henri Coston]]. En 1941, quand la ligne éditoriale est réorientée par les hommes de [[Pierre Laval]] dans un sens accentuant le [[Collaboration en France|collaborationnisme]], il est affecté à des tâches techniques de mise en page au [[Bulletin d'information anti-maçonnique|Centre d'Action et de Documentation]], officine de propagande [[Antisémitisme en France|antisémite]] et [[Antimaçonnisme#France|antimaçonnique]] financée par l'[[Occupation allemande|Occupant]]. Il y assiste [[Henri Coston]] dans la publication d'une brochure au tirage confidentiel, ''Le [[bourrage de crâne]]. Comment la Presse Trompait l’Opinion''<ref>[[Henri Coston|H. Coston]] & A. Simonin, ''Le Bourrage de Crâne'', [[Centre d'Action et de Documentation|CAD]], [[Paris]], 1943, 32 p.</ref>. Les auteurs y dénoncent une presse de l'[[entre-deux-guerres]] qui, sous l'influence internationale<ref>[[Henry Coston|H. Coston]], ''La Franc-Maçonnerie, voilà l'ennemie !'', Nouvelles Editions Nationales, 1935, 93 p.</ref> de « mystérieux philanthropes »<ref name="Bourr31">[[Henri Coston|H. Coston]] & A. Simonin, ''Le Bourrage de Crâne'', p. 31, [[Centre d'Action et de Documentation|CAD]], [[Paris]], 1943.</ref>, aurait fait croire à l'invincibilité de la [[France]] en exaltant la [[Armistice de 1918|victoire de 1918]] et contribuer à la [[Armistice du 22 juin 1940|défaite]] en s'opposant systématiquement à l'[[Allemagne]] [[nazisme|nazie]]<ref>[[Henri Coston|H. Coston]] & A. Simonin, ''Le Bourrage de Crâne'', p. 3, [[Centre d'Action et de Documentation|CAD]], [[Paris]], 1943.</ref> : {{citation|Les [[juif]]s ont été par une sage mesure éliminés de la presse, les [[franc maçon|maçon]]s devraient l'être en principe}}, etc.<ref name="Bourr31"/> A la [[Libération (histoire)|Libération]], Albert Simonin est condamné à une peine de cinq années de réclusion, qu'il purge jusqu'en 1954. Il est alors libéré par un décret d'amnistie.
En 1940, [[Henri Philippon]] le fait entrer au journal [[pétainiste]] ''[[La France au travail]]'', où il est rédacteur<ref>[[Henry Coston|H. Coston]], ''Dictionnaire de la Politique Française'', vol. IV, p. 656, [[Librairie française]], [[Chiré-en-Montreuil]], 1979.</ref> sous la [[rédacteur en chef|direction]] d'[[Henri Coston]]. En 1941, quand la ligne éditoriale est réorientée par les hommes de [[Pierre Laval]] dans un sens accentuant le [[Collaboration en France|collaborationnisme]], il est affecté à des tâches techniques de mise en page au [[Bulletin d'information anti-maçonnique|Centre d'Action et de Documentation]], officine de propagande [[Antisémitisme en France|antisémite]] et [[Antimaçonnisme#France|antimaçonnique]] financée par l'[[Occupation allemande|Occupant]]. Il y assiste [[Henri Coston]] dans la publication d'une brochure au tirage confidentiel, ''Le [[bourrage de crâne]]. Comment la Presse Trompait l’Opinion''<ref>[[Henri Coston|H. Coston]] & A. Simonin, ''Le Bourrage de Crâne'', [[Centre d'Action et de Documentation|CAD]], [[Paris]], 1943, 32 p.</ref>. Les auteurs y dénoncent une presse de l'[[entre-deux-guerres]] qui, sous l'influence internationale<ref>[[Henry Coston|H. Coston]], ''La Franc-Maçonnerie, voilà l'ennemie !'', Nouvelles Editions Nationales, 1935, 93 p.</ref> de « mystérieux philanthropes »<ref name="Bourr31">[[Henri Coston|H. Coston]] & A. Simonin, ''Le Bourrage de Crâne'', p. 31, [[Centre d'Action et de Documentation|CAD]], [[Paris]], 1943.</ref>, aurait fait croire à l'invincibilité de la [[France]] en exaltant la [[Armistice de 1918|victoire de 1918]] et contribuer à la [[Armistice du 22 juin 1940|défaite]] en s'opposant systématiquement à l'[[Allemagne]] [[nazisme|nazie]]<ref>[[Henri Coston|H. Coston]] & A. Simonin, ''Le Bourrage de Crâne'', p. 3, [[Centre d'Action et de Documentation|CAD]], [[Paris]], 1943.</ref> : {{citation|Les [[juif]]s ont été par une sage mesure éliminés de la presse, les [[franc maçon|maçon]]s devraient l'être en principe}}, etc.<ref name="Bourr31"/> A la [[Libération (histoire)|Libération]], Albert Simonin est condamné à une peine de cinq années de réclusion, qu'il purge jusqu'en 1950. Il est alors libéré par un décret d'amnistie.


Il publie, en [[1953 en littérature|1953]], ''[[Touchez pas au grisbi ! (roman)|Touchez pas au grisbi !]]''<ref>''Encyclopédie du monde actuel'' (EDMA), Lausanne 1967.</ref>. Ce premier ouvrage lui apporte la célébrité dès sa parution, avec l'obtention notamment du [[Prix des Deux Magots]]. Il s'agit du premier volet d'une trilogie nostalgique consacrée à un truand vieillissant, [[Trilogie de Max le Menteur|Max le Menteur]], qui sera porté au cinéma par [[Jacques Becker]] l'année suivante. Cette adaptation cinématographique est un hommage exceptionnel au roman dont elle est tirée, tandis que celles que feront [[Gilles Grangier]] du ''[[Le cave se rebiffe|Cave se rebiffe]]'' en [[1961]] et [[Georges Lautner]] de ''Grisbi or not grisbi'' en [[1963]] sous le titre ''[[Les Tontons flingueurs]]'' sont en revanche très infidèles. On y retrouve toutefois la trame principale des histoires contées par Albert Simonin et la truculence de la langue verte sous la plume de [[Michel Audiard]], ces deux romans noirs étant transformés en comédies truffées des fameuses répliques du dialoguiste au style très personnel.
Il publie, en [[1953 en littérature|1953]], ''[[Touchez pas au grisbi ! (roman)|Touchez pas au grisbi !]]''<ref>''Encyclopédie du monde actuel'' (EDMA), Lausanne 1967.</ref>. Ce premier ouvrage lui apporte la célébrité dès sa parution, avec l'obtention notamment du [[Prix des Deux Magots]]. Il s'agit du premier volet d'une trilogie nostalgique consacrée à un truand vieillissant, [[Trilogie de Max le Menteur|Max le Menteur]], qui sera porté au cinéma par [[Jacques Becker]] l'année suivante. Cette adaptation cinématographique est un hommage exceptionnel au roman dont elle est tirée, tandis que celles que feront [[Gilles Grangier]] du ''[[Le cave se rebiffe|Cave se rebiffe]]'' en [[1961]] et [[Georges Lautner]] de ''Grisbi or not grisbi'' en [[1963]] sous le titre ''[[Les Tontons flingueurs]]'' sont en revanche très infidèles. On y retrouve toutefois la trame principale des histoires contées par Albert Simonin et la truculence de la langue verte sous la plume de [[Michel Audiard]], ces deux romans noirs étant transformés en comédies truffées des fameuses répliques du dialoguiste au style très personnel.

Version du 12 juillet 2014 à 18:22

Albert Simonin
Naissance
Paris, Drapeau de la France France
Décès (à 74 ans)
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français, argot
Mouvement Argot
Genres

Œuvres principales

Albert Simonin, né à Paris le et mort le , est un écrivain et scénariste français, auteur de romans policiers illustrant l'usage de l'argot dans le milieu. Sa trilogie à succès consacrée à un truand vieillissant, Max le Menteur, a été adaptée à l'écran (Touchez pas au grisbi, Le cave se rebiffe et Les Tontons flingueurs)

Auteur d'un dictionnaire d'argot publié en 1957, Albert Simonin reproduit dans ses romans le parler des voyous avec un grand souci d’exactitude et de précision. Si ce style est sujet aux effets de mode ainsi qu'à l'obsolescence intrinsèque du langage de la rue, il en a légitimé l'emploi en littérature et ouvert la voie à des Frédéric Dard ou Jean Vautrin.

Biographie

Fils d’un fleuriste, né à Paris, Albert Simonin quitte l’école communale pour devenir, à 12 ans, calicot, puis successivement électricien, fumiste et négociant en perles. Journaliste à L'Intransigeant, il est chargé de la rubrique sportive. Chauffeur de taxi, il tire de son expérience un reportage romancé, Voilà Taxi. Revenu au journalisme, il tient à L’Intransigeant une chronique quotidienne, le Billet de l’Homme de la Rue et donne à Voilà et à Détective une série de reportages sur la vie secrète de Paris.

En 1940, Henri Philippon le fait entrer au journal pétainiste La France au travail, où il est rédacteur[1] sous la direction d'Henri Coston. En 1941, quand la ligne éditoriale est réorientée par les hommes de Pierre Laval dans un sens accentuant le collaborationnisme, il est affecté à des tâches techniques de mise en page au Centre d'Action et de Documentation, officine de propagande antisémite et antimaçonnique financée par l'Occupant. Il y assiste Henri Coston dans la publication d'une brochure au tirage confidentiel, Le bourrage de crâne. Comment la Presse Trompait l’Opinion[2]. Les auteurs y dénoncent une presse de l'entre-deux-guerres qui, sous l'influence internationale[3] de « mystérieux philanthropes »[4], aurait fait croire à l'invincibilité de la France en exaltant la victoire de 1918 et contribuer à la défaite en s'opposant systématiquement à l'Allemagne nazie[5] : « Les juifs ont été par une sage mesure éliminés de la presse, les maçons devraient l'être en principe », etc.[4] A la Libération, Albert Simonin est condamné à une peine de cinq années de réclusion, qu'il purge jusqu'en 1950. Il est alors libéré par un décret d'amnistie.

Il publie, en 1953, Touchez pas au grisbi ![6]. Ce premier ouvrage lui apporte la célébrité dès sa parution, avec l'obtention notamment du Prix des Deux Magots. Il s'agit du premier volet d'une trilogie nostalgique consacrée à un truand vieillissant, Max le Menteur, qui sera porté au cinéma par Jacques Becker l'année suivante. Cette adaptation cinématographique est un hommage exceptionnel au roman dont elle est tirée, tandis que celles que feront Gilles Grangier du Cave se rebiffe en 1961 et Georges Lautner de Grisbi or not grisbi en 1963 sous le titre Les Tontons flingueurs sont en revanche très infidèles. On y retrouve toutefois la trame principale des histoires contées par Albert Simonin et la truculence de la langue verte sous la plume de Michel Audiard, ces deux romans noirs étant transformés en comédies truffées des fameuses répliques du dialoguiste au style très personnel.

En 1960, avec Du mouron pour les petits oiseaux, il fait son entrée dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard. Entre 1968 et 1971, Albert Simonin revient au polar et écrit sa seconde trilogie (Le Hotu, Le Hotu s'affranchit, Hotu soit qui mal y pense), qu'il situe dans les années 1920 afin de se démarquer de la production du moment. Dans son dernier roman, l'Élégant, publié en 1973, le héros du livre, après dix ans passé en prison, redécouvre avec tristesse un Paris qu'il ne reconnaît plus. Simonin se consacre ensuite à l'écriture d'une autobiographie, Confessions d'un enfant de la Chapelle (1977), où il décrit son quartier miséreux du début de siècle, les mœurs « prolo », les « fortifs », les petits trafics, ses premières amours, son entrée (pénible) dans le monde du travail, digne du roman de Céline, Mort à crédit.

Le dictionnaire dont Albert Simonin est l'auteur, Le Petit Simonin illustré, dictionnaire d'usage (1957) a été réédité en 1968 sous le titre Le Petit Simonin illustré par l'exemple.

Il décède en février 1980 et repose au cimetière de Montrouge.

Publications

Romans
  • Une balle dans le canon, 1958
  • Du mouron pour les petits oiseaux, 1960
  • Trilogie du Hotu
    • Le Hotu, chronique de la vie d'un demi-sel, première époque, 1968
    • Le Hotu s'affranchit, chronique de la vie d'un demi-sel, deuxième époque, 1969
    • Hotu soit qui mal y pense, chronique de la vie d'un demi-sel, troisième et dernière époque, 1971, Prix Mystère de la Critique 1972
  • L'Élégant, 1973
Souvenirs
  • Confessions d'un enfant de la Chapelle, 1977
Essais
  • Voilà Taxi, en collaboration avec Jean Bazin, 1935
  • Le bourrage de crâne, en collaboration avec Henri Coston, v. 1942
  • Le Petit Simonin illustré, dictionnaire d'usage, illustrations de Paul Grimault, 1957 ; réédité en 1968 sans les illustrations sous le titre le Petit Simonin illustré par l'exemple
  • Lettre ouverte aux voyous, Albin Michel, 1966
  • Le savoir vivre chez les truands, Hachette, 1967

Activités cinématographiques

Également homme de cinéma, scénariste, dialoguiste, dans la bande à Audiard, Gabin, Lautner, Belmondo, Auguste Le Breton, Frédéric Dard.

On lui doit entre autres les scénarios de :

Bibliographie

Étude sur l'œuvre d'Albert Simonin
  • André Nolat, Romances de la rue, notes sur quatre écrivains : Mac Orlan, Carco, Simonin, Boudard, éditions Baudelaire, septembre 2009

Notes

  1. H. Coston, Dictionnaire de la Politique Française, vol. IV, p. 656, Librairie française, Chiré-en-Montreuil, 1979.
  2. H. Coston & A. Simonin, Le Bourrage de Crâne, CAD, Paris, 1943, 32 p.
  3. H. Coston, La Franc-Maçonnerie, voilà l'ennemie !, Nouvelles Editions Nationales, 1935, 93 p.
  4. a et b H. Coston & A. Simonin, Le Bourrage de Crâne, p. 31, CAD, Paris, 1943.
  5. H. Coston & A. Simonin, Le Bourrage de Crâne, p. 3, CAD, Paris, 1943.
  6. Encyclopédie du monde actuel (EDMA), Lausanne 1967.