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« Virginie Despentes » : différence entre les versions

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Hébergée dans un foyer de [[La Croix-Rousse]] mais seule, elle sombre dans un [[alcoolisme]] à la [[bière]] tout en s'enivrant de la lecture de [[Vladimir Bukowski|Bukowski]]<ref name="Gurtler"/>. Elle multiplie les petits boulots, [[baby sitter]], superviseuse pour un réseau [[Minitel]], employée chez [[Auchan]], vendeuse chez un [[disquaire]], puis [[pigiste]] pour journaux rocks<ref>[http://www.evene.fr/celebre/biographie/virginie-despentes-3335.php Virginie Despentes, Écrivain française] sur www.evene.fr</ref>.... Adepte du groupe de [[rock alternatif]] ''[[Bérurier noir]]''<ref name="Aubenas"/>, elle en fréquente le milieu, celui des [[Mouvement punk|Punks]] et des [[Mouvement autonome en France|Autonomes]]. Le manque d'argent<ref name="Aubenas"/> l'amène à « la prostitution volontaire et occasionnelle »<ref>V. Despentes, [http://www.lemagazine.info/?Despentes-anarcho-feministe Interview], in ''Le Magazine''.</ref> via le [[Minitel rose]], dans des « salons de massage » et des [[peep show]]s.
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En [[1992]], elle souffre d'un grave [[eczéma]] généralisé et se refugie dans la maison que ses parents lui abandonnent pour les vacances<ref name="Gurtler"/>. En un mois<ref name="Aubenas"/>, elle y écrit le roman de sa vie, ''[[Baise-moi (roman)|Baise moi]]''<ref name="Gurtler"/>. À l'automne, la jeune fille rejoint un [[Squat (lieu)|squat]]<ref name="Aubenas"/> [[paris]]ien et mène une vie de chef de bandes, de [[manifestation]]s et de violence<ref name="Aubenas"/>. Son manuscrit, des copies, circule dans le milieu [[post-punk]] mais il sera refusé par neufs [[Maison d'édition|maisons d'édition]] et même par ceux des [[Librairie|libraire]]s qui proposent des ouvrages en dépôt<ref name="Aubenas"/>. Son style trash déplait et effraie les professionnels.
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En [[1993]]<ref name="Gurtler"/>, Virginie Despentes travaille à [[Paris]] comme critique de films [[pornographie|pornographiques]] pour un magazine spécialisé et partage le logement d'[[Ann Scott]], autre aspirant écrivain. Les deux jeunes femmes se soutiennent dans leurs ambitions littéraires<ref name="Aubenas"/>. À l'occasion, pour vivre, l'une fait le [[Mannequinat|mannequin]] quand l'autre continue de se prostituer<ref name="Aubenas"/>. Elles fréquentent la [[discothèque]] [[Pulp (discothèque)|Le Pulp]], dont le [[disc jockey]], [[Sextoy (DJ)|Sextoy]], est la maîtresse d'[[Ann Scott]]<ref name="Aubenas"/>, et son milieu [[Lesbianisme|lesbiens]] et [[Transsexualisme|transsexuels]].
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Version du 15 avril 2016 à 03:26

Virginie Despentes
Description de cette image, également commentée ci-après
Virginie Despentes en mars 2012, à l'avant-première du film Bye Bye Blondie.
Naissance (54 ans)
Nancy
Activité principale
Distinctions
Auteur
Genres

Œuvres principales

Virginie Despentes, née le à Nancy[1], est une écrivaine et réalisatrice française, à l'occasion traductrice et parolière.

Son œuvre, inventaire de la marginalisation de la jeunesse, participe étroitement à la libération des mœurs vécue par la génération X et l'acclimatation de la pornographie à l'espace public induite par les nouvelles techniques de communication[2]. Par l'exploration transgressive des limites de l'obscénité[3], la romancière comme la cinéaste propose une critique sociale et un antidote au nouvel ordre moral[4]. Plus encore, ses personnages interrogent sur un mode identificatoire le dérangement du sujet qui conduit de la misère et l'injustice à la violence contre soi même, telle que la toxicomanie, ou contre autrui, comme le viol ou même le terrorisme[5], violences dont elle a eu elle même à souffrir. Elle est membre de l'Académie Goncourt depuis le 5 janvier 2016[6].

Biographie

Enfance turbulente (1969-1980)

Quand nait celle qui prendra à vingt cinq ans le pseudonyme de Virginie Despentes, ses parents ont vingt et dix neuf ans[7]. Postiers engagés dans le syndicat CGT, ils participent aux manifestations avec leur fille[7]. À deux ans, elle chante déjà L'Internationale[7].

Sa mère lui achète les Fantômette de la Bibliothèque rose mais ce sont les subversifs Reiser et Wolinski qu'elle aime lire en cachette[7]. À l'école primaire, elle exaspère ses maîtres par des bagarres incessantes avec les garçons, qu'elle dépasse tous en taille[7]. En grandissant, c'est Marylin Monroe, image de la fragilité féminine, qu'elle se choisit comme idole mais qu'en devenant adolescente, elle renie[7].

Le dérangement de l'adolescence (1981-1987)

À l'écart des autres élèves de son collège, qui la surnomment pour cette raison « Bulle », elle se fait élire et réélire chaque année déléguée de classe après que son père, qui s'est présenté sous l'étiquette du Parti socialiste, a perdu l’élection municipale de Jarville[7]. Elle échoue toutefois à mobiliser les élèves contre les professeurs dont elle juge l'enseignement réactionnaire et à les entraîner dans des grèves[7].

Elle découvre l'écriture auprès d'un professeur de français original, amateur du poète compositeur Hubert-Félix Thiéfaine et du groupe de rock post-punk Joy Division[7]. Il lui enseigne que la littérature est une chose cruciale : « il m'a ouvert la voie de la littérature et, en un sens, a changé ma vie »[8].

À quinze ans, elle est internée contre son gré[9] en hôpital psychiatrique[10] pendant un peu plus de deux mois[9]. La psychothérapie, en dépit de la sollicitude bienveillante ressentie par la patiente, se heurte à la violence de l'institution et reste un échec que suivent une déscolarisation et une errance à travers les préfectures de France au cours de laquelle l'adolescente est arrêtée de très nombreuses fois par la police[9].

À dix-sept ans, en faisant du stop, au retour d'un voyage à Londres, elle est victime d'un viol, qui fera en 2006 la matière d'un chapitre de son ouvrage King Kong Théorie [11]. Face à ce traumatisme, elle s'installe dans le déni et répond systématiquement aux psychothérapeutes avec lesquels le lien n'est pas rompu « ça ne m'a pas marqué plus que ça »[2]. Ce rejet du ravalement de la condition de femme fera le ressort du personnage de Manu dans son premier roman, Baise-moi. Ce n'est que vingt ans plus tard qu'elle reconnaitra à propos de ce viol qu'« (...) il est fondateur, de ce que je suis en tant qu'écrivain, en tant que femme qui n'en est plus tout à fait une. C'est à la fois ce qui me défigure et me constitue. »[12]

Tout en travaillant comme femme de ménage à Longwy, elle passe son baccalauréat en candidate libre, et n'a pas encore dix huit ans quand elle s'inscrit à Lyon dans une école de cinéma, qui deviendra deux ans plus tard l'ARFIS.

Les années post punk (1988-1993)

Hébergée dans un foyer de La Croix-Rousse mais seule, elle sombre dans un alcoolisme à la bière tout en s'enivrant de la lecture de Bukowski[7]. Elle multiplie les petits boulots, baby sitter, superviseuse pour un réseau Minitel, employée chez Auchan, vendeuse chez un disquaire, puis pigiste pour journaux rocks[13].... Adepte du groupe de rock alternatif Bérurier noir[2], elle en fréquente le milieu, celui des Punks et des Autonomes. Le manque d'argent[2] l'amène à « la prostitution volontaire et occasionnelle »[14] via le Minitel rose, dans des « salons de massage » et des peep shows.

En 1992, elle souffre d'un grave eczéma généralisé et se refugie dans la maison que ses parents lui abandonnent pour les vacances[7]. En un mois[2], elle y écrit le roman de sa vie, Baise moi[7]. À l'automne, la jeune fille rejoint un squat[2] parisien et mène une vie de chef de bandes, de manifestations et de violence[2]. Son manuscrit, des copies, circule dans le milieu post-punk mais il sera refusé par neufs maisons d'édition et même par ceux des libraires qui proposent des ouvrages en dépôt[2]. Son style trash déplait et effraie les professionnels.

En 1993[7], Virginie Despentes travaille à Paris comme critique de films pornographiques pour un magazine spécialisé et partage le logement d'Ann Scott, autre aspirant écrivain. Les deux jeunes femmes se soutiennent dans leurs ambitions littéraires[2]. À l'occasion, pour vivre, l'une fait le mannequin quand l'autre continue de se prostituer[2]. Elles fréquentent la discothèque Le Pulp, dont le disc jockey, Sextoy, est la maîtresse d'Ann Scott[2], et son milieu lesbiens et transsexuels.

Baise-moi (1994-1995)

En 1994, Virginie Despentes est vendeuse au rayon librairie du Virgin Megastore des Champs-Élysées et a perdu son propre manuscrit de Baise-moi, renoncé à sa carrière littéraire, lorsqu'un ami, à son insu, en présente une copie à Florent Massot[2], un éditeur de rares albums qui témoignent de la contre-culture des banlieues. Celui-ci prend le risque de publier pour la première fois un roman, à mille puis deux mille exemplaires[2]. La diffusion ne dépasse pas dans un premier temps le réseau underground du rock alternatif, des fanzines, des squats.

Elle ne se décourage pas[15] et, désormais attachée à sa condition de salariée, reste résolue à changer de vie[9]. Pour effacer son passé compromettant[7], elle choisit un nom de plume. Celui-ci fait « référence au quartier "des pentes" de la Croix-rousse, à Lyon »[8], où elle a vécu sa vie de prostituée occasionnelle. Elle adresse son livre à dix personnes choisies.

Au cours d'une intimité de trois jours dans une chambre d'hôtel de Belleville, elle le présente à une de ses idoles, Patrick Eudeline[2]. La chronique qu'en tire le rocker, incrédule, choqué et fasciné, parvient à Thierry Ardisson, qui en fait la promotion dans sa nouvelle émission Paris Dernière diffusée sur la chaîne du câble Paris Première. Les ventes montent à quarante mille exemplaires[2]. À sa suite, le journaliste Laurent Chalumeau fait de même dans l'émission Nulle part ailleurs de Canal+, première chaine de télévision française à diffuser régulièrement des films pornographiques[2]. Baise-moi devient un « phénomène branché du samedi soir »[2]. Les ventes passeront à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires[2].

Notoriété fulgurante (1996-1999)

Au succès et à une critique gênée, qui tantôt en fait « une victime des bas-fonds que la réussite va sauver de la drogue et de la prostitution »[16], tantôt jette un voile pudique sur son passé[17], Virginie Despentes, provocatrice, répond sans fard, « avec autant de plaisir que j’avais eu à le faire »[17], qu'elle a été pute.

En 1996, Florent Massot publie son deuxième roman. Les Chiennes savantes est, sous la forme d'un roman policier, un portrait noir d'une certaine condition féminine de la France postmoderne, antithèse des « femmes savantes ». Quand la faillite de Florent Massot engloutit la fortune accumulée par Baise moi, elle est approchée par les éditions Grasset[2].

Elle y publie en 1998 son troisième roman. Les Jolies Choses, « remake grunge des Illusions perdues »[18] écrit « en trois-quatre jours sous coke »[19] reçoit le prix de Flore 1998 et le prix littéraire Saint-Valentin 1999. Son adaptation cinématographique réalisée par Gilles Paquet-Brenner, Marion Cotillard et Stomy Bugsy jouant les rôles principaux, recevra en 2001 le prix Michel-d'Ornano lors du festival de Deauville.

En 1999, Librio publie Mordre au travers, un recueil de nouvelles subversives, pour la plupart inédites. La quatrième de couverture avertit que l'« ouvrage contient des passages susceptibles de heurter la sensibilité de certains lecteurs »[20]. En 1997, Despentes avait déjà publié une nouvelle, « C'est dehors, c'est la nuit », dans un recueil collectif, Dix, édité sous la direction du magazine Les Inrockuptibles.

Le scandale (2000)

Virginie Despentes porte depuis des années le projet de faire de son roman Baise moi un film. Elle veut permettre à des amies hardeuses d'y jouer sans scènes de sexe[2] et par là de faire reconnaître leur talents d'actrices.

En 2000, Philippe Godeau, fondateur d'avant garde de la société Pan-Européenne formé chez Gaumont, accepte de la produire à condition que la caméra, comme dans les films pornographiques, soit portée à l'épaule, que les scènes de sexe du roman ne soient pas autocensurées et que celles-ci ne soient pas simulées[2]. Pour l'aider dans la réalisation, l'ancienne élève de l'école cinématographique de Lyon fait appel à Coralie Trinh Thi, actrice pornographique de vingt cinq ans qui a reçu le Hot d'or 1996 et a la singularité d'« oser prendre son pied sur un tournage et oser le dire ». Les rôles sont confiés à Karen Lancaume et Raphaëla Anderson.

Le film sort dans soixante salles de France en juillet 2000. La critique cinématographique est scandalisée par l'outrance du propos, lequel paraissait acceptable tant qu'il n'était pas mis en images[2]. Les associations féministes, les milieux catholiques conservateurs, les militants d'extrême droite, relayés par une tribune du Nouvel Observateur intitulée « Sexe, violence, le droit d’interdire », obtiennent après trois jours d'exploitation l'interdiction immédiate[2].

Par une interprétation ad hoc[2], qui reconnaît aux auteurs du film leur intention de dénoncer la violence subies par les femmes mais constate la lecture pornographique qui en est faite par le spectateur[21], le Conseil d’État annule le visa d'exploitation[22]. Cette « jurisprudence Baise moi » rétablit la censure pour les « moins de dix huit ans »[2], restée inutilisée depuis 1981, quand les films pornographiques n'ont plus été interdits qu'au moins de seize ans, âge de la majorité sexuelle. L'arrêt soulève une ample polémique[23] mais restera en vigueur et sera utilisé quinze fois[2].

Polygraphe de la modernité (2001-2005)

Écrivain désormais reconnu, Virginie Despentes veut s'évader du rôle caricatural de provocatrice dans lequel le scandale l'a enfermée. Deux ans passés, elle en prend le contre pied en donnant un quatrième roman, Teen Spirit. Elle y aborde les thèmes optimistes de la réussite sociale, tel que la paternité. La même année, elle publie en collaboration avec Nora Hamdi, au Diable Vauvert, un roman graphique, Trois étoiles, sorte de manga sur la violence physique et sociale faite aux femmes.

Pour ce même éditeur, elle traduit deux textes anglais : Plastic Jesus de Poppy Z. Brite et Mort aux Ramones (Poison Heart: Surviving the Ramones), autobiographie de Dee Dee Ramone, un ancien membre du groupe Ramones. Le groupe de rock Placebo la sollicite en 2003 pour traduire en français un titre de leur album Sleeping with Ghosts : Protect Me from What I Want, qui devient Protège-moi.

En 2004, elle participe au deuxième numéro intitulé « Toujours aussi pute » de la revue Bordel que publie Flammarion. Elle rédige pour le magazine Rock & Folk une biographie de Lemmy Kilmister, musicien du groupe Motörhead, et publie Bye Bye Blondie, roman de l'aliénation, de la douleur qu'est l'exclusion sociale, du renoncement de soi que suppose la réussite sociale. De 2004 à 2005, Virginie Despentes tient un blog sur lequel elle poste chaque jour un billet d'humeur. Le blog est piraté en 2005, ce qui entraîne sa fermeture[24].

Après avoir vécu avec le dirigeant du magazine Rock & Folk Philippe Manœuvre[2], Virginie Despentes est, comme elle le déclarera en forme de coming out, « devenue lesbienne à 35 ans »[25]. Elle devient la compagne de la philosophe Beatriz Preciado[26], théoricienne et adepte de la déconstruction du sexe[27]. Elle expliquera à propos de leur relation, qui durera dix ans, jusqu'en 2014[28], et de son propre changement d'orientation sexuelle :

« Ma vision de l'amour n'a pas changé, mais ma vision du monde, oui. C'est super agréable d'être lesbienne. Je me sens moins concernée par la féminité, par l'approbation des hommes, par tous ces trucs qu'on s'impose pour eux. Et je me sens aussi moins préoccupée par mon âge : c'est plus dur de vieillir quand on est hétéro. La séduction existe entre filles, mais elle est plus cool, on n'est pas déchue à 40 ans[29]. »

En 2005, elle rédige trois titres pour l'album Va chercher la police du groupe A.S. Dragon, ainsi que deux préfaces, l'une pour Roland Cros et son ouvrage sur le groupe Bérurier Noir et l'autre pour J'assume de Nina Roberts, actrice pornographique. En 2006, elle réalise le clip de la chanson Mauvaise étoile pour Patrick Eudeline.

Cette même année 2006 parait King Kong Théorie, livre par lequel elle aborde le genre proprement autobiographique, mais sous la forme d'un essai. L'œuvre est présentée comme un « manifeste pour un nouveau féminisme »[30]. Le magazine féministe belge Axelle organise auprès des lecteurs une collecte de leurs réactions[31].

Vedette dérangeante (2006-2016)

Après un silence relatif de trois années passées dans l'anonymat à Barcelone auprès de Paul B. Preciado, Virginie Despentes prend un appartement en lisière du parc des Buttes Chaumont[4] et revient au premier plan de la scène littéraire française en produisant une suite d'œuvres qui, à travers la peinture d'un « malaise de la société », ne cessent de déranger[32].

En 2009, elle réalise son premier documentaire, Mutantes (Féminisme Porno Punk), diffusé sur Pink TV[33] et édité l'année suivante en DVD chez Blaq Out[34]. Elle écrit également une nouvelle sur l'érotisme féminin pour le magazine Psychologies[35].

2010 marque son retour au roman : elle publie Apocalypse bébé, toujours chez Grasset. Le roman reçoit le prix Trop Virilo le et le prix Renaudot le . Le Diable Vauvert édite aussi une nouvelle traduction établie par Virginie Despentes : Déséquilibres synthétique de l'anglais Will Work for Drugs de Lydia Lunch. La même année, Cécile Backès et Salima Boutebal proposent une adaptation théâtrale de King Kong Théorie, durant le « Off » du Festival d'Avignon[36].

Elle réalise l'adaptation cinématographique de Bye Bye Blondie avec Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart[37], qui sort en mars 2012.

En 2015, elle entame la publication de la série « Vernon Subutex », composée de trois volumes qui paraissent en janvier 2015 (Vernon Subutex, 1) et juin 2015 (Vernon Subutex, 2). La date de publication du dernier tome est inconnue, probablement dans le courant de l'année 2016.

Le 5 juin 2015, elle devient membre du jury du prix Femina[38].

Le 30 novembre 2015, elle est parmi les signataires de l'Appel des 58 : « Nous manifesterons pendant l'état d'urgence »[39],[40].

Le 5 janvier 2016, elle est élue à l'Académie Goncourt.

Style et thèmes choc

Écrits dans un style qui allie oralité brutale et réalités crues, les ouvrages de Virginie Despentes ont fait d'elle le symbole d'une certaine littérature « trash ». Chronique sociétale, exploration du milieu de la prostitution et de la pornographie, envers du décor de la célébrité, ou récit de trajectoires existentielles abîmées, l'œuvre de Despentes témoigne d'un monde à différentes vitesses où les inégalités sociales s'ajoutent aux discriminations. Virginie Despentes parle elle-même de ce « moteur » matriciel dans son écriture qu'est « l'observation des gens, des choses[41] ».

Marianne Payot, critique littéraire, évoque ce « style nerveux, ironique, vivant » et souligne « l'acuité du regard sur notre société et ses clivages et l'empathie pour les pauvres hères qui la composent. » Elle parle aussi de ces « obsessions sexuelles immuables et jubilatoires » et d'un « diabolique savoir-faire romanesque. » Avant de conclure : « La scandaleuse s'impose comme la chef de file d'une génération gaiement libertaire et décomplexée[42]. »

Même si son écriture est éloignée de tout militantisme frontal[43], en 2006, Despentes raconte comment elle est devenue ce personnage controversé dans King Kong Théorie, un essai autobiographique. Elle revient alors sur ses liens avec les théories féministes autour de trois axes majeurs : la question de l'acte prostitutionnel, les enjeux de la pornographie, et les problématiques inhérentes au trauma du viol. Elle évoque aussi ses conceptions littéraires.

Œuvre littéraire

Romans

Prix Anaïs Nin 2015[45] - Prix Landerneau 2015[46] - Prix La Coupole 2015[47]

Nouvelles

Essais

Préfaces

  • 2005 : préface à Bérurier Noir de Roland Cros, éditions Vaderetro.
  • 2005 : préface à J'assume de Nina Roberts, Scali.
  • 2009 : préface à En Amérique de Laurent Chalumeau, Grasset.
  • 2011 : préface à Paradoxia de Lydia Lunch, Au Diable Vauvert.
  • 2013 : préface à Guide de survie en milieu sexiste de Galou et Blan, éd. Blandine Lacour.
  • 2014 : préface à Philippe Djian - En marges (biographie) de David Desvérité, Le Castor Astral.

Articles de revues

Traductions

Prix littéraires et distinctions

Remise du Prix « E. Leclerc » le 11 février 2015 à Landerneau.

Adaptations de ses œuvres

Cinéma

Théâtre

  • 2009 : King Kong Théorie, lecture théâtrale d'après l'essai du même nom par Virginie Jortay[48].
  • 2010 : King Kong Théorie, adaptation théâtrale d'après l'essai du même nom par Cécile Backès et Salima Boutebal.

Audio

  • 2010 : Apocalypse bébé, mise en voix par Nadège Piton, disque audio, Audiolib.

Filmographie

Réalisations

Virginie Despentes aux côtés de Clara Ponsot, vedette de Bye Bye Blondie, lors de l'avant première de son film autobiographique.

Participations

Activité musicale

  • 1992 : Participation au groupe Straight Royer, avec Cara Zina, l'auteur d'Heureux les Simples d'esprit, chez Robert Laffont.
  • 2000 : Sortie de Baise-moi, le son, bande originale du film éponyme, qui reflète, dans une certaine mesure, les inspirations et goûts musicaux de l'auteur.
  • 2003 : Adaptation en français de la chanson Protect Me from What I Want de Placebo issue de leur album Sleeping with Ghosts sous le titre Protège-moi.
  • 2005 : Trois chansons écrites pour le groupe A.S. Dragon : Cher tueur, Seule à Paris, Cloue-moi au ciel, extrait de l'album Va chercher la police.
  • 2006 : Disc jockey lors de l'événement « Explicit part 1 Yesporno », une manifestation autour de la féminité et de la pornographie[51].

Virginie Despentes a également chanté avec son groupe Skywalker un titre inclus dans la compilation Créatures des Abysses, sous le label Wild Palm.

Annexes

Bibliographie

  • Shandy April Lemperlé, Comment prendre une autre forme : une étude sur la traduction anglaise et la version cinématographique du roman Baise-moi de Virginie Despentes, 2006[52].
  • Shirley Jordan, « "Dans le mauvais goût pour le mauvais goût" ? Pornographie, violence et sexualité féminine dans la fiction de Virginie Despentes », Nouvelles écrivaines : nouvelles voix ?, Rodopi, 2002[53].
  • Nadia Louar, « Version femmes plurielles : relire Baise-moi de Virginie Despentes », Palimpseste. Revue de traduction, no 22, 2009[54].
  • Jean-Max Méjéan, « Entretien avec Virginie Despentes », Comment parler de cinéma ?, L'Harmattan, 2005.
  • (en) Shirley Jordan, « Revolting Women ? Excess and détournement de genres in the work of Virginie Despentes », Contemporary French Women's Writing, Peter Lang, 2004[55].
  • (en) Michèle A. Schaal, « Gendered Performances: Fatherhood and Masculinity in Virginie Despentes’s Teen Spirit », Masculinities in Twentieth- and Twenty-First Century French and Francophone Literature, Ed.Edith B. Vandervoort, Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars Publishing, 2011. 41-63[56].
  • Michèle A. Schaal, « Virginie Despentes or a French Third Wave of Feminism? », Cherchez La Femme. Women and Values in the Francophone World, Eds. Adrienne Angelo and Erika Fülöp, Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars Publishing, 2011. 39-55[57].
  • (en) Lori Saing-Martin, « Rediscovering the absent father, a question of recognition Despentes, Tardieu. », in Amaleena Damlé & Gill Rye, French and francophone studies, Collect° "Women's writing in twenty-first-century France : life as literature.", UWP (en), Cardiff, 2013 (ISBN 9780708325889).
  • (en) Owen Heathcote, « Beyond Antoinette Fouque (Il y a deux sexes) and beyond Virginie Despentes (King Kong théorie) ? Anne Garréta's sphinxes. », in Amaleena Damlé & Gill Rye, French and francophone studies, Collect° "Women's writing in twenty-first-century France : life as literature.", UWP (en), Cardiff, 2013 (ISBN 9780708325889).
  • (en) Natalie Edwards, « Virginie Despentes and the risk of a twentieth-century autobiographical manifesto », in Anna Rocca & Kenneth Reeds, Women taking risks in contemporary autobiographical narratives, Cambridge Scholars Publishing, Newcastle, 2013 (ISBN 9781443849791).
  • Michèle A. Schaal, « Une nécessaire rébellion féministe: de la violence au féminin chez Virginie Despentes. », in Frédérique Chevillot & Colette Trout, Rebelles et criminelles chez les écrivaines d'expression française., Collect° Faux titre, Rodopi (en), Amsterdam, 2013 (ISBN 9789042036543).

Sources

  1. Notice d'autorité personne : Virginie Despentes, BnF, consulté le .
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa F. Aubenas, « Virginie Despentes, la fureur dans le sexe. », in Le Monde, Paris, .
  3. Sh. A. Lemperlé, Comment prendre une autre forme : une étude sur la traduction anglais et la version cinématographique de "Baise-moi" de Virginie Despentes. - Mémoire de maîtrise, Pour afficher « p. 1 », veuillez utiliser le modèle {{p.|1}}, Université du Montana, Missoula, mai 2011.
  4. a et b S. Bourmeau, « Virginie Despentes : "Je sens bien que je viens d'ailleurs". », in Grazia, Paris, .
  5. P. Cohen, « Viginie Despentes : "Je suis favorable à la légalisation des drogues en général." » in Inter'activ, France Inter, Paris, 9 juin 2015.
  6. Alain Beuve-Méry, « Goncourt : Virginie Despentes et Eric-Emmanuel Schmitt au jury », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  7. a b c d e f g h i j k l m et n M. Gurtler, « Virginie Despentes », in VSD, Paris, .
  8. a et b J. L. Tallon, « Entretien avec Virginie Despentes », in HorsPress, 2002.
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