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« Francie orientale » : différence entre les versions

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La '''Francie orientale''' est la partie orientale de l'[[empire carolingien]] partagé lors du [[traité de Verdun]] en [[843]]. Elle échoit à [[Louis le Germanique]]. Elle comprenait la part orientale de l'ancienne [[Austrasie]], la [[Saxe historique|Saxe]], la [[Thuringe]] et la [[Bavière]]. Ce royaume, bien que nommé « Francie », n'était pas peuplé de Francs mais de diverses tribus slaves et germaniques, tels les [[Thuringiens]], les [[Saxons]], les [[Suèves]], les [[Bavarii|Bavariens]], et les [[Serbe blanc|Sorbes]].
La '''Francie orientale''' est la partie orientale de l'[[empire carolingien]] partagé lors du [[traité de Verdun]] en [[843]]. Elle échoit à [[Louis le Germanique]]. Elle comprenait la part orientale de l'ancienne [[Austrasie]], la [[Saxe historique|Saxe]], la [[Thuringe]] et la [[Bavière]]. Ce royaume, bien que nommé « Francie », n'était pas peuplé de Francs mais de diverses tribus slaves et germaniques, tels les [[Thuringiens]], les [[Saxons]], les [[Suèves]], les [[Bavarii|Bavariens]] et les [[Serbe blanc|Sorbes]].


Le royaume des Francs orientaux ne gardera que sous les [[Carolingiens]] le nom de ''Francie'' qui sera dès l'origine également utilisé pour désigner deux régions : l'une originellement peuplée de Francs, la Francie du [[Rhin]] (''Rheinfranken'') ou ''[[Lotharingie]]'', l'autre colonisée par eux, la Francie du [[Main (rivière)|Main]], ou ''[[Franconie]]'' (''Mainfranken'')<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=70 et suivantes}}.</ref>.
Le royaume des Francs orientaux ne gardera que sous les [[Carolingiens]] le nom de ''Francie'' qui sera dès l'origine également utilisé pour désigner deux régions : l'une originellement peuplée de Francs, la Francie du [[Rhin]] (''Rheinfranken'') ou ''[[Lotharingie]]'', l'autre colonisée par eux, la Francie du [[Main (rivière)|Main]], ou ''[[Franconie]]'' (''Mainfranken'')<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=70 et suivantes}}.</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
Lors du traité de Verdun en 843, les fils de [[Louis le Pieux]] († 840), [[Lothaire Ier|Lothaire {{Ier}}]], [[Charles le Chauve]] et [[Louis II de Germanie|Louis le Germanique]], mettent fin à la guerre qui les oppose et se partagent le pouvoir. Lothaire obtient le titre d'empereur et la partie centrale de l'empire, Charles la partie occidentale et Louis la partie orientale.
Lors du traité de Verdun en 843, les fils de [[Louis le Pieux]] († 840), [[Lothaire Ier|Lothaire {{Ier}}]], [[Charles le Chauve]] et [[Louis II de Germanie|Louis le Germanique]], mettent fin à la guerre qui les oppose et se partagent le pouvoir. Lothaire obtient le titre d'empereur et la partie centrale de l'Empire, Charles la partie occidentale et Louis la partie orientale.


Après la mort de [[Louis IV de Germanie|Louis IV l'enfant]], dernier roi carolingien de [[Francie]] orientale, en [[911]], le choix de [[Conrad Ier de Germanie|Conrad {{Ier}}]] comme roi fut un pas important vers l'individualisation du royaume. Ce développement s'acheva en [[962]] lorsque [[Otton Ier de Germanie|Otton {{Ier}}]] se fit couronner empereur du nouveau [[Saint-Empire romain germanique]].
Après la mort de [[Louis IV de Germanie|Louis IV l'Enfant]], dernier roi carolingien de [[Francie]] orientale, en [[911]], le choix de [[Conrad Ier de Germanie|Conrad {{Ier}}]] comme roi fut un pas important vers l'individualisation du royaume. Ce développement s'acheva en [[962]] lorsque [[Otton Ier de Germanie|Otton {{Ier}}]] se fit couronner empereur du nouveau [[Saint-Empire romain germanique]].


=== Le déclin du ''royaume des Francs'' ===
=== Le déclin du ''royaume des Francs'' ===
Le partage de 843 était principalement un partage du pouvoir. Il correspondait aux coutumes franques et n'était pas compris comme la fin de l'empire des Francs. Louis {{Ier}} avait essayé, par l'''[[Ordinatio Imperii]]'' de [[817]], de consolider l'unité de l'empire. Mais ses projets furent contrariés dès 829 pour satisfaire les ambitions du fils de son second mariage, Charles. Il s'ensuivit des luttes qui ne prirent fin qu'avec le traité de Verdun. À partir de là, les parties occidentales et orientales de l'empire se développèrent de façon séparée. Cela fut particulièrement renforcé :
Le partage de 843 était principalement un partage du pouvoir. Il correspondait aux coutumes franques et n'était pas compris comme la fin de l'Empire des Francs. Louis {{Ier}} avait essayé, par l'''[[Ordinatio Imperii]]'' de [[817]], de consolider l'unité de l'Empire. Mais ses projets furent contrariés dès 829 pour satisfaire les ambitions du fils de son second mariage, Charles. Il s'ensuivit des luttes qui ne prirent fin qu'avec le traité de Verdun. À partir de là, les parties occidentales et orientales de l'Empire se développèrent de façon séparée. Cela fut particulièrement renforcé :


* d'une part, par les luttes internes à la dynastie carolingienne pour acquérir le pouvoir, qui opposèrent les parties occidentale et orientale de l'empire ;
* d'une part, par les luttes internes à la dynastie carolingienne pour acquérir le pouvoir, qui opposèrent les parties occidentale et orientale de l'Empire ;
* d'autre part, les attaques des [[Normands]], des [[Sarrasins]] et des [[Magyars|Hongrois]], qui menèrent à une perte de prestige de la dynastie carolingienne et à la recherche dans chacun des royaumes de nouveaux chefs locaux.
* d'autre part, les attaques des [[Normands]], des [[Sarrasins]] et des [[Magyars|Hongrois]], qui menèrent à une perte de prestige de la dynastie carolingienne et à la recherche dans chacun des royaumes de nouveaux chefs locaux.


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== Toponymie ==
== Toponymie ==
Le mot Francie ne fut utilisé pour désigner le royaume des Francs orientaux que tant que le trône est occupé par des [[Carolingiens]]<ref name="cb74">{{harvsp|Brühl|1995|p=74}}.</ref> mais cet emploi du terme cohabite avec une acception plus restrictive correspondant aux zones peuplée ou colonisées par des [[Francs]] : ainsi, les actes de [[Charles III le Gros|Charles III]] et d’[[Arnulf de Carinthie]] appellent Francie la seule partie alémanique du royaume oriental ou bien l’ensemble de cette dernière quand l’unité est refaite<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=69}}.</ref>. Le royaume des Francs de l'est est appelé Francie dans les ''[[Annales de Fulda]]'', dans la continuation du ''Breviarum Erchanberti'' composée à l’[[abbaye de Reichenau]], dans les ''Annales de Xanten''.
Le mot Francie ne fut utilisé pour désigner le royaume des Francs orientaux que tant que le trône est occupé par des [[Carolingiens]]<ref name="cb74">{{harvsp|Brühl|1995|p=74}}.</ref> mais cet emploi du terme cohabite avec une acception plus restrictive correspondant aux zones peuplée ou colonisées par des [[Francs]] : ainsi, les actes de [[Charles III le Gros|Charles III]] et d’[[Arnulf de Carinthie]] appellent Francie la seule partie alémanique du royaume oriental ou bien l’ensemble de cette dernière quand l’unité est refaite<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=69}}.</ref>. Le royaume des Francs de l'Est est appelé Francie dans les ''[[Annales de Fulda]]'', dans la continuation du ''Breviarum Erchanberti'' composée à l’[[abbaye de Reichenau]], dans les ''Annales de Xanten''.


Au [[IXe siècle|I{{Xe}} siècle]], dans le royaume de l'est, ''Francia'' peut donc désigner soit l’ensemble du royaume, soit une partie de celui-ci, auquel cas le terme renvoie à la Francie du [[Main (rivière)|Main]] ou [[Franconie]] (« Mainfranken ») et la Francie du Rhin ou [[Lotharingie]] (« Rheinfranken »), par opposition aux territoires des peuples germaniques soumis par les Francs : ''Alemania'', ''Baioaria'', ''Frisia'', ''Saxonia''<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=70}}.</ref>.
Au [[IXe siècle|I{{Xe}} siècle]], dans le royaume de l'Est, ''Francia'' peut donc désigner soit l’ensemble du royaume, soit une partie de celui-ci, auquel cas le terme renvoie à la Francie du [[Main (rivière)|Main]] ou [[Franconie]] (« Mainfranken ») et la Francie du Rhin ou [[Lotharingie]] (« Rheinfranken »), par opposition aux territoires des peuples germaniques soumis par les Francs : ''Alemania'', ''Baioaria'', ''Frisia'', ''Saxonia''<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=70}}.</ref>.


En effet, le terme de Francie orientale est antérieur au royaume confié à [[Louis le Germanique]] : en [[805]], les ''[[Annales de Metz]]'' parlent des ''orientales Franci'', comme les Annales royales<ref>''Annales royales'', s.a., éd. Kurze, {{p.|160}}.</ref>, les ''Annales'' dites d'[[Éginhard]], ce dernier dans sa ''Vita Karoli''<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=72}}.</ref>. Le terme de Francie orientale désigne avant 843, les zones peuplées de Francs ethniques à savoir la Francie du [[Main (rivière)|Main]] ou [[Franconie]] (« Mainfranken ») et la Francie du Rhin ou [[Lotharingie]] (« Rheinfranken »). Vers [[840]], la ''Passio Kiliani'' situe [[Wurzbourg]] dans le territoire des ''australes Franci''<ref>''Passio Kiliani'', 6, éd. Levisson, {{p.|724}}.</ref>.
En effet, le terme de Francie orientale est antérieur au royaume confié à [[Louis le Germanique]] : en [[805]], les ''[[Annales de Metz]]'' parlent des ''orientales Franci'', comme les Annales royales<ref>''Annales royales'', s.a., éd. Kurze, {{p.|160}}.</ref>, les ''Annales'' dites d'[[Éginhard]], ce dernier dans sa ''Vita Karoli''<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=72}}.</ref>. Le terme de Francie orientale désigne avant 843, les zones peuplées de Francs ethniques à savoir la Francie du [[Main (rivière)|Main]] ou [[Franconie]] (« Mainfranken ») et la Francie du Rhin ou [[Lotharingie]] (« Rheinfranken »). Vers [[840]], la ''Passio Kiliani'' situe [[Wurzbourg]] dans le territoire des ''australes Franci''<ref>''Passio Kiliani'', 6, éd. Levisson, {{p.|724}}.</ref>.


[[Charles III le Gros|Charles III]] sera le dernier roi de l’est à désigner son royaume sous le nom d’''orientalis Francia'' et les souverains de la dynastie saxonne abandonnent toute référence à la Francie pour désigner leur royaume<ref name="cb74" />. Ils emploient que très rarement le titre de roi des Francs contrairement à leurs homologues de l'ouest, par exemple lors du traité de Bonn de [[921]] qui cite les ''rex occidentalium Francorum'' (roi des Francs occidentaux) et ''rex orientalium Francorum'' (roi des Francs orientaux)<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=75-76}}.</ref>. [[Otton de Freising]] affirme que la ''Francia Orientalis'' ou Francie orientale s'appelle désormais ''Teutonicum regnum'', qui sera traduit en français par [[royaume de Germanie]], et il lie le changement de terminologie avec l’arrivée au pouvoir de la dynastie saxonne<ref>[[Otton de Freising]], ''Chronica'', VI, 11 éd. Hofmesiter {{p.|272}}.</ref>{{,}}<ref name="cb76">{{harvsp|Brühl|1995|p=76}}.</ref>.
[[Charles III le Gros|Charles III]] sera le dernier roi de l’Est à désigner son royaume sous le nom d’''orientalis Francia'' et les souverains de la dynastie saxonne abandonnent toute référence à la Francie pour désigner leur royaume<ref name="cb74" />. Ils emploient que très rarement le titre de roi des Francs contrairement à leurs homologues de l'Ouest, par exemple lors du traité de Bonn de [[921]] qui cite les ''rex occidentalium Francorum'' (roi des Francs occidentaux) et ''rex orientalium Francorum'' (roi des Francs orientaux)<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=75-76}}.</ref>. [[Otton de Freising]] affirme que la ''Francia Orientalis'' ou Francie orientale s'appelle désormais ''Teutonicum regnum'', qui sera traduit en français par [[royaume de Germanie]], et il lie le changement de terminologie avec l’arrivée au pouvoir de la dynastie saxonne<ref>[[Otton de Freising]], ''Chronica'', VI, 11 éd. Hofmesiter {{p.|272}}.</ref>{{,}}<ref name="cb76">{{harvsp|Brühl|1995|p=76}}.</ref>.


Le terme, parfois employé au fil des actes, ne désigne alors plus que la Francie du Main, ce que, dès le milieu du {{s-|XI}} peut-être et sûrement dès le premier quart du {{s-|XII}}, on commence à appeler [[Franconie]]<ref name="cb74" />. On retrouve la même spécialisation du terme Francie dans des sources historiographiques comme la vie d’[[Henri II du Saint-Empire|Henri II]] par Adalbert, les ''Gesta'' des archevêques de [[Magdebourg]], la biographie d’Otton de Bamberg par Herbord<ref name="cb75">{{harvsp|Brühl|1995|p=75}}.</ref>. D'ailleurs, l'opposition entre ''Francia occidentalis'' et ''Francia orientalis'' ne sert plus qu’à opposer Francie du Main (Franconie) et Francie du Rhin (Lotharingie) dans un diplôme d’[[Otton Ier du Saint-Empire|Otton I{{er}}]]<ref name="cb75" />, le mot Franc conservant en Germanie une acception essentiellement ethnique par analogie avec le nom d'autres peuples germaniques. De fait, dans le royaume de l'ouest qui recouvre le territoire originel du [[royaume des Francs]], dès le {{s-|VII|e}}, le terme « Franc » a perdu toute connotation ethnique du fait des mariages mixtes entre [[Gallo-romains]] et Francs et de l'enrôlement dans l'armée de non-Germains<ref>Gabriel Fournier, ''Les Mérovingiens'', Presses universitaires de France, collection Que sais-je ?, juin 1987, {{p.|107}}.</ref>. Seul le royaume de l'ouest conservera le nom de ''Francia'' ou France<ref>[[Hervé Pinoteau]], ''La Symbolique royale française, V{{e}} -XVIII{{e}} siècles'', PSR éditions, {{p.|115}}.</ref>.
Le terme, parfois employé au fil des actes, ne désigne alors plus que la Francie du Main, ce que, dès le milieu du {{s-|XI}} peut-être et sûrement dès le premier quart du {{s-|XII}}, on commence à appeler [[Franconie]]<ref name="cb74" />. On retrouve la même spécialisation du terme Francie dans des sources historiographiques comme la vie d’[[Henri II du Saint-Empire|Henri II]] par Adalbert, les ''Gesta'' des archevêques de [[Magdebourg]], la biographie d’Otton de Bamberg par Herbord<ref name="cb75">{{harvsp|Brühl|1995|p=75}}.</ref>. D'ailleurs, l'opposition entre ''Francia occidentalis'' et ''Francia orientalis'' ne sert plus qu’à opposer Francie du Main (Franconie) et Francie du Rhin (Lotharingie) dans un diplôme d’[[Otton Ier du Saint-Empire|Otton I{{er}}]]<ref name="cb75" />, le mot Franc conservant en Germanie une acception essentiellement ethnique par analogie avec le nom d'autres peuples germaniques. De fait, dans le royaume de l'Ouest qui recouvre le territoire originel du [[royaume des Francs]], dès le {{s-|VII|e}}, le terme « Franc » a perdu toute connotation ethnique du fait des mariages mixtes entre [[Gallo-romains]] et Francs et de l'enrôlement dans l'armée de non-Germains<ref>Gabriel Fournier, ''Les Mérovingiens'', Presses universitaires de France, collection Que sais-je ?, juin 1987, {{p.|107}}.</ref>. Seul le royaume de l'Ouest conservera le nom de ''Francia'' ou France<ref>[[Hervé Pinoteau]], ''La Symbolique royale française, {{Ve}}-{{XVIIIe}} siècles'', PSR éditions, {{p.|115}}.</ref>.


La non-utilisation du mot Francie pour désigner le royaume de l'est s'explique par la distinction faite entre Franc au sens ethnique du terme à l'est et Franc au sens politique du terme à l'ouest : [[Liutprand de Crémone]] oppose ainsi les ''Franci Teutonici'' de la Francie orientale à la Francie occidentale, ''Francia quam Romanam dicunt'', expression qui a son pendant au {{s-|XI}} dans la ''Latina Francia'' de Wipo et de Brunon de Merseburg<ref name="cb76" />.
La non-utilisation du mot Francie pour désigner le royaume de l'Est s'explique par la distinction faite entre Franc au sens ethnique du terme à l'est et Franc au sens politique du terme à l'ouest : [[Liutprand de Crémone]] oppose ainsi les ''Franci Teutonici'' de la Francie orientale à la Francie occidentale, ''Francia quam Romanam dicunt'', expression qui a son pendant au {{s-|XI}} dans la ''Latina Francia'' de Wipo et de Brunon de Merseburg<ref name="cb76" />.


De même, au X{{e}} et au XI{{e}} siècles l'idée que les Francs de l'est germaniques doivent être distingués des Francs de l'ouest ou Français apparaît dans l'espace germanique chez Lampert de Hersfeld qui évoque la ''Francia Theutonica'' et Ekkehard d’Aura qui distingue nettement les ''Franci'' ou Francs des ''Francigenae'' ou Français<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=77}}.</ref>{{,}}<ref>Lampert de Hersfeld, ''Annales'', 1076, éd. Pertz, {{p.|91}}.</ref>{{,}}<ref>Ekkehard d’Aura, ''Chronica'', éd. Schmale, 1104, {{p.|184}} et 1105, {{p.|190}}.</ref>. Des clercs du {{s-|XII}} prirent soin de distinguer Francs de Français : ainsi, pour Geoffroi de Viterbe, la ''vera Francia'' est la région d’entre [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et [[Main (rivière)|Main]]<ref>Geoffroi de Viterbe, ''Speculum regum'', II, 4, éd. Waitz, {{p.|66}}. </ref>. Et Guillaume de Malmesbury note que les habitants de la [[Lotharingie]], ceux de l’Alémanie et « autres peuples transrhénans » veulent se faire appeler ''Franci'' ou Francs pour être distnigués des ''Galli'' ou Français<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=77-78}}.</ref>.
De même, au X{{e}} et au XI{{e}} siècles l'idée que les Francs de l'Est germaniques doivent être distingués des Francs de l'Ouest ou Français apparaît dans l'espace germanique chez Lampert de Hersfeld qui évoque la ''Francia Theutonica'' et Ekkehard d’Aura qui distingue nettement les ''Franci'' ou Francs des ''Francigenæ'' ou Français<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=77}}.</ref>{{,}}<ref>Lampert de Hersfeld, ''Annales'', 1076, éd. Pertz, {{p.|91}}.</ref>{{,}}<ref>Ekkehard d’Aura, ''Chronica'', éd. Schmale, 1104, {{p.|184}} et 1105, {{p.|190}}.</ref>. Des clercs du {{s-|XII}} prirent soin de distinguer Francs de Français : ainsi, pour Geoffroi de Viterbe, la ''vera Francia'' est la région d’entre [[Meuse (fleuve)|Meuse]] et [[Main (rivière)|Main]]<ref>Geoffroi de Viterbe, ''Speculum regum'', II, 4, éd. Waitz, {{p.|66}}.</ref>. Et Guillaume de Malmesbury note que les habitants de la [[Lotharingie]], ceux de l’Alémanie et « autres peuples transrhénans » veulent se faire appeler ''Franci'' ou Francs pour être distnigués des ''Galli'' ou Français<ref>{{harvsp|Brühl|1995|p=77-78}}.</ref>.


== Composition ==
== Composition ==
La Francie orientale était divisée en quatre duchés :
La Francie orientale était divisée en quatre duchés :
* le [[duché de Souabe]]
* le [[duché de Souabe]]
* le [[duché de Franconie]]
* le [[duché de Franconie]]
* le [[duché de Saxe]]
* le [[duché de Saxe]]
* la [[duché de Bavière]].
* la [[duché de Bavière]].


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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
* [[Empire carolingien]], également appelé empire d'Occident
* [[Empire carolingien]], également appelé empire d'Occident
* [[Germanie franque#Les rois de Francie orientale (Germanie)|Les rois de Francie orientale]]
* [[Germanie franque#Les rois de Francie orientale (Germanie)|Les rois de Francie orientale]]


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
=== Notes ===
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Version du 3 novembre 2017 à 12:35

Francie orientale
Francia Orientalis

843962

Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
La Francie orientale en 843.
Informations générales
Statut Royaume
Capitale Ratisbonne et Francfort-sur-le-Main (de facto)
Langue(s) Latin
Religion Catholicisme
Monnaie Solidus, tremissis, denier et pfennig
Histoire et événements
843 Traité de Verdun
962 Sacre de Otton Ier en tant qu'empereur des Romains
Rois
(1er) 843-876 Louis II le Germanique
(Der) 936-973 Otton Ier

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La Francie orientale est la partie orientale de l'empire carolingien partagé lors du traité de Verdun en 843. Elle échoit à Louis le Germanique. Elle comprenait la part orientale de l'ancienne Austrasie, la Saxe, la Thuringe et la Bavière. Ce royaume, bien que nommé « Francie », n'était pas peuplé de Francs mais de diverses tribus slaves et germaniques, tels les Thuringiens, les Saxons, les Suèves, les Bavariens et les Sorbes.

Le royaume des Francs orientaux ne gardera que sous les Carolingiens le nom de Francie qui sera dès l'origine également utilisé pour désigner deux régions : l'une originellement peuplée de Francs, la Francie du Rhin (Rheinfranken) ou Lotharingie, l'autre colonisée par eux, la Francie du Main, ou Franconie (Mainfranken)[1].

Histoire

Lors du traité de Verdun en 843, les fils de Louis le Pieux († 840), Lothaire Ier, Charles le Chauve et Louis le Germanique, mettent fin à la guerre qui les oppose et se partagent le pouvoir. Lothaire obtient le titre d'empereur et la partie centrale de l'Empire, Charles la partie occidentale et Louis la partie orientale.

Après la mort de Louis IV l'Enfant, dernier roi carolingien de Francie orientale, en 911, le choix de Conrad Ier comme roi fut un pas important vers l'individualisation du royaume. Ce développement s'acheva en 962 lorsque Otton Ier se fit couronner empereur du nouveau Saint-Empire romain germanique.

Le déclin du royaume des Francs

Le partage de 843 était principalement un partage du pouvoir. Il correspondait aux coutumes franques et n'était pas compris comme la fin de l'Empire des Francs. Louis Ier avait essayé, par l'Ordinatio Imperii de 817, de consolider l'unité de l'Empire. Mais ses projets furent contrariés dès 829 pour satisfaire les ambitions du fils de son second mariage, Charles. Il s'ensuivit des luttes qui ne prirent fin qu'avec le traité de Verdun. À partir de là, les parties occidentales et orientales de l'Empire se développèrent de façon séparée. Cela fut particulièrement renforcé :

  • d'une part, par les luttes internes à la dynastie carolingienne pour acquérir le pouvoir, qui opposèrent les parties occidentale et orientale de l'Empire ;
  • d'autre part, les attaques des Normands, des Sarrasins et des Hongrois, qui menèrent à une perte de prestige de la dynastie carolingienne et à la recherche dans chacun des royaumes de nouveaux chefs locaux.

Les Carolingiens de Francie orientale

Louis le Germanique fit de Ratisbonne et Francfort-sur-le-Main les centres principaux de son pouvoir. Par sa politique de mariages, il chercha à se lier avec la noblesse de Francie orientale.

Louis II de Germanie, Carloman de Bavière, Louis III Jeune, Charles III le Gros, Arnulf de Carinthie, Zwentibold, Louis IV de Germanie.

L'élection de Conrad Ier

Voir Conrad Ier de Germanie

Henri Ier

Voir Henri Ier de Germanie

Otton Ier

Voir Otton Ier du Saint-Empire

Toponymie

Le mot Francie ne fut utilisé pour désigner le royaume des Francs orientaux que tant que le trône est occupé par des Carolingiens[2] mais cet emploi du terme cohabite avec une acception plus restrictive correspondant aux zones peuplée ou colonisées par des Francs : ainsi, les actes de Charles III et d’Arnulf de Carinthie appellent Francie la seule partie alémanique du royaume oriental ou bien l’ensemble de cette dernière quand l’unité est refaite[3]. Le royaume des Francs de l'Est est appelé Francie dans les Annales de Fulda, dans la continuation du Breviarum Erchanberti composée à l’abbaye de Reichenau, dans les Annales de Xanten.

Au IXe siècle, dans le royaume de l'Est, Francia peut donc désigner soit l’ensemble du royaume, soit une partie de celui-ci, auquel cas le terme renvoie à la Francie du Main ou Franconie (« Mainfranken ») et la Francie du Rhin ou Lotharingie (« Rheinfranken »), par opposition aux territoires des peuples germaniques soumis par les Francs : Alemania, Baioaria, Frisia, Saxonia[4].

En effet, le terme de Francie orientale est antérieur au royaume confié à Louis le Germanique : en 805, les Annales de Metz parlent des orientales Franci, comme les Annales royales[5], les Annales dites d'Éginhard, ce dernier dans sa Vita Karoli[6]. Le terme de Francie orientale désigne avant 843, les zones peuplées de Francs ethniques à savoir la Francie du Main ou Franconie (« Mainfranken ») et la Francie du Rhin ou Lotharingie (« Rheinfranken »). Vers 840, la Passio Kiliani situe Wurzbourg dans le territoire des australes Franci[7].

Charles III sera le dernier roi de l’Est à désigner son royaume sous le nom d’orientalis Francia et les souverains de la dynastie saxonne abandonnent toute référence à la Francie pour désigner leur royaume[2]. Ils emploient que très rarement le titre de roi des Francs contrairement à leurs homologues de l'Ouest, par exemple lors du traité de Bonn de 921 qui cite les rex occidentalium Francorum (roi des Francs occidentaux) et rex orientalium Francorum (roi des Francs orientaux)[8]. Otton de Freising affirme que la Francia Orientalis ou Francie orientale s'appelle désormais Teutonicum regnum, qui sera traduit en français par royaume de Germanie, et il lie le changement de terminologie avec l’arrivée au pouvoir de la dynastie saxonne[9],[10].

Le terme, parfois employé au fil des actes, ne désigne alors plus que la Francie du Main, ce que, dès le milieu du XIe siècle peut-être et sûrement dès le premier quart du XIIe siècle, on commence à appeler Franconie[2]. On retrouve la même spécialisation du terme Francie dans des sources historiographiques comme la vie d’Henri II par Adalbert, les Gesta des archevêques de Magdebourg, la biographie d’Otton de Bamberg par Herbord[11]. D'ailleurs, l'opposition entre Francia occidentalis et Francia orientalis ne sert plus qu’à opposer Francie du Main (Franconie) et Francie du Rhin (Lotharingie) dans un diplôme d’Otton Ier[11], le mot Franc conservant en Germanie une acception essentiellement ethnique par analogie avec le nom d'autres peuples germaniques. De fait, dans le royaume de l'Ouest qui recouvre le territoire originel du royaume des Francs, dès le VIIe siècle, le terme « Franc » a perdu toute connotation ethnique du fait des mariages mixtes entre Gallo-romains et Francs et de l'enrôlement dans l'armée de non-Germains[12]. Seul le royaume de l'Ouest conservera le nom de Francia ou France[13].

La non-utilisation du mot Francie pour désigner le royaume de l'Est s'explique par la distinction faite entre Franc au sens ethnique du terme à l'est et Franc au sens politique du terme à l'ouest : Liutprand de Crémone oppose ainsi les Franci Teutonici de la Francie orientale à la Francie occidentale, Francia quam Romanam dicunt, expression qui a son pendant au XIe siècle dans la Latina Francia de Wipo et de Brunon de Merseburg[10].

De même, au Xe et au XIe siècles l'idée que les Francs de l'Est germaniques doivent être distingués des Francs de l'Ouest ou Français apparaît dans l'espace germanique chez Lampert de Hersfeld qui évoque la Francia Theutonica et Ekkehard d’Aura qui distingue nettement les Franci ou Francs des Francigenæ ou Français[14],[15],[16]. Des clercs du XIIe siècle prirent soin de distinguer Francs de Français : ainsi, pour Geoffroi de Viterbe, la vera Francia est la région d’entre Meuse et Main[17]. Et Guillaume de Malmesbury note que les habitants de la Lotharingie, ceux de l’Alémanie et « autres peuples transrhénans » veulent se faire appeler Franci ou Francs pour être distnigués des Galli ou Français[18].

Composition

La Francie orientale était divisée en quatre duchés :

À ces territoires s'ajoutaient les parties orientales de la Lotharingie, réunies après la mort de Lothaire II en 869.

Ces séparations territoriales persistèrent dans le Saint-Empire romain germanique jusqu'en 1268, ce qui correspond au terme de la dynastie Hohenstaufen.

Voir aussi

Notes et références

Notes

Références

  1. Brühl 1995, p. 70 et suivantes.
  2. a b et c Brühl 1995, p. 74.
  3. Brühl 1995, p. 69.
  4. Brühl 1995, p. 70.
  5. Annales royales, s.a., éd. Kurze, p. 160.
  6. Brühl 1995, p. 72.
  7. Passio Kiliani, 6, éd. Levisson, p. 724.
  8. Brühl 1995, p. 75-76.
  9. Otton de Freising, Chronica, VI, 11 éd. Hofmesiter p. 272.
  10. a et b Brühl 1995, p. 76.
  11. a et b Brühl 1995, p. 75.
  12. Gabriel Fournier, Les Mérovingiens, Presses universitaires de France, collection Que sais-je ?, juin 1987, p. 107.
  13. Hervé Pinoteau, La Symbolique royale française, Ve-XVIIIe siècles, PSR éditions, p. 115.
  14. Brühl 1995, p. 77.
  15. Lampert de Hersfeld, Annales, 1076, éd. Pertz, p. 91.
  16. Ekkehard d’Aura, Chronica, éd. Schmale, 1104, p. 184 et 1105, p. 190.
  17. Geoffroi de Viterbe, Speculum regum, II, 4, éd. Waitz, p. 66.
  18. Brühl 1995, p. 77-78.

Bibliographie

  • Carlrichard Brühl (trad. Gaston Duchet-Suchaux, édition française établie par Olivier Guyotjeannin), Naissance de deux peuples : Français et Allemands, IXe-XIe siècle [« Deutschland-Frankreich : die Geburt zweier Völker »], Paris, Fayard, , 387 p. (ISBN 2-213-59344-2, présentation en ligne).
  • (de) Carlrichard Brühl (dir.) et Bernd Schneidmüller (dir.), Beiträge zur mittelalterlichen Reichs- und Nationsbildung in Deutschland und Frankreich, Munich, R. Oldenbourg, coll. « Historische Zeitschrift. Beihefte » (no 24), , IX-110 p. (ISBN 2-213-59344-2, présentation en ligne).
  • (en) Rosamond McKitterick, Frankish Kingdoms Under the Carolingians, 751-987, Londres / New York, Longman, , XIV-414 p. (ISBN 0-582-49005-7, présentation en ligne).