« Horloge atomique » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Résumé automatique : contenu remplacé par « elvin{{Palette|Instruments de mesure|Éphéméride}} {{Portail|physique|Horlogerie|temps}} Catégorie:Hor… ».
Balises : Contenu remplacé Révoqué Éditeur visuel
P - L.RC : Révocation des modifications de 185.58.10.102 (retour à la dernière version de Salebot)
Balises : LiveRC Annulation
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Confusion|Horloge nucléaire}}{{Infobox Objet
[[William Thomson (Lord Kelvin)|elvin]]{{Palette|Instruments de mesure|Éphéméride}}
| nom =
| image =
| type =
| matériau =
| origine =
| fabricant =
| usage =
| utilisateur =
}}
[[Fichier:HP 5061A Cesium beam frequency standard.jpg|vignette|Horloge atomique commerciale à [[césium]] ayant servi à réaliser le temps légal français dans les années 1980 et comme référence pour l'horloge parlante.]]
[[Fichier:Cesium clock.JPG|vignette|Horloge atomique à césium, vue interne.]]
Une '''horloge atomique''' est une [[horloge]] qui utilise la pérennité et l'immuabilité de la [[fréquence]] du [[rayonnement électromagnétique]] émis par un [[électron]] lors du passage d'un niveau d'énergie à un autre pour assurer l'exactitude et la stabilité du signal oscillant qu'elle produit. Un de ses principaux usages est le maintien du [[temps atomique international]] (TAI) et la distribution du [[temps universel coordonné]] (UTC) qui sont les échelles de temps de référence.

== Principe de fonctionnement ==
=== Introduction aux processus de transitions entre niveaux atomiques ===
==== Processus énergétiques atomiques ====

La stabilité des raies spectrales atomiques avait déjà été remarquée par [[William Thomson (Lord Kelvin)|Lord Kelvin]] en 1879<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Thomson, William; Tait, Peter Guthrie|titre=Treatise on Natural Philosophy|passage=p. 227|lieu=Cambridge, England|éditeur=Cambridge University Press|date=1879|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.

Un [[atome]] passe d'un [[Excitation (physique)|état excité]] d'énergie ''E''{{Ind|2}} à un état plus stable d'énergie inférieure ''E''{{Ind|1}} par l'''[[émission spontanée]]'' d'un [[photon]] de [[fréquence]] :

: <math>\nu = \frac{E_2 - E_1}{\mathrm h} = \frac{\Delta E}{\mathrm h},</math>
où h = {{unité|6.626070040(81)|e=-34|J.s}} = {{unité|4.135667662(25)|e=-15|eV.s}} est la [[constante de Planck]].

À l'inverse, un atome dans un état plus stable d'énergie ''E''{{Ind|1}} passera à un état excité d'énergie supérieure ''E''{{Ind|2}} par l'''[[Absorption (optique)|absorption]]'' d'un photon de fréquence ''ν'' = (''E''<sub>2</sub> − ''E''<sub>1</sub>)/h = Δ''E''/h.

On connaît aussi le principe d'[[émission stimulée]] consistant pour un atome à passer d'un état d'énergie excité vers un état plus stable après la rencontre d'un autre photon. L'énergie de l'atome sera alors dissipée par l'émission d'un autre photon qui possédera les mêmes caractéristiques que le photon initiateur.

Il existe également une probabilité non nulle pour qu'un atome se trouvant dans un état excité redescende dans un état plus stable et plus faible par un processus de ''désexcitation non radiative'', c'est-à-dire sans émettre de photon. Le système devant alors satisfaire à la relation de [[conservation de l'énergie]], il en résultera soit un échauffement de l'atome, soit un transfert de [[quantité de mouvement]].

Ces processus atomiques élémentaires, dont la théorie a été développée en partie par [[Albert Einstein]], vont être à la base de toute l'interaction permettant d'élaborer un étalon atomique de mesure du temps.

==== Notion de structure fine et hyperfine ====

L'observation à haute résolution des raies lumineuses d'un spectre d'émission ou d'absorption met en évidence la présence d'une superposition de plusieurs composantes au sein d'une même raie.

Une raie principale est donnée par le nombre quantique principal ''n'' caractérisant les états propres des fonctions d'onde de ses orbitales électroniques. Dans un même niveau quantique principal, la théorie va donner une série de sous-niveaux quantiques correspondant à des états quantiques dégénérés qui vont être créés par les diverses interactions physiques au sein de l'atome (interaction spin–orbite, effets de volume, effets de masse{{etc.}}). Ces sous-niveaux sont en fait la cause de la structure composée de la raie principale observée dans le spectre. On parle alors de ''structure fine'', voire ''hyperfine'' pour certains atomes dans des conditions particulières de champ magnétique.

=== Exemple de l'horloge atomique à jet de césium 133 ===
==== Fonctionnement ====
[[Fichier:Atomic clocks.jpg|vignette|L'horloge atomique à fontaine d'atomes de césium {{lien|NIST-F1}}. Cette horloge est l'étalon primaire de temps et de fréquence des États-Unis, avec une incertitude de {{nombre|5.10|e=-16}} (en 2005).]]

Un système physique, ici une enceinte chauffée contenant du [[césium]], permet de créer un jet d'atomes.

Dans ce jet, seuls les atomes correspondant à l'état d'énergie initiale désiré, ici ''E''{{Ind|1}}, sont conservés (la sélection se faisant par déflexion grâce à un champ magnétique).

Un [[Quartz (électronique)#Oscillateur à quartz|oscillateur à quartz]] (produisant un signal à {{unité/2|10|MHz}}) est multiplié afin de piloter un générateur [[micro-onde]]s à une fréquence ''ν''′ (voisine de ''ν''). Ce signal est ensuite injecté dans une cavité résonante dite de Ramsey.

Le jet d'atomes dans l'état ''E''{{Ind|1}} passe dans la cavité de Ramsey : plus la fréquence ''ν''′ sera proche de ''ν'', plus grand sera le nombre d'atomes qui, par absorption de l'onde, subiront la transition vers l'état ''E''{{Ind|2}}.

À la sortie, le jet atomique subit une seconde déflexion magnétique qui sépare les atomes dans l'état ''E''{{Ind|2}} de ceux dans l'état ''E''{{Ind|1}}.

Un détecteur, placé dans la trajectoire des atomes dans l'état ''E''{{Ind|2}}, produit un signal proportionnel au nombre de ces atomes. Plus ''ν''′ est proche de ''ν'', plus le nombre d'atomes ''E''{{Ind|2}} compté en sortie est grand.

Un système d'asservissement ajuste en permanence la fréquence de l'oscillateur à quartz pour maximiser le nombre d'atomes dans l'état ''E''{{Ind|2}}, et donc conserver la fréquence de l'oscillateur proche de la fréquence optimale. La fréquence de l'oscillateur est ainsi asservie à la fréquence de la transition atomique.

Dans le cas du césium, la fréquence ''ν'' est de {{unité/2|9192631770|Hz}}. Cette valeur est exacte et elle définit la seconde, et donc le [[hertz]] (l'inverse d'une seconde).

Le comptage du temps est ensuite assuré par une division des oscillations de l'oscillateur à quartz, associé à un circuit électronique affichant par exemple l'heure comme dans une [[montre à quartz]].

Les oscillations peuvent aussi être utilisées directement pour piloter des dispositifs ou équipements nécessitant une fréquence de fonctionnement stable.

==== Performances ====
Les meilleures horloges au césium (en 2013) parviennent à une stabilité de l'ordre de {{Unité|1|e=-14|s.s|-1}}, et atteignent {{Unité|2|e=-16|s.s|-1}} après plusieurs jours de fonctionnement<ref name="HorlAtomLaser">{{article|url=http://www.larecherche.fr/6-les-horloges-atomiques-montent-en-fr%C3%A9quence|titre=Les horloges atomiques montent en fréquence|périodique=[[La Recherche (magazine)|La Recherche]]|numéro=483|date=janvier 2014|auteur1=Antoine Cappelle|pages=50}}.</ref>.
Ceci signifie que l'horloge dérive de {{Unité|2|e=-16}} seconde en une seconde, ce qui est souvent vulgarisé en donnant le nombre d'années nécessaire pour qu'une horloge dérive d'une seconde complète, dans ce cas une seconde en 160 millions d'années.

== Applications ==
Le [[temps atomique international]] est la référence mondiale fondée sur la définition de la [[Seconde (temps)|seconde atomique]], calculée au [[Bureau international des poids et mesures]] à [[Sèvres]], en faisant la moyenne d'environ {{nobr|500 horloges}} atomiques (en 2016) réparties dans plus de 70 laboratoires dans le monde<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Establishment of International Atomic Timeand of Coordinated Universal Time |titre ouvrage=BIPM Annual Report on Time Activities |éditeur=[[Bureau international des poids et mesures]] |date=2016 |page début chapitre=19 |url=http://www.bipm.org/utils/en/pdf/time_ann_rep/Time_annual_report_2013/7_establishment_TAI-UTC_TAR13.pdf |format=pdf }}.</ref>. Ces horloges de référence sont majoritairement du type atomique au [[césium]], d'autres fonctionnant au [[rubidium]] ou avec un [[maser]] à hydrogène<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Table 4. Equipment and source of UTC(k) of the laboratories contributing to TAI in 2016 |titre ouvrage=BIPM Annual Report on Time Activities |éditeur=[[Bureau international des poids et mesures]] |année=2016 |url=https://www.bipm.org/utils/en/pdf/time_ann_rep/Time_annual_report_2016/12_Table4_TAR16.pdf |format=pdf |page début chapitre=27}}.</ref>.

En [[France]], le temps légal est généré par le [[Laboratoire national de métrologie et d'essais]] - Système de références temps–espace (LNE-SYRTE) situé à l'[[Observatoire de Paris]]. Il repose sur les lectures d'une centaine d'instruments dont en particulier six horloges au [[césium]] et quatre [[maser]]s actifs à hydrogène<ref>{{lien web |url=https://syrte.obspm.fr/spip/services/ref-temps/ |titre=Références Nationales de Temps |éditeur=SYRTE}}.</ref>.

Les horloges atomiques sont également employées dans les [[Système de positionnement par satellites|systèmes de positionnement par satellites]]. Ainsi, les [[Satellite artificiel|satellites]] des [[Constellation de satellites|constellations]] du [[Global Positioning System|GPS]], du système [[GLONASS]] ou ceux du programme [[Galileo (système de positionnement)|Galileo]] embarquent chacun plusieurs horloges atomiques, jusqu'à quatre pour les satellites GPS.

Les deux satellites [[GIOVE (satellite)|GIOVE]] de test du système Galileo, lancés en 2005 et 2008<ref>{{Article |langue=fr+en |auteur1=Philip Tuckey |titre=Galileo : l’espace au service du citoyen européen |périodique=Le Magazine de l'Observatoire de Paris |numéro=10 |titre numéro=Spécial spatial |éditeur=[[Observatoire de Paris]] |date=06/2008 |lire en ligne=https://www.obspm.fr/IMG/pdf/mag10.pdf |consulté le=06/04/2020 |format=pdf |pages=15}}.</ref>, emportaient l'un une horloge au rubidium, l'autre un maser à hydrogène supplémentaire, en faisant la référence temporelle la plus stable jamais envoyée en orbite et le satellite de navigation le plus performant du monde<ref>Frédéric Guérin, « GIOVE-B prévu pour le 27 avril », ''[[Air et Cosmos]]'', {{Numéro avec majuscule|2116}}, 14 mars 2008.</ref>.

Les horloges atomiques sont aussi utilisées dans les réseaux de [[télécommunications]] pour fournir un signal de référence aux [[Oscillateur électronique|oscillateurs internes]] des équipements, afin d'assurer une qualité de transmission des services en accord avec les [[Union internationale des télécommunications|normes internationales]]. On utilise soit les signaux directement produits par des horloges atomiques soit les signaux élaborés à partir des émissions des satellites de la constellation GPS qui ont la stabilité des horloges atomiques embarquées.

== Histoire et développement ==

=== Les débuts ===
* 1949 : Le premier prototype est développé par le [[National Institute of Standards and Technology]] aux États-Unis<ref name="NISTshistorymeasuring">{{lien web|langue=en|url=https://www.nist.gov/pml/time-and-frequency-division/time-services/nist-time-and-frequency-division-history|titre=NIST Time and Frequency Division History|éditeur=National Institute of Standards and Technology}}.</ref>, il utilise la molécule d'[[ammoniac]].
* 1955 : Le [[National Physical Laboratory]] en Angleterre construit la première horloge atomique au césium.
* 1958 : Des horloges atomiques au césium commerciales sont disponibles coûtant {{unité|20000|dollars}}.
* 1967 : La [[Seconde (temps)|seconde]], [[Unités de base du Système international|unité]] du [[Système international d'unités|Système international]], est définie lors de la {{13e}} [[Conférence générale des poids et mesures]] selon les vibrations de l'atome de césium<ref name="NISTsAtomicClocks">{{lien web|langue=en|url=http://tf.nist.gov/cesium/atomichistory.htm|titre=A Brief History of Atomic Clocks at NIST|éditeur=National Institute of Standards and Technology|consulté le=12 juillet 2015}}.</ref>.

=== Horloge atomique aux fréquences optiques ===
Les recherches récentes pour améliorer la précision des horloges atomiques se sont portées sur d'autres atomes ([[calcium]], [[ytterbium]], [[strontium]], [[mercure (chimie)|mercure]], [[aluminium]]) piégés dans des [[Treillis lase|treillis optiques]] dont les transitions énergétiques s'effectuent à des fréquences optiques (d'un ordre de grandeur {{unité|100000|fois}} supérieur à celle de la transition de l'atome de césium; le BIPM a fixé la transition du strontium à 429 228 004 229 873.2 Hz en {{date-|octobre 2015}}).
En 2018, le JILA a construit des horloges manipulant les atomes avec des lasers dépassant la précision des meilleures horloges au césium : une précision de {{Unité|2,5|e=-19|s||s|-1}} a été atteinte par une horloge utilisant un treillis tridimensionnel d'atomes de strontium<ref>{{Article|langue=en|auteur1=G. Edward Marti; Ross B. Hutson; Akihisa Goban; Sara L. Campbell; Nicola Poli; Jun Ye|titre=Imaging Optical Frequencies with 100  μHz Precision and 1.1  μm Resolution|périodique=Physical Review Letters|date=5 March 2018|issn=|lire en ligne=arXiv:1711.08540|pages=120 (10): 1–6}}</ref> En 2013, des scientifiques utilisant l'[[ytterbium]] ont une précision de 1 seconde tous les 16 milliards d'années<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=|préface=[[Marc Branchu]]|titre=Tout Comprendre hors-série n°2|passage=61|lieu=Lille|éditeur=[[Fleurus Presse]]|numéro dans collection=2|année=2019|mois=juin|date=Juin 2019|pages totales=100|isbn=|issn=2557-3306|lire en ligne=}}</ref>.

== Références ==
{{références}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[DCF77]]
* [[Horloge nucléaire]]
* [[Chronométrie]]

=== Liens externes ===
* [http://harold.marion.free.fr/fontaine_atomique1.htm Introduction et fonctionnement des fontaines atomiques]
* [http://horlogeatomiquetpe.e-monsite.com/pages/le-fonctionnement-de-l-horloge-atomique.html Historique et fonctionnement des horloges atomiques]

{{Palette|Instruments de mesure|Éphéméride}}


{{Portail|physique|Horlogerie|temps}}
{{Portail|physique|Horlogerie|temps}}

Version du 19 novembre 2020 à 12:16

Horloge atomique
Type
Invention
Date
Horloge atomique commerciale à césium ayant servi à réaliser le temps légal français dans les années 1980 et comme référence pour l'horloge parlante.
Horloge atomique à césium, vue interne.

Une horloge atomique est une horloge qui utilise la pérennité et l'immuabilité de la fréquence du rayonnement électromagnétique émis par un électron lors du passage d'un niveau d'énergie à un autre pour assurer l'exactitude et la stabilité du signal oscillant qu'elle produit. Un de ses principaux usages est le maintien du temps atomique international (TAI) et la distribution du temps universel coordonné (UTC) qui sont les échelles de temps de référence.

Principe de fonctionnement

Introduction aux processus de transitions entre niveaux atomiques

Processus énergétiques atomiques

La stabilité des raies spectrales atomiques avait déjà été remarquée par Lord Kelvin en 1879[1].

Un atome passe d'un état excité d'énergie E2 à un état plus stable d'énergie inférieure E1 par l'émission spontanée d'un photon de fréquence :

où h = 6,626 070 040(81) × 10−34 J.s = 4,135 667 662(25) × 10−15 eV.s est la constante de Planck.

À l'inverse, un atome dans un état plus stable d'énergie E1 passera à un état excité d'énergie supérieure E2 par l'absorption d'un photon de fréquence ν = (E2E1)/h = ΔE/h.

On connaît aussi le principe d'émission stimulée consistant pour un atome à passer d'un état d'énergie excité vers un état plus stable après la rencontre d'un autre photon. L'énergie de l'atome sera alors dissipée par l'émission d'un autre photon qui possédera les mêmes caractéristiques que le photon initiateur.

Il existe également une probabilité non nulle pour qu'un atome se trouvant dans un état excité redescende dans un état plus stable et plus faible par un processus de désexcitation non radiative, c'est-à-dire sans émettre de photon. Le système devant alors satisfaire à la relation de conservation de l'énergie, il en résultera soit un échauffement de l'atome, soit un transfert de quantité de mouvement.

Ces processus atomiques élémentaires, dont la théorie a été développée en partie par Albert Einstein, vont être à la base de toute l'interaction permettant d'élaborer un étalon atomique de mesure du temps.

Notion de structure fine et hyperfine

L'observation à haute résolution des raies lumineuses d'un spectre d'émission ou d'absorption met en évidence la présence d'une superposition de plusieurs composantes au sein d'une même raie.

Une raie principale est donnée par le nombre quantique principal n caractérisant les états propres des fonctions d'onde de ses orbitales électroniques. Dans un même niveau quantique principal, la théorie va donner une série de sous-niveaux quantiques correspondant à des états quantiques dégénérés qui vont être créés par les diverses interactions physiques au sein de l'atome (interaction spin–orbite, effets de volume, effets de masse, etc.). Ces sous-niveaux sont en fait la cause de la structure composée de la raie principale observée dans le spectre. On parle alors de structure fine, voire hyperfine pour certains atomes dans des conditions particulières de champ magnétique.

Exemple de l'horloge atomique à jet de césium 133

Fonctionnement

L'horloge atomique à fontaine d'atomes de césium NIST-F1 (en). Cette horloge est l'étalon primaire de temps et de fréquence des États-Unis, avec une incertitude de 5,10 × 10−16 (en 2005).

Un système physique, ici une enceinte chauffée contenant du césium, permet de créer un jet d'atomes.

Dans ce jet, seuls les atomes correspondant à l'état d'énergie initiale désiré, ici E1, sont conservés (la sélection se faisant par déflexion grâce à un champ magnétique).

Un oscillateur à quartz (produisant un signal à 10 MHz) est multiplié afin de piloter un générateur micro-ondes à une fréquence ν′ (voisine de ν). Ce signal est ensuite injecté dans une cavité résonante dite de Ramsey.

Le jet d'atomes dans l'état E1 passe dans la cavité de Ramsey : plus la fréquence ν′ sera proche de ν, plus grand sera le nombre d'atomes qui, par absorption de l'onde, subiront la transition vers l'état E2.

À la sortie, le jet atomique subit une seconde déflexion magnétique qui sépare les atomes dans l'état E2 de ceux dans l'état E1.

Un détecteur, placé dans la trajectoire des atomes dans l'état E2, produit un signal proportionnel au nombre de ces atomes. Plus ν′ est proche de ν, plus le nombre d'atomes E2 compté en sortie est grand.

Un système d'asservissement ajuste en permanence la fréquence de l'oscillateur à quartz pour maximiser le nombre d'atomes dans l'état E2, et donc conserver la fréquence de l'oscillateur proche de la fréquence optimale. La fréquence de l'oscillateur est ainsi asservie à la fréquence de la transition atomique.

Dans le cas du césium, la fréquence ν est de 9 192 631 770 Hz. Cette valeur est exacte et elle définit la seconde, et donc le hertz (l'inverse d'une seconde).

Le comptage du temps est ensuite assuré par une division des oscillations de l'oscillateur à quartz, associé à un circuit électronique affichant par exemple l'heure comme dans une montre à quartz.

Les oscillations peuvent aussi être utilisées directement pour piloter des dispositifs ou équipements nécessitant une fréquence de fonctionnement stable.

Performances

Les meilleures horloges au césium (en 2013) parviennent à une stabilité de l'ordre de 1 × 10−14 s.s−1, et atteignent 2 × 10−16 s.s−1 après plusieurs jours de fonctionnement[2]. Ceci signifie que l'horloge dérive de 2 × 10−16 seconde en une seconde, ce qui est souvent vulgarisé en donnant le nombre d'années nécessaire pour qu'une horloge dérive d'une seconde complète, dans ce cas une seconde en 160 millions d'années.

Applications

Le temps atomique international est la référence mondiale fondée sur la définition de la seconde atomique, calculée au Bureau international des poids et mesures à Sèvres, en faisant la moyenne d'environ 500 horloges atomiques (en 2016) réparties dans plus de 70 laboratoires dans le monde[3]. Ces horloges de référence sont majoritairement du type atomique au césium, d'autres fonctionnant au rubidium ou avec un maser à hydrogène[4].

En France, le temps légal est généré par le Laboratoire national de métrologie et d'essais - Système de références temps–espace (LNE-SYRTE) situé à l'Observatoire de Paris. Il repose sur les lectures d'une centaine d'instruments dont en particulier six horloges au césium et quatre masers actifs à hydrogène[5].

Les horloges atomiques sont également employées dans les systèmes de positionnement par satellites. Ainsi, les satellites des constellations du GPS, du système GLONASS ou ceux du programme Galileo embarquent chacun plusieurs horloges atomiques, jusqu'à quatre pour les satellites GPS.

Les deux satellites GIOVE de test du système Galileo, lancés en 2005 et 2008[6], emportaient l'un une horloge au rubidium, l'autre un maser à hydrogène supplémentaire, en faisant la référence temporelle la plus stable jamais envoyée en orbite et le satellite de navigation le plus performant du monde[7].

Les horloges atomiques sont aussi utilisées dans les réseaux de télécommunications pour fournir un signal de référence aux oscillateurs internes des équipements, afin d'assurer une qualité de transmission des services en accord avec les normes internationales. On utilise soit les signaux directement produits par des horloges atomiques soit les signaux élaborés à partir des émissions des satellites de la constellation GPS qui ont la stabilité des horloges atomiques embarquées.

Histoire et développement

Les débuts

Horloge atomique aux fréquences optiques

Les recherches récentes pour améliorer la précision des horloges atomiques se sont portées sur d'autres atomes (calcium, ytterbium, strontium, mercure, aluminium) piégés dans des treillis optiques dont les transitions énergétiques s'effectuent à des fréquences optiques (d'un ordre de grandeur 100 000 fois supérieur à celle de la transition de l'atome de césium; le BIPM a fixé la transition du strontium à 429 228 004 229 873.2 Hz en ). En 2018, le JILA a construit des horloges manipulant les atomes avec des lasers dépassant la précision des meilleures horloges au césium : une précision de 2,5 × 10−19 s s−1 a été atteinte par une horloge utilisant un treillis tridimensionnel d'atomes de strontium[10] En 2013, des scientifiques utilisant l'ytterbium ont une précision de 1 seconde tous les 16 milliards d'années[11].

Références

  1. (en) Thomson, William; Tait, Peter Guthrie, Treatise on Natural Philosophy, Cambridge, England, Cambridge University Press, , p. 227
  2. Antoine Cappelle, « Les horloges atomiques montent en fréquence », La Recherche, no 483,‎ , p. 50 (lire en ligne).
  3. (en) « Establishment of International Atomic Timeand of Coordinated Universal Time », dans BIPM Annual Report on Time Activities, Bureau international des poids et mesures, (lire en ligne [PDF]).
  4. (en) « Table 4. Equipment and source of UTC(k) of the laboratories contributing to TAI in 2016 », dans BIPM Annual Report on Time Activities, Bureau international des poids et mesures, (lire en ligne [PDF]).
  5. « Références Nationales de Temps », SYRTE.
  6. (fr + en) Philip Tuckey, « Galileo : l’espace au service du citoyen européen », Le Magazine de l'Observatoire de Paris, Observatoire de Paris, no 10 « Spécial spatial »,‎ , p. 15 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  7. Frédéric Guérin, « GIOVE-B prévu pour le 27 avril », Air et Cosmos, No 2116, 14 mars 2008.
  8. (en) « NIST Time and Frequency Division History », National Institute of Standards and Technology.
  9. (en) « A Brief History of Atomic Clocks at NIST », National Institute of Standards and Technology (consulté le ).
  10. (en) G. Edward Marti; Ross B. Hutson; Akihisa Goban; Sara L. Campbell; Nicola Poli; Jun Ye, « Imaging Optical Frequencies with 100  μHz Precision and 1.1  μm Resolution », Physical Review Letters,‎ , p. 120 (10): 1–6 (arXiv:1711.08540)
  11. Tout Comprendre hors-série n°2 (préf. Marc Branchu), Lille, Fleurus Presse (no 2), , 100 p. (ISSN 2557-3306), p. 61

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes