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La '''géopolitique du pétrole''' décrit l'impact de la demande et de l'offre en [[pétrole]] sur la politique des pays consommateurs et producteurs de cette matière première essentielle au [[mode de vie]] économique actuel.
La '''géopolitique du pétrole''' s'attache à la description et à l'analyse des rivalités entre [[État|États]] au sujet du contrôle de zones pétrolifères, à la protection de l'acheminement du [[pétrole]], et à la fixation des prix. L'importance du pétrole est liée à son caractère essentiel dans le [[mode de vie]] des [[Pays développé|pays développés]] et des [[Pays émergent|pays émergents]].


Les [[Région pétrolifère|gisements de pétrole]] étant limités et leur emplacement géographique ne coïncidant généralement pas avec celui des [[Pétrole#Pays consommateurs|pays consommateurs]], l'exploitation des ressources pétrolifères est source de tension. Les pays consommateurs, généralement de [[Grande puissance|grandes puissances]] militaires, sont alors tentés d'employer des moyens de pression puissants (militaires ou économiques) pour avoir accès à ces ressources. Le pétrole, matière hautement [[Stratégie|stratégique]], est fréquemment associé aux affrontements internationaux depuis le début du {{s-|XX|e}}.
Les tension autour du pétrole sont liées à plusieurs facteurs. Les [[Région pétrolifère|gisements de pétrole]] sont limités, et la quantité de pétrole encore disponible à un prix qui assure la rentabilité de l'extraction est inconnue. Aussi, l'emplacement géographique des gisements ne coïncide généralement pas avec celui des [[Pétrole#Pays consommateurs|pays consommateurs]], ce qui rend l'exploitation et l'acheminement compliqué. Les pays consommateurs, généralement de [[Grande puissance|grandes puissances]] militaires, sont alors tentés d'employer des moyens de pression puissants (militaires ou économiques) pour avoir accès à ces ressources. Le pétrole, matière hautement [[Stratégie|stratégique]], est fréquemment associé aux affrontements internationaux depuis le début du {{s-|XX|e}}.


== Enjeux ==
== Enjeux ==

Version du 3 septembre 2022 à 17:09

La géopolitique du pétrole s'attache à la description et à l'analyse des rivalités entre États au sujet du contrôle de zones pétrolifères, à la protection de l'acheminement du pétrole, et à la fixation des prix. L'importance du pétrole est liée à son caractère essentiel dans le mode de vie des pays développés et des pays émergents.

Les tension autour du pétrole sont liées à plusieurs facteurs. Les gisements de pétrole sont limités, et la quantité de pétrole encore disponible à un prix qui assure la rentabilité de l'extraction est inconnue. Aussi, l'emplacement géographique des gisements ne coïncide généralement pas avec celui des pays consommateurs, ce qui rend l'exploitation et l'acheminement compliqué. Les pays consommateurs, généralement de grandes puissances militaires, sont alors tentés d'employer des moyens de pression puissants (militaires ou économiques) pour avoir accès à ces ressources. Le pétrole, matière hautement stratégique, est fréquemment associé aux affrontements internationaux depuis le début du XXe siècle.

Enjeux

Importance économique

En 2008, sur les 20 premières entreprises privées mondiales, 12 sont des compagnies pétrolières ou des constructeurs d'automobiles[1]. Sans pétrole, la majorité des actifs des pays développés ne seraient plus en mesure de se rendre à leur poste de travail quotidiennement. De nombreux pays en développement en sont encore plus dépendants du fait qu'ils en importent la presque totalité[2]. Beaucoup de pays exportateurs de ce produit en sont tout aussi tributaires pour leurs recettes par manque de diversification économique[2]. Le pétrole a ainsi envahi toutes les strates du fonctionnement de nos sociétés, en à peine plus d'un siècle. Son importance stratégique est reconnue depuis la Première Guerre mondiale.

Le pétrole est une matière première essentielle vendue en quantités telles que son commerce est organisé à l'échelle mondiale depuis 1928. En 2009, le seul commerce du pétrole (donc sans compter les activités en aval) représente des échanges de l'ordre de 6 milliards de dollars par jour. L'Europe et les États-Unis en importent chaque jour 1,5 million de tonnes (ou 10 millions de barils)[3] chacun. Ainsi, le commerce du pétrole suscite des convoitises considérables. Il exige des gouvernements, responsables du fonctionnement de leurs États une surveillance permanente et les conduit à des comportements parfois extrêmes pour s'assurer de son approvisionnement régulier.

Contrôle des gisements

En 1900, la capacité de projection des États était réduite à la portée de leurs armes. Pour s'assurer de l'approvisionnement en pétrole, ils n'avaient d'autre possibilité que d'occuper le terrain : c'est la diplomatie de la canonnière. Plus tard, il fut moins coûteux d'entretenir, ou d'installer, des régimes favorables à ces États dans les pays producteurs. L'opération Ajax, en Iran (1953), en est un exemple typique et bien documenté.

À partir de 1979 environ, les effets de la mondialisation, la volonté croissante d'autonomie des pays producteurs, le recours aux règles du commerce international, la crainte des conséquences d'interventions trop musclées, et l'obsession de la sécurité d'approvisionnement génèrent l'émergence de méthodes plus fines dont la « diplomatie du pipeline » (« pipeline diplomacy »). En 2009, les États et leurs représentants ont recours à un mélange de ces diverses méthodes. Enfin, le prix reste une composante fondamentale.

Cet ensemble de méthodes a permis aux pays consommateurs de ne jamais souffrir de pénurie de pétrole, en dehors de périodes très limitées telles que les périodes de guerre ou de choc pétrolier.

Contrôle des détroits

Le détroit d'Ormuz, point de tension géostratégique entre l'Iran, Oman (péninsule de Musandam) et les Émirats arabes unis.

La géostratégie des détroits par lesquels passent les pétroliers constitue le second enjeu : celui du transport pétrolier. Près de 20 % du commerce mondial dont 40 % des exportations du pétrole emprunte le détroit d'Ormuz[4]. Aujourd'hui, il est inconcevable que ce dernier soit fermé ou même menacé. Les pays limitrophes — Iran, Oman, Émirats arabes unis et Arabie saoudite — sont au cœur de l'une des régions les plus convoitées de la planète. La Cinquième flotte américaine y mouille d'ailleurs en permanence.

Les approvisionnements européens dépendent quant à eux, très largement du canal de Suez. Fermé de 1967 à 1973, à la suite de sa nationalisation par le président égyptien Nasser, les pétroliers n'ont d'autres choix que de rallonger leur route pour contourner le Cap de Bonne-Espérance, ce qui pousse les armateurs à construire des pétroliers de taille considérable (VLCC et ULCC). Cette interruption, à l'origine de la crise du canal de Suez, n'a néanmoins pas suffi à bloquer l'approvisionnement européen. Par la suite, le canal est doublé par un oléoduc (Sumed pipeline) d'une capacité de 2,5 Mbbl/j. Une occupation physique des lieux reste cependant une menace.

Enfin, ceux du Japon et de la Chine passent par le détroit de Malacca, toujours affecté par des actes de piraterie. La Chine cherchait en 2006 à passer contrat avec la Thaïlande pour faire passer son pétrole par voie de terre et doubler ainsi l'alimentation par le détroit ; la réactivation du pipeline qui double le canal de Panama est en cours (2009)[5].

Les menaces qui s'exercent sur les détroits peuvent être de nature militaire, mais aussi terroriste ou même la piraterie, qui connait des regains périodiques.

Tentation du cartel

Comme toutes les matières premières, le commerce du pétrole est en butte aux aléas du cycle pénurie-surproduction. À la suite d'une baisse de l'offre par rapport à la demande, le cours du pétrole monte, poussant les compagnies pétrolières à investir pour découvrir de nouveaux gisements. À cause d'un effet accélérateur qui fait que l'offre dépasse la demande, le cours du pétrole s'effondre. Cela était particulièrement vrai dans la première moitié du XXe siècle, quand les grands gisements du Moyen-Orient, qui excédaient largement la demande, ont été découverts. Ces perturbations, qui pouvaient mener à la faillite des compagnies, étaient bien connues, et particulièrement craintes de deux personnages qui ont beaucoup influencé le commerce du pétrole, John D. Rockefeller et Henri Deterding, président de Shell. Ils ont été les acteurs principaux de la cartellisation du domaine pétrolier au début du XXe siècle. En 2008, les ententes illicites existent toujours dans l'industrie[6],[7][source insuffisante].

Monnaie unique et mouvements de capitaux

Le pétrole se paie en dollars, hormis la période pendant laquelle les États-Unis fondaient des pièces d'or pour les livrer à l'Arabie saoudite. Cette exclusivité accroît le poids déjà considérable de cette monnaie dans les échanges internationaux. Les États-Unis useront de cette position de force pour menacer le Royaume-Uni, pendant la crise du canal de Suez, de faire chuter la livre sterling. Mais elle génère, dans les périodes de hausse de cours, des quantités excessives de pétrodollars qui aboutissent, au moins en partie, sur les bourses occidentales, provoquant des bulles financières aux effets dévastateurs. De plus, quand le dollar fléchit, les revenus des États producteurs fléchissent d'autant, ce qui a provoqué leur colère en 1971, et une exigence de majoration équivalente à la baisse des revenus ; un mouvement identique s'est produit dans la décennie 2000. Cette exclusivité, qui contribue à assujettir les pays producteurs, est périodiquement remise en cause, avec des succès nuls pour l'instant.

Saddam Hussein avait ainsi annoncé qu'il souhaitait être payé en euros en 2000[8]. L'Iran a, quant à lui, prétendu ouvrir une bourse du pétrole en euros mais les transactions s'effectuent en monnaie iranienne. Le projet de monnaie unique pour les États du Golfe reste un projet[9].

Intégration et constellation

L'industrie du pétrole implique beaucoup de valeur ajoutée : frais d'exploration/production, transport et raffinage. Ceux-ci bénéficient souvent de l'économie d'échelle ; une grosse raffinerie coûte moins cher que deux petites si bien que très tôt, les compagnies pétrolières se sont lancées dans une course à la taille.

Mais ce marché est également cyclique, avec des revenus très variables. L'industrie s'est donc adaptée à ces contraintes en jouant l'intégration verticale, afin de bénéficier de la valeur ajoutée jusqu'au client final, et sur l'intégration horizontale, pour bénéficier de l'effet de masse — et absorber les concurrents — tout en s'entourant d'une constellation de sociétés de service, avec des contrats ponctuels, que l'on arrête de souscrire pendant les années maigres[10].

Au fil des décennies, ces sociétés de service ont développé et conservé une haute technologie dans une multitude de domaines qu'elles sont seules à maîtriser : gravimétrie, sismique, diagraphie, outils et fluides de forage, PVT, etc. Sans ces technologies, il est rapidement devenu impossible de produire du pétrole dans des conditions compétitives. Quand les pays producteurs voudront se libérer du joug politique et commercial des compagnies pétrolières, ils se retrouveront face à la dépendance technologique[11]. La société Schlumberger, née en France, est la plus importante de ces sociétés de service. Halliburton a récemment fait l'objet d'une agitation médiatique[12].

Notes et références

  1. (en) « Global 500 », Fortune,‎ (lire en ligne)
  2. a et b Michael Renner, Hilary French, Erik Assadourian et al., L'état de la planète : Redéfinir la sécurité mondiale Rapport de l'Institut Worldwatch sur le développement durable, L'état de la planète publications, , 265 p. (ISBN 978-2-9700489-0-9, lire en ligne), p. 125
  3. (en) « BP Statistical Review of World Energy June 2009 », sur bp.com, (consulté le ) [PDF]
  4. (en) EIA/DoE, « World Oil Transit Chokepoints », sur eia.doe.gov, (consulté le )
  5. (en) « Trans Panama Pipeline to be Reactivated » [archive du ], sur panamamagazine.net, (consulté le )
  6. Quatre géants de l´industrie du verre condamnés pour entente illicite
  7. Concurrence : grosse amende pour les lessiviers en France
  8. (en) Krassimir Petrov, « The Proposed Iranian Oil Bourse », sur 321gold.com, (consulté le )
  9. Elisabeth Studer, « Monnaie unique des pays du Golfe : le Koweït souhaite un report » [archive du ], sur Le Blog Finance, (consulté le ) : « « Le Koweit ... a demandé dimanche un report du lancement prévu en 2010. » »
  10. S. Serbutoviez et C. Silva, « L'industrie pétrolière et parapétrolière, Contexte international, 2008 » [archive du ], IFP (consulté le ) : « Moyenne annuelle de l'activité sismique sur la période 2000 à 2008 », p. 21 [PDF]
  11. Virginie Lepetit, « L'ours russe effraie aussi le parapétrolier français », L'Usine Nouvelle,‎ (lire en ligne) :

    « Même en imaginant que les majors perdent pied en Russie, l'industrie locale ne possède pas les technologies et le savoir-faire pour exploiter ses ressources offshore, et encore moins pour faire du gaz naturel liquéfié (GNL). »

  12. (en) James Risen, « Controversial Contractor’s Iraq Work Is Split Up », The New York Times,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes et cartes

Conflits :

Importance économique :

Géopolitique :

Cartes :

Bibliographie et sources