« Pierre Messmer » : différence entre les versions

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'''Pierre Messmer''', né le {{date de naissance|20 mars 1916}} à [[Vincennes]] ([[Seine (département)|Seine]]) et mort le {{date de décès|29 août 2007}} à [[Paris]], est un [[homme d'État]] [[France|français]].
'''Pierre Messmer''', né le {{date de naissance|20 mars 1916}} à [[Vincennes]] ([[Seine (département)|Seine]]) et mort le {{date de décès|29 août 2007}} à [[Paris]], est un [[homme d'État]] [[France|français]].


Engagé dans les [[Forces françaises libres]] (FFL), il est après-guerre administrateur colonial. Il est impliqué dans la [[Guerre du Cameroun]], entre 1956 et 1958, où il pilote la répression contre les indépendantistes. [[Liste des ministres français de la Défense|Ministre des Armées]] du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] de [[1960]] à [[1969]], il est nommé [[ministre d'État]], chargé des [[Liste des ministres français des Outre-mer|Départements et Territoires d'Outre-Mer]] en [[1971]].
Engagé dans les [[Forces françaises libres]] (FFL), il est après-guerre administrateur colonial. Il est impliqué dans la [[Guerre du Cameroun]] entre 1956 et 1958, où il pilote la répression contre les indépendantistes. [[Liste des ministres français de la Défense|Ministre des Armées]] du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] de [[1960]] à [[1969]], il est nommé [[ministre d'État]] chargé des [[Liste des ministres français des Outre-mer|Départements et Territoires d'Outre-Mer]] en [[1971]].


Pierre Messmer occupe le poste de [[Premier ministre français|Premier ministre]] du {{date|5|juillet|1972}} au {{date|27|mai|1974}}, sous la présidence de [[Georges Pompidou]] et l'intérim d'[[Alain Poher]]. Il est également maire de [[Sarrebourg]] de [[1971]] à [[1989]] et président du [[conseil régional de Lorraine]] de [[1978]] à [[1979]].
Pierre Messmer occupe le poste de [[Premier ministre français|Premier ministre]] du {{date|5|juillet|1972}} au {{date|27|mai|1974}}, sous la présidence de [[Georges Pompidou]] et l'intérim d'[[Alain Poher]]. Il est également maire de [[Sarrebourg]] de [[1971]] à [[1989]] et président du [[conseil régional de Lorraine]] de [[1978]] à [[1979]].
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== Jeunesse et formation ==
== Jeunesse et formation ==
Né dans une famille [[Alsaciens|alsacienne]] du [[Bas-Rhin]] qui avait [[Optant|opté]] pour la [[France]] en 1871 (son grand-père paysan devint cocher des omnibus hippomobiles de Paris), fils de l'industriel Joseph Messmer, Pierre Messmer étudie à l'[[école Massillon]], au [[lycée Charlemagne]] et au [[lycée Louis-le-Grand]]<ref>{{Lien web |titre=Pierre Messmer, 1038 compagnons, Compagnons - Musée de l'Ordre de la Libération |url=http://www.ordredelaliberation.fr/fr/les-compagnons/661/pierre-messmer |site=www.ordredelaliberation.fr |consulté le=2016-10-20}}.</ref>. Breveté de l'[[École nationale de la France d'outre-mer]] ([[1934]]-[[1937]], année durant laquelle un voyage au [[Cameroun]] l'éblouit), diplômé de l'[[Institut national des langues et civilisations orientales|École des langues orientales]] (1934-[[1936]]), il obtient son [[doctorat en droit]] en [[1939]]. Il a également été membre des [[Fédération nationale des Camelots du roi|Camelots du roi]] à cette époque, branche militante de l'[[Action française]]<ref>''[[L'Action française 2000]]'' du {{date-|6 septembre 2007}}, article de [[Pierre Pujo]] : « Les deux Messmer »<br />Voir également [[Jean-Claude Valla]], ''L'Extrême droite dans la Résistance'' ({{2de}} partie), La Librairie nationale, 2000, {{p.|97}}.</ref>.
Né dans une famille [[Alsaciens|alsacienne]] du [[Bas-Rhin]] qui avait [[Optant|opté]] pour la [[France]] en 1871 (son grand-père paysan devint cocher des omnibus hippomobiles de Paris), fils de l'industriel Joseph Messmer, Pierre Messmer étudie à l'[[école Massillon]], au [[lycée Charlemagne]] et au [[lycée Louis-le-Grand]]<ref>{{Lien web |titre=Pierre Messmer, 1038 compagnons, Compagnons - Musée de l'Ordre de la Libération |url=http://www.ordredelaliberation.fr/fr/les-compagnons/661/pierre-messmer |site=www.ordredelaliberation.fr |consulté le=2016-10-20}}.</ref>. Breveté de l'[[École nationale de la France d'outre-mer]] ([[1934]]-[[1937]], cette dernière année un voyage au [[Cameroun]] l'éblouit), diplômé de l'[[Institut national des langues et civilisations orientales|École des langues orientales]] (1934-[[1936]]), il obtient son [[doctorat en droit]] en [[1939]]. Il a également été membre des [[Fédération nationale des Camelots du roi|Camelots du roi]], à cette époque branche militante de l'[[Action française]]<ref>''[[L'Action française 2000]]'' du {{date-|6 septembre 2007}}, article de [[Pierre Pujo]] : « Les deux Messmer »<br />Voir également [[Jean-Claude Valla]], ''L'Extrême droite dans la Résistance'' ({{2de}} partie), La Librairie nationale, 2000, {{p.|97}}.</ref>.


== Seconde Guerre mondiale ==
== Seconde Guerre mondiale ==
Mobilisé en [[1939]], il est [[sous-lieutenant]] au [[12e régiment de tirailleurs sénégalais|{{12e|régiment}} de tirailleurs sénégalais]]<ref name="Le Monde">« Le gaulliste Pierre Messmer est mort », ''[[Le Monde]]'', {{date-|29|août|2007}}.</ref>. Le {{date|17|juin|1940}}, alors stationné dans l'[[Allier (département)|Allier]] avec le [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] [[Jean Simon]], ils entendent à la radio la demande d'armistice<ref>{{Citation|[[s:Discours du maréchal Pétain du 17 juin 1940|C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat…]]}}.</ref> du [[Philippe Pétain|maréchal Pétain]]. Affectés dans l'après-midi à [[Pau]], ils obtiennent la permission de rejoindre par leurs propres moyens leur nouvelle affectation en empruntant une vieille moto. Refusant de cesser le combat, les deux jeunes gens traversent le [[Massif central]], pour éviter les colonnes allemandes. Leur moto tombant en panne, ils font du stop jusqu'à [[Tarascon (Bouches-du-Rhône)|Tarascon]] avant de prendre le train à [[Beaucaire (Gard)|Beaucaire]] pour [[Marseille]] où ils arrivent le {{date|18 juin 1940-}} au soir. Le {{date|20 juin 1940}}, Jean Simon rencontre le [[Long cours|capitaine au long cours]] Humbert Vuillemin<ref group="N">Neveu du général [[Joseph Vuillemin]].</ref>, commandant du ''Capo Olmo'' qui cherche des hommes sûrs pour l'aider à détourner le navire italien vers l'[[Angleterre]]. En lisant ''[[Le Petit Provençal]]'', les deux officiers prennent connaissance de l'[[appel du 18 Juin]] lancé par le général de Gaulle et embarquent avec quelques autres clandestins. Le soir du {{date|23 juin 1940}}, au sein d'un convoi, le bateau simule une avarie de machine et se détourne vers l'ouest<ref>[http://www.1939-45.org/articles/fnfl/capo.htm Odyssée du Capo Olmo].</ref>. Le lendemain matin, l'équipage est informé de la décision du commandant.
Mobilisé en [[1939]], il est [[sous-lieutenant]] au [[12e régiment de tirailleurs sénégalais|{{12e|régiment}} de tirailleurs sénégalais]]<ref name="Le Monde">« Le gaulliste Pierre Messmer est mort », ''[[Le Monde]]'', {{date-|29|août|2007}}.</ref>. Le {{date|17|juin|1940}}, alors stationné dans l'[[Allier (département)|Allier]] avec le [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] [[Jean Simon]], ils entendent à la radio la demande d'armistice<ref>{{Citation|[[s:Discours du maréchal Pétain du 17 juin 1940|C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat…]]}}.</ref> du [[Philippe Pétain|maréchal Pétain]]. Affectés dans l'après-midi à [[Pau]], ils obtiennent la permission de rejoindre par leurs propres moyens leur nouvelle affectation en empruntant une vieille moto. Refusant de cesser le combat, les deux jeunes gens traversent le [[Massif central]] pour éviter les colonnes allemandes. Leur moto tombant en panne, ils font du stop jusqu'à [[Tarascon (Bouches-du-Rhône)|Tarascon]] avant de prendre le train à [[Beaucaire (Gard)|Beaucaire]] pour [[Marseille]] où ils arrivent le {{date|18 juin 1940-}} au soir. Le {{date|20 juin 1940}}, Jean Simon rencontre le [[Long cours|capitaine au long cours]] Humbert Vuillemin<ref group="N">Neveu du général [[Joseph Vuillemin]].</ref>, commandant du ''Capo Olmo'' qui cherche des hommes sûrs pour l'aider à détourner le navire italien vers l'[[Angleterre]]. En lisant ''[[Le Petit Provençal]]'', les deux officiers prennent connaissance de l'[[appel du 18 Juin]] lancé par le général de Gaulle et embarquent avec quelques autres clandestins. Le soir du {{date|23 juin 1940}}, au sein d'un convoi, le bateau simule une avarie de machine et se détourne vers l'ouest<ref>[http://www.1939-45.org/articles/fnfl/capo.htm Odyssée du Capo Olmo].</ref>. Le lendemain matin l'équipage est informé de la décision du commandant.


Le ''Capo Olmo'' arrive à [[Gibraltar]] le {{date|27 juin 1940}}, puis rejoint [[Liverpool]] le {{date|16 juillet 1940}}. La cargaison du navire qui se compose de {{nobr|481 tonnes}} de matériel de guerre divers en particulier douze avions [[Glenn L. Martin Company|Glenn Martin]] en caisses, des camions et tracteurs d'aviation, est ensuite vendue aux Anglais permettant à la [[France libre]] de subsister pendant les trois premiers mois.
Le ''Capo Olmo'' arrive à [[Gibraltar]] le {{date|27 juin 1940}}, puis rejoint [[Liverpool]] le {{date|16 juillet 1940}}. La cargaison du navire qui se compose de {{nobr|481 tonnes}} de matériel de guerre divers en particulier douze avions [[Glenn L. Martin Company|Glenn Martin]] en caisses, des camions et tracteurs d'aviation, est ensuite vendue aux Anglais, permettant à la [[France libre]] de subsister pendant les trois premiers mois.


Messmer et Simon intègrent la [[13e demi-brigade de Légion étrangère|{{13e|DBLE}}]] et participent ensemble aux combats en [[Campagne d'Afrique de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|Érythrée]], en [[campagne de Syrie (1941)|Syrie]], à [[bataille de Bir Hakeim|Bir Hakeim]] et en [[campagne de Tunisie|Tunisie]] en [[1943]]. En {{date-|juillet 1943}}, Messmer part en mission aux [[Antilles françaises|Antilles]] avant d'être affecté à [[Londres]] à l'état-major du [[Marie-Pierre Kœnig|général Kœnig]], commandant en chef des [[Forces françaises de l'intérieur]] (FFI) et commandant supérieur des forces françaises en Grande-Bretagne. En {{date-|août 1944}}, il est envoyé en [[Normandie]] et participe à la [[libération de Paris]] et à la [[libération de la France]]<ref name="Le Monde" />. Le {{date|11 novembre 1944}}, il reçoit la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]] des mains du général de Gaulle lors d'une cérémonie à l'[[Arc de triomphe de l'Étoile|Arc de triomphe]].
Messmer et Simon intègrent la [[13e demi-brigade de Légion étrangère|{{13e|DBLE}}]] et participent ensemble aux combats en [[Campagne d'Afrique de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|Érythrée]], en [[campagne de Syrie (1941)|Syrie]], à [[bataille de Bir Hakeim|Bir Hakeim]] et en [[campagne de Tunisie|Tunisie]] en [[1943]]. En {{date-|juillet 1943}}, Messmer part en mission aux [[Antilles françaises|Antilles]] avant d'être affecté à [[Londres]] à l'état-major du [[Marie-Pierre Kœnig|général Kœnig]], commandant en chef des [[Forces françaises de l'intérieur]] (FFI) et commandant supérieur des forces françaises en Grande-Bretagne. En {{date-|août 1944}} il est envoyé en [[Normandie]] et participe à la [[libération de Paris]] et à la [[libération de la France]]<ref name="Le Monde" />. Le {{date|11 novembre 1944}} il reçoit la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]] des mains du général de Gaulle lors d'une cérémonie à l'[[Arc de triomphe de l'Étoile|Arc de triomphe]].


== En Indochine ==
== En Indochine ==
Parachuté en [[Indochine française|Indochine]] en août [[1945]], Pierre Messmer est fait prisonnier par le [[Việt Minh]] et s'évade après deux mois de captivité<ref name="Le Monde" />. Il rejoint [[Hanoï]] où il est démobilisé et rendu à la vie civile. De retour à Paris, il confie à de Gaulle en tête à tête que [[Hô Chi Minh-Ville|Saïgon]] mise à part, la France ne contrôle rien au [[Viêt Nam]], la seule solution possible étant de négocier avec [[Hô Chi Minh]]. Pierre Messmer est par la suite colonel de réserve.
Parachuté en [[Indochine française|Indochine]] en août [[1945]], Pierre Messmer est fait prisonnier par le [[Việt Minh]] et s'évade après deux mois de captivité<ref name="Le Monde" />. Il rejoint [[Hanoï]] où il est démobilisé et rendu à la vie civile. De retour à Paris, il confie à de Gaulle en tête à tête que, [[Hô Chi Minh-Ville|Saïgon]] mise à part, la France ne contrôle rien au [[Viêt Nam]], la seule solution possible étant de négocier avec [[Hô Chi Minh]]. Pierre Messmer est par la suite colonel de réserve.


== Administration coloniale ==
== Administration coloniale ==
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* de 1954 à [[1956]], gouverneur de la [[Côte d'Ivoire]], travaillant main dans la main avec [[Félix Houphouët-Boigny]] ;
* de 1954 à [[1956]], gouverneur de la [[Côte d'Ivoire]], travaillant main dans la main avec [[Félix Houphouët-Boigny]] ;
* en 1956, directeur de cabinet de [[Gaston Defferre]], ministre de la France d'Outre-mer ;
* en 1956, directeur de cabinet de [[Gaston Defferre]], ministre de la France d'Outre-mer ;
* de 1956 à [[1958]], haut commissaire de la République au [[Cameroun]] où il dirige une offensive<ref>{{Article |auteur1=Thomas Deltombe |titre=Cameroun, il y a cinquante ans, l’assassinat de Ruben Um Nyobè |périodique=[[Le Monde diplomatique]] |date=13 septembre 2008 |lire en ligne=http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-09-13-Cameroun}}.</ref> contre les indépendantistes de l’[[Union des populations du Cameroun]] (UPC)<ref>[http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/352343.FR.php « Cameroun 1958, la guerre cachée de la France »], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 20 septembre 2008.</ref> en menant « une manœuvre contre-insurrectionnelle »<ref>« Pierre Messmer, un soldat que le Cameroun n'a pas oublié », [[Rue89]], 30 août 2007.</ref>. En [[Sanaga-Maritime]], foyer indépendantiste majeur, la population est regroupée dans des « centres de regroupement » militarisés et vivent derrière des barbelés, sous la surveillance de l'armée française. La torture se généralise à l'égard des suspects. La répression fait des milliers de morts en deux ans<ref>{{Ouvrage|auteur1=|titre=L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique|passage=236-237|éditeur=Seuil|date=2021}}</ref>.
* de 1956 à [[1958]], haut commissaire de la République au [[Cameroun]] où il dirige une offensive<ref>{{Article |auteur1=Thomas Deltombe |titre=Cameroun, il y a cinquante ans, l’assassinat de Ruben Um Nyobè |périodique=[[Le Monde diplomatique]] |date=13 septembre 2008 |lire en ligne=http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-09-13-Cameroun}}.</ref> contre les indépendantistes de l’[[Union des populations du Cameroun]] (UPC)<ref>[http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/352343.FR.php « Cameroun 1958, la guerre cachée de la France »], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 20 septembre 2008.</ref> en menant « une manœuvre contre-insurrectionnelle »<ref>« Pierre Messmer, un soldat que le Cameroun n'a pas oublié », [[Rue89]], 30 août 2007.</ref>. En [[Sanaga-Maritime]], foyer indépendantiste majeur, la population est regroupée dans des « centres de regroupement » militarisés et vivent derrière des barbelés sous la surveillance de l'armée française. La torture se généralise à l'égard des suspects. La répression fait des milliers de morts en deux ans<ref>{{Ouvrage|auteur1=|titre=L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique|passage=236-237|éditeur=Seuil|date=2021}}</ref> ;
* en 1958, haut commissaire de la République en [[Afrique-Équatoriale française]] à la suite de [[Paul Chauvet]] ;
* en 1958, haut commissaire de la République en [[Afrique-Équatoriale française]] à la suite de [[Paul Chauvet]] ;
* de 1958 à [[1959]], haut commissaire de la République en [[Afrique-Occidentale française]].
* de 1958 à [[1959]], haut commissaire de la République en [[Afrique-Occidentale française]].


== Carrière politique ==
== Carrière politique ==
Pierre Messmer est nommé [[ministère des Armées|ministre des Armées]] sous la présidence du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]], lors d'un remaniement ministériel du [[gouvernement Michel Debré]], le {{date|5|février|1960}}. À ce poste, il est confronté au [[Putsch des généraux|putsch des généraux à Alger]] d'avril [[1961]] et aux réformes d'une armée post-coloniale. Il met en œuvre la [[force de dissuasion nucléaire française|force de frappe nucléaire]] voulue par le président<ref name="Le Monde" />, tout en créant en 1960 la ''[[NATO Tiger Association]]'' afin de renforcer les relations entre unités de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord]] (OTAN). Avec le ministre de la Recherche et des Affaires atomiques [[Gaston Palewski]], il assiste à l'[[Béryl (essai nucléaire)|accident nucléaire de Béryl]] en [[1962]] dans le [[Sahara]], au cours duquel il a été contaminé<ref>{{Lien web |titre=Deux ministres contaminés lors de l'accident de Béryl |url=https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/deux-ministres-contamines-lors-de-l-accident-de-beryl |site=lanouvellerepublique.fr |date=30/1/2015}}</ref>.
Pierre Messmer est nommé [[ministère des Armées|ministre des Armées]] sous la présidence du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] lors d'un remaniement ministériel du [[gouvernement Michel Debré]], le {{date|5|février|1960}}. À ce poste, il est confronté au [[Putsch des généraux|putsch des généraux à Alger]] en avril [[1961]] et aux réformes d'une armée post-coloniale. Il met en œuvre la [[force de dissuasion nucléaire française|force de frappe nucléaire]] voulue par le président<ref name="Le Monde" />, tout en créant en 1960 la ''[[NATO Tiger Association]]'' afin de renforcer les relations entre unités de l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord]] (OTAN). Avec le ministre de la Recherche et des Affaires atomiques [[Gaston Palewski]], il assiste à l'[[Béryl (essai nucléaire)|accident nucléaire de Béryl]] en [[1962]] dans le [[Sahara]], au cours duquel il a été contaminé<ref>{{Lien web |titre=Deux ministres contaminés lors de l'accident de Béryl |url=https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/deux-ministres-contamines-lors-de-l-accident-de-beryl |site=lanouvellerepublique.fr |date=30/1/2015}}</ref>.


Le {{date-|17 mai 1962}}, par l’ordonnance {{n°|62-574}}, il valide l’incorporation anticipée des jeunes européens d'Alger et d'Oran âgés de {{nombre|19|ans}} ainsi que des sursitaires. Ces derniers sont envoyés outre-mer (en métropole et en Allemagne) afin d'y faire leur service militaire<ref>{{Article |prénom1=Soraya |nom1=Laribi |titre=Le plan Simoun ou la mobilisation anticipée des conscrits européens d’Algérie en juin 1962 |périodique=Revue historique des armées |numéro=269 |date=2012-12-06 |issn=0035-3299 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/rha/7584 |consulté le=2020-02-29 |pages=98–107}}</ref>. Cet appel anticipé (dont le nom de code militaire est plan ''Simoun'' ) s’inscrit dans le cadre de l’opération ''Fouchet'', impulsée par le haut-commissaire de la République<ref>{{Chapitre |prénom1=Soraya |nom1=Laribi |titre chapitre=Le dernier « gouverneur général » de l’Algérie : Christian Fouchet, haut-commissaire de la République (mars-juillet 1962) |titre ouvrage=Algérie : sortie(s) de guerre |éditeur=Presses universitaires de Rennes |date=2014 |isbn=978-2-7535-3264-9 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.4000/books.pur.48831 |consulté le=2020-02-29 |passage=81–92}}</ref> [[Christian Fouchet]], à partir de la cité administrative de [[Boumerdès|Rocher Noir]] à Alger, qui a pour objectif de s'attaquer aux franges de la population susceptibles de soutenir l'[[Organisation armée secrète]] (OAS)<ref>{{Article|auteur1=Soraya Laribi|titre=La jeunesse européenne dans les derniers mois de la guerre d'Algérie (mars-juillet 1962): entre engagement et encadrement|périodique=Outre - Mers. Revue d’histoire, T. 103, n° 388-389|date=décembre 2015|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/om.152.0221|pages=p. 221-239.}}</ref>.
Le {{date-|17 mai 1962}}, par l’ordonnance {{n°|62-574}}, il valide l’incorporation anticipée des jeunes Européens d'Alger et d'Oran âgés de {{nombre|19|ans}} ainsi que des sursitaires. Ces derniers sont envoyés outre-mer (en métropole et en Allemagne) afin d'y faire leur service militaire<ref>{{Article |prénom1=Soraya |nom1=Laribi |titre=Le plan Simoun ou la mobilisation anticipée des conscrits européens d’Algérie en juin 1962 |périodique=Revue historique des armées |numéro=269 |date=2012-12-06 |issn=0035-3299 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/rha/7584 |consulté le=2020-02-29 |pages=98–107}}</ref>. Cet appel anticipé (dont le nom de code militaire est plan ''Simoun'' ) s’inscrit dans le cadre de l’opération ''Fouchet'', impulsée par le haut-commissaire de la République<ref>{{Chapitre |prénom1=Soraya |nom1=Laribi |titre chapitre=Le dernier « gouverneur général » de l’Algérie : Christian Fouchet, haut-commissaire de la République (mars-juillet 1962) |titre ouvrage=Algérie : sortie(s) de guerre |éditeur=Presses universitaires de Rennes |date=2014 |isbn=978-2-7535-3264-9 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.4000/books.pur.48831 |consulté le=2020-02-29 |passage=81–92}}</ref> [[Christian Fouchet]], à partir de la cité administrative de [[Boumerdès|Rocher Noir]] à Alger, qui a pour objectif de s'attaquer aux franges de la population susceptibles de soutenir l'[[Organisation armée secrète]] (OAS)<ref>{{Article|auteur1=Soraya Laribi|titre=La jeunesse européenne dans les derniers mois de la guerre d'Algérie (mars-juillet 1962): entre engagement et encadrement|périodique=Outre - Mers. Revue d’histoire, T. 103, n° 388-389|date=décembre 2015|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/om.152.0221|pages=p. 221-239.}}</ref>.


Il lui est ensuite reproché la validation et l'acceptation de la politique gouvernementale en 1962 à la fin de la [[guerre d'Algérie]] en n'évacuant et en ne protégeant pas les [[harki]]s<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-longue-plainte-des-harkis_492873.html « La longue plainte des harkis »], ''[[L'Express]]'', 9 août 2001.</ref>, dont un grand nombre ont été tués après la déclaration d’indépendance algérienne. Il autorise la formation par des officiers français de militaires sud-américains dans les {{nobr|[[années 1960]]}} et début des {{nobr|[[années 1970]]}} aux diverses techniques de [[contre-insurrection]] expérimentées en [[Algérie]] de lutte contre des mouvements révolutionnaires ou clandestins<ref>[[Marie-Monique Robin]], documentaire ''[[Escadrons de la mort, l'école française]]'', première diffusion sur [[Canal+]] le {{date-|1er|septembre|2003}}.</ref>.
Il lui est ensuite reproché la validation et l'acceptation de la politique gouvernementale à la fin de la [[guerre d'Algérie]], en 1962, n'évacuant et ne protégeant pas les [[harki]]s<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-longue-plainte-des-harkis_492873.html « La longue plainte des harkis »], ''[[L'Express]]'', 9 août 2001.</ref>, dont un grand nombre ont été tués après la déclaration d’indépendance algérienne. Il autorise, dans les {{nobr|[[années 1960]]}} et au début des {{nobr|[[années 1970]]}}, la formation de militaires sud-américains par des officiers français aux diverses techniques de [[contre-insurrection]] expérimentées en [[Algérie]] et de lutte contre des mouvements révolutionnaires ou clandestins<ref>[[Marie-Monique Robin]], documentaire ''[[Escadrons de la mort, l'école française]]'', première diffusion sur [[Canal+]] le {{date-|1er|septembre|2003}}.</ref>.


Il participe, en tant que ministre des Armées, à coordonner le soutien aux sécessionnistes du [[Biafra]] à la fin des années 1960. L'objectif est d'affaiblir le [[Nigeria]], puissance régionale, et de placer les réserves pétrolières du Biafra sous influence française. Comme justification à cette intervention française, Pierre Messmer cite pourtant la vengeance : {{Citation|Je ne pardonnerai pas au Nigeria son attitude après nos tirs nucléaires à [[Reggane]]. Ça permettrait de lui faire payer ! Il avait été à la fois provoquant et ridicule [...] Ce sont des grotesques. Je ne leur ai pas pardonné<ref>{{Ouvrage |auteur1=Thomas Deltombe |auteur2=Manuel Domergue |auteur3=Jacob Tatsita |titre=Kamerun ! |éditeur=[[La Découverte]] |année=2019 |isbn=}}</ref>.}}
Il participe, en tant que ministre des Armées, à la coordination du soutien aux sécessionnistes du [[Biafra]] à la fin des années 1960. L'objectif est d'affaiblir le [[Nigeria]], puissance régionale, et de placer les réserves pétrolières du Biafra sous influence française. Comme justification de cette intervention française, Pierre Messmer cite pourtant la vengeance : {{Citation|Je ne pardonnerai pas au Nigeria son attitude après nos tirs nucléaires à [[Reggane]]. Ça permettrait de lui faire payer ! Il avait été à la fois provoquant et ridicule [...] Ce sont des grotesques. Je ne leur ai pas pardonné<ref>{{Ouvrage |auteur1=Thomas Deltombe |auteur2=Manuel Domergue |auteur3=Jacob Tatsita |titre=Kamerun ! |éditeur=[[La Découverte]] |année=2019 |isbn=}}</ref>.}}


On lui prête d'avoir dissuadé le général de Gaulle d'employer l'armée lors des événements de [[Mai 68]]<ref name="Le Monde" />. Après la démission de celui-ci l'année suivante, il conserve son portefeuille ministériel jusqu'à l'élection à la présidence de [[Georges Pompidou]], en {{date-|juin 1969}}. Il fonde ensuite l'association « Présence du gaullisme », puis devient [[ministre d'État]], chargé des Départements et territoires d'Outre-mer dans le [[gouvernement Jacques Chaban-Delmas]], le {{date|25|février|1971}}<ref name="Le Monde" />. D'après Pierre Messmer, c'est lors de cette nomination que Georges Pompidou lui a fait part de son intention de le choisir comme Premier ministre l'année suivante<ref>[[Raphaëlle Bacqué]], ''L'Enfer de Matignon : Ce sont eux qui en parlent le mieux'', Points, 2010, {{p.}}21.</ref>.
On lui prête d'avoir dissuadé le général de Gaulle de mobiliser l'armée lors des événements de [[Mai 68]]<ref name="Le Monde" />. Après la démission du président l'année suivante, il conserve son portefeuille ministériel jusqu'à l'élection à la présidence de [[Georges Pompidou]] en {{date-|juin 1969}}. Il fonde ensuite l'association « Présence du gaullisme », puis devient [[ministre d'État]], chargé des Départements et territoires d'Outre-mer dans le [[gouvernement Jacques Chaban-Delmas]] le {{date|25|février|1971}}<ref name="Le Monde" />. D'après Pierre Messmer, c'est lors de cette nomination que Georges Pompidou lui fit part de son intention de le choisir comme Premier ministre l'année suivante<ref>[[Raphaëlle Bacqué]], ''L'Enfer de Matignon : Ce sont eux qui en parlent le mieux'', Points, 2010, {{p.}}21.</ref>.


Il succède à Jacques Chaban-Delmas le {{date|5|juillet|1972}} et dirige trois gouvernements durant son passage à [[Hôtel de Matignon|Matignon]] : le [[Gouvernement Pierre Messmer (1)|premier]] dure jusqu'au {{date|5|avril|1973}}, le [[Gouvernement Pierre Messmer (2)|deuxième]] du {{date|5|avril|1973}} au {{date|1|mars|1974}} et le [[Gouvernement Pierre Messmer (3)|troisième]] jusqu'à l'investiture de [[Valéry Giscard d'Estaing]], le {{date|27|mai|1974}}. Quelques semaines après son arrivée à la tête du gouvernement, le président Pompidou lui fait part de sa maladie, « très rare, très grave », ce qui le contraint à déléguer de plus en plus au fil des mois<ref>[[Raphaëlle Bacqué]], ''L'Enfer de Matignon : Ce sont eux qui en parlent le mieux'', Points, 2010, {{p.}}227.</ref>. Conformément à l'[[Article 21 de la Constitution de la Cinquième République française|{{nobr|article 21}} de la Constitution]], Pierre Messmer préside le Conseil des ministres du {{date|14|février|1973}}, en remplacement de Georges Pompidou, malade.
Il succède à Jacques Chaban-Delmas le {{date|5|juillet|1972}} et dirige trois gouvernements durant son passage à [[Hôtel de Matignon|Matignon]] : le [[Gouvernement Pierre Messmer (1)|premier]] dure jusqu'au {{date|5|avril|1973}}, le [[Gouvernement Pierre Messmer (2)|deuxième]] du {{date|5|avril|1973}} au {{date|1|mars|1974}} et le [[Gouvernement Pierre Messmer (3)|troisième]] jusqu'à l'investiture de [[Valéry Giscard d'Estaing]] le {{date|27|mai|1974}}. Quelques semaines après son arrivée à la tête du gouvernement, le président Pompidou lui fait part de sa maladie, « très rare, très grave », ce qui le contraint à déléguer de plus en plus au fil des mois<ref>[[Raphaëlle Bacqué]], ''L'Enfer de Matignon : Ce sont eux qui en parlent le mieux'', Points, 2010, {{p.}}227.</ref>. Conformément à l'[[Article 21 de la Constitution de la Cinquième République française|{{nobr|article 21}} de la Constitution]], Pierre Messmer préside le Conseil des ministres du {{date|14|février|1973}}, en remplacement de Georges Pompidou, malade.


La majorité qu'il conduit comme Premier ministre remporte les [[Élections législatives françaises de 1973|élections législatives de 1973]], avec 51 % des voix et {{nobr|311 sièges}} {{nobr|sur 488}}. Face au [[Premier choc pétrolier|choc pétrolier]], Pierre Messmer prend aussi la décision de lancer la construction de treize [[Centrale nucléaire|centrales nucléaires]] dans le but d'assurer son indépendance énergétique et en prévision de la baisse de la production de [[charbon]]<ref name="Le Monde" />. Les antinucléaires déplorent aujourd'hui que ni la population ni la représentation nationale n'aient été consultées sur le sujet<ref>[[Michèle Rivasi]] et Hélène Crié, ''Ce nucléaire qu'on nous cache'', [[éditions Albin Michel]], 1998 {{ISBN|9782226105028}}.</ref>. Le [[Parlement français]] a confirmé, à travers la loi sur l'énergie de [[2005]], ce choix initial.
La majorité qu'il conduit comme Premier ministre remporte les [[Élections législatives françaises de 1973|élections législatives de 1973]], avec 51 % des voix et {{nobr|311 sièges}} {{nobr|sur 488}}. Face au [[Premier choc pétrolier|choc pétrolier]], Pierre Messmer prend aussi la décision de lancer la construction de treize [[Centrale nucléaire|centrales nucléaires]] dans le but d'assurer l'indépendance énergétique du pays et en prévision de la baisse de la production de [[charbon]]<ref name="Le Monde" />. Les antinucléaires déplorent aujourd'hui que ni la population ni la représentation nationale n'aient été consultées sur le sujet<ref>[[Michèle Rivasi]] et Hélène Crié, ''Ce nucléaire qu'on nous cache'', [[éditions Albin Michel]], 1998 {{ISBN|9782226105028}}.</ref>. Le [[Parlement français]] a confirmé, à travers la loi sur l'énergie de [[2005]], ce choix initial.


En France, en {{date-|décembre 1973}}, Pierre Mesmer invente la [[Réglementation de la vitesse sur route en France|limitation de vitesse]] sur autoroute et se trouve de fait à la tête du pouvoir qui inverse la courbe de la mortalité routière en réduisant les vitesses pour améliorer la [[sécurité routière en France]]<ref>{{Lien web |titre=Fac-similé JO du 04/12/1973, page 12844 - Legifrance |url=https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?numJO=0&dateJO=19731204&numTexte=&pageDebut=12844&pageFin= |site=www.legifrance.gouv.fr |consulté le=17 mai 2020}}</ref>.
En France, en {{date-|décembre 1973}}, Pierre Mesmer invente la [[Réglementation de la vitesse sur route en France|limitation de vitesse]] sur autoroute et se trouve de fait à la tête du pouvoir qui inverse la courbe de la mortalité routière en réduisant les vitesses pour améliorer la [[sécurité routière en France]]<ref>{{Lien web |titre=Fac-similé JO du 04/12/1973, page 12844 - Legifrance |url=https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?numJO=0&dateJO=19731204&numTexte=&pageDebut=12844&pageFin= |site=www.legifrance.gouv.fr |consulté le=17 mai 2020}}</ref>.


À la suite de la mort de [[Georges Pompidou]], le {{date|2|avril|1974}}, [[Alain Poher]], président du [[Sénat (France)|Sénat]], assure pour la seconde fois les fonctions de président de la République par intérim. Pierre Messmer expédie dès lors les [[affaires courantes]] et se déclare prêt à se présenter à l'[[Élection présidentielle française de 1974|élection présidentielle anticipée]], à la condition que [[Jacques Chaban-Delmas]], [[Valéry Giscard d'Estaing]] et [[Edgar Faure]] acceptent de se retirer. Ce dernier, à qui les sondages ne laissent guère d'espoir, consent à s'effacer sans conditions. Giscard d'Estaing a l'habileté d'accepter si Chaban-Delmas en fait autant ; mais ce dernier maintient sa candidature. Le Premier ministre renonce le soir-même, le {{date|9|avril|1974}}, et apporte quelques jours plus tard son soutien à la candidature de Jacques Chaban-Delmas, en précisant agir « par discipline ».
À la suite de la mort de [[Georges Pompidou]] le {{date|2|avril|1974}}, [[Alain Poher]], président du [[Sénat (France)|Sénat]], assure pour la seconde fois les fonctions de président de la République par intérim. Pierre Messmer expédie dès lors les [[affaires courantes]] et se déclare prêt à se présenter à l'[[Élection présidentielle française de 1974|élection présidentielle anticipée]], à la condition que [[Jacques Chaban-Delmas]], [[Valéry Giscard d'Estaing]] et [[Edgar Faure]] acceptent de se retirer. Ce dernier, à qui les sondages ne laissent guère d'espoir, consent à s'effacer sans conditions. Giscard d'Estaing a l'habileté d'accepter si Chaban-Delmas en fait autant ; mais ce dernier maintient sa candidature. Le Premier ministre renonce le soir-même, le {{date|9|avril|1974}}, et apporte quelques jours plus tard son soutien à la candidature de Jacques Chaban-Delmas, en précisant agir « par discipline ».


Pierre Messmer est député de la [[Moselle (département)|Moselle]] de [[1974]] à [[1988]] et député européen de [[1979]] à [[1984]]. En [[1985]], il dépose une proposition de loi tendant à rétablir la [[peine de mort en France|peine de mort]] pour certains crimes<ref>[http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/abolition-peine-mort/27-propositions.shtml « Liste des {{nobr|27 propositions}} de loi visant à rétablir la peine de mort, déposées au Parlement dans les {{nobr|années 1980}} et 1990 »], [[La Documentation française]].</ref>. Lors de la [[première cohabitation]], de [[1986]] à [[1988]], il est président du groupe [[Rassemblement pour la République]] (RPR) à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]]<ref name="Le Monde" />. Élu maire de [[Sarrebourg]] en [[1971]], il conserve ce mandat jusqu'en [[1989]].
Pierre Messmer est député de la [[Moselle (département)|Moselle]] de [[1974]] à [[1988]] et député européen de [[1979]] à [[1984]]. En [[1985]] il dépose une proposition de loi tendant à rétablir la [[peine de mort en France|peine de mort]] pour certains crimes<ref>[http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/abolition-peine-mort/27-propositions.shtml « Liste des {{nobr|27 propositions}} de loi visant à rétablir la peine de mort, déposées au Parlement dans les {{nobr|années 1980}} et 1990 »], [[La Documentation française]].</ref>. Lors de la [[première cohabitation]], de [[1986]] à [[1988]], il est président du groupe [[Rassemblement pour la République]] (RPR) à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]]<ref name="Le Monde" />. Élu maire de [[Sarrebourg]] en [[1971]], il conserve ce mandat jusqu'en [[1989]].


== Retraite politique ==
== Retraite politique ==
Sa défaite aux [[Élections législatives françaises de 1988|élections législatives de mars 1988]] contre [[Aloyse Warhouver]] marque son retrait de la vie politique<ref>[https://www.lemonde.fr/archives/article/1989/01/04/m-messmer-renonce-a-la-mairie-de-sarrebourg_4117017_1819218.html M. Messmer renonce à la mairie de Sarrebourg], Le Monde, 4 janvier 1989</ref>. Il est élu en 1988 à l'[[Académie des sciences morales et politiques]], dont il est le secrétaire perpétuel de [[1995]] à [[1998]]. En [[1992]], il devient président de l’[[Fondation Charles-de-Gaulle|institut Charles-de-Gaulle]] durant trois ans et président de la Fondation du même nom jusqu'en [[1997]]<ref name="Le Monde" />. Pierre Messmer est élu à l'[[Académie française]] le {{date|25|mars|1999}}, au fauteuil de [[Maurice Schumann]] ({{13e|fauteuil}}). Il est chancelier de l'[[Institut de France]] du {{date|1er|janvier|1999}} au {{date|1er|janvier|2006}}. Il succède en [[2001]] au [[Jean Simon|général Simon]] à la présidence de la Fondation de la [[France libre]], fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort. Il a été président d'honneur de l'Institut de géopolitique des populations<ref>{{Lien web |titre=Institut de Géopolitique des Populations - Présentation |url=http://www.institut-geopolitique-populations.fr/ |site=www.institut-geopolitique-populations.fr |consulté le=2015-12-11}}.</ref>.
Sa défaite aux [[Élections législatives françaises de 1988|élections législatives de mars 1988]] contre [[Aloyse Warhouver]] marque son retrait de la vie politique<ref>[https://www.lemonde.fr/archives/article/1989/01/04/m-messmer-renonce-a-la-mairie-de-sarrebourg_4117017_1819218.html M. Messmer renonce à la mairie de Sarrebourg], Le Monde, 4 janvier 1989</ref>. Il est élu en 1988 à l'[[Académie des sciences morales et politiques]], dont il est le secrétaire perpétuel de [[1995]] à [[1998]]. En [[1992]] il devient président de l’[[Fondation Charles-de-Gaulle|institut Charles-de-Gaulle]] durant trois ans et président de la Fondation du même nom jusqu'en [[1997]]<ref name="Le Monde" />. Pierre Messmer est élu à l'[[Académie française]] le {{date|25|mars|1999}}, au fauteuil de [[Maurice Schumann]] ({{13e|fauteuil}}). Il est chancelier de l'[[Institut de France]] du {{date|1er|janvier|1999}} au {{date|1er|janvier|2006}}. Il succède en [[2001]] au [[Jean Simon|général Simon]] à la présidence de la Fondation de la [[France libre]], fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort. Il a été président d'honneur de l'Institut de géopolitique des populations<ref>{{Lien web |titre=Institut de Géopolitique des Populations - Présentation |url=http://www.institut-geopolitique-populations.fr/ |site=www.institut-geopolitique-populations.fr |consulté le=2015-12-11}}.</ref>.


Il témoigne au procès de [[Maurice Papon]] et demande sa grâce, avec d'autres anciens résistants, en [[2001]]<ref name="Le Monde" />. Par [[Décret en France|décret]] du [[Président de la République française|président de la République]] en date du {{date|6|juin|2006}}, Pierre Messmer est nommé chancelier de l'[[ordre de la Libération]] pour une période de quatre ans, en remplacement du [[général d'armée]] [[Alain de Boissieu]], décédé. Il appelle à voter « non » au [[référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe|référendum de 2005 sur le traité européen]] et assiste à l'hommage rendu à [[Guy Môquet]] le {{date|16|mai|2007}}, jour de l'[[Investiture du président de la République française|investiture]] de [[Nicolas Sarkozy]]<ref>« Messmer disparaît », ''Libération'', 30 août 2007.</ref>.
Il témoigne au procès de [[Maurice Papon]] et demande sa grâce, avec d'autres anciens résistants, en [[2001]]<ref name="Le Monde" />. Par [[Décret en France|décret]] du [[Président de la République française|président de la République]] en date du {{date|6|juin|2006}}, Pierre Messmer est nommé chancelier de l'[[ordre de la Libération]] pour une période de quatre ans, en remplacement du [[général d'armée]] [[Alain de Boissieu]], décédé. Il appelle à voter « non » au [[référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe|référendum de 2005 sur le traité européen]] et assiste à l'hommage rendu à [[Guy Môquet]] le {{date|16|mai|2007}}, jour de l'[[Investiture du président de la République française|investiture]] de [[Nicolas Sarkozy]]<ref>« Messmer disparaît », ''Libération'', 30 août 2007.</ref>.


Il meurt des suites d'un [[cancer]], le {{date|29|août|2007}} à l'hôpital militaire du [[Hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce|Val-de-Grâce]], quatre jours après un autre ancien Premier ministre, [[Raymond Barre]], et au même endroit. Pierre Messmer présidait l'association des amis de [[Michel Debré]] et était membre du comité d'honneur du [[mouvement initiative et liberté]]. Il était également président d'honneur de la fédération des sociétés d'anciens de la Légion étrangère (FSALE). [[François Jacob]] lui succède comme chancelier de l'ordre de la Libération et [[Yves Guéna]] comme président de la [[Fondation de la France libre]].
Il meurt des suites d'un [[cancer]] le {{date|29|août|2007}} à l'hôpital militaire du [[Hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce|Val-de-Grâce]], quatre jours après un autre ancien Premier ministre, [[Raymond Barre]], et au même endroit. Pierre Messmer présidait l'association des amis de [[Michel Debré]] et était membre du comité d'honneur du [[mouvement initiative et liberté]]. Il était également président d'honneur de la fédération des sociétés d'anciens de la Légion étrangère (FSALE). [[François Jacob]] lui succède comme chancelier de l'ordre de la Libération et [[Yves Guéna]] comme président de la [[Fondation de la France libre]].


Ses obsèques sont célébrées le {{date|4 septembre 2007}} aux [[Hôtel des Invalides|Invalides]] à [[Paris]], en présence de nombreuses personnalités politiques et militaires, dont le président [[Nicolas Sarkozy]], l'ancien président [[Jacques Chirac]], le Premier ministre [[François Fillon]] et plusieurs anciens Premiers ministres. Il est inhumé au cimetière de [[Saint-Gildas-de-Rhuys]] dans le [[Morbihan]].
Ses obsèques sont célébrées le {{date|4 septembre 2007}} aux [[Hôtel des Invalides|Invalides]] à [[Paris]], en présence de nombreuses personnalités politiques et militaires, dont le président [[Nicolas Sarkozy]], l'ancien président [[Jacques Chirac]], le Premier ministre [[François Fillon]] et plusieurs anciens Premiers ministres. Il est inhumé au cimetière de [[Saint-Gildas-de-Rhuys]] dans le [[Morbihan]].
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Veuf de Gilberte Duprez (1909-1991) surnommée de manière ironique « Messméralda » par les journalistes depuis [[1991]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Christophe Deloire]] |auteur2=[[Christophe Dubois (journaliste)|Christophe Dubois]] |titre=[[Sexus Politicus]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]] |année=2006 |pages totales=390 |passage=79 |isbn=2-226-17255-6}}.</ref>, il se remarie le {{date|6|juillet|1999}} à Christiane Bataille née Terrail (1915-2010)<ref>{{Lien web |titre=Pierre Messmer convole |url=http://www.liberation.fr/societe/0101291056-pierre-messmer-convole |site=liberation.fr |date=7 août 1999}}.</ref>.
Veuf de Gilberte Duprez (1909-1991) surnommée de manière ironique « Messméralda » par les journalistes depuis [[1991]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Christophe Deloire]] |auteur2=[[Christophe Dubois (journaliste)|Christophe Dubois]] |titre=[[Sexus Politicus]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]] |année=2006 |pages totales=390 |passage=79 |isbn=2-226-17255-6}}.</ref>, il se remarie le {{date|6|juillet|1999}} à Christiane Bataille née Terrail (1915-2010)<ref>{{Lien web |titre=Pierre Messmer convole |url=http://www.liberation.fr/societe/0101291056-pierre-messmer-convole |site=liberation.fr |date=7 août 1999}}.</ref>.


Pierre Messmer n'a pas eu d'enfant. Christiane Terrail, étant veuve, avait de son premier mari une fille Claudie, mariée à Michel [[Famille de Guillebon|de Guillebon]] (X 1960, Ingénieur Général de l'armement), neveu éloigné du Général [[Jacques de Guillebon]], Compagnon de la Libération et ami personnel de Pierre Messmer. En 1959, le Général de Gaulle voulut nommer Jacques de Guillebon Ministre des Armées. Guillebon déclina, en raison de la question épineuse de l'Algérie, et conseilla à de Gaulle de désigner à ce poste Pierre Messmer<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Lacouture|titre=Charles de Gaulle, le souverain (1959-1970)|passage=p. 104-105|lieu=Paris|éditeur=Seuil|date=1984}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Lucie Meyer Faure et Robert Aron|titre=La Nef, vol. 16|passage=p. 26|lieu=Université du Michigan|date=1959}}</ref>.
Pierre Messmer n'a pas eu d'enfants. Christiane Terrail, étant veuve, avait de son premier mari une fille Claudie, mariée à Michel [[Famille de Guillebon|de Guillebon]] (X 1960, Ingénieur Général de l'armement), neveu éloigné du Général [[Jacques de Guillebon]], Compagnon de la Libération et ami personnel de Pierre Messmer. En 1959 le Général de Gaulle voulut nommer Jacques de Guillebon ministre des Armées. Guillebon déclina en raison de la question épineuse de l'Algérie, et conseilla à de Gaulle de désigner à ce poste Pierre Messmer<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean Lacouture|titre=Charles de Gaulle, le souverain (1959-1970)|passage=p. 104-105|lieu=Paris|éditeur=Seuil|date=1984}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Lucie Meyer Faure et Robert Aron|titre=La Nef, vol. 16|passage=p. 26|lieu=Université du Michigan|date=1959}}</ref>.


Les enfants de Michel et Claudie de Guillebon sont les uniques héritiers de Pierre Messmer. Ils sont par ailleurs membres fondateurs du fonds de dotation Pierre Messmer dont Nicolas de Guillebon est le président<ref>{{Ouvrage|auteur1=Collectif|titre=Pierre Messmer (1916-2007)|lieu=Paris|éditeur=Cerf|date=2021}}</ref>.
Les enfants de Michel et Claudie de Guillebon sont les uniques héritiers de Pierre Messmer. Ils sont par ailleurs membres fondateurs du fonds de dotation Pierre Messmer, dont Nicolas de Guillebon est le président<ref>{{Ouvrage|auteur1=Collectif|titre=Pierre Messmer (1916-2007)|lieu=Paris|éditeur=Cerf|date=2021}}</ref>.


== Synthèse des mandats et fonctions ==
== Synthèse des mandats et fonctions ==

Version du 16 janvier 2023 à 11:04

Pierre Messmer
Illustration.
Pierre Messmer en 1988.
Fonctions
Chancelier de l'Institut de France

(6 ans, 11 mois et 30 jours)
Prédécesseur Marcel Landowski
Successeur Gabriel de Broglie
Président du groupe RPR
à l'Assemblée nationale

(2 ans, 1 mois et 12 jours)
Législature VIIIe (Cinquième République)
Prédécesseur Claude Labbé
Successeur Bernard Pons
Premier ministre français

(1 an, 10 mois et 22 jours)
Président Georges Pompidou
Alain Poher (intérim)
Gouvernement Messmer I, II et III
Législature IVe et Ve (Cinquième République)
Coalition Majorité présidentielle
UDRRICDP
Prédécesseur Jacques Chaban-Delmas
Successeur Jacques Chirac
Maire de Sarrebourg

(17 ans, 11 mois et 26 jours)
Prédécesseur Alphonse Stock
Successeur Alain Marty
Ministre d'État
Ministre des Départements et Territoires d'Outre-mer

(1 an, 4 mois et 10 jours)
Président Georges Pompidou
Premier ministre Jacques Chaban-Delmas
Gouvernement Chaban-Delmas
Prédécesseur Henri Rey
Successeur Xavier Deniau
Ministre des Armées

(9 ans, 4 mois et 17 jours)
Président Charles de Gaulle
Alain Poher (intérim)
Premier ministre Michel Debré
Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Gouvernement Debré
Pompidou I, II, III et IV
Couve de Murville
Prédécesseur Pierre Guillaumat
Successeur Michel Debré
Député français

(13 ans, 7 mois et 15 jours)
Circonscription 8e de la Moselle (1984-1986)
Moselle (1986-1988)
Législature VIe, VIIe et VIIIe (Cinquième République)
Prédécesseur Maurice Jarrige
Successeur Aloyse Warhouver

(2 mois)
Circonscription 8e de la Moselle
Législature Ve (Cinquième République)
Prédécesseur Maurice Jarrige
Successeur Maurice Jarrige

(1 mois et 20 jours)
Circonscription 8e de la Moselle
Législature IVe (Cinquième République)
Prédécesseur Georges Thomas
Successeur Maurice Jarrige
Biographie
Nom de naissance Pierre Auguste Joseph
Messmer
Date de naissance
Lieu de naissance Vincennes (France)
Date de décès (à 91 ans)
Lieu de décès Hôpital militaire du Val-de-Grâce (France)
Nationalité Française
Parti politique UNR (1960-1967)
UDR (1967-1976)
RPR (1976-1989)
Diplômé de ENFOM
ENLOV
Faculté de droit de Paris (doctorat)
Profession Administrateur en outre-mer

Signature de Pierre Messmer

Pierre Messmer Pierre Messmer
Maires de Sarrebourg
Premiers ministres français

Pierre Messmer, né le à Vincennes (Seine) et mort le à Paris, est un homme d'État français.

Engagé dans les Forces françaises libres (FFL), il est après-guerre administrateur colonial. Il est impliqué dans la Guerre du Cameroun entre 1956 et 1958, où il pilote la répression contre les indépendantistes. Ministre des Armées du général de Gaulle de 1960 à 1969, il est nommé ministre d'État chargé des Départements et Territoires d'Outre-Mer en 1971.

Pierre Messmer occupe le poste de Premier ministre du au , sous la présidence de Georges Pompidou et l'intérim d'Alain Poher. Il est également maire de Sarrebourg de 1971 à 1989 et président du conseil régional de Lorraine de 1978 à 1979.

Chancelier de l'ordre de la Libération et chancelier honoraire de l'Institut de France, il est membre de l'Académie française de 1999 à sa mort.

Jeunesse et formation

Né dans une famille alsacienne du Bas-Rhin qui avait opté pour la France en 1871 (son grand-père paysan devint cocher des omnibus hippomobiles de Paris), fils de l'industriel Joseph Messmer, Pierre Messmer étudie à l'école Massillon, au lycée Charlemagne et au lycée Louis-le-Grand[1]. Breveté de l'École nationale de la France d'outre-mer (1934-1937, cette dernière année un voyage au Cameroun l'éblouit), diplômé de l'École des langues orientales (1934-1936), il obtient son doctorat en droit en 1939. Il a également été membre des Camelots du roi, à cette époque branche militante de l'Action française[2].

Seconde Guerre mondiale

Mobilisé en 1939, il est sous-lieutenant au 12e régiment de tirailleurs sénégalais[3]. Le , alors stationné dans l'Allier avec le lieutenant Jean Simon, ils entendent à la radio la demande d'armistice[4] du maréchal Pétain. Affectés dans l'après-midi à Pau, ils obtiennent la permission de rejoindre par leurs propres moyens leur nouvelle affectation en empruntant une vieille moto. Refusant de cesser le combat, les deux jeunes gens traversent le Massif central pour éviter les colonnes allemandes. Leur moto tombant en panne, ils font du stop jusqu'à Tarascon avant de prendre le train à Beaucaire pour Marseille où ils arrivent le au soir. Le , Jean Simon rencontre le capitaine au long cours Humbert Vuillemin[N 1], commandant du Capo Olmo qui cherche des hommes sûrs pour l'aider à détourner le navire italien vers l'Angleterre. En lisant Le Petit Provençal, les deux officiers prennent connaissance de l'appel du 18 Juin lancé par le général de Gaulle et embarquent avec quelques autres clandestins. Le soir du , au sein d'un convoi, le bateau simule une avarie de machine et se détourne vers l'ouest[5]. Le lendemain matin l'équipage est informé de la décision du commandant.

Le Capo Olmo arrive à Gibraltar le , puis rejoint Liverpool le . La cargaison du navire qui se compose de 481 tonnes de matériel de guerre divers en particulier douze avions Glenn Martin en caisses, des camions et tracteurs d'aviation, est ensuite vendue aux Anglais, permettant à la France libre de subsister pendant les trois premiers mois.

Messmer et Simon intègrent la 13e DBLE et participent ensemble aux combats en Érythrée, en Syrie, à Bir Hakeim et en Tunisie en 1943. En , Messmer part en mission aux Antilles avant d'être affecté à Londres à l'état-major du général Kœnig, commandant en chef des Forces françaises de l'intérieur (FFI) et commandant supérieur des forces françaises en Grande-Bretagne. En il est envoyé en Normandie et participe à la libération de Paris et à la libération de la France[3]. Le il reçoit la Légion d'honneur des mains du général de Gaulle lors d'une cérémonie à l'Arc de triomphe.

En Indochine

Parachuté en Indochine en août 1945, Pierre Messmer est fait prisonnier par le Việt Minh et s'évade après deux mois de captivité[3]. Il rejoint Hanoï où il est démobilisé et rendu à la vie civile. De retour à Paris, il confie à de Gaulle en tête à tête que, Saïgon mise à part, la France ne contrôle rien au Viêt Nam, la seule solution possible étant de négocier avec Hô Chi Minh. Pierre Messmer est par la suite colonel de réserve.

Administration coloniale

Pierre Messmer exerce ensuite ses fonctions d'administrateur de la France d'outre-mer ; il est ainsi successivement :

Carrière politique

Pierre Messmer est nommé ministre des Armées sous la présidence du général de Gaulle lors d'un remaniement ministériel du gouvernement Michel Debré, le . À ce poste, il est confronté au putsch des généraux à Alger en avril 1961 et aux réformes d'une armée post-coloniale. Il met en œuvre la force de frappe nucléaire voulue par le président[3], tout en créant en 1960 la NATO Tiger Association afin de renforcer les relations entre unités de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN). Avec le ministre de la Recherche et des Affaires atomiques Gaston Palewski, il assiste à l'accident nucléaire de Béryl en 1962 dans le Sahara, au cours duquel il a été contaminé[10].

Le , par l’ordonnance no 62-574, il valide l’incorporation anticipée des jeunes Européens d'Alger et d'Oran âgés de 19 ans ainsi que des sursitaires. Ces derniers sont envoyés outre-mer (en métropole et en Allemagne) afin d'y faire leur service militaire[11]. Cet appel anticipé (dont le nom de code militaire est plan Simoun ) s’inscrit dans le cadre de l’opération Fouchet, impulsée par le haut-commissaire de la République[12] Christian Fouchet, à partir de la cité administrative de Rocher Noir à Alger, qui a pour objectif de s'attaquer aux franges de la population susceptibles de soutenir l'Organisation armée secrète (OAS)[13].

Il lui est ensuite reproché la validation et l'acceptation de la politique gouvernementale à la fin de la guerre d'Algérie, en 1962, n'évacuant et ne protégeant pas les harkis[14], dont un grand nombre ont été tués après la déclaration d’indépendance algérienne. Il autorise, dans les années 1960 et au début des années 1970, la formation de militaires sud-américains par des officiers français aux diverses techniques de contre-insurrection expérimentées en Algérie et de lutte contre des mouvements révolutionnaires ou clandestins[15].

Il participe, en tant que ministre des Armées, à la coordination du soutien aux sécessionnistes du Biafra à la fin des années 1960. L'objectif est d'affaiblir le Nigeria, puissance régionale, et de placer les réserves pétrolières du Biafra sous influence française. Comme justification de cette intervention française, Pierre Messmer cite pourtant la vengeance : « Je ne pardonnerai pas au Nigeria son attitude après nos tirs nucléaires à Reggane. Ça permettrait de lui faire payer ! Il avait été à la fois provoquant et ridicule [...] Ce sont des grotesques. Je ne leur ai pas pardonné[16]. »

On lui prête d'avoir dissuadé le général de Gaulle de mobiliser l'armée lors des événements de Mai 68[3]. Après la démission du président l'année suivante, il conserve son portefeuille ministériel jusqu'à l'élection à la présidence de Georges Pompidou en . Il fonde ensuite l'association « Présence du gaullisme », puis devient ministre d'État, chargé des Départements et territoires d'Outre-mer dans le gouvernement Jacques Chaban-Delmas le [3]. D'après Pierre Messmer, c'est lors de cette nomination que Georges Pompidou lui fit part de son intention de le choisir comme Premier ministre l'année suivante[17].

Il succède à Jacques Chaban-Delmas le et dirige trois gouvernements durant son passage à Matignon : le premier dure jusqu'au , le deuxième du au et le troisième jusqu'à l'investiture de Valéry Giscard d'Estaing le . Quelques semaines après son arrivée à la tête du gouvernement, le président Pompidou lui fait part de sa maladie, « très rare, très grave », ce qui le contraint à déléguer de plus en plus au fil des mois[18]. Conformément à l'article 21 de la Constitution, Pierre Messmer préside le Conseil des ministres du , en remplacement de Georges Pompidou, malade.

La majorité qu'il conduit comme Premier ministre remporte les élections législatives de 1973, avec 51 % des voix et 311 sièges sur 488. Face au choc pétrolier, Pierre Messmer prend aussi la décision de lancer la construction de treize centrales nucléaires dans le but d'assurer l'indépendance énergétique du pays et en prévision de la baisse de la production de charbon[3]. Les antinucléaires déplorent aujourd'hui que ni la population ni la représentation nationale n'aient été consultées sur le sujet[19]. Le Parlement français a confirmé, à travers la loi sur l'énergie de 2005, ce choix initial.

En France, en , Pierre Mesmer invente la limitation de vitesse sur autoroute et se trouve de fait à la tête du pouvoir qui inverse la courbe de la mortalité routière en réduisant les vitesses pour améliorer la sécurité routière en France[20].

À la suite de la mort de Georges Pompidou le , Alain Poher, président du Sénat, assure pour la seconde fois les fonctions de président de la République par intérim. Pierre Messmer expédie dès lors les affaires courantes et se déclare prêt à se présenter à l'élection présidentielle anticipée, à la condition que Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d'Estaing et Edgar Faure acceptent de se retirer. Ce dernier, à qui les sondages ne laissent guère d'espoir, consent à s'effacer sans conditions. Giscard d'Estaing a l'habileté d'accepter si Chaban-Delmas en fait autant ; mais ce dernier maintient sa candidature. Le Premier ministre renonce le soir-même, le , et apporte quelques jours plus tard son soutien à la candidature de Jacques Chaban-Delmas, en précisant agir « par discipline ».

Pierre Messmer est député de la Moselle de 1974 à 1988 et député européen de 1979 à 1984. En 1985 il dépose une proposition de loi tendant à rétablir la peine de mort pour certains crimes[21]. Lors de la première cohabitation, de 1986 à 1988, il est président du groupe Rassemblement pour la République (RPR) à l'Assemblée nationale[3]. Élu maire de Sarrebourg en 1971, il conserve ce mandat jusqu'en 1989.

Retraite politique

Sa défaite aux élections législatives de mars 1988 contre Aloyse Warhouver marque son retrait de la vie politique[22]. Il est élu en 1988 à l'Académie des sciences morales et politiques, dont il est le secrétaire perpétuel de 1995 à 1998. En 1992 il devient président de l’institut Charles-de-Gaulle durant trois ans et président de la Fondation du même nom jusqu'en 1997[3]. Pierre Messmer est élu à l'Académie française le , au fauteuil de Maurice Schumann (13e fauteuil). Il est chancelier de l'Institut de France du au . Il succède en 2001 au général Simon à la présidence de la Fondation de la France libre, fonction qu'il occupe jusqu'à sa mort. Il a été président d'honneur de l'Institut de géopolitique des populations[23].

Il témoigne au procès de Maurice Papon et demande sa grâce, avec d'autres anciens résistants, en 2001[3]. Par décret du président de la République en date du , Pierre Messmer est nommé chancelier de l'ordre de la Libération pour une période de quatre ans, en remplacement du général d'armée Alain de Boissieu, décédé. Il appelle à voter « non » au référendum de 2005 sur le traité européen et assiste à l'hommage rendu à Guy Môquet le , jour de l'investiture de Nicolas Sarkozy[24].

Il meurt des suites d'un cancer le à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, quatre jours après un autre ancien Premier ministre, Raymond Barre, et au même endroit. Pierre Messmer présidait l'association des amis de Michel Debré et était membre du comité d'honneur du mouvement initiative et liberté. Il était également président d'honneur de la fédération des sociétés d'anciens de la Légion étrangère (FSALE). François Jacob lui succède comme chancelier de l'ordre de la Libération et Yves Guéna comme président de la Fondation de la France libre.

Ses obsèques sont célébrées le aux Invalides à Paris, en présence de nombreuses personnalités politiques et militaires, dont le président Nicolas Sarkozy, l'ancien président Jacques Chirac, le Premier ministre François Fillon et plusieurs anciens Premiers ministres. Il est inhumé au cimetière de Saint-Gildas-de-Rhuys dans le Morbihan.

Ses archives privées sont conservées au service historique de la Défense[25].

Famille

Pierre Messmer est le fils de Joseph Messmer.

Veuf de Gilberte Duprez (1909-1991) surnommée de manière ironique « Messméralda » par les journalistes depuis 1991[26], il se remarie le à Christiane Bataille née Terrail (1915-2010)[27].

Pierre Messmer n'a pas eu d'enfants. Christiane Terrail, étant veuve, avait de son premier mari une fille Claudie, mariée à Michel de Guillebon (X 1960, Ingénieur Général de l'armement), neveu éloigné du Général Jacques de Guillebon, Compagnon de la Libération et ami personnel de Pierre Messmer. En 1959 le Général de Gaulle voulut nommer Jacques de Guillebon ministre des Armées. Guillebon déclina en raison de la question épineuse de l'Algérie, et conseilla à de Gaulle de désigner à ce poste Pierre Messmer[28],[29].

Les enfants de Michel et Claudie de Guillebon sont les uniques héritiers de Pierre Messmer. Ils sont par ailleurs membres fondateurs du fonds de dotation Pierre Messmer, dont Nicolas de Guillebon est le président[30].

Synthèse des mandats et fonctions

Fonctions gouvernementales

Mandat de député

  • -  : député UDR de la 8e circonscription de la Moselle (nommé au gouvernement)
  • -  : député UDR de la 8e circonscription de la Moselle (nommé au gouvernement)
  • - : député UDR de la 8e circonscription de la Moselle (élection partielle)
  • -  : député RPR de la 8e circonscription de la Moselle
  • -  : député du département de la Moselle (proportionnelle) et président du groupe RPR à l'Assemblée nationale
  • depute européen entre 1979 et 1984

Mandat locaux

Publications

  • Le Régime administratif des emprunts coloniaux : thèse pour le doctorat en droit, Librairie sociale et économique, .
  • De la Répression des fraudes commerciales : contribution à l'étude des dispositions législatives relatives à la répression des fraudes commerciales, thèse, Dernières nouvelles de Strasbourg, .
  • Le Service militaire : débat avec Jean-Pierre Chevènement, Balland, .
  • Les Écrits militaires de Charles de Gaulle : essai d'analyse thématique, Presses universitaires de France, — en collaboration avec le professeur Alain Larcan.
  • Après tant de batailles : mémoires, Albin Michel, 18e prix Pierre-Lafue 1994.
  • Les Blancs s'en vont : récits de décolonisation, Albin Michel, .
  • La patrouille perdue : et autres récits extraordinaires, Albin Michel, .
  • Ma part de France : entretiens avec Philippe de Saint Robert, F.-X. de Guibert, .

Décorations

Intitulés

Hommages

Statue de Pierre Messmer devant la chapelle des Cordeliers de Sarrebourg.

Notes et références

Notes

  1. Neveu du général Joseph Vuillemin.

Références

  1. « Pierre Messmer, 1038 compagnons, Compagnons - Musée de l'Ordre de la Libération », sur www.ordredelaliberation.fr (consulté le ).
  2. L'Action française 2000 du , article de Pierre Pujo : « Les deux Messmer »
    Voir également Jean-Claude Valla, L'Extrême droite dans la Résistance (2de partie), La Librairie nationale, 2000, p. 97.
  3. a b c d e f g h i et j « Le gaulliste Pierre Messmer est mort », Le Monde, .
  4. « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat… ».
  5. Odyssée du Capo Olmo.
  6. Thomas Deltombe, « Cameroun, il y a cinquante ans, l’assassinat de Ruben Um Nyobè », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne).
  7. « Cameroun 1958, la guerre cachée de la France », Libération, 20 septembre 2008.
  8. « Pierre Messmer, un soldat que le Cameroun n'a pas oublié », Rue89, 30 août 2007.
  9. L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, , p. 236-237
  10. « Deux ministres contaminés lors de l'accident de Béryl », sur lanouvellerepublique.fr,
  11. Soraya Laribi, « Le plan Simoun ou la mobilisation anticipée des conscrits européens d’Algérie en juin 1962 », Revue historique des armées, no 269,‎ , p. 98–107 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
  12. Soraya Laribi, « Le dernier « gouverneur général » de l’Algérie : Christian Fouchet, haut-commissaire de la République (mars-juillet 1962) », dans Algérie : sortie(s) de guerre, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-3264-9, lire en ligne), p. 81–92
  13. Soraya Laribi, « La jeunesse européenne dans les derniers mois de la guerre d'Algérie (mars-juillet 1962): entre engagement et encadrement », Outre - Mers. Revue d’histoire, T. 103, n° 388-389,‎ , p. 221-239. (lire en ligne)
  14. « La longue plainte des harkis », L'Express, 9 août 2001.
  15. Marie-Monique Robin, documentaire Escadrons de la mort, l'école française, première diffusion sur Canal+ le .
  16. Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsita, Kamerun !, La Découverte,
  17. Raphaëlle Bacqué, L'Enfer de Matignon : Ce sont eux qui en parlent le mieux, Points, 2010, p. 21.
  18. Raphaëlle Bacqué, L'Enfer de Matignon : Ce sont eux qui en parlent le mieux, Points, 2010, p. 227.
  19. Michèle Rivasi et Hélène Crié, Ce nucléaire qu'on nous cache, éditions Albin Michel, 1998 (ISBN 9782226105028).
  20. « Fac-similé JO du 04/12/1973, page 12844 - Legifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  21. « Liste des 27 propositions de loi visant à rétablir la peine de mort, déposées au Parlement dans les années 1980 et 1990 », La Documentation française.
  22. M. Messmer renonce à la mairie de Sarrebourg, Le Monde, 4 janvier 1989
  23. « Institut de Géopolitique des Populations - Présentation », sur www.institut-geopolitique-populations.fr (consulté le ).
  24. « Messmer disparaît », Libération, 30 août 2007.
  25. Pascal Gallien, « Les fonds privés Pierre Messmer », Revue historique des armées, no 262,‎ (lire en ligne) (les fonds Pierre Messmer à la cote : GR, 1 K 744 et DE, 2007 PA 129, et son témoignage oral à la cote : GR, 3 K 17).
  26. Christophe Deloire et Christophe Dubois, Sexus Politicus, Paris, Albin Michel, , 390 p. (ISBN 2-226-17255-6), p. 79.
  27. « Pierre Messmer convole », sur liberation.fr, .
  28. Jean Lacouture, Charles de Gaulle, le souverain (1959-1970), Paris, Seuil, , p. 104-105
  29. Lucie Meyer Faure et Robert Aron, La Nef, vol. 16, Université du Michigan, , p. 26
  30. Collectif, Pierre Messmer (1916-2007), Paris, Cerf,
  31. Décret du 5 juillet 1993.
  32. https://www.quirinale.it/onorificenze/ricerca

Voir aussi

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Bibliographie

  • Frédéric Turpin, Pierre Messmer, le dernier gaulliste, Paris, Perrin, 2020.
  • Pierre Messmer, une conscience française, sous la direction de Maurice Druon, textes et images réunis par Romain Mazenod, éditions Nicolas Chaudun, Paris, 2009.
  • Soraya Laribi, « Le plan Simoun ou la mobilisation anticipée des conscrits européens d’Algérie en juin 1962 », Revue historique des armées, no 269,‎ , p. 98–107 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le ).
  • Jean Simon, La saga d’un Français Libre, Presses de la Cité, .
  • Humbert Vuillemin, Le ralliement du Capo Olmo, rapport de traversée du commandant Vuillemin à son arrivée à Liverpool. La Mémoire des Français libres tome I, Fondation de France Libre, .

Articles connexes

Liens externes