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| construction = 1966-1967
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| utilisation = En activité
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[[Renseignement d'origine électromagnétique]]
| controlepar = {{États-Unis}}
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| garnison = [[Central Intelligence Agency]] (CIA)
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| géolocalisation = Australie/Territoire du Nord
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[[Image:PineGap-sign.jpg|vignette|250px|Panneau avertisseur sur la route vers Pine Gap]]
[[Image:Pine Gap.jpg|vignette|250px|Pine Gap vue depuis le Mount Gillen]]


'''Pine Gap''' (appellation réduite de '''Joint Defence Facility Pine Gap''') est une [[Station terrienne|station]] de [[renseignement d'origine électromagnétique]] située au sud-ouest de la ville d'[[Alice Springs]], dans le [[Territoire du Nord]], en [[Australie]]. Elle joue un rôle important en soutenant les activités de renseignement et les opérations militaires des [[États-Unis]].
'''Pine Gap''' (appellation réduite de '''Joint Defence Facility Pine Gap''') est une [[Station terrienne|station]] de [[renseignement d'origine électromagnétique]] située au sud-ouest de la ville d'[[Alice Springs]], dans le [[Territoire du Nord]], en [[Australie]]. Elle joue un rôle important en soutenant les activités de renseignement et les opérations militaires des [[États-Unis]].
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À la fin de l'année 1966, dans un contexte de [[guerre froide]], la construction d'une base américaine de surveillance par satellite, sur le territoire australien, est actée par un accord conclu entre les deux gouvernements<ref name=":6">{{Lien web |langue=en |titre=Agreement between the Government of the Commonwealth of Australia and the Government of the United States of America relating to the Establishment of a Joint Defence Space Research Facility [Pine Gap, NT] |description=Australian Treaty Series 1966 No 17 |url=https://www.austlii.edu.au/au/other/dfat/treaties/ATS/1966/17.html |site= |lieu=Canberra |éditeur=Australian Government Publishing Service |date=9 décembre 1966}}</ref>{{,}}<ref name=":0">{{Lien web |langue=en |titre=Testimony of Professor Desmond Ball and Professor Paul Dibb to the Joint Standing Committee On Treaties |sous-titre=Pine Gap |url=https://nautilus.org/wp-content/uploads/2016/03/Ball-Dibb-testimony-1999.pdf |format=pdf |site=nautilus.org |éditeur=Nautilus Institute for Security and Sustainability |date=9 août 1999 |consulté le=20 février 2024}}</ref>. La station, dénommée {{Citation|Joint Defence Space Research Facility}}, est présentée au public en tant que centre de recherche spatiale<ref name=":2">{{Article|langue=en|auteur1=Jackie Dent|titre=An American Spy Base Hidden in Australia’s Outback|périodique=[[The New York Times]]|date=23 novembre 2017|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2017/11/23/world/australia/pine-gap-spy-base-protests.html}}</ref>. Le traité est signé le {{Date|9 décembre 1966}} à [[Canberra]]<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":0" />.
À la fin de l'année 1966, dans un contexte de [[guerre froide]], la construction d'une base américaine de surveillance par satellite, sur le territoire australien, est actée par un accord conclu entre les deux gouvernements<ref name=":6">{{Lien web |langue=en |titre=Agreement between the Government of the Commonwealth of Australia and the Government of the United States of America relating to the Establishment of a Joint Defence Space Research Facility [Pine Gap, NT] |description=Australian Treaty Series 1966 No 17 |url=https://www.austlii.edu.au/au/other/dfat/treaties/ATS/1966/17.html |site= |lieu=Canberra |éditeur=Australian Government Publishing Service |date=9 décembre 1966}}</ref>{{,}}<ref name=":0">{{Lien web |langue=en |titre=Testimony of Professor Desmond Ball and Professor Paul Dibb to the Joint Standing Committee On Treaties |sous-titre=Pine Gap |url=https://nautilus.org/wp-content/uploads/2016/03/Ball-Dibb-testimony-1999.pdf |format=pdf |site=nautilus.org |éditeur=Nautilus Institute for Security and Sustainability |date=9 août 1999 |consulté le=20 février 2024}}</ref>. La station, dénommée {{Citation|Joint Defence Space Research Facility}}, est présentée au public en tant que centre de recherche spatiale<ref name=":2">{{Article|langue=en|auteur1=Jackie Dent|titre=An American Spy Base Hidden in Australia’s Outback|périodique=[[The New York Times]]|date=23 novembre 2017|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2017/11/23/world/australia/pine-gap-spy-base-protests.html}}</ref>. Le traité est signé le {{Date|9 décembre 1966}} à [[Canberra]]<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":0" />.


Lors de sa mise en service, la station est un centre de contrôle et de communication pour les [[Satellite géostationnaire|satellites géostationnaires]] de la [[Central Intelligence Agency]] (CIA), développés de 1967 à 1985 sous les appellations {{Citation|RHYOLITE/AQUACADE}} puis {{Citation|MAGNUM/ORION}}<ref name=":4">{{Lien web |langue=en |auteur1=[[Duncan Campbell (journaliste)|Duncan Campbell]] |titre=Interception Capabilities 2000 |description=Science and Technology Options Assessment |lire en ligne=https://www.duncancampbell.org/menu/surveillance/echelon/IC2000_Report%20.pdf |format=pdf |périodique=[[Parlement européen]] |date=1999 |pages=7}}</ref>{{,}}<ref name=":7">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Desmond Ball|auteur2=Duncan Campbell|auteur3=Bill Robinson|auteur4=Richard Tanter|titre=Expanded Communications Satellite Surveillance and Intelligence Activities utilising Multi beam Antenna Systems|éditeur=Nautilus Institute for Security and Sustainability|date=28 mai 2015|passage=29-32|lire en ligne=https://nautilus.org/napsnet/napsnet-special-reports/expanded-communications-satellite-surveillance-and-intelligence-activities-utilising-multi-beam-antenna-systems/}}</ref>. Les deux premières antennes paraboliques ont été construites en 1966-1967, selon l'auteur universitaire Desmond Ball<ref name=":0" />. Ce premier système opérationnel est utilisé pour la surveillance et la collecte des données relatives aux essais de [[Missile balistique|missiles balistiques]] [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétiques]]<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":1">{{Article|langue=en|auteur1=Philip Dorling|titre=Australian outback station at forefront of US spying arsenal|périodique=[[The Sydney Morning Herald]]|date=20 juillet 2013|lire en ligne=https://www.smh.com.au/technology/australian-outback-station-at-forefront-of-us-spying-arsenal-20130720-hv10h.html}}</ref>.
Lors de sa mise en service, la station est un centre de contrôle et de communication pour les [[Satellite géostationnaire|satellites géostationnaires]] de la [[Central Intelligence Agency]] (CIA), développés de 1967 à 1985 sous les appellations {{Citation|[[Aquacade (satellite)|RHYOLITE/AQUACADE]]}} puis {{Citation|[[Magnum (satellite)|MAGNUM/ORION]]}}<ref name=":4">{{Lien web |langue=en |auteur1=[[Duncan Campbell (journaliste)|Duncan Campbell]] |titre=Interception Capabilities 2000 |description=Science and Technology Options Assessment |lire en ligne=https://www.duncancampbell.org/menu/surveillance/echelon/IC2000_Report%20.pdf |format=pdf |périodique=[[Parlement européen]] |date=1999 |pages=7}}</ref>{{,}}<ref name=":7">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Desmond Ball|auteur2=Duncan Campbell|auteur3=Bill Robinson|auteur4=Richard Tanter|titre=Expanded Communications Satellite Surveillance and Intelligence Activities utilising Multi beam Antenna Systems|éditeur=Nautilus Institute for Security and Sustainability|date=28 mai 2015|passage=29-32|lire en ligne=https://nautilus.org/napsnet/napsnet-special-reports/expanded-communications-satellite-surveillance-and-intelligence-activities-utilising-multi-beam-antenna-systems/}}</ref>. Les deux premières antennes paraboliques ont été construites en 1966-1967, selon l'auteur universitaire Desmond Ball<ref name=":0" />. Ce premier système opérationnel est utilisé pour la surveillance et la collecte des données relatives aux essais de [[Missile balistique|missiles balistiques]] [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétiques]]<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":1">{{Article|langue=en|auteur1=Philip Dorling|titre=Australian outback station at forefront of US spying arsenal|périodique=[[The Sydney Morning Herald]]|date=20 juillet 2013|lire en ligne=https://www.smh.com.au/technology/australian-outback-station-at-forefront-of-us-spying-arsenal-20130720-hv10h.html}}</ref>.


=== Allégations concernant la destitution de Gough Whitlam ===
=== Allégations concernant la destitution de Gough Whitlam ===
En 1974, le [[Premier ministre d'Australie|Premier ministre]] [[Gough Whitlam]] remet en question le rôle des bases américaines en Australie, demandant au [[Président des États-Unis|président américain]], [[Richard Nixon]], la révision des modalités régissant les relations entre les deux pays. Il envisage la fermeture de la station, alors que l'accord pour l'exploitation du site doit expirer le {{Date|10 décembre 1975}}<ref name=":9">{{Article|langue=en|auteur1=John Pilger|titre=The British-American coup that ended Australian independence|périodique=[[The Guardian]]|date=23 octobre 2014|lire en ligne=https://www.theguardian.com/commentisfree/2014/oct/23/gough-whitlam-1975-coup-ended-australian-independence}}</ref>{{,}}<ref name=":0" group="note">Le gouvernement australien considère qu'il ne devrait pas y avoir de bases, de stations ou d'installations militaires étrangères en Australie. Nous respectons les accords concernant les stations existantes. Nous ne sommes pas favorables à l'extension ou à la prolongation de l'une d'entre elles. - {{Lien web |langue=en |titre=Déclaration de Whitlam au Parlement d'Australie, le 3 avril 1974 |url=https://historichansard.net/hofreps/1974/19740403_reps_28_hor88/}}</ref>.
En 1974, le [[Premier ministre d'Australie|Premier ministre]] [[Gough Whitlam]] remet en question le rôle des bases américaines en Australie, demandant au [[Président des États-Unis|président américain]], [[Richard Nixon]], la révision des modalités régissant les relations entre les deux pays. Il envisage la fermeture de la station, alors que l'accord pour l'exploitation du site doit expirer le {{Date|10 décembre 1975}}<ref name=":9">{{Article|langue=en|auteur1=John Pilger|titre=The British-American coup that ended Australian independence|périodique=[[The Guardian]]|date=23 octobre 2014|lire en ligne=https://www.theguardian.com/commentisfree/2014/oct/23/gough-whitlam-1975-coup-ended-australian-independence}}</ref>{{,}}<ref name=":0" group="note">{{Cita|Le gouvernement australien considère qu'il ne devrait pas y avoir de bases, de stations ou d'installations militaires étrangères en Australie. Nous respectons les accords concernant les stations existantes. Nous ne sommes pas favorables à l'extension ou à la prolongation de l'une d'entre elles.}} - {{Lien web |langue=en |titre=Déclaration de Whitlam au Parlement d'Australie, le 3 avril 1974 |url=https://historichansard.net/hofreps/1974/19740403_reps_28_hor88/}}</ref>.


Pour Victor Marchetti, ancien responsable de la CIA, cette menace, exprimée publiquement<ref name=":0" group="note" />, est à l'origine de la destitution de Whitlam, le {{Date|11 novembre 1975}}<ref name=":9" />{{,}}<ref name="Calvi">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Fabrizio Calvi]]|auteur2=[[Olivier Schmidt]]|titre=Intelligences secrètes|sous-titre=Annales de l'espionnage|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1988|passage=20-31|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48062572}}</ref>. Plusieurs journalistes, historiens et commentateurs politiques appuient la théorie selon laquelle l'agence de renseignement américaine serait impliquée, en agissant sous la couverture de la {{lien|Nugan Hand Bank}}<ref name="Calvi" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=William Blum|titre=Killing Hope|sous-titre=U.S. Military and CIA Interventions since World War II|éditeur=Common Courage Press|année=2003|isbn=1-84277-369-0|numéro chapitre=40|titre chapitre=Australia 1973-1975: Another free election bites the dust}}</ref>. Ces allégations ont été catégoriquement démenties par la CIA et par le [[gouverneur général d'Australie]] en fonction lors de cette crise politique, [[John Kerr (gouverneur général d'Australie)|John Kerr]]<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Paul Kelly|auteur2=Troy Bramston|titre=Whitlam dismissal: Queen, CIA played no role in 1975|périodique=[[The Australian]]|date=26 décembre 2015|lire en ligne=https://www.theaustralian.com.au/news/inquirer/whitlam-dismissal-queen-cia-played-no-role-in-1975/news-story/76055c7ea45187777c8b404aa42d3499?amp}}</ref>.
Pour Victor Marchetti, ancien responsable de la CIA, cette menace, exprimée publiquement<ref name=":0" group="note" />, est à l'origine de la destitution de Whitlam, le {{Date|11 novembre 1975}}<ref name=":9" />{{,}}<ref name="Calvi">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Fabrizio Calvi]]|auteur2=[[Olivier Schmidt]]|titre=Intelligences secrètes|sous-titre=Annales de l'espionnage|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=1988|passage=20-31|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48062572}}</ref>. Plusieurs journalistes, historiens et commentateurs politiques appuient la théorie selon laquelle l'agence de renseignement américaine serait impliquée, en agissant sous la couverture de la {{lien|Nugan Hand Bank}}<ref name="Calvi" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=William Blum|titre=Killing Hope|sous-titre=U.S. Military and CIA Interventions since World War II|éditeur=Common Courage Press|année=2003|isbn=1-84277-369-0|numéro chapitre=40|titre chapitre=Australia 1973-1975: Another free election bites the dust}}</ref>.
Ces allégations ont été catégoriquement démenties par la CIA et par le [[gouverneur général d'Australie]] en fonction lors de cette crise politique, [[John Kerr (gouverneur général d'Australie)|John Kerr]]<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Paul Kelly|auteur2=Troy Bramston|titre=Whitlam dismissal: Queen, CIA played no role in 1975|périodique=[[The Australian]]|date=26 décembre 2015|lire en ligne=https://www.theaustralian.com.au/news/inquirer/whitlam-dismissal-queen-cia-played-no-role-in-1975/news-story/76055c7ea45187777c8b404aa42d3499?amp}}</ref>.


=== Années 1990 ===
=== Années 1990 ===
En 1999, la station est dotée de dix-huit antennes paraboliques<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Parlement européen]]|titre=Rapport sur l’existence d’un système d’interception mondial des communications privées et économiques (système d’interception ECHELON)|année=2001|pages totales=202|passage=58-60|lire en ligne=https://www.europarl.europa.eu/comparl/tempcom/echelon/rrechelon_en.htm}}</ref>, qui participent à l'interception d'une partie des télécommunications en [[Chine]], en [[Inde]], au [[Japon]], en [[Corée du Nord]] et au [[Moyen-Orient]]<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":5">{{Article|langue=en|auteur1=Ryan Gallagher|titre=The U.S. Spy Hub in the Heart of Australia|périodique=[[The Intercept]]|date=19 août 2017|lire en ligne=https://theintercept.com/2017/08/19/nsa-spy-hub-cia-pine-gap-australia/}}</ref>. D'après plusieurs experts en renseignement, dont Desmond Ball, sollicité par un comité du Sénat, l'expansion de la station dans les années 1990, au lendemain de la guerre froide, a été particulièrement significative. En plus des [[Onde radio|ondes radioélectriques]] [[Haute fréquence|hautes-fréquences]] (HF), très utilisées durant la seconde moitié du {{XXe siècle}}, l'évolution de l'infrastructure technique permet l'interception des ondes [[Très haute fréquence|très hautes fréquences]] ({{Abréviation|VHF|Very High Frequency}}) et [[Ultra haute fréquence|ultra hautes fréquences]] (UHF). Par ailleurs, la collecte d'informations ne concerne plus seulement la surveillance des activités militaires, mais aussi l'[[intelligence économique]] et la politique<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":4" />.
En 1999, la station est dotée de dix-huit antennes paraboliques<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Parlement européen]]|titre=Rapport sur l’existence d’un système d’interception mondial des communications privées et économiques (système d’interception ECHELON)|année=2001|pages totales=202|passage=58-60|lire en ligne=https://www.europarl.europa.eu/comparl/tempcom/echelon/rrechelon_en.htm}}</ref>, qui participent à l'interception d'une partie des télécommunications en [[Chine]], en [[Inde]], au [[Japon]], en [[Corée du Nord]] et au [[Moyen-Orient]]<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":5">{{Article|langue=en|auteur1=Ryan Gallagher|titre=The U.S. Spy Hub in the Heart of Australia|périodique=[[The Intercept]]|date=19 août 2017|lire en ligne=https://theintercept.com/2017/08/19/nsa-spy-hub-cia-pine-gap-australia/}}</ref>. D'après plusieurs experts en renseignement, dont Desmond Ball, sollicité par un comité du Sénat, l'expansion de la station dans les années 1990, au lendemain de la guerre froide, a été particulièrement significative.
En plus des [[Onde radio|ondes radioélectriques]] [[Haute fréquence|hautes-fréquences]] (HF), très utilisées durant la seconde moitié du {{XXe siècle}}, l'évolution de l'infrastructure technique permet l'interception des ondes [[Très haute fréquence|très hautes fréquences]] ({{Abréviation|VHF|Very High Frequency}}) et [[Ultra haute fréquence|ultra hautes fréquences]] (UHF). Par ailleurs, la collecte d'informations ne concerne plus seulement la surveillance des activités militaires, mais aussi l'[[intelligence économique]] et la politique<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":4" />.

La fermeture du site de Nurrungar ({{Citation|Joint Defense Facility Nurrungar}}), en fin d'année 1999, entraîne le transfert à Pine Gap du centre de contrôle des satellites de détection infrarouge du [[Defense Support Program|programme de défense antimissile américain]]<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Michael Richardson|titre=Early-Warning Facility Would Play Key Role in U.S. Missile Defense : Australia Scrutinizes Shield Project|périodique=The New York Times|date=22 février 2001|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2001/02/22/IHT-earlywarning-facility-would-play-key-role-in-us-missile-defense.html}}</ref>.


La fermeture du site de Nurrungar ({{Citation|Joint Defense Facility Nurrungar}}), en fin d'année 1999, entraîne le transfert à Pine Gap du centre de contrôle des satellites de détection infrarouge du [[Defense Support Program|programme de défense antimissile américain]]<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Michael Richardson|titre=Early-Warning Facility Would Play Key Role in U.S. Missile Defense : Australia Scrutinizes Shield Project|périodique=The New York Times|date=22 février 2001|lire en ligne=https://www.nytimes.com/2001/02/22/IHT-earlywarning-facility-would-play-key-role-in-us-missile-defense.html}}</ref>. Des documents publiés en 2019 révèlent que cette extension des activités de la station, pour un usage strictement militaire, a suscité l'inquiétude du gouvernement australien<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Henry Belot|titre=Cabinet documents reveal Pine Gap expansion deal and concerns about 'weaponising space'|périodique=[[ABC News (Australie)|ABC News]]|date=1 janvier 2019|lire en ligne=https://www.abc.net.au/news/2019-01-01/cabinet-documents-reveal-pine-gap-planning-and-concerns/10639466}}</ref>.
Des documents publiés en 2019 révèlent que cette extension des activités de la station, pour un usage strictement militaire, a suscité l'inquiétude du gouvernement australien<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Henry Belot|titre=Cabinet documents reveal Pine Gap expansion deal and concerns about 'weaponising space'|périodique=[[ABC News (Australie)|ABC News]]|date=1 janvier 2019|lire en ligne=https://www.abc.net.au/news/2019-01-01/cabinet-documents-reveal-pine-gap-planning-and-concerns/10639466}}</ref>.


=== Années 2000 ===
=== Années 2000 ===
Au début des années 2000, les capacités de Pine Gap en matière de renseignement d'origine électromagnétique sont étendues. En 1999-2000, deux antennes paraboliques de {{Unité|23|m}} de diamètre sont installées, permettant de cibler directement les satellites de télécommunications étrangers (FORNSAT/COMSAT)<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":8">{{Article|langue=en|auteur1=Philip Dorling|titre=Pine Gap’s new spy role revealed|périodique=The Syndey Morning Herald|date=31 mai 2015|lire en ligne=https://www.smh.com.au/technology/pine-gaps-new-spy-role-revealed-20150531-ghdefc.html}}</ref>. Selon un rapport du [[Parlement européen|Parlement Européen]], publié en 2001, elles sont utilisées pour cibler les satellites [[Intelsat|INTELSAT]] stationnés en orbite au-dessus de l'[[océan Pacifique]] et de l'[[océan Indien]]<ref name=":3" />.
Au début des années 2000, les capacités de la station sont étendues. En 1999-2000, deux antennes paraboliques de {{Unité|23|m}} de diamètre sont installées, permettant de cibler directement les satellites de télécommunications étrangers (FORNSAT/COMSAT)<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":8">{{Article|langue=en|auteur1=Philip Dorling|titre=Pine Gap’s new spy role revealed|périodique=The Syndey Morning Herald|date=31 mai 2015|lire en ligne=https://www.smh.com.au/technology/pine-gaps-new-spy-role-revealed-20150531-ghdefc.html}}</ref>. Selon un rapport du [[Parlement européen|Parlement Européen]], publié en 2001, elles sont utilisées pour cibler les satellites [[Intelsat|INTELSAT]] stationnés en orbite au-dessus de l'[[océan Pacifique]] et de l'[[océan Indien]]<ref name=":3" />.


En 2008, une antenne multi-faisceaux Torus est installée dans un périmètre indépendant à environ {{Unité|200|m}} au sud du complexe principal. Le déploiement de cette technologie avancée vient compléter le dispositif d'interception visant les satellites de télécommunications, en complément d'autres installations à Seeb, [[Oman]], et à [[Station de Waihopai|Waihopai]], en [[Nouvelle-Zélande]]<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":8" />.
En 2008, une antenne multi-faisceaux Torus est installée dans un périmètre indépendant à environ {{Unité|200|m}} au sud du complexe principal. Le déploiement de cette technologie avancée vient compléter le dispositif d'interception visant les satellites de télécommunications, en complément d'autres installations à Seeb, [[Oman]], et à [[Station de Waihopai|Waihopai]], en [[Nouvelle-Zélande]]<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":8" />.


=== Années 2010 ===
=== Années 2010 ===
En parallèle des [[Révélations d'Edward Snowden|révélations médiatiques sur les activités de la NSA]] qui ont lieu à partir de 2013, un certain nombre d'informations sensibles sur la station de Pine Gap sont dévoilées publiquement<ref name=":1" />. Selon d'anciens membres du personnel, la géolocalisation des radios et des téléphones portables est une des fonctions principales de la base<ref name=":10">{{Article|langue=en|auteur1=Philip Dorling|titre=Pine Gap drives US drone kills|périodique=The Sydney Morning Herald|date=21 juillet 2013|lire en ligne=https://www.smh.com.au/national/pine-gap-drives-us-drone-kills-20130720-2qbsa.html}}</ref>{{,}}<ref name=":11">{{Article|langue=en|auteur1=Oliver Laughland|titre=Pine Gap's role in US drone strikes should be investigated – rights groups|périodique=The Guardian|date=19 août 2013|lire en ligne=https://www.theguardian.com/world/2013/aug/19/pine-gap-drone-strikes-investigation-call}}</ref>. Une série de documents, divulgués par le lanceur d'alerte [[Edward Snowden]], indiquent que la station est l'un des quatre sites en Australie utilisant le programme de surveillance [[XKeyscore]]<ref name=":11" />{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Jason Om|titre=Spy expert says Australia operating as 'listening post' for US agencies including the NSA|périodique=ABC News|date=29 octobre 2013|lire en ligne=https://www.abc.net.au/news/2013-10-30/australia-acting-as-listening-post-for-us-spy-agencies/5056534}}</ref>.
{{Section vide ou incomplète}}

En parallèle des [[Révélations d'Edward Snowden|révélations médiatiques sur les activités de la NSA]] qui ont lieu à partir de 2013, un certain nombre d'informations sensibles sur la station de Pine Gap sont dévoilées publiquement<ref name=":1" />.
Depuis 2004, la station participe au programme d'assassinat par drone dans le cadre des [[Attaques aériennes américaines au Pakistan|frappes aériennes américaines au Pakistan]], qui comptabilise environ 370 attaques en 2013. Le ''[[Bureau of Investigative Journalism]]'' estime que si ces attaques ont permis l'élimination de {{Formatnum|2500}} à {{Formatnum|3000}} combattants d'[[Al-Qaïda]], elles ont aussi tué des centaines de civils<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":11" />.


En 2017, l'analyse d'un rapport de la NSA sur le fonctionnement de la station (dont le nom de code américain est {{Citation|RAINFALL}}) démontre qu'elle {{Citation|joue un rôle important dans le soutien des activités de renseignement et les opérations militaires des États-Unis}}<ref name=":5" />{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Peter Cronau|titre=Pine Gap plays crucial role in America's wars, leaked documents reveal|périodique=ABC News|date=20 août 2017|lire en ligne=https://www.abc.net.au/news/2017-08-20/leaked-documents-reveal-pine-gaps-crucial-role-in-us-drone-war/8815472}}</ref>.
En 2017, l'analyse d'un rapport de la NSA sur le fonctionnement de la station (dont le nom de code américain est {{Citation|RAINFALL}}) démontre qu'elle {{Citation|joue un rôle important dans le soutien des activités de renseignement et les opérations militaires des États-Unis}}<ref name=":5" />{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Peter Cronau|titre=Pine Gap plays crucial role in America's wars, leaked documents reveal|périodique=ABC News|date=20 août 2017|lire en ligne=https://www.abc.net.au/news/2017-08-20/leaked-documents-reveal-pine-gaps-crucial-role-in-us-drone-war/8815472}}</ref>.


== Explications de Desmond Ball ==
== Explications de Desmond Ball ==
[[Image:PineGap-sign.jpg|vignette|250px|Panneau avertisseur sur la route vers Pine Gap]]
[[Image:Pine Gap.jpg|vignette|250px|Pine Gap vue depuis le Mount Gillen]]
En 1999, lorsque le gouvernement australien refusa de donner des explications à une commission du Sénat australien, celle-ci demanda au professeur {{lien|lang=en |trad=Des Ball |fr=Desmond Ball}} de l'[[Australian National University]], expert en renseignement, d'exposer les grandes lignes de la base.
En 1999, lorsque le gouvernement australien refusa de donner des explications à une commission du Sénat australien, celle-ci demanda au professeur {{lien|lang=en |trad=Des Ball |fr=Desmond Ball}} de l'[[Australian National University]], expert en renseignement, d'exposer les grandes lignes de la base.


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== Adaptation pour la télévision ==
== Adaptation pour la télévision ==
Le site de Pine Gap a fait l'objet d'une création de [[Pine Gap (série télévisée)|série TV originale]] produite par la société australienne Screentime et réalisée pour [[Netflix]] en 2018. Elle a été diffusée sur la chaîne ABC. La série, constituée de six épisodes, a été créée par Greg Haddrick et Felicity Packard, et réalisée par Mat King.
[[Pine Gap (série télévisée)|Pine Gap]] est une minie-série télévisée australienne produite par Screentime, sortie sur [[Netflix]] et diffusée sur [[Australian Broadcasting Corporation|ABC]] en 2018. La série en six épisodes est écrite par Greg Haddrick et Felicity Packard, Mat King réalisant les six épisodes.


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== Annexes ==
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Version du 27 février 2024 à 16:05

Pine Gap
Image illustrative de l’article Pine Gap
Vue aérienne de Pine Gap, près d'Alice Springs en Australie, en 2008.

Lieu Alice Springs, Territoire du Nord

Australie

Fait partie de UKUSA
Type d’ouvrage Station d'interception des radiocommunications
Construction 1966-1967
Utilisation En activité
Utilisation actuelle Défense anti-missile

Renseignement d'origine électromagnétique

Contrôlé par Drapeau des États-Unis États-Unis
Garnison Central Intelligence Agency (CIA)

Australian Signals Directorate (ASD) National Reconnaissance Office (NRO) National Security Agency (NSA)

Coordonnées 23° 47′ 56″ sud, 133° 44′ 13″ est
Géolocalisation sur la carte : Australie
(Voir situation sur carte : Australie)
Pine Gap
Géolocalisation sur la carte : Territoire du Nord
(Voir situation sur carte : Territoire du Nord)
Pine Gap

Pine Gap (appellation réduite de Joint Defence Facility Pine Gap) est une station de renseignement d'origine électromagnétique située au sud-ouest de la ville d'Alice Springs, dans le Territoire du Nord, en Australie. Elle joue un rôle important en soutenant les activités de renseignement et les opérations militaires des États-Unis.

Histoire

À la fin de l'année 1966, dans un contexte de guerre froide, la construction d'une base américaine de surveillance par satellite, sur le territoire australien, est actée par un accord conclu entre les deux gouvernements[1],[2]. La station, dénommée « Joint Defence Space Research Facility », est présentée au public en tant que centre de recherche spatiale[3]. Le traité est signé le à Canberra[1],[2].

Lors de sa mise en service, la station est un centre de contrôle et de communication pour les satellites géostationnaires de la Central Intelligence Agency (CIA), développés de 1967 à 1985 sous les appellations « RHYOLITE/AQUACADE » puis « MAGNUM/ORION »[4],[5]. Les deux premières antennes paraboliques ont été construites en 1966-1967, selon l'auteur universitaire Desmond Ball[2]. Ce premier système opérationnel est utilisé pour la surveillance et la collecte des données relatives aux essais de missiles balistiques soviétiques[3],[6].

Allégations concernant la destitution de Gough Whitlam

En 1974, le Premier ministre Gough Whitlam remet en question le rôle des bases américaines en Australie, demandant au président américain, Richard Nixon, la révision des modalités régissant les relations entre les deux pays. Il envisage la fermeture de la station, alors que l'accord pour l'exploitation du site doit expirer le [7],[note 1].

Pour Victor Marchetti, ancien responsable de la CIA, cette menace, exprimée publiquement[note 1], est à l'origine de la destitution de Whitlam, le [7],[8]. Plusieurs journalistes, historiens et commentateurs politiques appuient la théorie selon laquelle l'agence de renseignement américaine serait impliquée, en agissant sous la couverture de la Nugan Hand Bank (en)[8],[9].

Ces allégations ont été catégoriquement démenties par la CIA et par le gouverneur général d'Australie en fonction lors de cette crise politique, John Kerr[10].

Années 1990

En 1999, la station est dotée de dix-huit antennes paraboliques[11], qui participent à l'interception d'une partie des télécommunications en Chine, en Inde, au Japon, en Corée du Nord et au Moyen-Orient[2],[12]. D'après plusieurs experts en renseignement, dont Desmond Ball, sollicité par un comité du Sénat, l'expansion de la station dans les années 1990, au lendemain de la guerre froide, a été particulièrement significative.

En plus des ondes radioélectriques hautes-fréquences (HF), très utilisées durant la seconde moitié du XXe siècle, l'évolution de l'infrastructure technique permet l'interception des ondes très hautes fréquences (VHF) et ultra hautes fréquences (UHF). Par ailleurs, la collecte d'informations ne concerne plus seulement la surveillance des activités militaires, mais aussi l'intelligence économique et la politique[2],[4].

La fermeture du site de Nurrungar (« Joint Defense Facility Nurrungar »), en fin d'année 1999, entraîne le transfert à Pine Gap du centre de contrôle des satellites de détection infrarouge du programme de défense antimissile américain[2],[13].

Des documents publiés en 2019 révèlent que cette extension des activités de la station, pour un usage strictement militaire, a suscité l'inquiétude du gouvernement australien[14].

Années 2000

Au début des années 2000, les capacités de la station sont étendues. En 1999-2000, deux antennes paraboliques de 23 m de diamètre sont installées, permettant de cibler directement les satellites de télécommunications étrangers (FORNSAT/COMSAT)[5],[15]. Selon un rapport du Parlement Européen, publié en 2001, elles sont utilisées pour cibler les satellites INTELSAT stationnés en orbite au-dessus de l'océan Pacifique et de l'océan Indien[11].

En 2008, une antenne multi-faisceaux Torus est installée dans un périmètre indépendant à environ 200 m au sud du complexe principal. Le déploiement de cette technologie avancée vient compléter le dispositif d'interception visant les satellites de télécommunications, en complément d'autres installations à Seeb, Oman, et à Waihopai, en Nouvelle-Zélande[5],[15].

Années 2010

En parallèle des révélations médiatiques sur les activités de la NSA qui ont lieu à partir de 2013, un certain nombre d'informations sensibles sur la station de Pine Gap sont dévoilées publiquement[6]. Selon d'anciens membres du personnel, la géolocalisation des radios et des téléphones portables est une des fonctions principales de la base[16],[17]. Une série de documents, divulgués par le lanceur d'alerte Edward Snowden, indiquent que la station est l'un des quatre sites en Australie utilisant le programme de surveillance XKeyscore[17],[18].

Depuis 2004, la station participe au programme d'assassinat par drone dans le cadre des frappes aériennes américaines au Pakistan, qui comptabilise environ 370 attaques en 2013. Le Bureau of Investigative Journalism estime que si ces attaques ont permis l'élimination de 2 500 à 3 000 combattants d'Al-Qaïda, elles ont aussi tué des centaines de civils[16],[17].

En 2017, l'analyse d'un rapport de la NSA sur le fonctionnement de la station (dont le nom de code américain est « RAINFALL ») démontre qu'elle « joue un rôle important dans le soutien des activités de renseignement et les opérations militaires des États-Unis »[12],[19].

Explications de Desmond Ball

Panneau avertisseur sur la route vers Pine Gap
Pine Gap vue depuis le Mount Gillen

En 1999, lorsque le gouvernement australien refusa de donner des explications à une commission du Sénat australien, celle-ci demanda au professeur Desmond Ball (en) de l'Australian National University, expert en renseignement, d'exposer les grandes lignes de la base.

Le personnel employé sur la base a augmenté, passant d'environ 400 au début des années 1970, à 600 au début des années 1990 pour approcher les 1 000 au début du XXIe siècle. La plus grande expansion du site a eu lieu à la fin de la guerre froide.

Il expliqua que le principal rôle de la station était le recueil et le traitement des informations transmises par des satellites de renseignements géostationnaires, indiquant que quatre types de signaux étaient exploités :

  • la télémesure des armes de technologie avancée, comme les missiles balistiques, utilisée pour vérifier le respect des traités de limitation des armements ;
  • les signaux des radars anti-missiles et anti-aériens ;
  • les transmissions envoyées aux satellites de communication ;
  • les émissions par micro-ondes telles que celles des appels téléphoniques à longues distances.

Il expliqua que la zone est partagée en trois secteurs : un secteur de suivi des satellites, un secteur de recueil des signaux et un secteur d'analyse des signaux, d'où les Australiens avaient été écartés jusqu'en 1980. En 2017, les Australiens n'ont pas accès à la National Cryptographic Room (de même que les Américains n'ont pas accès à l'Australian Cryptographic Room).

Chaque matin une commission, le Joint Reconnaissance Schedule Committee, se réunit pour déterminer quels satellites seront surveillés pendant les prochaines 24 heures.

Adaptation pour la télévision

Pine Gap est une minie-série télévisée australienne produite par Screentime, sortie sur Netflix et diffusée sur ABC en 2018. La série en six épisodes est écrite par Greg Haddrick et Felicity Packard, Mat King réalisant les six épisodes.

Notes et références

Notes

  1. a et b « Le gouvernement australien considère qu'il ne devrait pas y avoir de bases, de stations ou d'installations militaires étrangères en Australie. Nous respectons les accords concernant les stations existantes. Nous ne sommes pas favorables à l'extension ou à la prolongation de l'une d'entre elles. » - (en) « Déclaration de Whitlam au Parlement d'Australie, le 3 avril 1974 »

Références

  1. a et b (en) « Agreement between the Government of the Commonwealth of Australia and the Government of the United States of America relating to the Establishment of a Joint Defence Space Research Facility [Pine Gap, NT] », Australian Treaty Series 1966 No 17, Canberra, Australian Government Publishing Service,
  2. a b c d e et f (en) « Testimony of Professor Desmond Ball and Professor Paul Dibb to the Joint Standing Committee On Treaties : Pine Gap » [PDF], sur nautilus.org, Nautilus Institute for Security and Sustainability, (consulté le )
  3. a et b (en) Jackie Dent, « An American Spy Base Hidden in Australia’s Outback », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  4. a et b (en) Duncan Campbell, « Interception Capabilities 2000 », Science and Technology Options Assessment [PDF], Parlement européen, , p. 7
  5. a b et c (en) Desmond Ball, Duncan Campbell, Bill Robinson et Richard Tanter, Expanded Communications Satellite Surveillance and Intelligence Activities utilising Multi beam Antenna Systems, Nautilus Institute for Security and Sustainability, (lire en ligne), p. 29-32
  6. a et b (en) Philip Dorling, « Australian outback station at forefront of US spying arsenal », The Sydney Morning Herald,‎ (lire en ligne)
  7. a et b (en) John Pilger, « The British-American coup that ended Australian independence », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Fabrizio Calvi et Olivier Schmidt, Intelligences secrètes : Annales de l'espionnage, Hachette, (lire en ligne), p. 20-31
  9. (en) William Blum, Killing Hope : U.S. Military and CIA Interventions since World War II, Common Courage Press, (ISBN 1-84277-369-0), chap. 40 (« Australia 1973-1975: Another free election bites the dust »)
  10. (en) Paul Kelly et Troy Bramston, « Whitlam dismissal: Queen, CIA played no role in 1975 », The Australian,‎ (lire en ligne)
  11. a et b Parlement européen, Rapport sur l’existence d’un système d’interception mondial des communications privées et économiques (système d’interception ECHELON), , 202 p. (lire en ligne), p. 58-60
  12. a et b (en) Ryan Gallagher, « The U.S. Spy Hub in the Heart of Australia », The Intercept,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Michael Richardson, « Early-Warning Facility Would Play Key Role in U.S. Missile Defense : Australia Scrutinizes Shield Project », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  14. (en) Henry Belot, « Cabinet documents reveal Pine Gap expansion deal and concerns about 'weaponising space' », ABC News,‎ (lire en ligne)
  15. a et b (en) Philip Dorling, « Pine Gap’s new spy role revealed », The Syndey Morning Herald,‎ (lire en ligne)
  16. a et b (en) Philip Dorling, « Pine Gap drives US drone kills », The Sydney Morning Herald,‎ (lire en ligne)
  17. a b et c (en) Oliver Laughland, « Pine Gap's role in US drone strikes should be investigated – rights groups », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  18. (en) Jason Om, « Spy expert says Australia operating as 'listening post' for US agencies including the NSA », ABC News,‎ (lire en ligne)
  19. (en) Peter Cronau, « Pine Gap plays crucial role in America's wars, leaked documents reveal », ABC News,‎ (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

  • (en) « The Pine Gap project » - Page d'accueil du projet sur le site du Nautilus Institute for Security and Sustainability