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Cependant, l'esclavage n'a pas totalement disparu dans certaines régions du monde, comme la péninsule arabique ou le subcontinent indien.L'[[Organisation internationale du travail]] (OIT) estime à 25 millions le nombre de personnes vivant actuellement dans des conditions assimilables à de l'esclavage d'où le terme d'« esclavage moderne ». Selon l'ONU, chaque année, deux millions de personnes sont réduites à l'esclavage.
Cependant, l'esclavage n'a pas totalement disparu dans certaines régions du monde, comme la péninsule arabique ou le subcontinent indien.L'[[Organisation internationale du travail]] (OIT) estime à 25 millions le nombre de personnes vivant actuellement dans des conditions assimilables à de l'esclavage d'où le terme d'« esclavage moderne ». Selon l'ONU, chaque année, deux millions de personnes sont réduites à l'esclavage.


Il est important de noter que l'esclavage n'est pas uniquement présent dans les pays en voie de développement, mais est également dans les pays développés. Ainsi des trafics d'êtres humains comme le [[proxénétisme]], le [[travail clandestin]], etc ..., restent présent. Des diplomates de certains pays du [[Tiers-Monde]], en poste en Europe, abusent de leur protection diplomatique pour participer certains de ces trafics.
Il est important de noter que l'esclavage n'est pas uniquement présent dans les pays en voie de développement, mais est également dans les pays développés. Ainsi des trafics d'êtres humains comme le [[proxénétisme]], le [[travail clandestin]], etc., restent présent. Des diplomates de certains pays du [[Tiers-Monde]], en poste en Europe, abusent de leur protection diplomatique pour participer certains de ces trafics.


Le [[tourisme sexuel]] de certains citoyens de pays développés favorise également ce trafic, notamment en Asie.
Le [[tourisme sexuel]] de certains citoyens de pays développés favorise également ce trafic, notamment en Asie.

Version du 2 septembre 2005 à 16:26


Esclave, Michel-Ange, XVIe siècle

Le terme esclavage vient du latin médieval sclavus déformation de slavus (le slave). Le mot « esclave » serait apparu au Haut Moyen Âge à Venise, où la plupart des esclaves étaient des Slaves des Balkans (une région qui s'est longtemps appelée « Esclavonie » et qui est récemment devenue indépendante, sous le nom de « Slovénie »). L'esclavage désigne la condition sociale de l'esclave, travailleur non libre et non rémunéré qui, au même titre qu'un objet, est juridiquement la propriété d'une autre personne. Au sens large, il désigne le système social reposant sur cette pratique.

Les esclaves sont tenus d'obéir à tous les ordres de leur maître depuis leur naissance (ou capture, ou passage à l'état d'esclave) jusqu'à leur mort (ou parfois leur libération, ou affranchissement).

Esclavage dans l'Antiquité

L'esclavage existait déjà à l'époque antique, et il n'est pas impossible qu'il ait même existé dans la préhistoire. Dans la pratique, les formes de domination d'un groupe d'hommes sur un autre forment un continuum qui n'a pas de limites bien tranchées.

Mésopotamie

À Sumer, si l'on en croit le livre L'histoire commence à Sumer, la condition d'esclave aurait été assez souple : un esclave aurait pu par exemple y épouser une femme libre, ou même posséder par ailleurs une petite entreprise. Mais peut-être ne s'agissait-il que de dérogations exceptionnelles, seules parvenues à notre connaissance.

Europe

Dans l'Antiquité gréco-latine, les esclaves européens étaient presque toujours Européens eux-mêmes. L'origine du mot esclave est d'ailleurs liée au mot slave. On pouvait être réduit à l'esclavage pour dettes, ou à la suite d'une razzia. Mais le plus souvent, on devenait esclave à la suite d'une défaite militaire, ou héréditairement. À l'apogée de l'empire romain, Rome comptait environ 400 000 esclaves. Mais les sources d'approvisionnement se tarirent par la suite.

En latin, l'esclave était dit servus — d'où le serf médiéval — ou encore ancillus. Les révoltes d'esclaves de la Rome antiques sont qualifiées de révoltes serviles ou révoltes ancillaires. La plus célèbre fut celle menée par le gladiateur Spartacus en 73 av. J.-C., et qui faillit détruire Rome. Car Spartacus vainquit plusieurs armées romaines avant d'être à son tour vaincu. Les historiens romains sont restés très discrets sur cette révolte de Spartacus, dont ils craignaient qu'elles ne servent d'exemples à de futurs révoltés. Une légende de Spartacus n'en fut pas moins forgée par la suite.

Certains artistes de l'Antiquité, comme le fabuliste Ésope, étaient des esclaves affranchis. Térence était esclave, ce qui étonna Diderot. Le philosophe Epictète était également esclave. À Rome, l'écrasante majorité des gens de métiers, des paysans aux intellectuels les plus reconnus, étaient esclaves.

Souvent, les personnes réduites en esclavage, ou maintenues dans cette condition d'esclave, provenaient d'autres peuples conquis, ce qui se manifestait souvent par une couleur de peau, ou une langues, etc., différente de celle des maîtres. En 146 avant J.-C., la défaite de Carthage face à Rome entraîne la mise en esclavage de sa population. Certaines personnes sont contraintes à devenir esclaves à cause de leur pauvreté extrême ou de leur endettement.

Il est à noter que l'esclave romain est ambivalent : il est à la fois un homme et marchandise. Sa valeur monétaire incite le maître à prendre soin de ses esclaves pour que son investissement soit rentable. De même, il a des devoirs envers ceux-ci : les nourrir et les loger. Les privations étaient les châtiments les plus courants, mais les coups, les mutilations, ou même, à certaines époques, la mort, pouvaient être pratiqués sans qu'il y ait de recours à la justice. Les lois romaines évoluent avec le temps, et vers le Ier siècle avant J.-C. le maître perdit son droit de vie et de mort sur son esclave. Certains mauvais traitements furent également interdits et lourdement condamnés.

Il faut comprendre l'esclavage romain comme une déshumanisation de la personne, puisqu'on parle de « cheptel humain » (Aristote). Les Romains considéraient en effet l'esclavage comme infâmant, et un soldat romain préférait se suicider que de tomber en esclavage dans un peuple « barbare », ou plutôt non-romain. Ainsi, pour les Romains, l'esclave ne pouvait pas, même en cas d'affranchissement, prétendre devenir citoyen romain. Cette citoyenneté romaine commençait à être prise en compte pour les enfants de l'affranchi. L'affranchi restait un affranchi.

Il faut souligner que c'est l'esclavage qui a seul permis le fonctionnement de la « démocratie grecque », dans les périodes où celle-ci était en vigueur. En effet, comme cette démocratie était directe, la plupart des décisions étaient prises par l'ensemble des citoyens réunis sur l'Agora. Il fallait donc, pour que les hommes libres puissent passer leurs journées à discuter ou à voter, qu'ils disposent d'esclaves pour travailler à leur place aux champs, à la mine ou dans leurs commerces. À Athènes à l'époque classique, les trois quarts de la population était composés esclaves.

Il ne soulevait pas la réprobation, car à ces époques, où les machines n'existaient pas, les propriétaires fonciers avaient besoin d'utiliser l'énergie humaine, et donc la main d'œuvre servile qui était la moins chère, pour faire tourner les moulins de pierre, où les norias destinées à faire monter l'eau, sans parler de la construction des monuments et autres pyramides.

Voir Esclavage en Grèce antique

Israël

Israël fut le seul pays où, dans l'Antiquité, la durée de l'esclavage a été limitée — à six ans pour les Hébreux (Bible, Exode XXI, 2-6 et Deut. XV 12-18). Les esclaves juifs n'étaient pas marqués sauf par un poinçon à l'oreille et le maître qui faisait périr son esclave était puni (Exode XXI, 20-21).

Esclavage au Moyen Âge

Dans le monde arabo-musulman

Si le christianisme a milité très tôt contre l'esclavage, sans pourvoir en interdire la pratique (Italie et Espagne, notamment), l'Islam maintient et développe cette pratique. L'esclavage des Noirs et la traite négrière existe dès les débuts de l'Islam, en Asie occidentale puis en Afrique du Nord ; il était alimenté par une traite musulmane qui se fournissait dans l'Afrique subsaharienne et orientale, mais également en Europe.

En principe, le Coran interdit seulement l'esclavage des musulmans, car il fait la différence entre les pays "des infidèles" et les pays de l'islam et par cela l'abolitionisme est presque anti-islamique, impossible a promouvoir par les bons musulmans. Cela explique aussi le fait que jusqu'au début du XXIe siècle, des pays musulmans comme l'Arabie saoudite, le Soudan ou la Mauritanie acceptaient l'esclavage des noirs chrétiens et animistes.

Malgré les interdictions formelles concernant les musulmans, les califes et les sultans n'ont pas hésité à réduire en esclavage les rebelles ou les "mauvais musulmans", notamment en Espagne au temps d'al-Andalus, et en Afrique du nord (les Berbères réduits à l'esclavage par les envahisseurs arabes).

Certains gardes gradés d'autres religions prirent le pouvoir sur certaines taifas ; voir aussi esclavon.

Europe

Avec les conquêtes musulmanes (Al-Andalus), la traite concerna l'Espagne et les côtes du bassin méditerranéen. Répondant aux tentatives de reconquête des chrétiens du nord de la péninsule ibérique, les califes de Cordoue lancèrent des expéditions de représailles, source de prisonniers : en 985, les musulmans pillent Barcelone et en 997 Saint-Jacques-de-Compostelle. En 1185, une attaque musulmane sur Lisbonne fait de nombreux captifs. La piraterie des Sarrasins, les barbaresques, menace le littoral et occasionne des captures d'esclaves : c'est le cas au sac de Rome en 846, de Gênes en 933 et de Tarragone en 1185. en Europe orientale, les raids musulmans contre l'empire byzantin sont encore une source d'approvisionnement en esclaves.

Les esclaves européens du monde musulman viennent aussi des marchés de Verdun ou de Kiev pendant le Haut Moyen Âge. Les marchands musulmans ou juifs viennent y acheter de la main d'œuvre servile. Un recensement fait état de 10 000 esclaves européens amenés à Cordoue entre 912 et 961. La traite dura longtemps car les maîtres musulmans avaient sans cesse besoin de renouveler leurs esclaves : ces derniers n'avaient pas d'enfants (mariage interdit et eunuques). L'esclavage et la traite continuèrent avec les attaques des Turcs ottomans : par les pirates musulmans au XIVe siècle, dans les Balkans au XVe siècle et lors des expéditions navales turques en Espagne et en Italie, au siècle suivant.

Egypte

L'Égypte a été dirigée par une caste d'esclaves-soldats, les Mamelouks, capturés ou achetés parmi les chrétiens et les tribus payenes. Les Ottomans ont créé des unités d'élites avec des esclaves chrétiens, les janissaires, de yeni çeri, « nouvelle armée ». Dès le Moyen Âge, ces esclaves étaient entrainés très jeunes.

Mais surtout de jeunes esclaves furent opérés en grand nombre pour en faire des ennuques.

Inde

L'Inde a connu une dynastie des esclaves fondée par Qûtb ud-Dîn Aibak en 1206 et qui garda le pouvoir sur la vallée du Gange jusqu'en 1290. Les sultans musulmans du Deccan opérèrent de nombreuses razzias d'esclaves en Inde.

Afrique noire

L'approvisionnement en esclaves noirs se fait par les deux extrêmités du Sahara.

  • Afrique orientale

Dès le VIIe siècle, plusieurs expéditions musulmanes sont montées vers la Nubie, en descendant le Nil. Les vainqueurs soumettent des tributs en esclaves : en 642, le roi de Nubie Kalidurat doit livrer 360 esclaves par an aux musulmans. Selon le même processus, une série de raids musulmans menacent l'Abyssinie chrétienne. Les Arabes traversent la Mer Rouge et s'installent sur la côte éthiopienne, en fondant d'abord quelques comptoirs de traite négrière (archipel des Dahlaks, Aydab et Souakim par exemple). Les marchands arabes y échangent les produits asiatiques contre des esclaves noirs. Puis les Arabes pénètrent davantage dans les terres et finissent par installer de petits sultanats autonomes en Ethiopie : celui d'Adal par exemple exportait les esclaves du pays. Ces sultanats disparurent au XVe siècle. Au XVIe siècle, les raids viennent à nouveau d'Egypte où les Turcs s'installent. Le négus d'Ethiopie appelle les chrétiens d'Occident à l'aide. L'Espagne, l'Italie et le Portugal envoient des hommes. Les Portugais voulant contrôler la route des Indes orientales attaquent les comptoirs arabes : en 1517, ils încendient le comptoir arabe de Zeila. Christophe de Gama mène une expédition en Abyssinie vers 1542-1543. Les renforts portugais refluent les Turcs vers le nord de l'Abyssinie.

  • En Afrique de l'Ouest, avec l'avancée de l'islam, l'esclavage se développe. Dès le VIIe siècle, sans parler de conquêtes, les premiers raids arabes dans le Sahara approvisionnent les marchés aux esclaves. Au XIe siècle, le trafic caravanier augmente et les chefs de tribus africaines se convertissent. En 1077, Abou Bahr Ben Omar lance une expédition sanguinaire au Ghana. Mais les [[Berbère]s] Almoravides du Maroc n'arrivent pas à s'installer durablement. En 1222, Sundjata Keïta abolit l'esclavage en créant l'Empire du Mali (Charte du Manden).

Au XVIe siècle, les expéditions menées par les gouverneurs d'Alger se mutliplient dans le Sahara central. L'effondrement de l'empire Songhaï entraîne une chasse aux esclaves dans les pays du Niger.

Mais en Guinée l'un de ceux qui resistèrent à la conquête française fût Samory Touré, ancêtre de Sekou Touré, qui fût un grand trafiquant d'esclaves.

Au XXe siècle

Malgré son interdiction par les colonisateurs, à la fin du XIXe siècle, l'esclavage a continué d'exister dans le monde arabo-musulman jusqu'en 1980, date de l'abolition officielle de celui-ci par Mauritanie. À noter que l'Arabie saoudite ne l'avait aboli officiellement qu'en 1960. Cet esclavage fait partie de la traite dite orientale qui aurait déplacé environ 17 millions de noirs - fragilisant ainsi l'Afrique.

En Occident

  • Le mot Slave a donné celui d'esclave (slave en Anglais) car les peuples Slaves au Haut Moyen Âge n'étaient pas très organisés et il était facile pour les régions avoisinantes de s'y ravitailler en esclaves. De plus, il était difficile aux chrétiens de posséder d'autres chrétiens comme esclave, car selon le dogme chrétien tous les hommes sont égaux dans l'Église. Le Concile de Lyon (567-570) interdit ainsi de réduire en esclavage un homme libre. Ainsi, les esclaves sont uniquement importés en France et son principal marché aux esclaves se situe à Verdun (IXe siècle). Dans les années 780, Charlemagne combat les Saxons et réduit une partie de la population en esclavage. À noter qu'à l'époque mérovingienne plusieurs esclaves devinrent reines : la plus célèbre étant Frédégonde. Un esclave, Leudaste, devint connétable et comte de Tours. L'Allemagne des Xe-XIIIe siècles développa même une classe de nobles esclaves, les ministériaux.
  • Au XIe siècle l'esclavage disparait totalement en France mais perdure dans le bassin méditerranéen. Les Français, au même titre que tous les autres riverains de la Méditerranée, sont victimes d'enlèvements et sont réduits en esclavage. Les « Barbaresques » n'hésitent pas à mener des razzias dans les villages côtiers. On recense plus de 20 000 esclaves français à Alger en 1350. Les autorités françaises ne peuvent réagir militairement car le contrôle complet du littoral est alors illusoire, et se contentent de multiplier les missions à Alger afin de racheter les esclaves chrétiens. Ces esclaves libérés effectuaient une véritable procession, à pied, des ports méditerranéens où ils débarquaient, jusqu'à Paris.
  • Le trafic des esclaves avec le mode arabo-musulman fit en partie la richesse des Républiques maritimes italiennes comme celles de Gênes et de Venise. Les « négrillons » vendus dans les cours d'Europe, les odalisques et autres servantes mauresques provenaient de ce trafic.

Esclavage moderne

Estampe représentant un soldat et son esclave, Afrique équatoriale, dans les années 1830

XVe et XVIe siècles

  • Europe

Les Turcs ottomans ont lançé régulièrement des attaques sur les côtes européennes et sur les vaisseaux des pays chrétiens, et en ont ramené des esclaves.

  • Amérique

Au Paraguay, les Jésuites au travers du système des réductions s'opposent aux esclavagistes occidentaux.

Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537)et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des indiens ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci ». Ce qui n'empêche pas cependant leur extermination totale dans les Antilles espagnoles.

1550 : Controverse de Valladolid opposant le dominicain Bartolomé de Las Casas qui défend la cause des Indiens au philosophe Sépulvéda qui conteste leur caractère humain.

La renaissance de l'esclavage est marquée par le commerce triangulaire: Par ce système, les négriers européens venaient acheter en Afrique des esclaves aux trafiquants et souverains locaux, en échange de verroteries, d'alcools et d'armes. Ils transportaient ensuite les cargaisons d'esclaves ainsi obtenues aux Amériques, et, avec le produit de leurs ventes, y achetaient du rhum, du sucre ou du coton, avec lesquels ils revenaient en Europe. Ainsi recommençaient-ils leur périple chaque année. Angleterre, Portugal, France et Pays-Bas sont les quatre nations qui mettent en place ce commerce triangulaire.

Le Code Noir

Le recours à l'esclavage pour l'exploitation des terres nouvellement découvertes n'est pas, comme beaucoup le pensent, une décision de Louis XIV. En 1685, Louis XIV, roi de France, promulgue le « Code noir », réglementant le traitement des esclaves et des « marrons » dans les Antilles françaises. C'est le premier texte de ce type depuis les conciles chrétiens du VIe siècle. Louis XIV était défavorable à l'esclavage, mais il n'avait pas la capacité d'en interdire la pratique hors du territoire métropolitain. Faute de pouvoir l'interdire, il encadre la pratique, afin de limiter les abus. Tous les esclaves ont ainsi droit au baptême chrétien et n'ont pas le droit de travailler le dimanche et les jours fériés à caractère religieux (plus de 120 pendant l'Ancien-Régime). Le texte prévoit également une formule d'affranchissement. Les châtiments infligés aux esclaves récalcitrants sont sévères, mais ils ont en phase avec la sévérité qui encadre les lois des hommes libres. La prison n'existant pas en terme de peines, tous les châtiments sont corporels. Le Code Noir confirme l'interdiction de toute pratique esclavagiste en France métropolitaine en se référant à une « vieille loi » qui transforme en homme libre tout esclave foulant la terre de France. Cette loi sera scrupuleusement respectée comme en atteste toutes les décisions de justice de l'Ancien Régime. Il était ainsi interdit aux marchands d'esclaves de faire débarquer leur « marchandise » en France sous peine de saisie immédiate.

Siècle des Lumières

La machine infernale esclavagiste atteint son rendement maximum et le crime contre l'humanité atteint ici des sommets. On considère qu'il faut capturer 10 hommes ou femmes pour en embarquer un seul en esclavage. 90% des capturés préféraient en effet mourir ou fuir que devenir esclave. Le nombre déjà important d'esclaves déportés d'un continent à l'autre ne prend pas en compte ces morts sur le continent africain. Ainsi, et contrairement à une légende répandue, ceux qui embarquaient sur les bateaux étaient les plus « dociles » et les tentatives de fuite ou de suicide étaient rares à ce stade. Les dernières études sur ce sujet montrent que la mortalité était plus importante chez les marins que chez les esclaves transportés. Certains auteurs « blancs » se réfugient derrière le fait que ces esclaves étaient fourni par d'autres peuplades africaines ; on pourrait aussi retourner cet argument en disant que le « sale boulot » était laissé aux gens du cru... Mais cet argument est lui-même spécieux, puisque l'esclavage était de règle en Afrique, bien avant l'apparition des négriers européens, qui ne sont intervenus qu'au début du XVIe siècle.

Abolition de l'esclavage

Image d'une campagne abolitionniste anglaise

Voir l'article détaillé : Abolition de l'esclavage

À partir du VIIIe siècle le servage a pratiquement remplacé l'esclavage en Europe. Le servage a presque disparu lors de son abolition sous la Révolution française.

La traite se poursuivra de façon clandestine et il faudra attendre l'abolition de l'esclavage pour que ce trafic cesse au cours du XIXe siècle.

Certains pays arabes ont maintenu l'esclavage jusqu'au milieu du XXe siècle (Arabie Saoudite et Oman). mais il s'est maintenu chez les Maures de certaines colonies françaises, malgré sa suppression officielle, en Mauritanie et au Soudan français.

L'esclavage redémarre en XXIe siècle, au Soudan, au détriment des Chrétiens du sud, avec la complicité du gouvernement.

En 1789, les villages et villes de France eurent à rédiger leurs cahiers de doléances pour la convocation des Etats Généraux. Les habitants de Champagney mettent dans leur cahier un article unique en son genre (l'article 29), dit Vœu de Champagney qui condamne avec energie la traite des Noirs et réclame fermement son abolition.

En France, la Convention abolit l'esclavage le 4 février 1794, mais il fut rétabli par Napoléon Bonaparte, le 10 mai 1802. L'abolition officielle de la traite date du 27 avril 1848 pour la France notamment grâce à l'action de Victor Schoelcher, du 18 décembre 1865 pour les États-Unis et du 2 mars 1807 pour l'Angleterre et du congrès de Vienne de 1815 pour les autres puissances européennes.

Le 10 mai 2001, le Parlement Français vote la loi Taubira qui reconnaît l'esclavage comme crime contre l'humanité.

Esclavage contemporain

Cependant, l'esclavage n'a pas totalement disparu dans certaines régions du monde, comme la péninsule arabique ou le subcontinent indien.L'Organisation internationale du travail (OIT) estime à 25 millions le nombre de personnes vivant actuellement dans des conditions assimilables à de l'esclavage d'où le terme d'« esclavage moderne ». Selon l'ONU, chaque année, deux millions de personnes sont réduites à l'esclavage.

Il est important de noter que l'esclavage n'est pas uniquement présent dans les pays en voie de développement, mais est également dans les pays développés. Ainsi des trafics d'êtres humains comme le proxénétisme, le travail clandestin, etc., restent présent. Des diplomates de certains pays du Tiers-Monde, en poste en Europe, abusent de leur protection diplomatique pour participer certains de ces trafics.

Le tourisme sexuel de certains citoyens de pays développés favorise également ce trafic, notamment en Asie.

Au Soudan, les « arabes » musulmans du nord ont rétabli la Charia, lors de la décolonisation et ont voulu l'appliquer de force aux noirs chrétiens du sud. Ceux-ci, repoussés dans la Province Equatoriale, la plus insalubre, ont résisté de leur mieux depuis l'indépendance. Aussi les forces gouvernementales ont-elles massacré les populations civiles de nombreux villages et continuent à y enlever de nombreux enfants pour les convertir à l'islam et les utiliser comme esclaves à Khartoum.

Des lois réprouvent le proxénétisme, mais la prostitution à condition qu'elle soit volontaire, est cependant autorisée dans nombre de pays, conformément à la déclaration des Droits de l'Homme autorisant chacun à faire ce qu'il veut de sa personne, tant que cela ne trouble pas l'ordre public.

En 2000, l'UNICEF estimait que 200 000 enfants étaient retenus en esclavage en Afrique centrale et occidentale. D'après l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) quelque 200 000 femmes et enfants sont victimes de l'esclavage.

La pratique des enfants soldats mobilisés en cas de besoin d'une « rebellion », financée par les gouvernements occidentaux représente une autre pratique encore plus atroce, car mettant en jeu une dépendance psychologique, maintenue grâce à la dépendance physiologique obtenue par l'usage de drogues dures.

Le 26 juillet 2005 : condamnation de la France qui n'a pas respecté l'article 4 de la convention européenne des droits de l'Homme sur l'esclavage. Paris n'a pas assez condamné un cas d'esclavage domestique sur une jeune Togolaise, Siwa-Akofa Siliadin, dans les années 1990. (Voir Le Monde et Wikinews).

Voir aussi

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Catégorie:esclavage.

Articles connexes

Bibliographie

Témoignages

  • Mungo Park, Voyage à l'intérieur de l'Afrique, FM/ La Découverte, Maspero, Paris 1980.
  • Jehan Mousnier, Journal de la traite des Noirs, Editions de Paris, Paris, 1957.

Ouvrages historiques

Examen d'ensemble

Esclavagisme musulman

  • Jacques Heers, Les négriers en terre d'islam, Paris, Perrin, 2003. ISBN 2262018502
  • Jean-Claude Deveau, Esclaves noirs en Méditerranée, Cahiers de la Méditerranée, vol. 65, Sophia-Antipolis

Esclavagisme euro-américain

  • Raymond-Marin Lemesle, Le commerce colonial triangulaire, XVIIIe-XIXe siècles, Presses Universitaires de France, 1998, Que sais-je. ISBN 2130493408
  • Salvador de Madariaga, Le déclin de l'Empire espagnol d'Amérique, Ed. Albin Michel, Paris, 1958.
  • Jean Meyer, Esclaves et Négriers, Gallimard, 1986, Decouverte Gallimard. ISBN 2070530183
  • Louis Sala-Molins , Le code noir, PUF, Paris, 1988

Histoire de l'abolition

  • Annick Le Douget, Juges, esclaves et négriers en Basse-Bretagne, l'émergence de la pensée abolitionniste, l'auteur, s.l., 2000
  • Nelly Schmidt Nelly, Victor Schoelcher et l’abolition de l’esclavage, Fayard, Paris, 1994
  • Philippe Haudrère et Françoise Vergès, De l’esclave au citoyen, Gallimard, Paris, 1998
  • François Renault, Libération d’esclaves et Nouvelles servitudes, Les nouvelles Editions Africaines, 1976
  • Gaston Martin, L’abolition de l’esclavage (27 avril 1848), PUF, Paris, 1996

Liens externes