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==Histoire du Pan Cinor==
==Histoire du Pan Cinor==
La règle était, dans cette entreprise, de débuter par une période de stage permettant d'en découvrir les différents services. C’est dans ces deux années de relative liberté que, sur la suggestion de son ami cinéaste Richard Cornu, Roger Cuvillier résout un problème alors délaissé par la concurrence<ref>Parmi les précurseurs, on peut citer le brevet U.S. d'un certain Clile C. Allen en 1902 et l'objectif "Varo" 40-120 mm de Bell & Howell en 1932 (cf. article ''Zoom'' en anglais de Wikipedia).</ref> : réaliser un objectif capable de remplacer à lui seul les trois objectifs des caméras à tourelle de l’époque.
La règle était, dans cette entreprise, de débuter par une période de stage permettant d'en découvrir les différents services. C’est dans ces deux années de relative liberté que, sur la suggestion de son ami cinéaste Richard Cornu, Roger Cuvillier résout un problème alors délaissé par la concurrence<ref>Parmi les précurseurs, on peut citer le brevet U.S. d'un certain Clile C. Allen en 1902 et l'objectif "Varo" 40-120 mm produit par Cook pour Bell & Howell en 1932 (cf. article ''Zoom'' en anglais de Wikipedia).</ref> : réaliser un objectif capable de remplacer à lui seul les trois objectifs des caméras à tourelle de l’époque.


Partant d’un modèle à quatre lentilles — deux plan-convexe, deux plan-concave — et deux tubes coulissants, Roger Cuvillier et son équipe élaborent un prototype optiquement corrigé dont la [[distance focale]] peut varier continûment d’un facteur 3 (l’amplitude atteindra 5 en 1954<ref>Le passage de deux à trois groupes fixes permet de réduire encore les oscillations du plan image et, par la même occasion, d'étendre la plage de variation de la focale.</ref>) sans déplacement du [[image (optique)|plan image]]. Le [[brevet]]<ref>Brevet n° 983.129, 28 janvier 1949.</ref> est déposé en janvier [[1949]]. Il sera commercialisé sous la marque ''Pan Cinor''<ref>''Cinor'' est le nom commercial des objectifs de cinéma SOM Berthiot.</ref>.
Partant d’un modèle à quatre lentilles — deux plan-convexe, deux plan-concave — et deux tubes coulissants, Roger Cuvillier et son équipe élaborent un prototype optiquement corrigé dont la [[distance focale]] peut varier continûment d’un facteur 3 sans déplacement du [[image (optique)|plan image]]<ref>L’amplitude atteindra 5 en 1954 en ajoutant l'équivalent d'une cinquième lentille.</ref>. Le [[brevet]]<ref>Brevet n° 983.129, 28 janvier 1949.</ref> est déposé en janvier [[1949]]. Il sera commercialisé sous la marque ''Pan Cinor''<ref>''Cinor'' est le nom commercial des objectifs de cinéma SOM Berthiot.</ref>.


Cet objectif révolutionnaire est présenté en octobre 1950 au ''Congrès international des techniques de cinéma'' de [[Milan]]. Le succès ne se fait pas attendre. La firme suisse [[Paillard-Bolex]] le propose en série dès l'année suivante sur ses caméras, qui s'exportent dans le monde entier<ref>Un aperçu du catalogue est donné sur le site suivant: http://www.bolexcollector.com/lenses/50berthiot.html.
Cet objectif révolutionnaire est présenté en octobre 1950 au ''Congrès international des techniques de cinéma'' de [[Milan]]. Le succès ne se fait pas attendre. La firme suisse [[Paillard-Bolex]] le propose en série dès l'année suivante sur ses caméras, qui s'exportent dans le monde entier<ref>Un aperçu du catalogue est donné sur le site suivant: http://www.bolexcollector.com/lenses/50berthiot.html.
</ref>. La fabrication à grande échelle est lancée dans la petite usine de la rue Nicolas-Berthot à [[Dijon]] qui voit son effectif passer de 80 à 700 salariés. La direction en est confiée au jeune inventeur. La production durera une vingtaine d'années et dépassera les 100 000 exemplaires.
</ref>. La fabrication à grande échelle est lancée dans la petite usine de la rue Nicolas-Berthot à [[Dijon]] qui voit son effectif passer de 80 à 700 salariés. La direction en est confiée au jeune inventeur. La production durera une vingtaine d'années et dépassera les 100 000 exemplaires.


Les objectifs construits selon ce principe sont appelés [[zoom]]s ''à compensation optique''. Deux groupes de lentilles de même signe et rigidement couplés y sont mobiles par rapport au reste du système, qui est fixe. La partie fixe est constituée d'au moins trois groupes de [[vergence]] opposée à celle des groupes mobiles auxquels ils s'intercalent<ref>Exemple du Pancinor Monital f = 20-100 mm, f/2,1 : système de 16 lentilles réparties en 4 groupes fixes convergents et 2 groupes mobiles divergents (présenté dans l’article ''Objectif photographique'' de l’''Encyclopédie Universalis'', 1972).</ref>. La combinaison est calculée de façon à rendre la position du [[foyer (optique)|foyer image]] de l'ensemble sensiblement indépendante de la position des groupes mobiles. La [[mise au point]] est alors exacte pour quatre valeurs de la focale résultante et plus ou moins approchée en dehors de celles-ci.
Les objectifs construits selon ce principe sont appelés [[zoom]]s ''à compensation optique''. Deux groupes de lentilles de même signe et rigidement couplés y sont mobiles par rapport au reste du système, qui est fixe. La partie fixe est constituée d'au moins trois groupes de [[vergence]] opposée à celle des groupes mobiles auxquels ils s'intercalent<ref>Exemple du Pancinor Monital f = 20-100 mm, f/2,1 : système de 16 lentilles réparties en 4 groupes fixes convergents et 2 groupes mobiles divergents (présenté dans l’article ''Objectif photographique'' de l’''Encyclopédie Universalis'', 1972).</ref>. La combinaison est calculée de façon à rendre la position du [[foyer (optique)|foyer image]] de l'ensemble sensiblement indépendante de la position des groupes mobiles. La [[mise au point]] est alors exacte pour quatre valeurs de la focale résultante et approchée de façon satisfaisante en dehors de celles-ci.


Sans rivaux jusqu’en 1956, les objectifs ''Pan Cinor'' ont été distingués en 1958 par l'''[[Academy of Motion Picture Arts and Sciences]]'' avant d'être surpassés en puissance et en perfection par les zooms à ''compensation mécanique'' de [[Pierre Angénieux]]<ref>''Zoom'' est à cette époque le nom commercial des objectifs à focale variable Angénieux.</ref>. Rattrapés par l’industrie japonaise, ils ont (semble-t-il) cessé d'être produits dans les années 1970<ref>Les objectifs ''Pan Cinor'' ont été produits par la SOPELEM au moins jusqu'à cette époque (d’après l’article ''Objectif photographique'' de l’''Encyclopédie Universalis'', 1972).</ref> pour céder la place à des commandes plus pointues, essentiellement militaires. Roger Cuvillier est resté directeur de l'usine (devenue SOPELEM en 1965) jusqu'à sa retraite.
Sans rivaux jusqu’en 1956, les objectifs ''Pan Cinor'' ont été distingués en 1958 par l'''[[Academy of Motion Picture Arts and Sciences]]'' avant d'être surpassés en puissance et en perfection par les zooms à ''compensation mécanique'' de [[Pierre Angénieux]]<ref>''Zoom'' est à cette époque le nom commercial des objectifs à focale variable Angénieux.</ref>. Rattrapés par l’industrie japonaise, ils ont (semble-t-il) cessé d'être produits dans les années 1970<ref>Les objectifs ''Pan Cinor'' ont été produits par la SOPELEM au moins jusqu'à cette époque (d’après l’article ''Objectif photographique'' de l’''Encyclopédie Universalis'', 1972).</ref> pour céder la place à des commandes plus pointues, essentiellement militaires. Roger Cuvillier est resté directeur de l'usine (devenue SOPELEM en 1965) jusqu'à sa retraite.

Version du 4 février 2010 à 16:56

Roger Cuvillier, ingénieur opticien français né à Lille en 1922.

Diplômé de l’Ecole centrale et de l'Ecole supérieure d'optique, Roger Cuvillier a fait toute sa carrière à la SOM-Berthiot, qu'il a intégrée en 1947. Il est à l'origine du Pan Cinor, premier zoom à compensation optique.

Histoire du Pan Cinor

La règle était, dans cette entreprise, de débuter par une période de stage permettant d'en découvrir les différents services. C’est dans ces deux années de relative liberté que, sur la suggestion de son ami cinéaste Richard Cornu, Roger Cuvillier résout un problème alors délaissé par la concurrence[1] : réaliser un objectif capable de remplacer à lui seul les trois objectifs des caméras à tourelle de l’époque.

Partant d’un modèle à quatre lentilles — deux plan-convexe, deux plan-concave — et deux tubes coulissants, Roger Cuvillier et son équipe élaborent un prototype optiquement corrigé dont la distance focale peut varier continûment d’un facteur 3 sans déplacement du plan image[2]. Le brevet[3] est déposé en janvier 1949. Il sera commercialisé sous la marque Pan Cinor[4].

Cet objectif révolutionnaire est présenté en octobre 1950 au Congrès international des techniques de cinéma de Milan. Le succès ne se fait pas attendre. La firme suisse Paillard-Bolex le propose en série dès l'année suivante sur ses caméras, qui s'exportent dans le monde entier[5]. La fabrication à grande échelle est lancée dans la petite usine de la rue Nicolas-Berthot à Dijon qui voit son effectif passer de 80 à 700 salariés. La direction en est confiée au jeune inventeur. La production durera une vingtaine d'années et dépassera les 100 000 exemplaires.

Les objectifs construits selon ce principe sont appelés zooms à compensation optique. Deux groupes de lentilles de même signe et rigidement couplés y sont mobiles par rapport au reste du système, qui est fixe. La partie fixe est constituée d'au moins trois groupes de vergence opposée à celle des groupes mobiles auxquels ils s'intercalent[6]. La combinaison est calculée de façon à rendre la position du foyer image de l'ensemble sensiblement indépendante de la position des groupes mobiles. La mise au point est alors exacte pour quatre valeurs de la focale résultante et approchée de façon satisfaisante en dehors de celles-ci.

Sans rivaux jusqu’en 1956, les objectifs Pan Cinor ont été distingués en 1958 par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences avant d'être surpassés en puissance et en perfection par les zooms à compensation mécanique de Pierre Angénieux[7]. Rattrapés par l’industrie japonaise, ils ont (semble-t-il) cessé d'être produits dans les années 1970[8] pour céder la place à des commandes plus pointues, essentiellement militaires. Roger Cuvillier est resté directeur de l'usine (devenue SOPELEM en 1965) jusqu'à sa retraite.

Notes et références

  1. Parmi les précurseurs, on peut citer le brevet U.S. d'un certain Clile C. Allen en 1902 et l'objectif "Varo" 40-120 mm produit par Cook pour Bell & Howell en 1932 (cf. article Zoom en anglais de Wikipedia).
  2. L’amplitude atteindra 5 en 1954 en ajoutant l'équivalent d'une cinquième lentille.
  3. Brevet n° 983.129, 28 janvier 1949.
  4. Cinor est le nom commercial des objectifs de cinéma SOM Berthiot.
  5. Un aperçu du catalogue est donné sur le site suivant: http://www.bolexcollector.com/lenses/50berthiot.html.
  6. Exemple du Pancinor Monital f = 20-100 mm, f/2,1 : système de 16 lentilles réparties en 4 groupes fixes convergents et 2 groupes mobiles divergents (présenté dans l’article Objectif photographique de l’Encyclopédie Universalis, 1972).
  7. Zoom est à cette époque le nom commercial des objectifs à focale variable Angénieux.
  8. Les objectifs Pan Cinor ont été produits par la SOPELEM au moins jusqu'à cette époque (d’après l’article Objectif photographique de l’Encyclopédie Universalis, 1972).

Liens externes

Voir aussi