Aller au contenu

« Carlos Kleiber » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Chrysostomus (discuter | contributions)
titres d'oeuvres en italique, guillemets, neutralisation (style trop journalistique / dithyrambique), suppression des liens vers :en : scrogneugneu...
Ligne 41 : Ligne 41 :
==Biographie==
==Biographie==
Fils du chef d’orchestre [[Autriche|autrichien]] [[Erich Kleiber]] et de Ruth Goodrich, une [[Américaine]], Carlos Kleiber est né Karl Kleiber à [[Berlin]] où son père occupe alors le poste de directeur musical du [[Staatsoper Unter den Linden| Staatsoper]]. Fuyant le [[nazisme]], il émigre avec sa famille en [[Argentine]], où Erich va diriger les opéras allemands au célèbre [[Teatro Colón]] de [[Buenos Aires]]. C’est là, en 1950, qu’il s’initie à la musique, apprenant le piano et les timbales, et modifie son prénom.<ref>"Carlos Kleiber", par Fabian Gastellier in "L'Opéra", sous la direction de Pierre Brunel, éditions Bordas, 1980</ref>
Fils du chef d’orchestre [[Autriche|autrichien]] [[Erich Kleiber]] et de Ruth Goodrich, une [[Américaine]], Carlos Kleiber est né Karl Kleiber à [[Berlin]] où son père occupe alors le poste de directeur musical du [[Staatsoper Unter den Linden| Staatsoper]]. Fuyant le [[nazisme]], il émigre avec sa famille en [[Argentine]], où Erich va diriger les opéras allemands au célèbre [[Teatro Colón]] de [[Buenos Aires]]. C’est là, en 1950, qu’il s’initie à la musique, apprenant le piano et les timbales, et modifie son prénom.<ref>« Carlos Kleiber », par Fabian Gastellier in « L'Opéra », sous la direction de Pierre Brunel, éditions Bordas, 1980</ref>
De retour en Europe à la fin de la guerre, il entame des études de [[chimie]] à la [[:en:Technische Hochschule|Technische Hochschule]] de Zurich sous la pression paternelle. L’atavisme sera le plus fort, et Carlos Kleiber se remet vite à la musique, composant parfois à ses heures. En 1952, il trouve un poste de répétiteur au [[:de:Staatstheater am Gärtnerplatz|Gärtnerplatz Theater]] de Munich et, en 1956, à Vienne, au [[Opéra populaire (Vienne)|Volksoper]] où il sera nommé chef d'orchestre en 1958. C'est également en 1954 qu'il fait ses débuts de chef d'orchestre à [[Potsdam]], sous le pseudonyme de Karl Keller.
De retour en Europe à la fin de la guerre, il entame des études de [[chimie]] à la [[Technische Hochschule]] de Zurich sous la pression paternelle. L’atavisme sera le plus fort, et Carlos Kleiber se remet vite à la musique, composant parfois à ses heures. En 1952, il trouve un poste de répétiteur au [[Gärtnerplatz Theater]] de Munich et, en 1956, à Vienne, au [[Opéra populaire (Vienne)|Volksoper]] où il sera nommé chef d'orchestre en 1958. C'est également en 1954 qu'il fait ses débuts de chef d'orchestre à [[Potsdam]], sous le pseudonyme de Karl Keller.


De 1958 à 1964, il est nommé [[maître de chapelle]] au [[:en:Deutsche Oper am Rhein| Deutsche Oper am Rhein]] de Düsseldorf/Duisburg. De 1964 à 1966, il obtient le même poste à Zurich. Entre 1966 et 1973, il devient premier [[maître de chapelle| Kapellmeister]] à Stuttgart, mais se fixe --si ce terme a jamais eu un sens pour lui-- à [[Munich]] dès 1968, où il dirigera régulièrement l'orchestre du [[Opéra d'État de Bavière|Bayerische Staatsoper]], même après en avoir quitté le poste d'Attaché musical en 1973.<ref>"Carlos Kleiber", op.cit.</ref>
De 1958 à 1964, il est nommé [[maître de chapelle]] au [[Deutsche Oper am Rhein]] de Düsseldorf/Duisburg. De 1964 à 1966, il obtient le même poste à Zurich. Entre 1966 et 1973, il devient premier [[maître de chapelle|Kapellmeister]] à Stuttgart, mais se fixe à [[Munich]] dès 1968, où il dirigera régulièrement l'orchestre du [[Opéra d'État de Bavière|Bayerische Staatsoper]], même après en avoir quitté le poste d'Attaché musical en 1973.<ref>« Carlos Kleiber », op.cit.</ref>


==Carrière==
==Carrière==
En 1966, Carlos Kleiber est invité au Festival d'[[Édimbourg]], où il dirige [[Wozzeck]] d'[[Alban Berg]], une œuvre dont son père avait assuré la Première en 1925. Même s'il aura ses choix personnels, la carrière de Carlos Kleiber reflétera beaucoup celle d'Erich.
En 1966, Carlos Kleiber est invité au Festival d'[[Édimbourg]], où il dirige ''[[Wozzeck]]'' d'[[Alban Berg]], une œuvre dont son père avait assuré la première en 1925. Même s'il aura ses choix personnels, la carrière de Carlos Kleiber reflétera beaucoup celle d'Erich.


En 1974, il fait ses débuts au Festival de [[Bayreuth]] avec ''[[Tristan et Isolde]]'' où sont réunis, entre autres, [[Catarina Ligendza]], [[Helge Brilioth]] et [[Yvonne Minton]]. Il reprendra souvent cet opéra avec des distributions différentes, et l'enregistrera en imposant face aux sceptiques une [[:en:Margaret Price|Margaret Price]] d'une rare sensualité.
En 1974, il fait ses débuts au Festival de [[Bayreuth]] avec ''[[Tristan et Isolde]]'' où sont réunis, entre autres, [[Catarina Ligendza]], [[Helge Brilioth]] et [[Yvonne Minton]]. Il reprendra souvent cet opéra avec des distributions différentes, et l'enregistrera en imposant face aux sceptiques [[Margaret Price]].


Il apparaît aux [[États-Unis]] en 1977, avec l'Opéra de Los Angeles; puis en 1983, avec le [[Chicago Symphony Orchestra]]. Ses débuts au [[Metropolitan Opera]] de New York datent de 1988 où il dirige [[La Bohème]] de [[Puccini]] avec [[Luciano Pavarotti]] et [[Mirella Freni]].
Il apparaît aux [[États-Unis]] en 1977, avec l'Opéra de Los Angeles; puis en 1983, avec le [[Chicago Symphony Orchestra]]. Ses débuts au [[Metropolitan Opera]] de New York datent de 1988 où il dirige ''[[La Bohème]]'' de [[Puccini]] avec [[Luciano Pavarotti]] et [[Mirella Freni]].


Carlos Kleiber n'aime pas voyager et voyagera peu. Pour l'anecdote, il acceptera de venir à l'[[Opéra Garnier|Opéra de Paris]] pour la première de ''[[Lulu (opéra)|Lulu]]'' en version intégrale et rêvera toute sa vie, une lubie comme une autre, d'y diriger ''[[Carmen (opéra)|Carmen]]''.<ref>"Carnets d'opéras: Carlos Kleiber", par Fabian Gastellier in "Opera international", 1995</ref>
Carlos Kleiber n'aime pas voyager et voyagera peu. Pour l'anecdote, il acceptera de venir à l'[[Opéra Garnier|Opéra de Paris]] pour la première de ''[[Lulu (opéra)|Lulu]]'' en version intégrale et rêvera toute sa vie d'y diriger ''[[Carmen (opéra)|Carmen]]''.<ref>« Carnets d'opéras : Carlos Kleiber », par Fabian Gastellier in « Opera international », 1995</ref>


En dehors de ses apparitions américaines au Met, il sera également souvent présent au [[Festival de Vienne]].
En dehors de ses apparitions américaines au [[Metropolitan Opera|Met]], il sera également souvent présent au [[Festival de Vienne]].


Lorsqu'[[Herbert von Karajan]] meurt en 1989, il est évident pour tout le monde que Carlos Kleiber doit lui succéder. À l'horizon de l'[[Orchestre philharmonique de Berlin]], orchestre d'exception, qui n'a connu que quatre chefs depuis sa création, en 1882, cela semble aller de soi. Cela étant, des raisons commerciales se mêlent au choix artistique, car il ''faudrait'' qu'un artiste placé sous le label de la [[Deutsche Grammophon]], prenne en priorité les rênes de cet orchestre d'exception. Carlos Kleiber, qui travaille effectivement avec la [[Deutsche Grammophon|DGG]], décline la proposition presque par automatisme, mais force est de dire que son répertoire restreint ne lui permettait pas de diriger pareille phalange.<ref>« Quel Roi pour un trône ? », par Gérard Mannoni in ''Le Quotidien de Paris'', 1990</ref>
Lorsqu'[[Herbert von Karajan]] meurt en 1989, Carlos Kleiber est fortement pressenti à sa succession à la tête de l'[[Orchestre philharmonique de Berlin]], orchestre réputé qui n'a connu que quatre chefs depuis sa création, en 1882. Cela étant, des raisons commerciales se mêlent au choix artistique, car un artiste placé sous le label de la [[Deutsche Grammophon]] doit prendre en priorité les rênes de cet orchestre. Carlos Kleiber, qui travaille effectivement avec la [[Deutsche Grammophon|DGG]], décline la proposition, son répertoire restreint ne coïncidant pas avec la réputation de l'orchestre.<ref>« Quel Roi pour un trône ? », par Gérard Mannoni in ''Le Quotidien de Paris'', 1990</ref>


Effectivement, Carlos Keiber dirige peu, peu d'œuvres, et se fait rare, annulant souvent à la dernière minute. D'un perfectionnisme extrême, ennemi juré de la routine, il ne se liera en fait jamais à un orchestre ni à une scène lyrique déterminés. Il travaille chaque détail d'une partition sans compter les heures, réclamant répétition sur répétition (34 pour son premier "Wozzeck" et 17 pour "La Bohème" de Covent Garden), en n'ayant pour devise que la recherche de la clarté absolue. "''C'est un géant'', confiait la cantatrice [[Gwyneth Jones]] en 1982. ''Son sens de l'analyse est unique; et cet homme connu pour être peu bavard peut vous donner, des heures durant, et avec humour, des centaines de précisions qui, toutes, se révèlent utiles.''"<ref>"La fièvre Jones", par Fabian Gastellier, Elle, 1982</ref> Sa ''Maréchale'' et l'''Octavian'' de [[Brigitte Fassbaender]] du [[Le Chevalier à la rose|Chevalier à la rose]] de 1979 à Munich feront date.
Effectivement, Carlos Keiber dirige peu d'œuvres et se fait rare, annulant souvent à la dernière minute. Réputé perfectionniste, il ne se liera en fait jamais à un orchestre ni à une scène lyrique déterminés. Son perfectionnisme l'amène à travailler en détail les partitions et à organiser un grand nombre de répétitions (34 pour son premier ''Wozzeck'' et 17 pour ''La Bohème'' de Covent Garden){{refnec}}. La cantatrice [[Gwyneth Jones]] disait de lui en 1982 : {{citation|C'est un géant. Son sens de l'analyse est unique ; et cet homme connu pour être peu bavard peut vous donner, des heures durant, et avec humour, des centaines de précisions qui, toutes, se révèlent utiles.}}<ref>« La fièvre Jones », par Fabian Gastellier, Elle, 1982</ref> Sa Maréchale et l'Octavian de [[Brigitte Fassbaender]] du ''[[Le Chevalier à la rose|Chevalier à la rose]]'' de 1979 à Munich feront date.


[[:en:Peter Jonas|Peter Jonas]], à la tête de l'orchestre de l'opéra de Chicago, en 1983, témoigne à son tour : « Certains chefs d'orchestre ne font les choses que lorsqu'ils le décident. Pour Kleiber, c'est différent. Il ne s'agit pas du '''quand''' il veut interpréter une œuvre ; mais de '''comment''' il sent une œuvre. Tout paraît extrêmement difficile, et force est de dire que chaque pièce qu'il a dirigée est née d'un terrible conflit personnel ».<ref>« Carlos Kleiber, un génie enveloppé dans une énigme », par Nicholas Kenyone, ''The Observer'', 1989</ref>
[[Peter Jonas]], à la tête de l'orchestre de l'opéra de Chicago, en 1983, dit de Kleiber : {{citation|Certains chefs d'orchestre ne font les choses que lorsqu'ils le décident. Pour Kleiber, c'est différent. Il ne s'agit pas du '''quand''' il veut interpréter une œuvre ; mais de '''comment''' il sent une œuvre. Tout paraît extrêmement difficile, et force est de dire que chaque pièce qu'il a dirigée est née d'un terrible conflit personnel}}.<ref>« Carlos Kleiber, un génie enveloppé dans une énigme », par Nicholas Kenyone, ''The Observer'', 1989</ref>


Que dire de l'[[Otello (Verdi)|Otello]] de 1976, enregistré ''live'' à la [[Scala de Milan]] ? [[Placido Domingo]], qui le surnommait “le magicien”, s'attaque ce soir-là au rôle-titre pour la première fois, tout comme [[Mirella Freni]] en [[Othello ou le Maure de Venise|Desdémone]] et [[Piero Cappuccilli]] en [[Iago]]. Qui plus est, Carlos Kleiber n'a encore jamais dirigé cet opéra. « On y entend le tonnerre gronder comme jamais, et puis soudain, dans le duo d'amour entre Otello et Desdemone, à la fin du premier acte, c'est un miracle de délicatesse et de douceur » écrit Elisabeth Forbes, dans sa notice nécrologique de 2004.<ref>Notice nécrologique par Elisabeth Forbes, ''Le Nouvel Indépendant'', Londres, 21 juillet 2004</ref>
En 1976, Kleiber enregistre en live à la [[Scala de Milan]] [[Otello (Verdi)|Otello]]. [[Placido Domingo]], qui le surnommait « le magicien » {{refnec}}, interprète le rôle-titre pour la première fois, tout comme [[Mirella Freni]] en [[Othello ou le Maure de Venise|Desdémone]] et [[Piero Cappuccilli]] en [[Iago]]. Qui plus est, Carlos Kleiber n'a encore jamais dirigé cet opéra. « On y entend le tonnerre gronder comme jamais, et puis soudain, dans le duo d'amour entre Otello et Desdemone, à la fin du premier acte, c'est un miracle de délicatesse et de douceur » écrit Elisabeth Forbes, dans sa notice nécrologique de 2004.<ref>Notice nécrologique par Elisabeth Forbes, ''Le Nouvel Indépendant'', Londres, 21 juillet 2004</ref>


En 1985, il vient à Florence diriger ''[[La Traviata]]'', dans une mise en scène de [[Franco Zefirelli]]. Il enchante aussi le monde entier par ses quelques présences à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], lors du traditionnel [[Concert du Nouvel An à Vienne|Concert du Nouvel An]] retransmis par la télévision, où il dirige les [[Valse]]s et autres [[Polka]]s de [[Johann Strauss fils]]. Sur la scène de l'opéra de Munich, lorsqu'il le veut bien, il fête Noël avec de somptueuses productions et de non moins somptueuses distributions de la ''[[La Chauve-Souris|Chauve-Souris]]'' du même compositeur.
En 1985, il vient à Florence diriger ''[[La Traviata]]'', dans une mise en scène de [[Franco Zefirelli]]. Il est aussi présent à plusieurs reprises à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], lors du traditionnel [[Concert du Nouvel An à Vienne|Concert du Nouvel An]] retransmis par la télévision, où il dirige les [[Valse]]s et autres [[Polka]]s de [[Johann Strauss fils]]. Également de manière occasionnelle, il dirige des productions de la ''[[La Chauve-Souris|Chauve-Souris]]'' du même compositeur sur la scène de l'opéra de Munich à l'occasion de Noël.


En dehors de l'opéra, il dirigera tout particulièrement [[Beethoven]]: symphonies n°5, n°6, n°7; [[Schubert]] : symphonies n°3 et n°8 ''Inachevée'' avec l’[[Orchestre philharmonique de Vienne]], le [[Orchestre royal du Concertgebouw|Concertgebouw Orchestra]] d'Amsterdam ou, encore l'orchestre de l'opéra de Bavière. Il dirigera aussi [[Mozart]], [[Haydn]], [[Alban Berg]] ou, en écho avec son père, la symphonie n°2 de [[Alexandre Borodine|Borodine]].
En dehors de l'opéra, il dirigera tout particulièrement [[Beethoven]] (symphonies n°5, n°6, n°7), [[Schubert]] (symphonies n°3 et n°8 ''Inachevée'') avec l’[[Orchestre philharmonique de Vienne]], le [[Orchestre royal du Concertgebouw|Concertgebouw Orchestra]] d'Amsterdam ou, encore l'orchestre de l'opéra de Bavière. Il dirigera aussi [[Mozart]], [[Haydn]], [[Alban Berg]] ou, en écho avec son père, la symphonie n°2 de [[Alexandre Borodine|Borodine]].


De cette 5e de [[Beethoven]], un journaliste du magazine ''Time'' écrivit, en 1975, qu'il lui semblait, en l'écoutant, que : « [[Homère]] était soudain ressuscité pour réciter ''[[L'Iliade]]'' ».<ref>Rapporté par Matt Schudel, ''The Washington Post'', 2004</ref>
De cette 5e de [[Beethoven]], un journaliste du magazine ''Time'' écrivit, en 1975, qu'il lui semblait, en l'écoutant, qu'« [[Homère]] était soudain ressuscité pour réciter ''[[L'Iliade]]'' ».<ref>Rapporté par Matt Schudel, ''The Washington Post'', 2004</ref>


Le 20 octobre 1994 il fait ses adieux à l'opéra avec [[Le Chevalier à la rose]] qu'il dirige à Tokyo. Ses derniers concerts symphoniques ont lieu à la tête de la Bavarian Radio Symphony Orchestra, en janvier 1999, à Las Palmas de Gran Canaria et à Santa Cruz de Tenerife lors du Festival de Música de Canarias et, finalement, en février 1999, à Valencia et Cagliari.
Le 20 octobre 1994 il fait ses adieux à l'opéra avec [[Le Chevalier à la rose]] qu'il dirige à Tokyo. Ses derniers concerts symphoniques ont lieu à la tête de la Bavarian Radio Symphony Orchestra, en janvier 1999, à Las Palmas de Gran Canaria et à Santa Cruz de Tenerife lors du Festival de Música de Canarias et, finalement, en février 1999, à Valencia et Cagliari.
Ligne 76 : Ligne 76 :
Sa nationalité réelle demeure un mystère. Certains affirment qu'il a pris, lors de son exil à Buenos Aires, la nationalité [[argentine]] et ne l'a jamais quittée ; d'autres prétendent qu'il a été naturalisé [[Autriche|autrichien]] en 1980.
Sa nationalité réelle demeure un mystère. Certains affirment qu'il a pris, lors de son exil à Buenos Aires, la nationalité [[argentine]] et ne l'a jamais quittée ; d'autres prétendent qu'il a été naturalisé [[Autriche|autrichien]] en 1980.


Marié à la ballerine slovène Stanislava Brezovar dont il a eu deux enfants, Carlos Kleiber s'est éteint à soixante-quatorze ans (nul ne sait où), sept mois après le décès de sa femme. Il est enterré auprès d'elle dans le village de Konjšica, à quelques kilomètres de Litija.
Marié à la ballerine slovène Stanislava Brezovar dont il a eu deux enfants, Carlos Kleiber est mort à soixante-quatorze ans dans un lieu inconnu, sept mois après le décès de sa femme. Il est enterré auprès d'elle dans le village de Konjšica, à quelques kilomètres de Litija.


Carlos Kleiber n'a jamais accordé la moindre interview.
Carlos Kleiber n'a jamais accordé d'interview.


==Discographie sélective==
==Discographie sélective==

Version du 18 mars 2010 à 20:34

Carlos Kleiber

Activité principale Chef d'orchestre

Carlos Kleiber ( - ) est un chef d'orchestre autrichien, né à Berlin.

Biographie

Fils du chef d’orchestre autrichien Erich Kleiber et de Ruth Goodrich, une Américaine, Carlos Kleiber est né Karl Kleiber à Berlin où son père occupe alors le poste de directeur musical du Staatsoper. Fuyant le nazisme, il émigre avec sa famille en Argentine, où Erich va diriger les opéras allemands au célèbre Teatro Colón de Buenos Aires. C’est là, en 1950, qu’il s’initie à la musique, apprenant le piano et les timbales, et modifie son prénom.[1]

De retour en Europe à la fin de la guerre, il entame des études de chimie à la Technische Hochschule de Zurich sous la pression paternelle. L’atavisme sera le plus fort, et Carlos Kleiber se remet vite à la musique, composant parfois à ses heures. En 1952, il trouve un poste de répétiteur au Gärtnerplatz Theater de Munich et, en 1956, à Vienne, au Volksoper où il sera nommé chef d'orchestre en 1958. C'est également en 1954 qu'il fait ses débuts de chef d'orchestre à Potsdam, sous le pseudonyme de Karl Keller.

De 1958 à 1964, il est nommé maître de chapelle au Deutsche Oper am Rhein de Düsseldorf/Duisburg. De 1964 à 1966, il obtient le même poste à Zurich. Entre 1966 et 1973, il devient premier Kapellmeister à Stuttgart, mais se fixe à Munich dès 1968, où il dirigera régulièrement l'orchestre du Bayerische Staatsoper, même après en avoir quitté le poste d'Attaché musical en 1973.[2]

Carrière

En 1966, Carlos Kleiber est invité au Festival d'Édimbourg, où il dirige Wozzeck d'Alban Berg, une œuvre dont son père avait assuré la première en 1925. Même s'il aura ses choix personnels, la carrière de Carlos Kleiber reflétera beaucoup celle d'Erich.

En 1974, il fait ses débuts au Festival de Bayreuth avec Tristan et Isolde où sont réunis, entre autres, Catarina Ligendza, Helge Brilioth et Yvonne Minton. Il reprendra souvent cet opéra avec des distributions différentes, et l'enregistrera en imposant face aux sceptiques Margaret Price.

Il apparaît aux États-Unis en 1977, avec l'Opéra de Los Angeles; puis en 1983, avec le Chicago Symphony Orchestra. Ses débuts au Metropolitan Opera de New York datent de 1988 où il dirige La Bohème de Puccini avec Luciano Pavarotti et Mirella Freni.

Carlos Kleiber n'aime pas voyager et voyagera peu. Pour l'anecdote, il acceptera de venir à l'Opéra de Paris pour la première de Lulu en version intégrale et rêvera toute sa vie d'y diriger Carmen.[3]

En dehors de ses apparitions américaines au Met, il sera également souvent présent au Festival de Vienne.

Lorsqu'Herbert von Karajan meurt en 1989, Carlos Kleiber est fortement pressenti à sa succession à la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin, orchestre réputé qui n'a connu que quatre chefs depuis sa création, en 1882. Cela étant, des raisons commerciales se mêlent au choix artistique, car un artiste placé sous le label de la Deutsche Grammophon doit prendre en priorité les rênes de cet orchestre. Carlos Kleiber, qui travaille effectivement avec la DGG, décline la proposition, son répertoire restreint ne coïncidant pas avec la réputation de l'orchestre.[4]

Effectivement, Carlos Keiber dirige peu d'œuvres et se fait rare, annulant souvent à la dernière minute. Réputé perfectionniste, il ne se liera en fait jamais à un orchestre ni à une scène lyrique déterminés. Son perfectionnisme l'amène à travailler en détail les partitions et à organiser un grand nombre de répétitions (34 pour son premier Wozzeck et 17 pour La Bohème de Covent Garden)[réf. nécessaire]. La cantatrice Gwyneth Jones disait de lui en 1982 : « C'est un géant. Son sens de l'analyse est unique ; et cet homme connu pour être peu bavard peut vous donner, des heures durant, et avec humour, des centaines de précisions qui, toutes, se révèlent utiles. »[5] Sa Maréchale et l'Octavian de Brigitte Fassbaender du Chevalier à la rose de 1979 à Munich feront date.

Peter Jonas, à la tête de l'orchestre de l'opéra de Chicago, en 1983, dit de Kleiber : « Certains chefs d'orchestre ne font les choses que lorsqu'ils le décident. Pour Kleiber, c'est différent. Il ne s'agit pas du quand il veut interpréter une œuvre ; mais de comment il sent une œuvre. Tout paraît extrêmement difficile, et force est de dire que chaque pièce qu'il a dirigée est née d'un terrible conflit personnel ».[6]

En 1976, Kleiber enregistre en live à la Scala de Milan Otello. Placido Domingo, qui le surnommait « le magicien » [réf. nécessaire], interprète le rôle-titre pour la première fois, tout comme Mirella Freni en Desdémone et Piero Cappuccilli en Iago. Qui plus est, Carlos Kleiber n'a encore jamais dirigé cet opéra. « On y entend le tonnerre gronder comme jamais, et puis soudain, dans le duo d'amour entre Otello et Desdemone, à la fin du premier acte, c'est un miracle de délicatesse et de douceur » écrit Elisabeth Forbes, dans sa notice nécrologique de 2004.[7]

En 1985, il vient à Florence diriger La Traviata, dans une mise en scène de Franco Zefirelli. Il est aussi présent à plusieurs reprises à Vienne, lors du traditionnel Concert du Nouvel An retransmis par la télévision, où il dirige les Valses et autres Polkas de Johann Strauss fils. Également de manière occasionnelle, il dirige des productions de la Chauve-Souris du même compositeur sur la scène de l'opéra de Munich à l'occasion de Noël.

En dehors de l'opéra, il dirigera tout particulièrement Beethoven (symphonies n°5, n°6, n°7), Schubert (symphonies n°3 et n°8 Inachevée) avec l’Orchestre philharmonique de Vienne, le Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam ou, encore l'orchestre de l'opéra de Bavière. Il dirigera aussi Mozart, Haydn, Alban Berg ou, en écho avec son père, la symphonie n°2 de Borodine.

De cette 5e de Beethoven, un journaliste du magazine Time écrivit, en 1975, qu'il lui semblait, en l'écoutant, qu'« Homère était soudain ressuscité pour réciter L'Iliade ».[8]

Le 20 octobre 1994 il fait ses adieux à l'opéra avec Le Chevalier à la rose qu'il dirige à Tokyo. Ses derniers concerts symphoniques ont lieu à la tête de la Bavarian Radio Symphony Orchestra, en janvier 1999, à Las Palmas de Gran Canaria et à Santa Cruz de Tenerife lors du Festival de Música de Canarias et, finalement, en février 1999, à Valencia et Cagliari.

Sa nationalité réelle demeure un mystère. Certains affirment qu'il a pris, lors de son exil à Buenos Aires, la nationalité argentine et ne l'a jamais quittée ; d'autres prétendent qu'il a été naturalisé autrichien en 1980.

Marié à la ballerine slovène Stanislava Brezovar dont il a eu deux enfants, Carlos Kleiber est mort à soixante-quatorze ans dans un lieu inconnu, sept mois après le décès de sa femme. Il est enterré auprès d'elle dans le village de Konjšica, à quelques kilomètres de Litija.

Carlos Kleiber n'a jamais accordé d'interview.

Discographie sélective

Opéras
Hors Opéras

Divers

Références

  1. « Carlos Kleiber », par Fabian Gastellier in « L'Opéra », sous la direction de Pierre Brunel, éditions Bordas, 1980
  2. « Carlos Kleiber », op.cit.
  3. « Carnets d'opéras : Carlos Kleiber », par Fabian Gastellier in « Opera international », 1995
  4. « Quel Roi pour un trône ? », par Gérard Mannoni in Le Quotidien de Paris, 1990
  5. « La fièvre Jones », par Fabian Gastellier, Elle, 1982
  6. « Carlos Kleiber, un génie enveloppé dans une énigme », par Nicholas Kenyone, The Observer, 1989
  7. Notice nécrologique par Elisabeth Forbes, Le Nouvel Indépendant, Londres, 21 juillet 2004
  8. Rapporté par Matt Schudel, The Washington Post, 2004

Bibliographie

  • Alexander Werner: Carlos Kleiber, Eine Biografie (en allemand), Editions Schott Musik, 2007
  • Jens Malte Fischer: Carlos Kleiber - der skrupulöse Exzentriker (en allemand), Editions Wallstein, 2002
  • Balestrazzi, Mauro: Carlos Kleiber - Angelo o demone?, 2006, ISBN 88-8302-325-0 (en italien)
  • Vichev, Tomislav: Kleiber's Era, 2003 (en bulgarien)
  • Barber, Charles: Corresponding With Carlos, 8/ 2010 (en english)

Liens extérieurs