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Le premier long-métrage en prise de vues réelles est ''[[Becky Sharp]]'' ([[1935]]), réalisé par [[Rouben Mamoulian]]. Malgré le caractère pionnier de l’entreprise, le film n’aura pas le succès escompté : en effet, contrairement au film d’animation, beaucoup trouvent encore que le technicolor donne à la prise de vue réelle un manque de naturel, par le biais de couleurs trop saturées. Cette réaction ne fut que temporaire, et laissa la place à de gros succès au box-office : ''[[Blanche-Neige et les sept nains]]'' ([[1937]]), ''[[Une étoile est née (film, 1937)|Une étoile est née]]'' ([[1937]]), ''[[Les Aventures de Robin des Bois (film, 1938)|Les Aventures de Robin des Bois]]'' ([[1938]]), ''[[Le Magicien d'Oz]]'' ([[1939]]),''[[ Gone with the wind ]]''([[1939]]),''[[Fantasia ]] ([[1940]])...
Le premier long-métrage en prise de vues réelles est ''[[Becky Sharp]]'' ([[1935]]), réalisé par [[Rouben Mamoulian]]. Malgré le caractère pionnier de l’entreprise, le film n’aura pas le succès escompté : en effet, contrairement au film d’animation, beaucoup trouvent encore que le technicolor donne à la prise de vue réelle un manque de naturel, par le biais de couleurs trop saturées. Cette réaction ne fut que temporaire, et laissa la place à de gros succès au box-office : ''[[Blanche-Neige et les sept nains]]'' ([[1937]]), ''[[Une étoile est née (film, 1937)|Une étoile est née]]'' ([[1937]]), ''[[Les Aventures de Robin des Bois (film, 1938)|Les Aventures de Robin des Bois]]'' ([[1938]]), ''[[Le Magicien d'Oz]]'' ([[1939]]),''[[ Gone with the wind ]]''([[1939]]),''[[Fantasia ]]'' ([[1940]])...
La technique du technicolor devint pendant la guerre marque de qualité et argument marketing. Certaines actrices furent véritablement révélées par les couleurs chatoyantes du technicolor, telles [[Lucille Ball]], [[Betty Grable]] ou [[Maureen O'Hara]]. Universal, qui n’avait à cette époque pas de vraie star dans son giron, en créa une avec le technicolor : [[Maria Montez]], qui dans les années 40 joua dans de nombreux films couleur qui la mettaient en valeur.
La technique du technicolor devint pendant la guerre marque de qualité et argument marketing. Certaines actrices furent véritablement révélées par les couleurs chatoyantes du technicolor, telles [[Lucille Ball]], [[Betty Grable]] ou [[Maureen O'Hara]]. Universal, qui n’avait à cette époque pas de vraie star dans son giron, en créa une avec le technicolor : [[Maria Montez]], qui dans les années 40 joua dans de nombreux films couleur qui la mettaient en valeur.



Version du 21 mai 2010 à 15:48

Technicolor est une marque déposée pour une série de procédés de films en couleur lancés par la Technicolor Motion Picture Corporation, appartenant à Technicolor Motion Picture Corporation fondée par Herbert T. Kalmus, Daniel F. Comstock et W. B. Westcott en 1915 et rachetée par Thomson puis rebaptisée Technicolor.

Le technicolor bichrome

The Toll of the Sea

Dans un premier temps, le procédé employé consiste en une synthèse additive bichrome (projection avec double objectif de films à filtres couleurs). L'unique film tourné à l’aide de ce procédé sortit en 1917 : il s’agit d’un court-métrage, The Gulf Between. Ce procédé s’avère cependant peu pratique, et Herbert Kalmus présente un nouveau procédé début 1920, qui relève de la synthèse soustractive : on colle dos à dos deux positifs qu’on a préalablement virés en couleur (rouge et vert). Afin de récolter des fonds pour faire un film qui démontrerait la réussite du procédé, Kalmus contacte George Eastman, le fondateur de Kodak, qui ne se montre pas intéressé. C’est finalement Bon-Ami, une marque de détergent, et le producteur Joseph Schenck qui lui permettent de concrétiser le procédé du technicolor bichrome. Le film en question, The Toll of the Sea, sortira en 1922, réalisé par Chester M. Franklin. Par la suite, d’autres films utiliseront ce procédé durant les années 1920 : citons Wanderer of the Wasteland de Irvin Willat, ainsi que Les Dix Commandements (1923) et Le Roi des rois (1927) réalisés par Cecil Blount DeMille, ou encore Le Fantôme de l'Opéra (Rupert Julian, 1925), ces trois derniers films n'utilisant le procédé technicolor que lors de certaines séquences.

Filmer en technicolor demeure très coûteux à l’usage. Kalmus décide d’employer une star hollywoodienne pour donner plus de visibilité à son procédé : l’acteur Douglas Fairbanks investit alors un million de dollar pour que soit tourné Le Pirate, en 1926 ; mais les projections de ce film, par ailleurs très bien accueilli par la critique, posent problème : la pellicule, composée de deux positifs collés l’un à l’autre, est trop épaisse et s’abîme très rapidement. Le procédé technicolor est donc amélioré par la suite, les deux positifs teints étant tirés sur un seul positif final : c’est le tirage par imbibition, utilisé à partir de 1929. Un des films les plus connus ayant utilisé ce procédé bichrome est Masques de cire, réalisé par Michael Curtiz en 1933. Malgré ce pas en avant, les recettes de technicolor baissent : mauvaise santé de l’économie américaine, marché saturé par l’invention du parlant.

La caméra Technicolor trichrome

Le technicolor trichrome

Herbert Kalmus va mettre au point en 1932 la caméra qui permet de filmer tout en couleurs : la caméra Technicolor trichrome. C’est celle du technicolor classique, celle à laquelle on fait référence aujourd’hui lorsque l’on parle d’âge d’or du technicolor. Elle gère trois positifs noir et blanc à la fois, entraînés en synchronisme parfait, l’un étant sensible au rouge, l’autre au vert et le dernier au bleu. Ce procédé nécessitait beaucoup de soin lors du tirage final, afin que les trois images se superposent exactement sur la copie. Les studios, échaudés par les succès mitigés et surtout la qualité imparfaite des précédents procédés, sont frileux. C’est à Walt Disney que Kalmus va donc proposer son invention ; Disney ne s’était pas montré intéressé par les procédés bichromiques, mais il a l’intuition que la nouvelle version va vraiment dépasser en qualité tout ce qui a été fait auparavant[1].

Le premier film utilisant le technicolor trichrome sera donc un film d’animation, Flowers and Trees (1932), issu des Silly Symphonies, laboratoire d’expérimentation pour le futur premier long métrage de Walt Disney, Blanche-Neige et les sept nains (1937). De plus, Disney signa avec Kalmus pour une exclusivité de cinq ans, ce qui lui laissa un temps d’avance sur les concurrents par rapport à cette technique qui enthousiasma immédiatement les foules. Cependant, devant la pression grandissante des autres studios qui voulaient avoir leur part de succès, la durée de cette exclusivité fut ramenée à un an[2]. C’est en 1934 que sort le premier court métrage en prises de vues réelles en technicolor trichrome, financé par Kalmus : La Cucaracha, avec entre autres la jeune Judy Garland.

Blanche neige et les sept nains

Le premier long-métrage en prise de vues réelles est Becky Sharp (1935), réalisé par Rouben Mamoulian. Malgré le caractère pionnier de l’entreprise, le film n’aura pas le succès escompté : en effet, contrairement au film d’animation, beaucoup trouvent encore que le technicolor donne à la prise de vue réelle un manque de naturel, par le biais de couleurs trop saturées. Cette réaction ne fut que temporaire, et laissa la place à de gros succès au box-office : Blanche-Neige et les sept nains (1937), Une étoile est née (1937), Les Aventures de Robin des Bois (1938), Le Magicien d'Oz (1939),Gone with the wind (1939),Fantasia (1940)... La technique du technicolor devint pendant la guerre marque de qualité et argument marketing. Certaines actrices furent véritablement révélées par les couleurs chatoyantes du technicolor, telles Lucille Ball, Betty Grable ou Maureen O'Hara. Universal, qui n’avait à cette époque pas de vraie star dans son giron, en créa une avec le technicolor : Maria Montez, qui dans les années 40 joua dans de nombreux films couleur qui la mettaient en valeur.

Certains réalisateurs furent les artisans de la réussite du procédé, tels Vincente Minnelli, Stanley Donen, les britanniques Michael Powell et Emeric Pressburger, George Sidney, Busby Berkeley, Richard Thorpe ou encore Henry King. D'autres procédés couleurs ont côtoyé le technicolor, comme l'Eastmancolor de Kodak ou l'Agfacolor, sans toutefois jamais avoir eu la même renommée.

Le dernier film tourné en technicolor trichrome fut La Muraille d'or, avec Jane Russell, sorti en 1955. Après cette date, de nombreux films sortent encore avec la mention « Color by Technicolor ». Cela ne désigne plus le procédé technicolor (nécessitant au tournage l'usage d'une caméra spécifique), mais que la pellicule a été traitée dans les laboratoires Technicolor[3]. L'appellation « Color by Technicolor » est donc dès lors équivalente à « Color by Deluxe », « Color by Warnercolor » ou « Color by Metrocolor » : elle désigne le laboratoire de traitement.

Le dernier film à jamais utiliser une caméra Technicolor fut Suspiria de Dario Argento en 1977. Le réalisateur utilisa ce procédé abandonné depuis 20 ans pour pouvoir jouer avec les couleurs dans certaines scènes : il enleva complètement le bleu pour donner des tons criards rouges et jaune (voir le descriptif du film sur le wikipédia anglophone).

Divorcée de Herbert Kalmus, Natalie Kalmus a été pendant des années la consultante couleur officielle de la société Technicolor, totalisant un nombre de citations aux génériques des films si important qu’elle fut beaucoup plus associée au Technicolor dans l’esprit du grand public que ne le fut jamais Herbert Kalmus. Ce dernier reçut un Oscar spécial en 1939 pour sa contribution à la couleur.

Principaux films tournés en technicolor trichrome

Notes et références

  1. Glorious Technicolor, documentaire réalisé par Peter Jones, 1998
  2. Ibid.
  3. in Dictionnaire du cinéma, Ed. Larousse, 2000