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== Production ==
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=== Développement ===
=== Développement ===
[[Fichier:Le Voyage dans la Lune (Georges Méliès, 1902).ogv|thumb|Le Voyage dans la Lune]]
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Version du 28 février 2012 à 10:21

Le Voyage dans la Lune
Image du film
Réalisation Georges Méliès
Scénario Georges Méliès
d'après les œuvres de
Jules Verne
H. G. Wells
Acteurs principaux

Georges Méliès
Jeanne d'Alcy

Sociétés de production Star film
Pays de production France
Genre Science-fiction
Durée 14 minutes
Sortie 1902

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Voyage dans la Lune est un court-métrage de science-fiction français écrit, produit et réalisé par Georges Méliès d'après les œuvres De la Terre à la Lune de Jules Verne (1865) et Les Premiers Hommes dans la lune de H. G. Wells (The First Men in the Moon, 1901), sorti le .

Synopsis

Lors d'un colloque d'astronomie, le professeur Barbenfouillis crée l'événement en faisant part à l'assemblée de son projet de voyage dans la Lune. Il organise ensuite la visite à ses confrères de l'atelier où l'obus spatial est en chantier. Il sera propulsé en direction de la Lune au moyen d'un canon géant.

Le lancement réussit. Les six astronautes embarqués découvrent l'environnement lunaire et assistent à un lever de terre. Faits prisonniers par les Sélénites, population autochtone de la Lune, ils parviennent cependant à s'échapper. L'un des poursuivants reste accroché au fuselage de l'obus qui a repris le chemin de la Terre. De retour, les savants sont accueillis en héros et exposent triomphalement leur capture.

Fiche technique

Distribution

Production

Développement

Le Voyage dans la Lune

Le Voyage dans la Lune marque une étape dans l'histoire du cinéma. Il arrive six ans après la projection des frères Lumière du au Salon indien du Grand Café officialisant la naissance du cinéma. Depuis La Sortie de l'usine Lumière à Lyon, premier film des deux inventeurs, un certain nombre de fictions ont été produites notamment par Pathé qui entame déjà à cette époque sa formidable ascension. Le film n'est pas la première fiction en date, il ne révolutionne pas non plus la narration cinématographique. C'est l'emploi des techniques existantes et des trucages d'une façon qui est propre au réalisateur, à des fins purement artistiques qui va donner à cette œuvre une stature historique.

Dans sa forme narrative, cette production n'est en effet guère novatrice. La narration est linéaire, enchaînant des plans fixes. Le cadrage embrasse invariablement toute la scène. L'œuvre se présente sous la forme d'une succession de tableaux vivants, un style primitif et courant dans les débuts du cinéma qui perdurera encore longtemps, avant que des réalisateurs tels D.W. Griffith ou Eisenstein apportent notamment sur ce point une impulsion décisive dans le langage cinématographique en variant les angles de vue dans une même scène.

Il ne revient pas au réalisateur Georges Méliès (1861-1938), issu du spectacle vivant, et donc à qui cette narration proche du théâtre convient parfaitement, de révolutionner le langage cinématographique. Pour autant, son œuvre n'est pas dénuée d'intérêt. Son originalité porte sur d'autres aspects. En 1902, Georges Méliès a déjà réalisé de nombreux films. L'essentiel de sa production jusque là tourne autour d'actualités reconstituées, relatant des faits divers ou des affaires célèbres (comme l'affaire Dreyfus). Avec Le Voyage dans la Lune, il inaugure un nouveau genre : la « féerie ». Pour cette période du cinéma, c'est ainsi qu'on dénomme ce que l'on appellera plus tard le fantastique ou la science fiction. Ce sera dès lors son domaine de prédilection, dans lequel il va s'illustrer au moins encore pour dix ans.

Les contemporains de Méliès n'avaient pas, à proprement parler, de démarche artistique. Le cinéma était une activité déjà rentable mais elle n'était encore qu'une attraction foraine. Aussi, les « films à trucs » employaient des effets, des mouvements de caméra, mais seulement pour eux-mêmes et non à des fins artistiques. Les scénarios n'étaient, quant à eux, guère développés. Méliès est le premier à emprunter une voie personnelle et ce faisant à adopter une démarche artistique.

L'alunissage !

Cette féerie baroque donne dans le registre comique. Dans un premier tableau, les scientifiques sont affublés de chapeaux pointus et de robes étoilées qui évoquent les personnages de Nostradamus ou de Merlin l'Enchanteur. La caution scientifique est simplement balayée faisant place à une fantaisie débridée. Sur la rampe de lancement, des jeunes filles chichement vêtues dansent et, en fanfare, allument la mèche du canon qui va propulser la fusée dans l'œil de la Lune. Quant à l'arrivée sur la Lune, c'est une débauche de découvertes, toutes plus extravagantes les unes que les autres jusqu'à l'entrée en lice des Sélénites, habitants de la Lune que les scientifiques combattent plutôt efficacement grâce à leur… parapluie.

Départ vers la lune.

Ce dernier point pose d'ailleurs une ambiguïté partielle quant à la source d'inspiration du « scénario ». Si la propulsion par projection explosive du film rappelle davantage la projection par canon du roman de Verne, celui-ci estime cependant la Lune selon une idée sobre et rigoureuse, en faisant un terrain invivable et inhabité de par le fait. L'intelligence extraterrestre est en effet une thématique absente de l'univers de Verne, qui puise principalement dans une certaine idée de la haute technologie et de la science future, même s'il est vrai que les Sélénites du film sont davantage le pendant burlesque et insouciant des colonisés de l'époque qu'une véritable prise de conscience de la question tant scientifique que philosophique de la vie extraterrestre. Reste que la Lune et tout ce qui constitue son environnement, particulièrement l'esthétique humanoïde et insectoïde des Sélénites, dans Le voyage dans la Lune, évoque davantage Les Premiers Hommes dans la lune, le roman de H. G. Wells publié seulement en 1901, que De la Terre à la Lune, le roman signé par Jules Verne en 1865.

Décors

En plein colloque d'astronomie.

Le caractère outrancier des décors et des ressorts du scénario sert aussi une forme de satire de la science conquérante. On songe au Médecin malgré lui de Molière, avec ses savants incompétents qui se drapent de la dignité de leur profession. Les scientifiques sont des vieux messieurs farfelus, approximatifs (le schéma de l'expérience proposée, dessiné au tableau par le chef de l'expédition, est des plus dépouillés), orgueilleux et volontiers belliqueux. La dernière scène met singulièrement à mal l'arrogance scientifique représentée par une statue qui, pour illustrer l'aventure des pionniers, est constitutée d'un personnage grotesque écrasant littéralement l'astre lunaire sous son pied.

Georges Méliès fait aussi preuve d'une très bonne maîtrise du scénario et de la technique de l'époque. Le choix des tableaux et leur composition renseignent suffisamment le spectateur, à telle enseigne qu'aucun intertitre n'a été nécessaire. Le récit demeure à tout moment compréhensible. Les trucages sont pour la première fois employés à dessein artistique. Certains sont issus de l'expérience théâtrale (perspectives forcées, trappe…) ; d'autres sont purement cinématographiques : la surimpression durant le rêve des astronautes, la disparition subite des Sélénites pendant les scènes de combat (le truc avait été découvert accidentellement par Georges Méliès et utilisé dans un précédent film, L'Escamotage d'une dame au théâtre Robert Houdin).

Film muet

L'art muet franchit un cap et ouvre de nouvelles perspectives à la production cinématographique de ce début de siècle. Le Voyage dans la Lune a été projeté dans le monde entier avec un égal succès. Il fut même abondamment plagié. Néanmoins, c'est encore le réalisateur lui-même qui s'y illustra le mieux jusqu'à ce que le genre féerique qu'il a créé tombe en désuétude. En effet, l'œuvre est étroitement liée à la personnalité de l'auteur illusioniste d'expérience. Les contemporains de Méliès ne possédaient pas la formation ni la compétence qui leur auraient permis d'enrichir voire d'égaler ses films sur ce terrain.

La restauration de la version en couleurs

En 2010, Lobster Films, la Fondation Groupama Gan pour le cinéma et la Fondation Technicolor pour le patrimoine du cinéma engagent ensemble une restauration très coûteuse, environ 400 000 euros.

Georges Méliès avait colorié une version à la main. Longtemps donnée pour perdue, la bobine très endommagée a été retrouvée à Barcelone en 1993.

Près d'un an de travail fut nécessaire pour ré-assembler les fragments des 13 375 images du film de 1902 et les restaurer une à une, comme le permettent les avancées du numérique aujourd'hui. Une copie noir et blanc nitrate originale appartenant à la famille Méliès et un contretype nitrate appartenant au CNC ont été utilisés pour cette restauration. La numérisation de ces deux éléments a été réalisée aux Archives françaises du film.

Cette version colorisée restaurée est présentée pour la première fois en ouverture du 64e édition du festival de Cannes, le 11 mai 2011. À l'époque de la sortie du film, les projections étaient toujours accompagnées d'un musicien sur scène qui jouait des airs « à la mode ». En 2011, c'est une bande-son originale, composée par le groupe Air, qui met en valeur ce film muet retrouvé[2].

Notes et références

  1. Jeanne d'Alcy deviendra en 1925 l'épouse de Georges Méliès
  2. La restauration du film, sur le site de la Fondation Groupama Gan

Liens externes

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