SpaceX

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SpaceX
logo de SpaceX
Logo de SpaceX
illustration de SpaceX

Création 2002
Fondateurs Elon Musk
Forme juridique Société du Delaware (d)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Siège social Hawthorne
Drapeau des États-Unis États-Unis
Direction Elon Musk (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Actionnaires Elon Musk (inconnu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité Astronautique
Produits Lanceur, vaisseau spatial, moteur-fusée
Effectif 5 000 personnes (2016)
Site web www.spacex.com
Photo d'entreprise de quelques employés de SpaceX (23 février 2015).

SpaceX (ou Space Exploration Technologies Corporation) est une entreprise américaine travaillant dans le domaine de l'astronautique et du vol spatial. Fondée en 2002 par le milliardaire Elon Musk (à l'époque seulement millionnaire), il s'agit de l'un des deux prestataires privés à qui la NASA a confié un contrat de transport de fret vers la Station spatiale internationale (ISS) dans le cadre du programme COTS.

La société SpaceX conçoit, construit et commercialise les lanceurs Falcon 9, les moteurs Merlin qui les propulsent ainsi que le vaisseau cargo Dragon et sa version habitée. Le lanceur Falcon 1 qui fut le premier lanceur de la société n'est plus en service. Après trois échecs en 2006, 2007 et 2008, eut lieu le 28 septembre 2008 le premier succès du lanceur Falcon 1, celui mettant ensuite en orbite le satellite d'observation malaisien RazakSAT lors de son cinquième vol, le 13 juillet 2009. Le cargo spatial Dragon lancé par une fusée Falcon 9 œuvre dans le cadre du programme de ravitaillement de la Station spatiale internationale. SpaceX, qui emploie plus de 4 000 personnes (2015) essentiellement en Californie, dispose par ailleurs de deux installations de lancement sur la base de Cap Canaveral (les pads SLC-40 et 39A), un à Vandenberg Air Force Base (le pad SLC-4E) et un autre est en cours de construction dans le sud du Texas, à Boca Chica. SpaceX dispose également d'un banc d'essais pour ses moteurs dans le Texas.

Objectifs

Vue d’artiste du Falcon lourd sur la rampe de lancement 39A
Vue d’artiste du Falcon lourd sur la rampe de lancement 39A
Comparaison des diamètres des fusées SpaceX : de gauche à droite Falcon 9 v1.0 (2010), Falcon 9 v1.1 (2013) et le 9-Raptor qui serait le premier étage du futur transporteur colonial martien (Mars Colonial Transporter).

Le PDG de SpaceX Elon Musk déclare que l'un de ses objectifs était de réduire les coûts et d'améliorer la fiabilité de l'accès à l'espace d’un facteur de dix[2]. L'entreprise déclarait en 2004 vouloir développer un système de transport lourd, voire super-lourd, si la demande des clients suivait sachant qu’à chaque augmentation de taille résulte une diminution significative du coût par kilogramme en orbite. Elon Musk disait alors : « Je pense que 500 $ par livre (1 100 $ / kg) ou moins est très réalisable »[3].

SpaceX conçoit de nouvelles technologies de développement et d'ingénierie pour lui permettre de poursuivre ses différents objectifs. En 2015, des sources publiques ont révélé que SpaceX développait leur propre logiciels de simulation de dynamique des fluides afin d'améliorer leur capacité de simulation, d'évaluation et de conception des moteurs de fusée[4].

En juin 2015, la société a demandé au gouvernement fédéral américain l'autorisation de commencer des essais pour un projet qui vise à construire une constellation de 4 000 satellites capables de donner accès à Internet au monde entier, y compris les régions les plus reculées qui ne disposent actuellement pas d’infrastructures[5],[6].

Historique

Entrée du siège de SpaceX à Hawthorne (Californie)

La société SpaceX est fondée en 2002 par Elon Musk, devenu multimillionnaire en revendant l'entreprise PayPal. L'objectif d'Elon Musk est de concevoir des lanceurs capables de diminuer fortement le coût de mise en orbite et ainsi de permettre l'essor du spatial civil.

Développement du lanceur Falcon 1

Quatrième tir de la fusée Falcon 1 le 28 septembre 2008

Le lanceur léger Falcon 1 est le premier développement de la société. Le Falcon 1 est un lanceur théoriquement réutilisable qui peut placer, selon son constructeur, 670 kg en orbite basse. Cinq lancements de Falcon 1 ont eu lieu entre 2006 et 2009 dont trois sont des échecs. Contrairement aux autres lanceurs privés, passés ou encore opérationnels, le Falcon 1 utilise des composants entièrement conçus au sein de la société qui le commercialise.

  • Le premier vol a lieu le et est un échec : le lanceur est détruit environ une minute après le lancement.
  • Le deuxième tir devait avoir lieu initialement à la base de Vandenberg, sans charge commerciale[7] mais a lieu finalement le depuis l'île d'Omelek dans l'atoll de Kwajalein. Le moteur du second étage s'éteint prématurément et la charge utile retombe sur Terre après avoir culminé à 320 km.
  • Le troisième vol a eu lieu le 3 août 2008 et se solde également par un échec dû à la collision entre le premier et le second étage au moment de la séparation.
  • Le quatrième vol du lanceur le est un succès[8].
  • Le 13 juillet 2009, Falcon 1 met sur orbite avec succès le satellite d'observation malaisien RazakSAT, lors de son cinquième vol[9].

Une nouvelle version plus performante du lanceur, le Falcon 1e, a un temps été envisagée avant l'abandon du programme. Les satellites que ce lanceur était censé placer en orbite ayant soit été lancés en tant que charges secondaires, soit en grappes de plusieurs satellites sur la Falcon 9, beaucoup plus puissante.

Participation au programme COTS

Vaisseau Dragon en cours de préparation pour le second vol de qualification du programme COTS

À la suite du retrait planifié de la navette spatiale américaine, la NASA lance un appel d'offres pour le transport d'une partie du fret et des équipages jusqu'à la station spatiale internationale qui ne peut être pris en charge par les vaisseaux existants. L'offre de SpaceX, qui propose de développer le lanceur moyen Falcon 9 et le cargo spatial SpaceX Dragon, est retenue avec celle d'Orbital Sciences pour le transport de fret.

  • La NASA passe contrat avec la société SpaceX en décembre 2008 pour le lancement de douze vaisseaux ayant une capacité cargo totale de 20 tonnes au minimum pour un montant de 1,6 milliard de dollars. Les clauses du contrat prévoient qu'il peut être étendu à concurrence d'un montant de 3,1 milliards de dollars[10].
  • Le premier lancement de la fusée Falcon 9 a eu lieu le 4 juin 2010 depuis la base de lancement de Cap Canaveral. La charge utile du lanceur était constituée par une maquette du cargo spatial SpaceX Dragon[11].
  • Le premier des trois vols de qualification, prévu dans le contrat avec la NASA, a lieu le 8 décembre 2010. Dans le cadre de vol baptisé Dragon C1 le lanceur Falcon 9 place le cargo spatial Dragon sur une orbite circulaire de 288 km avec une inclinaison de 34,53 degrés. Les communications sont testées et des manœuvres de changement d'orbite et de contrôle d'orientation sont effectuées par le vaisseau à l'aide de ses moteurs. Le vaisseau amerrit après avoir effectué une rentrée atmosphérique à faible distance du point prévu[12].
  • En août 2011 la NASA donne son accord pour fusionner les deuxième et troisième vols de qualification. Les objectifs des deuxième et troisième vols seront assignés au deuxième vol de qualification[13],[14].
  • Le second vol de qualification, baptisé Dragon C2, au cours duquel l'ensemble du processus de ravitaillement de la Station spatiale internationale doit être testé et validé, a été lancé le 22 mai 2012[15].

Participation au programme CCDeV

Après le retrait de la navette spatiale américaine effective depuis l'été 2011, la NASA ne dispose plus de moyens de transport pour amener ses astronautes à la station spatiale internationale. Elle doit recourir aux Soyouz russes. La NASA lance le programme CCDev pour sélectionner de nouvelles entreprises susceptibles de travailler immédiatement sur le transport de passagers. Le programme CCDeV comprend plusieurs phases d'étude. À chaque phase une somme est allouée aux sociétés ayant été retenues dans le cadre d'un appel d'offres pour mener des études plus ou moins poussées. En avril 2011 SpaceX est sélectionnée pour le développement d'un système d'éjection utilisé en cas de défaillance du lanceur[16].

Le , la Nasa choisit Boeing et SpaceX pour concevoir et construire des « taxis de l'espace » qui transporteront les astronautes vers la station spatiale internationale[17].

Fusées réutilisables

Plateforme d’atterrissage SpaceX ASDS en position pour le vol 17 de la mission CRS-6
Plateforme d’atterrissage SpaceX ASDS en position pour le vol 17 de la mission CRS-6
Premier étage de la fusée Falcon 9 après son atterrissage
Premier étage de la fusée Falcon 9 après son atterrissage
Premier étage de la fusée Falcon 9 lors de la mission CRS-8 après son atterrissage sur la plateforme maritime
Premier étage de la fusée Falcon 9 lors de la mission CRS-8 après son atterrissage sur la plateforme maritime

Depuis le début du développement de ses fusées, SpaceX souhaite les rendre au moins en partie réutilisable pour permettre de diminuer les coûts. Dans le cadre de cet effort, un prototype, le Grasshopper a été développé pour mettre au point les technologies nécessaires puis SpaceX a tenté de faire atterrir de manière autonome le premier étage des fusées Falcon 9. Plusieurs tentatives ont dans un premier temps réussi la phase préliminaire qui consiste à faire revenir les fusées Falcon 9 vers la Terre d’une manière contrôlée[18]. Les fusées ont été en mesure de ralentir à une vitesse appropriée avant l'atterrissage et de déployer avec succès les jambes d’atterrissage. Ces essais ont cependant eu lieu sur l'océan et non pas sur une rampe de lancement d’une de leurs installations. À la suite de ces essais, SpaceX a commencé des tests pour voir si la fusée pourrait atterrir sur une plate-forme solide. Pour des raisons de sécurité, SpaceX a conçu une plateforme maritime autonome permettant de servir de rampe d’atterrissage au milieu de l’océan.

Le 10 janvier 2015, lors de la mission CRS-5 (Commercial Resupply Service 5) à destination de l’ISS, le premier étage de la fusée a été lancé avec comme objectif d’être la première fusée à revenir se reposer sur terre pour être réutilisé[18]. L'engin a réussi à s’approcher de la plateforme d’atterrissage mais avec une trop grande vitesse. La fusée s’est alors renversée et est tombé dans l'eau et a été en grande partie détruite. Le navire drone a également connu quelques dommages structurels, mais rien d'irréparable. Musk tweete alors « landed hard » (s’est posé violemment). La cause de cet échec a été découverte après coup. Il s’agissait des grilles supersoniques de contrôle montées sur la fusée afin de contrôler et stabiliser la descente. Le fluide hydraulique permettant de les actionner n’était plus en quantité suffisante et les grilles ont cessé de fonctionner correctement[19].

Durant la tentative suivante au cours de la mission CRS-6, SpaceX a de nouveau été en mesure d’atteindre la plateforme maritime cible, mais deux problèmes se sont produits lors de l'atterrissage. Le premier est que le premier étage de la fusée est arrivé avec une vitesse latérale plus élevée que prévu, la fusée a tout de même réussi à se poser. Cependant, le vaisseau spatial a commencé à basculer sur le côté et le propergol utilisé pour le contrôle de la stabilité qui aurait du empêcher la fusée de basculer n’a pas fonctionné en raison d’une vanne coincée. La fusée a donc de nouveau basculé dans l'eau et a été en grande partie détruite. Les deux vaisseaux spatiaux détruits ont été ramenés aux installations SpaceX pour analyse. Bien que ces deux essais d’atterrissage aient été des échecs, les capsules dragon de chaque mission ont bien atteint la Station spatiale internationale en toute sécurité[20].

Le , SpaceX a finalement réussi à atterrir avec succès. Ce qui constituait une première pour un lancement orbital. L'atterrissage a eu lieu dans le cadre de la deuxième mission en partenariat avec Orbcomm au Landing Zone 1 du Centre spatial Kennedy sur la terre ferme donc[21]. Cet atterrissage sur la terre ferme était possible en raison de la configuration de la mission qui permettait une approche à une vitesse moins élevée que pour d’autres missions.

En janvier 2016, une autre tentative d'atterrissage sur la plateforme maritime a été tentée. L'engin a atterrit sur le navire à 1,3 mètre du centre de la surface d'atterrissage[22] et à une vitesse appropriée mais une jambe d'atterrissage n'a pas réussi à se déployer et la fusée s’est renversée et a été détruite. L'échec du déploiement de la jambe a été attribué à la glace de condensation du brouillard qui était présent sur la base de Vandenberg avant le lancement[23].

Le , la fusée a réussi pour la première fois à se poser sans dommages sur la plateforme maritime[24],[25],[26],[27]. L'exploit est réitéré le [28]. Le 27 mai 2016, le Falcon 9 de la mission THAICOM 8 réussi à se poser sur la barge d’atterrissage[29]. Après deux succès consécutifs, le programme est marqué par un nouvel échec, le 16 juin 2016, Elon Musk écrit alors « que la poussée d'un des trois moteurs utilisés pour l'atterrissage avait montré des signes de faiblesse et une faible poussée »[30]. Le 18 juillet 2016 durant la mission CRS 9, la fusée se pose sans problème[31]. Le 14 août 2016, SpaceX réussi à poser sa fusée sur la barge autonome après un retour à haute énergie lors de la mise en orbite du satellite JCSAT-16[32].

Le 1er septembre 2016, un accident a lieu lors du lancement prévu[30] d'une fusée du même type, provoquant la destruction de cette dernière. Quatre mois s’écoulent ensuite avant l'annonce de la reprise des lancements de fusées, qui prendra donc place le 8 janvier 2017.[33]

Échecs et dysfonctionnements

  • Le 1er mars 2013, un vaisseau spatial du Dragon en orbite a développé des problèmes avec ses propulseurs. En raison de soupapes de carburant bloquées, l'engin était incapable de se contrôler correctement. Les ingénieurs ont cependant réussi à réparer à distance les blocages. En raison de ce problème, l'engin est arrivé et s’est amarré à la Station spatiale internationale un jour plus tard que prévu[34].
  • Le 28 juin 2015, la mission CRS-7 est lancée par un Falcon 9 surmonté d'une capsule Dragon sans pilote destinée à ravitailler la station spatiale internationale. Toutes les statistiques étaient nominales jusqu'à 2 minutes 19 secondes quand un nuage de vapeur a commencé à se former à l'extérieur de l'engin. Quelques secondes après que ce nuage soit apparu, une perte de pression du réservoir d'hélium s’est produite, après quoi les réservoirs ont explosé, ce qui a causé l’échec complet de la mission[35]. Le logiciel n'étant pas programmé pour déployer le parachute de la capsule du Dragon après un échec du lancement, le dragon s’est écrasé[36]. L'enquête a montré qu’un support des réservoirs d'hélium aurait éclaté sous la force d'accélération, d'où fuite de gaz et désintégration de la fusée. À la suite de cet accident, SpaceX a cessé ses vols pendant environ 6 mois et a révisé la conception de la Falcon 9. Une nouvelle version nommée Falcon 9 Full Thrust est depuis en service avec des réservoirs supercryogénique permettant un gain de densité important et une amélioration des performances générales de l'ordre de 33%.
  • Le 1er septembre 2016, une autre fusée Falcon 9 explose sur le pas de tir de Cap Canaveral lors d'essais statiques de routine pour valider la séquence d'allumage. Elle devait mettre en orbite deux jours plus tard un satellite de fabrication israélienne Amos-6 commandé par Intelsat et Facebook pour développer l'accès Internet en Afrique[37]. Le satellite a été détruit dans cette catastrophe.

Les installations de SpaceX

Le site de lancement à Cap Canaveral

Le siège, les bureaux d'études et les installations industrielles de SpaceX sont situés à Hawthorne en Californie, près de l'aéroport de Los Angeles. SpaceX y dispose d'une surface couverte de 5,1 hectares permettant d'assembler en parallèle trois lanceurs Falcon 9 ainsi que deux douzaines de moteurs Merlin et trois lanceurs Falcon 1[38].

Les moteurs sont testés sur un banc d'essais situé à McGregor au Texas. Ce site est aussi utilisé pour les tests dits « grasshopper », projet consistant à faire décoller et atterrir verticalement le premier étage d'une fusée Falcon 9[39].

Pour lancer ses Falcon 9 et ses futures Falcon Heavy la société dispose :

  • du pad SLC-40 : une installation de lancement sur la base de Cap Canaveral,
  • du pad LC-39a : sur le centre spatial Kennedy (le complexe de lancement 39a) où elle réaménage un pas de tir du centre spatial Kennedy utilisé autrefois pour le lancement de la Navette spatiale américaine afin d'y effectuer les tirs du lanceur Falcon 9 Heavy,
  • du pad SLC-4E à Vandenberg Air Force Base pour les tirs depuis la côte ouest des États-Unis.
  • une quatrième base de lancement est en construction à Boca Chica Village à environ 25 km à l'est de Brownsville (État du Texas) en bordure du golfe du Mexique et à quelques kilomètres de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Contrairement aux autres installations de lancement dont il dispose, qui dépendent du gouvernement américain (NASA et l’Armée de l'Air américaine), Boca Chica appartient en propre à la société ce qui donnera plus de latitude à SpaceX dans l'exploitation du site. SpaceX a investi 100 millions de dollars (environ 88 millions d'euros) dans ce complexe de lancement. Les travaux ont débuté en 2015 et le premier lancement depuis ce site devrait avoir lieu en 2017[40].

Pour l'atterrissage des premiers étages des lanceurs falcon 9, la société dispose :

  • de la Landing Zone 1 (LZ-1), située à Cap Canaveral, utilisable lors des lancements depuis le pad SLC-40 et ceux depuis le pad LC-39a,
  • de la landing-zone en construction à Vandenberg en lieu et place du pad SLC-4W (proche du pad SLC-4E) lors de lancement depuis la côte Est.

En 2015, l'entreprise emploie en tout environ 4 000 personnes[41].

Les productions de la société SpaceX

Le lanceur moyen Falcon 9

Lancement inaugural du Falcon 9
La baie de propulsion du premier étage du lanceur Falcon 9 est assemblée avec les réservoirs

Le lanceur moyen Falcon 9, qui doit pouvoir placer 10,5 tonnes en orbite basse, a été annoncé en 2005 et le premier vol a eu lieu le 4 juin 2010, et est régulièrement modifié pour améliorer ses performances. C'est une fusée à deux étages haute de 55 mètres, a un diamètre de 3,6 mètres (hors coiffe) et pèse 333 tonnes. Elle utilise comme le Falcon 1 des moteurs Merlin brûlant un mélange d'oxygène liquide et de RP-1 : le premier étage de la fusée est propulsé par neuf moteurs Merlin 1C qui développent en tout 448,9 tonnes de poussée. Le second étage, dont la structure est similaire à celle du premier étage, est propulsé par un unique Merlin-C qui est une version optimisée pour le fonctionnement dans le vide et qui développe 52,3 tonnes de poussée[42],[43]

Le lanceur ainsi que le cargo spatial Dragon ont été sélectionnés par la NASA dans le cadre du programme COTS. Ce programme a pour objectif d'assurer une partie du ravitaillement de la station spatiale internationale pour compenser le retrait de la navette spatiale américaine fin 2010. SpaceX doit transporter, dans le cadre de ce contrat, 20 tonnes de fret d'ici 2015 : trois vols de qualification doivent être effectués suivis par douze vols opérationnels s'étalant jusqu'en 2015. En décembre 2008 la NASA a passé commande de douze lancements pour une capacité cargo totale de 20 tonnes au minimum et pour un montant de 1,6 milliard de dollars. Les clauses du contrat prévoient qu'il peut être étendu jusqu'à concurrence d'un montant de 3,1 milliards de dollars[44].

La qualification pour le programme COTS, qui constitue aujourd'hui le gros du carnet de commande du lanceur, est un enjeu majeur pour SpaceX. Pour qualifier le lanceur et le vaisseau SpaceX Dragon pour le ravitaillement de la Station spatiale internationale, trois vols de difficulté croissante doivent être réalisés avec succès. Fin mai 2010, SpaceX, qui a reçu 350 millions de dollars d'avances de la part de la NASA, a annoncé à l'agence spatiale américaine qu'elle ne prévoyait plus qu'un seul vol de démonstration en juillet 2010. Le deuxième vol, COTS-2, qui a nécessité des développements complémentaires, a été réalisé le mardi 22 mai 2012 à 3h44 (heure locale), 8h44 GMT, de Cap Canaveral (Floride, EST). Le troisième vol a commencé avec le lancement de la capsule Dragon le 1er mars 2013[45], elle s'est amarrée à la Station spatiale internationale le 3 mars. Lors de son retour sur Terre, outre des conteneurs à déchets, la capsule Dragon ramènera des boîtiers contenant des expériences scientifiques.

Le lanceur léger Falcon 1

Le lanceur léger Falcon 1 fut la première fusée développée par SpaceX, elle n'est actuellement plus en service. Ce lanceur léger de 27 tonnes et haut de 21 mètres peut, selon son constructeur, placer 650 kg en orbite basse. Il comporte deux étages : le premier étage est propulsé par un moteur Merlin tandis que le second étage est propulsé par un moteur Kestrel également développé par SpaceX. Une nouvelle version dite « Falcon 1e » était prévue pour utiliser notamment une version plus puissante du moteur Merlin.

Le vaisseau Dragon

SpaceX Dragon est un cargo spatial développé pour desservir la Station spatiale internationale dans le cadre du programme COTS. Le premier exemplaire en version cargo a été lancé le 8 décembre 2010 par une fusée Falcon 9. Le vaisseau est capable de transporter 6 tonnes en orbite basse et plus de 2 tonnes jusqu'à la station spatiale. Il comporte deux sous-ensembles : la partie pressurisée d'une contenance de 10 m3 et la partie non pressurisée qui dispose également d'une capacité cargo de 14 m3. Le cône de la capsule est amovible et comporte une écoutille lui permettant de s'amarrer à la station spatiale internationale. La partie pressurisée de forme classique en tronc de cône dispose d'un bouclier thermique et de parachutes lui permettant de revenir sur Terre en emportant du fret. Le vaisseau est conçu pour pouvoir transporter dans une version ultérieure un équipage. Le lancement de qualification COTS-2 avec la capsule Dragon a été réalisé le mardi 22 mai 2012 à h 44 (heure locale), h 44 GMT, de Cap Canaveral (Floride, EST). Le 1er mars 2013, la fusée Falcon-9 a lancé la deuxième capsule de ravitaillement Dragon, qui s'est amarrée à la Station spatiale internationale le 3 mars, elle apporte en tout 575 kg de fret dont 347 kg d’équipements scientifiques, 81 kg de vivres et 135 kg de matériels divers. À cela s’ajoutent des « cadeaux » pour les six astronautes de la Station avec notamment des fruits frais. Le retour du vaisseau cargo est prévu le 25 mars 2013. Pour son retour, celui-ci ramènera sur Terre de nombreuses expériences scientifiques, et c'est, à ce jour, le seul vaisseau capable de cette prouesse[45].

Le SpaceX dévoile le Dragon V2. L'objectif est de pouvoir transporter, d'ici 2017, des astronautes américains vers la Station spatiale internationale (ISS)[46].

La famille de moteurs Merlin

Un moteur Merlin

Le moteur-fusée Merlin est le propulseur utilisé par les lanceurs Falcon 1 (1er étage) et Falcon 9 (1er et second étage) développés par SpaceX. Ce moteur-fusée à ergols liquides brûle de l'oxygène liquide et du RP-1 (une variante du kérosène) qui constitue le mélange le plus utilisé par les moteurs développés récemment. Le Merlin comporte une turbopompe unique mise en mouvement par un générateur de gaz. Plusieurs versions ont été développées dont la poussée au niveau de la mer est comprise entre 32 et 55,6 tonnes. Les premières versions du moteur utilisaient un revêtement ablatif, pour des raisons de performance le refroidissement est assuré, à partir de la version 1C du moteur, par le kérosène qui circule dans la paroi de la chambre de combustion et de la tuyère.

Le moteur Kestrel

Le Kestrel est un moteur-fusée à ergols liquides de 31 kN de poussée développé par SpaceX pour propulser le deuxième étage de son lanceur léger Falcon 1. Un mélange d'oxygène liquide et du RP-1 alimente la chambre de combustion par mise sous pression des réservoirs. Ce moteur n'est plus construit depuis l'abandon du programme Falcon 1.

Le moteur Draco

Moteur Draco

Le Draco est un moteur-fusée de faible poussée (400 newtons) développé par SpaceX pour le cargo spatial SpaceX Dragon. Il est utilisé pour les manœuvres orbitales et les corrections d'attitude. Il brûle un mélange hypergolique de MMH et de peroxyde d'azote et peut être réallumé de nombreuses fois. Une version beaucoup plus puissante, baptisée Super-Draco est en cours de développement en 2012 pour la version transports de passagers du vaisseau SpaceX Dragon.

Le moteur Raptor

SpaceX travaille depuis 2011 sur la conception d'un nouveau moteur baptisé Raptor. Initialement celui-ci doit utiliser un mélange hydrogène-oxygène liquide mais fin 2012 le dirigeant de SpaceX indique que le moteur, destiné à propulser un étage supérieur, brûlera un mélange méthane/oxygène liquide. Contrairement au Merlin, le moteur doit utiliser la technique de la combustion étagée plus performante mais plus complexe.

En janvier 2016, SpaceX décroche un contrat de partenariat public-privé avec l'Air-Force pour le développement de ce moteur. L'Air-Force investit 33,6 millions de dollars à condition que SpaceX investisse au moins le double sur ses fonds propres. Ce montant pourrait être porté à 67,3 millions dans le futur. Le contrat porte sur le développement d'un prototype complet d'une version du Raptor adaptée au second étage des lanceurs Falcon 9 et du Falcon Heavy.

Jusqu'ici, seuls des composants du moteur auraient été testés sur le centre spatial de la Nasa à Stennis (Mississippi)[47].

Le vaisseau Dragon V2

Vaisseau Dragon V2

Fin mai 2014, SpaceX dévoile un nouveau vaisseau, Dragon V2, qui pourrait permettre aux astronautes américains de ne plus avoir besoin des Soyouz russes pour gagner l'ISS. Cela s'ancre dans le regain de tension entre les États-Unis et la Russie après la crise ukrainienne de 2014 et l'annonce faite par Moscou de se désengager financièrement de l'ISS à partir des années 2020[48].

Colonisation de Mars

Dans une interview de 2011, Elon Musk déclare vouloir envoyer des humains à la surface de Mars dans les 10-20 ans à venir[49]. En juin 2013, Musk parle pour la première fois d’un transporteur colonial martien (Mars Colonial Transporter) en se référant au projet de développement financé par le secteur privé pour concevoir et construire un système de vol spatial, des véhicules de lancement et des capsules spatiales pour transporter les humains vers Mars et retourner sur Terre[50]. En Mars 2014, Gwynne Shotwell déclare qu'une fois que la version habitable du dragon et le Falcon lourd seraient en service, la priorité pour les ingénieurs de l'entreprise équipe sera de développer la technologie nécessaire pour les missions vers Mars[51]. Selon Steve Jurvetson, Musk croit que d'ici à 2035 au plus tard, il y aura des milliers de fusées qui transporteront un million de personnes vers Mars dans le but de permettre une colonie humaine autonome[52]. À plusieurs reprises, Elon Musk a exprimé son intérêt de se rendre lui-même sur Mars et a même déclaré vouloir mourir sur Mars, mais pas en s'y écrasant [53].

En avril 2016, Elon Musk déclare vouloir faire atterrir sur Mars une capsule Dragon en 2018 et commencer alors un programme intensif prévoyant d'envoyer des vaisseaux à destination de Mars tous les deux ans quand la Terre et Mars entrent en opposition. Cette séquence devra aboutir par une mission habitée qui touchera le sol de la planète rouge en 2025[54],[55].

Notes et références

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  2. (en) « Space Exploration Technologies Corporation - press », sur spacex.com (consulté le )
  3. (en) « Elon Musk — Senate Testimony, 5 May 2004 », sur spacex.com, (consulté le )
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  6. (en) Stone, Jeff, « Elon Musk's SpaceX Plans To Launch 4,000 Satellites, Broadcasting Internet To Entire World », ibtimes,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Updates Archive : January 2007 - July 2007 - Site officiel de SpaceX, 2007
  8. Space X : pour la première fois, une fusée privée lance un satellite - Futura-Sciences, 29 septembre 2008
  9. (en) RazakSAT - ATBS (voir archive)
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Annexes

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