Syrah

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Syrah
Syrah
Grappe de syrah.
Caractéristiques phénologiques
Débourrement de fin mars à début avril
Floraison fin mai
Véraison du 8 au 15 août
Maturité entre le 8 et le 15 octobre
Caractéristiques culturales
Port retombant
Vigueur forte
Fertilité À compléter
Taille et mode
de conduite
gobelet, guyot
Productivité À compléter
Exigences culturales
Climatique À compléter
Pédologique À compléter
Potentiel œnologique
Potentiel alcoolique À compléter
Potentiel aromatique Cassis, mûre, groseille, violette, épices, poivre, réglisse, menthol, cuir, sous-bois.

La syrah est un cépage noir français et suisse, caractéristique de la partie septentrionale des Côtes du Rhône et de la Vallée du Rhône (Suisse). Aujourd'hui en augmentation de surface, il est en passe de devenir un cépage à vocation mondiale.

Origine

Histoire

Les provenances les plus diverses ont été données à ce cépage typiquement rhodanien, sur la base d'assonances avec la Syrie, Syracuse, ou encore Shiraz[1], même si Syros, une île grecque des Cyclades, productrice de raisins secs, dont le port et la ville principale est Hermopolis (ou Syra), est rarement mentionnée. De nombreuses hypothèses sur son origine ont été émises, devenant même des légendes[2] :

Cependant, on ne trouve trace de la syrah dans aucune de ces régions, ni même un cépage lui ressemblant. André et Levadoux[3], en 1964 classent la syrah dans le groupe de cépage des sérines avec la mondeuse noire N, la mondeuse blanche B, le viognier, la marsanne et la roussanne.

La toponymie confirme cette analyse, puisque la syrah ou serine, nom qu’elle porte à Ampuis (Rhône), a comme radical ser, nom celto-ligure, qui désigne une montagne allongée ou arrondie dans le midi de la France et a donné serra en portugais et sierra en espagnol. Ces monts en forme de serre ont servi à dénommer le long du Rhône les villages de Serrière et la vallée de la Séran, où coule un de ses affluents.

Ceci a été confirmé en 1998 par des tests ADN, qui ont été menés pour connaître les parents de la syrah[4]. C'est la fille du croisement de la mondeuse blanche B par le dureza N, un vieux cépage de l'Ardèche, aujourd'hui seulement présent en collection. Le croisement aurait eu lieu dans la partie septentrionale des Côtes du Rhône, probablement l'Isère où les deux parents étaient présents.

Aire de répartition

La syrah est prépondérante dans les côtes du Rhône septentrionales. C'est le seul cépage autorisé pour les vins rouges de l'appellation Cornas. Il peut être associé à la marsanne et à la roussanne dans les appellations Crozes-Hermitage, Hermitage et Saint-Joseph, et au viognier dans les vins rouges de l'appellation Côte Rôtie (selon le décret du 21 décembre 1966, « la proportion de Syrah doit constituer au moins 80 % du poids des raisins mis à la cuve pour produire le vin ayant droit à l'appellation contrôlée Côte Rôtie »).
En dehors de sa région de prédilection, ce cépage a été longtemps négligé, du fait de son faible rendement et de son manque de résistance à certaines maladies. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, et la syrah s'est étendue à l'ensemble de la vallée du Rhône (côtes du Rhône méridionales), puis à la Provence, au Languedoc-Roussillon et au sud-ouest, remplaçant notamment le carignan à la réputation injustement dégradée. Elle est passée de 1 600 ha en 1958 à plus de 37 000 en 1994[5] (dont plus de la moitié en Languedoc-Roussillon). En 2006, sa surface a atteint 67 592 ha[6].

On cultive aussi la syrah pour 2 000 ha en Italie, 5 450 ha en 1991 en Australie (41 115 ha en 2005), 750 ha en 1992 en Afrique du Sud, 680 ha en Argentine, au Mexique, en Californie, en Suisse[7] ainsi qu'en Nouvelle-Zélande.

En 1831, l'Écossais James Busby, souvent appelé « le père de la viticulture australienne », revint en Europe pour recueillir des boutures de vignes, principalement en France et en Espagne afin d'améliorer le vignoble australien[8]. Une des variétés collectées était la syrah, bien que Busby ait utilisé deux orthographes fantaisistes : Scyras et Ciras. Les boutures furent plantées dans les Jardins botaniques royaux de Sydney et dans la vallée Hunter, puis, en 1839, introduite en Australie-Méridionale[9]. Depuis les années 1860, la syrah est devenue une des variétés les plus importantes en Australie, et plus particulièrement dans les régions de la Barossa Valley, Hunter Valley et McLaren Vale[10].

Synonymies

Feuille de syrah, tous ses synonymes ont une feuille identique
Grappe de syrah

La syrah est connue sous les noms de Antournerein, Antournerein noir, Anzher Muskatnyi, Biaune, Blauer Syrah, Bragiola, Candive, Candive noir, Costigliola, Costiola, Damas noir du Puy de Dôme, Damaszener blau, Di Santi, Entourneirein, Entournerein, Entournerin, Ermitage, Fresa grossa, Hermitage, Hignin noir, Marsanne noire, Marzane noire, Neiret di Saluzzo, Neiretta Cuneese, Neiretta del Cuneese-Fassanese, Neiretta del Monregalese, Neiretta del rosso, Neiretta dell'Albese, Neiretta di Saluzzo, Neiretto del Cuneese, Neiretto di Bene, Neiretto di Carrú, Neiretto di Costigliole, Neiretto di Farigliano, Neiretto di Saluzzo, Nereta piccola di monte Galese, Neretta Cuneese, Neretta del Cuneese-Fassanese, Neretta del Monregalese, Neretta di Costigliole, Neretta di Saluzzo, Neretta piccola, Neretta piccola di Dogliani, Neretto del Beinale, Neretto di Dogliani, Neretto di Saluzzo, Petite Sirah, Petite Sirrah, Petite Syrah, Petite Syras, Plan de la Biaune, Plant de Biaune, Plant de la Bianne, Plant de la Biaune, Schiras, Schiraz, Seraene, Sereine, Serene, Serenne, Serine, Serine noir, Serinne, Sevene, Shiras, Shiraz, Shyrac, Sirac, Sirah, Sirah marsanne noir, Syra, Syrac, Syrac de l'Ermitage.

Dans les pays anglo-saxon il est parfois fait mention de la petite syrah qui n'est autre que le durif.

Variabilité génétique

Clones

Une première collection de plus de 600 clones de syrah a été implantée en 1995 dans la Drôme. Une autre a été créée en 2002 dans le Rhône ; elle regroupe une cinquantaine de clones[11].

Seize clones ont été agréés, après une sélection dans les vieilles vignes de Tain-l'Hermitage et la culture en parcelle expérimentale.

Clone Provenance Agrément Productivité TAVP1 Remarque
73 Drôme 1971 irrégulière faible vins parfois peu typés du cépage
99 Drôme 1971 moyenne faible vins typés manquant parfois de structure
100 Drôme 1971 forte faible vins typés manquant parfois de structure
174 Drôme 1972 forte moyen vins typés du cépage
300 Drôme 1973 moyenne moyen vins typés du cépage
301 Drôme 1973 moyenne moyen
381 Drôme 1975 forte moyenne
382 Drôme 1975 forte faible
383 Drôme 1975 faible moyen
470 Tarn-et-Garonne 1976 très faible fort
471 Drôme 1976 faible moyen à fort 122
524 Drôme 1976 forte moyen
525 Drôme 1976 moyenne moyen ou fort vins équilibrés, bien structurés

1 Taux d'alcool volumique probable.

Métis

Le durif est un croisement spontané de la syrah N et du peloursin. N. M. Durif l'a diffusé au XIXe siècle, mais il est aujourd'hui disparu dans le vignoble français.

Caractères ampélographiques

Feuillage vert tendre de syrah
  • Jeune rameau cotonneux.
  • Jeunes feuilles vertes.
  • Rameau côtelé, avec entre-nœuds longs et verts.
  • Feuilles adultes à 5 lobes, sinus pétiolaire ouvert, sinus latéraux inférieurs ouverts, dents courtes à moyennes et ogivales, un limbe gaufré.
  • Grappes petites à moyennes et baies petites et elliptiques.

Aptitudes

Culturales

La syrah émet de longs rameaux fragiles au vent au printemps, nécessitant un palissage soigné. Une taille courte suffit. Elle chlorose facilement et demande un porte-greffe adapté. La maturité est rapide, demandant une surveillance pour déterminer le moment optimal de la récolte.

Sensibilité

Elle craint les acariens et la pourriture grise à maturité.

Dépérissement de la syrah

Depuis le milieu des années 1990, la syrah est victime d'un dépérissement dont les causes sont inconnues. Les boursouflures au niveau du point de greffe laissent à penser que le greffage peut être en cause[12].

Des recherches sont en cours pour étudier la progression de la maladie dans une parcelle, portant sur le mode de transmission (essai d'inoculation sur des souches tests), sur la formation du cal de soudure de la greffe, sur les agents pathogènes ainsi que sur les facteurs pouvant limiter ou favoriser le dépérissement de la syrah[13].

Incompatibilité avec le porte greffe Richter 110 (très présent en Côte de Provence).

Technologiques

Elle donne des vins colorés, très aromatiques, complexes, bien alcoolisés, très fins, charpentés, mais peu acides (pH plus élevés en sols schisteux). En terrain favorable, les vins sont aptes à la garde ; ailleurs, ils donnent des vins fruités et faciles à boire, raison de son succès en vin de cépage. Les rosés sont brillants, aromatiques, fins et très fruités.

Arômes

La syrah est connue pour ses senteurs fruitées (fruits rouges et noirs : framboise, groseille, myrtille, mûre) ou florales (violette, réséda), épicées (truffe, poivre, réglisse, menthol).

Vinification

Ce cépage fournit un vin de couleur profonde et à l’intéressante structure tannique. Son nez de violette caractéristique se transforme avec le vieillissement vers des notes plus complexes où se mêlent le musc, la truffe, le cuir, le moka et des pointes épicées. Cet ensemble aromatique d’une grande richesse est quelquefois occulté par des intempestifs passages en barriques neuves, pour retrouver la mode du « goût international » où prime l’arôme exogène de la vanille, produit direct du brûlage des douelles du tonneau.

Santé

La syrah est l'un des cépages dont les vins sont les plus riches en resvératrol[14], molécule dont plusieurs essais cliniques ont montré les effets cardio-protecteurs, antioxydants et anti-cancérigènes.

Notes et références

  1. Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley, a guide to origins, Rowman & Littlefield Publishers, Totawa, New Jersey, États-Unis, 1987, p. 16.
  2. [PDF] José Vouillamoz, « Arbre généalogique de la Syrah », Académie internationale du vin, (consulté le ).
  3. J. André et L. Levadoux, La vigne et le vin des Allobroges, Journal des Savants, 1964.
  4. Meredith et Boursiquot (2008) Origins and importance of Syrah around the world, in: Internatioanl Syrah symposium. Œnoplurimedia, Lyon 13-14 mai 2008, pages 17 à 20.
  5. Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, édition du Ministère de l'Agriculture et de la pêche, 1994.
  6. Surface plantée en syrah
  7. "Guide des cépages, 300 cépages et leurs vins", Ambrosi, Dettweiler-Münch, Rühl, Schmid et Schuman, éditions ULMER, 1997. (ISBN 2-84138-059-9).
  8. Introduction de l'article Busby, James in J. Robinson (ed), The Oxford Companion to Wine, Troisième édition, Oxford University Press 2006, p. 116, (ISBN 0-19-860990-6)
  9. James Halliday: Syrah in Australia since 1800, p. 10-14 in The Syrah Producers' Club 19 April 2004 - Syrah Worldwide Roma
  10. « Le cépage Syrah », sur 1098.fr, (consulté le )
  11. Les clones de la syrah
  12. Les causes propables du dépérissement de la syrah
  13. Lutte contre le dépérissement de la syrah
  14. resume2003 [PDF]

Voir aussi

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Bibliographie

  • Pierre Galet, Dictionnaire encyclopédique des cépages, Hachette Livre, Paris, 2000, (ISBN 2012363318)
  • Ambrosi, Dettweiler-Münch, Rühl, Schmid et Schuman, Guide des cépages, 300 cépages et leurs vins, ULMER, (ISBN 2841380599)
  • ENTAV, INRA, ENSAM, ONIVINS, Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, édition du Ministère de l'Agriculture et de la pêche,

Articles connexes

Liens externes