Raoul Vaneigem

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Raoul Vaneigem
Naissance (90 ans)
Lessines, Belgique
Activité principale
Écrivain
Militant révolutionnaire
Philosophe
Auteur
Mouvement Internationale situationniste
Genres

Œuvres principales

Raoul Vaneigem, né à Lessines (Hainaut, Belgique) le , est un écrivain, philosophe situationniste belge.

Médiéviste, spécialiste des hérésies, il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages.

Biographie

Après une scolarité à l'école moyenne de Lessines puis à l'Athénée de Ath à partir de 1948, il suit des études de philologie romane à l'Université libre de Bruxelles de 1952 à 1956. Il écrit en 1955-56 son mémoire de licence sur Isidore Ducasse[1], comte de Lautréamont, refusé en juin et accepté (après censure) en deuxième session en septembre 1956. Une semaine plus tard, il occupe un poste de professeur à l’École normale de Nivelles[2] dans le Brabant[3] qu'il conservera jusqu'en 1964[4].

Étouffant rapidement dans sa province et cherchant à retrouver Paris où il avait rédigé en partie son mémoire sur Ducasse, il envoie le 18 juillet 1960 un courrier à Henri Lefebvre[5] dont il vient de lire La Somme et le reste et Critique de la vie quotidienne. Il lui joint un essai intitulé Fragments pour une poétique (suivis de quatre poèmes à parfaire) lui demandant son avis. Henri Lefebvre le met alors en rapport avec Guy Debord qu'il rencontre au début de l'année 1961[6]. Cette même année, il est également l'auteur de la chanson, La vie s'écoule, la vie s'enfuit, dont la musique fut composée par Francis Lemonnier et la version la plus connue interprétée par Jacques Marchais[7].

Il participe ensuite activement à l'Internationale situationniste de 1961 à sa démission en 1970, invitant la jeunesse de l'époque à abandonner toutes les valeurs héroïques pour adopter un hédonisme épicurien radical résumé dans le mot d'ordre : « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves ». Il contribue de façon importante à la revue que ce groupe a publiée.

L'une de ses œuvres les plus célèbres est son Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, paru en 1967 chez Gallimard. Il s'inscrit dans le projet des situationnistes de renverser l'ordre social dominant. Il y exprime une critique radicale du monde en y dénonçant ses illusions, la survie que ces illusions produisent, et la fausse contestation qui en découle, et invite à un « renversement de perspective », en considérant que ce sont les contraintes qui empêchent la création. Dans Le Livre des plaisirs, paru en 1979, il renouvelle son invitation à une « jouissance sans entrave », qu'il présente comme une critique de la société marchande.

En 1970, il présente sa démission à l'Internationale situationniste en répondant, par une lettre[8] datée du 14 novembre, à la Déclaration du 11 novembre[9] signée par René Riesel, Guy Debord et René Vienet. Ces deux derniers signent le 9 décembre de la même année un communiqué de l'Internationale situationniste à propos de Vaneigem[10].

Vaneigem est également l'auteur en 1974 d'un mode d'emploi de la révolution, publié sous le pseudonyme de Ratgeb, De la grève sauvage à l'autogestion généralisée[11].

Médiéviste reconnu[12], il a travaillé sur les hérésies[13] et la résistance au christianisme, dans lesquelles il voit « les signes d'une civilisation à venir, fondée non plus sur l'aliénation du travail, le pouvoir et le profit, mais sur la créativité, la jouissance et la gratuité ».

L'œuvre de Vaneigem se divise en deux tendances. L'une, théorique, trouve sa justification dans l'idée que « la révolution n'est plus dans le refus de la survie, mais dans une jouissance de soi que tout conjure à interdire[14] ». L'autre, faisant appel à une érudition de chercheur, tente de démontrer que l'esprit de la liberté et de la jouissance se rencontre dès le Moyen Âge central dans le mouvement du Libre-Esprit, qu'il distingue, dans un premier temps, des hérésies, dans lesquelles il voit « des filiales de l'orthodoxie » (Le mouvement du Libre-Esprit, 1986), avant de revenir sur cette opposition dans son livre sur « les hérésies, des origines au XVIIIe siècle », au titre évocateur de La Résistance au christianisme, publié en 1993.

Il participe occasionnellement au journal Siné Hebdo [15], devenu Siné Mensuel[16], créé par son vieil ami Siné à la suite de son licenciement de Charlie Hebdo.

En 2005, Michel Onfray lui dédie son livre intitulé Traité d'athéologie.

En 2014, Raoul Vaneigem publie un livre d'entretiens avec Gérard Berréby, Rien n'est fini, tout commence, dans lequel il revient sur son parcours. Il vit à Tonnerre dans l'Yonne[17].

Œuvres

  • Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, 1967 [rééd. Folio, 1992]
  • Le Livre des plaisirs, éd. Encre, 1979, réédition Labor, Bruxelles 1993 avec nouvelle préface l'auteur, lecture de Pol Charles et 8 photographies
  • Le Mouvement du libre-esprit, Généralités et témoignages sur les affleurements de la vie à la surface du Moyen Âge, de la Renaissance et, incidemment, de notre époque, Ramsay, 1986 réédition L'Or des fous, 2005 avec préface de l'auteur et notice et bibliographie de Shigenobu Gonzalvez.
    édition italienne 1995
  • Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l’opportunité de s’en défaire, Seghers, Paris 1990 (prix quinquennal de l’essai 1991)
  • Les controverses du christianisme, BORDAS 1992 (Sous le pseudonyme de Tristan Hannaniel)
  • Lettre de Staline à ses enfants enfin réconciliés de l’Est et de l’Ouest, Manya, Levallois-Perret 1992
  • La Résistance au christianisme. Les hérésies des origines au XVIIIe siècle, Fayard, Paris 1993
  • Les Hérésies, 1994
  • Banalités de base, Ludd éditions, Paris 1995
  • Avertissement aux écoliers et lycéens, 1995
  • Nous qui désirons sans fin, 1996
  • La Paresse, 1996
  • Notes sans portée, 1997
  • Dictionnaire de citations pour servir au divertissement et à l’intelligence du temps, 1998.
  • Nous qui désirons sans fin, 1999
  • De l’inhumanité de la religion, 2000.
  • Déclaration des droits de l’être humain. De la souveraineté de la vie comme dépassement des droits de l’homme, 2001
  • Pour une internationale du genre humain, 2001
  • Déclaration universelle des droits de l’être humain, 2001
  • L’Ère des créateurs, 2002
  • Pour l’abolition de la société marchande pour une société vivante, 2002
  • Salut à Rabelais ! Une lecture au présent, 2003
  • Rien n’est sacré, tout peut se dire, 2003
  • Le Chevalier, la Dame, le Diable et la Mort, 2003
  • Modestes propositions aux grévistes, 2004
  • Voyage à Oarystis, 2005
  • Journal imaginaire, 2005
  • Eloge de la paresse affinée, publié dans le recueil de textes "La volonté de paresse" L'or des fous, éditeur 2006
  • Pour une internationale du genre humain, publié simultanément en Français et en Persan, L'or des fous, éditeur, 2006
  • Entre le deuil du monde et la joie de vivre (les situationnistes et la mutation des comportements), Verticales | phase deux, 2008.
  • Ni pardon ni talion (La question de l'impunité dans les crimes contre l'humanité), 2009
  • De l’amour, 2010
  • L’État n’est plus rien, soyons tout, 2010
  • Lettre à mes enfants et aux enfants du monde à venir, 2012
  • Les Cueilleurs de mots, illustré par Gabriel Lefebvre, 2012
  • Histoire désinvolte du surréalisme [initialement publiée sous le pseudonyme de Jules-François Dupuis, L'Instant, 1977], édition revue et corrigée, Libertalia, 2013.
  • Rien n'est fini, tout commence, livre d'entretiens avec Gérard Berréby, Allia, 2014[18],[19].
  • Propos de table, Le Cherche Midi, 2018[20].
  • Contribution à l'émergence de territoires libérés de l'emprise étatique et marchande, Rivages, 2018[21].

Bibliographie

Livres de Raoul Vaneigem

Livres sur Raoul Vaneigem

Participation cinématographique

Il écrit le texte de la voix-off du film La Possibilité d'être humain de Thierry Kruger et Pablo Girault, sorti en 2013. Le texte sera interprété à sa demande par son petit-fils, le comédien belge Renaud Tefnin. Ce sera son unique participation à un projet médiatique, l'écrivain ayant toujours refusé, par convictions politiques, d'être filmé ou enregistré.[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. Geneviève Michel, Le Comte, le Vampire et la Dame : Vaneigem et Ducasse aux bons soins d’Émilie Noulet.
  2. Haute École Paul-Henri Spaak - Catégorie pédagogique ; il s'agit donc d'une école normale primaire.
  3. Michel P. Schmitt, article « Raoul Vaneigem », dans Encyclopædia Universalis, 2000.
  4. Rien n'est fini, tout commence, livre d'entretiens avec Gérard Berréby, Allia, 2014, p. 76.
  5. Article sur Vaneigem.
  6. Rien n'est fini, tout commence, livre d'entretiens avec Gérard Berréby, Allia, 2014, p. 93
  7. http://www.esprit68.org/page42.html
  8. (fr) « Lettre de démission de Raoul Vaneigem », sur Le Jura libertaire, .
  9. (fr) « Déclaration », sur Le Jura libertaire, .
  10. (fr) « Communiqué de l'IS à propos de Vaneigem (1) », sur Le Jura libertaire, .
  11. (fr) « De la grève sauvage à l’autogestion généralisée », sur infokiosques.net, .
  12. La plupart des 73 notices qu'il a rédigées pour l’Encyclopædia Universalis version CD-ROM de 2000 traitent de sujets médiévaux.
  13. Les Hérésies, PUF, collection « Que sais-je ? », 1994.
  14. Le livre des plaisirs, p. 9
  15. Articles dans les nos 1 et 80 de Siné Hebdo, billets dans les nos 7, 9 et 10 et long (et rarissime) entretien dans le no 1 de Siné Mensuel.
  16. Repris en septembre 2011 en formule Siné Mensuel. Le dernier numéro de l'Hebdo était sorti le 28 avril 2010.
  17. Rien n'est fini, tout commence, Allia, 2014, p. 382.
  18. Diane Lisarelli, "Rien n'est fini, tout commence", passionnant dialogue au long cours entre Raoul Vaneigem et Gérard Berréby, Les Inrockuptibles, 24 octobre 2014, lire en ligne.
  19. Sébastien Lapaque, Ombres et lumières de Raoul Vaneigem, Le Figaro, 11 décembre 2014, lire en ligne.
  20. Laurent Lemire, "Ce qui est utile et agréable est systématiquement mis à mal", L'Obs, 6 mai 2018, lire en ligne.
  21. Mathieu Dejean, La critique de Raoul Vaneigem au mouvement dit des “casseurs”, Les Inrockuptibles, 30 octobre 2018, lire en ligne.

Voir aussi

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Bibliographie et sources

  • Laurent Lemire, « Ce qui est utile et agréable est systématiquement mis à mal », L'Obs, 6 mai 2018, [lire en ligne].

Articles connexes

Liens externes