Indice de performance environnementale
L'indice de performance environnementale (ou IPE, en anglais : Environmental Performance Index) est un indice permettant d'évaluer, comparer et améliorer l'efficacité des politiques environnementales des pays du monde. Évaluant la performance environnementale, il a été établi pour la première fois en par des chercheurs des universités américaines de Yale et de Columbia.
Publié tous les deux ans, le rapport de 2022 classe 180 pays du monde. Les cinq premiers pays sont le Danemark, le Royaume-Uni, la Finlande, Malte et la Suède tandis que l'Inde se classe dernière du classement.
Histoire
Publié pour la première fois en par des chercheurs des universités américaines de Yale et de Columbia, il remplace l'indice de durabilité environnementale calculé de 1999 à 2005[1],[2]. Il a été créé suite à une demande du Forum économique mondial de Davos afin de comparer la performance environnementale des pays et encourager l'amélioration de leurs politiques en matière de santé environnementale, de protection des écosystèmes et d'atténuation du changement climatique[3].
Principes et critères
L'IPE se focalise sur la manière dont l'environnement est pris en compte par un pays plutôt que l'état effectif de l'environnement. Les indicateurs utilisés — de pression, d'état, d'évolution et de réponse — reflètent les politiques implémentées[4].
Le calcul de l'IPE n'est pas constant au fil des années. En 2022, l'indice tenait compte de 40 indicateurs de performance répartis dans 11 catégories et regroupés en trois objectifs : amélioration de la santé environnementale, de protection de la vitalité des écosystèmes et d'atténuation du changement climatique[5].
Chaque donnée environnementale de départ est transformée en indicateur entre 0 et 100. Un score de 100 indique qu'un pays a atteint un objectif de durabilité reconnu au niveau international ou un consensus de bonne performance parmi les experts. Ces scores sont ensuite pondérés puis regroupés selon les catégories puis les objectifs afin de former un seul indice pour chaque pays[5].
Les indicateurs de 2022 sont listés dans le tableau suivant.
Objectif | Catégorie | Indicateur |
---|---|---|
Santé environnementale (20 %) | Gestion des déchets (2 %) | Pollution plastique des océans (0,5 %) |
Recyclage (0,5 %) | ||
Déchets solides contrôlés (1 %) | ||
Métaux lourds (2 %) | Exposition au plomb (2 %) | |
Assainissement et eau potable (5 %) | Eau potable insalubre (3 %) | |
Insalubrité (2 %) | ||
Qualité de l'air (11 %) | Exposition aux composés organiques volatils (0,2 %) | |
Exposition au monoxyde de carbone (0,2 %) | ||
Exposition au dioxyde de soufre (0,2 %) | ||
Exposition aux oxydes d'azote (0,5 %) | ||
Exposition à l'ozone (0,5 %) | ||
Combustibles solides ménagers (4,2 %) | ||
Exposition aux PM2.5 (5,2 %) | ||
Vitalité des écosystèmes (42 %) | Ressources en eau (3 %) | Traitement des eaux usées (3 %) |
Agriculture (4 %) | Pesticides (2 %) | |
Indice de gestion durable de l'azote (2 %) | ||
Pluie acide (4 %) | Taux de croissance des émissions d'oxydes d'azote (2 %) | |
Taux de croissance des émissions de dioxyde de soufre (2 %) | ||
Pêche (5 %) | Chalutage et dragage (1,4 %) | |
Indice trophique marin (1,8 %) | ||
État des stocks de poissons (1,8 %) | ||
Services écosystémiques (8 %) | Perte des zones humides (1 %) | |
Perte des pelouses (1 %) | ||
Perte de couverture végétale (6 %) | ||
Biodiversité et habitat (18 %) | Indice d'habitat des espèces (0,5 %) | |
Indice de protection des espèces (1,5 %) | ||
Indice d'habitat de la biodiversité (1,5 %) | ||
Indice de représentativité des aires protégées (2,5 %) | ||
Aires marines protégées (4 %) | ||
Protection du biome terrestre (national) (4 %) | ||
Protection du biome terrestre (mondial) (4 %) | ||
Atténuation du changement climatique (38 %) | Atténuation du changement climatique (38 %) | Émissions de gaz à effet de serre par habitant (1 %) |
Tendance de l'intensité de gaz à effet de serre (1,5 %) | ||
Dioxyde de carbone de la couverture du sol (1,5 %) | ||
Prévision d'émissions de gaz à effet de serre en 2050 (13,8 %) | ||
Taux de croissance du carbone noir (en) (1 %) | ||
Taux de croissance des émissions de gaz fluorés (0,7 %) | ||
Taux de croissance des émissions de protoxyde d'azote (1,4 %) | ||
Taux de croissance des émissions de méthane (3,3 %) | ||
Taux de croissance des émissions de dioxyde de carbone (13,8 %) |
Classement 2022
L'édition de 2018 classe 180 pays selon 24 indicateurs[6].
Pays | Score IPE | Santé environnementale (pondération 40 %) |
Vitalité écosystème (pondération 60 %) | |
---|---|---|---|---|
1 | Suisse | 87,42 | 93,57 | 83,32 |
2 | France | 83,95 | 95,71 | 76,11 |
3 | Danemark | 81,60 | 98,20 | 70,53 |
4 | Malte | 80,90 | 93,80 | 72,30 |
5 | Suède | 80,51 | 94,41 | 71,24 |
6 | Royaume-Uni | 79,89 | 96,03 | 69,13 |
7 | Luxembourg | 79,12 | 95,07 | 68,48 |
8 | Autriche | 78,97 | 86,38 | 74,03 |
9 | Irlande | 78,77 | 95,92 | 67,34 |
10 | Finlande | 78,64 | 99,35 | 64,83 |
11 | Islande | 78,57 | 98,41 | 65,34 |
12 | Espagne | 78,39 | 94,21 | 67,85 |
13 | Allemagne | 78,37 | 88,68 | 71,50 |
14 | Norvège | 77,49 | 97,86 | 63,91 |
15 | Belgique | 77,38 | 89,37 | 69,39 |
16 | Italie | 76,96 | 85,88 | 71,02 |
17 | Nouvelle-Zélande | 75,96 | 95,96 | 62,63 |
18 | Pays-Bas | 75,46 | 92,26 | 64,25 |
19 | Israël | 75,01 | 94,14 | 62,25 |
20 | Japon | 74,69 | 92,99 | 62,48 |
21 | Australie | 74,12 | 97,95 | 58,23 |
22 | Grèce | 73,60 | 91,03 | 61,98 |
23 | Taiwan | 72,84 | 69,85 | 74,83 |
24 | Chypre | 72,60 | 87,96 | 62,37 |
25 | Canada | 72,18 | 97,51 | 55,29 |
26 | Portugal | 71,91 | 90,47 | 59,53 |
27 | USA | 71,19 | 93,91 | 56,04 |
28 | Slovaquie | 70,60 | 63,87 | 75,08 |
29 | Lituanie | 69,33 | 72,57 | 67,18 |
30 | Bulgarie | 67,85 | 69,60 | 66,68 |
Critiques
La méthodologie employée pour calculer l'IPE a été critiquée en raison du choix arbitraire de ses paramètres qui pourrait introduire des biais, ainsi que pour ses mauvaises performances en tant qu'indicateur de durabilité environnementale. D'autres critiques portent sur le manque de recommandations politiques et sur les biais de pondération de l'indice à l'encontre des pays sans données, ce qui conduirait à négliger les progrès écologiques dans les pays en développement au profit des pays développés[8],[4].
En 2022, l'Inde a été classée en dernière position ; elle a remis en question la méthodologie employée et a rejeté les résultats de l'indice. Le ministère de l'Environnement, des Forêts et du Changement climatique a précisé que de nombreux facteurs importants avaient été ignorés (par exemple la qualité de l'eau, la quantité de déchets générée par habitant ou encore le gaspillage alimentaire) ou étaient incomplets, des pondérations mises à jour étaient injustifiées et que le calcul était basé sur des hypothèses infondées et des méthodes scientifiquement contestables[9],[10].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Environmental Performance Index » (voir la liste des auteurs).
- (en) Kim SamuelJohnson, Daniel C. Esty et al., Pilot Environmental Sustainability Index, New Haven, Connecticut, États-Unis, Yale Center for Environmental Law & Policy, , 39 p. (lire en ligne).
- (en) Daniel C. Esty, Tanja Srebotnjak, Christine H. Kim, Marc A. Levy, Alexander de Sherbinin, Bridget Anderson et al., Pilot 2006 Environmental Performance Index, New Haven, Connecticut, États-Unis, Yale Center for Environmental Law & Policy, , 356 p. (lire en ligne).
- Commissariat général au développement durable, « L'Environmental performance index (EPI) », sur notre-environnement.gouv.fr (consulté le ).
- Régis Farret, Classements internationaux sur l'environnement : Comment interpréter la place de la France ?, Ministère de la Transition écologique, , 107 p. (lire en ligne [PDF]), p. 8.
- (en) Martin J. Wolf, John W. Emerson, Daniel C. Esty, Alex de Sherbinin, Zachary A. Wendling et al., 2022 Environmental Performance Index, New Haven, Connecticut, États-Unis, Yale Center for Environmental Law & Policy, , 192 p. (lire en ligne [PDF]).
- (en) « Executive Summary », sur Environmental Performance Index (consulté le ).
- (en) « 2018 EPI Results », sur Environmental Performance Index, université Yale (consulté le ).
- (en) Aiyshwariya Paulvannan Kanmani, Renee Obringer, Benjamin Rachunok et Roshanak Nateghi, « Assessing Global Environmental Sustainability Via an Unsupervised Clustering Framework », Sustainability, vol. 12, no 2, (DOI 10.3390/su12020563).
- (en) Ankush Banerjee, « What Happened to Green India? Ranked Lowest as per Environmental Performance Index, India Disputes Methodology », Business Insider, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Esha Roy, « Explained: What is the environment index, and why has India questioned it? », The Indian Express, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Environmental Performance Index , page officielle, université Yale.