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Ebenezer Akwanga

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Ebenezer Akwanga
Ebenezer Akwanga en 2018.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Ebenezer Derek Mbongo Akwanga
Nationalité
Formation
Activité
Commandant militaire
Indépendantiste

Dr. Ebenezer Akwanga, de son nom complet Ebenezer Derek Mbongo Akwanga, né en 1970 à Tiko au Sud-Ouest du Cameroun, est un militant indépendantiste camerounais. Il est le président du mouvement de libération du peuple africain, un mouvement indépendantiste ambazonien, dont il dirige la branche armée[2].

Ancien étudiant à l'Université de Buéa, lui et le militant Lucas Ayaba Cho ont fondé une association étudiante pro-séparatiste. Leur mouvement a rapidement été interdit en 1997, Akwanga a été incarcéré pendant six ans[3]. À la suite de son évasion de prison, il s'associe au Conseil national du sud du Cameroun (SCNC). Lorsque le SCNC s'est divisé en plusieurs factions, il est devenu le leader de la Ligue des jeunes du Cameroun méridional (SCYL)[4]. Le SCYL s'est finalement transformé en Mouvement de libération du peuple africain (APLM). En mars 2019, il a supervisé l'APLM en participant à la fondation du Conseil de libération du Cameroun méridional, dans une tentative de former un front uni[5]. Akwanga est également un défenseur de la lutte biafraise et s'est prononcé en faveur d'une alliance entre les mouvements indépendantistes ambazoniens et biafrais. Il a également appelé à des référendums sur l'indépendance à la fois des régions anglophones du Cameroun (y compris le Bakassi) et du Biafra[3].

Carrière politique

Ebenezer Akwanga est devenu un activiste politique en 1993, d’abord en faisant campagne pacifiquement pour les droits des populations de l'ancien Cameroun méridional en tant que leader étudiant de l’Union des étudiants de l’Université de Buéa qui a travaillé avec le Conseil national du sud du Cameroun (SCNC). Il a pris une part active au soulèvement de mars 1997 contre l’oppression et la discrimination du gouvernement camerounais[6].

Au cours de son emprisonnement, Ebenezer Akwanga subit de très graves violations de ses droits humains avant et après sa condamnation pénale : torture, détention au secret, conditions de détention excécrables (surpopulation carcérale et insalubrité), privation d'accès à des soins médicaux[7]. Il a souffert de paralysie des membres inférieurs et de troubles de la vision à la suite de tortures et a passé plus de 700 jours en isolement cellulaire.

En 1999, il est condamné par un tribunal militaire à 20 ans de prison, reconnu coupable de terrorisme et subversion, des accusations dont s'est toujours défendu Ebenezer Akwanda[8]. Son engagement politique pacifiste ne relevait en rien d'un tel tribunal et ne correspondait pas davantage à son droit à un procès équitable. En 2003, il parvient à s'échapper de prison et s'enfuit au Nigeria puis trouve asile aux États-Unis[7].

Des États-Unis, Akwanga a poursuivi la lutte pour le peuple du Cameroun anglophone. L’ONG REDRESS a déposé une pétition au nom d’Akwanga auprès du Comité des droits de l’homme des Nations Unies (HCR) pour de multiples violations du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), y compris de la torture entre 1997 à 2003. Dans une décision prise à l’unanimité le 22 mars 2011, le HCR a confirmé la requête déposée par REDRESS au nom d’Akwanga contre le Cameroun. La pétition a permis d’éviter de multiples violations du PIDCP.

En 2011-2014, Ebenezer Akwanga, Lucas Ayaba Cho et d’autres promoteurs de l'indépendance de la zone anglophone du Cameroun et la création d'un nouvel État qu'ils ont nommé Ambazonie ont fondé un gouvernement du Cameroun méridional affilié à une branche armée, la Southern Cameroons Defence Forces (SOCADEF). La presse camerounaise contrôlée par le gouvernement a par la suite attribué au gouvernement d’Akwanga d'être l’un des principaux promoteurs de la déclaration d’indépendance de l'Ambazonie en octobre 2017[9].

Tentatives d'assassinats

Le gouvernement camerounais a tenté à multiples reprises d’éliminer Akwanga : à Buea, dans le Sud-Ouest du Cameroun, par empoissonnement en 2003, à Lagos, au Nigeria, en 2005, avec au moins trois tentatives par des agents camerounais, et en Afrique du Sud en 2012 avec un complot de meurtre et d’enlèvement[10]

Combat indépendantiste

Lutte armée

À la suite de la déclaration d’indépendance de l'Ambazonie le 1er octobre 2017[11], Ebenezer Akwanga décide de revitaliser et d’armer la SOCADEF[12] en tant que force d’autodéfense. Dès la fin des années 90, Akwanga ainsi que Lucas Ayaba Cho s'étaient déjà éloignés des positions du Southern Cameroons National Council (SCNC) en prônant le recours à la lutte armée plutôt que la poursuite des négociations avec le gouvernement camerounais[13]. Selon l’International Crisis Group, la SOCADEF, est l’une des plus grandes unités armées opérant dans les régions anglophones du Cameroun[14].

Possible violation des droits humains

En janvier 2019, Akwanga soutient que ses combattants armés sont des «tacticiens de la guérilla » tout en concédant qu'ils «font des erreurs»[11]. En 2021, Akwanga affirme qu'il est pour un boycott total des écoles, tant gouvernementales que privées, afin de forcer le gouvernement du président Paul Biya à entamer des négociations[15]. Cette déclaration intervient dans un contexte ou différents rapports font état d'attaques par les sécessionistes envers des écoles et des enseignants ainsi que de l'extrême difficulté pour les enfants de zone anglophone de poursuivre leur éducation dans des conditions minimales de sécurité[15],[16]. Pour sa part, Akwanga soutient que les sécessionnistes ne sont pas impliquées dans des attaques contre des écoles[15].

Efforts diplomatique

Akwanga est présent sur le front diplomatique avec des apparitions notées au Ghana[17], en Afrique du Sud[18],[11], au Malawi et dans de nombreux autres pays au nom de la cause séparatiste. A l'été 2019, il accepte de participer à une réunion en Suisse en vue d'une sortie de crise politique sous médiation suisse[19], une réunion qui reste sans effet car Paul Biya, alors en séjour privé en Suisse, refuse l'idée même d'une telle négociation.

Notes et références

  1. L'Ambazonie est une république auto-proclamée, non reconnue par la communauté internationale. La nationalité ambazonienne n'existe pas et tous les habitants ou originaires de la zone sécessionniste sont considérés comme Camerounais d'un point de vue juridique.
  2. (en) « Who are Cameroon's English-speaking separatists? », sur Nation, (consulté le )
  3. a et b (en) « Biafra and Southern Cameroons might 'join forces to achieve independence' », sur International Business Times UK, (consulté le )
  4. (en) « How one part of Cameroon still wants to hold on to its Anglo-Saxon roots », sur International Business Times UK, (consulté le )
  5. (en-US) « Federalists Meet Restorationists, Which Group Will Perform The Osmosis? », sur Cameroon News Agency (consulté le )
  6. (en) Immigration and Refugee Board of Canada, « March 1997 incidents in the north-west province [CMR36066.E] », sur www.ecoi.net, (consulté le )
  7. a et b (en) « Ebenezer Akwanga v Cameroon » (consulté le )
  8. (en-US) « Ebenezer Akwanga Vs Cameroun: Gov’t To Pay FCFA 1.5 Billion As Compensation – Cameroon Postline », (consulté le )
  9. Investir au Cameroun, « Tout savoir sur Kilimanjaro Capital, la nébuleuse financière canadienne associée aux sécessionnistes camerounais », sur Investir au Cameroun (consulté le )
  10. « MURDER FOR HIRE I - Abakwa Times », sur www.abakwatimes.com (consulté le )
  11. a b et c Mathieu Olivier, « Crise anglophone au Cameroun : qui sont les sécessionnistes ? – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  12. Acronyme de Southern Cameroons Defense Force
  13. « Cameroun : de nombreuses divisions fragmentent les séparatistes en zone anglophone – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  14. (en) « Cameroon’s Anglophone Crisis: How to Get to Talks? », sur Crisis Group, (consulté le )
  15. a b et c (en-GB) « How Schoolchildren Became Pawns in Cameroon’s Anglophone Crisis », sur bellingcat, (consulté le )
  16. (en) « “These Killings Can Be Stopped”: Abuses by Government and Separatist Groups in Cameroon’s Anglophone Regions », Human Rights Watch, (consulté le )
  17. (en-US) Eric Tataw, « Ghana Bureau Of National Investigations Releases Ambazonia Separatist, Dr Akwanga After Questioning! », sur National Telegraph, (consulté le )
  18. « Cameroun : l’Ambazonie plaide sa cause en Afrique australe – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  19. « Crise anglophone au Cameroun : pas de dialogue direct entre acteurs malgré la médiation suisse – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )