Aller au contenu

Attentats de Madrid du 11 mars 2004

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 27 mai 2009 à 10:57 et modifiée en dernier par Samsa (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Les attentats qui ont touché Madrid le jeudi ont été condamnés par la communauté internationale comme un acte terroriste. Plusieurs explosions de bombes, posées par des islamistes marocains, se sont produites dans des « cercanías » (trains de banlieue) à Madrid le matin du , exactement deux années et demie après le 11 septembre 2001 ou 911 jours (911 jours et 19 heures en considérant la durée de temps exprimée en heures séparant les deux évènements survenus dans le temps UTC). Près de 200 personnes ont péri et 1 400 ont été blessées, faisant de ces attaques l'attentat le plus important survenu en Europe depuis l'explosion de Lockerbie le , qui avait tué 270 personnes. Sur treize bombes utilisées, dix ont explosé. Cet attentat surpasse de loin l'attentat du groupe terroriste basque ETA dans un supermarché de Barcelone en 1987, qui tua vingt et un civils et était, jusqu'au 11 mars, l'attentat le plus meurtrier commis sur le sol espagnol.

Comme tous les événements majeurs de leur histoire ou de l'histoire mondiale, les Espagnols désignent cet évènement par l'expression 11-M de même qu'ils désignent les attentats commis le 11 septembre 2001 par Al-Qaïda sur les tours jumelles du World Trade Center par l'expression 11-S ou encore 23-F la tentative de coup d'État du colonel Tejero.

Plaque commémorative sur les attentats du 11 mars 2004.

Les attentats

Prières après les attentats

Les explosions ont eu lieu pendant l'heure de pointe matinale, entre 7 h 37 et 7 h 55 (heure locale), aux gares Atocha (trois bombes), El Pozo del Tío Raimundo (deux bombes), Santa Eugenia (une bombe), ainsi que dans un train juste en-dehors d'Atocha à la Calle Téllez (quatre bombes).

La plupart des morts survinrent à El Pozo (67) et à la rue Téllez (64). Il y eut 34 victimes à Atocha et 16 à Santa Eugenia. Au total, il y eut 191 morts.

Le train qui explosa à la Calle Téllez devait arriver à Atocha au même moment que l'autre train, mais, retardé de quelques minutes, il a explosé hors de la gare. Il était muni de deux grandes bombes à la tête et au centre du convoi.

Les forces de sécurité ont par la suite trouvé et désamorcé trois autres bombes qui n'avaient pas explosé, deux à Atocha et une à El Pozo. Selon le gouvernement espagnol, ces bombes étaient des pièges devant exploser lors de l'arrivée des forces de secours. Il s'agirait de sacs à dos remplis de plastic expert C de fabrication espagnole.

Semaine précédente

  • La veille, deux personnes ont distribué des tracts dans le pays basque, appelant à s'attaquer à la Renfe. [réf. nécessaire]
  • En Espagne, des attentats basques et islamistes avaient été déjoués les jours précédents. [réf. nécessaire]
  • La semaine précédente, on apprenait qu'un groupe terroriste se faisant appeler AZF négocie avec le Ministère de l'Intérieur français en menaçant de commettre des attentats dans les trains français (AZF était le nom d'une usine chimique qui a été détruite par une explosion accidentelle dans la ville de Toulouse, le ). Aucun lien n'a été démontré à ce jour entre ces différents faits.

Réactions

Mesures de sécurité

  • Renfe (l'exploitant des trains de banlieue) a interrompu tous les services de trains de banlieue à Madrid ainsi que tous les trains régionaux et interurbains (dont le train à grande vitesse AVE) en provenance ou à destination de Madrid.
  • La ligne 1 du métro de Madrid est fermée entre Atocha et Pacífico.
  • En France, le plan Vigipirate est passé au niveau orange et au niveau rouge pour les gares et la SNCF.
  • L'Italie a également déclaré l'état d'alerte.
Le courageux est courageux jusqu'à ce que le lâche le décide. Atocha, Madrid

Enquêtes sur la responsabilité des attentats

L'hypothèse principale : celle de l'ETA

En l'absence de revendications, le gouvernement a dans un premier temps attribué ces attentats à l'ETA. Selon le ministre espagnol de l'Intérieur, Ángel Acebes : « Il est absolument clair que la formation terroriste ETA cherchait à faire une attaque avec de vastes répercussions. » La police espagnole avait désamorcé dernièrement d'autres bombes attribuées à ETA ; le 29 février, elle a aussi saisi 500 kg d'explosifs et arrêté deux membres présumés d'ETA. Les analyses montreraient que la dynamite employée serait celle volée en 2002 en Bretagne par l'ETA et les indépendantistes bretons.

Cependant, des responsables du parti basque Batasuna, branche politique de l'ETA, parti politique interdit, ont déclaré ne pas pouvoir croire que l'ETA soit impliqué. De plus, le mode opératoire ne correspond que partiellement : l'ETA n'a jamais frappé à cette échelle, et prévient généralement quelques minutes avant ses attentats. Cependant, plusieurs attentats, avec des sacs à dos piégés, déjoués les jours précédents, ressemblent à la fois à l'attentat du 11 mars et aux modes opératoires de l'ETA.

Aujourd'hui, avec le témoignage du syndicat pénitentiaire, Manuel Sanchez Argula, on sait que les Basques de la Prison El Jurgo ont bu du Champagne avec les Musulmans incarcerés le lendemain de l'attentat !

Impact en Espagne

12 mars : manifestation contre le terrorisme à Barcelone

Ces attentats ont lieu trois jours avant les élections générales nationales. Tous les partis politiques interrompent leurs campagnes. Le premier ministre espagnol, José Maria Aznar, proclame trois jours de deuil national.

Le roi d'Espagne, Juan Carlos, s'est adressé à la nation, à la télévision, pour la première fois depuis que fut déjoué le coup d'État du 23 février 1981. La reine Sofía, le prince Felipe des Asturies et sa fiancée (aujourd'hui femme) ont rendu visite aux blessés et au personnel médical à l'hôpital Gregorio Marañón. [1]

Des manifestations contre ETA sont apparues spontanément à travers le pays, en avance des manifestations prévues pour le lendemain à 19h00. [2] Le président ou lehendakari du Pays basque, Juan José Ibarretxe, a dénoncé les attentats en disant que « quand ETA attaque, le cœur basque se brise en mille morceaux ». Il a appelé la population basque à des manifestations silencieuses devant les hôtels de ville du Pays basque.

Communauté internationale

Les leaders mondiaux s'unissent pour condamner les attentats de Madrid en commencant par l'ONU qui impute la responsabilité à ETA dans la résolution 1530 du 11 mars.
Le président des États-Unis, George W. Bush, a appelé le premier ministre espagnol pour offrir ses condoléances et pour condamner le « vicieux attentat terroriste ».
Le président de la commission européenne, Romano Prodi, qualifie l'attaque de « féroce et insensée ».
Le pape Jean-Paul II condamne les attentats dans un message aux chefs de l'Église catholique en Espagne. Plusieurs pays offrent de l'aide matérielle au gouvernement espagnol. Au Parlement européen, on pense à faire du 11 mars une journée de commémoration des victimes du terrorisme.
En France, Jacques Chirac a annoncé la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments officiels à partir du 12 mars pour une durée de trois jours.
En Pologne, le président Aleksander Kwaśniewski a proclamé le 12 mars journée de deuil national en solidarité avec le peuple espagnol, et aussi pour commémorer les victimes polonaises (3 morts et plusieurs dizaines de blessés) de ces attentats.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution condamnant ces attentats. Cette résolution met en cause nommément l'ETA.
Dans toute l'Union Européenne les habitants ont été invités à respecter 3 minutes de silence le lundi 15 mars à midi. Des rassemblements spéciaux ont été organisés en cette occasion dans certaines capitales. Le rond-point Schuman de Bruxelles, situé dans le quartier européen, a ainsi été envahi par quelques personnalités politiques, des journalistes et de très nombreux piétons.

Commentaires

La première réaction du gouvernement espagnol (immédiatement suivi par les médias) fut de désigner l'ETA comme coupable sur la base de la recrudescence de l'activité de l'organisation terroriste ces dernières semaines. Cette affirmation catégorique, en particulier du ministre de l'intérieur, convainquit dans un premier temps le peuple espagnol et ses médias de la culpabilité de l'organisation basque.

Malgré les dénégations des dirigeants du parti basque dissous Herri Batasuna, le gouvernement est resté catégorique jusqu'à ce qu'une revendication de Al-Qaïda [réf. nécessaire] présentant un faisceau d'indices concordants en faveur de sa validité ne soit révélée. La découverte d'une camionnette contenant des détonateurs et une cassette de versets islamiques augmentait le crédit de la piste islamique.

Au lendemain de l'attentat, le gouvernement n'est plus aussi catégorique concernant l'attribution des attentats : il estime toujours que la piste de l'ETA est la plus plausible, mais n'exclut plus les autres hypothèses. Les manifestations de la population, et les journaux, ne mettent plus en cause directement l'ETA.

Le comportement du gouvernement espagnol fait l'objet d'un vif débat et plusieurs explications de ses propos, une mise en cause de l'ETA trop catégorique, ont été avancées :

La thèse politique

Le gouvernement, à trois jours des élections, avait intérêt à ce que l'attentat fût commis par l'ETA :

  1. « si la responsabilité des attentats appartient bien à ETA, la politique sécuritaire du gouvernement espagnol s'en trouve confortée à 3 jours des élections, et ceux qui souhaitent faire évoluer le gouvernement espagnol seront réduits au silence ;
  2. si la responsabilité des attentats revient à Al-Qaïda, la politique étrangère de l'Espagne, dans l'affaire d'Irak, se trouve mise en cause. L'engagement espagnol dans le cadre de l'ONU en Irak avait donné lieu à de nombreuses manifestations. Dans ce cas, l'impact électoral n'irait pas dans le même sens : c'est le maillon faible de l'Europe qui est visé ».

La thèse du coupable habituel

Selon cette thèse, le faisceau d'indices désignant l'ETA revient en première ligne : El Mundo et l'expert Iglesias confirment aujourd'hui 25 mai 2009 que les juges chargés du procès ont été manipulés : il ne s'agit pas en effet de Goma 2 ECO mais de Titadyn.

La polémique sur le comportement du gouvernement ne fait que débuter, en particulier en Espagne, où la rue et les médias, profondément choqués, n'ont pas encore eu le cœur de se pencher sur l'action du gouvernement.

Au vu du résultat des élections, il semble que le peuple espagnol ait tranché en la faveur de la thèse Al Qaida, en élisant le PSOE alors que le Partido Popular était donné comme vainqueur jusqu'aux attentats.

Ne pouvant plus se dédire par rapport à leurs prises de positions, les cadres du PP ont laissé apparaître depuis une théorie du complot reliant les filières du terrorisme basque à celles d'al-Qaïda. Cette théorie est reprise dans un livre[réf. nécessaire] en vente en Espagne au printemps 2007.

Le procès de Madrid en 2007, et le jugement du tribunal suprême, en 2008

Le procès des attentats du 11 mars s'est tenu à Madrid entre le jeudi 15 février et le lundi 2 juillet 2007, dans une annexe de l'Audience nationale, le tribunal antiterroriste espagnol, à l'orée du parc de la Casa de Campo, à l'ouest de la capitale. 29 accusés y ont comparu[1]. Son compte rendu au jour le jour et son enregistrement vidéo est disponible sur datadiar.tv[2].

Le verdict a été rendu le 31 octobre 2007 [3],[4]. Trois condamnés principaux (des milliers d'années de prison) : José Emilio Suárez Trashorras, Jamal Zougam et Othman El Gnaoui. Dix-huit condamnés pour complicité à des peines allant de quinze à trois ans de prison : Hassan El Haski, Basel Ghalyoun, Fouad El Morabit Anghar, Mouhannad Almallah Dabas, Sael El Harrak, Mohamed Bouharrat, Youssef Belhadj, Mohamed Larbi Ben Sellam, Rachid Aglif, Abdelmajid Bouchar, Hamid Ahmidan, Rafá Zouhier, Abdelilah El Fadoual El Akil, Nasreddine Bousbaa, Mahmoud Sleiman Aoun, Raúl González Peláez, Antonio Iván Reis Palicio et Sergio Álvarez Sánchez. Sept acquittés : Antonio Toro Castro, Carmen Toro Castro, Emilio Llano Álvarez, Mohamed y Brahim Moussaten, Rabei Osman El Sayed Ahmed (« l'Égyptien »), Javier González Díaz et Iván Granados Peña. Nul lien n'a pu être établi avec une organisation terroriste internationale du type Al-Qaïda ou régionale de type ETA.

Dans son jugement du 17 juillet 2008[5], le tribunal suprême a légèrement réduit les peines de cinq condamnés : Hassan El Haski, Mohamed Larbi Ben Sellam, Nasreddine Bousbaa, Mohamed Slimane Aoun et Hamid Ahmidan ; acquitté partiellement Otham El Gnaoui, l'un des trois condamnés principaux ; acquitté totalement quatre condamnés : Basel Ghalyoum, Mouhannad Almallah Dabas, Abdelilah El Fadoual El Akil et Raúl González Peláez. Il a par contre condamné à quatre ans de prison, pour trafic d'explosifs, Antonio Toro Castro qui avait été acquitté par l'Audience nationale[6].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références