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Stellio Lorenzi

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Stellio Lorenzi, né le à Paris et décédé le à Paris, est un scénariste et réalisateur français. Il fut un téléaste français reconnu pour ses émissions historiques.

Les années de formation

Stellio Lorenzi est né à Paris d'un père italien originaire de San Remo. Lorenzi passe son enfance et adolescence à Cannes et rejoint la capitale. Après trois années d'études supérieures en mathématiques, il s'oriente vers des études d'architecture. Le concours d'entrée à l'École Polytechnique lui est interdit, car les lois du régime de Vichy en refusent l'accès aux fils d'étrangers. En 1943, il rejoint la première promotion de l'IDHEC. Dès 1945, il est un assistant réalisateur de Jacques Becker sur Falbalas. Il poursuivra cette carrière jusqu'en 1951 auprès de réalisateurs comme Jacques de Baroncelli, Marc Maurette ou Louis Daquin.

Les débuts à la télévision française

En 1952, il intègre la télévision naissante qu'il connaît depuis 1949, alors qu'il appartenait à un Télé-club d'Aubervilliers. Après la réalisation d'émissions artistiques (série des Visites à), il s'essaie aux dramatiques (La parole est au prophète de Bernard Hecht, Arthur Adamov, La Servante de (Marcelle Maurette). Il filme de grands vaudevilles comme ceux de Georges Feydeau ou Eugène Labiche, dont il goûte la critique du mode de vie bourgeois. Dans le même temps il adapte de grandes œuvres théâtrales ou romanesques comme Volpone de Ben Jonson, Thérèse Raquin d'Émile Zola (1957), Montserrat d'Emmanuel Roblès (1960), Crime et Châtiment de Fiodor Dostoïevski (1955), La dame de pique d'Alexandre Pouchkine (1958).

Son appartenance au Parti Communiste marque de son empreinte des œuvres télévisuelles. Ainsi, La Charrue et les étoiles de Seán O'Casey met en scène les Pâques sanglantes de Dublin en 1916 vécues par des prolétaires.

Les émissions historiques

Jean d'Arcy, à la tête de la télévision française, était en quête d'idées pour de nouvelles émissions autres que des adaptations. Lorenzi propose une série historique. Il contacte André Castelot et Alain Decaux, porteurs d'une émission de radio : La Tribune de l'Histoire. Decaux et Castelot refusent le projet, ne voyant pas d'avenir dans ce nouveau média. Lorenzi finit par les persuader. Les premières émissions mêlent propos d'historiens et des scènes de fiction. Progressivement l'émission devient une dramatique à part entière. Se succèdent alors Mayerling, L'Énigme du Temple, L'Homme au masque de fer, Anastasia... Ces titres font partie d'une série intitulée Les Énigmes de l'histoire.

Du 14 septembre 1957 au 29 mars 1966, 39 épisodes de La Caméra explore le temps tournés en direct font les beaux jours de la télévision française. On peut citer Les Templiers en 1961, La Terreur et la Vertu en 1964 sur Danton et Robespierre, Les Cathares en 1965…

On dira de Lorenzi qu'il a fait « la première grande histoire nationale en images imprégnée d'un civisme éthique ». C'est ce qui lui vaut quelques soucis, à l'image des problèmes soulevés par Cinq mars, dramatique relatant la vie d'un conspirateur opposé au cardinal de Richelieu et par L'affaire Calas relatant une erreur judiciaire dont Voltaire s'était fait l'écho. Lorenzi instaure avec le public une réflexion sur l'arbitraire, le fanatisme religieux ou les injustices sociales. La série s'arrête en 1966 sous la pression politique qui s'inquiète du pouvoir grandissant de la télévision et des opinions pour le moins tranchées de Lorenzi.

Jacquou le croquant, un succès populaire

Lorenzi évoque les années 1950 et 1960 en disant que les moyens techniques ne permettaient que des scènes d'intérieur, réduisant les séries historiques aux relations entre les grands personnages de l'Histoire. Plus tard, les nouveaux moyens techniques permettent de découvrir le quotidien des gens simples tout autant acteurs de l'Histoire. Ainsi, en 1967, naît le feuilleton Jacquou le croquant, adapté d'Eugène Le Roy. Les six épisodes d'une heure 30 sont écrits par Lorenzi et Michèle O'Glor. Cette fresque paysanne met en scène une famille de métayers du Périgord entre 1819 et 1830. Elle permet à Lorenzi d'explorer ses thèmes de prédilection comme l'injustice et l'arbitraire. Les nouveaux moyens techniques rendent réalistes des scènes qu'il filme en caméra portée. Il puise son inspiration visuelle dans les peintures des frères Le Nain tout autant que dans le documentaire Farrebique de Georges Rouquier.

Une fin de carrière en cohérence avec son engagement politique

En mai 1968, Lorenzi participe à l'Opération Jéricho qui consistait en une grève des personnels de l'ORTF. Dans les années 1970, il réalise entre autres une série de quatre épisodes : Zola ou la conscience humaine d'après Armand Lanoux qui avait consacré une biographie à l'auteur des Rougon-Macquart.

Dans les années 1980, Stellio Lorenzi devient producteur délégué à Antenne 2. Il dirige une collection s'intitulant L'Histoire en marche qu'il définit comme « une série de films d'aventure pris au sens large, dont la conception serait la résultante d'une collaboration entre Alexandre Dumas, pour les intrigues et le contexte historique, Simenon pour les reflets sociaux et Emmanuel Le Roy Ladurie pour ce qui est de la nouvelle histoire au niveau du peuple ». Seules trois émissions seront tournées et diffusées en 1985-1986: "Le serment" (réal. Roger Kahane), "Les prisonnières" (réal. Jean-Louis Lorenzi), "La patrie en danger" (réal. Michel Carrier).

Lorenzi termine sa carrière comme conseiller à la présidence d'Antenne 2 et meurt le 25 septembre 1990 à l'âge de 69 ans des suites d'un cancer.

Stellio Lorenzi est un téléaste qui a contribué au développement de la télévision française, au même titre que, par exemple, Claude Barma ou Marcel Bluwal, et ses œuvres sont en cohérence avec son engagement politique et surtout un vibrant idéal humaniste et républicain, notamment dans ses émissions historiques.

Il est le père des réalisateurs Jean-Louis Lorenzi et Antoine Lorenzi.

Filmographie

Au cinéma

Assistant réalisateur
Réalisateur
Acteur

À la télévision

En tant que réalisateur

Théâtre

Metteur en scène

Sources

  • Christian Bosseno, 200 téléastes français, éditions Corlet-Télérama, Paris, 1989.
  • Jean-Marc Doniak, "Les fictions de la télévision française", éditions Dixit, Paris 1998
  • L'Humanité, 27 septembre 1990, article de Jack Ralite sur Stellio Lorenzi
  • ina.fr
  • imdb.com


Notes et références

  1. Énigmes de l'histoire sur ina.fr
  2. La caméra explore le temps sur ina.fr
  3. La dame de pique Extrait sur ina.fr
  4. Oncle Vania Extrait sur ina.fr
  5. La terreur et la vertu Bref extrait sur ina.fr
  6. Jacquou le croquant Extraits sur ina.fr
  7. Les Rosenberg ne doivent pas mourir Extraits sur ina.fr
  8. Emile Zola ou la conscience humaine Extraits sur ina.fr

Liens externes