Francis Chateauraynaud

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Francis Chateauraynaud
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Francis Chateauraynaud est un sociologue français né en février 1960 à Périgueux. Il est connu pour avoir créé la notion de lanceur d'alerte à partir de la sociologie pragmatique appliquée aux questions de risques sanitaires et environnementaux.

Biographie[modifier | modifier le code]

Directeur d'études en sociologie à l'école des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, où il a fondé le Groupe de sociologie pragmatique et réflexive (GSPR), Francis Chateauraynaud anime des séminaires de recherche comme «Le pragmatisme sociologique et les pouvoirs» ou encore « Outils socio-informatiques pour l’analyse des controverses » (à Paris sur le campus Condorcet).

En 2024, il rejoint le CERMES3, laboratoire de sciences sociales sous la tutelle conjointe du CNRS, de l'INSERM, de l'EHESS et de l'Université Paris Descartes.

Travaux[modifier | modifier le code]

Dans les ouvrages qu'il a publiés, Francis Chateauraynaud propose de substituer aux conflits de doctrines sociologiques une logique et un parcours d'enquêtes, au sens que donnait à ce terme John Dewey, un des pères fondateurs du pragmatisme.

En 1999, les Éditions de l'EHESS publient Les Sombres précurseurs. Une Sociologie pragmatique de l'alerte et du risque, ouvrage dans lequel est développée la notion de « lanceur d'alerte », créée quelques années plus tôt par Francis Chateauraynaud.

Chateauraynaud est le coconcepteur, avec l'informaticien Jean-Pierre Charriau, de logiciels scientifiques au service de la sociologie des alertes et des controverses, notamment « Prospéro » et « Marlowe[1] ». C'est fin 1999, début 2000 que Chateauraynaud et Charriau infléchissent leur programme de recherche dit de « socio-informatique », en donnant naissance au logiciel Marlowe, présenté comme un « sociologue électronique ». Il s'agit d'une forme d'intelligence artificielle capable de mener des enquêtes sur les corpus rassemblés par les chercheurs et de dialoguer avec eux [2]. Ce logiciel a défrayé la chronique en juillet 2003 en signant la pétition électronique diffusée sur Internet pour la libération de José Bové[pas clair][3][réf. incomplète].

La revue Matériaux pour l'histoire de notre temps (numéro 82 de 2006) a publié une controverse entre Francis Chateauraynaud et Carlo Ginzburg à propos de l'attitude à adopter face aux outils de l'Internet, et en particulier du moteur de recherche Google[4].

En 2011, Chateauraynaud publie la synthèse de ses travaux sur la dynamique des controverses publiques analysées à la fois du point de vue d'une sociologie argumentative [5] et de ce qu'il appelle une "balistique sociologique"[6] visant à saisir les trajectoires des jeux d'acteurs et d'arguments autour de causes ou de problèmes publics.

En 2017, est publié dans la collection Pragmatismes chez Pétra, Aux bords de l'irréversible. Sociologie pragmatique des transformations. En 650 pages, Francis Chateauraynaud et Josquin Debaz brossent un tableau détaillé des enjeux environnementaux, scientifiques et politiques qui marquent l'évolution des sociétés contemporaines. En prenant leur distance vis-à-vis des formes de catastrophisme en vogue, notamment la collapsologie, ils y développent notamment l'idée de "contre-anthropocène" visant à rendre justice à la multiplicité des expériences transformatrices développées par des acteurs dans des localités ou des micromondes et visant à créer des ouvertures d'avenir en faisant bifurquer, à des échelles différentes, la trajectoire annoncée, celle de la catastrophe globale[7].

Engagements connus dans la vie publique[modifier | modifier le code]

Dans les années 1996-1998, Francis Chateauraynaud accompagne la lutte de plusieurs collectifs de sans-papiers[8]. En 2007, il est mobilisé contre l'abus des recours à la garde à vue, engagement motivé par une mésaventure qu'il retrace dans un texte de blog et reproduit un peu plus tard par le media indépendant Reporterre[source secondaire souhaitée].

Depuis 2009, il est membre du conseil scientifique du GIS Démocratie & Participation[source secondaire souhaitée].

En 2017, il fait partie des intellectuels qui appellent à voter pour le programme L'Avenir en Commun de la France insoumise en signant notamment le texte Un autre monde est possible avec Jean-Luc Mélenchon[9][source insuffisante].

En janvier 2018, il est intervenant au cours de la troisième édition du festival Caméras Rebelles organisé par l'ONG Amnesty International Rennes. Au cours de cette édition consacrée aux lanceurs d'alerte, il intervient et anime le débat, en aval de la projection du film Promised Land de Gus Van Sant, autour des lanceurs d'alerte écologique[10].

En septembre 2018, il participe, en tant que spécialiste européen des risques et des controverses, à plusieurs événements en Colombie en appui à des associations de victimes de l'amiante soutenues par l'Observatoire des Réseaux de l'Action collective (ORAC) dirigé par Juan Carlos Guerrero Bernal, professeur à l'université du Rosario à Bogota, un des lieux d'utilisation du logiciel Prospéro. L'objectif est d'obtenir l'interdiction de l'exploitation du minéral en Colombie, pays minier qui est resté longtemps en dehors des radars internationaux du fait de la guerre civile. La sortie de l'amiante est engagée au cours de l'année 2019[11].

Publications[modifier | modifier le code]

  • La faute professionnelle. Une sociologie des conflits de responsabilité, Paris, Métailié, 1991 (474 pages).
  • avec Christian Bessy, Experts et Faussaires. Pour une sociologie de la perception, Paris, Métailié, 1995 (365 pages).
  • avec Didier Torny, Les Sombres précurseurs : Une Sociologie pragmatique de l’alerte et du risque, Paris, EHESS, 1999 (476 pages), réédition 2013 avec une couverture de Patrick Lanneau et une préface de Claude Gilbert.
  • Prospéro : Une technologie littéraire pour les sciences humaines, Paris, CNRS, 2003 (403 pages).
  • Argumenter dans un champ de forces. Essai de balistique sociologique, Paris, éditions Pétra, 2011 (484 pages).
  • avec Ilaria Casillo, Loïc Blondiaux, Jean-Michel Fourniau, et alii, Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, GIS Démocratie et Participation, 2013
  • avec Marie-Angèle Hermitte (entretiens), Le droit saisi au vif. Sciences, technologies, formes de vie, Paris, Pétra, 2013.
  • avec Yves Cohen (co-direction), Histoires pragmatiques, Raisons pratiques, Paris, EHESS, vol. 25, 2016 (390 pages)
  • avec Josquin Debaz, Aux bords de l'irréversible. Sociologie pragmatique des transformations, Paris, éditions Pétra, 2017 (648 pages)
  • Alertes et lanceurs d'alerte, collection Que sais-je?, Paris, Humensis, 2020 (128 pages).
  • avec Fabricio Cardoso de Mello et alii, (co-direction), Sociologia Pragmática das Transformações em Diálog : Riscos e Desastres no Brasil Contemporâneo, Vitoria (Brasil), Editora Milfontes, 2020 (291 pages).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voir Johannes Angermüller, Francis Chateauraynaud, Prospéro. Une technologie littéraire pour les sciences humaines, Mots. Les langages du politique , 81 | 2006, mis en ligne le 01 juillet 2008, URL : http://mots.revues.org/727
  2. Josquin Debaz "Il y a 10 ans, Marlowe passait un premier examen… dans un hôpital psychiatrique", Socio-informatique et argumentation, 12 juin 2013. https://socioargu.hypotheses.org/4434
  3. Voir Le Canard enchaîné du 30 juillet 2003
  4. C. Ginzburg, Réponse à Francis Chateauraynaud, Matériaux pour l’histoire de notre temps 2006/2 (no 82), p. 119-120
  5. Son approche de l'argumentation est alors très marquée par sa collaboration avec la linguiste Marianne Doury. Voir notamment, F. Chateauraynaud et M. Doury, « “Désormais…” Essai sur les fonctions argumentatives d'un marqueur de rupture temporelle », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne], 4 | 2010, mis en ligne le 15 avril 2010, http://journals.openedition.org/aad/772 ; https://doi.org/10.4000/aad.772
  6. Voir la note de présentation par Jean-Michel Fourniau, "Argumenter dans un champ de forces. Essai de balistique sociologique", in Portée de la concertation', mai 2011 https://concertation.hypotheses.org/367 .
  7. Voir le compte-rendu de Mikaël Chambru sur le site de lectures Liens socio, mis en ligne le 19 mars 2018, https://journals.openedition.org/lectures/24424 ; voir également par Émilie Perault et Sophie Tabouret, dans la Revue d'Anthropologie des connaissances, 13-3, 2019 , https://journals.openedition.org/rac/1790
  8. Il a accompagné son ami et collègue François Brun (1949-2022) qui fut très actif pour la cause des sans-papiers. Voir Pedro Vianna, "En mémoire de François Brun", Migrations Société 2023/1 (N° 191), pages 3 à 6 . https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2023-1-page-3.htm
  9. « Un autre monde est possible avec Jean-Luc Mélenchon », sur Médiapart,
  10. Ouest France, « Le festival Caméras rebelles engagé auprès des lanceurs d'alerte », sur ouest-france.fr, (consulté le )
  11. Communiqué de presse : (en) « “Asbestos : A Silent Danger?” Colombia : The Strength of Fighting Together - ADAO - Asbestos Disease Awareness Organization », sur ADAO - Asbestos Disease Awareness Organization, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]