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« État de siège en Pologne de 1981 à 1983 » : différence entre les versions

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[[Fichier:Obwieszczenie o wprowadzeniu stanu wojennego (Polska, 1981).pdf|vignette|Proclamation de la loi martiale par le Conseil d’État, 1981.]]
[[Fichier:Wojciech Jaruzelski 1980s.jpg|thumb|120px|[[Wojciech Jaruzelski]].]]
L''''état de siège''' ou la '''loi martiale''' (parfois désigné par la traduction littérale de l'expression polonaise comme '''l'état de guerre''', {{pl}} ''stan wojenny'') a été instauré en [[République populaire de Pologne]] le [[13 décembre]] [[1981]] et resta en vigueur jusqu'au [[22 juillet]] [[1983]]. Tout au long de cette période, les citoyens souffraient des restrictions dans leur vie quotidienne.
L''''état de siège''' ou la '''[[loi martiale]]''' (parfois désigné par la traduction littérale de l'expression polonaise comme '''l'état de guerre''', {{pl}} ''stan wojenny'') a été instauré en [[République populaire de Pologne]] le {{date|13|décembre|1981}} et resta en vigueur jusqu'au {{date|22|juillet|1983}}. Tout au long de cette période, les citoyens souffraient des restrictions dans leur vie quotidienne.


== Histoire ==
== Histoire ==
Officiellement le décret instaurant l'[[état de siège]] fut une réaction à la difficile situation économique, à la menace sur la sécurité énergétique du pays et surtout à la probable intervention militaire de l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] en Pologne. Le régime communiste redoutait la perte du pouvoir, notamment face au rôle grandissant du syndicat [[Solidarność]]. Il a instauré un ''Conseil militaire de salut national'' ({{Lien|fr=Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego|lang=pl|trad=Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego|texte=Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego}}, WRON), présidé par le général [[Wojciech Jaruzelski|Jaruzelski]], qui était déjà [[Présidents du Conseil des ministres polonais|Premier ministre]] et premier secrétaire du [[Parti ouvrier unifié polonais|parti communiste (PZPR)]], composé d'officiers généraux et d'officiers supérieurs, aux pouvoirs juridiquement flous, et qui avait de fait le pas sur le comité central du Parti, sur le gouvernement et sur le parlement.
Officiellement le décret instaurant l'[[état de siège]] est une réaction à la difficile situation économique, à la menace sur la sécurité énergétique du pays et surtout à la probable intervention militaire de l’[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] en Pologne. Le régime communiste redoutait la perte du pouvoir, notamment face au rôle grandissant du syndicat [[Solidarność]] et ne voulait pas une répétition de l'[[invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie]] en 1968.[[Fichier:Wojciech Jaruzelski 1980s.jpg|thumb|120px|[[Wojciech Jaruzelski]].|alt=|gauche]]
Il instaure un ''Conseil militaire de salut national'' ({{Lien|fr=Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego|lang=pl|trad=Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego|texte=Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego}}, WRON), présidé par le général [[Wojciech Jaruzelski|Jaruzelski]], qui était déjà [[Liste des chefs du gouvernement polonais|Premier ministre]] et premier secrétaire du [[Parti ouvrier unifié polonais|parti communiste (PZPR)]], composé d'officiers généraux et d'officiers supérieurs, aux pouvoirs juridiquement flous, et qui avait de fait le pas sur le comité central du parti, sur le gouvernement et sur le parlement.


Le gouvernement interne sans procès pour plusieurs mois ou condamne à la prison de nombreux militants d'opposition ou anciens dirigeants communistes. Le [[couvre-feu]], la [[censure]] sont introduits, les frontières et les aéroports sont fermés. Plus de {{nombre|10000|cadres}} et militants syndicaux sont internés dans {{nobr|48 camps}}.
[[Fichier:Telegr.jpg|thumb|120px|Un télégramme censuré - 1982.]]
Le gouvernement a interné sans procès pour plusieurs mois ou condamné à la prison de nombreux militants d'opposition ou anciens dirigeants communistes. Le [[couvre-feu]], la [[censure]] ont été introduits, les frontières et les aéroports ont été fermés. Plus de {{formatnum:10000}} cadres et militants syndicaux sont internés dans 48 camps.


La résistance de la société se manifestait entre autres par les [[grève]]s, écrasées violemment par l'armée, les badges ornés de symboles portés sur les vêtements, les slogans sur les murs et le [[samizdat]]. Certains acteurs et artistes ont [[boycott]]é les médias nationaux, mais après plusieurs [[arrestation]]s des journalistes, leur résistance s’est affaiblie.
Des grèves spontanées éclatent, mais elles sont vite matées par la police et l'armée. Neuf mineurs de la [[mine de Wujek]] en Silésie (sud) sont tués lors d'une rafle des [[ZOMO]], les forces anti-émeutes<ref name="Mrozinski2014">Michel Mrozinski, [https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/2014/05/25/letat-de-siege-en-pologne-en-1981-2GR2OB6NHRFMRKWHZVUXRPQBR4/ L'état de siège en Pologne en 1981], lalibre.be, 25 mai 2014</ref>. La résistance de la [[société civile]] se manifeste également par des badges ornés de symboles portés sur les vêtements, les slogans sur les murs et le [[samizdat]]. Certains acteurs et artistes ont [[boycott]]é les médias nationaux, mais après plusieurs [[arrestation]]s de journalistes, leur résistance s’est affaiblie.


Rendu illégal, le syndicat Solidarité s'organise dans la clandestinité. Ses principaux dirigeants, Lech Walesa y compris, resteront en prison pendant plusieurs mois<ref name="Mrozinski2014"/>. Toute l'année 1982 est ponctuée de manifestations, organisées par les structures clandestines de Solidarité qui sont sévèrement réprimées par le régime<ref name="Mrozinski2014"/>.
La [[loi martiale]] a été suspendue le {{date|31|décembre|1982}} et annulée le 22 juillet 1983. Le parlement polonais a admis en 1992 que sa proclamation était illégale. Le {{date|17|avril|2007}}, les responsables de son instauration en Pologne (les généraux [[Wojciech Jaruzelski]], [[Czesław Kiszczak]] et 7 autres personnes) ont été officiellement inculpés pour « crime communiste ».

La [[loi martiale]] a été suspendue le {{date|31|décembre|1982}} et annulée le {{date-|22 juillet 1983}}. Après la [[chute des régimes communistes en Europe]], le [[Assemblée nationale (Pologne)|parlement polonais]] a admis en 1992 que sa proclamation était illégale. Le {{date|17|avril|2007}}, les responsables de son instauration en Pologne (les généraux [[Wojciech Jaruzelski]], [[Czesław Kiszczak]] et sept autres personnes) ont été officiellement inculpés pour « crime communiste ».

== Réactions internationales ==
{{...}}
Les réactions des pays étrangers sont assez variables. Plusieurs pays furent [[Attentisme|attentistes]] face à ce qui fut considéré comme une affaire interne. Du côté des organisations, une grande partie proteste contre la loi martiale au contraire des [[Communisme|partis communistes]] et des syndicats les soutenant<ref>{{Lien web|url= https://www.youtube.com/watch?v=JCt0hOxCAmo|titre= Journal de 20 heures d'Antenne 2|site= YouTube avec l'INA|description= journal très largement consacré à la Pologne|date= 13 décembre 1981}}</ref>.

Le {{date-|31 janvier 1982}}, fut mondialement diffusé ''Let Poland Be Poland'', un programme caritatif de soutien sponsorisé par l'[[United States Information Agency]]<ref>{{Lien web|langue= en|url= https://www.washingtonpost.com/archive/lifestyle/1982/02/01/international-tribute-to-poland/f0ea7c6a-db67-40f9-837f-4f047b139ce4/|titre= International Tribute to Poland|site= The Washington Post|date= {{1er}} février 1982}}</ref>.

== Galerie ==
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Fichier:T-55A Martial law Poland.jpg|Une colonne de chars T-55 entre dans la ville de Zbąszynek, se dirigeant vers l’est en direction de la ville de Poznań, le {{date-|13 décembre 1981}}.
Fichier:Censored Telegram Poland 1982.jpg|Un télégramme censuré, 1982.
Fichier:Kartka P3 11-83.jpeg|Carte de rationnement des aliments, de l'alcool et des cigarettes.
</gallery>

== Notes et références ==
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons = Category:Martial law in Poland}}
{{Autres projets|commons = Category:Martial law in Poland}}


=== Liens externes ===
=== Lien externe ===
* {{fr}} [http://www.lemonde.fr/europe/article/2006/03/31/jaruzelski-inculpe-pour-avoir-instaure-la-loi-martiale-en-1981_756784_3214.html Le général Jaruzelski est officiellement inculpé pour la loi martiale de 1981], ''[[Le Monde]]''
* [https://www.lemonde.fr/europe/article/2006/03/31/jaruzelski-inculpe-pour-avoir-instaure-la-loi-martiale-en-1981_756784_3214.html « Le général Jaruzelski est officiellement inculpé pour la loi martiale de 1981 »], ''[[Le Monde]]''.
* [https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab8101724601/etat-de-siege-a-varsovie État de siège à Varsovie], Journal A2 Edition 20H - 13.12.1981, Arbeitsgemeinschaft des Oef. Rechtlich. Rund., document INA


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[[Catégorie:Vie politique et sociétale du monde communiste pendant la guerre froide]]
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[[Catégorie:Anticommunisme en Pologne]]
[[Catégorie:Anticommunisme en Pologne]]
[[Catégorie:Coup d'État ou tentative de coup d'État au XXe siècle]]
[[Catégorie:1981 en Pologne]]
[[Catégorie:1982 en Pologne]]
[[Catégorie:1983 en Pologne]]

Version du 1 août 2023 à 20:00

Proclamation de la loi martiale par le Conseil d’État, 1981.

L'état de siège ou la loi martiale (parfois désigné par la traduction littérale de l'expression polonaise comme l'état de guerre, (pl) stan wojenny) a été instauré en République populaire de Pologne le et resta en vigueur jusqu'au . Tout au long de cette période, les citoyens souffraient des restrictions dans leur vie quotidienne.

Histoire

Officiellement le décret instaurant l'état de siège est une réaction à la difficile situation économique, à la menace sur la sécurité énergétique du pays et surtout à la probable intervention militaire de l’Union soviétique en Pologne. Le régime communiste redoutait la perte du pouvoir, notamment face au rôle grandissant du syndicat Solidarność et ne voulait pas une répétition de l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie en 1968.

Wojciech Jaruzelski.

Il instaure un Conseil militaire de salut national (Wojskowa Rada Ocalenia Narodowego (pl), WRON), présidé par le général Jaruzelski, qui était déjà Premier ministre et premier secrétaire du parti communiste (PZPR), composé d'officiers généraux et d'officiers supérieurs, aux pouvoirs juridiquement flous, et qui avait de fait le pas sur le comité central du parti, sur le gouvernement et sur le parlement.

Le gouvernement interne sans procès pour plusieurs mois ou condamne à la prison de nombreux militants d'opposition ou anciens dirigeants communistes. Le couvre-feu, la censure sont introduits, les frontières et les aéroports sont fermés. Plus de 10 000 cadres et militants syndicaux sont internés dans 48 camps.

Des grèves spontanées éclatent, mais elles sont vite matées par la police et l'armée. Neuf mineurs de la mine de Wujek en Silésie (sud) sont tués lors d'une rafle des ZOMO, les forces anti-émeutes[1]. La résistance de la société civile se manifeste également par des badges ornés de symboles portés sur les vêtements, les slogans sur les murs et le samizdat. Certains acteurs et artistes ont boycotté les médias nationaux, mais après plusieurs arrestations de journalistes, leur résistance s’est affaiblie.

Rendu illégal, le syndicat Solidarité s'organise dans la clandestinité. Ses principaux dirigeants, Lech Walesa y compris, resteront en prison pendant plusieurs mois[1]. Toute l'année 1982 est ponctuée de manifestations, organisées par les structures clandestines de Solidarité qui sont sévèrement réprimées par le régime[1].

La loi martiale a été suspendue le et annulée le . Après la chute des régimes communistes en Europe, le parlement polonais a admis en 1992 que sa proclamation était illégale. Le , les responsables de son instauration en Pologne (les généraux Wojciech Jaruzelski, Czesław Kiszczak et sept autres personnes) ont été officiellement inculpés pour « crime communiste ».

Réactions internationales

Les réactions des pays étrangers sont assez variables. Plusieurs pays furent attentistes face à ce qui fut considéré comme une affaire interne. Du côté des organisations, une grande partie proteste contre la loi martiale au contraire des partis communistes et des syndicats les soutenant[2].

Le , fut mondialement diffusé Let Poland Be Poland, un programme caritatif de soutien sponsorisé par l'United States Information Agency[3].

Galerie

Notes et références

  1. a b et c Michel Mrozinski, L'état de siège en Pologne en 1981, lalibre.be, 25 mai 2014
  2. « Journal de 20 heures d'Antenne 2 », journal très largement consacré à la Pologne, sur YouTube avec l'INA,
  3. (en) « International Tribute to Poland », sur The Washington Post,

Voir aussi

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Lien externe