« Victime civile » : différence entre les versions

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[[File:Kuollut poika kadulla Tampereen taistelun jälkeen (26936607506).jpg|vignette|droite|Corps d'un petit garçon dans la rue à [[Tampere]] pendant la [[Guerre civile finlandaise]].]]
[[File:Kuollut poika kadulla Tampereen taistelun jälkeen (26936607506).jpg|vignette|droite|Corps d'un petit garçon dans la rue à [[Tampere]] pendant la [[guerre civile finlandaise]].]]
Une '''victime civile''' est une personne [[civil]]e (non militaire) blessée ou tuée par des non-civils, principalement des membres des {{Lien|langue=en|trad=law enforcement officer|fr=agent des forces de l'ordre|texte=forces de l'ordre}}, de l'[[militaire|armée]], des groupes rebelles ou des [[terrorisme|terroristes]]. Dans le [[droit de la guerre]], il s'agit des civils qui meurent ou qui sont blessés en raison des actes commis pendant une [[guerre]]. L'expression « victime civile » s'applique en général dans un cadre où ces actes de violence visent des objectifs politiques. Au cours des conflits armés, certaines structures, certains acteurs et certains procédés à divers niveaux jouent sur la {{Lien|langue=en|trad=Determinants of violence against civilians|fr=Déterminants de la violence contre des civils|texte=probabilité de violences contre des civils}}<ref name="Balcells">{{cite journal |last1=Balcells |first1=Laia |last2=Stanton |first2=Jessica A. |title=Violence Against Civilians During Armed Conflict: Moving Beyond the Macro- and Micro-Level Divide |journal=Annual Review of Political Science |date=11 May 2021 |volume=24 |issue=1 |pages=45–69 |doi=10.1146/annurev-polisci-041719-102229 |doi-access=free}}</ref>.

En [[droit international humanitaire]], une '''victime civile''' est une personne [[civil]]e (non [[militaire]]) blessée ou tuée par des non-civils, principalement des membres des {{Lien|langue=en|trad=law enforcement officer|fr=agent des forces de l'ordre|texte=forces de l'ordre}}, de l'[[militaire|armée]], des groupes rebelles ou des [[terrorisme|terroristes]]. Dans le [[droit de la guerre]], il s'agit des civils qui meurent ou qui sont blessés en raison des actes commis pendant une [[guerre]]. L'expression « victime civile » s'applique en général dans un cadre où ces actes de violence visent des objectifs politiques. Au cours des conflits armés, certaines structures, certains acteurs et certains procédés à divers niveaux jouent sur la {{Lien|langue=en|trad=Determinants of violence against civilians|fr=Déterminants de la violence contre des civils|texte=probabilité de violences contre des civils}}<ref name="Balcells">{{article|langue=en|nom1=Balcells |prénom1=Laia |nom2=Stanton |prénom2=Jessica A. |titre=Violence Against Civilians During Armed Conflict: Moving Beyond the Macro- and Micro-Level Divide |journal=Annual Review of Political Science |date=11 May 2021 |volume=24 |numéro=1 |pages=45–69 |doi=10.1146/annurev-polisci-041719-102229 |accès doi=libre}}</ref>. En français, un synonyme est « pertes civiles ».


L'expression « victime civile » renvoie parfois à des situations non militaires, par exemple pour distinguer les victimes dans les rangs de policiers et celles chez les criminels, comme des {{Lien|langue=en|trad=Bank robbery|fr=Hold-up de banque|texte=auteurs de hold-up dans une banque}}.
L'expression « victime civile » renvoie parfois à des situations non militaires, par exemple pour distinguer les victimes dans les rangs de policiers et celles chez les criminels, comme des {{Lien|langue=en|trad=Bank robbery|fr=Hold-up de banque|texte=auteurs de hold-up dans une banque}}.


== Généralités ==
== Généralités ==
[[File:Casualties of a mass panic - Chungking, China.jpg|vignette|droite|Victimes d'une [[Psychose collective|panique de foule]] pendant un [[bombardement de Chongqing|raid aérien japonais sur Chongqing]] en juin 1941<ref>{{Lien|langue=en|fr=Herbert Bix}}, ''{{Lien|langue=en|fr=Hirohito and the making of modern Japan}}'', 2001, p. 364</ref>. Plus de {{nombre|5000|civils}} sont morts pendant les deux premières journées des raids aériens en 1939.]]
[[File:Casualties of a mass panic - Chungking, China.jpg|vignette|droite|Victimes d'une [[Bousculade|panique de foule]] pendant un [[bombardement de Chongqing|raid aérien japonais sur Chongqing]] en juin 1941<ref>{{Lien|langue=en|fr=Herbert Bix}}, ''{{Lien|langue=en|fr=Hirohito and the making of modern Japan}}'', 2001, p. 364</ref>. Plus de {{nombre|5000|civils}} sont morts pendant les deux premières journées des raids aériens en 1939.]]


D'après l'[[Fonds des Nations unies pour l'enfance|UNICEF]], les morts civils pendant la guerre représentaient environ 5 % au tournant du {{S-|XX|e}} ; ce taux a bondi à 90 % dans les années 1990<ref>{{cite web|title=Patterns in conflict: Civilians are now the target|url=http://www.unicef.org/graca/patterns.htm|website=www.unicef.org}}</ref>.
D'après l'[[Fonds des Nations unies pour l'enfance|UNICEF]], les morts civils pendant la guerre représentaient environ 5 % au tournant du {{S-|XX|e}} ; ce taux a bondi à 90 % dans les années 1990<ref>{{lien web|langue=en|titre=Patterns in conflict: Civilians are now the target|url=http://www.unicef.org/graca/patterns.htm|site=unicef.org}}</ref>. D'après le Centre régional d'information pour l'Europe occidentale des Nations unies, dans un article de 2021, {{citation|Les civils continuent d’être les premières victimes des conflits armés actuels. Il y a parmi eux plus de tués et blessés que parmi les [[Combattant (droit)|forces combattantes]]}}. {{citation|88 % des personnes tuées ou blessées par des armes explosives en ville sont des civils}} et {{citation|plus de 160 millions de personnes vivent dans des zones à risques élevés ou touchées par des conflits}}<ref>{{lien web|titre=Conflits : les victimes civiles en 6 chiffres|site=unric.org|date=26 mai 2021|url=https://unric.org/fr/conflits-les-victimes-civiles-en-6-chiffres/}}.</ref>.


Obtenir des bilans précis sur les victimes de guerre est un processus notoirement complexe. Dénombrer les victimes civiles présente des difficultés spécifiques. L'un des problèmes réside parfois dans la contestation du terme « civil ». À un niveau superficiel, la définition d'un civil, du moins dans le cadre des conflits armés internationaux, est relativement simple : un civil est une personne qui n'est pas membre des forces armées et qui n'est pas un combattant dans une situation de conflit armé. Or, pour mener des statistiques fiables sur les victimes civiles de la guerre, il est nécessaire d'expliciter les critères d'inclusion dans cette catégorie. Bien souvent, un manque de clarté brouille les catégories permettant de déterminer si les groupes ci-dessous relèvent, ou non, des victimes civiles de la guerre<ref name="JU">[https://weblearn.ox.ac.uk/access/content/user/1044/Survival_Jun-Jul_2010_-_AR_on_lives___statistics_-_non-printable.pdf Lives and Statistics: Are 90% of War Victims Civilians?]</ref>.
Obtenir des bilans précis sur les victimes de guerre est un processus notoirement complexe. Dénombrer les victimes civiles présente des difficultés spécifiques. L'un des problèmes réside parfois dans la contestation du terme « civil ». À un niveau superficiel, la définition d'un civil, du moins dans le cadre des conflits armés internationaux, est relativement simple : un civil est une personne qui n'est pas membre des forces armées et qui n'est pas un combattant dans une situation de conflit armé. Or, pour mener des statistiques fiables sur les victimes civiles de la guerre, il est nécessaire d'expliciter les critères d'inclusion dans cette catégorie. Bien souvent, un manque de clarté brouille les catégories permettant de déterminer si les groupes ci-dessous relèvent, ou non, des victimes civiles de la guerre<ref name="JU">[https://weblearn.ox.ac.uk/access/content/user/1044/Survival_Jun-Jul_2010_-_AR_on_lives___statistics_-_non-printable.pdf Lives and Statistics: Are 90% of War Victims Civilians?]</ref>.
* Les personnes tuées par l'effet direct de la guerre ;
* Les personnes tuées par l'effet direct de la guerre ;
* Les personnes blessée par l'effet direct de la guerre ;
* Les personnes blessées par l'effet direct de la guerre ;
* Les personnes qui meurent, pendant ou après la guerre, à cause de ses effets indirects comme les maladies, la malnutrition, l'anarchie, et qui en temps de paix seraient mortes dans des proportions très différentes ;
* Les personnes qui meurent, pendant ou après la guerre, à cause de ses effets indirects comme les maladies, la [[malnutrition]], l'anarchie, et qui en temps de paix seraient mortes dans des proportions très différentes ;
* Les victimes d'une violence unilatérale, par exemple quand des États massacrent leurs propres ressortissants à cause des effets de la guerre ;
* Les victimes d'une violence unilatérale, par exemple quand des États massacrent leurs propres ressortissants à cause des effets de la guerre ;
* Les victimes de [[viol de guerre|viol et d'autres formes de violence sexuelle dans le cadre d'une guerre]] ;
* Les victimes de [[viol de guerre|viol et d'autres formes de violence sexuelle dans le cadre d'une guerre]] ;
* Les personnes déracinées lors d'une guerre, à savoir les [[réfugié]]s et les [[déplacés internes]] ;
* Les personnes déracinées lors d'une guerre, à savoir les [[réfugié]]s et les [[personnes déplacées]] ;
* Les personnes qui, même quand la guerre est terminée, meurent prématurément à cause des lésions subies pendant la guerre.
* Les personnes qui, même quand la guerre est terminée, meurent prématurément à cause des lésions subies pendant la guerre.


Inclure ces différentes catégories parmi les victimes de la guerre est un avis défendable, mais il convient d'être explicité. Chaque catégorie présente des problèmes méthodologiques propres. Dans la troisième catégorie, celle des personnes qui meurent des répercussions indirectes, il est nécessaire de comparer un taux « prévisible » (en temps de paix) et un taux « excessif » de mortalité. Dans le cas des victimes de [[Violence sexuelle|violences sexuelles]], il est possible de soulever des objections pour inclure non seulement les victimes directes des combattants, mais aussi les victimes « indirectes » de l'effondrement social. Dans la catégorie des personnes déracinées, il serait simplificateur de compter tous les réfugiés et déplacés comme des victimes : certains peuvent fuir la violence unilatérale d'un État répressif, une [[catastrophe naturelle]] ou une déstabilisation sociale généralisée. Toutefois, lors de certains épisodes de guerre, comme la [[troisième guerre indo-pakistanaise]], la [[guerre du Kosovo]] et la [[guerre d'Afghanistan (2001-2021)|guerre d'Afghanistan]], les campagnes militaires ont permis à d'importants flots de réfugiés de regagner leur pays. Ainsi, dans ces conflits de 1971 et de 1999, le retour des réfugiés était une raison déclarée de lancement des hostilités. Néanmoins, ce constat trouve très peu d'écho dans la littérature sur les victimes de guerres contemporaines. Une analyse des personnes déracinées présente de problèmes majeurs car les personnes piégées dans des zones de guerre peuvent vivre dans des conditions pires que celles des déracinés, mais figurent rarement dans les statistiques. Les données sur les morts issus de la guerre et sur les migrations liées à la guerre devraient être présentées séparément au lieu d'être mélangées<ref name="JU" />.


== Droit international ==
{{voir aussi|Droit international humanitaire}}


Après la [[Seconde Guerre mondiale]], une série de traités régissant le [[droit de la guerre]] sont adoptés à partir de 1949. Ces [[Conventions de Genève]] sont entrées en vigueur, en bonne partie, à cause d'une réaction générale face aux pratiques ayant eu cours pendant cette guerre. Bien que la [[quatrième convention de Genève]] s'efforce d'offrir quelques recours légaux aux civils en temps de guerre, la majorité des clauses portent sur les droits des civils dans les [[Occupation|territoires occupés]] et le texte ne réserve aucune place explicite aux problèmes du [[bombardement]] et des effets dangereux d'une [[Théâtre militaire|zone de combat]]<ref>{{ouvrage|langue=en|page=[https://archive.org/details/moralprinciplesn0000lack/page/213 213] |titre=Moral Principles and Nuclear Weapons |auteur=Douglas P. Lackey |éditeur=[[Rowman & Littlefield]] |date=1 January 1984 |isbn=978-0-8476-7116-8 |url=https://archive.org/details/moralprinciplesn0000lack/page/213 }}</ref>.
The inclusion of people in each of these categories may be defensible, but needs to be explicit. Each category presents its own methodological problems. In the case of people dying from indirect effects (category 3), much careful work is needed to distinguish between 'expected' and 'excess' levels of mortality. In the case of victims of sexual crimes (category 5) there could be an argument for including not only direct crimes by combatants, but also 'indirect' crimes due to general social collapse. In the case of those uprooted in war (category 6), the implication that refugees and IDPs always count as war victims is too simple. Some may be fleeing one-sided violence from a repressive state apparatus, natural calamity, or general social breakdown. Moreover, in certain episodes, such as the [[Indo-Pakistani War of 1971]], the [[Kosovo War]] of 1999, and the [[War in Afghanistan (2001–present)|Afghanistan War of 2001]], military campaigns have enabled large numbers of refugees to return home. Indeed, in the 1971 and 1999 wars, refugee return was a stated reason for launching hostilities. Yet this key observation finds remarkably little reflection in the literature about the casualties of contemporary war. A focus on the numbers of those uprooted in war is especially problematic as those who are trapped in conflict zones may in fact be worse off than those uprooted, but seldom feature in statistics. Figures for war deaths and for war-related migration should be presented separately, not amalgamated.<ref name="JU" />


En 1977, le [[Protocole I]] est adopté en tant qu'amendement aux conventions de Genève, il proscrit les attaques délibérées et [[attaque sans discrimination|sans discrimination]] contre les personnes et biens civils au sein d'une zone de combat et la puissance attaquante doit prendre des mesures et des précautions pour épargner, autant que possible, la vie et les biens des civils<ref>{{lien web|langue=en| url = http://www.icrc.org/ihl.nsf/7c4d08d9b287a42141256739003e636b/f6c8b9fee14a77fdc125641e0052b079 | titre = Protocol Additional to the Geneva Conventions of 1 August 1949, and relating to the Protection of Victims of International Armed Conflicts (Protocol I), 8 June 1977 | éditeur = The American National Red Cross}}</ref>. Bien que 173 pays aient ratifié le traité, certains États importants n'en sont pas signataires : [[États-Unis]], [[Israël]], [[Iran]], [[Pakistan]], [[Inde]] et [[Turquie]]<ref>{{lien web|langue=en| url = http://www.icrc.org/applic/ihl/ihl.nsf/States.xsp?xp_treatySelected=D9E6B6264D7723C3C12563CD002D6CE4&xp_viewStates=XPages_NORMStatesParties&redirect=0 | titre = Protocol Additional to the Geneva Conventions of 12 August 1949, and relating to the Protection of Victims of International Armed Conflicts (Protocol I), 8 June 1977 | éditeur = International Committee of the Red Cross}}</ref>.
==Droit international ==


Le [[Statut de Rome]] considère que « diriger intentionnellement des attaques contre la population civile » est illégal, mais cet article n'est entré en vigueur que le {{date-|01 juillet 2002}} et certains pays ne l'ont pas ratifié<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.un.org/law/icc/statute/romefra.htm|titre=Rome Statute}}</ref>.
Following the Second World War, a series of treaties governing the laws of war were adopted starting in 1949. These [[Geneva Conventions]] would come into force, in no small part, because of a general reaction against the practices of the Second World War. Although the [[Fourth Geneva Convention]] attempted to erect some legal defenses for civilians in time of [[war]], the bulk of the Fourth Convention devoted to explicating civilian rights in [[occupied territories]], and no explicit attention is paid to the problems of [[bombardment]] and the hazardous effects in the [[combat|combat-zone]].<ref>{{cite book |page=[https://archive.org/details/moralprinciplesn0000lack/page/213 213] |title=Moral Principles and Nuclear Weapons |author=Douglas P. Lackey |publisher=[[Rowman & Littlefield]] |date=1 January 1984 |isbn=978-0-8476-7116-8 |url=https://archive.org/details/moralprinciplesn0000lack/page/213 }}</ref>

In 1977, [[Protocol I]] was adopted as an amendment to the Geneva Conventions, prohibiting the deliberate or [[indiscriminate attack]] of civilians and civilian objects in the war-zone and the attacking force must take precautions and steps to spare the lives of civilians and civilian objects as possible.<ref>{{cite web | url = http://www.icrc.org/ihl.nsf/7c4d08d9b287a42141256739003e636b/f6c8b9fee14a77fdc125641e0052b079 | title = Protocol Additional to the Geneva Conventions of 1 August 1949, and relating to the Protection of Victims of International Armed Conflicts (Protocol I), 8 June 1977 | publisher = The American National Red Cross}}</ref> Although ratified by 173 countries, the only countries that are currently not signatories to Protocol I are the [[United States]], [[Israel]], [[Iran]], [[Pakistan]], [[India]], and [[Turkey]].<ref>{{cite web | url = http://www.icrc.org/applic/ihl/ihl.nsf/States.xsp?xp_treatySelected=D9E6B6264D7723C3C12563CD002D6CE4&xp_viewStates=XPages_NORMStatesParties&redirect=0 | title = Protocol Additional to the Geneva Conventions of 12 August 1949, and relating to the Protection of Victims of International Armed Conflicts (Protocol I), 8 June 1977 | publisher = International Committee of the Red Cross}}</ref>

The [[Rome Statute]] defines that "intentionally directing attacks against the civilian population" to be illegal, but only came into effect on 1 July 2002 and has not been [[ratified]] by every country.<ref>{{Cite web|url=https://www.un.org/law/icc/statute/romefra.htm|title=Rome Statute}}</ref>


== Éthique ==
== Éthique ==
{{voir aussi|Éthique militaire}}
Many modern nations' views on the [[ethics]] of civilian casualties align with the [[Just War|Just War theory]], which advocates a system of [[proportionality (law)|proportionality]]. An [[Casus belli|act of war]] is deemed proportional in Just War theory if the overall destruction expected from the use of force is outweighed by the projected good to be achieved.<ref>{{Cite web |url=http://www.usccb.org/sdwp/international/justwar.htm |title=USCCB - Excerpts from the Harvest of Justice is Sown in Peace |access-date=7 July 2006 |archive-date=12 July 2006 |archive-url=https://web.archive.org/web/20060712075249/http://www.usccb.org/sdwp/international/justwar.htm |url-status=dead }}</ref> This view is a war-adapted version of [[utilitarianism]], the moral system which advocates that the morally correct action is the one that does the most good.


Pour de nombreuses nations modernes, la question de l'[[éthique]] sur les victimes civiles s'aligne avec la [[doctrine de la guerre juste]], qui plaide en faveur du [[principe de proportionnalité#Droit international humanitaire|principe de proportionnalité]]. Selon cette doctrine, un [[casus belli|acte de guerre]] est considéré comme proportionné si les bienfaits espérés par l'usage de la violence pèsent davantage que l'ensemble de la destruction prévue<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.usccb.org/sdwp/international/justwar.htm |titre=USCCB - Excerpts from the Harvest of Justice is Sown in Peace |consulté le=7 juillet 2006 |archive-date=12 July 2006 |archive-url=https://web.archive.org/web/20060712075249/http://www.usccb.org/sdwp/international/justwar.htm }}</ref>. Cette vision est une forme d'[[utilitarisme]] appliqué à la guerre, dans un système moral qui estime que l'action moralement correcte est celle qui entraînera les meilleurs résultats.
However, [[moral philosophers]] often contest this approach to war. Such theorists advocate [[Moral absolutism|absolutism]], which holds there are various ethical rules that are, as the name implies, absolute. One such rule is that [[non-combatants]] cannot be attacked because they are, by definition, not partaking in combat; to attack non-combatants anyway, regardless of the expected outcome, is to deny them [[Agency (philosophy)|agency]]. Thus, by the absolutist view, only enemy [[combatants]] can be attacked. The philosopher [[Thomas Nagel]] advocates this absolutist rule in his essay<ref>{{cite web|url=http://www.cs.ucdavis.edu/~rogaway/classes/188/spring06/papers/nagle_war.html|title=Nagel - War and Massacre|work=ucdavis.edu}}</ref> "War and Massacre".


Toutefois, des philosophes de la morale tendent à contester régulièrement cette approche de la guerre. Ces théoriciens plaident en faveur de l'[[absolutisme moral]], selon lequel il existe divers principes éthiques qui, comme l'indique leur nom, sont absolus. Or, l'un des principes veut que les [[non-combattant]]s ne doivent pas être attaqués, car par définition, ils ne participent pas aux hostilités, attaquer des non-combattants, quelle que soit l'issue espérée, revient à nier leur [[agentivité]]. Ainsi, dans l'opinion absolutiste, seuls les [[Combattant (droit)|combattants]] ennemis peuvent être attaqués. Le philosophe [[Thomas Nagel]] milite en faveur de ce principe absolutiste dans son essai « Guerre et massacre »<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.cs.ucdavis.edu/~rogaway/classes/188/spring06/papers/nagle_war.html|titre=Nagel - War and Massacre|site=ucdavis.edu}}</ref>.
Finally, the approach of [[pacifism]] is the belief that war of any kind is morally unjust. Pacifists sometimes extend [[humanitarian]] concern not just to enemy civilians but also to enemy combatants, especially [[conscripts]].<ref>{{cite web|url=http://www.themanifesto.info/manifesto.htm|archive-url=https://web.archive.org/web/20060220190620/http://www.themanifesto.info/manifesto.htm|url-status=dead|archive-date=20 February 2006|title=Manifesto against Conscription and the Military System|work=themanifesto.info}}</ref>

Enfin, l'approche du [[pacifisme]] est la conviction que la guerre, quel que soit son type, est moralement injuste. Les pacifistes témoignent parfois de leurs inquiétudes [[humanitaire]]s non seulement aux civils ennemis, mais aussi aux combattants ennemis, notamment les [[conscription|conscrits]]<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.themanifesto.info/manifesto.htm|archive-url=https://web.archive.org/web/20060220190620/http://www.themanifesto.info/manifesto.htm|archive-date=20 February 2006|titre=Manifesto against Conscription and the Military System|site=themanifesto.info}}</ref>.


=== Réfugiés ===
=== Réfugiés ===
Le droit de la guerre a changé au cours de l'histoire et certains traités internationaux, comme la [[quatrième convention de Genève]], offrent une protection légale explicite aux civils dans les [[Occupation|territoires occupés]] par une puissance [[belligérant]]e pendant et après un conflit armé international. La [[Convention relative au statut des réfugiés]] (1951) et le [[Protocole relatif au statut des réfugiés]] (1967) offrent aussi une protection aux personnes qui ont des motifs de craindre des [[persécution]]s.
The [[laws of war]] have changed over the course of history, and international protocols like the [[Fourth Geneva Convention]] explicitly provide legal protections to civilians in [[military occupation|territories occupied]] by a [[belligerent]] party during and after an international armed conflict. The 1951 [[Refugee Convention]] and the 1967 [[Protocol Relating to the Status of Refugees]] has also given protection to people who have a well founded fear of persecution.


Some researchers{{weasel words inline|date=September 2015|reason=UNDUE? ratio needed or attribution if the numbers are very small}} have included [[refugees]] and [[internally displaced persons]] in their definition of "civilian casualty".<ref>Ahlstrom, C. and K.-A. Nordquist (1991). "Casualties of conflict: report for the world campaign for the protection of victims of war." Uppsala, Department of Peace and Conflict Research, Uppsala University.</ref><ref name="Garbett2015">{{cite book|author=Claire Garbett|title=The Concept of the Civilian: Legal Recognition, Adjudication and the Trials of International Criminal Justice|url=https://books.google.com/books?id=cr8cBgAAQBAJ|date=9 January 2015|publisher=Routledge|isbn=978-1-136-00624-1}}</ref>
Certains auteurs considèrent que les [[réfugié]]s et les [[déplacés internes]] font partie des victimes civiles<ref>Ahlstrom, C. and K.-A. Nordquist (1991). "Casualties of conflict: report for the world campaign for the protection of victims of war." Uppsala, Department of Peace and Conflict Research, Uppsala University.</ref>{{,}}<ref name="Garbett2015">{{ouvrage|langue=en|auteur=Claire Garbett|titre=The Concept of the Civilian: Legal Recognition, Adjudication and the Trials of International Criminal Justice|url=https://books.google.com/books?id=cr8cBgAAQBAJ|date=9 January 2015|éditeur=Routledge|isbn=978-1-136-00624-1}}</ref>.

== Dommage collatéral ==
[[Image:Tokyo 1945-3-10-1.jpg|vignette|droite|[[Tokyo]] après le [[Bombardement de Tokyo du 10 mars 1945|bombardement incendiaire massif]] mené dans la nuit du 9 au {{date-|10 mars 1945}}. Cette opération a tué environ {{nombre|100000|civils}} et les capacités de production de la ville {{incise|objectif principal du bombardement}} ont été divisées par deux.]]
{{voir aussi|Dommage collatéral}}

Dans le cadre des conflits armés, les dommages collatéraux sont considérés comme les morts et blessures inévitables ou accidentelles des [[non-combattant]]s ou comme la destruction inévitable ou accidentelle de biens appartenant à des non-combattants à l'issue d'attaques contre des [[Objectif militaire légitime|objectifs militaires légitimes]].


== Taux de victimes civiles ==
== Taux de victimes civiles ==
{{Article détaillé|contenu=Article connexe : {{Lien|langue=en|trad=Civilian casualty ratio|fr=Taux de victimes civiles}}}}
{{Article détaillé|contenu=Article connexe : {{Lien|langue=en|trad=Civilian casualty ratio|fr=Taux de victimes civiles}}}}
The civilian casualty ratio in an [[armed conflict]] is the ratio of civilian casualties to combatant casualties or total casualties. The measurement can apply either to casualties inflicted by a particular belligerent or to casualties in the conflict as a whole.


Lors d'un conflit armé, le taux de victimes civiles représente la quantité de victimes civiles par rapport aux victimes [[combattant (droit)|combattantes]] ou au total des victimes. Cette statistique peut s'appliquer tant aux victimes d'un belligérant en particulier qu'à l'ensemble des victimes d'une guerre.
The ratio of ten civilian casualties for every combatant is a frequently-cited, but disputed figure.<ref>{{Cite web|url=https://www.iiss.org/publications/survival|title=Survival|website=IISS}}</ref>


Le taux de dix victimes civiles pour chaque victime combattante est souvent avancé, mais ce nombre est sujet à controverse<ref>{{lien web|url=https://www.iiss.org/publications/survival|titre=Survival|website=IISS}}</ref>.
== Dommage collatéral ==
{{voir aussi|Dommage collatéral}}
Collateral damage is defined in terms of armed conflict as unavoidable or accidental killing or injury of [[non-combatants]] or unavoidable or accidental destruction of non-combatant property caused by attacks on [[legitimate military target]]s.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|en|Civilian casualties}}
{{Traduction/Référence|en|Civilian casualties|1108511648}}
{{Références}}
{{Références}}

== Annexes ==
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* {{Lien|langue=en|trad=Casualty recording|fr=Recensement des victimes}}
* {{Lien|langue=en|trad=Casualty recording|fr=Recensement des victimes}}
* [[Attaque sans discrimination]]
* [[Pertes (militaire)]]
* [[Pertes (militaire)]]
* [[Camp de concentration]]
* [[Camp de concentration]]
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
{{Liens}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* [http://global.oup.com/academic/product/counting-civilian-casualties-9780199977314?q=seybolt&lang=en&cc=us Counting Civilian Casualties: An Introduction to Recording and Estimating Non-military Deaths in Conflict.]
* [http://global.oup.com/academic/product/counting-civilian-casualties-9780199977314?q=seybolt&lang=en&cc=us Counting Civilian Casualties: An Introduction to Recording and Estimating Non-military Deaths in Conflict.]
* Twentieth Century Atlas - Death Tolls [http://users.erols.com/mwhite28/warstat1.htm WAR STATS REDIRECT] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat2.htm WAR STATS REDIRECT] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat3.htm WAR STATS REDIRECT] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat4.htm] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat5.htm Twentieth Century Atlas - Death Tolls] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat6.htm Twentieth Century Atlas - Death Tolls] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat7.htm Twentieth Century Atlas - Death Tolls] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat8.htm]
* Twentieth Century Atlas - Death Tolls [http://users.erols.com/mwhite28/warstat1.htm WAR STATS REDIRECT] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat2.htm WAR STATS REDIRECT] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat3.htm WAR STATS REDIRECT] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat4.htm] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat5.htm Twentieth Century Atlas - Death Tolls] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat6.htm Twentieth Century Atlas - Death Tolls] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat7.htm Twentieth Century Atlas - Death Tolls] [http://users.erols.com/mwhite28/warstat8.htm]
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* [https://web.archive.org/web/20080613185726/http://findarticles.com/p/articles/mi_m1510/is_1987_Fall/ai_5151514/print ''The world's worst massacres''], by Greg Brecht. Fall, 1987. [[Whole Earth Review]].
* [https://web.archive.org/web/20080613185726/http://findarticles.com/p/articles/mi_m1510/is_1987_Fall/ai_5151514/print ''The world's worst massacres''], by Greg Brecht. Fall, 1987. [[Whole Earth Review]].


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Dernière version du 1 décembre 2023 à 15:25

Corps d'un petit garçon dans la rue à Tampere pendant la guerre civile finlandaise.

En droit international humanitaire, une victime civile est une personne civile (non militaire) blessée ou tuée par des non-civils, principalement des membres des forces de l'ordre (en), de l'armée, des groupes rebelles ou des terroristes. Dans le droit de la guerre, il s'agit des civils qui meurent ou qui sont blessés en raison des actes commis pendant une guerre. L'expression « victime civile » s'applique en général dans un cadre où ces actes de violence visent des objectifs politiques. Au cours des conflits armés, certaines structures, certains acteurs et certains procédés à divers niveaux jouent sur la probabilité de violences contre des civils (en)[1]. En français, un synonyme est « pertes civiles ».

L'expression « victime civile » renvoie parfois à des situations non militaires, par exemple pour distinguer les victimes dans les rangs de policiers et celles chez les criminels, comme des auteurs de hold-up dans une banque (en).

Généralités[modifier | modifier le code]

Victimes d'une panique de foule pendant un raid aérien japonais sur Chongqing en juin 1941[2]. Plus de 5 000 civils sont morts pendant les deux premières journées des raids aériens en 1939.

D'après l'UNICEF, les morts civils pendant la guerre représentaient environ 5 % au tournant du XXe siècle ; ce taux a bondi à 90 % dans les années 1990[3]. D'après le Centre régional d'information pour l'Europe occidentale des Nations unies, dans un article de 2021, « Les civils continuent d’être les premières victimes des conflits armés actuels. Il y a parmi eux plus de tués et blessés que parmi les forces combattantes ». « 88 % des personnes tuées ou blessées par des armes explosives en ville sont des civils » et « plus de 160 millions de personnes vivent dans des zones à risques élevés ou touchées par des conflits »[4].

Obtenir des bilans précis sur les victimes de guerre est un processus notoirement complexe. Dénombrer les victimes civiles présente des difficultés spécifiques. L'un des problèmes réside parfois dans la contestation du terme « civil ». À un niveau superficiel, la définition d'un civil, du moins dans le cadre des conflits armés internationaux, est relativement simple : un civil est une personne qui n'est pas membre des forces armées et qui n'est pas un combattant dans une situation de conflit armé. Or, pour mener des statistiques fiables sur les victimes civiles de la guerre, il est nécessaire d'expliciter les critères d'inclusion dans cette catégorie. Bien souvent, un manque de clarté brouille les catégories permettant de déterminer si les groupes ci-dessous relèvent, ou non, des victimes civiles de la guerre[5].

  • Les personnes tuées par l'effet direct de la guerre ;
  • Les personnes blessées par l'effet direct de la guerre ;
  • Les personnes qui meurent, pendant ou après la guerre, à cause de ses effets indirects comme les maladies, la malnutrition, l'anarchie, et qui en temps de paix seraient mortes dans des proportions très différentes ;
  • Les victimes d'une violence unilatérale, par exemple quand des États massacrent leurs propres ressortissants à cause des effets de la guerre ;
  • Les victimes de viol et d'autres formes de violence sexuelle dans le cadre d'une guerre ;
  • Les personnes déracinées lors d'une guerre, à savoir les réfugiés et les personnes déplacées ;
  • Les personnes qui, même quand la guerre est terminée, meurent prématurément à cause des lésions subies pendant la guerre.

Inclure ces différentes catégories parmi les victimes de la guerre est un avis défendable, mais il convient d'être explicité. Chaque catégorie présente des problèmes méthodologiques propres. Dans la troisième catégorie, celle des personnes qui meurent des répercussions indirectes, il est nécessaire de comparer un taux « prévisible » (en temps de paix) et un taux « excessif » de mortalité. Dans le cas des victimes de violences sexuelles, il est possible de soulever des objections pour inclure non seulement les victimes directes des combattants, mais aussi les victimes « indirectes » de l'effondrement social. Dans la catégorie des personnes déracinées, il serait simplificateur de compter tous les réfugiés et déplacés comme des victimes : certains peuvent fuir la violence unilatérale d'un État répressif, une catastrophe naturelle ou une déstabilisation sociale généralisée. Toutefois, lors de certains épisodes de guerre, comme la troisième guerre indo-pakistanaise, la guerre du Kosovo et la guerre d'Afghanistan, les campagnes militaires ont permis à d'importants flots de réfugiés de regagner leur pays. Ainsi, dans ces conflits de 1971 et de 1999, le retour des réfugiés était une raison déclarée de lancement des hostilités. Néanmoins, ce constat trouve très peu d'écho dans la littérature sur les victimes de guerres contemporaines. Une analyse des personnes déracinées présente de problèmes majeurs car les personnes piégées dans des zones de guerre peuvent vivre dans des conditions pires que celles des déracinés, mais figurent rarement dans les statistiques. Les données sur les morts issus de la guerre et sur les migrations liées à la guerre devraient être présentées séparément au lieu d'être mélangées[5].

Droit international[modifier | modifier le code]

Après la Seconde Guerre mondiale, une série de traités régissant le droit de la guerre sont adoptés à partir de 1949. Ces Conventions de Genève sont entrées en vigueur, en bonne partie, à cause d'une réaction générale face aux pratiques ayant eu cours pendant cette guerre. Bien que la quatrième convention de Genève s'efforce d'offrir quelques recours légaux aux civils en temps de guerre, la majorité des clauses portent sur les droits des civils dans les territoires occupés et le texte ne réserve aucune place explicite aux problèmes du bombardement et des effets dangereux d'une zone de combat[6].

En 1977, le Protocole I est adopté en tant qu'amendement aux conventions de Genève, il proscrit les attaques délibérées et sans discrimination contre les personnes et biens civils au sein d'une zone de combat et la puissance attaquante doit prendre des mesures et des précautions pour épargner, autant que possible, la vie et les biens des civils[7]. Bien que 173 pays aient ratifié le traité, certains États importants n'en sont pas signataires : États-Unis, Israël, Iran, Pakistan, Inde et Turquie[8].

Le Statut de Rome considère que « diriger intentionnellement des attaques contre la population civile » est illégal, mais cet article n'est entré en vigueur que le et certains pays ne l'ont pas ratifié[9].

Éthique[modifier | modifier le code]

Pour de nombreuses nations modernes, la question de l'éthique sur les victimes civiles s'aligne avec la doctrine de la guerre juste, qui plaide en faveur du principe de proportionnalité. Selon cette doctrine, un acte de guerre est considéré comme proportionné si les bienfaits espérés par l'usage de la violence pèsent davantage que l'ensemble de la destruction prévue[10]. Cette vision est une forme d'utilitarisme appliqué à la guerre, dans un système moral qui estime que l'action moralement correcte est celle qui entraînera les meilleurs résultats.

Toutefois, des philosophes de la morale tendent à contester régulièrement cette approche de la guerre. Ces théoriciens plaident en faveur de l'absolutisme moral, selon lequel il existe divers principes éthiques qui, comme l'indique leur nom, sont absolus. Or, l'un des principes veut que les non-combattants ne doivent pas être attaqués, car par définition, ils ne participent pas aux hostilités, attaquer des non-combattants, quelle que soit l'issue espérée, revient à nier leur agentivité. Ainsi, dans l'opinion absolutiste, seuls les combattants ennemis peuvent être attaqués. Le philosophe Thomas Nagel milite en faveur de ce principe absolutiste dans son essai « Guerre et massacre »[11].

Enfin, l'approche du pacifisme est la conviction que la guerre, quel que soit son type, est moralement injuste. Les pacifistes témoignent parfois de leurs inquiétudes humanitaires non seulement aux civils ennemis, mais aussi aux combattants ennemis, notamment les conscrits[12].

Réfugiés[modifier | modifier le code]

Le droit de la guerre a changé au cours de l'histoire et certains traités internationaux, comme la quatrième convention de Genève, offrent une protection légale explicite aux civils dans les territoires occupés par une puissance belligérante pendant et après un conflit armé international. La Convention relative au statut des réfugiés (1951) et le Protocole relatif au statut des réfugiés (1967) offrent aussi une protection aux personnes qui ont des motifs de craindre des persécutions.

Certains auteurs considèrent que les réfugiés et les déplacés internes font partie des victimes civiles[13],[14].

Dommage collatéral[modifier | modifier le code]

Tokyo après le bombardement incendiaire massif mené dans la nuit du 9 au . Cette opération a tué environ 100 000 civils et les capacités de production de la ville — objectif principal du bombardement — ont été divisées par deux.

Dans le cadre des conflits armés, les dommages collatéraux sont considérés comme les morts et blessures inévitables ou accidentelles des non-combattants ou comme la destruction inévitable ou accidentelle de biens appartenant à des non-combattants à l'issue d'attaques contre des objectifs militaires légitimes.

Taux de victimes civiles[modifier | modifier le code]

Lors d'un conflit armé, le taux de victimes civiles représente la quantité de victimes civiles par rapport aux victimes combattantes ou au total des victimes. Cette statistique peut s'appliquer tant aux victimes d'un belligérant en particulier qu'à l'ensemble des victimes d'une guerre.

Le taux de dix victimes civiles pour chaque victime combattante est souvent avancé, mais ce nombre est sujet à controverse[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Laia Balcells et Jessica A. Stanton, « Violence Against Civilians During Armed Conflict: Moving Beyond the Macro- and Micro-Level Divide », Annual Review of Political Science, vol. 24, no 1,‎ , p. 45–69 (DOI 10.1146/annurev-polisci-041719-102229 Accès libre)
  2. Herbert Bix (en), Hirohito and the making of modern Japan (en), 2001, p. 364
  3. (en) « Patterns in conflict: Civilians are now the target », sur unicef.org
  4. « Conflits : les victimes civiles en 6 chiffres », sur unric.org, .
  5. a et b Lives and Statistics: Are 90% of War Victims Civilians?
  6. (en) Douglas P. Lackey, Moral Principles and Nuclear Weapons, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-0-8476-7116-8, lire en ligne), 213
  7. (en) « Protocol Additional to the Geneva Conventions of 1 August 1949, and relating to the Protection of Victims of International Armed Conflicts (Protocol I), 8 June 1977 », The American National Red Cross
  8. (en) « Protocol Additional to the Geneva Conventions of 12 August 1949, and relating to the Protection of Victims of International Armed Conflicts (Protocol I), 8 June 1977 », International Committee of the Red Cross
  9. (en) « Rome Statute »
  10. (en) « USCCB - Excerpts from the Harvest of Justice is Sown in Peace » [archive du ] (consulté le )
  11. (en) « Nagel - War and Massacre », sur ucdavis.edu
  12. (en) « Manifesto against Conscription and the Military System » [archive du ], sur themanifesto.info
  13. Ahlstrom, C. and K.-A. Nordquist (1991). "Casualties of conflict: report for the world campaign for the protection of victims of war." Uppsala, Department of Peace and Conflict Research, Uppsala University.
  14. (en) Claire Garbett, The Concept of the Civilian: Legal Recognition, Adjudication and the Trials of International Criminal Justice, Routledge, (ISBN 978-1-136-00624-1, lire en ligne)
  15. « Survival », sur IISS

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]