« Christianisme nicéen » : différence entre les versions

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'''Christianisme nicéen''' est le nom que donnent les [[Historiographie|historiens modernes]] au [[Christianisme primitif|christianisme ancien]] de l'Église du premier millénaire tel qu'il fut défini au [[premier concile de Nicée]] en 325. Il est généralement (et [[Anachronisme|anachroniquement]]) appelé « christianisme orthodoxe » dans les écrits issus de la mouvance [[Église orthodoxe|orthodoxe moderne]]<ref>{{ru}}, A. P. Lebedev, ''Histoire de la séparation de l'Église aux {{s2-|IX|XI}}'' (История разделения Церквей в IX, X и XI веках, Saint-Petersbourg 1911, réédité 1999).</ref> et « église catholique » dans les écrits issus de la mouvance [[Église catholique|catholique moderne]]<ref>[[Michel Le Quien]], ''Oriens Christianus'', Paris 1740.</ref>{{,}}<ref>[[Charles George Herbermann]], ''Encyclopédie catholique''.</ref>{{,}}<ref>[[Jean Daniélou]], ''L'Église des premiers temps'', coll. Points Histoire, Seuil 1985.</ref>{{,}}<ref>Michel Rouche, « Clovis, histoire et mémoire » in : ''Actes du Colloque international d'histoire de Reims'', 19-25 septembre 1996, Volume 1, Presses Paris Sorbonne, 1997.</ref> : les deux Églises reconnaissent le [[premier concile de Nicée]], mais la culture historique de chaque auteur l'amène à considérer la continuité de l'[[Pentarchie|Église nicéenne]] d'avant la [[Séparation des Églises d'Orient et d'Occident|séparation de 1054]] comme maintenue par « son » église, plutôt que par l'autre<ref>Walter Bauer, ''Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity'', éd. Sigler Press, 1996 {{ISBN|978-0-9623642-7-3}} (rééd.) - [http://ccat.sas.upenn.edu/~humm/Resources/Bauer Traduction originale en anglais (1934) en ligne]</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Adolf von Harnack|traducteur=Eugène Choisy|postface=Kurt Kowak|titre=Histoire des dogmes|lieu=Paris|éditeur=Cerf|collection=Patrimoines. Christianisme|année=1993|numéro d'édition=2|pages totales=495|isbn=978-2-204-04956-6|oclc=409065439|bnf=35616019}}</ref>. [[Trinité (christianisme)|Trinitaire]], le christianisme nicéen définit son [[orthodoxie]] en opposition à l'[[arianisme]], forme [[Homéisme|homéenne]] du christianisme<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sylvie|nom1=Joye|titre=L'Europe barbare|sous-titre=476-714|éditeur=[[Armand Colin]]|année=2010|passage=160}}.</ref>.
Le '''christianisme nicéen''' est le nom courant du [[christianisme ancien]] issu du [[premier concile de Nicée]].
[[Fichier:Christian_states_495_AD_(en).png|350px|right|thumb|Diffusion de l'[[arianisme]] chez les [[Royaumes germaniques|élites germaniques]] à l'Ouest, et du christianisme nicéen chez les [[Langues romanes|populations romanes]] de l'Ouest (d'[[Église de Rome|obédience romaine]]) et grecques de l'[[Empire romain d'Orient]] à l'Est.]]
[[Fichier:Évolution_du_Christianisme.svg|350px|right|thumb|Place du christianisme nicéen dans le [[Synchronie et diachronie|schéma diachronique]] (non exhaustif) de la [[wikt:diversité|diversité]] des christianismes : l'épaisseur des branches évoque l'importance numérique approximative des fidèles de chaque confession.]]
[[Fichier:Christian_states_495_AD_(en).png|350px|right|thumb|Adoption de l'[[arianisme]] par les [[royaumes germaniques]] à l'Ouest, et du christianisme nicéen par l'[[Empire romain d'Orient]] à l'Est.]]


== Présentation ==
== Histoire ==
[[Trinité chrétienne|Trinitaire]], il définit son orthodoxie en opposition à l'[[arianisme]] ou le christianisme [[Homéisme|homéen]]<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Sylvie|nom1=Joye|titre=L'Europe barbare|sous-titre=476-714|éditeur=[[Armand Colin]]|année=2010|passage=160|isbn=}}</ref>. Le christianisme nicéen devint religion d'État en [[380]] dans l'[[Empire romain]] (soit près d'un siècle après l'[[Arménie]], premier État officiellement chrétien en 301) quand [[Théodose Ier|Théodose {{Ier}}]] imposa une législation abolissant les [[Paganisme|cultes païens]] et interdisant tout comportement païen dans l'[[Empire romain|Empire]].
Le christianisme nicéen devint religion d'État en [[380]] dans l'[[Empire romain]] (soit près d'un siècle après l'[[royaume d'Arménie|Arménie]], premier État officiellement chrétien en 301) quand [[Théodose Ier|Théodose {{Ier}}]] imposa une législation abolissant les [[Polythéisme|cultes païens]] ([[Mythologie romaine|romains]] ou [[Culte à mystères|autres]]) et interdisant tout comportement [[Paganisme|païen]] dans l'[[Empire romain|Empire]].


L'opposition entre ces deux tendances dogmatiques perdure pendant plusieurs siècles, se traduisant souvent en une opposition politique : l'homéisme est largement adopté par les dirigeants des [[royaumes barbares]] à la suite de l'influence de [[Wulfila]] tandis que les chrétiens issus du monde non barbare, particulièrement les élites romaines, ont adopté le christianisme nicéen<ref name=":0" />. Ce dernier, qui s'imposera progressivement par l'activité des puissants évêques nicéens souvent issus de la noblesse sénatoriale<ref name=":0" />, adhère à l'orthodoxie définie au [[premier concile de Nicée]] de [[325]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Catherine|nom1=Vincent|titre=Église et société en Occident|sous-titre=XIIIe-XVe siècles|éditeur=[[Armand Colin]]|année=2009|passage=12|isbn=}}</ref>.
L'opposition entre ces deux tendances [[Dogme|dogmatiques]] dure plusieurs siècles, se doublant d'oppositions politiques : l'homéïsme est largement adopté par les dirigeants des [[royaumes barbares]] à la suite de l'influence de [[Wulfila]] tandis que les chrétiens issus du monde romain ou [[Romanisation (histoire)|romanisé]] suivent l'orthodoxie définie au [[premier concile de Nicée]] de [[325]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Catherine|nom1=Vincent|titre=Église et société en Occident|sous-titre={{sp-|XIII|-|XV|s}}|éditeur=[[Armand Colin]]|année=2009|passage=12}}.</ref>. Cette dernière s'impose progressivement par l'influence des puissants évêques nicéens, parfois issus de la [[noblesse]] sénatoriale. Le dernier souverain germanique arien à adopter le christianisme nicéen est le [[Royaume lombard|roi lombard]] Aripert (653–661)<ref name=":0" />.

===Évolution===
Dans les écrits issus de la mouvance [[Église orthodoxe|orthodoxe moderne]], l'expression « christianisme orthodoxe » est souvent employée dans le sens de « christianisme nicéen » ; par contraste, dans les écrits issus de la mouvance [[Église catholique|catholique moderne]], c'est l'expression « Église catholique » qui est employée pour dire « christianisme nicéen »<ref>Par exemple chez Michel Rouche : ''Clovis, histoire et mémoire : actes du Colloque international d'histoire de Reims'', 19-25 septembre 1996, Volume 1, Presses Paris Sorbonne (1997)</ref>. Les deux Églises reconnaissent le [[premier concile de Nicée]], mais la culture historique de chaque auteur l'amène à considérer la continuité de l'[[Pentarchie|Église nicéenne]] d'avant la [[Séparation des Églises d'Orient et d'Occident|séparation de 1054]] comme maintenue par « son » église, plutôt que par l'autre<ref>Comme cela apparaît clairement en comparant, par exemple, des ouvrages comme ''L’Église des premiers temps'' de [[Jean Daniélou]] (Points Histoire, Seuil 1985) et ''Histoire de la séparation de l'église aux IX-XI siècles'' d'A. P. Lebedev (История разделения Церквей в IX, X и XI веках, Saint-Petersbourg 1911, réédité 1999).</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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Christianisme nicéen est le nom que donnent les historiens modernes au christianisme ancien de l'Église du premier millénaire tel qu'il fut défini au premier concile de Nicée en 325. Il est généralement (et anachroniquement) appelé « christianisme orthodoxe » dans les écrits issus de la mouvance orthodoxe moderne[1] et « église catholique » dans les écrits issus de la mouvance catholique moderne[2],[3],[4],[5] : les deux Églises reconnaissent le premier concile de Nicée, mais la culture historique de chaque auteur l'amène à considérer la continuité de l'Église nicéenne d'avant la séparation de 1054 comme maintenue par « son » église, plutôt que par l'autre[6],[7]. Trinitaire, le christianisme nicéen définit son orthodoxie en opposition à l'arianisme, forme homéenne du christianisme[8].

Diffusion de l'arianisme chez les élites germaniques à l'Ouest, et du christianisme nicéen chez les populations romanes de l'Ouest (d'obédience romaine) et grecques de l'Empire romain d'Orient à l'Est.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le christianisme nicéen devint religion d'État en 380 dans l'Empire romain (soit près d'un siècle après l'Arménie, premier État officiellement chrétien en 301) quand Théodose Ier imposa une législation abolissant les cultes païens (romains ou autres) et interdisant tout comportement païen dans l'Empire.

L'opposition entre ces deux tendances dogmatiques dure plusieurs siècles, se doublant d'oppositions politiques : l'homéïsme est largement adopté par les dirigeants des royaumes barbares à la suite de l'influence de Wulfila tandis que les chrétiens issus du monde romain ou romanisé suivent l'orthodoxie définie au premier concile de Nicée de 325[9]. Cette dernière s'impose progressivement par l'influence des puissants évêques nicéens, parfois issus de la noblesse sénatoriale. Le dernier souverain germanique arien à adopter le christianisme nicéen est le roi lombard Aripert (653–661)[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ru), A. P. Lebedev, Histoire de la séparation de l'Église aux IXe et XIe siècles (История разделения Церквей в IX, X и XI веках, Saint-Petersbourg 1911, réédité 1999).
  2. Michel Le Quien, Oriens Christianus, Paris 1740.
  3. Charles George Herbermann, Encyclopédie catholique.
  4. Jean Daniélou, L'Église des premiers temps, coll. Points Histoire, Seuil 1985.
  5. Michel Rouche, « Clovis, histoire et mémoire » in : Actes du Colloque international d'histoire de Reims, 19-25 septembre 1996, Volume 1, Presses Paris Sorbonne, 1997.
  6. Walter Bauer, Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity, éd. Sigler Press, 1996 (ISBN 978-0-9623642-7-3) (rééd.) - Traduction originale en anglais (1934) en ligne
  7. Adolf von Harnack (trad. Eugène Choisy, postface Kurt Kowak), Histoire des dogmes, Paris, Cerf, coll. « Patrimoines. Christianisme », , 2e éd., 495 p. (ISBN 978-2-204-04956-6, OCLC 409065439, BNF 35616019)
  8. a et b Sylvie Joye, L'Europe barbare : 476-714, Armand Colin, , p. 160.
  9. Catherine Vincent, Église et société en Occident : XIIIe – XVe siècles, Armand Colin, , p. 12.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]