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[[Image:DiorLippenstift.jpg|thumb|L'industrie française du cosmétique : porte-étendard mondial du luxe hexagonal.]]
[[Image:DiorLippenstift.jpg|thumb|L'industrie française du [[cosmétique]] : porte-étendard mondial du luxe hexagonal.]]


Le '''luxe''' (du latin'' [[wikt:luxuria#la|luxuria]]'') est le [[mode de vie]] consistant à pratiquer des dépenses somptuaires et superflues, dans le but de s'entourer d'un raffinement fastueux ou par pur goût de l'[[wikt:ostentation|ostentation]], par opposition aux facteurs ne relevant que de la stricte nécessité. Par extension, le luxe désigne également tous les éléments et pratiques permettant de parvenir à ce niveau de vie. L'aspect d'inutilité du luxe est à la base de l'expression « C'est du luxe ! », familière dans son utilisation pour qualifier quelque chose de [[wikt:superflu|superflu]]. Un produit de luxe désigne un produit d'une très grande qualité, raffiné, coûteux et rare, même si de nos jours les frontières du luxe sont tenues volontairement floues par les entreprises commercialisant produits et prestations.
Le '''luxe''' (du latin'' [[wikt:luxuria#la|luxuria]]'') est le [[mode de vie]] consistant à pratiquer des dépenses somptuaires et superflues, dans le but de s'entourer d'un raffinement fastueux ou par pur goût de l'[[Consommation ostentatoire|ostentation]], par opposition aux facteurs ne relevant que de la stricte nécessité. Par extension, le luxe désigne également tous les éléments et pratiques permettant de parvenir à ce niveau de vie. L'aspect d'inutilité du luxe est à la base de l'expression « C'est du luxe ! », familière dans son utilisation pour qualifier quelque chose de superflu. Un produit de luxe désigne un produit d'une très grande qualité, raffiné, coûteux et rare, même si de nos jours les frontières du luxe sont tenues volontairement floues par les entreprises commercialisant produits et prestations.


== Histoire du luxe ==
== Histoire du luxe ==
[[Fichier:Wealth.png|vignette|gauche|upright|Parure ostentatoire au [[Soudan]], en 2022.]]
Selon le dictionnaire [[Éditions Larousse|Larousse]] le luxe est le " caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux "<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Luxe: la définition {{!}} Journal du Luxe.fr Actualité du luxe |url=https://journalduluxe.fr/definition-luxe/ |consulté le=2020-07-01}}</ref>. [[Gilles Lipovetsky]], un philosophe français, défend que {{Citation|Longtemps, il n’y a eu qu’un seul luxe, celui de l’ostentation et du prestige, avec des châteaux et parures qui servaient à marquer son rang. Ce luxe statutaire, inaccessible pour presque tous, existera toujours pour ceux qui veulent afficher leur réussite.}} Mais que cette définition unique du luxe ne tient plus dans les sociétés modernes<ref name="+1">{{Article |langue=fr |titre=Et pour vous, qu'est-ce que le luxe? |périodique=Le Temps |date=2017-12-08 |issn=1423-3967 |lire en ligne=https://www.letemps.ch/societe/questce-luxe |consulté le=2020-07-01 }}</ref>. L'anthropologue Nicolas Chemla affirme {{Citation|Le luxe est une démesure qui fait dire qu’il n’est pas seulement beau, mais sublime. Il fait basculer l’homme dans le registre des passions.}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Nicolas Chemla|titre=Luxifer, pourquoi le luxe nous possède|lieu=Paris|éditeur=Seguier|année=2014|isbn=}}</ref>{{Source insuffisante}}. Le sociologue [[Frédéric Monneyron]] défend que {{Citation|Le luxe est un reflet des évolutions de la société, de ses désirs et ses inquiétude}}<ref name="+1" />. La [[Psychothérapie|psychothérapeute]] Catherine Bronnimann y voit un marqueur de [[classe sociale]], ceux ayant les moyens économiques de se procurer et de porter des produits le faisant afin de combler un "désir d’appartenance à une classe"<ref>{{Ouvrage|langue=fr|nom1=Bronnimann, Catherine|titre=La robe de Psyché|sous-titre=essai de lien entre psychanalyse et vêtement|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L' Harmattan]]|date=DL 2015, cop. 2015|pages totales=269|isbn=978-2-343-05213-7|isbn2=2-343-05213-1|oclc=905499526|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/905499526|consulté le=2020-07-02}}</ref>{{Source insuffisante}}.
Selon le dictionnaire [[Éditions Larousse|Larousse]] le luxe est le {{citation|caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux}}{{sfn|Définition/JournalDuLuxe }}. [[Gilles Lipovetsky]], un philosophe français, défend que {{Citation|Longtemps, il n’y a eu qu’un seul luxe, celui de l’ostentation et du prestige, avec des châteaux et parures qui servaient à marquer son rang. Ce luxe statutaire, inaccessible pour presque tous, existera toujours pour ceux qui veulent afficher leur réussite.}} Mais que cette définition unique du luxe ne tient plus dans les sociétés modernes{{sfn|Le Temps déc. 2017}}. L'anthropologue Nicolas Chemla affirme {{Citation|Le luxe est une démesure qui fait dire qu’il n’est pas seulement beau, mais sublime. Il fait basculer l’homme dans le registre des passions.}}{{sfn|Chemla|2014}}{{Source insuffisante}}. Le sociologue [[Frédéric Monneyron]] défend que {{Citation|Le luxe est un reflet des évolutions de la société, de ses désirs et ses inquiétudes}}{{sfn|Le Temps déc. 2017}}. La [[Psychothérapie|psychothérapeute]] Catherine Bronnimann y voit un marqueur de [[classe sociale]], ceux ayant les moyens économiques de se procurer et de porter des produits le faisant afin de combler un "désir d’appartenance à une classe"{{sfn|Bronnimann|2015}}{{Source insuffisante}}.


Le luxe véritable n'apparaît généralement pas dans une seule forme ou réalisation et s'accorde mieux avec une certaine profusion semblant si possible illimitée. Le luxe est donc naturellement associé à la [[richesse]] qui permet des investissements qui visent le pur [[agrément]] et non le [[profit]]. Dans le luxe, l'abondance s'associe au superflu pour conférer un sentiment de grande aisance matérielle et de raffinement du [[goût]]. Au {{s-|XVIII}}, cette [[sensation]] particulière a été fixée par [[Voltaire]] dans une formule un rien paradoxale : « ''Le superflu, chose très nécessaire'' » (poème [[s:Le_Mondain|''Le Mondain'']], [[1736]]).
Le luxe véritable n'apparaît généralement pas dans une seule forme ou réalisation et s'accorde mieux avec une certaine profusion semblant si possible illimitée. Le luxe est donc naturellement associé à la [[richesse]] qui permet des investissements qui visent le pur [[agrément]] et non le [[profit]]. Dans le luxe, l'abondance s'associe au superflu pour conférer un sentiment de grande aisance matérielle et de raffinement du [[goût]]. Au {{s-|XVIII}}, cette [[sensation]] particulière a été fixée par [[Voltaire]] dans une formule un rien paradoxale : {{citation|''Le superflu, chose très nécessaire''}}<ref>Poème {{wikisource|langue=fr |titre=Le Mondain |année=1736}}</ref>.


C'est sans doute en [[Asie]] que se situe pendant plusieurs siècles l'[[épicentre]] de l'idée de luxe, avec ses pierres précieuses, ses [[Laque|laques]], ses épices ou la soie, loin de la notion de productivité actuelle<ref name="CapitalHS" />.
C'est sans doute en [[Asie]] que se situe pendant plusieurs siècles l'[[épicentre]] de l'idée de luxe, avec ses pierres précieuses, ses [[Laque|laques]], ses épices ou la soie, loin de la notion de productivité actuelle{{sfn|Capital HS}}.


En [[France]], une étape importante dans l’émergence d’une tradition du luxe est d’ailleurs le développement de la [[Bombyx du mûrier|culture du mûrier pour le ver à soie]], sous [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]], dans le midi et le centre, même si la fabrication de la soie existait à Lyon depuis la [[Renaissance]]<ref name="Sapori2011">{{chapitre | titre chapitre=Les marchandes de modes parisiennes : le luxe de la parure féminine dans la France des Lumières| auteur1=[[Michelle Sapori]] |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation | auteurs ouvrage=Olivier Assouly (dir.) | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard | année=2011 | passage=29-50 }}</ref>{{,}}<ref>{{lien web| titre=Vers à soie | url=https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/zoologie-ver-soie-4578/ | site=[[Futura (portail web)|Futura]] }}</ref>. Une autre étape, à l'époque de [[Louis XIV]] est la constitution des [[Manufacture|grandes manufactures]]<ref>{{article| titre=Chanel et le couturier des Lumières | journal=[[Le Figaro]] | auteur1= Hélène Guillaume | auteur2=Émilie Veyretout | date=22 janvier 2019 | url texte=http://www.lefigaro.fr/lifestyle/2019/01/22/30001-20190122ARTFIG00272-chanel-et-le-couturier-des-lumieres.php }}</ref>. Le luxe n'est pas considéré par tous, dans cette France du {{s-|XVIII}}, comme un [[Économie (activité humaine)|stimulant économique]] : au contraire, il était généralement accusé de nombre de maux comme de s'accroître au détriment des besoins élémentaires des pauvres ou de favoriser la [[corruption]] des mœurs, en particulier celles de la jeunesse.
En [[France]], une étape importante dans l’émergence d’une tradition du luxe est d’ailleurs le développement de la [[Bombyx du mûrier|culture du mûrier pour le ver à soie]], sous [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]], dans le midi et le centre, même si la fabrication de la soie existait à Lyon depuis la [[Renaissance]]{{sfn|Sapori|2011}}{{,}}<ref>{{lien web| titre=Vers à soie | url=https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/zoologie-ver-soie-4578/ | site=[[Futura (portail web)|Futura]] }}</ref>. Une autre étape, à l'époque de [[Louis XIV]] et sous l'impulsion de son ministre Jean-Baptiste Colbert, est la constitution des [[Manufacture|grandes manufactures]]<ref>{{lien web | titre=Chanel et le couturier des Lumières | site=[[Le Figaro]] | auteur1= Hélène Guillaume | auteur2=Émilie Veyretout | date=22 janvier 2019 | url= http://www.lefigaro.fr/lifestyle/2019/01/22/30001-20190122ARTFIG00272-chanel-et-le-couturier-des-lumieres.php }}</ref>. Le luxe n'est pas considéré par tous, dans cette France du {{s-|XVIII}}, comme un [[Économie (activité humaine)|stimulant économique]] : au contraire, il était généralement accusé de nombre de maux comme de s'accroître au détriment des besoins élémentaires des pauvres ou de favoriser la [[corruption]] des mœurs, en particulier celles de la jeunesse.


Pour autant, [[Paris]] acquiert à cette époque une réputation de « capitale du luxe » même si cette évolution n'est pas du goût de tous : {{citation|Que le luxe, croissant tous les jours, commence à devenir un usage onéreux et insoutenable au monde qui l'a inventé, que c'est d'ici [Paris] qu'il se répand dans toute l'Europe…}} ([[Jean-Baptiste Massillon|Massillon]], ''Panégyrique de Saint Louis''). Ce développement d’une tradition du luxe en France s’accélère avec l’émergence d’une profession, les [[Marchande de modes|marchandes de modes]], en contact avec une clientèle intéressée par les mécanismes de l’ostentation et de la séduction, les membres de cette [[Cour (palais)|Cour]] vivant désormais dans l’entourage immédiat du [[Roi]] depuis [[Louis XIV]], et se voulant au-dessus des contingences communes. Ces marchandes de modes constituent un rouage déterminant entre les producteurs d’étoffe, les manufacturiers, les couturiers d’une part, et les consommateurs d’autre part. Elles sont à la fois en prise directe avec ces derniers, et donneurs d’ordre des différentes activités concernées. Elles vont diffuser constamment de nouvelles tendances, introduire une variation continuelle des parures, et cristalliser également cette notion de luxe autour de la figure de quelques créateurs, dont la fameuse [[Rose Bertin]]. À la veille de la [[Révolution française]], on ne veut plus simplement une robe dans la haute société, on veut du Bertin<ref name=Sapori2011 />. Suit, une soixantaine d'années plus tard, sous le [[Second Empire]], la création de marques telles que [[Cartier (entreprise)|Cartier]], [[Hermès International|Hermès]] ou [[Louis Vuitton|Vuitton]]. La bourgeoisie a supplanté la noblesse et revendique le droit au luxe<ref name=Chal444 />. C’est également sous ce [[Second Empire]] que [[Charles Frederick Worth]], couturier français d'origine britannique bénéficiant du soutien du régime impérial, lance ce qui va devenir la [[haute couture]], en y associant une dimension de rêve et de mystère<ref>{{chapitre| titre chapitre=Les modes vestimentaires dans la société occidentale | auteur1=[[Yvonne Deslandres]] | titre ouvrage=Histoire des mœurs | auteurs=[[Jean Poirier (ethnologue)|Jean Poirier]] (dir.) | collection=[[Encyclopédie de la Pléiade]] | éditeur= [[Éditions Gallimard]] | année=1990 | passage=1055}}</ref>.
Pour autant, [[Paris]] acquiert à cette époque une réputation de {{citation|capitale du luxe}} même si cette évolution n'est pas du goût de tous : {{citation|Que le luxe, croissant tous les jours, commence à devenir un usage onéreux et insoutenable au monde qui l'a inventé, que c'est d'ici [Paris] qu'il se répand dans toute l'Europe…}}<ref>{{ouvrage |auteur=[[Jean-Baptiste Massillon|Massillon]] |titre=Panégyrique de Saint Louis}}</ref>. Ce développement d’une tradition du luxe en France s’accélère avec l’émergence d’une profession, les [[Marchande de modes|marchandes de modes]], en contact avec une clientèle intéressée par les mécanismes de l’ostentation et de la séduction, les membres de cette [[Cour (palais)|Cour]] vivant désormais dans l’entourage immédiat du [[Roi]] depuis [[Louis XIV]], et se voulant au-dessus des contingences communes. Ces marchandes de modes constituent un rouage déterminant entre les producteurs d’étoffe, les manufacturiers, les couturiers d’une part, et les consommateurs d’autre part. Elles sont à la fois en prise directe avec ces derniers, et donneurs d’ordre des différentes activités concernées. Elles vont diffuser constamment de nouvelles tendances, introduire une variation continuelle des parures, et cristalliser également cette notion de luxe autour de la figure de quelques créateurs, dont la fameuse [[Rose Bertin]]. À la veille de la [[Révolution française]], on ne veut plus simplement une robe dans la haute société, on veut du Bertin{{sfn|Sapori|2011}}. Suit, une soixantaine d'années plus tard, sous le [[Second Empire]], la création de marques telles que [[Cartier (entreprise)|Cartier]], [[Hermès International|Hermès]] ou [[Louis Vuitton|Vuitton]]. La bourgeoisie a supplanté la noblesse et revendique le droit au luxe{{sfn|Challenges 444}}. C’est également sous ce [[Second Empire]] que [[Charles Frederick Worth]], couturier français d'origine britannique bénéficiant du soutien du régime impérial, lance ce qui va devenir la [[haute couture]], en y associant une dimension de rêve et de mystère{{sfn|Deslandres|1990|p=1055}}.


Bien plus tard, autour de quelques [[Grand couturier|grands couturiers]], [[parfumeur]]s et industriels<ref>Chevalier, M., Mazzalovo, G., (2008), ''Management et Marketing du luxe'', Paris, Dunod.</ref>, la constitution de grands groupes {{incise|souvent familiaux}} de l'industrie du luxe se réalise<ref>Chatriot, A. (2007), ''La construction récente des groupes de luxe français : mythes, discours et pratiques'', Entreprises et Histoire {{|46}}, {{p.|143-156}}. </ref> aux environs des [[Années 1990 en mode|années 1990]], sur l'héritage historique d'artisans devenus marques de luxe internationales<ref name="CapitalHS" />.
Bien plus tard, autour de quelques [[Grand couturier|grands couturiers]], [[parfumeur]]s et industriels{{sfn|Chevalier|Mazzalovo|2008}}, la constitution de grands groupes {{incise|souvent familiaux}} de l'industrie du luxe se réalise{{sfn|Chatriot|2007}} aux environs des [[Années 1990 en mode|années 1990]], sur l'héritage historique d'artisans devenus marques de luxe internationales{{sfn|Capital HS}}.


La France, {{Citation|championne mondiale du luxe}} concentre d'ailleurs plus de la moitié des quinze marques les plus importantes, qu'elles soient françaises ou appartenant à un [[Groupe d'entreprises|groupe]] national<ref name=Chal444>{{Article |auteur1=Thiébault Dromard|titre=Luxe, marques internationales. Champions du monde |périodique=[[Challenges]]|numéro=444 |date=10 septembre 2015 |pages=75 |issn=0751-4417|consulté le=17 janvier 2018 }}</ref>. Les années 2010 voient également se développer d'importantes entreprises du luxe, dans les cosmétiques par exemple, en France<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Luxe, art de vivre et développement durable : le triptyque de Lavandière de Provence |url=https://marseille.latribune.fr/entreprises-finance/2020-08-20/luxe-art-de-vivre-et-developpement-durable-le-triptyque-de-lavandiere-de-provence-855235.html |site=La Tribune |consulté le=2020-08-21}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Lavandière de Provence, un parfum de Scandinavie |url=https://www.laprovence.com/article/papier/5706779/lavandiere-de-provence-un-parfum-de-scandinavie.html |site=LaProvence.com |date=2019-10-07 |consulté le=2020-08-21}}</ref>.
La France, {{Citation|championne mondiale du luxe}} concentre d'ailleurs plus de la moitié des quinze marques les plus importantes, qu'elles soient françaises ou appartenant à un [[Groupe d'entreprises|groupe]] national{{sfn|Challenges 444}}. Les années 2010 voient également se développer d'importantes entreprises du luxe, dans les cosmétiques par exemple, en France<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Luxe, art de vivre et développement durable : le triptyque de Lavandière de Provence |url= https://marseille.latribune.fr/entreprises-finance/2020-08-20/luxe-art-de-vivre-et-developpement-durable-le-triptyque-de-lavandiere-de-provence-855235.html |site=La Tribune |consulté le=2020-08-21}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Lavandière de Provence, un parfum de Scandinavie
|url= https://www.laprovence.com/article/papier/5706779/lavandiere-de-provence-un-parfum-de-scandinavie.html
|site=La Provence |date=2019-10-07 |consulté le=2020-08-21}}</ref>.


Cette tradition du luxe qui s’implante en France et en Europe gagne aussi dès le {{s-|XIX}} le nouveau continent, et notamment les [[États-Unis]]. Dans cette société initialement très puritaine, le luxe se conçoit comme une des récompenses du travail, un signe de la réussite dans la compétition, et de l’achèvement du processus de civilisation. Il y est « public », et s’affirme y compris dans les buildings, du [[Woolworth Building]] à la [[Trump Tower]]. Il est une partie intégrante du projet social américain. Il repousse les frontières de la consommation, comme la [[conquête de l’Ouest]] a repoussé les frontières du pays, et il s’exprime dans un « goût américain » qui rejette l’entassement hétéroclite des styles et des époques de l’[[Ancien Monde]]<ref>{{chapitre | titre chapitre=Luxe et identité culturelle américaine| auteur1=Bruno Remaury |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation | auteurs ouvrage=Olivier Assouly (dir.) | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard | année=2011 | passage=213-230 }}</ref>.
Cette tradition du luxe qui s’implante en France et en Europe gagne aussi dès le {{s-|XIX}} le nouveau continent, et notamment les [[États-Unis]]. Dans cette société initialement très puritaine, le luxe se conçoit comme une des récompenses du travail, un signe de la réussite dans la compétition, et de l’achèvement du processus de civilisation. Il y est « public », et s’affirme y compris dans les buildings, du [[Woolworth Building]] à la [[Trump Tower]]. Il est une partie intégrante du projet social américain. Il repousse les frontières de la consommation, comme la [[conquête de l'Ouest]] a repoussé les frontières du pays, et il s’exprime dans un « goût américain » qui rejette l’entassement hétéroclite des styles et des époques de l’[[Ancien Monde]]{{sfn|Remaury|2011}}.


En [[Asie]], dans un pays tel que le [[Japon]], le luxe a été longtemps, comme en France, le privilège de l’aristocratie. Puis avec l’ouverture à l’Occident, et surtout la défaite de 1945 suivi d’un [[Miracle économique japonais|spectaculaire redressement du pays]] qui devient l’une des grandes puissances économiques du monde, la consommation de produits de luxe est devenue preuve du succès. Certaines marques occidentales deviennent des marqueurs de la réussite. Une nouvelle culture du luxe y est cependant en train d’y émerger au {{s-|XXI}}, prenant davantage de distance avec l’[[Occident]], pour affirmer son identité propre<ref>{{chapitre | titre chapitre= Les avatars du luxe en son paradis japonais| auteur1=Jean-Marie Bouissou |titre ouvrage=Le Luxe. Essai sur la fabrique de l’ostentation | auteurs ouvrage=Olivier Assouly (dir.) | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard | année=2011 | passage=231-246 }}</ref>. En Chine, l’attrait pour le luxe n’est pas tourné vers les siècles passés et un certain « âge d’or » en la matière, mais vers le monde<ref>{{chapitre | titre chapitre=Quelques aspects d’un luxe que l’on pourrait dire chinois| auteur1=Danièlle Elisseeff|titre ouvrage= Le Luxe. Essai sur la fabrique de l’ostentation | auteurs ouvrage=Olivier Assouly (dir.) | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard | année=2011 | passage=247-256 }}</ref>.
En [[Asie]], dans un pays tel que le [[Japon]], le luxe a été longtemps, comme en France, le privilège de l’aristocratie. Puis avec l’ouverture à l’Occident, et surtout la défaite de 1945 suivi d’un [[Miracle économique japonais|spectaculaire redressement du pays]] qui devient l’une des grandes puissances économiques du monde, la consommation de produits de luxe est devenue preuve du succès. Certaines marques occidentales deviennent des marqueurs de la réussite. Une nouvelle culture du luxe y est cependant en train d’y émerger au {{s-|XXI}}, prenant davantage de distance avec l’[[Occident]], pour affirmer son identité propre{{sfn|Bouissou|2011}}. En Chine, l’attrait pour le luxe n’est pas tourné vers les siècles passés et un certain « âge d’or » en la matière, mais vers le monde{{sfn|Elisseeff|2011}}.


Dans le [[sous-continent indien]], l’idée de luxe reste imprégnée de la riche histoire culturelle de cette contrée, qui a été historiquement au carrefour de différentes civilisations. Deux termes sont associés à cette notion. Le premier, ''vilas'', d’origine [[sanskrit]], évoque le plaisir et l’excès. Le second, ''aish'', d’origine [[arabe]], est lié au plaisir sensuel, au confort, et ouvre sur l’idée de profiter de la vie jusqu’au bout. ''Aishwarya'', qui malgré la ressemblance, n’a pas de lien [[Étymologie|étymologique]] avec ''aish'', signifie, en [[hindi]], opulence, ostentation, et est issu d’une racine, ''ish'', évoquant les Dieux. Il n’y a pas d’idée de «[[péché]]» associé : le luxe et la fortune sont le résultat de la place tenue dans la société. Mais l’[[hindouisme]] exhorte les personnes vivant dans le luxe à savoir s’en dégager temporairement et à en faire bénéficier leur entourage, le vrai sage étant celui qui renonce à tout. L’Inde a également hérité de l’[[empire moghol]] le goût de la mise en scène somptueuse du pouvoir<ref name=Zins2011>{{chapitre | titre chapitre=Le luxe en Inde : le lot des Dieux| auteur1=Max-Jean Zins |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation | auteurs ouvrage=Olivier Assouly (dir.) | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard | année=2011 | passage=257-268 }}</ref>.
Dans le [[sous-continent indien]], l’idée de luxe reste imprégnée de la riche histoire culturelle de cette contrée, qui a été historiquement au carrefour de différentes civilisations. Deux termes sont associés à cette notion. Le premier, ''vilas'', d’origine [[sanskrit]], évoque le plaisir et l’excès. Le second, ''aish'', d’origine [[arabe]], est lié au plaisir sensuel, au confort, et ouvre sur l’idée de profiter de la vie jusqu’au bout. ''Aishwarya'', qui malgré la ressemblance, n’a pas de lien [[Étymologie|étymologique]] avec ''aish'', signifie, en [[hindi]], opulence, ostentation, et est issu d’une racine, ''ish'', évoquant les Dieux. Il n’y a pas d’idée de «[[péché]]» associé : le luxe et la fortune sont le résultat de la place tenue dans la société. Mais l’[[hindouisme]] exhorte les personnes vivant dans le luxe à savoir s’en dégager temporairement et à en faire bénéficier leur entourage, le vrai sage étant celui qui renonce à tout. L’Inde a également hérité de l’[[empire moghol]] le goût de la mise en scène somptueuse du pouvoir{{sfn|Zins|2011}}.


== Poids économique des entreprises du luxe ==
== Poids économique des entreprises du luxe ==
Le luxe s'exprime dans tous les domaines où le [[plaisir]] importe, puisqu'il y contribue par un registre particulier et quelquefois le constitue presque entièrement, particulièrement pour ceux qui ont le ''goût du luxe''. Ainsi, le luxe peut-il participer à un type de bonheur et être subjectivement vécu sous des apparences fort modestes. Comme l'écrit en [[1751]] [[Denis Diderot]] dans l'article « Luxe » de l’''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' : {{Citation|Sans un immense superflu, chaque condition se croit misérable}}<ref name="Marchand" />{{,}}<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/LUXE Article Luxe de ''L'Encyclopédie''] sur [[Wikisource]].</ref>. Un produit de luxe représente avant tout un label de qualité : l'acheteur sait par avance qu'il a été produit grâce à un savoir-faire au sommet de l'« [[état de l'art]] » d'une profession et est donc prêt à payer la qualité d'un tel produit.
Le luxe s'exprime dans tous les domaines où le [[plaisir]] importe, puisqu'il y contribue par un registre particulier et quelquefois le constitue presque entièrement, particulièrement pour ceux qui ont le ''goût du luxe''. Ainsi, le luxe peut-il participer à un type de bonheur et être subjectivement vécu sous des apparences fort modestes. Comme l'écrit en [[1751]] [[Denis Diderot]] dans l'article « Luxe » de l{{'}}''[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]]'' : {{Citation|Sans un immense superflu, chaque condition se croit misérable}}{{sfn|Marchand|2001|p=89-94}}{{,}}{{sfn|L'Encyclopédie}}. Un produit de luxe représente avant tout un label de qualité : l'acheteur sait par avance qu'il a été produit grâce à un savoir-faire au sommet de l'« [[état de l'art]] » d'une profession et est donc prêt à payer la qualité d'un tel produit.


Le luxe favorise la [[créativité]] et l'[[innovation]] technique, il stimule les multiples secteurs d'activité qui peuvent conforter tout « [[consommateur]] » dans le sentiment qu'il jouit d'une certaine aisance et d'un certain goût. De plus, quand le luxe, quoique toujours un peu élitiste et exceptionnel, peut se concilier avec les séductions de la [[Mode (habillement)|mode]], il incite à des achats de renouvellement qui peuvent ne plus correspondre à aucun besoin réel mais s'avérer très favorables au [[commerce]], voire à une approche de type [[obsolescence programmée]]. Dès le {{S-|XIX}}, chez les joailliers anglais par exemple, une partie de l'industrie du luxe s'est orientée vers la diffusion massive de produits pour le grand public<ref>{{en}} Carnevali, F. (2007), ''Luxury for the masses''. Jewellery and jewellers in London and Birmingham in the 19 th century, dans Daumas, J-C., Ferrière le Vayer (de), M., (dir.), Entreprises et Histoire, Le luxe, {{n°|46}}, {{p.|56-70}}.</ref>. C'est également le cas de nombre de [[styliste]]s aux [[États-Unis]] ayant choisi une diffusion plus large, mais luxueuse, de leurs [[prêt-à-porter américain|créations vestimentaires]], au contraire des restrictives maisons de couture parisiennes, investissant par là un [[segment premium]]<ref name="CapitalHS" /> ou {{Lien|langue=en|trad=Masstige|fr=masstige}}.
Le luxe favorise la [[créativité]] et l'[[innovation]] technique, il stimule les multiples secteurs d'activité qui peuvent conforter tout « [[consommateur]] » dans le sentiment qu'il jouit d'une certaine aisance et d'un certain goût. De plus, quand le luxe, quoique toujours un peu élitiste et exceptionnel, peut se concilier avec les séductions de la [[Mode (habillement)|mode]], il incite à des achats de renouvellement qui peuvent ne plus correspondre à aucun besoin réel mais s'avérer très favorables au [[commerce]], voire à une approche de type [[obsolescence programmée]]. Dès le {{S-|XIX}}, chez les joailliers anglais par exemple, une partie de l'industrie du luxe s'est orientée vers la diffusion massive de produits pour le grand public{{sfn|Carnevali|2007}}. C'est également le cas de nombre de [[styliste]]s aux [[États-Unis]] ayant choisi une diffusion plus large, mais luxueuse, de leurs [[prêt-à-porter américain|créations vestimentaires]], au contraire des restrictives maisons de couture parisiennes, investissant par là un [[segment premium]]{{sfn|Capital HS}} ou {{Lien|langue=en|trad=Masstige|fr=masstige}}.


De nos jours, le luxe reste un domaine dynamique en pleine croissance<ref name="lexpress-2011" /> où l'Europe domine avec suprématie<ref name="CapitalHS" />. Avec la constitution des grosses entités vers la fin du {{s-|XX}}, le luxe connait une progression moyenne annuelle de 5 % par an depuis plus de trois décennies<ref name="ifm16">[[Institut français de la mode]], Franck Delpal, ''[http://www.ifm-paris.com/fr/ifm/mode-luxe-design/recherche/revue-mode-de-recherche/item/506-le-luxe.html L’intégration verticale dans le secteur du luxe : objectifs, modalités, effets]'', Mode de recherche, {{|16}} - juin 2011, {{p.|30}} à 40., sur ifm-paris.com</ref> pour atteindre un chiffre d'affaires mondial de {{unité|850|milliards}} de [[Dollar américain|dollars]]<ref name="Dehoorne">{{article | auteur1=Olivier Dehoorne | auteur2=Sopheap Theng | année=2015 | titre= Étudier le luxe | périodique=Revue Études Caribéennes | numéro=30 | lire en ligne=http://etudescaribeennes.revues.org/7505 }}</ref>. Mais le luxe ne se résume pas à la création de vêtements de [[haute couture]], même si cette création en reste l'[[Archétype (philosophie)|archétype]]. Il touche de nombreux autres domaines variés comme l'hôtellerie, les voyages ou encore la gastronomie et le vin<ref name="CapitalHS">Interview de Jean-Noël Kapferer, ''in'' : {{Article|titre=Le luxe, c'est un équilibre entre la créativité et la rente|auteur=Patrick Piquard|périodique=[[Capital (magazine)|Capital]]|numéro=8 hors-série| page=11 |date=décembre 2015 - janvier février 2016|consulté le=11 juin 2016}}</ref>{{,}}<ref name="Dehoorne" />{{,}}<ref name="chal617"/>. Car au-delà de l'appropriation d'un bien, {{Cita|ce qu'on achète dorénavant c'est un style de vie […] On est à l'affût de l'inattendu, du mythique, de l'''expérientiel'' de haute qualité}} complète [[Marc Abélès]]<ref name="chal617"/>.
De nos jours, le luxe reste un domaine dynamique en pleine croissance<ref name="lexpress-2011" /> où l'Europe domine avec suprématie{{sfn|Capital HS}}. Avec la constitution des grosses entités vers la fin du {{s-|XX}}, le luxe connait une progression moyenne annuelle de 5 % par an depuis plus de trois décennies{{sfn|Delpal|2011}} pour atteindre un chiffre d'affaires mondial de {{unité|850|milliards}} de [[Dollar américain|dollars]]{{sfn|Dehoorne|Theng|2015}}. Mais le luxe ne se résume pas à la création de vêtements de [[haute couture]], même si cette création en reste l'[[Archétype (philosophie)|archétype]]. Il touche de nombreux autres domaines variés comme l'hôtellerie, les voyages ou encore la gastronomie et le vin{{sfn|Capital HS}}{{,}}{{sfn|Dehoorne|Theng|2015}}{{,}}{{sfn|Challenges 617}}. Car au-delà de l'appropriation d'un bien, {{Cita|ce qu'on achète dorénavant c'est un style de vie […] On est à l'affût de l'inattendu, du mythique, de l'''expérientiel'' de haute qualité}} complète [[Marc Abélès]]{{sfn|Challenges 617}}.


L'[[Afrique]] compte également des marques de luxe comme l'entreprise sud-africaine [[Swaady Martin|Yswara]], fondée en 2012, qui produit des [[thé]]s<ref>{{article| titre=Être une femme en Afrique : On doit toujours prouver qu’on est capables| périodique=[[Le Monde]] |jour= 3 | mois=décembre | année=2018 |auteur1=Maryline Baumard | url texte=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/03/etre-une-femme-en-afrique-on-doit-toujours-prouver-qu-on-est-capables_5392070_3212.html}}</ref>, la marque de [[chocolat]] [[Agriculture biologique|bio]] du [[Ghana]] ''{{lang|en|57 Chocolate}}''<ref>{{article| titre=Au Ghana, la marque 57 Chocolate fabrique « des tablettes de patriotisme »| périodique=[[Le Monde]] |jour= 22 | mois=mars | année=2019 |auteur1=Maryline Baumard | url texte=https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/03/22/au-ghana-la-marque-57-chocolate-fabrique-des-tablettes-de-patriotisme_5440024_3212.html|consulté le=23 mars 2019}}</ref>, les [[Maroquinerie|maroquinier]] Okapi et Hamethop (Afrique du Sud) ou Zashadu (Nigéria)<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=12 marques de maroquinerie ‘Made in Africa’ à connaître |url=https://mag.moon-look.com/mode-style/12-marques-de-maroquinerie-made-in-africa-a-avoir-en-2017/ |site=MoonMag {{!}} African Creatives & Lifestyle |consulté le=2020-06-26}}</ref>. Le développement du luxe africain et en Afrique est menée par des femmes comme Swaady Martin (thé), Leticia N'Cho Traoré (conciergerie) ou Rosette Rugamba (tourisme)<ref name="+2">{{Lien web |langue=fr |titre=Ces Africaines qui s'illustrent dans l'industrie du luxe |url=https://afrique.latribune.fr/decideurs/parcours-de-femme/2019-09-13/ces-africaines-qui-s-illustrent-dans-l-industrie-du-luxe-827859.html |site=La Tribune |consulté le=2020-06-26}}</ref>. En 2018 le marché africain du luxe est évalué à 6 milliards de dollars<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=En Afrique, l'avenir du luxe passe par les femmes |url=https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/en-afrique-l-avenir-du-luxe-passe-par-les-femmes_2086649.html |site=LExpansion.com |date=2019-07-02 |consulté le=2020-06-26}}</ref>. Selon Stéphane Truchi de l'IFOP, le continent est « l'une des régions les plus stratégiques au monde » pour le marché du luxe<ref name="+2" />.
L'[[Afrique]] compte également des marques de luxe comme l'entreprise sud-africaine [[Swaady Martin|Yswara]], fondée en 2012, qui produit des [[thé]]s<ref>{{lien web | titre=Être une femme en Afrique : On doit toujours prouver qu’on est capables| site=[[Le Monde]] |jour= 3 | mois=décembre | année=2018 |auteur1=Maryline Baumard | url= https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/03/etre-une-femme-en-afrique-on-doit-toujours-prouver-qu-on-est-capables_5392070_3212.html }}</ref>, la marque de [[chocolat]] [[Agriculture biologique|bio]] du [[Ghana]] ''{{lang|en|57 Chocolate}}''<ref>{{lien web| titre=Au Ghana, la marque 57 Chocolate fabrique « des tablettes de patriotisme »| site=[[Le Monde]] |jour= 22 | mois=mars | année=2019 |auteur1=Maryline Baumard | url= https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/03/22/au-ghana-la-marque-57-chocolate-fabrique-des-tablettes-de-patriotisme_5440024_3212.html |consulté le=23 mars 2019}}</ref>, les [[Maroquinerie|maroquinier]] Okapi et Hamethop (Afrique du Sud) ou Zashadu (Nigéria)<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=12 marques de maroquinerie ‘Made in Africa’ à connaître |url=https://mag.moon-look.com/mode-style/12-marques-de-maroquinerie-made-in-africa-a-avoir-en-2017/ |site=Moonlook magazine |consulté le=2020-06-26}}</ref>. Le développement du luxe africain et en Afrique est menée par des femmes comme Swaady Martin (thé), Leticia N'Cho Traoré (conciergerie) ou Rosette Rugamba (tourisme)<ref name="+2" />. En 2018 le marché africain du luxe est évalué à {{nombre|6|milliards}} de dollars<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=En Afrique, l'avenir du luxe passe par les femmes |url=https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/en-afrique-l-avenir-du-luxe-passe-par-les-femmes_2086649.html |site=LExpansion.com |date=2019-07-02 |consulté le=2020-06-26}}</ref>. Selon Stéphane Truchi de l'IFOP, le continent est « l'une des régions les plus stratégiques au monde » pour le marché du luxe<ref name="+2" />.


Selon l’économiste américain [[William Baumol]], l’industrie du luxe est une industrie progressive car les changements “technologiques et organisationnels qu’elle adopte [...] ne touchent pas à l’identité de cette industrie“<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Dominique Foray |titre=L'industrie du luxe et l'économie de la connaissance |périodique=Innovations Revue d’économie et de management de l'innovation |date=2013 |issn= |lire en ligne= |pages= }}</ref>.
Selon l’économiste américain [[William Baumol]], l’industrie du luxe est une industrie progressive car les changements “technologiques et organisationnels qu’elle adopte [...] ne touchent pas à l’identité de cette industrie“<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Dominique Foray |titre=L'industrie du luxe et l'économie de la connaissance |périodique=Innovations Revue d’économie et de management de l'innovation |date=2013 |issn= |lire en ligne= |pages= }}</ref>.


Depuis les années 2000, des entreprises proposent des téléphones de luxe, couverts de [[Pierre précieuse|pierres précieuses]] ou de [[métaux rares]], qui peuvent se vendre plusieurs centaines de milliers de dollars<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Valentin |nom=Hamon-Beugin |titre=Caviar, l’entreprise russe spécialiste des smartphones de luxe |url=https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/caviar-l-entreprise-russe-specialiste-des-smartphones-de-luxe-20200810 |site=Le Figaro.fr |date=2020-08-10 |consulté le=2020-08-11}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Elsa |nom=Trujillo |titre=Ces smartphones extravagants qui coûtent plus cher que l'iPhone X |url=https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/09/13/32001-20170913ARTFIG00218-ces-smartphones-qui-coutent-plus-cher-que-l-iphone-x.php |site=Le Figaro.fr |date=2017-09-13 |consulté le=2020-08-11}}</ref>. Selon le cabinet [[McKinsey & Company|Mc Kinsey & Company]], 40 % de la production mondiale des produits de luxe sort dans des ateliers italiens<ref name="+3">{{Lien web |langue=en |prénom=Isabelle |nom=Chaboud |titre=Luxe : les cinq tendances qui dessinent l’industrie d’après-crise |url=http://theconversation.com/luxe-les-cinq-tendances-qui-dessinent-lindustrie-dapres-crise-136553 |site=The Conversation |consulté le=2020-08-13}}</ref>.
Depuis les années 2000, des entreprises proposent des téléphones de luxe, couverts de [[Pierre précieuse|pierres précieuses]] ou de [[métaux rares]], qui peuvent se vendre plusieurs centaines de milliers de dollars<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Valentin |nom=Hamon-Beugin |titre=Caviar, l’entreprise russe spécialiste des smartphones de luxe |url=https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/caviar-l-entreprise-russe-specialiste-des-smartphones-de-luxe-20200810 |site=Le Figaro.fr |date=2020-08-10 |consulté le=2020-08-11}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Elsa |nom=Trujillo |titre=Ces smartphones extravagants qui coûtent plus cher que l'iPhone X |url=https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/09/13/32001-20170913ARTFIG00218-ces-smartphones-qui-coutent-plus-cher-que-l-iphone-x.php |site=Le Figaro.fr |date=2017-09-13 |consulté le=2020-08-11}}</ref>. Selon le cabinet [[McKinsey & Company|Mc Kinsey & Company]], 40 % de la production mondiale des produits de luxe sort dans des ateliers italiens<ref name="+3" />.


La pandémie mondiale de Coronavirus de 2020 frappe durement le secteur du luxe. Franck Delpal, économiste à l'[[Institut français de la mode|Institut Français de la Mode]], évalue une baisse mondiale du chiffre d'affaires du secteur d'environ 20%<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Mode : avec la Covid-19, les maisons de luxe souffrent et se réinventent |url=https://www.franceculture.fr/economie/covid-19-les-maisons-de-luxe-souffrent-et-se-reinventent |site=France Culture |date=2020-07-14 |consulté le=2020-07-22}}</ref>. D'autres prévisions font état d'une baisse de 25 à 45% au niveau mondial mais d'une hausse de 20 à 30% en Chine<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Le Luxe confirme sa croissance en Chine. {{!}} Journal du Luxe.fr Actualité du luxe |url=https://journalduluxe.fr/chiffres-luxe-chine-2020-tencent-bcg/ |consulté le=2020-10-20}}</ref>.
La [[pandémie de Covid-19]] frappe durement le secteur du luxe. Franck Delpal, économiste à l'[[Institut français de la mode|Institut Français de la Mode]], évalue une baisse mondiale du chiffre d'affaires du secteur d'environ 20%<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Mode : avec la Covid-19, les maisons de luxe souffrent et se réinventent |url=https://www.franceculture.fr/economie/covid-19-les-maisons-de-luxe-souffrent-et-se-reinventent |site=France Culture |date=2020-07-14 |consulté le=2020-07-22}}</ref>. D'autres prévisions font état d'une baisse de 25 à 45% au niveau mondial mais d'une hausse de 20 à 30% en Chine<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Le Luxe confirme sa croissance en Chine. {{!}} Journal du Luxe.fr Actualité du luxe |url=https://journalduluxe.fr/chiffres-luxe-chine-2020-tencent-bcg/ |consulté le=2020-10-20}}</ref>.


Au final, le marché recule 36% en Europe, de 27% en Amérique, 24% au Japon, 35 en Asie hors Japon et Chine. Au niveau mondial, le recul est de 23%<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Chute inédite du marché mondial du luxe en 2020, lesté par la pandémie (étude) |url=https://www.carnetsduluxe.com/afp/chute-inedite-du-marche-mondial-du-luxe-en-2020-leste-par-la-pandemie-etude/ |site=Carnets du luxe |date=2020-11-20 |consulté le=2020-11-24}}</ref>.
Finalement, le marché recule 36% en Europe, de 27% en Amérique, 24% au Japon, 35 en Asie hors Japon et Chine. Au niveau mondial, le recul est de 23%<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Chute inédite du marché mondial du luxe en 2020, lesté par la pandémie (étude) |url=https://www.carnetsduluxe.com/afp/chute-inedite-du-marche-mondial-du-luxe-en-2020-leste-par-la-pandemie-etude/ |site=Carnets du luxe |date=2020-11-20 |consulté le=2020-11-24}}</ref>.


== Luxe et mode ==
== Luxe et mode ==
Le luxe et la [[Mode (habillement)|mode]] sont deux univers distincts de la vie socio-économique, et pourtant peuvent être confondus. Les phénomènes de modes ont été longtemps cantonnés aux [[Classe sociale|classes sociales]] les plus aisées, et pour cette raison associés au luxe. Mais le rapport au temps est différent. La mode, par nature, joue du changement, et des ruptures, là les marques de luxe s’imposent une continuité stylistique, veulent incarner une tradition et rêvent d’intemporalité. La mode, autre que la [[haute couture]], s'appuie désormais sur une industrialisation des processus de production pour s’adresser au plus grand nombre, là où le luxe souhaite le plus souvent maintenir des pratiques de production plus artisanales, associées à une rareté du produit<ref name=Godart2011>{{chapitre | titre chapitre=Comment penser la relation entre les concepts de mode et de luxe| auteur1=Frédéric Godart |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation | auteurs ouvrage=Olivier Assouly (dir.) | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard | année=2011 | passage=101-108 }}</ref>{{,}}<ref name=Marion2011>{{chapitre | titre chapitre=Objets et marques de luxe| auteur1=Gilles Marion |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation | auteurs ouvrage=Olivier Assouly (dir.) | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard | année=2011 | passage=397-422 }}</ref>.
Le luxe et la [[Mode (habillement)|mode]] sont deux univers distincts de la vie socio-économique, et pourtant peuvent être confondus. Les phénomènes de modes ont été longtemps cantonnés aux [[Classe sociale|classes sociales]] les plus aisées, et pour cette raison associés au luxe. Mais le rapport au temps est différent. La mode, par nature, joue du changement, et des ruptures, là les marques de luxe s’imposent une continuité stylistique, veulent incarner une tradition et rêvent d’intemporalité. La mode, autre que la [[haute couture]], s'appuie désormais sur une industrialisation des processus de production pour s’adresser au plus grand nombre, là où le luxe souhaite le plus souvent maintenir des pratiques de production plus artisanales, associées à une rareté du produit{{sfn|Godart|2011}}{{,}}{{sfn|Marion|2011}}.


Pour autant, les objets de luxe ne peuvent échapper à l’évolution sociale et aux changements des modes de [[consommation]]. Mieux encore, les marques de luxe peuvent chercher à mettre à contribution les leviers de la mode pour « rester sous les feux de la rampe », redynamiser régulièrement leur image, et préparer l’avenir de leurs produits<ref name=Marion2011 />. Ce distinguo entre le monde du luxe et le monde de la mode, et les passerelles entre ces deux univers, sont illustrés par exemple par les propos en 2019 de [[Michael Burke]], PDG de [[Louis Vuitton]], sur l’activité joaillerie de son groupe et une nouvelle collection conçue par Francesca Amfitheatrof : {{Citation|Nous sommes une marque de luxe qui fait de la mode, pas l’inverse. La joaillerie doit survivre aux tendances, assurer une certaine continuité}}<ref>{{article | titre=La joaillerie Louis Vuitton, saison 3 | auteur=Élodie Baëro | date=11 juillet 2019 | pages=31 | journal=[[Le Figaro]] }}</ref>.
Pour autant, les objets de luxe ne peuvent échapper à l’évolution sociale et aux changements des modes de [[consommation]]. Mieux encore, les marques de luxe peuvent chercher à mettre à contribution les leviers de la mode pour « rester sous les feux de la rampe », redynamiser régulièrement leur image, et préparer l’avenir de leurs produits{{sfn|Marion|2011}}. Ce distinguo entre le monde du luxe et le monde de la mode, et les passerelles entre ces deux univers, sont illustrés par exemple par les propos en 2019 de [[Michael Burke]], PDG de [[Louis Vuitton]], sur l’activité joaillerie de son groupe et une nouvelle collection conçue par Francesca Amfitheatrof : {{Citation|Nous sommes une marque de luxe qui fait de la mode, pas l’inverse. La joaillerie doit survivre aux tendances, assurer une certaine continuité}}<ref>{{article | titre=La joaillerie Louis Vuitton, saison 3 | auteur=Élodie Baëro | date=11 juillet 2019 | pages=31 | journal=[[Le Figaro]] }}</ref>.


== Luxe et art, l'artketing ==
== Luxe et art, l'artketing ==
Le luxe et l'art ont en commun des mécanismes de séduction, notamment l'[[effet Veblen]] : le prix élevé d'un produit peut le rendre plus désirable, et le faire entrer dans le monde du luxe, ou de l'art. Le consommateur a besoin de se sentir un esthète dans une boutique de luxe. C'est, d'une certaine façon, la {{Citation|transfiguration du banal}} d'[[Arthur Danto]]. Durant le {{s-|XX}}, les entreprises de luxe ont investi dans l'art, notamment aux États-Unis, en France et en Italie, par le [[mécénat]], l'[[Événementiels|événementiel]] et le financement de lieux d'exposition. {{Citation|Pour les maisons de luxe, la culture est le premier domaine choisi pour le mécénat, car elle véhicule des valeurs communes comme la beauté, l'excellence, la rareté}}, peut ainsi affirmer la directrice de communication de l'[[Admical]]. La création de fondation, par [[Cartier (entreprise)|Cartier]], [[Prada (entreprise)|Prada]], [[Vuitton]], et d'autres s'inscrit dans cette même logique<ref>{{article | titre=L’art permet d’injecter du Botox aux maisons de luxe | journal=[[Le Monde]] | auteur1=Christophe Rioux | auteur2=Nicole Vulser | date=17 octobre 2014 | lire en ligne=https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/23/christophe-rioux-l-art-permet-d-injecter-du-botox-aux-maisons-de-luxe_4511029_3234.html}}</ref>. De même que l'implantation d'un musée au milieu de 250 boutiques de luxe à [[Hong Kong]], le K11 Musea au sein du K11, dans [[The Masterpiece]]<ref>{{article| titre=K11 Musea veut réenchanter le commerce de luxe à Hongkong | auteur=Ivan Letessier | journal=[[Le Figaro]] | date=5 janvier 2020 | lire en ligne=https://www.lefigaro.fr/societes/k11-musea-veut-reenchanter-le-commerce-de-luxe-a-hongkong-20200105}}</ref>.
Le luxe et l'art ont en commun des mécanismes de séduction, notamment l'[[effet Veblen]] : le prix élevé d'un produit peut le rendre plus désirable, et le faire entrer dans le monde du luxe, ou de l'art. Le consommateur a besoin de se sentir un esthète dans une boutique de luxe. C'est, d'une certaine façon, la {{Citation|transfiguration du banal}} d'[[Arthur Danto]]. Durant le {{s-|XX}}, les entreprises de luxe ont investi dans l'art, notamment aux États-Unis, en France et en Italie, par le [[mécénat]], l'[[Communication événementielle|événementiel]] et le financement de lieux d'exposition. {{Citation|Pour les maisons de luxe, la culture est le premier domaine choisi pour le mécénat, car elle véhicule des valeurs communes comme la beauté, l'excellence, la rareté}}, peut ainsi affirmer la directrice de communication de l'[[Admical]]. La création de fondation, par [[Cartier (entreprise)|Cartier]], [[Prada (entreprise)|Prada]], [[Louis Vuitton]], et d'autres s'inscrit dans cette même logique<ref>{{lien web | titre=L’art permet d’injecter du Botox aux maisons de luxe | site=[[Le Monde]] | auteur1=Christophe Rioux | auteur2=Nicole Vulser | date=17 octobre 2014 | url= https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/23/christophe-rioux-l-art-permet-d-injecter-du-botox-aux-maisons-de-luxe_4511029_3234.html }}</ref>. De même que l'implantation d'un musée au milieu de 250 boutiques de luxe à [[Hong Kong]], le K11 Musea au sein du K11, dans [[The Masterpiece]]<ref>{{lien web | titre=K11 Musea veut réenchanter le commerce de luxe à Hongkong | auteur=Ivan Letessier | site=[[Le Figaro]] | date=5 janvier 2020 | lire en ligne= https://www.lefigaro.fr/societes/k11-musea-veut-reenchanter-le-commerce-de-luxe-a-hongkong-20200105}}</ref>.


== Stratégies des entreprises du luxe ==
== Stratégies des entreprises du luxe ==
[[Fichier:Hermès, Mumbai.JPG|thumb|upright|Magasin Hermès à [[Bombay]] (2012).]]
[[Fichier:Hermès, Mumbai.JPG|thumb|upright|Magasin Hermès à [[Bombay]] (2012).]]
Dans la logique du marketing de luxe, la définition du luxe doit rester floue : seuls la [[publicité]] ou le merchandising des marques imposent leur conception du luxe, afin de pouvoir regrouper sous cette dénomination nombre de produits n'ayant parfois aucun points communs ; le marketing de luxe doit convaincre que le produit appartient à ce domaine<ref name="Marchand">{{Ouvrage|auteur1=[[Stéphane Marchand]]|titre=Les guerres du luxe|éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]]|année=2001|mois=5|pages totales=382|passage=89 à 94|isbn=978-2-213-60953-9|titre chapitre=Le nouveau luxe ratisse large}}</ref>, que ce soit par de larges dépenses dans des campagnes internationales ou par l'implantation d'un réseau de distribution très sélectif<ref name="lexpress-2011">[http://www.lexpress.fr/actualite/economie/le-marche-du-luxe-en-pleine-ebullition_1010466.html Le marché du luxe en pleine ébullition] - Corinne Scemama, ''[[L'Express]]'', 8 juillet 2011 {{Citation bloc|Pour rester dans le jeu, les marques sont obligées de multiplier les boutiques haut de gamme dans les emplacements les plus en vue (et les plus chers) du monde.}}</ref>. Pour cela, les [[entreprises]] du luxe exploitent diverses techniques issues du {{Citation|marketing du rêve}} (''{{Lang|en|dreamketing}}'' en anglais) afin de développer un univers dit luxueux autour de marchandises émanant d'origines diverses, le tout avec une [[obsolescence]] programmée afin de favoriser un désir permanent et un renouvellement perpétuel<ref name="Marchand" />. La {{Cita|désirabilité}} reste d'ailleurs un élément clef nécessaire voir indispensable du luxe<ref name="chal617">{{Article |auteur1=Anne-Marie Rocco |titre=À la poursuite du luxe ultime |périodique=[[Challenges]]|numéro=617 |date=4 juillet 2019 |pages=156 à 158 |issn= 0751-4417|consulté le= 5 janvier 2020 |id= }}</ref>. La notion de luxe fait ainsi le grand écart entre le plus cher des produits et un simple flacon de parfum griffé d'un nom prestigieux<ref name="Marchand" />.
Dans la logique du marketing de luxe, la définition du luxe doit rester floue : seuls la [[publicité]] ou le merchandising des marques imposent leur conception du luxe, afin de pouvoir regrouper sous cette dénomination nombre de produits n'ayant parfois aucun point commun ; le marketing de luxe doit convaincre que le produit appartient à ce domaine{{sfn|Marchand|2001|p=89-94}}, que ce soit par de larges dépenses dans des campagnes internationales ou par l'implantation d'un réseau de distribution très sélectif<ref name="lexpress-2011" />. Pour cela, les [[entreprise]]s du luxe exploitent diverses techniques issues du {{Citation|marketing du rêve}} (''{{Lang|en|dreamketing}}'' en anglais) afin de développer un univers dit luxueux autour de marchandises émanant d'origines diverses, le tout avec une [[obsolescence]] programmée afin de favoriser un désir permanent et un renouvellement perpétuel{{sfn|Marchand|2001|p=89-94}}. La {{Cita|désirabilité}} reste d'ailleurs un élément clef nécessaire voire indispensable du luxe{{sfn|Challenges 617}}. La notion de luxe fait ainsi le grand écart entre le plus cher des produits et un simple flacon de parfum griffé d'un nom prestigieux{{sfn|Marchand|2001|p=89-94}}.


Par leurs actions de communications ainsi que le poids qu'elles imposent aux médias<ref>Interview de Pierre Bergé ''in'' : {{Lien web|titre= Ils composent des écuries |auteur=[[Paquita Paquin]] |url=http://www.liberation.fr/culture/2000/10/07/ils-composent-des-ecuries_339827|site=liberation.fr|série=Culture|date=7 octobre 2000|consulté le=21 janvier 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur1=[[Paquita Paquin]]|auteur2=Cédric Saint-Andre Perrin |url= http://www.liberation.fr/culture/2000/10/07/opa-sur-la-mode-et-l-art_339826|titre= OPA sur la mode et l'art |date= 7 octobre 2000|site=liberation.fr|série=Culture}} {{Citation bloc|Rodée à la technique du renvoi d'ascenseur (pub contre rédactionnel), la presse de mode est dépendante des grands groupes. Chez LVMH, les achats médias sont négociés pour l'ensemble du groupe.}}</ref>, les marques de luxe ont abrogé les frontières qui contingentaient le luxe : plusieurs décennies auparavant, chaque entreprise dite « de luxe » possédait un quasi-monopole sur son domaine respectif : [[Louis Vuitton]] était un [[malletier]], [[Hermès International|Hermès]] un maroquinier-sellier, [[Christian Dior (entreprise)|Dior]] une maison de couture… de nos jours, les univers se mélangent : Vuitton fait du [[prêt-à-porter]], Hermès habille les hommes [[sur mesure]] et [[Parfums Christian Dior|Dior]] est leader dans l'univers du parfum. La diversification et la concurrence compliquent encore à définir le luxe et à déclencher la pulsion d'achat<ref name="Marchand" /> ; de plus, la multiplication de lignes annexes, sous une même marque, entraîne parfois la disparition du positionnement luxe<ref>{{Article |auteur1=Catherine Pleeck |titre=#followmystyle |périodique=L'Express Styles |éditeur=[[L'Express]] |numéro=supplément au n° 3354 |date=14 au 20 octobre 2015 |pages=46 |issn= |consulté le=20 décembre 2015 }}</ref>. Certaines entreprises, par cette vulgarisation de leur nom dans les produits les plus divers, s'y sont perdues, à l'image d'un [[Pierre Cardin]] vendant des [[Stylo à bille|stylos]] ou de la marque [[Yves Saint Laurent (entreprise)|Yves Saint Laurent]] sur des cigarettes : côtoyer le commerce de masse en descendant de gamme revient à quitter le luxe<ref name="Marchand" />. {{Citation|Les enseignes doivent à la fois surfer sur cette folle croissance tout en conservant le même niveau de qualité<ref name="lexpress-2011" />.}}. La cohérence de l'ensemble de ces offres diverses, si elles souhaitent être perçues comme appartenant au luxe, s'impose donc en premier lieu par une exigence forte de cette qualité<ref name="GM">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Guénolée Milleret|préface=[[Alexis Mabille]]|titre=Haute couture|sous-titre=Histoire de l'industrie de la création française des précurseurs à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[Eyrolles]]|année=2015|mois=avril|pages totales=192|passage=175|isbn=978-2-212-14098-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Aq0eCgAAQBAJ&printsec=frontcover|titre chapitre=La haute couture à l'heure du Marketing}}</ref>.
Par leurs actions de communications ainsi que le poids qu'elles imposent aux médias<ref>Interview de Pierre Bergé ''in'' : {{Lien web|titre= Ils composent des écuries |auteur=[[Paquita Paquin]] |url= http://www.liberation.fr/culture/2000/10/07/ils-composent-des-ecuries_339827 |site=liberation.fr |série=Culture |date=7 octobre 2000 |consulté le=21 janvier 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur1=[[Paquita Paquin]] |auteur2=Cédric Saint-Andre Perrin |url= http://www.liberation.fr/culture/2000/10/07/opa-sur-la-mode-et-l-art_339826 |titre= OPA sur la mode et l'art |date= 7 octobre 2000 |site=liberation.fr |série=Culture }} {{Citation bloc|Rodée à la technique du renvoi d'ascenseur (pub contre rédactionnel), la presse de mode est dépendante des grands groupes. Chez LVMH, les achats médias sont négociés pour l'ensemble du groupe.}}</ref>, les marques de luxe ont abrogé les frontières qui contingentaient le luxe : plusieurs décennies auparavant, chaque entreprise dite « de luxe » possédait un quasi-monopole sur son domaine respectif : [[Louis Vuitton]] était un [[malletier]], [[Hermès International|Hermès]] un maroquinier-sellier, [[Christian Dior (entreprise)|Dior]] une maison de couture… de nos jours, les univers se mélangent : Vuitton fait du [[prêt-à-porter]], Hermès habille les hommes [[sur-mesure]] et [[Parfums Christian Dior|Dior]] est leader dans l'univers du parfum. La diversification et la concurrence compliquent encore à définir le luxe et à déclencher la pulsion d'achat{{sfn|Marchand|2001|p=89-94}} ; de plus, la multiplication de lignes annexes, sous une même marque, entraîne parfois la disparition du positionnement luxe<ref>{{Article |auteur1=Catherine Pleeck |titre=#followmystyle |périodique=L'Express Styles |éditeur=[[L'Express]] |numéro=supplément au n° 3354 |date=14 au 20 octobre 2015 |pages=46 |issn= |consulté le=20 décembre 2015 }}</ref>. Certaines entreprises, par cette vulgarisation de leur nom dans les produits les plus divers, s'y sont perdues, à l'image d'un [[Pierre Cardin]] vendant des [[Stylo à bille|stylos]] ou de la marque [[Yves Saint Laurent (entreprise)|Yves Saint Laurent]] sur des cigarettes : côtoyer le commerce de masse en descendant de gamme revient à quitter le luxe{{sfn|Marchand|2001|p=89-94}}. {{Citation|Les enseignes doivent à la fois surfer sur cette folle croissance tout en conservant le même niveau de qualité.}}<ref name="lexpress-2011" /> La cohérence de l'ensemble de ces offres diverses, si elles souhaitent être perçues comme appartenant au luxe, s'impose donc en premier lieu par une exigence forte de cette qualité{{sfn|Milleret|2015|p=175}}.


Outre cette notion qualitative émanant d'un travail particulier parfois manuel, le « savoir-faire », le luxe se définit également par une question de rareté, de frustration à ne pas posséder, mais également de prix ; celui-ci doit être élevé : une marchandise de luxe ne peut, dans sa nature, éviter de {{Citation|signifier qu’elle vaut cher<ref name="ifm16-bis">[[Institut français de la mode]], Nicolas Liucci-Goutnikov, ''[http://www.ifm-paris.com/fr/ifm/mode-luxe-design/recherche/revue-mode-de-recherche/item/506-le-luxe.html Le luxe, la part maudite et la plus-value]'', Mode de recherche, N° 16 - juin 2011, p. 55 et sv., sur ifm-paris.com</ref>.}} Malgré tout, le « positionnement prix » du produit est un choix important devant rester en adéquation avec l'image de l'entreprise et sa clientèle ; cette clientèle définit elle aussi la notion : [[Nicolas Hayek]] précise que {{Citation|le luxe est identifié par celui qui le porte<ref name="Marchand" />}} et [[Marc Abélès]] affirme que ce n'est {{Cita|rien d'autre que l'exhibition par l'élite de son statut supérieur<ref name="chal617"/>}}. Catherine Bronnimann est sur les mêmes positions et souligne que " Le luxe tel qu’on le connaît est d’abord un désir d’appartenance à une classe."<ref>{{Article |langue=fr |titre=Et pour vous, qu'est-ce que le luxe? |périodique=Le Temps |date=2017-12-08 |issn=1423-3967 |lire en ligne=https://www.letemps.ch/societe/questce-luxe |consulté le=2020-07-02 }}</ref>.
Outre cette notion qualitative émanant d'un travail particulier parfois manuel, le « savoir-faire », le luxe se définit également par une question de rareté, de frustration à ne pas posséder, mais également de prix ; celui-ci doit être élevé : une marchandise de luxe ne peut, dans sa nature, éviter de {{Citation|signifier qu’elle vaut cher.}}{{sfn|Liucci-Goutnikov|2011}} Malgré tout, le « positionnement prix » du produit est un choix important devant rester en adéquation avec l'image de l'entreprise et sa clientèle ; cette clientèle définit elle aussi la notion : [[Nicolas Hayek]] précise que {{Citation|le luxe est identifié par celui qui le porte}}{{sfn|Marchand|2001|p=89-94}} et [[Marc Abélès]] affirme que ce n'est {{Cita|rien d'autre que l'exhibition par l'élite de son statut supérieur}}{{sfn|Challenges 617}}. Catherine Bronnimann est sur les mêmes positions et souligne que " Le luxe tel qu’on le connaît est d’abord un désir d’appartenance à une classe."<ref>{{lien web |langue=fr |titre=Et pour vous, qu'est-ce que le luxe? |site=Le Temps |date=2017-12-08 |url= https://www.letemps.ch/societe/questce-luxe |consulté le=2020-07-02 }}</ref>.


Un nouveau point d'attention des industries du luxe, attentives aux critiques à leur égard, et à l'évolution des sociétés, est constitué par les préoccupations éthiques, écologiques et de développement durable. Hermès ou LVMH, par exemple, ont été ainsi pris à partie sur l'utilisation de la fourrure et la [[maltraitance des animaux]], par l'association [[People for the Ethical Treatment of Animals]] (PETA)<ref>{{article | titre=Hermès interpellé par l'association Peta | journal=[[Le Figaro]] | date=31 mai 2016 | lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/05/31/97002-20160531FILWWW00400-hermes-interpelle-par-l-association-peta.php }}</ref>{{,}}<ref>{{article | titre=Le marché de la fourrure divise le monde du luxe | date=19 octobre 2015 | auteur= Solenne | périodique=Journal du Luxe | url texte=https://journalduluxe.fr/fourrure-luxe-2015/}}</ref>{{,}}<ref>{{article | titre=PETA s’en prend à LVMH et Louis Vuitton | date=26 décembre 2016 | auteur= Romain | périodique=Journal du Luxe | lire en ligne=https://journalduluxe.fr/peta-lvmh-crocodile-2017/ }}</ref>. Le sujet du {{Lang|en|cruelty-free}}, ou des composants naturels, sans [[paraben]] ou sans substances animales prend également de l'importance dans le domaine des cosmétiques, et surtout dans les critères de choix des nouvelles générations de consommateurs<ref>{{article | titre=La cosméto vegan est-elle le futur de la beauté ? | auteur=Valentine Petry |date=18 avril 2018 | journal=[[Le Figaro]] | lire en ligne=http://madame.lefigaro.fr/beaute/la-cosmeto-vegan-est-elle-le-futur-de-la-beaute-060318-147681 }}</ref>. Autre exemple, dans la joaillerie, après des pionniers en la matière tels que [[Jewellery Ethically Minded]] (JEM), le joaillier suisse [[Chopard]] fait le choix, sur ses approvisionnements d'or, de s'obliger à une traçabilité et de privilégier des extractions de cette matière précieuse qui soient certifié [[Fairmined]]. [[François-Henri Pinault]], patron de [[Kering]], annonce également que ses entreprises de joaillerie vont progressivement utiliser de l'« or éthique » certifié par Chain of Custody du RJC, [[Fairmined]] ou [[Fairtrade Labelling Organizations|Fairtrade]]<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=AFP |titre=Recyclé, éthique ou durable: l'or se pave de bonnes intentions |url=https://www.geo.fr/environnement/recycle-ethique-ou-durable-lor-se-pave-de-bonnes-intentions-195251 |site=Geo.fr |date=2019-04-12 |consulté le=2021-08-25}}</ref>.
Un nouveau point d'attention des industries du luxe, attentives aux critiques à leur égard, et à l'évolution des sociétés, est constitué par les préoccupations éthiques, écologiques et de développement durable. Hermès ou LVMH, par exemple, ont été ainsi pris à partie sur l'utilisation de la fourrure et la [[maltraitance des animaux]], par l'association [[People for the Ethical Treatment of Animals]] (PETA)<ref>{{lien web | titre=Hermès interpellé par l'association Peta | site=[[Le Figaro]] | date=31 mai 2016 | url = http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/05/31/97002-20160531FILWWW00400-hermes-interpelle-par-l-association-peta.php }}</ref>{{,}}<ref>{{lien web | titre=Le marché de la fourrure divise le monde du luxe | date=19 octobre 2015 |site =Journal du Luxe | url =https://journalduluxe.fr/fourrure-luxe-2015/}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web | titre=PETA s’en prend à LVMH et Louis Vuitton | date=26 décembre 2016 |site=Journal du Luxe |url= https://journalduluxe.fr/peta-lvmh-crocodile-2017/ }}</ref>. Le sujet du {{Lang|en|cruelty-free}}, ou des composants naturels, sans [[parabène]] ou sans substances animales prend également de l'importance dans le domaine des cosmétiques, et surtout dans les critères de choix des nouvelles générations de consommateurs<ref>{{lien web | titre=La cosméto vegan est-elle le futur de la beauté ? | auteur=Valentine Petry |date=18 avril 2018 | site=[[Le Figaro]] | url= http://madame.lefigaro.fr/beaute/la-cosmeto-vegan-est-elle-le-futur-de-la-beaute-060318-147681 }}</ref>. Autre exemple, dans la joaillerie, après des pionniers en la matière tels que [[Jewellery Ethically Minded]] (JEM), le joaillier suisse [[Chopard]] fait le choix, sur ses approvisionnements d'or, de s'obliger à une traçabilité et de privilégier des extractions de cette matière précieuse qui soient certifié [[Fairmined]]. [[François-Henri Pinault]], patron de [[Kering]], annonce également que ses entreprises de joaillerie vont progressivement utiliser de l'« or éthique » certifié par Chain of Custody du RJC, [[Fairmined]] ou [[Fairtrade Labelling Organizations|Fairtrade]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Recyclé, éthique ou durable: l'or se pave de bonnes intentions |url=https://www.geo.fr/environnement/recycle-ethique-ou-durable-lor-se-pave-de-bonnes-intentions-195251 |site=Geo.fr |date=2019-04-12 |consulté le=2021-08-25}}</ref>.


Afin de maintenir leurs approvisionnements, leur indépendance face aux façonniers, la qualité des produits lors de la fabrication, puis le niveau de marge au moment de la vente, les groupes du luxe ont rapidement évolué vers un modèle d'[[intégration verticale]] jusqu'au réseau de distribution ; si ce modèle n'est pas applicable uniformément à tous les produits, il est plus particulièrement adapté à la [[maroquinerie]]<ref name="ifm16" />. L'intégration verticale permet également, en sécurisant de façon exclusive toute la chaîne, de minimiser la liberté pour un concurrent de s'intégrer dans un domaine donné : ainsi par exemple, en achetant des tanneries, les fabricants de sacs interdisent la fournitures de la matière première à d'autres entreprises<ref name="ifm16" />. C'est également le cas des points de vente que les entreprises de luxe possèdent en propre et qui commercent au détriment du multi-marque plus concurrentiel. Ainsi, le luxe montre plusieurs barrières freinant l'entrée de nouveaux intervenants<ref name="ifm16" />, permettant aussi de maintenir une certaine « rareté » des produits, principe de ce domaine. Le souhait de contrôle de l'ensemble de la chaine reste une démarche relativement récente loin du principe des [[Franchise (réseau commercial)|licences]] qui prévaut lors de la seconde moitié du {{s-|XX}}<ref name="CapitalHS" />.
Afin de maintenir leurs approvisionnements, leur indépendance face aux façonniers, la qualité des produits lors de la fabrication, puis le niveau de marge au moment de la vente, les groupes du luxe ont rapidement évolué vers un modèle d'[[intégration verticale]] jusqu'au réseau de distribution ; si ce modèle n'est pas applicable uniformément à tous les produits, il est plus particulièrement adapté à la [[maroquinerie]]{{sfn|Delpal|2011}}. L'intégration verticale permet également, en sécurisant de façon exclusive toute la chaîne, de minimiser la liberté pour un concurrent de s'intégrer dans un domaine donné : ainsi par exemple, en achetant des tanneries, les fabricants de sacs interdisent la fournitures de la matière première à d'autres entreprises{{sfn|Delpal|2011}}. C'est également le cas des points de vente que les entreprises de luxe possèdent en propre et qui commercent au détriment du multi-marque plus concurrentiel. Ainsi, le luxe montre plusieurs barrières freinant l'entrée de nouveaux intervenants{{sfn|Delpal|2011}}, permettant aussi de maintenir une certaine « rareté » des produits, principe de ce domaine. Le souhait de contrôle de l'ensemble de la chaine reste une démarche relativement récente loin du principe des [[Franchise (réseau commercial)|licences]] qui prévaut lors de la seconde moitié du {{s-|XX}}{{sfn|Capital HS}}.


== Numérisation du commerce du luxe ==
== Numérisation du commerce du luxe ==
Le luxe se tourne désormais vers le [[commerce en ligne]] ; à l'image du groupe français Chanel qui a lancé son site dans 13 nouveaux pays, mais aussi par exemple de [[Kering]] ou [[LVMH]]. Par contre, la marque Chanel n’y propose pas par exemple ses tailleurs ni ses sacs à main, entendant pour l’instant réserver ces produits à ses boutiques, pour privilégier le contact client<ref name=LMjuillet2019>{{article| titre=L’envolée du e-commerce oblige les marques de luxe à se convertir au Net | périodique=[[Le Monde]] | auteur1=Juliette Garnier| jour=26 | mois=juillet | année=2019 | url texte=https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/26/l-envolee-du-e-commerce-oblige-les-marques-de-luxe-a-se-convertir-au-net_5493545_3234.html }}</ref>. Au sein de LVMH, le lancement de la marque Fenty, avec la chanteuse [[Rihanna]], est significatif. Cette marque de mode s’appuie sur une distribution atypique : des boutiques éphémères sont bien ouvertes à Paris et New York pour la visibilité de la collection, mais un site de vente en ligne permet d’acheter et de livrer les produits partout<ref name=LMjuillet2019 />.
Le luxe se tourne désormais vers le [[commerce en ligne]] ; à l'image du groupe français Chanel qui a lancé son site dans 13 nouveaux pays, mais aussi par exemple de [[Kering]] ou [[LVMH]]. Par contre, la marque Chanel n’y propose pas par exemple ses tailleurs ni ses sacs à main, entendant pour l’instant réserver ces produits à ses boutiques, pour privilégier le contact client<ref name="LMjuillet2019" />. Au sein de LVMH, le lancement de la marque Fenty, avec la chanteuse [[Rihanna]], est significatif. Cette marque de mode s’appuie sur une distribution atypique : des boutiques éphémères sont bien ouvertes à Paris et New York pour la visibilité de la collection, mais un site de vente en ligne permet d’acheter et de livrer les produits partout<ref name=LMjuillet2019 />.
Pour le cabinet de conseil en stratégie [[Bain & Company|Bain]], le Web devrait représenter un quart des ventes de produits de luxe en 2025 contre environ 10 % aujourd’hui. « En Chine, le Net, c’est déjà 35 % des ventes de produits de luxe », précise Sébastien Badault, directeur général d’[[Alibaba Group|Alibaba]] en France<ref name=LMjuillet2019 />.
Pour le cabinet de conseil en stratégie [[Bain & Company|Bain]], le Web devrait représenter un quart des ventes de produits de luxe en 2025 contre environ 10 % aujourd’hui. « En Chine, le Net, c’est déjà 35 % des ventes de produits de luxe », précise Sébastien Badault, directeur général d’[[Alibaba Group|Alibaba]] en France<ref name=LMjuillet2019 />.


Selon le cabinet [[Bain & Company]], les ventes en ligne représentent 10% des ventes de produits de luxe en 2019. Ce chiffre pourrait atteindre 25% en 2035<ref>{{Article |langue=fr |titre=L’envolée du e-commerce oblige les marques de luxe à se convertir au Net |périodique=Le Monde.fr |date=2019-07-26 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/26/l-envolee-du-e-commerce-oblige-les-marques-de-luxe-a-se-convertir-au-net_5493545_3234.html |consulté le=2020-06-30 }}</ref>. La crise de la Covid-19 devrait accélérer cette transition<ref name="+3" />.
Selon le cabinet [[Bain & Company]], les ventes en ligne représentent 10% des ventes de produits de luxe en 2019. Ce chiffre pourrait atteindre 25% en 2035<ref>{{lien web |langue=fr |titre=L’envolée du e-commerce oblige les marques de luxe à se convertir au Net |site=Le Monde.fr |date=2019-07-26 |url= https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/26/l-envolee-du-e-commerce-oblige-les-marques-de-luxe-a-se-convertir-au-net_5493545_3234.html |consulté le=2020-06-30 }}</ref>. La crise de la Covid-19 devrait accélérer cette transition<ref name="+3" />.


Les entreprises de ce secteur du luxe commence également à envisager l’utilisation de la blockchain pour mieux protéger la propriété intellectuelle des créateurs, et lutter contre les contrefaçons<ref>{{article| titre=Libérer la propriété intellectuelle grâce à la blockchain | périodique=[[Harvard Business Review]] | auteur1=Patrick Duvaut | auteur2=Laurence Joly | auteur3=Eric Seulliet | auteur4=Sabri Solani| jour=16 | mois=juillet| année=2019 | url texte=https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2019/07/27030-liberer-la-propriete-intellectuelle-grace-a-la-blockchain/ }}</ref>{{,}}<ref>{{article | langue=fr | titre=LVMH résout le problème de la contrefaçon avec la blockchain AURA | périodique=FashionUnited | date=3 juin 2019 | url=https://fashionunited.fr/actualite/business/lvmh-resout-le-probleme-de-la-contrefacon-avec-la-blockchain-aura/2019060320934 }}</ref>.
Les entreprises de ce secteur du luxe envisagent l’utilisation de la ''[[blockchain]]'' pour mieux protéger la propriété intellectuelle des créateurs, et lutter contre les contrefaçons<ref>{{article| titre=Libérer la propriété intellectuelle grâce à la blockchain | périodique=[[Harvard Business Review]] | auteur1=Patrick Duvaut | auteur2=Laurence Joly | auteur3=Eric Seulliet | auteur4=Sabri Solani| jour=16 | mois=juillet| année=2019 |lire en ligne= https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2019/07/27030-liberer-la-propriete-intellectuelle-grace-a-la-blockchain/ }}</ref>{{,}}<ref>{{article | langue=fr | titre=LVMH résout le problème de la contrefaçon avec la blockchain AURA | périodique=FashionUnited | date=3 juin 2019 | url=https://fashionunited.fr/actualite/business/lvmh-resout-le-probleme-de-la-contrefacon-avec-la-blockchain-aura/2019060320934 }}</ref>.


== Formations ==
== Formations ==
Il existe en France de nombreuses formations spécifiques au luxe, que ce soient des écoles de commerce ou des écoles d'ingénieurs proposant des masters d'un an ou des écoles spécialisées, dans les domaines du design de mode, de gemmologie / joaillerie, ou de parfumerie, ainsi que dans les filières artisanales et industrielles. En 2012, est lancée l'opération « Trans Faire », par la Fédération mode du Grand Ouest, en partenariat avec l'État et [[OPCALIA]] Textiles, dont la finalité est de sauvegarder et de transmettre des savoir-faire des sociétés œuvrant dans le secteur du luxe<ref>{{Lien web|auteur=Dominique Chapuis |url= https://www.lesechos.fr/24/09/2013/LesEchos/21528-109-ECH_mode---les-faconniers-preparent-la-releve.htm |titre=Mode : les façonniers préparent la relève |site=[[Les Échos]] |date=2013|consulté le=12 juin 2016}}</ref>. En fait, ce secteur offre des débouchés pour une grande palette de formations, avec des emplois en studio de création, en bureau d'études, en atelier, en production et dans le commerce<ref>{{Ouvrage | langue=fr | titre=Les métiers de la mode et du luxe | éditeur=[[Onisep]] | année=2014 | isbn=}}</ref>.
Il existe en France de nombreuses formations spécifiques au luxe, que ce soient des écoles de commerce ou des écoles d'ingénieurs proposant des masters d'un an ou des écoles spécialisées, dans les domaines du design de mode, de gemmologie / joaillerie, ou de parfumerie, ainsi que dans les filières artisanales et industrielles. En 2012, est lancée l'opération « Trans Faire », par la Fédération mode du Grand Ouest, en partenariat avec l'État et [[OPCALIA]] Textiles, dont la finalité est de sauvegarder et de transmettre des savoir-faire des sociétés œuvrant dans le secteur du luxe<ref>{{Lien web |auteur=Dominique Chapuis |url= https://www.lesechos.fr/24/09/2013/LesEchos/21528-109-ECH_mode---les-faconniers-preparent-la-releve.htm |titre=Mode : les façonniers préparent la relève |site=[[Les Échos]] |date=2013|consulté le=12 juin 2016}}</ref>. En fait, ce secteur offre des débouchés pour une grande palette de formations, avec des emplois en studio de création, en bureau d'études, en atelier, en production et dans le commerce<ref>{{Ouvrage | langue=fr | titre=Les métiers de la mode et du luxe | éditeur=[[Onisep]] | année=2014 | isbn=}}</ref>.


Les cursus destinés aux créateurs font désormais l'objet d'une concurrence internationale. Ceci a conduit par exemple le gouvernement français à créer le [[diplôme national des métiers d'art et du design]]. Cette concurrence a également suscité des associations entre organismes formateurs pour renforcer leur notoriété respective. Face à la [[Central Saint Martins]] de [[Londres]] et à l'[[Académie des beaux-arts d'Anvers]], sur le Vieux Continent, l'[[Institut français de la mode]] s'est ainsi rapproché en 2019 de l'[[École de la chambre syndicale de la couture parisienne]]. Un peu avant, dès 2017, l'[[École nationale supérieure des arts décoratifs]] de Paris, les [[Mines ParisTech]], et l'université Paris Dauphine se sont unies pour fonder l'École nationale de mode et matière (EnaMoMa) Paris Fashion School<ref>{{article | titre=Mode, Luxe : art intemporel, métiers de pointe | auteur= Agathe Charnet | date=5 juin 2018 | journal=[[Le Monde]] | lire en ligne=https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/05/mode-luxe-art-intemporel-metiers-de-pointe_5309720_4401467.html }}</ref>.
Les cursus destinés aux créateurs font désormais l'objet d'une concurrence internationale. Ceci a conduit par exemple le gouvernement français à créer le [[diplôme national des métiers d’arts et du design]]. Cette concurrence a également suscité des associations entre organismes formateurs pour renforcer leur notoriété respective. Face à la [[Central Saint Martins]] de [[Londres]] et à l'[[Académie royale des beaux-arts d'Anvers]], sur le Vieux Continent, l'[[Institut français de la mode]] s'est ainsi rapproché en 2019 de l'[[École de la chambre syndicale de la couture parisienne]]. Un peu avant, dès 2017, l'[[École nationale supérieure des arts décoratifs]] de Paris, les [[Mines ParisTech]], et l'université Paris Dauphine se sont unies pour fonder l'École nationale de mode et matière (EnaMoMa) Paris Fashion School<ref>{{lien web | titre=Mode, Luxe : art intemporel, métiers de pointe | auteur= Agathe Charnet | date=5 juin 2018 | site=[[Le Monde]] | url= https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/05/mode-luxe-art-intemporel-metiers-de-pointe_5309720_4401467.html }}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références |références=
<ref name="lexpress-2011">{{lien archive |horodatage archive=20110811112135 |url=http://www.lexpress.fr/actualite/economie/le-marche-du-luxe-en-pleine-ebullition_1010466.html |titre=Le marché du luxe en pleine ébullition |auteur=Corinne Scemama |site=[[L'Express]] |date=8 juillet 2011}} {{Citation bloc|Pour rester dans le jeu, les marques sont obligées de multiplier les boutiques haut de gamme dans les emplacements les plus en vue (et les plus chers) du monde.}}
</ref>
<ref name="+2">{{Lien web |langue=fr |titre=Ces Africaines qui s'illustrent dans l'industrie du luxe |url=https://afrique.latribune.fr/decideurs/parcours-de-femme/2019-09-13/ces-africaines-qui-s-illustrent-dans-l-industrie-du-luxe-827859.html |site=La Tribune |consulté le=2020-06-26}}</ref>
<ref name="+3">{{Lien web |langue=en |prénom=Isabelle |nom=Chaboud |titre=Luxe : les cinq tendances qui dessinent l’industrie d’après-crise |url=http://theconversation.com/luxe-les-cinq-tendances-qui-dessinent-lindustrie-dapres-crise-136553 |site=The Conversation |consulté le=2020-08-13}}</ref>
<ref name=LMjuillet2019>{{lien web | titre=L’envolée du e-commerce oblige les marques de luxe à se convertir au Net | site=[[Le Monde]] | auteur1=Juliette Garnier| jour=26 | mois=juillet | année=2019 | url = https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/26/l-envolee-du-e-commerce-oblige-les-marques-de-luxe-a-se-convertir-au-net_5493545_3234.html }}</ref>
}}


== Annexes ==
== Annexes ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
;Ouvrages
* {{en}} Berg, M. (2000) ''New commodities, luxuries and their consumers in eighteenth-cetury England'', in Berg, M., Clifford, H., (dir.), ''Consumers and Luxury. Consumer Culture in Europe 1750-1850'', Manchester, Manchester University Press.
* {{chapitre |titre=Luxe |titre ouvrage=L'Encyclopédie |année=1795 |numéro d'édition=1 |wikisource=L’Encyclopédie/1re édition/LUXE |id=L'Encyclopédie}}
* {{en}} Berg, M., Clifford, H., (dir.) (2000) ''Consumers and Luxury. Consumer Culture in Europe 1750-1850'', Manchester, Manchester University Press.
* {{ouvrage |langue=en |auteur1=M. Berg |auteur2=H. Clifford |responsabilité1=dir. |responsabilité2=dir. |année=2000 |titre=Consumers and Luxury. Consumer Culture in Europe 1750-1850 |éditeur=Manchester University Press}}.
* {{en}} Berg, M., (2003) ''Asian Luxuries and the Making of the European Consumer Revolution'', in Berg, M., Eger, E., (eds.), ''Luxury in the eighteenth century: debates, desires and delectable goods'', Basingstoke, Palgrave Macmillan.
* {{en}} Berg, M., Eger, E., (eds.) (2003), ''Luxury in the eighteenth century: debates, desires and delectable goods'', Basingstoke,
** {{chapitre |langue=en |auteur=M. Berg |titre chapitre=New commodities, luxuries and their consumers in eighteenth-century England |titre ouvrage=Consumers and Luxury |année=2000 }}.
* {{ouvrage |langue=en |auteur1=M. Berg |auteur2=E. Eger |responsabilité1=éd. |responsabilité2=éd. |année=2003 |titre=Luxury in the eighteenth century: debates, desires and delectable goods |lieu=Basingstoke |éditeur=Palgrave Macmillan}}.
* {{en}} Berry, C-J. (1994), ''{{lang|en|texte=The Idea of Luxury. A conceptual and historical investigation}}'', Cambridge, Cambridge University Press.
** {{chapitre |langue=en |auteur=M. Berg |titre chapitre=Asian Luxuries and the Making of the European Consumer Revolution |titre ouvrage=Luxury in the eighteenth century |année=2003 }}.
* Blanckaert, C. (1996), ''Les Chemins du luxe'', Paris, Grasset.
* {{ouvrage |titre=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation |auteur1=Olivier Assouly |responsabilité1=dir. | préface=[[Pierre Bergé]] | éditeur=IFM/Regard |année=2011}}.
* Coquery, N. (1998), ''L'Hôtel aristocratique. Le marché du luxe ; Paris au {{S-|XVIII}}'', Paris, Publications de la Sorbonne.
** {{chapitre | titre chapitre=Les marchandes de modes parisiennes : le luxe de la parure féminine dans la France des Lumières| auteur1=[[Michelle Sapori]] |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation |année=2011 | passage=29-50 }}.
* Marcilhac V. (2013), ''Le luxe alimentaire : une singularité française'', Rennes, PUR/PUFR.
** {{chapitre | titre chapitre=Comment penser la relation entre les concepts de mode et de luxe| auteur1=Frédéric Godart |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation | année=2011 | passage=101-108 }}
*Patrick Mathieu/Frédéric Monneyron (2015), ''L'Imaginaire du luxe,'' Paris, Imago (ISBN: 978-2-84952-852-5)
** {{chapitre | titre chapitre=Luxe et identité culturelle américaine| auteur1=Bruno Remaury |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation |année=2011 |passage=213-230 }}
*Frédéric Monneyron (2016), ''Le Luxe'', Paris, Uppr, 2016 (ISBN: 978-2637168-131-6)
** {{chapitre | titre chapitre= Les avatars du luxe en son paradis japonais| auteur1=Jean-Marie Bouissou |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation |année=2011 |passage=231-246 }}
* [[Pascal Morand]] (2012), ''Les Religions et le luxe : l’éthique de la richesse d’Orient en Occident'', Éditions du Regard, 248 p. {{ISBN|978-2-9148-6313-1}}
** {{chapitre | titre chapitre=Quelques aspects d’un luxe que l’on pourrait dire chinois| auteur1=Danièlle Elisseeff |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation |année=2011 |passage=247-256 }}
* Palgrave Macmillan.Berneron-Couvenhes, M.-F. (2007), ''La croisière : du luxe au demi-luxe. Le cas des Messageries maritimes (1850-1960)'', in Daumas, J.-C., Ferrière le Vayer (de), M. (dir.), ''Entreprises et Histoire, Le luxe'' {{n°|46}}, avril, {{p.|34-55}}.
** {{chapitre | titre chapitre=Le luxe en Inde : le lot des Dieux |auteur1=Max-Jean Zins |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation |année=2011 | passage=257-268 }}
* [[Vincent Bastien]], Jean-Noel Kapferer, ''Luxe oblige'', [[Eyrolles]]
** {{chapitre | titre chapitre=Objets et marques de luxe| auteur1=Gilles Marion |titre ouvrage=Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation | année=2011 | passage=397-422 }}.
* [[Marc Abélès]], ''Un ethnologue au pays du luxe'', Odile Jacob, 2018, 144 p.

* {{ouvrage |langue=en |auteur=C.-J. Berry |année=1994 |titre=The Idea of Luxury |sous-titre= A conceptual and historical investigation|éditeur= Cambridge University Press}}.
* {{ouvrage |auteur=Blanckaert, C. |année=1996 |titre=Les Chemins du luxe |lieu= Paris |éditeur= Grasset}}.
* {{ouvrage |auteur=N. Coquery |année=1998 |titre=L'Hôtel aristocratique. Le marché du luxe ; Paris au {{S-|XVIII}} |lieu= Paris |éditeur= Publications de la Sorbonne}}.
* {{ouvrage |auteur=V. Marcilhac |année=2013 |titre=Le luxe alimentaire : une singularité française |lieu=Rennes |éditeur=PUR/PUFR}}.
* {{ouvrage |auteur1=Patrick Mathieu |auteur2=Frédéric Monneyron |année=2015 |titre=L'Imaginaire du luxe |lieu=Paris |éditeur= Imago |isbn=9782849528525 |présentation en ligne={{Google Livres |id=D1XXjgEACAAJ}}|pages totales=158 }}.
* {{ouvrage |auteur=Frédéric Monneyron |titre=Le Luxe |lieu= Paris |éditeur=Uppr |année= 2016 |isbn=9782371681316 |présentation en ligne={{Google Livres |id=Dw-IswEACAAJ}}|pages totales=75 }}.
* {{ouvrage |auteur=[[Pascal Morand]] |année=2012 |titre=Les Religions et le luxe : l’éthique de la richesse d’Orient en Occident |éditeur=Éditions du Regard |pages totales= 248 |isbn=978-2-9148-6313-1}}.
* {{ouvrage |auteur1=[[Vincent Bastien]] |auteur2= Jean-Noel Kapferer |titre=Luxe oblige |éditeur=[[Eyrolles]]}}
* {{ouvrage |auteur=[[Marc Abélès]] |titre=Un ethnologue au pays du luxe |éditeur=Odile Jacob |année=2018 |pages totales=144}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Nicolas Chemla |titre=Luxifer, pourquoi le luxe nous possède |lieu=Paris |éditeur=Seguier |année=2014 |isbn=}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |nom1=Catherine Bronnimann |titre=La robe de Psyché |sous-titre=essai de lien entre psychanalyse et vêtement |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L' Harmattan]] |année=2015 |pages totales=269 |isbn=978-2-343-05213-7 |oclc=905499526 }}.
* {{chapitre |langue=fr |auteur1=Guénolée Milleret |préface=[[Alexis Mabille]] |titre ouvrage =Haute couture : Histoire de l'industrie de la création française des précurseurs à nos jours |lieu=Paris
|éditeur=[[Eyrolles]] |année=2015 |mois=avril |pages totales=192 |isbn=978-2-212-14098-9
|présentation en ligne= {{Google Livres |id=Aq0eCgAAQBAJ |couv=1}} |titre chapitre=La haute couture à l'heure du Marketing}}.
* {{ouvrage |auteur1=M. Chevalier |auteur2=G. Mazzalovo |année=2008 |titre=Management et Marketing du luxe |lieu= Paris |éditeur=Dunod}}.
* {{chapitre| titre chapitre=Les modes vestimentaires dans la société occidentale | auteur1=[[Yvonne Deslandres]] | titre ouvrage=Histoire des mœurs | auteurs ouvrage=[[Jean Poirier (ethnologue)|Jean Poirier]] (dir.) | collection=[[Encyclopédie de la Pléiade]] | éditeur= [[Éditions Gallimard]] | année=1990 }}
* {{chapitre |auteur1=[[Stéphane Marchand]] |titre ouvrage=Les guerres du luxe |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=2001|mois=5 |pages totales=382 |isbn=978-2-213-60953-9 |titre chapitre=Le nouveau luxe ratisse large}}


;Articles
* {{article |auteur=Marie-Françoise Berneron-Couvenhes |année=2007 |titre=La croisière : du luxe au demi-luxe: Le cas des messageries maritimes (1850-1960) |périodique= Entreprises et histoire |numéro=46 |pages=34-55 |doi=10.3917/eh.046.0034 |titre numéro=Luxe}}. {{accès payant}}
* {{article |auteur=Julie Rambal |langue=fr |titre=Et pour vous, qu'est-ce que le luxe? |périodique=Le Temps |date=2017-12-08 |issn=1423-3967 |lire en ligne=https://www.letemps.ch/societe/questce-luxe |consulté le=2020-07-01 |id=Le Temps déc. 2017 }}.
* {{article |auteur= [[Marc Abélès]] |titre= Pour une anthropologie globale du luxe... et de la mode |sous-titre= Entretien avec Marc Abélès |périodique= Terrains/Théories |date=novembre 2018 |doi=10.4000/teth.1405 }}
* Interview de Jean-Noël Kapferer, ''in'' : {{Article |titre=Le luxe, c'est un équilibre entre la créativité et la rente |auteur=Patrick Piquard |périodique=[[Capital (magazine)|Capital]] |numéro=8 hors-série |page=11 |date=décembre 2015 - janvier février 2016 |consulté le=11 juin 2016 |id=Capital HS}}.
* {{Article |auteur1=Thiébault Dromard|titre=Luxe, marques internationales. Champions du monde |périodique=[[Challenges]]|numéro=444 |date=10 septembre 2015 |pages=75 |issn=0751-4417|consulté le=17 janvier 2018 |id=Challenges 444}}.
* {{article |auteur=A. Chatriot |année=2007 |titre=La construction récente des groupes de luxe français : mythes, discours et pratiques |périodique= Entreprises et Histoire |numéro=46 |pages=143-156}}.
* {{article |langue=en |auteur=F. Carnevali |année=2007 |titre=Luxury for the masses |sous-titre= Jewellery and jewellers in London and Birmingham in the 19 th century |périodique=Entreprises et Histoire |titre numéro=luxe |numéro=46 |pages=56-70}}.
* {{article |titre=L’intégration verticale dans le secteur du luxe : objectifs, modalités, effets
|auteur=Franck Delpal |éditeur=[[Institut français de la mode|IFM]] Paris |périodique=Mode de recherche |numéro=16 |date=juin 2011 |pages=30 à 40
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* {{article |titre=Le luxe, la part maudite et la plus-value |auteur=Nicolas Liucci-Goutnikov |éditeur=[[Institut français de la mode|IFM]] Paris |périodique=Mode de recherche |numéro=16 |date=juin 2011 |pages=55 et sv.
<!--lien brisé : |présentation en ligne=http://www.ifm-paris.com/fr/ifm/mode-luxe-design/recherche/revue-mode-de-recherche/item/506-le-luxe.html -->}}.
* {{article | auteur1=Olivier Dehoorne | auteur2=Sopheap Theng | année=2015 | titre= Étudier le luxe | périodique=Études Caribéennes | numéro=30 | doi=10.4000/etudescaribeennes.7505}}.
* {{Article |id=Challenges 617 |auteur1=Anne-Marie Rocco |titre=À la poursuite du luxe ultime |périodique=[[Challenges]]|numéro=617 |date=4 juillet 2019 |pages=156 à 158 |issn= 0751-4417|consulté le= 5 janvier 2020 }}




=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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* [[Artisanat d'art]]
* [[Artisanat d'art]]
* pour la France : [[Comité Colbert]] — [[Meilleur ouvrier de France]]
* pour la France : [[Comité Colbert]] — [[Meilleur ouvrier de France]]
* [[KHOLC]]
* ''[[La Distinction. Critique sociale du jugement]]'', [[Pierre Bourdieu]], 1979.
* ''[[La Distinction|La Distinction. Critique sociale du jugement]]'', [[Pierre Bourdieu]], 1979.


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Lien web |langue=fr |titre=Notre définition du luxe |site=le Journal du Luxe |id=Définition/JournalDuLuxe |url=https://journalduluxe.fr/definition-luxe/ |consulté le=2020-07-01}}
* {{lien web| url=http://riifr.univ-littoral.fr/wp-content/uploads/2011/05/doc-241.pdf | titre=Entrepreneurs historiques de l'industrie du luxe | site=le site de l'[[Université du Littoral Côte d'Opale]]}}
* {{lien web| url=http://riifr.univ-littoral.fr/wp-content/uploads/2011/05/doc-241.pdf | titre=Entrepreneurs historiques de l'industrie du luxe | site=le site de l'[[Université du Littoral-Côte-d'Opale]]}}
* {{article| auteur1=Marc de Ferrière le Vayer | lien auteur1=Marc de Ferrière le Vayer | titre=L’industrie du luxe et la mode : du temps des créateurs au temps des communicants (fin XIXe, fin {{s-|XX}}) | périodique=Apparence(s) | lien périodique=Apparence(s)| année=2007 |url texte=http://apparences.revues.org/61 }}
* {{article| auteur1=Marc de Ferrière le Vayer | lien auteur1=Marc de Ferrière le Vayer | titre=L’industrie du luxe et la mode : du temps des créateurs au temps des communicants (fin XIXe, fin {{s-|XX}}) | périodique=Apparence(s) | lien périodique=Apparence(s)| année=2007 |url texte=http://apparences.revues.org/61 }}
* {{Lien web |langue=en |titre=les secteurs du luxe |site=Le Club de l'élégance |id=Définition/Clubdelelgance |url=https://elegance-suisse.ch/secteurs-luxe/ |consulté le=2022-10-24}}
* {{lien web|auteur=Linda Bourget|url=http://www.hebdo.ch/perspectives_le_secteur_du_luxe_est_audessus_de_133459_.html| titre=Perspectives: «Le secteur du luxe est au-dessus de la crise»|série=Entreprises|jour=23|mois=11|année=2011|site=hebdo.ch|éditeur=|isbn=|page=|citation=|en ligne le=|consulté le= 15 juillet 2012}}

* [[Marc Abélès]], « Pour une anthropologie globale du luxe... et de la mode. Entretien avec Marc Abélès », Terrains/Théories| 2018, mis en ligne le {{date-|12 novembre 2018}}, consulté le {{date-|13 janvier 2020}}. URL : http://journals.openedition.org/teth/1405 ; DOI : 10.4000/teth.1405
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Dernière version du 31 janvier 2024 à 19:41

L'industrie française du cosmétique : porte-étendard mondial du luxe hexagonal.

Le luxe (du latin luxuria) est le mode de vie consistant à pratiquer des dépenses somptuaires et superflues, dans le but de s'entourer d'un raffinement fastueux ou par pur goût de l'ostentation, par opposition aux facteurs ne relevant que de la stricte nécessité. Par extension, le luxe désigne également tous les éléments et pratiques permettant de parvenir à ce niveau de vie. L'aspect d'inutilité du luxe est à la base de l'expression « C'est du luxe ! », familière dans son utilisation pour qualifier quelque chose de superflu. Un produit de luxe désigne un produit d'une très grande qualité, raffiné, coûteux et rare, même si de nos jours les frontières du luxe sont tenues volontairement floues par les entreprises commercialisant produits et prestations.

Histoire du luxe[modifier | modifier le code]

Parure ostentatoire au Soudan, en 2022.

Selon le dictionnaire Larousse le luxe est le « caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux »[1]. Gilles Lipovetsky, un philosophe français, défend que « Longtemps, il n’y a eu qu’un seul luxe, celui de l’ostentation et du prestige, avec des châteaux et parures qui servaient à marquer son rang. Ce luxe statutaire, inaccessible pour presque tous, existera toujours pour ceux qui veulent afficher leur réussite. » Mais que cette définition unique du luxe ne tient plus dans les sociétés modernes[2]. L'anthropologue Nicolas Chemla affirme « Le luxe est une démesure qui fait dire qu’il n’est pas seulement beau, mais sublime. Il fait basculer l’homme dans le registre des passions. »[3][source insuffisante]. Le sociologue Frédéric Monneyron défend que « Le luxe est un reflet des évolutions de la société, de ses désirs et ses inquiétudes »[2]. La psychothérapeute Catherine Bronnimann y voit un marqueur de classe sociale, ceux ayant les moyens économiques de se procurer et de porter des produits le faisant afin de combler un "désir d’appartenance à une classe"[4][source insuffisante].

Le luxe véritable n'apparaît généralement pas dans une seule forme ou réalisation et s'accorde mieux avec une certaine profusion semblant si possible illimitée. Le luxe est donc naturellement associé à la richesse qui permet des investissements qui visent le pur agrément et non le profit. Dans le luxe, l'abondance s'associe au superflu pour conférer un sentiment de grande aisance matérielle et de raffinement du goût. Au XVIIIe siècle, cette sensation particulière a été fixée par Voltaire dans une formule un rien paradoxale : « Le superflu, chose très nécessaire »[5].

C'est sans doute en Asie que se situe pendant plusieurs siècles l'épicentre de l'idée de luxe, avec ses pierres précieuses, ses laques, ses épices ou la soie, loin de la notion de productivité actuelle[6].

En France, une étape importante dans l’émergence d’une tradition du luxe est d’ailleurs le développement de la culture du mûrier pour le ver à soie, sous Henri IV, dans le midi et le centre, même si la fabrication de la soie existait à Lyon depuis la Renaissance[7],[8]. Une autre étape, à l'époque de Louis XIV et sous l'impulsion de son ministre Jean-Baptiste Colbert, est la constitution des grandes manufactures[9]. Le luxe n'est pas considéré par tous, dans cette France du XVIIIe siècle, comme un stimulant économique : au contraire, il était généralement accusé de nombre de maux comme de s'accroître au détriment des besoins élémentaires des pauvres ou de favoriser la corruption des mœurs, en particulier celles de la jeunesse.

Pour autant, Paris acquiert à cette époque une réputation de « capitale du luxe » même si cette évolution n'est pas du goût de tous : « Que le luxe, croissant tous les jours, commence à devenir un usage onéreux et insoutenable au monde qui l'a inventé, que c'est d'ici [Paris] qu'il se répand dans toute l'Europe… »[10]. Ce développement d’une tradition du luxe en France s’accélère avec l’émergence d’une profession, les marchandes de modes, en contact avec une clientèle intéressée par les mécanismes de l’ostentation et de la séduction, les membres de cette Cour vivant désormais dans l’entourage immédiat du Roi depuis Louis XIV, et se voulant au-dessus des contingences communes. Ces marchandes de modes constituent un rouage déterminant entre les producteurs d’étoffe, les manufacturiers, les couturiers d’une part, et les consommateurs d’autre part. Elles sont à la fois en prise directe avec ces derniers, et donneurs d’ordre des différentes activités concernées. Elles vont diffuser constamment de nouvelles tendances, introduire une variation continuelle des parures, et cristalliser également cette notion de luxe autour de la figure de quelques créateurs, dont la fameuse Rose Bertin. À la veille de la Révolution française, on ne veut plus simplement une robe dans la haute société, on veut du Bertin[7]. Suit, une soixantaine d'années plus tard, sous le Second Empire, la création de marques telles que Cartier, Hermès ou Vuitton. La bourgeoisie a supplanté la noblesse et revendique le droit au luxe[11]. C’est également sous ce Second Empire que Charles Frederick Worth, couturier français d'origine britannique bénéficiant du soutien du régime impérial, lance ce qui va devenir la haute couture, en y associant une dimension de rêve et de mystère[12].

Bien plus tard, autour de quelques grands couturiers, parfumeurs et industriels[13], la constitution de grands groupes — souvent familiaux — de l'industrie du luxe se réalise[14] aux environs des années 1990, sur l'héritage historique d'artisans devenus marques de luxe internationales[6].

La France, « championne mondiale du luxe » concentre d'ailleurs plus de la moitié des quinze marques les plus importantes, qu'elles soient françaises ou appartenant à un groupe national[11]. Les années 2010 voient également se développer d'importantes entreprises du luxe, dans les cosmétiques par exemple, en France[15],[16].

Cette tradition du luxe qui s’implante en France et en Europe gagne aussi dès le XIXe siècle le nouveau continent, et notamment les États-Unis. Dans cette société initialement très puritaine, le luxe se conçoit comme une des récompenses du travail, un signe de la réussite dans la compétition, et de l’achèvement du processus de civilisation. Il y est « public », et s’affirme y compris dans les buildings, du Woolworth Building à la Trump Tower. Il est une partie intégrante du projet social américain. Il repousse les frontières de la consommation, comme la conquête de l'Ouest a repoussé les frontières du pays, et il s’exprime dans un « goût américain » qui rejette l’entassement hétéroclite des styles et des époques de l’Ancien Monde[17].

En Asie, dans un pays tel que le Japon, le luxe a été longtemps, comme en France, le privilège de l’aristocratie. Puis avec l’ouverture à l’Occident, et surtout la défaite de 1945 suivi d’un spectaculaire redressement du pays qui devient l’une des grandes puissances économiques du monde, la consommation de produits de luxe est devenue preuve du succès. Certaines marques occidentales deviennent des marqueurs de la réussite. Une nouvelle culture du luxe y est cependant en train d’y émerger au XXIe siècle, prenant davantage de distance avec l’Occident, pour affirmer son identité propre[18]. En Chine, l’attrait pour le luxe n’est pas tourné vers les siècles passés et un certain « âge d’or » en la matière, mais vers le monde[19].

Dans le sous-continent indien, l’idée de luxe reste imprégnée de la riche histoire culturelle de cette contrée, qui a été historiquement au carrefour de différentes civilisations. Deux termes sont associés à cette notion. Le premier, vilas, d’origine sanskrit, évoque le plaisir et l’excès. Le second, aish, d’origine arabe, est lié au plaisir sensuel, au confort, et ouvre sur l’idée de profiter de la vie jusqu’au bout. Aishwarya, qui malgré la ressemblance, n’a pas de lien étymologique avec aish, signifie, en hindi, opulence, ostentation, et est issu d’une racine, ish, évoquant les Dieux. Il n’y a pas d’idée de «péché» associé : le luxe et la fortune sont le résultat de la place tenue dans la société. Mais l’hindouisme exhorte les personnes vivant dans le luxe à savoir s’en dégager temporairement et à en faire bénéficier leur entourage, le vrai sage étant celui qui renonce à tout. L’Inde a également hérité de l’empire moghol le goût de la mise en scène somptueuse du pouvoir[20].

Poids économique des entreprises du luxe[modifier | modifier le code]

Le luxe s'exprime dans tous les domaines où le plaisir importe, puisqu'il y contribue par un registre particulier et quelquefois le constitue presque entièrement, particulièrement pour ceux qui ont le goût du luxe. Ainsi, le luxe peut-il participer à un type de bonheur et être subjectivement vécu sous des apparences fort modestes. Comme l'écrit en 1751 Denis Diderot dans l'article « Luxe » de l'Encyclopédie : « Sans un immense superflu, chaque condition se croit misérable »[21],[22]. Un produit de luxe représente avant tout un label de qualité : l'acheteur sait par avance qu'il a été produit grâce à un savoir-faire au sommet de l'« état de l'art » d'une profession et est donc prêt à payer la qualité d'un tel produit.

Le luxe favorise la créativité et l'innovation technique, il stimule les multiples secteurs d'activité qui peuvent conforter tout « consommateur » dans le sentiment qu'il jouit d'une certaine aisance et d'un certain goût. De plus, quand le luxe, quoique toujours un peu élitiste et exceptionnel, peut se concilier avec les séductions de la mode, il incite à des achats de renouvellement qui peuvent ne plus correspondre à aucun besoin réel mais s'avérer très favorables au commerce, voire à une approche de type obsolescence programmée. Dès le XIXe siècle, chez les joailliers anglais par exemple, une partie de l'industrie du luxe s'est orientée vers la diffusion massive de produits pour le grand public[23]. C'est également le cas de nombre de stylistes aux États-Unis ayant choisi une diffusion plus large, mais luxueuse, de leurs créations vestimentaires, au contraire des restrictives maisons de couture parisiennes, investissant par là un segment premium[6] ou masstige (en).

De nos jours, le luxe reste un domaine dynamique en pleine croissance[24] où l'Europe domine avec suprématie[6]. Avec la constitution des grosses entités vers la fin du XXe siècle, le luxe connait une progression moyenne annuelle de 5 % par an depuis plus de trois décennies[25] pour atteindre un chiffre d'affaires mondial de 850 milliards de dollars[26]. Mais le luxe ne se résume pas à la création de vêtements de haute couture, même si cette création en reste l'archétype. Il touche de nombreux autres domaines variés comme l'hôtellerie, les voyages ou encore la gastronomie et le vin[6],[26],[27]. Car au-delà de l'appropriation d'un bien, « ce qu'on achète dorénavant c'est un style de vie […] On est à l'affût de l'inattendu, du mythique, de l'expérientiel de haute qualité » complète Marc Abélès[27].

L'Afrique compte également des marques de luxe comme l'entreprise sud-africaine Yswara, fondée en 2012, qui produit des thés[28], la marque de chocolat bio du Ghana 57 Chocolate[29], les maroquinier Okapi et Hamethop (Afrique du Sud) ou Zashadu (Nigéria)[30]. Le développement du luxe africain et en Afrique est menée par des femmes comme Swaady Martin (thé), Leticia N'Cho Traoré (conciergerie) ou Rosette Rugamba (tourisme)[31]. En 2018 le marché africain du luxe est évalué à 6 milliards de dollars[32]. Selon Stéphane Truchi de l'IFOP, le continent est « l'une des régions les plus stratégiques au monde » pour le marché du luxe[31].

Selon l’économiste américain William Baumol, l’industrie du luxe est une industrie progressive car les changements “technologiques et organisationnels qu’elle adopte [...] ne touchent pas à l’identité de cette industrie“[33].

Depuis les années 2000, des entreprises proposent des téléphones de luxe, couverts de pierres précieuses ou de métaux rares, qui peuvent se vendre plusieurs centaines de milliers de dollars[34],[35]. Selon le cabinet Mc Kinsey & Company, 40 % de la production mondiale des produits de luxe sort dans des ateliers italiens[36].

La pandémie de Covid-19 frappe durement le secteur du luxe. Franck Delpal, économiste à l'Institut Français de la Mode, évalue une baisse mondiale du chiffre d'affaires du secteur d'environ 20%[37]. D'autres prévisions font état d'une baisse de 25 à 45% au niveau mondial mais d'une hausse de 20 à 30% en Chine[38].

Finalement, le marché recule 36% en Europe, de 27% en Amérique, 24% au Japon, 35 en Asie hors Japon et Chine. Au niveau mondial, le recul est de 23%[39].

Luxe et mode[modifier | modifier le code]

Le luxe et la mode sont deux univers distincts de la vie socio-économique, et pourtant peuvent être confondus. Les phénomènes de modes ont été longtemps cantonnés aux classes sociales les plus aisées, et pour cette raison associés au luxe. Mais le rapport au temps est différent. La mode, par nature, joue du changement, et des ruptures, là les marques de luxe s’imposent une continuité stylistique, veulent incarner une tradition et rêvent d’intemporalité. La mode, autre que la haute couture, s'appuie désormais sur une industrialisation des processus de production pour s’adresser au plus grand nombre, là où le luxe souhaite le plus souvent maintenir des pratiques de production plus artisanales, associées à une rareté du produit[40],[41].

Pour autant, les objets de luxe ne peuvent échapper à l’évolution sociale et aux changements des modes de consommation. Mieux encore, les marques de luxe peuvent chercher à mettre à contribution les leviers de la mode pour « rester sous les feux de la rampe », redynamiser régulièrement leur image, et préparer l’avenir de leurs produits[41]. Ce distinguo entre le monde du luxe et le monde de la mode, et les passerelles entre ces deux univers, sont illustrés par exemple par les propos en 2019 de Michael Burke, PDG de Louis Vuitton, sur l’activité joaillerie de son groupe et une nouvelle collection conçue par Francesca Amfitheatrof : « Nous sommes une marque de luxe qui fait de la mode, pas l’inverse. La joaillerie doit survivre aux tendances, assurer une certaine continuité »[42].

Luxe et art, l'artketing[modifier | modifier le code]

Le luxe et l'art ont en commun des mécanismes de séduction, notamment l'effet Veblen : le prix élevé d'un produit peut le rendre plus désirable, et le faire entrer dans le monde du luxe, ou de l'art. Le consommateur a besoin de se sentir un esthète dans une boutique de luxe. C'est, d'une certaine façon, la « transfiguration du banal » d'Arthur Danto. Durant le XXe siècle, les entreprises de luxe ont investi dans l'art, notamment aux États-Unis, en France et en Italie, par le mécénat, l'événementiel et le financement de lieux d'exposition. « Pour les maisons de luxe, la culture est le premier domaine choisi pour le mécénat, car elle véhicule des valeurs communes comme la beauté, l'excellence, la rareté », peut ainsi affirmer la directrice de communication de l'Admical. La création de fondation, par Cartier, Prada, Louis Vuitton, et d'autres s'inscrit dans cette même logique[43]. De même que l'implantation d'un musée au milieu de 250 boutiques de luxe à Hong Kong, le K11 Musea au sein du K11, dans The Masterpiece[44].

Stratégies des entreprises du luxe[modifier | modifier le code]

Magasin Hermès à Bombay (2012).

Dans la logique du marketing de luxe, la définition du luxe doit rester floue : seuls la publicité ou le merchandising des marques imposent leur conception du luxe, afin de pouvoir regrouper sous cette dénomination nombre de produits n'ayant parfois aucun point commun ; le marketing de luxe doit convaincre que le produit appartient à ce domaine[21], que ce soit par de larges dépenses dans des campagnes internationales ou par l'implantation d'un réseau de distribution très sélectif[24]. Pour cela, les entreprises du luxe exploitent diverses techniques issues du « marketing du rêve » (dreamketing en anglais) afin de développer un univers dit luxueux autour de marchandises émanant d'origines diverses, le tout avec une obsolescence programmée afin de favoriser un désir permanent et un renouvellement perpétuel[21]. La « désirabilité » reste d'ailleurs un élément clef nécessaire voire indispensable du luxe[27]. La notion de luxe fait ainsi le grand écart entre le plus cher des produits et un simple flacon de parfum griffé d'un nom prestigieux[21].

Par leurs actions de communications ainsi que le poids qu'elles imposent aux médias[45],[46], les marques de luxe ont abrogé les frontières qui contingentaient le luxe : plusieurs décennies auparavant, chaque entreprise dite « de luxe » possédait un quasi-monopole sur son domaine respectif : Louis Vuitton était un malletier, Hermès un maroquinier-sellier, Dior une maison de couture… de nos jours, les univers se mélangent : Vuitton fait du prêt-à-porter, Hermès habille les hommes sur-mesure et Dior est leader dans l'univers du parfum. La diversification et la concurrence compliquent encore à définir le luxe et à déclencher la pulsion d'achat[21] ; de plus, la multiplication de lignes annexes, sous une même marque, entraîne parfois la disparition du positionnement luxe[47]. Certaines entreprises, par cette vulgarisation de leur nom dans les produits les plus divers, s'y sont perdues, à l'image d'un Pierre Cardin vendant des stylos ou de la marque Yves Saint Laurent sur des cigarettes : côtoyer le commerce de masse en descendant de gamme revient à quitter le luxe[21]. « Les enseignes doivent à la fois surfer sur cette folle croissance tout en conservant le même niveau de qualité. »[24] La cohérence de l'ensemble de ces offres diverses, si elles souhaitent être perçues comme appartenant au luxe, s'impose donc en premier lieu par une exigence forte de cette qualité[48].

Outre cette notion qualitative émanant d'un travail particulier parfois manuel, le « savoir-faire », le luxe se définit également par une question de rareté, de frustration à ne pas posséder, mais également de prix ; celui-ci doit être élevé : une marchandise de luxe ne peut, dans sa nature, éviter de « signifier qu’elle vaut cher. »[49] Malgré tout, le « positionnement prix » du produit est un choix important devant rester en adéquation avec l'image de l'entreprise et sa clientèle ; cette clientèle définit elle aussi la notion : Nicolas Hayek précise que « le luxe est identifié par celui qui le porte »[21] et Marc Abélès affirme que ce n'est « rien d'autre que l'exhibition par l'élite de son statut supérieur »[27]. Catherine Bronnimann est sur les mêmes positions et souligne que " Le luxe tel qu’on le connaît est d’abord un désir d’appartenance à une classe."[50].

Un nouveau point d'attention des industries du luxe, attentives aux critiques à leur égard, et à l'évolution des sociétés, est constitué par les préoccupations éthiques, écologiques et de développement durable. Hermès ou LVMH, par exemple, ont été ainsi pris à partie sur l'utilisation de la fourrure et la maltraitance des animaux, par l'association People for the Ethical Treatment of Animals (PETA)[51],[52],[53]. Le sujet du cruelty-free, ou des composants naturels, sans parabène ou sans substances animales prend également de l'importance dans le domaine des cosmétiques, et surtout dans les critères de choix des nouvelles générations de consommateurs[54]. Autre exemple, dans la joaillerie, après des pionniers en la matière tels que Jewellery Ethically Minded (JEM), le joaillier suisse Chopard fait le choix, sur ses approvisionnements d'or, de s'obliger à une traçabilité et de privilégier des extractions de cette matière précieuse qui soient certifié Fairmined. François-Henri Pinault, patron de Kering, annonce également que ses entreprises de joaillerie vont progressivement utiliser de l'« or éthique » certifié par Chain of Custody du RJC, Fairmined ou Fairtrade[55].

Afin de maintenir leurs approvisionnements, leur indépendance face aux façonniers, la qualité des produits lors de la fabrication, puis le niveau de marge au moment de la vente, les groupes du luxe ont rapidement évolué vers un modèle d'intégration verticale jusqu'au réseau de distribution ; si ce modèle n'est pas applicable uniformément à tous les produits, il est plus particulièrement adapté à la maroquinerie[25]. L'intégration verticale permet également, en sécurisant de façon exclusive toute la chaîne, de minimiser la liberté pour un concurrent de s'intégrer dans un domaine donné : ainsi par exemple, en achetant des tanneries, les fabricants de sacs interdisent la fournitures de la matière première à d'autres entreprises[25]. C'est également le cas des points de vente que les entreprises de luxe possèdent en propre et qui commercent au détriment du multi-marque plus concurrentiel. Ainsi, le luxe montre plusieurs barrières freinant l'entrée de nouveaux intervenants[25], permettant aussi de maintenir une certaine « rareté » des produits, principe de ce domaine. Le souhait de contrôle de l'ensemble de la chaine reste une démarche relativement récente loin du principe des licences qui prévaut lors de la seconde moitié du XXe siècle[6].

Numérisation du commerce du luxe[modifier | modifier le code]

Le luxe se tourne désormais vers le commerce en ligne ; à l'image du groupe français Chanel qui a lancé son site dans 13 nouveaux pays, mais aussi par exemple de Kering ou LVMH. Par contre, la marque Chanel n’y propose pas par exemple ses tailleurs ni ses sacs à main, entendant pour l’instant réserver ces produits à ses boutiques, pour privilégier le contact client[56]. Au sein de LVMH, le lancement de la marque Fenty, avec la chanteuse Rihanna, est significatif. Cette marque de mode s’appuie sur une distribution atypique : des boutiques éphémères sont bien ouvertes à Paris et New York pour la visibilité de la collection, mais un site de vente en ligne permet d’acheter et de livrer les produits partout[56]. Pour le cabinet de conseil en stratégie Bain, le Web devrait représenter un quart des ventes de produits de luxe en 2025 contre environ 10 % aujourd’hui. « En Chine, le Net, c’est déjà 35 % des ventes de produits de luxe », précise Sébastien Badault, directeur général d’Alibaba en France[56].

Selon le cabinet Bain & Company, les ventes en ligne représentent 10% des ventes de produits de luxe en 2019. Ce chiffre pourrait atteindre 25% en 2035[57]. La crise de la Covid-19 devrait accélérer cette transition[36].

Les entreprises de ce secteur du luxe envisagent l’utilisation de la blockchain pour mieux protéger la propriété intellectuelle des créateurs, et lutter contre les contrefaçons[58],[59].

Formations[modifier | modifier le code]

Il existe en France de nombreuses formations spécifiques au luxe, que ce soient des écoles de commerce ou des écoles d'ingénieurs proposant des masters d'un an ou des écoles spécialisées, dans les domaines du design de mode, de gemmologie / joaillerie, ou de parfumerie, ainsi que dans les filières artisanales et industrielles. En 2012, est lancée l'opération « Trans Faire », par la Fédération mode du Grand Ouest, en partenariat avec l'État et OPCALIA Textiles, dont la finalité est de sauvegarder et de transmettre des savoir-faire des sociétés œuvrant dans le secteur du luxe[60]. En fait, ce secteur offre des débouchés pour une grande palette de formations, avec des emplois en studio de création, en bureau d'études, en atelier, en production et dans le commerce[61].

Les cursus destinés aux créateurs font désormais l'objet d'une concurrence internationale. Ceci a conduit par exemple le gouvernement français à créer le diplôme national des métiers d’arts et du design. Cette concurrence a également suscité des associations entre organismes formateurs pour renforcer leur notoriété respective. Face à la Central Saint Martins de Londres et à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, sur le Vieux Continent, l'Institut français de la mode s'est ainsi rapproché en 2019 de l'École de la chambre syndicale de la couture parisienne. Un peu avant, dès 2017, l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, les Mines ParisTech, et l'université Paris Dauphine se sont unies pour fonder l'École nationale de mode et matière (EnaMoMa) Paris Fashion School[62].

Notes et références[modifier | modifier le code]

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  3. Chemla 2014.
  4. Bronnimann 2015.
  5. Poème Le Mondain,  (Wikisource)
  6. a b c d e et f Capital HS.
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  8. « Vers à soie », sur Futura
  9. Hélène Guillaume et Émilie Veyretout, « Chanel et le couturier des Lumières », sur Le Figaro,
  10. Massillon, Panégyrique de Saint Louis
  11. a et b Challenges 444.
  12. Deslandres 1990, p. 1055.
  13. Chevalier et Mazzalovo 2008.
  14. Chatriot 2007.
  15. « Luxe, art de vivre et développement durable : le triptyque de Lavandière de Provence », sur La Tribune (consulté le )
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  18. Bouissou 2011.
  19. Elisseeff 2011.
  20. Zins 2011.
  21. a b c d e f et g Marchand 2001, p. 89-94.
  22. L'Encyclopédie.
  23. Carnevali 2007.
  24. a b et c Corinne Scemama, « Le marché du luxe en pleine ébullition », sur L'Express, (version du sur Internet Archive)

    « Pour rester dans le jeu, les marques sont obligées de multiplier les boutiques haut de gamme dans les emplacements les plus en vue (et les plus chers) du monde. »

  25. a b c et d Delpal 2011.
  26. a et b Dehoorne et Theng 2015.
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  29. Maryline Baumard, « Au Ghana, la marque 57 Chocolate fabrique « des tablettes de patriotisme » », sur Le Monde, (consulté le )
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  43. Christophe Rioux et Nicole Vulser, « L’art permet d’injecter du Botox aux maisons de luxe », sur Le Monde,
  44. Ivan Letessier, « K11 Musea veut réenchanter le commerce de luxe à Hongkong », sur Le Figaro,
  45. Interview de Pierre Bergé in : Paquita Paquin, « Ils composent des écuries », Culture, sur liberation.fr, (consulté le )
  46. Paquita Paquin et Cédric Saint-Andre Perrin, « OPA sur la mode et l'art », Culture, sur liberation.fr,

    « Rodée à la technique du renvoi d'ascenseur (pub contre rédactionnel), la presse de mode est dépendante des grands groupes. Chez LVMH, les achats médias sont négociés pour l'ensemble du groupe. »

  47. Catherine Pleeck, « #followmystyle », L'Express Styles, L'Express, no supplément au n° 3354,‎ 14 au 20 octobre 2015, p. 46
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  60. Dominique Chapuis, « Mode : les façonniers préparent la relève », sur Les Échos, (consulté le )
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  62. Agathe Charnet, « Mode, Luxe : art intemporel, métiers de pointe », sur Le Monde,

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages
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  • (en) M. Berg (dir.) et H. Clifford (dir.), Consumers and Luxury. Consumer Culture in Europe 1750-1850, Manchester University Press, .
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    • Bruno Remaury, « Luxe et identité culturelle américaine », dans Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation, , p. 213-230
    • Jean-Marie Bouissou, « Les avatars du luxe en son paradis japonais », dans Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation, , p. 231-246
    • Danièlle Elisseeff, « Quelques aspects d’un luxe que l’on pourrait dire chinois », dans Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation, , p. 247-256
    • Max-Jean Zins, « Le luxe en Inde : le lot des Dieux », dans Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation, , p. 257-268
    • Gilles Marion, « Objets et marques de luxe », dans Le Luxe, essai sur la fabrique de l’ostentation, , p. 397-422.


Articles
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  • Julie Rambal, « Et pour vous, qu'est-ce que le luxe? », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
  • Marc Abélès, « Pour une anthropologie globale du luxe... et de la mode : Entretien avec Marc Abélès », Terrains/Théories,‎ (DOI 10.4000/teth.1405)
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  • Thiébault Dromard, « Luxe, marques internationales. Champions du monde », Challenges, no 444,‎ , p. 75 (ISSN 0751-4417).
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  • Franck Delpal, « L’intégration verticale dans le secteur du luxe : objectifs, modalités, effets », Mode de recherche, IFM Paris, no 16,‎ , p. 30 à 40.
  • Nicolas Liucci-Goutnikov, « Le luxe, la part maudite et la plus-value », Mode de recherche, IFM Paris, no 16,‎ , p. 55 et sv..
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  • Anne-Marie Rocco, « À la poursuite du luxe ultime », Challenges, no 617,‎ , p. 156 à 158 (ISSN 0751-4417)


Articles connexes[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Luxe.

Liens externes[modifier | modifier le code]