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'''Étienne Jodelle''' est un [[poète]] et [[dramaturge]] [[français]] né en [[1532]], et mort en juillet [[1573]], à [[Paris]].
'''Étienne Jodelle, seigneur de Limodin''' est un [[poète]] et [[dramaturge]] [[français]] né en [[1532]], et mort en juillet [[1573]], à [[Paris]].


Membre de la [[Pléiade (xvie siècle)|Pléiade]], il s'efforcera de revitaliser les principes du [[théâtre antique]] à la [[Renaissance française|Renaissance]]. Il est le premier à introduire l'[[alexandrin]] dans la [[tragédie humaniste|tragédie]] à son époque, notamment avec ''[[Cléopâtre captive]]'', la première ''tragédie à l'antique'', ainsi que ''[[L'Eugène]]'' dans la [[comédie humaniste|comédie]]. Il est reconnu comme un précurseur du [[Théâtre à la Renaissance|théâtre qui naît]] dans la seconde moitié du XVIe siècle, une [[Guerres de Religion (France)|période convulsive]] qui verra ses incertitudes incarnées dans son œuvre<ref name=oury>{{Lien web |langue=fr |auteur=Antoine Oury|titre= Etienne Jodelle, l'auteur de la première tragédie originale française |url= https://www.actualitte.com/article/culture-arts-lettres/etienne-jodelle-l-auteur-de-la-premiere-tragedie-originale-francaise/90942 |date= 17 septembre 2018|site= |consulté le= 30 août 2019}}. </ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=fr |auteur1= |titre=Au chatreau d'Ecouen, théatre toute farce |périodique=La Croix |volume= |numéro= |date= 17 novembre 2018|pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne=https://www.la-croix.com/Culture/Expositions/Au-Chateau-dEcouen-theatre-toute-farce-2018-11-17-1200983720 |consulté le= |id= }}. </ref>.
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== Biographie ==
== Biographie ==


Jodelle appartient à la bourgeoisie parisienne, mais il est attiré par la noblesse. Il est « Sieur du Lymodin ». La mort prématurée de son père alors que Jodelle n'avait que quatre ans forçait sa mère, Marie Drouet, à s'occuper de l'éducation de ses enfants, Étienne et sa sœur. Son oncle maternel, Étienne de Passavant, qui possédait une importante collection de livres, semble avoir été celui qui a enflammé le goût de la littérature chez Jodelle.
Jodelle appartient à la bourgeoisie parisienne, mais il est attiré par la noblesse. Il est « Sieur du Lymodin ». La mort prématurée de son père alors que Jodelle n'avait que quatre ans forçait sa mère, Marie Drouet, à s'occuper de l'éducation de ses enfants, Étienne et sa sœur. Son oncle maternel, Étienne de Passavant, qui possédait une importante collection de livres, semble avoir été celui qui a enflammé le goût de la littérature chez Jodelle.


Il séjourne à [[Lyon]] (v. 1550), puis il s'établit à Paris où il se lie avec [[Jean Antoine de Baïf]], [[Nicolas Denisot]] et [[Remy Belleau]]. Il appartient au cercle du mécène [[Jean II Brinon]]. À [[Paris]], membre de la [[Pléiade (XVIe siècle)|Pléiade]], il s'efforça d'en appliquer les principes à l'art théâtral. Il fut le premier à utiliser l'[[alexandrin]] dans la [[tragédie]]. Il apparaît comme un précurseur du [[Théâtre à la Renaissance|théâtre à l'antique]] qui naît dans la seconde moitié du {{s-|XVI|e}}.
Il séjourne à [[Lyon]] (v. 1550), puis il s'établit à Paris où il se lie avec [[Jean Antoine de Baïf]], [[Nicolas Denisot]] et [[Remy Belleau]]. Il appartient au cercle du mécène [[Jean II Brinon]]. À [[Paris]], membre de la [[Pléiade (XVIe siècle)|Pléiade]], il s'efforça d'en appliquer les principes à l'art théâtral. Il fut le premier à utiliser l'[[alexandrin]] dans la [[tragédie]]. Il apparaît comme un précurseur du [[Théâtre à la Renaissance|théâtre à l'antique]] qui naît dans la seconde moitié du {{s-|XVI|e}}.


Au début de l'année [[1553]], il fait représenter la première [[tragédie humaniste]], ''[[Cléopâtre captive]]'', et la première [[comédie humaniste]], ''[[L'Eugène]]'', devant le roi [[Henri II (roi de France)|Henri II]], à Paris, [[Collège de Reims]], puis au [[collège de Boncourt]]. Pour fêter la première représentation (et « baptiser » la naissance du théâtre à l'antique en France), Jodelle et ses amis de la Pléiade se rendent à Arcueil, où ils procèdent à une cérémonie à l'antique connue sous le nom de « [[pompe du bouc]] », qui leur attire les foudres des dévots, lorsqu'une chèvre ornée de fleurs fut conduite en procession et présentée à l'auteur, cérémonie exagérée par les ennemis des [[Pierre de Ronsard|Ronsardistes]] dans un renouveau des rites païens du culte de [[Bacchus]].
Au début de l'année [[1553]], il fait représenter la première [[tragédie humaniste]], ''[[Cléopâtre captive]]'', et la première [[comédie humaniste]], ''[[L'Eugène]]'', devant le roi [[Henri II (roi de France)|Henri II]], à Paris, [[Collège de Reims]], puis au [[collège de Boncourt]]. Pour fêter la première représentation (et « baptiser » la naissance du théâtre à l'antique en France), Jodelle et ses amis de la Pléiade se rendent à Arcueil, où ils procèdent à une cérémonie à l'antique connue sous le nom de « [[pompe du bouc]] », qui leur attire les foudres des dévots, lorsqu'une chèvre ornée de fleurs fut conduite en procession et présentée à l'auteur, cérémonie exagérée par les ennemis des [[Pierre de Ronsard|Ronsardistes]] dans un renouveau des rites païens du culte de [[Bacchus]].


Il est désormais protégé par le [[Charles de Lorraine (1524-1574)|cardinal de Lorraine]] et par [[Marguerite de France (1523-1574)|Marguerite de France]]. Il écrit une seconde tragédie, ''[[Didon se sacrifiant]]'', que [[Jacques Grévin]] imite lorsqu'il rédige son ''[[César (1561)|César]]'' (1561).
Il est désormais protégé par le [[Charles de Lorraine (1524-1574)|cardinal de Lorraine]] et par [[Marguerite de France (1523-1574)|Marguerite de France]]. Il écrit une seconde tragédie, ''[[Didon se sacrifiant]]'', qu’on joua peut-être à Dol vers 1555, et que [[Jacques Grévin]] imite lorsqu'il rédige son ''[[César (1561)|César]]'' (1561).


En [[1558]], il est chargé par la municipalité de Paris d'organiser un spectacle en l'honneur du roi [[Henri II de France|Henri II]] qui vient de conquérir [[Calais]]. À la suite d'un certain nombre de catastrophes, cette fête est un échec qui lui vaut la disgrâce. C'est vers ce temps qu'il aurait été condamné à mort. Il s'éloigne de la Cour, puis il finit par y revenir{{Note|texte=C'est cet échec de 1558 qui a inspiré à Florence Delay son très beau roman "L'Insuccès de la fête", Paris, Gallimard, 1980.}}.
En [[1558]], il est chargé par le Prévôt des Marchands et des Échevins de Paris d'organiser un spectacle en l'honneur du roi [[Henri II de France|Henri II]] qui vient de conquérir [[Calais]], et du duc de Guise. Il n’a que quatre jours pour cela, et ce qui devait être une mise en scène baroque de la légende d’Orphée, avec décor, musique et machines, tourne à l’échec et lui vaut la disgrâce : si Henri II se montre magnanime, Jodelle est moqué de la cour, et les officiers municipaux menacent de le poursuivre en justice pour dilapidation de l’argent public<ref name=":1" />. C'est vers ce temps qu'il aurait été condamné à mort. Il s'éloigne de la Cour, puis il finit par y revenir{{Note|texte=C'est cet échec de 1558 qui a inspiré à Florence Delay son très beau roman "L'Insuccès de la fête", Paris, Gallimard, 1980.}}.


Il écrit contre les protestants (''Contre les ministres de la nouvelle opinion''). Il fut plus tard accusé d'avoir fait l'apologie du [[massacre de la Saint-Barthélemy]], notamment par [[Pierre de l'Estoile]]<ref>Cité dans {{ouvrage|titre=Les Œuvres et Mélanges poétiques d'Estienne Jodelle|tome=1|auteur=[[Charles Marty-Laveaux]]|année=1868|éditeur=Alphonse Lemerre|lieu=Paris|collection=La Pléiade françoise|numéro dans collection=3|titre chapitre=Notice biographique|passage=XXXVII-XXXVIII|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=fq8-AAAAYAAJ}}</ref>. Il a peut-être fait partie du cercle littéraire de la [[maréchale de Retz]].
Alors qu’il passe pour favorable à la Réforme, il écrit contre les protestants les sonnets de ''Contre les ministres de la nouvelle opinion''. Il fut plus tard accusé d'avoir fait l'apologie du [[massacre de la Saint-Barthélemy]], notamment par [[Pierre de l'Estoile]]<ref name=":1">Cité dans {{ouvrage|titre=Les Œuvres et Mélanges poétiques d'Estienne Jodelle|tome=1|auteur=[[Charles Marty-Laveaux]]|année=1868|éditeur=Alphonse Lemerre|lieu=Paris|collection=La Pléiade françoise|numéro dans collection=3|titre chapitre=Notice biographique|passage=XXXVII-XXXVIII|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=fq8-AAAAYAAJ}}</ref>. Il a peut-être fait partie du cercle littéraire de la [[maréchale de Retz]].


Jodelle meurt dans la misère en 1573. Le poète protestant [[Agrippa d'Aubigné]] le célèbre dans des ''Vers funèbres''. C'est Charles de La Mothe qui, après la mort du poète, a fait imprimer ses ''Œuvres et meslanges poëtiques'' (Paris, N. Chesneau et M. Patisson, 1574).
Jodelle reçoit en 1572 cinq cents livres de Charles IX, mais continue à s’endetter, et c’est miséreux qu’il meurt en juillet 1573, dans une masure de la rue Champ-Fleury<ref name=":0" />. Le poète protestant [[Agrippa d'Aubigné]] le célèbre dans des ''Vers funèbres''. C'est Charles de La Mothe qui, après la mort du poète, a fait imprimer ses ''Œuvres et meslanges poëtiques'' (Paris, N. Chesneau et M. Patisson, 1574).


À l'époque moderne, la contribution de son travail a pris de l'importance, en tant que précurseur du théâtre dans le pays mais aussi dans le développement de ce qui s'appellera plus tard le [[Règles du théâtre classique|théâtre classique français]]<ref name=oury/>.
À l'époque moderne, la contribution de son travail a pris de l'importance, en tant que précurseur du théâtre dans le pays mais aussi dans le développement de ce qui s'appellera plus tard le [[Règles du théâtre classique|théâtre classique français]]<ref name=oury/>.
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;Éditions modernes
;Éditions modernes
* ''Diidon se sacrifiant'', texte édité et présenté par Mariangela Miotti, ''La tragédie à l'époque d'Henri II et de Charles IX (1573-1575), {{1re|série}}'', vol. 5, Florence-Paris, Olschki-P.U.F., 1993, p. 359-430.
* ''Diidon se sacrifiant'', texte édité et présenté par Mariangela Miotti, ''La tragédie à l'époque d'Henri II et de Charles IX (1573-1575), {{1re|série}}'', vol. 5, Florence-Paris, Olschki-P.U.F., 1993, p. 359-430.
* ''Œuvres complètes'', éditées par E. Balmas, Paris, Gallimard, 1968
* ''Œuvres complètes'', éditées par E. Balmas, Paris, Gallimard, 1968
*''L'Amour obscur'', Poèmes choisis et présentés par Robert Melançon, Paris, Orphée/La Différence, 1991
*''L'Amour obscur'', Poèmes choisis et présentés par Robert Melançon, Paris, Orphée/La Différence, 1991
*''Didon se sacrifiant'', édité par J.-C. Ternaux, Paris, Champion, 2002
*''Didon se sacrifiant'', édité par J.-C. Ternaux, Paris, Champion, 2002
*''Cleopatre catpive'', édité et présenté par Emmanuel Buron, ''Théâtre tragique du XVIe siècle'', Garnier Flammarion, 2020
*''Cléopâtre captive'', édité et présenté par Emmanuel Buron, ''Théâtre tragique du XVIe siècle'', Garnier Flammarion, 2020
*''Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde : sonnets'' ; édition d'Agnès Rees ; préface de Florence Delay, Gallimard, 2022, 225 p.
*''Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde : sonnets'' ; édition d'Agnès Rees ; préface de Florence Delay, Gallimard, 2022, 225 p.
=== Hommages ===
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Dernière version du 31 janvier 2024 à 21:30

Étienne Jodelle
Description de l'image Etienne Jodelle.jpg.
Naissance
Paris, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Décès (41 ans)
ibidem
Activité principale
Auteur
Mouvement Pléiade, Renaissance
Genres
Adjectifs dérivés jodellesque

Œuvres principales

Étienne Jodelle, seigneur de Limodin est un poète et dramaturge français né en 1532, et mort en juillet 1573, à Paris.

Membre de la Pléiade, il s'efforcera de revitaliser les principes du théâtre antique à la Renaissance. Il est le premier à introduire l'alexandrin dans la tragédie à son époque, notamment avec Cléopâtre captive, la première tragédie à l'antique, ainsi que L'Eugène dans la comédie. Il est reconnu comme un précurseur du théâtre qui naît dans la seconde moitié du XVIe siècle, une période convulsive par des guerres de Religion, qui verra ses incertitudes incarnées dans son œuvre[1],[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jodelle appartient à la bourgeoisie parisienne, mais il est attiré par la noblesse. Il est « Sieur du Lymodin ». La mort prématurée de son père alors que Jodelle n'avait que quatre ans forçait sa mère, Marie Drouet, à s'occuper de l'éducation de ses enfants, Étienne et sa sœur. Son oncle maternel, Étienne de Passavant, qui possédait une importante collection de livres, semble avoir été celui qui a enflammé le goût de la littérature chez Jodelle.

Il séjourne à Lyon (v. 1550), puis il s'établit à Paris où il se lie avec Jean Antoine de Baïf, Nicolas Denisot et Remy Belleau. Il appartient au cercle du mécène Jean II Brinon. À Paris, membre de la Pléiade, il s'efforça d'en appliquer les principes à l'art théâtral. Il fut le premier à utiliser l'alexandrin dans la tragédie. Il apparaît comme un précurseur du théâtre à l'antique qui naît dans la seconde moitié du XVIe siècle.

Au début de l'année 1553, il fait représenter la première tragédie humaniste, Cléopâtre captive, et la première comédie humaniste, L'Eugène, devant le roi Henri II, à Paris, Collège de Reims, puis au collège de Boncourt. Pour fêter la première représentation (et « baptiser » la naissance du théâtre à l'antique en France), Jodelle et ses amis de la Pléiade se rendent à Arcueil, où ils procèdent à une cérémonie à l'antique connue sous le nom de « pompe du bouc », qui leur attire les foudres des dévots, lorsqu'une chèvre ornée de fleurs fut conduite en procession et présentée à l'auteur, cérémonie exagérée par les ennemis des Ronsardistes dans un renouveau des rites païens du culte de Bacchus.

Il est désormais protégé par le cardinal de Lorraine et par Marguerite de France. Il écrit une seconde tragédie, Didon se sacrifiant, qu’on joua peut-être à Dol vers 1555, et que Jacques Grévin imite lorsqu'il rédige son César (1561).

En 1558, il est chargé par le Prévôt des Marchands et des Échevins de Paris d'organiser un spectacle en l'honneur du roi Henri II qui vient de conquérir Calais, et du duc de Guise. Il n’a que quatre jours pour cela, et ce qui devait être une mise en scène baroque de la légende d’Orphée, avec décor, musique et machines, tourne à l’échec et lui vaut la disgrâce : si Henri II se montre magnanime, Jodelle est moqué de la cour, et les officiers municipaux menacent de le poursuivre en justice pour dilapidation de l’argent public[3]. C'est vers ce temps qu'il aurait été condamné à mort. Il s'éloigne de la Cour, puis il finit par y revenir[4].

Alors qu’il passe pour favorable à la Réforme, il écrit contre les protestants les sonnets de Contre les ministres de la nouvelle opinion. Il fut plus tard accusé d'avoir fait l'apologie du massacre de la Saint-Barthélemy, notamment par Pierre de l'Estoile[3]. Il a peut-être fait partie du cercle littéraire de la maréchale de Retz.

Jodelle reçoit en 1572 cinq cents livres de Charles IX, mais continue à s’endetter, et c’est miséreux qu’il meurt en juillet 1573, dans une masure de la rue Champ-Fleury[2]. Le poète protestant Agrippa d'Aubigné le célèbre dans des Vers funèbres. C'est Charles de La Mothe qui, après la mort du poète, a fait imprimer ses Œuvres et meslanges poëtiques (Paris, N. Chesneau et M. Patisson, 1574).

À l'époque moderne, la contribution de son travail a pris de l'importance, en tant que précurseur du théâtre dans le pays mais aussi dans le développement de ce qui s'appellera plus tard le théâtre classique français[1].

Œuvre et postérité[modifier | modifier le code]

Stèle dédiée à Étienne Jodelle, dans la rue homonyme, Seine-et-Marne, Île-de-France.

Ses ouvrages exercent une forte influence sur le développement ultérieur de divers genres de dramaturgie et qui perdure longtemps après lui.

Éditions modernes
  • Diidon se sacrifiant, texte édité et présenté par Mariangela Miotti, La tragédie à l'époque d'Henri II et de Charles IX (1573-1575), 1re série, vol. 5, Florence-Paris, Olschki-P.U.F., 1993, p. 359-430.
  • Œuvres complètes, éditées par E. Balmas, Paris, Gallimard, 1968
  • L'Amour obscur, Poèmes choisis et présentés par Robert Melançon, Paris, Orphée/La Différence, 1991
  • Didon se sacrifiant, édité par J.-C. Ternaux, Paris, Champion, 2002
  • Cléopâtre captive, édité et présenté par Emmanuel Buron, Théâtre tragique du XVIe siècle, Garnier Flammarion, 2020
  • Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde : sonnets ; édition d'Agnès Rees ; préface de Florence Delay, Gallimard, 2022, 225 p.

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Antoine Oury, « Etienne Jodelle, l'auteur de la première tragédie originale française », (consulté le ).
  2. a et b « Au chatreau d'Ecouen, théatre toute farce », La Croix,‎ (lire en ligne).
  3. a et b Cité dans Charles Marty-Laveaux, Les Œuvres et Mélanges poétiques d'Estienne Jodelle, t. 1, Paris, Alphonse Lemerre, coll. « La Pléiade françoise » (no 3), (lire en ligne), « Notice biographique », p. XXXVII-XXXVIII
  4. C'est cet échec de 1558 qui a inspiré à Florence Delay son très beau roman "L'Insuccès de la fête", Paris, Gallimard, 1980.

Bibliographie et radiographie[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • (it) Enea Balmas, Un Poeta del rinascimento francese : Etienne Jodelle, Florence, 1962
  • Emmanuel Buron et Olivier Halévy (dir.), Lectures d'Etienne Jodelle: Didon se sacrifiant., Rennes, Presses universitaires, 2013.
  • Etienne Jodelle, l'oublié de la Pléiade. Emission Poésie et ainsi de suite, France-Culture, 19 février 2023, 28 min.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]