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« Complexe militaro-industriel français » : différence entre les versions

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[[Fichier:Ammunition Factory NGM-v31-p326.jpg|vignette|droite|upright=1|Femmes françaises travaillant dans une fabrique de [[munitions]] en [[1917]].]]
[[Fichier:Ammunition Factory NGM-v31-p326.jpg|vignette|droite|upright=1|[[Femme]]s [[françaises]] travaillant dans une fabrique de [[munitions]] en [[1917]].]]


Le terme [[complexe militaro-industriel]] désigne l'ensemble constitué par l'industrie de l'[[Arme|armement]], les [[forces armées]] et les décideurs publics, et le jeu de relations complexes ([[lobbying]]) entre ces trois pôles destiné à influencer les choix publics. Il y a très souvent une situation de [[monopsone]] (un acheteur plusieurs offreurs). Très souvent les acheteurs (dont l’état Français) font [[Appel d'offres|des appels d'offres.]]
Le terme [[complexe militaro-industriel]] désigne l'ensemble constitué par l'industrie de l'[[Arme|armement]], les [[forces armées]] et les décideurs publics, et le jeu de relations complexes ([[lobbying]]) entre ces trois pôles destiné à influencer les choix publics. Il y a très souvent une situation de [[monopsone]] (un acheteur plusieurs offreurs). Très souvent les acheteurs (dont l’[[État en France|État français]]) font [[Appel d'offres|des appels d'offres]].


En [[France]], le '''complexe militaro-industriel français''', autrefois associé à l’[[armée française]] et affecté à la protection des frontières face aux ennemis identifiés lors des guerres issues du {{XIXe siècle}}, a fait l’objet d’un repositionnement au sein de l’[[industrie de l’armement]] de manière à rester performant dans un contexte contemporain de [[mondialisation]] des ventes d’armes.
En [[France]], le '''complexe militaro-industriel français''', autrefois associé à l’[[armée française]] et affecté à la protection des [[Frontières de la France|frontières]] face aux ennemis identifiés lors des guerres issues du {{XIXe siècle}}, a fait l’objet d’un repositionnement au sein de l’[[industrie de l’armement]] de manière à rester performant dans un contexte contemporain de [[mondialisation]] des ventes d’armes.


La résultante de cette [[restructuration]] implique notamment un abandon de la filière du [[Véhicule blindé léger|blindé léger]] dans la zone traditionnelle de production du département de la [[Loire (département)|Loire]] (année 2002) ainsi que la fin de la production de [[fusil d’assaut]] et de [[munitions]] de petit calibre à la fin des [[années 1990]].
La résultante de cette [[restructuration]] implique notamment un abandon de la filière du [[Véhicule blindé léger|blindé léger]] dans la zone traditionnelle de production du département de la [[Loire (département)|Loire]] (année [[2002]]) ainsi que la fin de la production de [[fusil d’assaut]] et de [[munitions]] de petit calibre à la fin des [[années 1990]].


Compte tenu de cette évolution, le terme pourrait paraître abusif, quoique l’intégration horizontale se poursuive au travers de grandes entreprises contractantes associées à des fournisseurs, l’ensemble étant habilité défense et sous le contrôle de la DGA ([[direction générale de l’Armement]]), qui assure la vision stratégique et les grands programmes étatiques.
Compte tenu de cette évolution, le terme pourrait paraître abusif, quoique l’intégration horizontale se poursuive au travers de grandes entreprises contractantes associées à des fournisseurs, l’ensemble étant habilité défense et sous le contrôle de la DGA ([[direction générale de l’Armement]]), qui assure la vision stratégique et les grands programmes étatiques.


En s’appuyant sur les importantes commandes nationales (la France est un des deux derniers pays européens de l’[[OTAN]] avec le [[Royaume-Uni]] à entretenir des forces armées capables de déploiements « entrée en premier » dans tout le spectre des opérations), qui lui permettent de dégager les marges pour innover et investir, le complexe militaro-industriel français tisse aussi de nombreux partenariats avec les industries de défense britanniques ([[Lancaster House]], [[Drones militaires|drones]]), italiennes (FREMM, [[Classe Horizon|Frégates Horizon]]) et européennes en général ([[Airbus A400M Atlas|A400M]], [[Airbus A330 MRTT|A330 MRTT]], [[Eurocopter Tigre]]), ce qui le place au centre d’une éventuelle consolidation de l’[[industrie européenne de défense]].
En s’appuyant sur les importantes commandes nationales (la France est un des deux derniers pays européens de l’[[OTAN]] avec le [[Royaume-Uni]] à entretenir des forces armées capables de déploiements « entrée en premier » dans tout le spectre des opérations), qui lui permettent de dégager les marges pour innover et investir, le complexe militaro-industriel français tisse aussi de nombreux partenariats avec les industries de défense britanniques ([[Lancaster House]], [[Drones militaires|drones]]), italiennes (FREMM, [[Classe Horizon|Frégates Horizon]]) et européennes en général ([[Airbus A400M Atlas|A400M]], [[Airbus A330 MRTT|A330 MRTT]], [[Eurocopter Tigre]]), ce qui le place au centre d’une éventuelle consolidation de l’[[industrie européenne de défense]].


== Historique ==
== Historique ==
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{{Article détaillé|Manufacture d'armes de Saint-Étienne}}
{{Article détaillé|Manufacture d'armes de Saint-Étienne}}


La ville de [[Saint-Étienne]] fut rebaptisée "'''Armeville"''' pendant la Révolution et sa Manufacture d'armes fut dès lors le point d'approvisionnement des armées de la jeune République française. Elle équipa l'[[armée française]] pendant la Première Guerre mondiale, fabricant fusils [[Lebel modèle 1886|Lebel]] et [[canon de 75 mm modèle 1897|canons de {{unité|75|mm}}]]. Cette tradition de production industrielle à usage militaire se poursuivit dans la région jusque l'implantation de la production du ''[[char d'assaut|char]] léger'' dans la région, à [[Saint-Chamond]], filière en cours d'abandon.
La ville de [[Saint-Étienne]] fut rebaptisée "'''Armeville"''' pendant la [[Révolution française|Révolution]] et sa Manufacture d'armes fut dès lors le point d'approvisionnement des armées de la jeune [[République française]]. Elle équipa l'[[armée française]] pendant la Première Guerre mondiale, fabricant fusils [[Lebel modèle 1886|Lebel]] et [[canon de 75 mm modèle 1897|canons de {{unité|75|mm}}]]. Cette tradition de production industrielle à usage militaire se poursuivit dans la région jusque l'implantation de la production du ''[[char d'assaut|char]] léger'' dans la région, à [[Saint-Chamond]], filière en cours d'abandon.


Cette situation pour les [[char léger|chars légers]] ne semble pas se transposer pour d'autres types de véhicules de transport blindés, le successeur du [[Renault Trucks Défense Véhicule de l'avant blindé|VAB]] de l'armée de terre étant l'objet d'un appel d'offres (voir [[Renault Trucks Défense Armoured Multirol Carrier|proposition Renault Trucks]]).
Cette situation pour les [[char léger|chars légers]] ne semble pas se transposer pour d'autres types de véhicules de transport blindés, le successeur du [[Renault Trucks Défense Véhicule de l'avant blindé|VAB]] de l'armée de terre étant l'objet d'un appel d'offres (voir [[Renault Trucks Défense Armoured Multirol Carrier|proposition Renault Trucks]]).
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{{...}}
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Toutes proportions gardées, la France a aussi son bassin houiller et sidérurgique dont le contrôle devient aussi important que celui du voisin : sa « Ruhr » est identifiée comme le [[Briey (Meurthe-et-Moselle)|Bassin de Briey]] en 1914. Les critiques pacifistes des deux bords du Rhin décrient le conflit à venir comme un conflit de sidérurgistes et de constructeurs de canons : le [[comité des forges]] contre la {{lien|lang=de|trad=Krupp (Familie)|fr=famille Krupp}}.
Toutes proportions gardées, la France a aussi son [[bassin houiller]] et [[sidérurgique]] dont le contrôle devient aussi important que celui du voisin : sa « [[Ruhr (région)|Ruhr]] » est identifiée comme le [[Briey (Meurthe-et-Moselle)|Bassin de Briey]] en [[1914]]. Les critiques pacifistes des deux bords du Rhin décrient le conflit à venir comme un conflit de sidérurgistes et de constructeurs de canons : le [[comité des forges]] contre la [[famille Krupp]].


=== Entre-deux-guerres ===
=== Entre-deux-guerres ===
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=== Sabotages durant la « drôle de guerre » ===
=== Sabotages durant la « drôle de guerre » ===
Malgré la guerre, les ouvriers de l’aviation françaises ne travaillent ni le samedi ni le dimanche. Pour respecter la consigne du [[Parti communiste français]] (PCF) : « Une heure de moins pour la production, c’est une heure de plus pour la révolution. » De nombreux sabotages sont commis<ref>[https://books.google.fr/books?id=MjC-SVRM7gYC&pg=PT21&lpg=PT21&dq=%22Une+heure+de+moins+pour+la+production,+c'est+une+heure+de+plus+pour+la+r%C3%A9volution%22&source=bl&ots=oT-cCusb8Z&sig=ZdR6q8g3ftaU6u-uyN66rK7nmis&hl=fr&sa=X&ei=GnkmUISRH-ea1AWGoYCgCg&ved=0CEcQ6AEwAg#v=onepage&q=%22Une%20heure%20de%20moins%20pour%20la%20production%2C%20c'est%20une%20heure%20de%20plus%20pour%20la%20r%C3%A9volution%22&f=false L'affaire « L'affaire Guy Moquet - Enquête sur une mystification officielle »], sur ''[[Google Book]]'' (consulté le 17 août 2015).</ref>.
Malgré la guerre, les ouvriers de l’aviation française ne travaillent ni le samedi ni le dimanche. Pour respecter la consigne du [[Parti communiste français]] (PCF) : « Une heure de moins pour la production, c’est une heure de plus pour la révolution. » De nombreux [[sabotage]]s sont commis<ref>[https://books.google.fr/books?id=MjC-SVRM7gYC&pg=PT21&lpg=PT21&dq=%22Une+heure+de+moins+pour+la+production,+c'est+une+heure+de+plus+pour+la+r%C3%A9volution%22&source=bl&ots=oT-cCusb8Z&sig=ZdR6q8g3ftaU6u-uyN66rK7nmis&hl=fr&sa=X&ei=GnkmUISRH-ea1AWGoYCgCg&ved=0CEcQ6AEwAg#v=onepage&q=%22Une%20heure%20de%20moins%20pour%20la%20production%2C%20c'est%20une%20heure%20de%20plus%20pour%20la%20r%C3%A9volution%22&f=false L'affaire « L'affaire Guy Moquet - Enquête sur une mystification officielle »], sur ''[[Google Book]]'' (consulté le 17 août 2015).</ref>.


Le lundi 27 mai 1940, le troisième [[tribunal militaire]] de Paris jugera d’ailleurs six membres des [[Mouvement jeunes communistes de France|Jeunesses communistes]] (JC) travaillant aux usines [[Avions Farman|Farman]]. Quatre d’entre eux seront condamnés à mort et trois exécutés. Ils avaient commencé à saboter deux ou trois moteurs d’avion par jour, puis ils avaient fini par en saboter une vingtaine.
Le [[lundi]] {{date|27|mai|1940}}, le troisième [[tribunal militaire]] de [[Paris]] jugera d’ailleurs six membres des [[Mouvement jeunes communistes de France|Jeunesses communistes]] (JC) travaillant aux usines [[Avions Farman|Farman]]. Quatre d’entre eux seront [[Peine de mort en France|condamnés à mort]] et trois exécutés. Ils avaient commencé à saboter deux ou trois moteurs d’avion par jour, puis ils avaient fini par en saboter une vingtaine.


=== Depuis la Seconde Guerre mondiale ===
=== Depuis la Seconde Guerre mondiale ===
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== Emplois et chiffre d’affaires ==
== Emplois et chiffre d’affaires ==
[[Image:Femmes au travail a l Arsenal Saint-Malo entre 1940 et 1945.jpg|vignette|Femmes au travail à l'[[Saint-Servan|Arsenal de Saint-Malo]] entre [[1940]] et [[1945]]]]
Après la Seconde Guerre mondiale, les emplois directs dans le secteur industriel de la défense ont culminé à {{formatnum:310000}} en [[1982]]<ref> [http://www.univ-brest.fr/GroupeReflexion/E3D/Lettre2.htm La Lettre du Groupe E3D {{n°|2}} - avril 1996]</ref> et sont depuis en baisse constante.
Après la [[Seconde Guerre mondiale]], les emplois directs dans le [[Base industrielle et technologique de défense|secteur industriel de la défense]] ont culminé à {{formatnum:310000}} en [[1982]]<ref>[http://www.univ-brest.fr/GroupeReflexion/E3D/Lettre2.htm La Lettre du Groupe E3D {{n°|2}} - avril 1996]</ref> et sont depuis en baisse constante.


En 2007, cette industrie représente un [[chiffre d’affaires]] de 15 milliards d'[[euro]]s pour {{nombre|165000|emplois}} directs<ref> [https://www.scribd.com/doc/28344354/Calepin-international-des-principales-entreprises-travaillant-pour-la-defense-decembre-2009 Calepin international des principales entreprises travaillant pour la défense - décembre 2009], {{p.|119}}.</ref>.
En [[2007]], cette industrie représente un [[chiffre d’affaires]] de 15 milliards d'[[euro]]s pour {{nombre|165000|emplois}} directs<ref>[https://www.scribd.com/doc/28344354/Calepin-international-des-principales-entreprises-travaillant-pour-la-defense-decembre-2009 Calepin international des principales entreprises travaillant pour la défense - décembre 2009], {{p.|119}}.</ref>.


En 2012, le conseil des industries de défense françaises indique que le chiffre d’affaires global s'est établi à 17,5 Milliards d'euros en 2011. 35 % de la production a été exportée, et ce secteur mobilise {{nombre|80000|emplois}} directs et {{formatnum:85000}} indirects.
En [[2012]], le [[Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres|conseil des industries de défense françaises]] indique que le chiffre d’affaires global s'est établi à 17,5 Milliards d'euros en 2011. 35 % de la production a été exportée, et ce secteur mobilise {{nombre|80000|emplois}} directs et {{formatnum:85000}} indirects.


Grâce aux [[exportations d'armes de la France|exportations]], l'industrie de défense a généré un solde commercial positif de 2,7 milliards d'euros en 2011, alors que le [[Économie de la France#Échanges extérieurs|solde commercial de la France]] s'établissait comme déficit, à 70,1 milliards d'euros. C'est en [[Provence-Alpes-Côte d'Azur]] que le poids de la défense est le plus lourd, avec 20 % de l'activité industrielle. Ce ratio tombe à 12 % en Île-de-France, 11 % en Bretagne, et 10 % dans la région Centre et en Bretagne<ref>{{Lien web | url=http://lemamouth.blogspot.fr/2012/07/lindustrie-de-defense-combien-de.html | titre=L'industrie de défense, combien de divisions ? |site=Le Mamouth | année=1er juillet 2012 | consulté le=9 juillet 2012}}</ref>.
Grâce aux [[exportations d'armes de la France|exportations]], l'[[industrie de défense]] a généré un [[solde commercial]] positif de 2,7 milliards d'euros en [[2011]], alors que le [[Économie de la France#Échanges extérieurs|solde commercial de la France]] s'établissait comme étant en déficit, à 70,1 milliards d'euros. C'est en [[Provence-Alpes-Côte d'Azur]] que le poids de la défense est le plus lourd, avec 20 % de l'activité industrielle. Ce ratio tombe à 12 % en [[Île-de-France]], 11 % en [[Bretagne]] et 10 % en [[Centre-Val de Loire]]<ref>{{Lien web | url=http://lemamouth.blogspot.fr/2012/07/lindustrie-de-defense-combien-de.html | titre=L'industrie de défense, combien de divisions ? |site=lemamouth.blogspot.fr|date=01-07-2012 | consulté le=9 juillet 2012}}</ref>.


En 2018, cette industrie s'appuie sur 10 grands groupes et plus de {{unité|4000|PME}}, dont 350 sont considérées comme stratégiques. Ce tissu industriel représente plus de {{nombre|200000|emplois}}<ref>{{Lien web|url=https://www.defense.gouv.fr/dga/industrie2/industrie|titre=Industrie|date=4 juin 2018|site=defense.gouv.fr}}.</ref>.
En [[2018]], cette industrie s'appuie sur 10 grands groupes et plus de {{unité|4000|PME}}, dont 350 sont considérées comme stratégiques. Ce [[Industrie en France|tissu industriel]] représente plus de {{nombre|200000|emplois}}<ref>{{Lien web|url=https://www.defense.gouv.fr/dga/industrie2/industrie|titre=Industrie|date=4 juin 2018|site=defense.gouv.fr}}.</ref>.


Alors que certaines technologies critiques de l'armement étaient dans les années 1960 encore des exclusivités américaines, le complexe militaro-industriel français et ses partenaires européens (à travers le groupe [[EADS]]-[[Airbus]]) couvrent de nos jours par leurs productions en série ou leurs démonstrateurs (pour le Neuron) l'ensemble du spectre des armements possibles à l'exception du fusil d'assaut et des [[AWACS]] : armement terrestre et chars, porte-avions et sous-marins nucléaire, destroyers furtifs polyvalents, missiles balistiques, de croisière, anti-navires et intercepteurs, radars, réseaux de transmissions et satellites de renseignement, avions de chasse et de transport, ravitailleurs, drones de combat, furtivité aérienne (ces deux derniers à l'état de démonstrateur dans le drone Neuron). L'indépendance stratégique européenne peut ainsi être assurée, même si en pratique de nombreux pays européens se fournissent encore aux États-Unis pour certaines [[techniques de pointe]].
Alors que certaines technologies critiques de l'armement étaient dans les [[années 1960]] encore des exclusivités [[États-Unis|américaines]], le complexe militaro-industriel français et ses partenaires européens (à travers le groupe [[EADS]]-[[Airbus]]) couvrent de nos jours par leurs productions en série ou leurs démonstrateurs (pour le Neuron) l'ensemble du spectre des armements possibles à l'exception du fusil d'assaut et des [[Système de détection et de commandement aéroporté|AWACS]] : armement terrestre et chars, porte-avions et sous-marins nucléaire, destroyers furtifs polyvalents, missiles balistiques, de croisière, anti-navires et intercepteurs, radars, réseaux de transmissions et satellites de renseignement, avions de chasse et de transport, ravitailleurs, drones de combat, furtivité aérienne (ces deux derniers à l'état de démonstrateur dans le drone Neuron). L'indépendance stratégique européenne peut ainsi être assurée, même si en pratique de nombreux pays européens se fournissent encore aux États-Unis pour certaines [[techniques de pointe]].


== Composantes ==
== Composantes ==
La résultante de ce complexe militaro-industriel français au début du {{XXIe siècle}} est [[Nexter]], [[Panhard Defense]] et [[Arquus]] pour le terrestre, [[EADS]], [[SAFRAN]] et [[Groupe industriel Marcel Dassault|Dassault]], pour l’aéronautique, [[Thales]] et [[Sagem]] pour l’électronique (Thales a cependant aussi produit des equipements navals, telles que les frégates dans [[Affaire des frégates de Taïwan|l'affaire Taiwanaise )]], [[Naval Group]] (ayant aussi travaillé avec Thales) pour le naval, [[MBDA]] pour la missilerie. Le tout étant sous la [[maîtrise d’œuvre]] de la [[direction générale de l’Armement]] (DGA) qui assure le suivi des programmes nationaux et la cohérence stratégique des travaux de recherche et développement. Les liens forts entre la DGA (ingénieurs à statut militaire) et les entreprises de défense permettent de parler à juste titre de « complexe militaro-industriel ».
La résultante de ce complexe militaro-industriel français au début du {{XXIe siècle}} est [[Nexter]] et [[Arquus]] pour le terrestre, [[Airbus (groupe)|Airbus]], [[SAFRAN]] et [[Groupe industriel Marcel Dassault|Dassault]], pour l’aéronautique, [[Thales]] et [[Sagem]] pour l’électronique (Thales a cependant aussi produit des equipements navals, telles que les frégates dans [[Affaire des frégates de Taïwan|l'affaire Taiwanaise )]], [[Naval Group]] (ayant aussi travaillé avec Thales) pour le naval, [[MBDA]] pour la missilerie, [[Eurenco]] pour les matériaux explosifs. Le tout étant sous la [[maîtrise d’œuvre]] de la [[direction générale de l’Armement]] (DGA) qui assure le suivi des programmes nationaux et la cohérence stratégique des travaux de recherche et développement. Les liens forts entre la DGA (ingénieurs à statut militaire) et les entreprises de défense permettent de parler à juste titre de « complexe militaro-industriel ».


=== Filière terrestre ===
=== Filière terrestre ===
Elle est constitué de plusieurs entreprise notamment familiales à l'origine parmi lesquelles:
Elle est constituée de plusieurs entreprises notamment familiales à l'origine parmi lesquelles :
* [[Manufacture d'armes de Saint-Étienne|L'ex-Manufacture d'armes de Saint-Étienne]] qui a donné le surnom d'"Armville"{{Référence souhaitée|date=16 février 2021}} était en activité depuis le {{s-|XIX}}. La [[coutellerie]] ayant commencé déjà au [[Moyen Âge]] dans cette ville.
* [[Panhard]] qui a fabriqué entre autres des véhicules légers de reconnaissance.
* [[Renault]] et ses [[Renault D1|chars D1]] à la forme caractéristique


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* [[Manufacture d'armes de Saint-Étienne|L'ex-Manufacture d'armes de Saint-Étienne]] qui a donné le surnom d'"Armville"{{Référence souhaitée|date=16 février 2021}} était en activité depuis le 19ème siècle. La coutellerie ayant commencé déjà au Moyen-age dans cette ville.
Fichier:RenaultTSF.jpg|[[Char]] [[Renault]] de la série FT

Fichier:Leclerc-IMG 1744.jpg|Un [[char Leclerc]] en parade
* Panhard qui a fabriqué entre autres des véhicules léger de reconnaissance.
Fichier:FAMAS F1 G 2.png|Deux variantes côte à côte du '''F'''usil d’'''a'''ssaut '''m'''ilitaire des '''a'''rmurerieS de '''S'''aint-Étienne quasiment seulement désigné par son acronyme [[FAMAS]]
* Renault et ses [[Renault D1|chars D1]] à la forme caractéristique <gallery>
Fichier:Chassepot-p1000738.jpg|Un fusil Chassepot de [[1866]] fabriqué par la [[Manufacture d'armes de Saint-Étienne|Manufacture de Saint-Étienne]]
Fichier:RenaultTSF.jpg|[[Char Renault B1]] de la série FT
Fichier:Leclerc-IMG 1744.jpg|Un Char Leclerc en Parade
Fichier:FAMAS F1 G 2.png|Deux variantes côte à côte du '''F'''usil d’'''a'''ssaut '''m'''ilitaire des '''a'''rmurerieS de '''S'''aint-Etienne quasiment seulement désigné par son acronyme [[FAMAS]]
Fichier:Chassepot-p1000738.jpg|Un fusil Chassepot de 1866 fabriqué par la Manufacture de Saint-Etienne
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=== Filière aéronautique ===
=== Filière aéronautique ===
{{Voir aussi|Programme spatial français}}
{{Article connexe|Programme spatial français}}
La France est un des principaux précurseurs dans l’aviation. Durant la Première Guerre mondiale, la production nationale a permis d’équiper une grande partie des forces de l’[[entente cordiale]].
La France est un des principaux précurseurs dans l’[[aviation]]. Durant la [[Première Guerre mondiale]], la production nationale a permis d’équiper une grande partie des forces de l’[[entente cordiale]].


Alors que moins de 150 avions était en service lors d'entrée en guerre en 1914; lors de l'armistice en novembre 1918, {{unité|3608|avions}} était en service. La France possède alors la première industrie aéronautique au monde et a fabriqué un total de {{unité|52000|avions}} et {{unité|90000|[[moteur]]s}} d'avions <ref>{{Ouvrage | auteur1=Général André Martini | titre=L'histoire de l'aviation légère de l'armée de terre 1794-2008 | éditeur=Lavauzelle | collection=Histoire, mémoire et patrimoine | lieu=Paris | année=2005 | pages=36,42 | isbn=978-2-7025-1277-7}}</ref>. Elle dispose alors de 115 usines employant {{nombre|180000|personnes}} pour 62 firmes dont 29 créatives<ref>[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1985_num_4_2_1397 Chadeau Emmanuel. État, industrie, nation : la formation des technologies aéronautiques en France (1900-1950). In: Histoire, économie et société. 1985, {{4e|année}}, {{n°|2}}. {{p.|275-300}}.]</ref>. Mais, malgré la montée des périls dans les [[années 1930]], l'industrie aéronautique ne sortit que 432 avions militaires en 1938, {{formatnum:1251}} en 1939 et {{formatnum:2937}} avant la défaite de la [[bataille de France]], une fraction de ce que fabriquait l'[[Allemagne]] ({{unité|5235|avions}} en 1938) et en règle générale avec des performances inférieures.
Alors que moins de 150 avions était en service lors d'entrée en guerre en [[1914]], {{unité|3608|avions}} étaient en service lors de l'[[armistice du 11 novembre 1918]]. La France possède alors la première [[industrie aéronautique]] au monde et a fabriqué un total de {{unité|52000|avions}} et {{unité|90000|[[moteur]]s}} d'avions<ref>{{Ouvrage | auteur1=Général André Martini | titre=L'histoire de l'aviation légère de l'armée de terre 1794-2008 | éditeur=Lavauzelle | collection=Histoire, mémoire et patrimoine | lieu=Paris | année=2005 | pages=36,42 | isbn=978-2-7025-1277-7}}</ref>. Elle dispose alors de 115 usines employant {{nombre|180000|personnes}} pour 62 firmes dont 29 créatives<ref>[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1985_num_4_2_1397 Chadeau Emmanuel. État, industrie, nation : la formation des technologies aéronautiques en France (1900-1950). In: Histoire, économie et société. 1985, {{4e|année}}, {{n°|2}}. {{p.|275-300}}.]</ref>. Mais, malgré la montée des périls dans les [[années 1930]], l'industrie aéronautique ne sortit que 432 avions militaires en 1938, {{formatnum:1251}} en 1939 et {{formatnum:2937}} avant la défaite de la [[bataille de France]], une fraction de ce que fabriquait l'[[Allemagne]] ({{unité|5235|avions}} en 1938) et en règle générale avec des performances inférieures.


Aujourd'hui l'industrie aéronautique centrée sur les entreprises Airbus, Dassault, [[Société pour la construction d'avions de tourisme et d'affaires|Daher]], le missilier [[MBDA]] et le motoriste [[Safran (entreprise)|Safran]], est à la pointe des dernières technologies de défense avec l'avion [[Dassault Rafale|Rafale]], le missile METEOR, le drone Neuron ou l'avion de transport [[Airbus A400M Atlas|A400M]]. Elle tire aussi la croissance de partenaires comme l'électronicien [[Thales|Thalès]] et profite au secteur naval dans le domaine des radars (Thalès) ou des missiles (Missile de croisière naval développé par MBDA sur la base du [[SCALP-EG]]).
Aujourd'hui l'industrie aéronautique centrée sur les entreprises [[Airbus]], [[Groupe industriel Marcel Dassault|Dassault]], [[Société pour la construction d'avions de tourisme et d'affaires|Daher]], le missilier [[MBDA]] et le motoriste [[Safran (entreprise)|Safran]], est à la pointe des dernières technologies de défense avec l'avion [[Dassault Rafale|Rafale]], le [[missile]] [[Meteor (missile)|METEOR]], le drone [[Dassault Neuron|Neuron]] ou l'avion de transport [[Airbus A400M Atlas|A400M]]. Elle tire aussi la croissance de partenaires comme l'[[électronicien]] [[Thales|Thalès]] et profite au secteur naval dans le domaine des [[radar]]s (Thalès) ou des missiles (Missile de croisière naval développé par MBDA sur la base du [[SCALP-EG]]).


Les capacités développées avec les programmes civils [[Ariane (fusée)|ARIANE]] et les filières de missiles ont permis le développement d'une filière [[aérospatiale (discipline scientifique)|aérospatiale]] capable de proposer des solutions aux nouveaux enjeux du bouclier anti-[[missile balistique]] (avec ASTER Block 2 de MBDA et EXOGUARD - projet d'intercepteur exo-atmosphérique - d'Astrium) ainsi que des solutions satellites ([[Galileo (système de positionnement)|Galileo]], [[Pléiades (satellite)|Pléiades]]) stratégiques.<gallery>
Les capacités développées avec les programmes civils [[Ariane (fusée)|ARIANE]] et les filières de missiles ont permis le développement d'une filière [[aérospatiale (discipline scientifique)|aérospatiale]] capable de proposer des solutions aux nouveaux enjeux du bouclier anti-[[missile balistique]] (avec ASTER Block 2 de MBDA et EXOGUARD - projet d'[[intercepteur]] exo-[[atmosphère terrestre|atmosphérique]] - d'[[Astrium]]) ainsi que des solutions satellites ([[Galileo (système de positionnement)|Galileo]], [[Pléiades (satellite)|Pléiades]]) stratégiques.
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Fichier:Morane-Saulnier MS.405 Villacoublay 1938.jpg|Des avions [[Morane-Saulnier MS.406|Morane-Saulniers MS.406]] en [[1938]] à [[Base aérienne 107 Villacoublay|Villacoublay]]. Un modèle utilisé dans la [[Seconde guerre mondiale]] (en [[Asie]] et en [[Europe]]), puis plus tard en [[Guerre d'Indochine|Indochine]].
Fichier:Salon du Bourget 20090619 246.jpg|Un moteur à réaction [[Snecma M88]] au [[Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget|salon d'aviation civile militaire du Bourget]].
File:Dassault MD-454 Mystere IVA, France - Air Force AN1196917.jpg|[[Dassault Mystère IV]]
Fichier:Morane-Saulnier MS.405 Villacoublay 1938.jpg|Des avions [[Morane-Saulnier MS.406|Morane-Saulniers MS.406]] en 1938 à VIllacoublay. Un modèle utilisé dans la Seconde guerre mondiale (en Asie et en Europe), puis plus tard en Indochine.
File:Mirage IVP (16992472012).jpg|[[Dassault Mirage IV]] P
Fichier:Exocet AM39 P1220892-detoured.jpg|Un missile anti-navire AM39 exocet d'MBDA
Fichier:Salon du Bourget 20090619 246.jpg|Un [[moteur à réaction]] [[Snecma M88]] au [[Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget|salon d'aviation civile militaire du Bourget]].
Fichier:Exocet AM39 P1220892-detoured.jpg|Un [[missile anti-navire]] [[Exocet (missile)|AM39 Exocet]] d'MBDA
File:Dimanche 049.jpg|Missile sol-air [[Aster (missile)|SAMP/T MAMBA]] de MBDA et Thales pour la conduite de tir
File:Ground Master 403 (KEVA2010) Kokonaisturvallisuus 2015 04.JPG|[[Radar tridimensionnel à balayage électronique]] [[Ground Master 400|Ground Master 403]] de [[Raytheon]]/[[Thales]]
File:French Air Force arrive in Airbus A400M Atlas 200705-F-WN543-1006.jpg|[[Airbus A400M Atlas]]
File:IAF Rafale aircraft touching down at Air Force Station Ambala on its arrival on 29 July 2020 (cropped).jpg|[[Dassault Rafale]]
File:ILA 2008 PD 446.JPG|Missile air-air longue portée MBDA [[Meteor (missile)|Meteor]] (BVRAAM)
File:Dassault nEUROn.jpg|[[Dassault nEUROn]]
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=== Filière navale ===
=== Filière navale ===
La [[Marine nationale (France)|Marine nationale]] étant une des premières marines d’Europe en tonnage, le marché domestique a permis à [[Naval Group]] de développer des technologies importantes (silence, [[furtivité]], [[Propulsion nucléaire navale|propulsion nucléaire]], systèmes de gestion tactique). Le groupe est à la première place européenne dans les exportations de navires de surface ([[Frégate (navire)|Frégates]] de [[La Fayette (frégate)|classe Lafayette]], FREMM, [[BPC Mistral]], [[Corvette (navire)|Corvettes]] de [[classe Gowind]]) et une importante entreprise dans l’exportation de [[sous-marin]] militaires, où la France est un des rares pays à disposer de la technologie des [[sous-marins nucléaires]].
La [[Marine nationale (France)|Marine nationale]] étant une des premières marines d’Europe en tonnage, le marché domestique a permis à [[Naval Group]] de développer des technologies importantes (silence, [[furtivité]], [[Propulsion nucléaire navale|propulsion nucléaire]], systèmes de gestion tactique). Le groupe est à la première place européenne dans les exportations de navires de surface ([[Frégate (navire)|frégates]] de [[La Fayette (frégate)|classe Lafayette]], FREMM, [[BPC Mistral]], [[Corvette (navire)|corvettes]] de [[classe Gowind]]) et une importante entreprise dans l’exportation de [[sous-marin]]s militaires, où la France est un des rares pays à disposer de la technologie des [[sous-marins nucléaires]].


De nombreux projets sont développés avec des partenaires européens, principalement italiens ([[FREMM]], Frégates [[Classe Horizon|Horizon]]). La filière navale travaille avec des technologies clés développées par MBDA et [[Thales|Thalès]] pour le système d’armes.<gallery>
De nombreux projets sont développés avec des partenaires européens, principalement italiens ([[FREMM]], frégates [[Classe Horizon|Horizon]]). La filière navale travaille avec des technologies clés développées par MBDA et [[Thales|Thalès]] pour le système d’armes.<gallery>

Fichier:Egyptian Navy Gowind corvette El Fateh (971).jpg|Un navire de classe Gowind vendu a l'Égypte nommé "El Fateh" ([[wikt:|فاتح]]) "Le conquérant"
Fichier:Temeraire1048.jpg|Un [[Sister-ship|navire frère]] du [[Le Triomphant (S616)]] qui était entré en [[Collision entre le HMS Vanguard et Le Triomphant|collision]] avec le [[HMS Vanguard (S28)|HMS Vanguard]] (également à propulsion nucléaire). Il fut déclaré par le président qu'il n y eu aucune fuite radioactive. Des critiques furent aussi émises à propos d'un manque de coordination entre la [[Royal Navy|marine britanique]] et la marine [[Marine nationale (France)|française.]]
Fichier:Temeraire1048.jpg|Un [[Sister-ship|navire frère]] du [[Le Triomphant (S616)]] qui était entré en [[Collision entre le HMS Vanguard et Le Triomphant|collision]] avec le {{HMS|Vanguard|S28|6}} (également à propulsion nucléaire). Il fut déclaré par le président qu'il n y eut aucune fuite radioactive. Des critiques furent aussi émises à propos d'un manque de coordination entre la [[Royal Navy|marine britannique]] et la [[Marine nationale (France)|marine française]].
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[[Image:AuF1 and AMX-10P (Royal Saudi Land Force).JPEG|vignette|droite|upright=1.2|[[AMX AuF1]] et [[AMX-10 P]] de la {{20e|brigade}} mécanisée des [[Forces armées saoudiennes]] à la fin de la [[guerre du Golfe|guerre du Golfe de 1991]].<br />Le [[monde musulman]] est l’un des principaux marchés de l’armement au monde.]]
[[Image:AuF1 and AMX-10P (Royal Saudi Land Force).JPEG|vignette|droite|upright=1.2|[[AMX AuF1]] et [[AMX-10 P]] de la {{20e|brigade}} mécanisée des [[Forces armées saoudiennes]] à la fin de la [[guerre du Golfe|guerre du Golfe de 1991]].<br />Le [[monde musulman]] est l’un des principaux marchés de l’armement au monde.]]


Les exportations d’armes représentent un marché mondial de 62,8 milliards d’euros sur la période 2003-2007. La France avec 9% de part de marché se situe en troisième position après les [[États-Unis]] (31 %) et la [[Russie]] (27 %)<ref>[https://www.humanite.fr/des-ventes-darmes-en-rafale-568469]</ref>. En 2018, la France est passée deuxième exportateur<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Économie : la France est le deuxième exportateur mondial d'armement|url=https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/economie-la-france-est-le-deuxieme-exportateur-mondial-d-armement_1423897.html|site=Franceinfo|date=2016-04-26|consulté le=2019-01-20}}</ref>. Ce marché est réputé pour son manque de transparence (malgré la [[convention de l’OCDE contre la corruption]]) et par la présence d’opérations de « [[Compensation industrielle|compensations]] » pouvant être demandées par l’acheteur (par exemple des opérations de [[transfert de technologie]]).
Les exportations d’armes représentent un marché mondial de 62,8 milliards d’euros sur la période [[2003]]-[[2007]]. La France avec 9% de part de marché se situe en troisième position après les [[États-Unis]] (31 %) et la [[Russie]] (27 %)<ref>[https://www.humanite.fr/des-ventes-darmes-en-rafale-568469]</ref>. En 2018, la France est passée deuxième exportateur<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Économie : la France est le deuxième exportateur mondial d'armement|url=https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee-et-securite/economie-la-france-est-le-deuxieme-exportateur-mondial-d-armement_1423897.html|site=Franceinfo|date=2016-04-26|consulté le=2019-01-20}}</ref>. Ce marché est réputé pour son manque de transparence (malgré la [[convention de l’OCDE contre la corruption]]) et par la présence d’opérations de « [[Compensation industrielle|compensations]] » pouvant être demandées par l’acheteur (par exemple des opérations de [[transfert de technologie]]).


Sur la période 1999-2008, les principaux clients de la France étaient l’[[Inde]], l’[[Arabie saoudite]], la [[Grèce]] et les [[Émirats arabes unis]] (EAU). Les exportations représentent le tiers du chiffre d’affaires du secteur. En 2017, les trois principaux clients sont l’Inde, l’Arabie saoudite et le Qatar<ref>{{Lien web|url=https://www.bfmtv.com/economie/vente-d-armes-a-l-arabie-saoudite-la-delicate-position-francaise-1549595.html|titre=Vente d'armes à l'Arabie saoudite: la délicate position française|date=22 octobre 2018|site=bfmtv.com}}.</ref>.
Sur la période [[1999]]-[[2008]], les principaux clients de la France étaient l’[[Inde]], l’[[Arabie saoudite]], la [[Grèce]] et les [[Émirats arabes unis]] (EAU). Les exportations représentent le tiers du chiffre d’affaires du secteur. En [[2017]], les trois principaux clients sont l’Inde, l’[[Arabie saoudite]] et le [[Qatar]]<ref>{{Lien web|url=https://www.bfmtv.com/economie/vente-d-armes-a-l-arabie-saoudite-la-delicate-position-francaise-1549595.html|titre=Vente d'armes à l'Arabie saoudite: la délicate position française|date=22 octobre 2018|site=bfmtv.com}}.</ref>.


L’État joue un rôle de soutien dans la préparation des contrats. Néanmoins celui-ci est censé veiller à ce que les conventions internationales soient bien respectées<ref>{{Lien web|titre=Rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France en 2008|url=https://www.defense.gouv.fr/defense/content/download/161721/1393945/version/1/file/Exportations+armement+2008_Rapport.pdf|site=www.defense.gouv.fr|date=août 2009}}</ref>.
L’État joue un rôle de soutien dans la préparation des contrats. Néanmoins celui-ci est censé veiller à ce que les [[conventions internationales]] soient bien respectées<ref>{{Lien web|titre=Rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France en 2008|url=https://www.defense.gouv.fr/defense/content/download/161721/1393945/version/1/file/Exportations+armement+2008_Rapport.pdf|site=defense.gouv.fr|date=août 2009}}</ref>.


La France, durant l'année 2015, enregistre un record de vente d'au minimum 15 milliards d'euros. C'est un record historique puisque, pour la première fois de son histoire, la France exporte plus que ce qu'elle en achète<ref>[https://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2015/04/30/2015-annee-de-tous-les-records-pour-l-industrie-de-l-armement-tricolore_4625902_1656968.html « 2015, année record pour l’industrie de l’armement de la France »], Dominique Gallois, ''[[Le Monde]].fr'', 30 avril 2015 (consulté le 17 août 2015).</ref>.
La France, durant l'année [[2015]], enregistre un record de vente d'au minimum 15 milliards d'euros. C'est un record historique puisque, pour la première fois de son histoire, la France exporte plus que ce qu'elle en achète<ref>[https://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2015/04/30/2015-annee-de-tous-les-records-pour-l-industrie-de-l-armement-tricolore_4625902_1656968.html « 2015, année record pour l’industrie de l’armement de la France »], Dominique Gallois, ''[[Le Monde]].fr'', 30 avril 2015 (consulté le 17 août 2015).</ref>.


Ces exportations font l'objet de campagnes par les [[Organisation non gouvernementale|ONG]] dénonçant les ventes d'armes. Tel est le cas du contrat Donas<ref>Acronyme de Don Arabie saoudite. Contrat rebaptisé SFMC ({{Langue|en|texte=Saudi-French Military Contract}}).</ref>, de ventes d'armes à l'[[Arabie saoudite]] dont une grande partie pourrait être utilisée par le [[Guerre civile yéménite|corps expéditionnaire saoudien au Yémen]]<ref>{{Lien web|url=https://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/armement-la-france-supermarche-de-l-arabie-saoudite-20-03-2017-2113291_53.php|titre=Armement : la France, supermarché de l'Arabie saoudite|auteur=[[Jean Guisnel]]|date=20 mars 2017|site=lepoint.fr}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/0600016223570-lallemagne-amorce-le-debat-sur-les-livraisons-darmes-a-riyad-2215742.php|titre=L'Allemagne amorce le débat sur les livraisons d'armes à Riyad|auteur=Anne Bauer|date=22 octobre 2018|site=lesechos.fr}}.</ref>.
Ces exportations font l'objet de campagnes par les [[Organisation non gouvernementale|ONG]] dénonçant les ventes d'armes. Tel est le cas du contrat Donas<ref>Acronyme de Don Arabie saoudite. Contrat rebaptisé SFMC ({{Langue|en|texte=Saudi-French Military Contract}}).</ref>, de ventes d'armes à l'[[Arabie saoudite]] dont une grande partie pourrait être utilisée par le [[Guerre civile yéménite|corps expéditionnaire saoudien au Yémen]]<ref>{{Lien web|url=https://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/armement-la-france-supermarche-de-l-arabie-saoudite-20-03-2017-2113291_53.php|titre=Armement : la France, supermarché de l'Arabie saoudite|auteur=[[Jean Guisnel]]|date=20 mars 2017|site=lepoint.fr}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/0600016223570-lallemagne-amorce-le-debat-sur-les-livraisons-darmes-a-riyad-2215742.php|titre=L'Allemagne amorce le débat sur les livraisons d'armes à Riyad|auteur=Anne Bauer|date=22 octobre 2018|site=lesechos.fr}}.</ref>.


En 2020 les ventes d'armes à la Turquie sont suspendues.
En [[2020]], les ventes d'armes à la [[Turquie]] sont suspendues.
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== Perception du secteur par ses acteurs ==
== Perception du secteur par ses acteurs ==
"Lorsqu'on est poli, on ne parle pas d'industrie de l'armement, mais d'industrie de la défense", rapporte Romain Mielcarek dans son livre<ref>{{Ouvrage|auteur1=Romain Mielcarek|titre=Marchands d'armes, enquête sur un business français|éditeur=Taillandier|année=|passage=p.19|isbn=979-10-210-2608-7}}</ref>.
"Lorsqu'on est poli, on ne parle pas d'industrie de l'armement, mais d'industrie de la défense", rapporte Romain Mielcarek dans son livre<ref>{{Ouvrage|auteur1=Romain Mielcarek|titre=Marchands d'armes, enquête sur un business français|éditeur=Taillandier|année=|passage=19|isbn=979-10-210-2608-7}}</ref>.

== Citation ==
«On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.», Anatole France, ''L'Humanité'', {{n°|6688}}, 18 juillet 1922, {{p.|1}}.

« Il fait la chasse au gibier comme il fait la chasse à l'homme » [[Jacques Bidalou]]. En 1997, au [[Serge Dassault|procès de Serge Dassault pour braconnage]] dirigeant de la société éponyme.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
{{légende plume}}
* {{Ouvrage | auteur1=Général André Martini | titre=L'histoire de l'aviation légère de l'armée de terre 1794-2008 | éditeur=Lavauzelle | collection=Histoire, mémoire et patrimoine | lieu=Paris | année=2005 | pages=36,42 | isbn=978-2-7025-1277-7}} {{plume}}
* {{Ouvrage | auteur1=Général André Martini | titre=L'histoire de l'aviation légère de l'armée de terre 1794-2008 | éditeur=Lavauzelle | collection=Histoire, mémoire et patrimoine | lieu=Paris | année=2005 | pages=36, 42 | isbn=978-2-7025-1277-7}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Olivier Brachet|prénom2=Christian|nom2=Pons|prénom3=Michel|nom3=Tachon|titre=La France militarisée|sous-titre=Ventes d'arme|éditeur=Les éditions du Cerf|lieu=Paris|année=1974|pages totales=96|isbn=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Olivier Brachet|auteur2=Christian Pons|auteur3=[[Michel Tachon]]|titre=La France militarisée|sous-titre=Ventes d'arme|éditeur=Les éditions du Cerf|lieu=Paris|année=1974|pages totales=96|isbn=978-84-312-0191-3}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Centre local d'information et de coordination pour l'action non|nom1=violente.|titre=Les trafics d'armes de la France : l'engrenage de la militarisation : étude|éditeur=F. Maspero|lieu=Paris|année=1977|pages totales=335|isbn=2-7071-0909-6|isbn2=9782707109095|oclc=3870132|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/3870132|consulté le=2019-01-10}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Centre local d'information et de coordination pour l'action non violente|titre=Les trafics d'armes de la France : l'engrenage de la militarisation : étude|éditeur=F. Maspero|lieu=Paris|année=1977|pages totales=335|isbn=2-7071-0909-6|isbn2=9782707109095|oclc=3870132}}
* [[Anne Poiret]], ''Mon pays vend des armes'', Les Arènes, Paris, 2019, 304 pages
* [[Anne Poiret]], ''Mon pays vend des armes'', Les Arènes, Paris, 2019, 304 pages
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Claude Serfati|titre=Le militaire : une histoire française|lieu=Paris|éditeur=Éditions Amsterdam|date=2017|pages totales=224|isbn=978-2-35480-150-2|isbn2=2-35480-150-5|oclc=986787087|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/986787087|consulté le=2020-03-26}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Claude Serfati|titre=Le militaire : une histoire française|lieu=Paris|éditeur=Éditions Amsterdam|date=2017|pages totales=224|isbn=978-2-35480-150-2|isbn2=2-35480-150-5|oclc=986787087}}
* Jean Joana, Armée et industrie de défense : cousinage nécessaire et liaisons incestueuses, ''Pouvoirs'', 2008/2 ({{n°|125}}), {{p.|43-54}}. {{Lien web|langue=fr|auteur1=Jean Joana|titre=Armée et industrie de défense : cousinage nécessaire et liaisons incestueuses|url=https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2008-2-page-43.htm|site=www.cairn.info|périodique=Pouvoirs|date=23 décembre 2008|consulté le=19 avril 2020}}
* Jean Joana, Armée et industrie de défense : cousinage nécessaire et liaisons incestueuses, ''Pouvoirs'', 2008/2 ({{n°|125}}), {{p.|43-54}}. {{Lien web|langue=fr|auteur1=Jean Joana|titre=Armée et industrie de défense : cousinage nécessaire et liaisons incestueuses|url=https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2008-2-page-43.htm|site=www.cairn.info|périodique=Pouvoirs|date=23 décembre 2008|consulté le=19 avril 2020}}
* {{Article |langue=fr |auteur1=Thibaud Boncourt |auteur2=Marielle Debos |auteur3=Mathias Delori |auteur4=Benoît Pelopidas |auteur5=Christophe Wasinski |titre=Que faire des interventions militaires dans le champ académique ? |sous-titre=Réflexions sur la nécessaire distinction entre expertise et savoir scientifique |périodique=20 & 21, Revue d'histoire |numéro=145 |année=2020 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-vingt-et-vingt-et-un-revue-d-histoire-2020-1-page-135.htm |pages=135-150 }}
* {{Article |langue=fr |auteur1=Thibaud Boncourt |auteur2=Marielle Debos |auteur3=Mathias Delori |auteur4=Benoît Pelopidas |auteur5=Christophe Wasinski |titre=Que faire des interventions militaires dans le champ académique ? |sous-titre=Réflexions sur la nécessaire distinction entre expertise et savoir scientifique |périodique=20 & 21, Revue d'histoire |numéro=145 |année=2020 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-vingt-et-vingt-et-un-revue-d-histoire-2020-1-page-135.htm |pages=135-150 }}


=== Chansons ===
=== Chansons ===

* ''Le petit commerce'', [[Boris Vian]] et [[Alain Goraguer]], 1955.
* ''Le petit commerce'', [[Boris Vian]] et [[Alain Goraguer]], 1955.
* ''Le monsieur qui vend des canons'', [[Pierre Perret]], ''Mes chansons engagées'', 2012.
* ''Le monsieur qui vend des canons'', [[Pierre Perret]], ''Mes chansons engagées'', 2012.
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{lien web|langue=en|auteur1=|url=http://www.sipri.org/research/armaments/milex/recent-trends|titre=Site officiel du SIPRI, dépenses militaires mondiales et armement en 2015|site=sipri.org|consulté le=|date=}}
* {{lien web|langue=en|auteur1=
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Dernière version du 9 février 2024 à 11:47

Femmes françaises travaillant dans une fabrique de munitions en 1917.

Le terme complexe militaro-industriel désigne l'ensemble constitué par l'industrie de l'armement, les forces armées et les décideurs publics, et le jeu de relations complexes (lobbying) entre ces trois pôles destiné à influencer les choix publics. Il y a très souvent une situation de monopsone (un acheteur plusieurs offreurs). Très souvent les acheteurs (dont l’État français) font des appels d'offres.

En France, le complexe militaro-industriel français, autrefois associé à l’armée française et affecté à la protection des frontières face aux ennemis identifiés lors des guerres issues du XIXe siècle, a fait l’objet d’un repositionnement au sein de l’industrie de l’armement de manière à rester performant dans un contexte contemporain de mondialisation des ventes d’armes.

La résultante de cette restructuration implique notamment un abandon de la filière du blindé léger dans la zone traditionnelle de production du département de la Loire (année 2002) ainsi que la fin de la production de fusil d’assaut et de munitions de petit calibre à la fin des années 1990.

Compte tenu de cette évolution, le terme pourrait paraître abusif, quoique l’intégration horizontale se poursuive au travers de grandes entreprises contractantes associées à des fournisseurs, l’ensemble étant habilité défense et sous le contrôle de la DGA (direction générale de l’Armement), qui assure la vision stratégique et les grands programmes étatiques.

En s’appuyant sur les importantes commandes nationales (la France est un des deux derniers pays européens de l’OTAN avec le Royaume-Uni à entretenir des forces armées capables de déploiements « entrée en premier » dans tout le spectre des opérations), qui lui permettent de dégager les marges pour innover et investir, le complexe militaro-industriel français tisse aussi de nombreux partenariats avec les industries de défense britanniques (Lancaster House, drones), italiennes (FREMM, Frégates Horizon) et européennes en général (A400M, A330 MRTT, Eurocopter Tigre), ce qui le place au centre d’une éventuelle consolidation de l’industrie européenne de défense.

Historique[modifier | modifier le code]

Des canons aux blindés légers[modifier | modifier le code]

La ville de Saint-Étienne fut rebaptisée "Armeville" pendant la Révolution et sa Manufacture d'armes fut dès lors le point d'approvisionnement des armées de la jeune République française. Elle équipa l'armée française pendant la Première Guerre mondiale, fabricant fusils Lebel et canons de 75 mm. Cette tradition de production industrielle à usage militaire se poursuivit dans la région jusque l'implantation de la production du char léger dans la région, à Saint-Chamond, filière en cours d'abandon.

Cette situation pour les chars légers ne semble pas se transposer pour d'autres types de véhicules de transport blindés, le successeur du VAB de l'armée de terre étant l'objet d'un appel d'offres (voir proposition Renault Trucks).

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Toutes proportions gardées, la France a aussi son bassin houiller et sidérurgique dont le contrôle devient aussi important que celui du voisin : sa « Ruhr » est identifiée comme le Bassin de Briey en 1914. Les critiques pacifistes des deux bords du Rhin décrient le conflit à venir comme un conflit de sidérurgistes et de constructeurs de canons : le comité des forges contre la famille Krupp.

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Sur la base des tanks (réservoirs en anglais, selon le nom de code de cette arme secrète) qui avaient percé les tranchées de 1914-1918, le ministère de la guerre commande dans les années 1930 un char de combat lourd pour équiper l'armée française : ce sera le char B1.

Sabotages durant la « drôle de guerre »[modifier | modifier le code]

Malgré la guerre, les ouvriers de l’aviation française ne travaillent ni le samedi ni le dimanche. Pour respecter la consigne du Parti communiste français (PCF) : « Une heure de moins pour la production, c’est une heure de plus pour la révolution. » De nombreux sabotages sont commis[1].

Le lundi , le troisième tribunal militaire de Paris jugera d’ailleurs six membres des Jeunesses communistes (JC) travaillant aux usines Farman. Quatre d’entre eux seront condamnés à mort et trois exécutés. Ils avaient commencé à saboter deux ou trois moteurs d’avion par jour, puis ils avaient fini par en saboter une vingtaine.

Depuis la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Emplois et chiffre d’affaires[modifier | modifier le code]

Femmes au travail à l'Arsenal de Saint-Malo entre 1940 et 1945

Après la Seconde Guerre mondiale, les emplois directs dans le secteur industriel de la défense ont culminé à 310 000 en 1982[2] et sont depuis en baisse constante.

En 2007, cette industrie représente un chiffre d’affaires de 15 milliards d'euros pour 165 000 emplois directs[3].

En 2012, le conseil des industries de défense françaises indique que le chiffre d’affaires global s'est établi à 17,5 Milliards d'euros en 2011. 35 % de la production a été exportée, et ce secteur mobilise 80 000 emplois directs et 85 000 indirects.

Grâce aux exportations, l'industrie de défense a généré un solde commercial positif de 2,7 milliards d'euros en 2011, alors que le solde commercial de la France s'établissait comme étant en déficit, à 70,1 milliards d'euros. C'est en Provence-Alpes-Côte d'Azur que le poids de la défense est le plus lourd, avec 20 % de l'activité industrielle. Ce ratio tombe à 12 % en Île-de-France, 11 % en Bretagne et 10 % en Centre-Val de Loire[4].

En 2018, cette industrie s'appuie sur 10 grands groupes et plus de 4 000 PME, dont 350 sont considérées comme stratégiques. Ce tissu industriel représente plus de 200 000 emplois[5].

Alors que certaines technologies critiques de l'armement étaient dans les années 1960 encore des exclusivités américaines, le complexe militaro-industriel français et ses partenaires européens (à travers le groupe EADS-Airbus) couvrent de nos jours par leurs productions en série ou leurs démonstrateurs (pour le Neuron) l'ensemble du spectre des armements possibles à l'exception du fusil d'assaut et des AWACS : armement terrestre et chars, porte-avions et sous-marins nucléaire, destroyers furtifs polyvalents, missiles balistiques, de croisière, anti-navires et intercepteurs, radars, réseaux de transmissions et satellites de renseignement, avions de chasse et de transport, ravitailleurs, drones de combat, furtivité aérienne (ces deux derniers à l'état de démonstrateur dans le drone Neuron). L'indépendance stratégique européenne peut ainsi être assurée, même si en pratique de nombreux pays européens se fournissent encore aux États-Unis pour certaines techniques de pointe.

Composantes[modifier | modifier le code]

La résultante de ce complexe militaro-industriel français au début du XXIe siècle est Nexter et Arquus pour le terrestre, Airbus, SAFRAN et Dassault, pour l’aéronautique, Thales et Sagem pour l’électronique (Thales a cependant aussi produit des equipements navals, telles que les frégates dans l'affaire Taiwanaise ), Naval Group (ayant aussi travaillé avec Thales) pour le naval, MBDA pour la missilerie, Eurenco pour les matériaux explosifs. Le tout étant sous la maîtrise d’œuvre de la direction générale de l’Armement (DGA) qui assure le suivi des programmes nationaux et la cohérence stratégique des travaux de recherche et développement. Les liens forts entre la DGA (ingénieurs à statut militaire) et les entreprises de défense permettent de parler à juste titre de « complexe militaro-industriel ».

Filière terrestre[modifier | modifier le code]

Elle est constituée de plusieurs entreprises notamment familiales à l'origine parmi lesquelles :

Filière aéronautique[modifier | modifier le code]

La France est un des principaux précurseurs dans l’aviation. Durant la Première Guerre mondiale, la production nationale a permis d’équiper une grande partie des forces de l’entente cordiale.

Alors que moins de 150 avions était en service lors d'entrée en guerre en 1914, 3 608 avions étaient en service lors de l'armistice du 11 novembre 1918. La France possède alors la première industrie aéronautique au monde et a fabriqué un total de 52 000 avions et 90 000 moteurs d'avions[6]. Elle dispose alors de 115 usines employant 180 000 personnes pour 62 firmes dont 29 créatives[7]. Mais, malgré la montée des périls dans les années 1930, l'industrie aéronautique ne sortit que 432 avions militaires en 1938, 1 251 en 1939 et 2 937 avant la défaite de la bataille de France, une fraction de ce que fabriquait l'Allemagne (5 235 avions en 1938) et en règle générale avec des performances inférieures.

Aujourd'hui l'industrie aéronautique centrée sur les entreprises Airbus, Dassault, Daher, le missilier MBDA et le motoriste Safran, est à la pointe des dernières technologies de défense avec l'avion Rafale, le missile METEOR, le drone Neuron ou l'avion de transport A400M. Elle tire aussi la croissance de partenaires comme l'électronicien Thalès et profite au secteur naval dans le domaine des radars (Thalès) ou des missiles (Missile de croisière naval développé par MBDA sur la base du SCALP-EG).

Les capacités développées avec les programmes civils ARIANE et les filières de missiles ont permis le développement d'une filière aérospatiale capable de proposer des solutions aux nouveaux enjeux du bouclier anti-missile balistique (avec ASTER Block 2 de MBDA et EXOGUARD - projet d'intercepteur exo-atmosphérique - d'Astrium) ainsi que des solutions satellites (Galileo, Pléiades) stratégiques.

Filière navale[modifier | modifier le code]

La Marine nationale étant une des premières marines d’Europe en tonnage, le marché domestique a permis à Naval Group de développer des technologies importantes (silence, furtivité, propulsion nucléaire, systèmes de gestion tactique). Le groupe est à la première place européenne dans les exportations de navires de surface (frégates de classe Lafayette, FREMM, BPC Mistral, corvettes de classe Gowind) et une importante entreprise dans l’exportation de sous-marins militaires, où la France est un des rares pays à disposer de la technologie des sous-marins nucléaires.

De nombreux projets sont développés avec des partenaires européens, principalement italiens (FREMM, frégates Horizon). La filière navale travaille avec des technologies clés développées par MBDA et Thalès pour le système d’armes.

Exportations[modifier | modifier le code]

AMX AuF1 et AMX-10 P de la 20e brigade mécanisée des Forces armées saoudiennes à la fin de la guerre du Golfe de 1991.
Le monde musulman est l’un des principaux marchés de l’armement au monde.

Les exportations d’armes représentent un marché mondial de 62,8 milliards d’euros sur la période 2003-2007. La France avec 9% de part de marché se situe en troisième position après les États-Unis (31 %) et la Russie (27 %)[8]. En 2018, la France est passée deuxième exportateur[9]. Ce marché est réputé pour son manque de transparence (malgré la convention de l’OCDE contre la corruption) et par la présence d’opérations de « compensations » pouvant être demandées par l’acheteur (par exemple des opérations de transfert de technologie).

Sur la période 1999-2008, les principaux clients de la France étaient l’Inde, l’Arabie saoudite, la Grèce et les Émirats arabes unis (EAU). Les exportations représentent le tiers du chiffre d’affaires du secteur. En 2017, les trois principaux clients sont l’Inde, l’Arabie saoudite et le Qatar[10].

L’État joue un rôle de soutien dans la préparation des contrats. Néanmoins celui-ci est censé veiller à ce que les conventions internationales soient bien respectées[11].

La France, durant l'année 2015, enregistre un record de vente d'au minimum 15 milliards d'euros. C'est un record historique puisque, pour la première fois de son histoire, la France exporte plus que ce qu'elle en achète[12].

Ces exportations font l'objet de campagnes par les ONG dénonçant les ventes d'armes. Tel est le cas du contrat Donas[13], de ventes d'armes à l'Arabie saoudite dont une grande partie pourrait être utilisée par le corps expéditionnaire saoudien au Yémen[14],[15].

En 2020, les ventes d'armes à la Turquie sont suspendues.

Perception du secteur par ses acteurs[modifier | modifier le code]

"Lorsqu'on est poli, on ne parle pas d'industrie de l'armement, mais d'industrie de la défense", rapporte Romain Mielcarek dans son livre[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. L'affaire « L'affaire Guy Moquet - Enquête sur une mystification officielle », sur Google Book (consulté le 17 août 2015).
  2. La Lettre du Groupe E3D no 2 - avril 1996
  3. Calepin international des principales entreprises travaillant pour la défense - décembre 2009, p. 119.
  4. « L'industrie de défense, combien de divisions ? », sur lemamouth.blogspot.fr, (consulté le )
  5. « Industrie », sur defense.gouv.fr, .
  6. Général André Martini, L'histoire de l'aviation légère de l'armée de terre 1794-2008, Paris, Lavauzelle, coll. « Histoire, mémoire et patrimoine », , 36,42 (ISBN 978-2-7025-1277-7)
  7. Chadeau Emmanuel. État, industrie, nation : la formation des technologies aéronautiques en France (1900-1950). In: Histoire, économie et société. 1985, 4e année, no 2. p. 275-300.
  8. [1]
  9. « Économie : la France est le deuxième exportateur mondial d'armement », sur Franceinfo, (consulté le )
  10. « Vente d'armes à l'Arabie saoudite: la délicate position française », sur bfmtv.com, .
  11. « Rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France en 2008 », sur defense.gouv.fr,
  12. « 2015, année record pour l’industrie de l’armement de la France », Dominique Gallois, Le Monde.fr, 30 avril 2015 (consulté le 17 août 2015).
  13. Acronyme de Don Arabie saoudite. Contrat rebaptisé SFMC (Saudi-French Military Contract).
  14. Jean Guisnel, « Armement : la France, supermarché de l'Arabie saoudite », sur lepoint.fr, .
  15. Anne Bauer, « L'Allemagne amorce le débat sur les livraisons d'armes à Riyad », sur lesechos.fr, .
  16. Romain Mielcarek, Marchands d'armes, enquête sur un business français, Taillandier (ISBN 979-10-210-2608-7), p. 19

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Général André Martini, L'histoire de l'aviation légère de l'armée de terre 1794-2008, Paris, Lavauzelle, coll. « Histoire, mémoire et patrimoine », , 36, 42 (ISBN 978-2-7025-1277-7) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Olivier Brachet, Christian Pons et Michel Tachon, La France militarisée : Ventes d'arme, Paris, Les éditions du Cerf, , 96 p. (ISBN 978-84-312-0191-3)
  • Centre local d'information et de coordination pour l'action non violente, Les trafics d'armes de la France : l'engrenage de la militarisation : étude, Paris, F. Maspero, , 335 p. (ISBN 2-7071-0909-6 et 9782707109095, OCLC 3870132)
  • Anne Poiret, Mon pays vend des armes, Les Arènes, Paris, 2019, 304 pages
  • Claude Serfati, Le militaire : une histoire française, Paris, Éditions Amsterdam, , 224 p. (ISBN 978-2-35480-150-2 et 2-35480-150-5, OCLC 986787087)
  • Jean Joana, Armée et industrie de défense : cousinage nécessaire et liaisons incestueuses, Pouvoirs, 2008/2 (no 125), p. 43-54. Jean Joana, « Armée et industrie de défense : cousinage nécessaire et liaisons incestueuses », sur www.cairn.info, Pouvoirs, (consulté le )
  • Thibaud Boncourt, Marielle Debos, Mathias Delori, Benoît Pelopidas et Christophe Wasinski, « Que faire des interventions militaires dans le champ académique ? : Réflexions sur la nécessaire distinction entre expertise et savoir scientifique », 20 & 21, Revue d'histoire, no 145,‎ , p. 135-150 (lire en ligne)

Chansons[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]