« Niaouli » : différence entre les versions

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{{Taxobox | famille | Myrtaceae }}
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L'espèce a été plantée dans de nombreuses régions tropicales pour l'exploitation de son bois, de ses fleurs pour la production de [[miel]] ou de ses feuilles pour la production d'[[huile essentielle]]<ref name=gaydou/>. Le niaouli est aussi utilisé comme plante d'ornement dans de nombreuses contrées tropicales, mais est parfois devenu une [[espèce invasive|espèce exotique envahissante]], perturbant notamment les [[écosystème]]s marécageux comme dans les [[Everglades]], en [[Floride]].
L'espèce a été plantée dans de nombreuses régions tropicales pour l'exploitation de son bois, de ses fleurs pour la production de [[miel]] ou de ses feuilles pour la production d'[[huile essentielle]]<ref name=gaydou/>. Le niaouli est aussi utilisé comme plante d'ornement dans de nombreuses contrées tropicales, mais est parfois devenu une [[espèce invasive|espèce exotique envahissante]], perturbant notamment les [[écosystème]]s marécageux comme dans les [[Everglades]], en [[Floride]].

{{Sommaire}}

== Étymologie ==
== Étymologie ==
Le terme de latin scientifique ''melaleuca'' est composé de deux termes empruntés au grec : ''melan'' μέλαν « noir » et ''leucos'' λευκος « blanc », en raison des contrastes de couleur entre la base du tronc et les branches de l'espèce type (telle qu'elle pouvait être connue de [[Carl von Linné|Linné]] à travers la description de [[Georg Everhard Rumphius|Rumphius]]).
Le terme de latin scientifique ''melaleuca'' est composé de deux termes empruntés au grec : ''melas'' (μέλας, « noir ») et ''leucos'' (λευκός, « blanc »), en raison des contrastes de couleur entre la base du tronc et les branches de l'espèce type (telle qu'elle pouvait être connue de [[Carl von Linné|Linné]] à travers la description de [[Georg Everhard Rumphius|Rumphius]]).


L'[[épithète spécifique]] ''quinquenervia'' est composée de deux termes latins : ''quinque'' « cinq » et ''nervus'' « nerf », en référence aux 5 nervures des feuilles.
L'[[épithète spécifique]] ''quinquenervia'' est composée de deux termes latins : ''quinque'' « cinq » et ''nervus'' « nerf », en référence aux cinq nervures des feuilles.


Le terme de ''niaouli'' dérive de ''yauli'' dans la langue de l'archipel [[Bélep]]<ref>O'Reilly, Patrick, 1953. Le français parlé en Nouvelle-Calédonie. Apports étrangers et vocables nouveaux. Archaïsmes et expressions familières. ''Journal de la Société des océanistes'', 9 : 203-228. [https://doi.org/10.3406/jso.1953.1777 DOI : 10.3406/jso.1953.1777]</ref> à l'extrême nord de la [[Grande Terre (Nouvelle-Calédonie)|Grande Terre]] dans l'[[aire coutumière Hoot ma Waap]] ([[Nouvelle-Calédonie]]). Il est aussi appelé l'« '''arbre à peau''' », en raison d'une écorce s'exfoliant en grandes plaques de « peau » qui se détachent du tronc. Les Australiens les comparent à des feuilles de papier, ce qui explique le nom de ''[[:en:Melaleuca quinquenervia|Paper Bark Tea Tree]]'' ou de ''[[:en:Melaleuca quinquenervia|Broad-leaved paper bark]]'' qu'ils donnent à l'arbre.
Le terme de ''niaouli'' dérive de ''yauli'' dans la langue de l'archipel [[Bélep]]<ref>{{ouvrage|titre= Nouvelle-Calédonie
|éditeur= Nouvelles Editions de l'Université
|auteur= Petit Futé
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|année= oct 2014
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}}</ref> à l'extrême nord de la [[Grande Terre (Nouvelle-Calédonie)|Grande Terre]] dans l'[[aire coutumière Hoot ma Waap]] ([[Nouvelle-Calédonie]]). Il est aussi appelé l' « '''arbre à peau''' », en raison d'une écorce s'exfoliant en grandes plaques de « peau » qui se détachent du tronc. Les Australiens les comparent à des feuilles de papier, ce qui explique le nom de ''[[:en:Melaleuca quinquenervia|Paper Bark Tea Tree]]'' ou de ''[[:en:Melaleuca quinquenervia|Broad-leaved paper bark]]'' qu'ils donnent à l'arbre.


== Nomenclature et synonymes ==
== Nomenclature et synonymes ==
''Melaleuca quinquenervia'' manifeste une instabilité morphologique importante en Australie ou en Nouvelle-Calédonie. En Nouvelle-Calédonie, où il était connu sous le nom local de ''niaouli'', il fut longtemps appelé ''Melaleuca viridiflora'' Gaertn<ref>''Annales des sciences naturelles. Botanique.'', 1834 {{BHL|41587010#page/75|Annales des Sciences naturelles}}</ref>. À Madagascar, les ouvrages de botanique présentent le niaouli, sous le nom de ''[[Melaleuca viridiflora]]'' Sol. ex Gaertn., très souvent mis en synonymie avec ''[[Melaleuca leucadendra]]'' L. Mais selon Ramanoelina ''et al.''<ref name=rama>{{article|nom= Ramanoelina P.A.R., Gaydou E.M., Bianchini J.P.
''Melaleuca quinquenervia'' manifeste une instabilité morphologique importante en Australie ou en Nouvelle-Calédonie. En Nouvelle-Calédonie, où il était connu sous le nom local de ''niaouli'', il fut longtemps appelé ''Melaleuca viridiflora'' Gaertn<ref>''Annales des sciences naturelles. Botanique.'', 1834 {{BHL|41587010#page/75|Annales des Sciences naturelles}}</ref>. À Madagascar, les ouvrages de botanique présentent le niaouli, sous le nom de ''[[Melaleuca viridiflora]]'' Sol. ex Gaertn., très souvent mis en synonymie avec ''[[Melaleuca leucadendra]]'' L. Mais selon Ramanoelina ''et al.''<ref name=rama>{{article|nom= Ramanoelina P.A.R., Gaydou E.M., Bianchini J.P.
|titre= Caractérisation des huiles essentielles industrielles de Niaouli (Melaleuca quinquenervia) de Madagascar - Propositions d’avant-projet de normes
|titre= Caractérisation des huiles essentielles industrielles de Niaouli (Melaleuca quinquenervia) de Madagascar - Propositions d’avant-projet de normes
|périodique= Terre Malgache Tany Malagasy
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|url texte=http://madarevues.recherches.gov.mg/?Caracterisation-des-huiles
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}}</ref>, des études ont montré que le niaouli malgache appartient à l'espèce ''Melaleuca quinquenervia'' (Cav.) S.T. Blake.
}}</ref>, des études ont montré que le niaouli malgache appartient à l'espèce ''Melaleuca quinquenervia'' (Cav.) S.T. Blake.


Des études récentes de Craven et Barlow<ref name=craven>{{article|nom= Craven LA, Barlow BA.
Une étude de Craven et Barlow<ref name=craven>{{article|nom= Craven LA, Barlow BA.
|titre= New taxa and new combinations in Melaleuca (Myrtaceae)
|titre= New taxa and new combinations in Melaleuca (Myrtaceae)
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|pages=113-119.
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}}</ref> a montrée la nécessité de revoir le statut de plusieurs espèces de ''Melaleuca''. Les deux espèces ''M. quinquenervia'' et ''M. viridiflora'' appartiennent à un groupe de mélaleucas, désigné comme « Complexe ''Melaleuca leucadendra'' ». Suivant Craven<ref name=craven1>{{Chapitre|auteur1=Lyn A. Craven|titre chapitre=Behind the names: the botany of tea tree, cajuput and niaouli|auteurs ouvrage=Ian Southwell, Robert Lowe|titre ouvrage=Tea Tree : The Genus Melaleuca|éditeur=CRC Press|année=2003|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=3o8x6K_XwE4C&pg=PA21&hl=fr&source=gbs_selected_pages&cad=2#v=onepage&q&f=false}}</ref> (2003), il rassemble les 15 espèces suivantes : 1. ''M. arcana'', 2. ''M. argentea'', 3. [[Melaleuca cajuputi|''M. cajuputi'']] Powell., 4. ''M. clarksonii'', 5. ''M. cornucopiae'', 6. ''M. dealbata'', 7. ''M. fluviatilis'', 8. ''M. lasiandra'', 9. [[Melaleuca leucadendra|''M. leucadendra'']] (L.) L., 10. ''M. nervosa'', 11. ''[[Melaleuca quinquenervia|M. quinquenervia]]'' (Cav.) Blake, 12. ''M. saligna'', 13. M. sericea'', 14. ''M. stenostachya'', 15. [[Melaleuca viridiflora|''M. viridiflora'']] Sol.
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}}</ref> ont montré la nécessité de revoir le statut de plusieurs espèces de ''Melaleuca''. Les deux espèces ''M. quinquenervia'' et ''M. viridiflora'' appartiennent à un groupe de mélaleucas, désigné comme « Complexe ''Melaleuca leucadendra'' ». Suivant Craven<ref name=craven1>{{Chapitre|langue=|auteur1=Lyn A. Craven|titre chapitre=Behind the names: the botany of tea tree, cajuput and niaouli|auteurs ouvrage=Ian Southwell, Robert Lowe|titre ouvrage=Tea Tree : The Genus Melaleuca|lieu=|éditeur=CRC Press|année=2003|lire en ligne=}}</ref> (2003), il rassemble les 15 espèces suivantes : 1. ''M. arcana'', 2. ''M. argentea'', 3. ''[[Melaleuca cajuputi|M. cajeputi]]'' Powell., 4. ''M. clarksonii'', 5. ''M. cornucopiae'', 6. ''M. dealbata'', 7. ''M. fluviatilis'', 8. ''M. lasiandra'', 9. ''[[Melaleuca leucadendra|M. leucadendra]]'' (L.) L., 10. ''M. nervosa'', 11. ''[[Melaleuca quinquenervia|M. quinquenervia]]'' (Cav.) Blake, 12. ''M. saligna'', 13. M. sericea'', 14. ''M. stenostachya'', 15. ''[[Melaleuca viridiflora|M. viridiflora]]'' Sol.
Ces espèces sont caractérisées par des feuilles persistantes, odorantes, et larges et une écorce s'exfoliant en larges bandes. Elles se rencontrent à l'état naturel au nord-est de l'Australie tandis que ''M. quinquefolia'' s'étend sur la côte orientale australienne jusqu'à Sydney et en Nouvelle-Calédonie.
Ces espèces sont caractérisées par des feuilles persistantes, odorantes, et larges et une écorce s'exfoliant en larges bandes. Elles se rencontrent à l'état naturel au nord-est de l'Australie tandis que ''M. quinquefolia'' s'étend sur la côte orientale australienne jusqu'à Sydney et en Nouvelle-Calédonie.


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== Description ==
== Description ==
Le niaouli<ref name=gaydou>{{article|nom= E.M. Gaydou, C. Menut
Le niaouli<ref name=gaydou>{{article|nom=E.M. Gaydou, C. Menut
|titre= Le niaouli de Nouvelle-Calédonie
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}}</ref>{{,}}<ref name=kew>{{ouvrage|titre= Flora of Tropical East Africa
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|éditeur= Rotterdam: Balkema, Royal Botanic Gardens, Kew
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|auteur= B. Verdcourt
|auteur= B. Verdcourt
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|année= 2001
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|url= http://plants.jstor.org/flora/ftea005011?s=t
|url= http://plants.jstor.org/flora/ftea005011?s=t
}}</ref> est un arbre en général de taille moyenne (de 4 à {{unité|12|m}}) mais pouvant atteindre {{unité|25|m}}. Il a souvent une silhouette tortueuse, rarement droite.
}}</ref> est un arbre en général de taille moyenne (de 4 à {{unité|12|m}}) mais pouvant atteindre {{unité|25|m}}. Il a souvent une silhouette tortueuse, rarement droite.
Le tronc est couvert d'une écorce blanchâtre, épaisse de plus d'un centimètre<ref name=cherrier/>, spongieuse mais laminée en nombreuses couches qui se détachent en larges bandes. Les jeunes rameaux sont densément soyeux et les jeunes feuilles blanchâtres, velues et brillantes<ref name=trilles>{{Chapitre|langue=|auteur1=B. Trilles, S. Bouraïma-Madjebi, G. VValet|titre chapitre=Melaleuca quinquenerva (cavanilles) S.T. Blake, Niaouli|auteurs ouvrage=Ian Southwell, Robert Lowe|titre ouvrage=Tea Tree : The Genus Melaleuca|lieu=|éditeur=CRC Press|année=2003|lire en ligne=}}</ref>.
Le tronc est couvert d'une écorce blanchâtre, épaisse de plus d'un centimètre<ref name=cherrier/>, spongieuse mais laminée en nombreuses couches qui se détachent en larges bandes. Les jeunes rameaux sont densément soyeux et les jeunes feuilles blanchâtres, velues et brillantes<ref name=trilles>{{Chapitre|auteur1=B. Trilles, S. Bouraïma-Madjebi, G. Valet|titre chapitre=Melaleuca quinquenerva (cavanilles) S.T. Blake, Niaouli|auteurs ouvrage=Ian Southwell, Robert Lowe|titre ouvrage=Tea Tree : The Genus Melaleuca|éditeur=CRC Press|année=2003|lire en ligne=}}</ref>.


Comme la plupart des espèces du genre ''[[Melaleuca]]'', le niaouli est caractérisé par des feuilles persistantes, odorantes, se plaçant dans un plan vertical. Les feuilles sont [[forme foliaire|lancéolées à oblancéolées]], coriaces, de 5 à {{unité|9|cm}} de long, sur 0,6 à {{unité|2.4|cm}} de large<ref name=kew/>. Elles sont parcourues par ''5 nervures parallèles''.
Comme la plupart des espèces du genre ''[[Melaleuca]]'', le niaouli est caractérisé par des feuilles persistantes, odorantes, se plaçant dans un plan vertical. Les feuilles sont [[forme foliaire|lancéolées à oblancéolées]], coriaces, de 5 à {{unité|9|cm}} de long, sur 0,6 à {{unité|2.4|cm}} de large<ref name=kew/>. Elles sont parcourues par ''5 nervures parallèles''.


Les [[inflorescence]]s terminales sont de faux [[épis]]<ref name=endemia/>, de 4 à {{unité|8|cm}} de long sur environ {{unité|3|cm}} de large. Les fleurs sont généralement blanches ou blanc crème (rarement jaunes) et groupées par trois. Chacune comporte 5 [[sépale]]s libres, 5 [[pétale]]s (avec des glandes linéaires et elliptiques) et de nombreuses [[étamine]]s (de 30 à 40, groupées en 6-9 faisceaux).
Les [[inflorescence]]s terminales sont de faux [[Épi (botanique)|épis]]<ref name=endemia/>, de 4 à {{unité|8|cm}} de long sur environ {{unité|3|cm}} de large. Les fleurs sont généralement blanches ou blanc crème (rarement jaunes) et groupées par trois. Chacune comporte 5 [[sépale]]s libres, 5 [[pétale]]s (avec des glandes linéaires et elliptiques) et de nombreuses [[étamine]]s (de 30 à 40, groupées en 6-9 faisceaux).


En Nouvelle-Calédonie, la floraison et la fructification s'étale toute l'année, en fonction des conditions climatiques<ref name=endemia/>. Les fleurs sont pollinisées par les abeilles, les oiseaux (notamment les perruches) et les roussettes.
En Nouvelle-Calédonie, la floraison et la fructification s'étalent toute l'année, en fonction des conditions climatiques<ref name=endemia/>. Les fleurs sont pollinisées par les abeilles, les oiseaux (notamment les perruches) et les [[Roussette (chiroptère)|roussettes]].


Les fruits sont de petites [[capsule]]s, en forme de coupe, glabres, renfermant des milliers de graines.
Les fruits sont de petites [[Capsule (botanique)|capsule]]s, en forme de coupe, glabres, renfermant des milliers de graines.
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== Distribution ==
== Distribution ==
[[image:Melaleuca quinquenervia in Australia.jpg|thumb|Distribution]]
[[image:Melaleuca quinquenervia in Australia.jpg|thumb|Distribution]]
''Melaleuca quinquenervia'' est originaire de la côte sud-est de l'[[Australie]], jusqu'à Sydney, de la [[Nouvelle-Calédonie]] (sur la côte ouest et dans le nord du Territoire) et de la [[Nouvelle-Guinée]]<ref>{{lien web|nom=Rayamajhi (USDA Agricultural Research Service)|prénom=Min B.|titre=Melaleuca quinquenervia (Cav.) Blake|consulté le=|url=http://www.invasive.org/browse/detail.cfm?imgnum=0002122}}</ref>. Le niaouli a été introduit en Afrique de l'Est ([[Ouganda]], [[Kenya]], [[Tanzanie]]), en Égypte, Cameroun, Bénin, Nouvelle-Guinée, Malaisie, Philippines, Vietnam, Indonésie et Madagascar.
''Melaleuca quinquenervia'' est originaire de la côte sud-est de l'[[Australie]], jusqu'à [[Sydney]], de la [[Nouvelle-Calédonie]] (sur la côte ouest et dans le nord du Territoire) et de la [[Nouvelle-Guinée]]<ref>{{lien web|nom=Rayamajhi (USDA Agricultural Research Service)|prénom=Min B.|titre=Melaleuca quinquenervia (Cav.) Blake|url=http://www.invasive.org/browse/detail.cfm?imgnum=0002122}}</ref>. Le niaouli a été introduit en [[Guyane|Guyane Française]], [[Afrique de l'Est]] ([[Ouganda]], [[Kenya]], [[Tanzanie]]), en [[Égypte]], [[Cameroun]], [[Bénin]], [[Malaisie]], [[Philippines]], [[Viêt Nam]], [[Indonésie]] et [[Madagascar]].


En Nouvelle-Calédonie, le niaouli pousse dans la brousse, les formations secondarisées et les zones humides<ref name=endemia>{{lien web|nom=Faune et Flore de Nouvelle-Calédonie|prénom=association ENDEMIA|titre=Melaleuca quinquenervia (Espece)|consulté le=|url=http://www.endemia.nc/flore/fiche445.html}}</ref> (marécages, zones inondables, estuaires...). La ''[[savane à niaouli]]'' apparaît après la destruction de la [[forêts sèches de Nouvelle-Calédonie|forêt sèche primaire]] par le défrichement et les feux répétés. Elle est liée à l'essor de l'élevage, introduit par les Européens à partir de 1850 dans les plaines littorales. Elle constitue une des formations les plus étendues de Nouvelle-Calédonie. Les niaoulis peuvent se maintenir ensuite malgré les feux de brousse réguliers, grâce aux propriétés ignifuges des multiples couches de liège qui couvrent le tronc<ref>{{article|nom= M. Hoff
En Nouvelle-Calédonie, le niaouli pousse dans la brousse, les formations secondarisées et les zones humides<ref name=endemia>{{lien web|nom=Faune et Flore de Nouvelle-Calédonie|prénom=association ENDEMIA|titre=Melaleuca quinquenervia (Espece)|url=http://www.endemia.nc/flore/fiche445.html}}</ref> (marécages, zones inondables, estuaires…). La ''[[savane à niaouli]]'' apparaît après la destruction de la [[forêts sèches de Nouvelle-Calédonie|forêt sèche primaire]] par le défrichement et les feux répétés. Elle est liée à l'essor de l'élevage, introduit par les Européens à partir de 1850 dans les plaines littorales. Elle constitue une des formations les plus étendues de Nouvelle-Calédonie. Les niaoulis peuvent se maintenir ensuite malgré les feux de brousse réguliers, grâce aux propriétés ignifuges des multiples couches de liège qui couvrent le tronc<ref>{{article|nom=M. Hoff
|titre= La végétation de Nouvelle-Calédonie
|titre=La végétation de Nouvelle-Calédonie
|périodique= Bulletin de l'association philomathique d'Alsace et de Lorraine (fonds ORSTOM)
|périodique=Bulletin de l'association philomathique d'Alsace et de Lorraine (fonds ORSTOM)
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}}</ref>{{,}}<ref name=niaouli>{{lien web|url=http://www.nouvelle-caledonie-tourisme.fr/images/File/fiche_le_niaouli_caledonie.pdf.|titre=Le Niaouli (Melaleuca quinquenervia)|date=}}</ref>. Mais il semble que les formations en équilibre avec le milieu (dites [[Climax (écologie)|climacique]]s) soient celles des zones marécageuses. Car c'est là que les niaoulis ont le plus beau développement. Ce sont en outre des formations qui livrées à elles-mêmes, restent inchangées alors que les savanes à niaoulis disparaissent devant la concurrence d'autres plantes.
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}}</ref>{{,}}<ref name=niaouli>{{lien web|langue=|url=http://www.nouvelle-caledonie-tourisme.fr/images/File/fiche_le_niaouli_caledonie.pdf.|titre=Le Niaouli (Melaleuca quinquenervia)|nom=|prénom=|date=}}</ref>. Mais il semble que les formations en équilibre avec le milieu (dites [[Climax (écologie)|climacique]]s) soient celles des zones marécageuses. Car c'est là que les niaoulis ont le plus beau développement. Ce sont en outre des formations qui livrées à elles-mêmes, restent inchangées alors que les savanes à niaoulis disparaissent devant la concurrence d'autres plantes.


Le niaouli est une essence robuste, peu exigeante et qui s'adapte à de nombreuses conditions. Il se rencontre partout, du niveau de la mer jusqu'à 900–1000 m d'altitude, sur toutes les expositions. Peu à peu, il a fini par couvrir 40 % de la Nouvelle-Calédonie (Cherrier<ref name=cherrier/>, 1981).
Le niaouli est une essence robuste, peu exigeante et qui s'adapte à de nombreuses conditions. Il se rencontre partout, du niveau de la mer jusqu'à 900–1000 m d'altitude, sur toutes les expositions. Peu à peu, il a fini par couvrir 40 % de la Nouvelle-Calédonie (Cherrier<ref name=cherrier/>, 1981).


Dans les autres régions tropicales où il a été introduit, le niaouli est généralement planté en basse altitude pour l'exploitation de son bois, de ses fleurs pour la production de [[miel]] ou de ses feuilles pour la production d'[[huile essentielle]]<ref name=gaydou/>. Il a été aussi introduit comme arbre d'ornement, comme c'est le cas à [[La Réunion]] où on l'observe dans les parcs et les jardins<ref>{{lien web|url=http://www.mi-aime-a-ou.com/niaouli_melaleuca_quinquenervia.php|titre=Niaoulin Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T. Blake, Arbre de la Réunion|nom=Mi-aime-a-ou.com|date=202/2014}}</ref>. Il s'est naturalisé mais ne présente pas pour le moment de menace importante.
Arbre typique de la Nouvelle-Calédonie, il est l'un de ses emblèmes et les Néocalédoniens y sont sentimentalement attachés. On donna son nom aux [[poilu]]s néocalédoniens, partis combattre en métropole au sein du [[bataillon mixte du Pacifique]] lors de la [[Première Guerre mondiale]]<ref>[http://www.rosada.net/hpays/hpgrandeguerre.htm Émission radiophonique]. Page consultée le 10 avril 2012.</ref>.


Introduit en 1886 en Floride pour l'ornement, il fut aussi largement planté afin de prévenir l'érosion des sols<ref name=floride>{{article|nom=G.S. Wheeler P.D. Pratt, R.M. Giblin-Davis, K.M. Ordung
Dans les autres régions tropicales où il a été introduit, le niaouli est généralement planté en basse altitude pour l'exploitation de son bois, de ses fleurs pour la production de [[miel]] ou de ses feuilles pour la production d'[[huile essentielle]]<ref name=gaydou/>. Il a été aussi introduit comme arbre d'ornement, comme c'est le cas à [[La Réunion]] où on l'observe dans les parcs et les jardins<ref>{{lien web|langue=|url=http://www.mi-aime-a-ou.com/niaouli_melaleuca_quinquenervia.php|titre=Niaoulin Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T. Blake, Arbre de la Réunion|nom=Mi-aime-a-ou.com|prénom=|date=202/2014|série=}}</ref>. Il s'est naturalisé mais ne présente pas pour le moment de menace importante.
|titre=Intraspecific variation of Melaleuca quinquenervia leaf oils in

Introduit en 1886 en Floride pour l'ornement, il fut aussi largement planté afin de prévenir l'érosion des sols<ref name=floride>{{article|nom= G.S. Wheeler P.D. Pratt, R.M. Giblin-Davis, K.M. Ordung
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its naturalized range in Florida, the Caribbean, and Hawaii
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|périodique= Biochemical Systematics and Ecology
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|Forêt à niaouli et ''Levistona australis'' <br />Wyrrabalong National Park, <br />New South Wales, Australie
|Forêt à niaouli et ''[[Livistona|Livistona australis]]'' <br />{{Lien|Wyrrabalong National Park|lang=en}}, <br />[[Nouvelle-Galles du Sud]], [[Australie]]
|Savane à Niaoulis <br />formation ouverte très étendue<br />en [[Nouvelle-Calédonie]]
|Savane à Niaoulis <br />formation ouverte très étendue<br />en [[Nouvelle-Calédonie]]
|}
|}


== Utilisations ==
== Usages ==
En Nouvelle-Calédonie, on peut distinguer les usages traditionnels suivants<ref name=cherrier>{{article|nom= J.F. Cherrier
En Nouvelle-Calédonie, on peut distinguer les usages traditionnels suivants<ref name=cherrier>{{article|nom=J.F. Cherrier
|titre= Le niaouli en Nouvelle-Calédonie (''Melaleuca quinquenervia'' S.T. Blake)
|titre=Le niaouli en Nouvelle-Calédonie (''Melaleuca quinquenervia'' S.T. Blake)
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* '''Le bois''' est utilisé pour faire des poteaux (bois de mine, piquets de clôture), de la pâte à papier, du bois d’œuvre (parquets, ponts de bateaux...), du bois de feu (surtout par les Mélanésiens) et du charbon de bois.
* '''Le bois''' est utilisé pour faire des poteaux (bois de mine, piquets de clôture), de la pâte à papier, du bois d’œuvre (parquets, ponts de bateaux...), du bois de feu et du charbon de bois.
* '''Les feuilles''' donnent par distillation l'[[huile essentielle]] de niaouli, appelée ici '''goménol''' (marque déposée depuis 1893). Mélangée à de l'huile, elle sert à masser les muscles douloureux. L'infusion des feuilles servait traditionnellement à laver les enfants et les malades dans la région de langue ajië et leur décoction pour lutter contre la grippe dans la région de langue xârâcùù (enquête IRD inéd. d'après Gaydou et als<ref name=gaydou/>).
* '''Les feuilles''' donnent par distillation l'[[Goménol|huile essentielle de niaouli]], appelée aussi [[goménol]]. Mélangée à de l'huile, elle sert à masser les muscles douloureux. L'infusion des feuilles servait traditionnellement à laver les enfants et les malades dans la région de langue ajië et leur décoction pour lutter contre la grippe dans la région de langue xârâcùù (enquête IRD inéd. d'après Gaydou et als<ref name=gaydou/>).
* '''L'écorce''' est constituée de couches successives de [[suber]] (ou liège) qui donnent la '''peau de niaouli'''. Elle sert principalement pour couvrir les toits et les parois des cases. Le grand pouvoir isolant du suber confère étanchéité et isolation thermique aux habitations<ref name=gaydou/>. À l'[[île des Pins]], la peau de niaouli servait à couvrir les fours enterrés. Elle est utilisée aussi pour faire des torches<ref name=trilles/>. Autrefois, il était d'usage à la naissance d'un enfant de l'envelopper dans la peau de niaouli afin de lui assurer force et protection<ref name=mncparis/>.
* '''L'écorce''' est constituée de couches successives de [[suber]] (ou liège) qui donnent la '''peau de niaouli'''. Elle sert principalement pour couvrir les toits et les parois des cases. Le grand pouvoir isolant du suber confère étanchéité et isolation thermique aux habitations<ref name=gaydou/>. À l'[[île des Pins]], la peau de niaouli servait à couvrir les fours enterrés. Elle est utilisée aussi pour faire des torches<ref name=trilles/>. Autrefois, il était d'usage à la naissance d'un enfant de l'envelopper dans la peau de niaouli afin de lui assurer force et protection<ref name=mncparis>{{lien web | format=pdf | auteur=Maison de la Nouvelle-Calédonie | titre=Le niaouli de Nouvelle-Calédonie, un arbre aux multiples ressources | site=mncparis.fr | date=30 septembre 2011 | url=http://www.mncparis.fr/uploads/fiche-niaouli.pdf | consulté le=25 mars 2019}}</ref>.
* '''Les fleurs''' pollinisées par les abeilles donnent un très bon [[miel]].
* '''Les fleurs''' pollinisées par les abeilles donnent un très bon [[miel]].
* '''Les plantations''' de niaouli servent de brise-vent et à la lutte contre l'érosion dans les zones dégradées.
* '''Les plantations''' de niaouli servent de brise-vent et à la lutte contre l'érosion dans les zones dégradées.


== L'huile essentielle de niaouli ==
== Importance du niaouli dans la culture kanak ==
Arbre typique de la Nouvelle-Calédonie, il est l'un de ses emblèmes et les [[kanak]] y sont sentimentalement attachés. On donnait son nom aux [[poilu]]s néocalédoniens, partis combattre en métropole au sein du [[bataillon mixte du Pacifique]] lors de la [[Première Guerre mondiale]]<ref>[http://www.rosada.net/hpays/hpgrandeguerre.htm Émission radiophonique]. Page consultée le 10 avril 2012.</ref>.
L'[[huile essentielle]] de niaouli est obtenue à partir des feuilles fraiches par entraînement à la vapeur d'eau pendant une à deux heures, avec un rendement moyen de {{unité|0.7|%}}. L'huile, de couleur jaune à vert clair, a une densité de l'ordre de 0,85. Elle possède une odeur puissante, douce-camphrée, rappelant l'essence d'[[eucalyptus]] et de [[cardamome]], mais avec un caractère moins épicé<ref name=gaydou/>.


En 1975, quand démarre sur le plateau de Tango l'opération de reboisement qui vise à constituer une forêt de [[Pinus caribaea]] en lieu et place des savanes à niaoulis, les populations mélanésiennes expriment leur incompréhension et leur mécontentement.
Les principaux pays producteurs d'huile essentielle de niaouli sont actuellement l'Australie, Madagascar et la Nouvelle-Calédonie<ref name=gaydou/>.
* '''Histoire du goménol'''<ref name=bruno> d'après {{article|nom= Bruno Bonnemain
|titre= Le patrimoine pharmaceutique Le Laboratoire du Goménol : une histoire de cent dix ans autour de l'essence de Niaouli purifiée
|périodique= Revue d'histoire de la pharmacie
|lien périodique=
|volume=92
|numéro=341
|année= 2004
|pages=
|url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2004_num_92_341_5625
}}</ref>


{{Citation|Depuis toujours, les niaoulis ont été les arbres de notre pays et les compagnons de nos ancêtres. Ils ont rendu beaucoup de services. [...] C'est avec leur 'peau' que nous avons couvert nos toits ; et jusqu'aux murs de nos cases. Ils nous ont donné nos médicaments ; le feu de nos foyers était alimenté par leurs branches... Or voici que nous sommes occupés à tuer ces arbres qui ont été bons pour nous [...]}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=J. M. Kohler|titre=Pour ou contre le pinus. Les Mélanésiens face aux projets de développement|passage=pp 17-18|lieu=Nouméa|éditeur=Institut culturel mélanésien, collection Sillon d'ignames|date=1984|pages totales=171|isbn=|lire en ligne=http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers18-05/31606.pdf}}</ref>
Les premiers essais de distillation des feuilles de niaouli datent du début de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie (annexée par la France en 1853). Ils furent réalisés par De Rochas<ref>S'agit-il d'Albert de Rochas ? Pas sûr du tout.</ref> en 1862 mais n'eurent pas de suite. En 1869, {{Lien|Arthur_René_Jean_Baptiste_Bavay|lang=en|texte=Arthur Bavay}}, un pharmacien de la Marine, présente une thèse<ref>[https://books.google.fr/books?id=DqtCQwAACAAJ Etude sur deux plantes de la Nouvelle-Calédonie (Le Niaouli et son huile essentielle, l'anacardier). Arthur Bavay - 1869 - Pharm.--Paris]</ref> sur le niaouli et son huile essentielle ainsi que sur l'[[anacardier]].


Traditionnellement, les nouveau-nés des tribus kanak sont enveloppés dans de l'écorce de niaouli afin de les protéger et de leur donner de la force<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=français|auteur1=[[Emmanuel Kasarhérou]], Béalo Wedoye, Roger Boulay, Claire Merleau-Ponty|titre=Guide des plantes du chemin kanak|passage=p. 70-71|lieu=Nouméa|éditeur=Agence de développement de la culture kanak|date=1998|pages totales=77|isbn=9782909407760|lire en ligne=}}</ref>.
La production commerciale d'huile essentielle a été initiée par la maison Prevet, une entreprise industrielle qui possédait une conserverie sur le territoire de [[Kaala-Gomen|Gomen]]. [[Jules Prevet]] observe que lorsqu'un cueilleur de café se blesse, il mâche des feuilles de niaouli pour en faire un emplâtre qu'il applique sur sa plaie. Prevet constate qu'il arrive ainsi à éviter l'infection. Il rapporte sa découverte à Paris et fait réaliser des études par le docteur Gabriel Bertrand, chef de service de l'Institut Pasteur et le docteur Gueguen, professeur à la faculté de pharmacie de Paris. Les chercheurs découvrent des propriétés cicatrisantes, antiseptiques et anesthésiques de l'essence de niaouli<ref name=bruno/>. Dès lors, Jules Prevet se lance dans la production d'essence de niaouli qu'il décline sous forme de diverses spécialités pharmaceutiques. En 1893, il dépose la marque ''Goménol'' en référence à Gomen, le lieu de production.


== L'huile essentielle de niaouli ==
La production d'essence de niaouli est donc une des plus anciennes industries de transformation et d'exportation de la Nouvelle-Calédonie avec celle du santal et de la viande de bœuf. La production industrielle a commencé dans les années 1920 et a augmenté jusqu'à la veille de la Deuxième guerre mondiale<ref name=gaydou/> où elle atteint entre 12 et {{unité|24|tonnes}} par an. Après une chute brutale durant la guerre, la production repart pendant quelques années. Mais à partir des années 1950, la production ne cesse de décroître. Elle est actuellement évaluée à moins d'une tonne par an.
{{Article détaillé|Goménol|}}L'huile essentielle est souvent utilisée pour les douleurs comme les rhumatismes, les courbatures ou encore les coups de froid<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Huile Essentielle de Niaouli BIO {{!}} Huile essentielle aromathérapie {{!}} Puressentiel |url=https://fr.puressentiel.com/niaouli-bio-huile-essentielle |site=fr.puressentiel.com |consulté le=2020-09-07}}</ref>.


== Philatélie ==
La production mondiale annuelle d'huile essentielle de niaouli se situe très loin derrière celle de [[cajeput]] et d'[[arbre à thé]]<ref>{{ouvrage|titre= Tea Tree: The Genus Melaleuca
Cette espèce figure sur un timbre émis par l'[[Office des postes et télécommunications de Nouvelle-Calédonie|OPT]] en 1982, dessiné par [[Huguette Sainson]], et sur un autre de 2014, dessiné par [[Jean-Paul Véret-Lemarinier]]<ref>{{Lien web|titre=LE NIAOULI|url=https://caledoscope.opt.nc/fr/timbres-et-philatelie/feuille-illustree/le-niaouli|site=caledoscope.opt.nc|date=|consulté le=19 janvier 2020}}</ref>.
|éditeur= CRC Press
|auteur= Ian Southwell (Sous la direction de), Robert Lowe (Sous la direction de)
|langue= en
|année= 1999
|pages= 274
}}</ref> (en 1997, respectivement 8-12 t/an vis-à-vis des 600 t/an pour le cajeput et des 300 t/an pour l'arbre à thé).
* '''Composition'''
L'analyse chromatographique de 159 d'échantillons industriels des huiles essentielles de niaouli produites à Madagascar a recensé onze hydrocarbures terpéniques et de 10 produits oxygénés (Ramanoelina et als<ref name=rama/>, 2005) :
* parmi les hydrocarbures [[monoterpène|monoterpéniques]], l'α-[[pinène]] (10,1 %) est le constituant majoritaire, avec le limonène (7,5 %) et le p-pinène (2,7 %), tandis que le p-[[caryophyllène]] (1,54 %) est le [[sesquiterpène]] le plus représenté ;
* le 1,8-[[cinéole]] (50,2 %) est le constituant prédominent des produits oxygénés; il est suivi par le (E)-nérolidol (7,8 %), l'α-[[terpinéol]] (6,1 %) et le viridiflorol (6 %).
''Certains constituants peuvent varier énormément d'un échantillon à l'autre'', comme c'est le cas du trans-nérolidol, 1,8-cinéole et le viridiflorol.

Plusieurs études ont révélé la grande variabilité des huiles essentielles d'origines géographiques différentes telles que l'Égypte, le Vietnam, Madagascar et le Bénin<ref name=gaydou/> . En outre, l'existence de chimiotypes au sein d'une même population a également été clairement démontrée en Australie, à Madagascar, au Bénin, en Inde et en Nouvelle-Calédonie.

Ainsi en Australie, l'étude<ref>{{article|nom= B.F. Irelanda, D.B. Hibberta, R.J. Goldsacka, J.C. Doranb, J.J. Brophya,
|titre= Chemical variation in the leaf essential oil of Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T. Blake
|périodique= Biochemical Systematics and Ecology
|lien périodique=
|volume=30
|numéro=5
|année= 2002
|pages=457-470
|url texte=
}}</ref> de 136 échantillons de feuilles récoltées en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, indique une répartition géographique nette de deux chémiotypes du sud au nord :
* le chémotype 1, avec une huile essentielle contenant du {{Lien|(E)-nérolidol|trad=Nerolidol|lang=en}} (74–95 %) et du [[linalol]] (14–30 %) se trouve dans la partie sud-est (de Sydney vers le nord jusqu'à Selection Flat) ;
* le chémiotype 2, se caractérise par du 1,8-[[cinéole]] (10–75 %), du [[viridiflorol]] (13–66 %), de l'α-[[terpinéol]] (0.5–14 %) et du β-[[caryophyllène]] (0.5–28 %). Il se rencontre en proportion variable de Sydney à la Papouasie.

À Madagascar, l'analyse statistique des échantillons malgaches de Ramanoelina<ref name=rama/> a montré une séparation en trois chémotypes :
* le chémotype I qui regroupe 141 échantillons sur 159, caractérisé par trois constituants : le 1,8-cinéole, l'α-pinène et le limonène ;
* le chémotype II, avec 8 échantillons, bien séparé par un groupe de constituants comme le viridiflorol, le lédol, le viridiflorène, l'α-terpinéol{{etc}} ;
* le chémotype III, avec 10 échantillons, bien individualisé par le trans-nérolidol.

L'analyse des huiles essentielles de niaouli originaires de Nouvelle-Calédonie, fait ressortir onze composants jouant un rôle majeur dans la distinction de trois chémotypes<ref>{{article|nom= Bénédicte L. Trilles, Isabelle Bombarda, Saliou Bouraïma-Madjebi, Phila Raharivelomanana, Jean-Pierre Bianchini, Emile M. Gaydou
|titre= Occurrence of various chemotypes in niaouli [Melaleuca quinquenervia (Cav.) S. T. Blake] essential oil from New Caledonia
|périodique= Flavour and Fragrance Journal
|lien périodique=
|volume=21
|numéro=4
|année= 2006
|pages=
|url texte=
}}</ref> :
* le chémotype 1 est riche en dérivés terpinéniques (p-cymène, γ-terpinène, terpinolène ou α-terpinéol), principalement situé dans le sud-est du territoire ;
* le chémotype 2, caractérisé par une teneur élevée en 1,8-cinéole (jusqu'à 80 %) est majoritaire avec 65 % des échantillons. On le trouve tout autour de la Nouvelle-Calédonie et principalement dans le nord ;
* le chémotype 3, se distingue par des teneurs élevées en α-pinène et viridiflorol ; il représente 9,8 % des échantillons.

Le 1,8-cinéol, aussi connu sous le nom d'[[eucalyptol]], se rencontre aussi dans les huiles essentielles<ref>{{ouvrage|titre= Active Ingredients Used in Cosmetics: Safety Survey
|éditeur= Editions du Conseil de l'Europe
|auteur= Committee of Experts on Cosmetic Products
|langue=
|année= 2008
|pages= 440
}}</ref> d'[[armoise]] (''Artemisia'' spp), de basilic (''[[Ocimum basilicum]]''), de [[romarin]] (''Rosmarinus officinalis''), de [[sauge]] (''Salvia'' spp.), etc. Appliqué en solution sur la peau, l'eucalyptol n'est pas irritant mais une irritation nasale est possible pour les jeunes enfants après une instillation dans les narines.

== Pharmacologie ==
* '''Activités pharmacologiques'''
L'huile essentielle de niaouli présentée sous le nom d'huile de Goménol est une huile essentielle néocalédonienne purifiée à l'oxyde de plomb, utilisée comme antiseptique<ref name=bruneton>{{Bruneton}}</ref>. Mélangée à de l'huile d'olive et à des glycérides polyglycolysés insaturés, elle constitue la spécialité nommée ''huile goménolée'', huile nasale à visée antiseptique, utilisée dans le traitement d'appoint des infections des muqueuses nasales, du rhinopharynx et des sinus<ref>{{ouvrage|edition=Édition : 90e édition|éditeur=Vidal|isbn=9782850912054|nom=Vidal|titre=Vidal 2014 : Le Dictionnaire|lieu=Issy-les-Moulineaux|langue=fr|date=2014-02-04}}</ref>.

L'huile essentielle de niaouli a des propriétés antiseptiques :
* antibactériennes, actives notamment vis-à-vis de ''Staphylococcus aureus'', ''Escherichia coli''<ref name=paul>{{ouvrage|titre= Phytothérapie anti-infectieuse
|éditeur= Springer
|auteur= Paul Goetz, Kamel Ghedira
|langue= fr
|année= 2012
|pages=
}}</ref>, en tout 25 bactéries<ref name=lis/> ;
* antivirales, mises en évidence vis-à-vis du virus de l'herpès et du papillomavirus<ref>{{ouvrage|titre= The complete German Commission E monographs
|éditeur= American Botanical Council. Austin, TX
|auteur= Blumenthal M, Goldberg A, Brinckmann J (Ed)
|langue= en
|année= 1998
|pages=
}}</ref> ;
* antifongiques vis-à-vis de ''[[Aspergillus niger]]'', ''Aspergillus ochraceus'', ''[[Fusarium culmorum]]''<ref name=lis>{{ouvrage|titre= Aromotherapy Science: A Guide For Healthcare Professionals
|éditeur= Pharmaceutical Press
|auteur= Maria Lis-Balchin
|langue= en
|année= 2005
|pages= 528
}}</ref>.

L'huile essentielle de niaouli est également anti-spasmodique, anti-inflammatoire, antalgique, anti-prurigineuse et cicatrisante<ref name=paul/>. Elle a aussi des propriétés décongestionnantes veineuses, stimulantes hépatocytaires et protectrices cutanées<ref>{{article|nom= Pina-Vaz C, Goncalves-Rodrigues A, Pinto E et al.
|titre= Antifungal activity of thymus oils and their major compounds,
|périodique= JEADV
|lien périodique=
|volume=18
|numéro=
|année= 2004
|pages=
|url texte=
}}</ref>.
* '''Emplois'''
En Allemagne, la monographie établie par la Commission E précise que l’huile essentielle
de niaouli est utilisée en cas d’encombrement des voies respiratoires (Bruneton<ref name=bruneton/>, 2009).

La posologie est :
* voie orale : 0,2 g par prise et de 0,2 à 2 g par jour ;
* [[voie nasale]] : solution huileuse à 2-5 % ;
* voie externe : solution huileuse à 10-30 %.

Pour la voie orale, les contre-indications sont les maladies inflammatoires du tractus gastro-intestinal et des voies biliaires, hépatopathies<ref name=bruneton/>.

Il a été rapporté un cas d'intoxication grave d'un jeune enfant par instillation de 1,8-cinéole dans le nez (Tisserand et als<ref>{{ouvrage|langue=en|éditeur=Elsevier Health Sciences|isbn=9780702054341|nom=Tisserand|prénom=Robert|coauteurs=Rodney Young|titre=Essential Oil Safety: A Guide for Health Care Professionals|date=2013-12-02}}</ref>, 2013). Suivant les mêmes auteurs, aucune information n'est disponible sur la toxicité de l'huile essentielle de niaouli. Toutefois, Bruneton recommande de ne pas appliquer les préparations à base d'huile essentielle de niaouli sur le visage et dans le nez des jeunes enfants.

En aromathérapie, cette huile essentielle est recommandée pour les indications suivantes<ref>{{ouvrage|titre=Les huiles essentielles pour votre santé
|éditeur= Ed. Dangles
|auteur=G. Roulier
|langue=
|année=2006
|pages=
}}</ref> :
* traitement des affections respiratoires ;
* stimulation des défenses naturelles ;
* amélioration de l'équilibre du système nerveux végétatif ;
* bactéricide, antiviral, antimycosique.

En Nouvelle-Calédonie, l'huile essentielle est traditionnellement utilisée<ref name=mncparis>{{lien web|nom=|prénom=Maison de la Nouvelle-Calédonie|titre=Le niaouli de Nouvelle-Calédonie, un arbre aux multiples ressources|consulté le=|url=www.mncparis.fr}}</ref> :
* en massage : pour apaiser les douleurs musculaires et articulaires (10 gouttes d'huile essentielle dans une cuillère à soupe d'huile végétale) ;
* en diffusion : pour assainir et parfumer l'air ambiant (quelques gouttes sur l'oreiller ou dans un diffuseur de parfum) ;
* pour éloigner les insectes ;
* incorporée dans des savonnettes, bonbons et liqueurs.

* '''Toxicité'''
L'huile essentielle de niaouli contient des [[terpène]]s et du 1,8-[[cinéole]] en grande quantité ([[eucalyptol]]). Ces produits ont, à haute dose, les effets secondaires suivants :
* Irritation en cas de contact
* {{quoi|Dangereux}} en cas d'inhalation
* {{quoi|Dangereux}} pour le système reproducteur
* {{quoi|Dangereux}} pour le système nerveux central

La [[Dose létale médiane|DL50]] est {{unité|2480|mg/kg}} chez les rats. Peu d'études ont été faites sur la toxicité cumulative<ref>{{Lien web|langue=en-US|titre=alpha-Pinene toxicity reports, review - hazard potential, risk|url=http://www.bibra-information.co.uk/downloads/toxicity-profile-for-alpha-pinene-2004/|site=www.bibra-information.co.uk|consulté le={{date-|25|5|2016}}}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Material Safety Data Sheet|url=http://www.sciencelab.com/msds.php?msdsId=9924005|site=|date=|consulté le={{date-|25|5|2016}}}}</ref>.


== Photos ==
== Photos ==
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Starr 020803-0116 Melaleuca quinquenervia.jpg|Fruits : capsules loculicides enfermant de nombreuses graines.
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Gardenology.org-IMG 2515 rbgs11jan.jpg|Tronc.
Gardenology.org-IMG 2515 rbgs11jan.jpg|Tronc.
Melaleuca quinquenervia MHNT.BOT.2010.6.61.jpg|Le bois de niaouli est jaune rosé, utilisé pour les piquets de clôture ([[Muséum de Toulouse]]).
Melaleuca quinquenervia MHNT.BOT.2010.6.61.jpg|Le bois de niaouli est jaune rosé, utilisé pour les piquets de clôture ([[muséum de Toulouse]]).
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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{{Références nombreuses|taille=30}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Glossaire de botanique]]
* [[Liste d'espèces invasives classées parmi les plus nuisibles au XXIe siècle]]
* [[Arbre à thé]]
* [[Huile essentielle d'arbre à thé]]
* [[Huile de cajeput]], issue de ''[[Melaleuca leucadendra]]''
* [[Goménol]] huile essentielle de niaouli


== Annexes ==
{{Autres projets
|commons=Melaleuca_quinquenervia
}}
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
* Maiden, J.H., The Forest Flora of New South Wales, vol. 1, Government Printer, Sydney, 1904.
* Maiden, J.H., The Forest Flora of New South Wales, vol. 1, Government Printer, Sydney, 1904.
* [[Stanley Thatcher Blake|Blake, S.T.]], Contributions from the Queensland Herbarium, No.1, 1968.
* [[Stanley Thatcher Blake|Blake, S.T.]], Contributions from the Queensland Herbarium, No.1, 1968.
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=== Liens externes ===
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Dernière version du 14 février 2024 à 01:28

Melaleuca quinquenervia

Le niaouli (Melaleuca quinquenervia) est un arbre de la famille des Myrtaceae originaire de la côte orientale de l'Australie et de Nouvelle-Calédonie.

L'espèce a été plantée dans de nombreuses régions tropicales pour l'exploitation de son bois, de ses fleurs pour la production de miel ou de ses feuilles pour la production d'huile essentielle[1]. Le niaouli est aussi utilisé comme plante d'ornement dans de nombreuses contrées tropicales, mais est parfois devenu une espèce exotique envahissante, perturbant notamment les écosystèmes marécageux comme dans les Everglades, en Floride.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le terme de latin scientifique melaleuca est composé de deux termes empruntés au grec : melas (μέλας, « noir ») et leucos (λευκός, « blanc »), en raison des contrastes de couleur entre la base du tronc et les branches de l'espèce type (telle qu'elle pouvait être connue de Linné à travers la description de Rumphius).

L'épithète spécifique quinquenervia est composée de deux termes latins : quinque « cinq » et nervus « nerf », en référence aux cinq nervures des feuilles.

Le terme de niaouli dérive de yauli dans la langue de l'archipel Bélep[2] à l'extrême nord de la Grande Terre dans l'aire coutumière Hoot ma Waap (Nouvelle-Calédonie). Il est aussi appelé l'« arbre à peau », en raison d'une écorce s'exfoliant en grandes plaques de « peau » qui se détachent du tronc. Les Australiens les comparent à des feuilles de papier, ce qui explique le nom de Paper Bark Tea Tree ou de Broad-leaved paper bark qu'ils donnent à l'arbre.

Nomenclature et synonymes[modifier | modifier le code]

Melaleuca quinquenervia manifeste une instabilité morphologique importante en Australie ou en Nouvelle-Calédonie. En Nouvelle-Calédonie, où il était connu sous le nom local de niaouli, il fut longtemps appelé Melaleuca viridiflora Gaertn[3]. À Madagascar, les ouvrages de botanique présentent le niaouli, sous le nom de Melaleuca viridiflora Sol. ex Gaertn., très souvent mis en synonymie avec Melaleuca leucadendra L. Mais selon Ramanoelina et al.[4], des études ont montré que le niaouli malgache appartient à l'espèce Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T. Blake.

Une étude de Craven et Barlow[5] a montrée la nécessité de revoir le statut de plusieurs espèces de Melaleuca. Les deux espèces M. quinquenervia et M. viridiflora appartiennent à un groupe de mélaleucas, désigné comme « Complexe Melaleuca leucadendra ». Suivant Craven[6] (2003), il rassemble les 15 espèces suivantes : 1. M. arcana, 2. M. argentea, 3. M. cajuputi Powell., 4. M. clarksonii, 5. M. cornucopiae, 6. M. dealbata, 7. M. fluviatilis, 8. M. lasiandra, 9. M. leucadendra (L.) L., 10. M. nervosa, 11. M. quinquenervia (Cav.) Blake, 12. M. saligna, 13. M. sericea, 14. M. stenostachya, 15. M. viridiflora Sol. Ces espèces sont caractérisées par des feuilles persistantes, odorantes, et larges et une écorce s'exfoliant en larges bandes. Elles se rencontrent à l'état naturel au nord-est de l'Australie tandis que M. quinquefolia s'étend sur la côte orientale australienne jusqu'à Sydney et en Nouvelle-Calédonie.

Selon The Plant List, Melaleuca quinquenervia possède pour synonymes[7] :

  • Metrosideros quinquenervia Cav.
  • Melaleuca viridiflora var. rubriflora Pancher ex Brongn. & Gris
  • Melaleuca leucadendra var. coriacea / albida (Poir.) Cheel
  • Melaleuca smithii R.T.Baker
  • Melaleuca maidenii R.T.Baker

Description[modifier | modifier le code]

Le niaouli[1],[8] est un arbre en général de taille moyenne (de 4 à 12 m) mais pouvant atteindre 25 m. Il a souvent une silhouette tortueuse, rarement droite. Le tronc est couvert d'une écorce blanchâtre, épaisse de plus d'un centimètre[9], spongieuse mais laminée en nombreuses couches qui se détachent en larges bandes. Les jeunes rameaux sont densément soyeux et les jeunes feuilles blanchâtres, velues et brillantes[10].

Comme la plupart des espèces du genre Melaleuca, le niaouli est caractérisé par des feuilles persistantes, odorantes, se plaçant dans un plan vertical. Les feuilles sont lancéolées à oblancéolées, coriaces, de 5 à 9 cm de long, sur 0,6 à 2,4 cm de large[8]. Elles sont parcourues par 5 nervures parallèles.

Les inflorescences terminales sont de faux épis[11], de 4 à 8 cm de long sur environ 3 cm de large. Les fleurs sont généralement blanches ou blanc crème (rarement jaunes) et groupées par trois. Chacune comporte 5 sépales libres, 5 pétales (avec des glandes linéaires et elliptiques) et de nombreuses étamines (de 30 à 40, groupées en 6-9 faisceaux).

En Nouvelle-Calédonie, la floraison et la fructification s'étalent toute l'année, en fonction des conditions climatiques[11]. Les fleurs sont pollinisées par les abeilles, les oiseaux (notamment les perruches) et les roussettes.

Les fruits sont de petites capsules, en forme de coupe, glabres, renfermant des milliers de graines.

Écorce de niaouli Feuilles Inflorescence

Distribution[modifier | modifier le code]

Distribution

Melaleuca quinquenervia est originaire de la côte sud-est de l'Australie, jusqu'à Sydney, de la Nouvelle-Calédonie (sur la côte ouest et dans le nord du Territoire) et de la Nouvelle-Guinée[12]. Le niaouli a été introduit en Guyane Française, Afrique de l'Est (Ouganda, Kenya, Tanzanie), en Égypte, Cameroun, Bénin, Malaisie, Philippines, Viêt Nam, Indonésie et Madagascar.

En Nouvelle-Calédonie, le niaouli pousse dans la brousse, les formations secondarisées et les zones humides[11] (marécages, zones inondables, estuaires…). La savane à niaouli apparaît après la destruction de la forêt sèche primaire par le défrichement et les feux répétés. Elle est liée à l'essor de l'élevage, introduit par les Européens à partir de 1850 dans les plaines littorales. Elle constitue une des formations les plus étendues de Nouvelle-Calédonie. Les niaoulis peuvent se maintenir ensuite malgré les feux de brousse réguliers, grâce aux propriétés ignifuges des multiples couches de liège qui couvrent le tronc[13],[14]. Mais il semble que les formations en équilibre avec le milieu (dites climaciques) soient celles des zones marécageuses. Car c'est là que les niaoulis ont le plus beau développement. Ce sont en outre des formations qui livrées à elles-mêmes, restent inchangées alors que les savanes à niaoulis disparaissent devant la concurrence d'autres plantes.

Le niaouli est une essence robuste, peu exigeante et qui s'adapte à de nombreuses conditions. Il se rencontre partout, du niveau de la mer jusqu'à 900–1000 m d'altitude, sur toutes les expositions. Peu à peu, il a fini par couvrir 40 % de la Nouvelle-Calédonie (Cherrier[9], 1981).

Dans les autres régions tropicales où il a été introduit, le niaouli est généralement planté en basse altitude pour l'exploitation de son bois, de ses fleurs pour la production de miel ou de ses feuilles pour la production d'huile essentielle[1]. Il a été aussi introduit comme arbre d'ornement, comme c'est le cas à La Réunion où on l'observe dans les parcs et les jardins[15]. Il s'est naturalisé mais ne présente pas pour le moment de menace importante.

Introduit en 1886 en Floride pour l'ornement, il fut aussi largement planté afin de prévenir l'érosion des sols[16]. Il s'y est naturalisé et est devenu depuis une espèce envahissante, perturbant les écosystèmes marécageux comme dans les Everglades, en Floride.

Forêt à niaouli et Livistona australis
Wyrrabalong National Park (en),
Nouvelle-Galles du Sud, Australie
Savane à Niaoulis
formation ouverte très étendue
en Nouvelle-Calédonie

Usages[modifier | modifier le code]

En Nouvelle-Calédonie, on peut distinguer les usages traditionnels suivants[9] :

  • Le bois est utilisé pour faire des poteaux (bois de mine, piquets de clôture), de la pâte à papier, du bois d’œuvre (parquets, ponts de bateaux...), du bois de feu et du charbon de bois.
  • Les feuilles donnent par distillation l'huile essentielle de niaouli, appelée aussi goménol. Mélangée à de l'huile, elle sert à masser les muscles douloureux. L'infusion des feuilles servait traditionnellement à laver les enfants et les malades dans la région de langue ajië et leur décoction pour lutter contre la grippe dans la région de langue xârâcùù (enquête IRD inéd. d'après Gaydou et als[1]).
  • L'écorce est constituée de couches successives de suber (ou liège) qui donnent la peau de niaouli. Elle sert principalement pour couvrir les toits et les parois des cases. Le grand pouvoir isolant du suber confère étanchéité et isolation thermique aux habitations[1]. À l'île des Pins, la peau de niaouli servait à couvrir les fours enterrés. Elle est utilisée aussi pour faire des torches[10]. Autrefois, il était d'usage à la naissance d'un enfant de l'envelopper dans la peau de niaouli afin de lui assurer force et protection[17].
  • Les fleurs pollinisées par les abeilles donnent un très bon miel.
  • Les plantations de niaouli servent de brise-vent et à la lutte contre l'érosion dans les zones dégradées.

Importance du niaouli dans la culture kanak[modifier | modifier le code]

Arbre typique de la Nouvelle-Calédonie, il est l'un de ses emblèmes et les kanak y sont sentimentalement attachés. On donnait son nom aux poilus néocalédoniens, partis combattre en métropole au sein du bataillon mixte du Pacifique lors de la Première Guerre mondiale[18].

En 1975, quand démarre sur le plateau de Tango l'opération de reboisement qui vise à constituer une forêt de Pinus caribaea en lieu et place des savanes à niaoulis, les populations mélanésiennes expriment leur incompréhension et leur mécontentement.

« Depuis toujours, les niaoulis ont été les arbres de notre pays et les compagnons de nos ancêtres. Ils ont rendu beaucoup de services. [...] C'est avec leur 'peau' que nous avons couvert nos toits ; et jusqu'aux murs de nos cases. Ils nous ont donné nos médicaments ; le feu de nos foyers était alimenté par leurs branches... Or voici que nous sommes occupés à tuer ces arbres qui ont été bons pour nous [...] »[19]

Traditionnellement, les nouveau-nés des tribus kanak sont enveloppés dans de l'écorce de niaouli afin de les protéger et de leur donner de la force[20].

L'huile essentielle de niaouli[modifier | modifier le code]

L'huile essentielle est souvent utilisée pour les douleurs comme les rhumatismes, les courbatures ou encore les coups de froid[21].

Philatélie[modifier | modifier le code]

Cette espèce figure sur un timbre émis par l'OPT en 1982, dessiné par Huguette Sainson, et sur un autre de 2014, dessiné par Jean-Paul Véret-Lemarinier[22].

Photos[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e E.M. Gaydou, C. Menut, « Le niaouli de Nouvelle-Calédonie », Ethnopharmacologia, vol. 45,‎
  2. O'Reilly, Patrick, 1953. Le français parlé en Nouvelle-Calédonie. Apports étrangers et vocables nouveaux. Archaïsmes et expressions familières. Journal de la Société des océanistes, 9 : 203-228. DOI : 10.3406/jso.1953.1777
  3. Annales des sciences naturelles. Botanique., 1834 {{BHL}} : numéro de référence (41587010#page/75) non numérique
    {{BHL}} : paramètres non nommés, surnuméraires, ignorés
  4. Ramanoelina P.A.R., Gaydou E.M., Bianchini J.P., « Caractérisation des huiles essentielles industrielles de Niaouli (Melaleuca quinquenervia) de Madagascar - Propositions d’avant-projet de normes », Terre Malgache Tany Malagasy, vol. 24,‎ , p. 59-91 (lire en ligne)
  5. Craven LA, Barlow BA., « New taxa and new combinations in Melaleuca (Myrtaceae) », Novon, vol. 7,‎ , p. 113-119.
  6. Lyn A. Craven, « Behind the names: the botany of tea tree, cajuput and niaouli », dans Ian Southwell, Robert Lowe, Tea Tree : The Genus Melaleuca, CRC Press, (lire en ligne)
  7. (en) Référence The Plant List : Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T.Blake  (source : KewGarden WCSP)
  8. a et b B. Verdcourt, Flora of Tropical East Africa, Rotterdam: Balkema, Royal Botanic Gardens, Kew, (lire en ligne)
  9. a b et c J.F. Cherrier, « Le niaouli en Nouvelle-Calédonie (Melaleuca quinquenervia S.T. Blake) », R.F.F., vol. XXXIII, no 4,‎ (lire en ligne)
  10. a et b B. Trilles, S. Bouraïma-Madjebi, G. Valet, « Melaleuca quinquenerva (cavanilles) S.T. Blake, Niaouli », dans Ian Southwell, Robert Lowe, Tea Tree : The Genus Melaleuca, CRC Press,
  11. a b et c association ENDEMIA Faune et Flore de Nouvelle-Calédonie, « Melaleuca quinquenervia (Espece) »
  12. Min B. Rayamajhi (USDA Agricultural Research Service), « Melaleuca quinquenervia (Cav.) Blake »
  13. M. Hoff, « La végétation de Nouvelle-Calédonie », Bulletin de l'association philomathique d'Alsace et de Lorraine (fonds ORSTOM), vol. 19,‎
  14. « Le Niaouli (Melaleuca quinquenervia) »
  15. Mi-aime-a-ou.com, « Niaoulin Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T. Blake, Arbre de la Réunion », 202/2014
  16. G.S. Wheeler P.D. Pratt, R.M. Giblin-Davis, K.M. Ordung, « Intraspecific variation of Melaleuca quinquenervia leaf oils in its naturalized range in Florida, the Caribbean, and Hawaii », Biochemical Systematics and Ecology, vol. 35,‎ , p. 489-500
  17. Maison de la Nouvelle-Calédonie, « Le niaouli de Nouvelle-Calédonie, un arbre aux multiples ressources » [PDF], sur mncparis.fr, (consulté le )
  18. Émission radiophonique. Page consultée le 10 avril 2012.
  19. J. M. Kohler, Pour ou contre le pinus. Les Mélanésiens face aux projets de développement, Nouméa, Institut culturel mélanésien, collection Sillon d'ignames, , 171 p. (lire en ligne), pp 17-18
  20. Emmanuel Kasarhérou, Béalo Wedoye, Roger Boulay, Claire Merleau-Ponty, Guide des plantes du chemin kanak, Nouméa, Agence de développement de la culture kanak, , 77 p. (ISBN 9782909407760), p. 70-71
  21. « Huile Essentielle de Niaouli BIO | Huile essentielle aromathérapie | Puressentiel », sur fr.puressentiel.com (consulté le )
  22. « LE NIAOULI », sur caledoscope.opt.nc (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Maiden, J.H., The Forest Flora of New South Wales, vol. 1, Government Printer, Sydney, 1904.
  • Blake, S.T., Contributions from the Queensland Herbarium, No.1, 1968.
  • Cribb, A.B. & J.W., Useful Wild Plants in Australia, Collins 1982, p. 23, (ISBN 0-006363-97-0)
  • Halliday, Ivan (1989). A Field Guide to Australian Trees. Melbourne: Hamlyn Australia. p. 262. (ISBN 0-947334-08-4).
  • Halliday, Ivan (2004). Melaleucas: A Field and Garden Guide. Sydney: New Holland Press. p. 238. (ISBN 1-876334-98-3).
  • Laroche FB, Ferriter AP (1992). "The rate of expansion of Melaleuca in South Florida". Journal of Aquatic Plant Management 30: 62–65.
  • Mazzotti, FJ, Center TD, Dray FA, Thayer D (1997). "Ecological consequences of invasion by Melaleuca quinquenervia in south Florida wetlands: Paradise damaged, not lost". University of Florida, Institute of Food and Agricultural Sciences, Cooperative Extension Service Bulletin (SS-WEC-123): 1–5.
  • Van, T. K., Rayachhetry, M. B., Center, T. D., and Pratt, P. D. 2002. Litter dynamics and phenology of Melaleuca quinquenervia in South Florida. Journal of Aquatic Plant Management, 40: 22–27.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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