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« Duché de Lorraine » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Lorraine (homonymie)}}
{{Voir homonymes|Lorraine (homonymie)}}
{{Confusion|Duché de Mosellane|Duché de Haute-Lotharingie}}
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{{à sourcer|date=décembre 2013}}

{{Infobox Ancienne entité territoriale
{{Infobox Ancienne entité territoriale
<!-- TITRE DE LA BOITE --> | nom français = Duché de Lorraine
<!-- TITRE DE LA BOITE --> | nom français = Duché de Lorraine
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| hymne = <!-- LOCALISATION -->
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| carte = Herzogtum Lothringen 1400.PNG
| carte = Herzogtum Lothringen 1400.PNG
| légende = L'ouest du [[Saint-Empire romain germanique]] en [[1400]] : le duché de Lorraine est en bleu.
| légende = L'ouest du [[Saint-Empire romain germanique]] en [[1400]] : le duché de Lorraine est en bleu clair.
<!-- INFORMATIONS GENERALES --> | gouvernement = [[Duché]], vassal de la [[Francie orientale]], puis du [[Saint-Empire romain germanique]]<br>[[État souverain]] du Saint-Empire romain germanique <small>(1542-1766)</small>
<!-- INFORMATIONS GENERALES --> | gouvernement = [[Duché]], vassal de la [[Francie orientale]], puis du [[Saint-Empire romain germanique]]<br>[[État souverain]] du Saint-Empire romain germanique <small>(1542-1766)</small>
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| population = {{formatnum:53637}} conduits en 1538<ref>{{article|auteur1= Scarlett Beauvalet-Boutouyrie|auteur2= Guy Cabourdin|titre= Histoire de la Lorraine. Les Temps Modernes|sous-titre= De la Renaissance à la guerre de Trente ans|tome=2|titre chapitre=De la paix de Westphalie à la fin de l'Ancien régime|année= 1992|périodique=Annales de démographie historique|passage=355-357|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1992_num_1992_1_1830_t1_0355_0000_2|consulté le=27 juillet 2018}}.</ref>, environ {{Unité|269000|hab}}.
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| densite = En moyenne {{unité|4|à 5|feux|km|2}}, soit environ {{unité|20|hab}}<ref>{{article|auteur1=Jean Jacquart|auteur2=Marie- José Laperche-Fournel|titre= La population du Duché de Lorraine de 1580 à 1720|année= 1986|périodique=Annales de démographie historique|passage= 492-494|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1987_num_1986_1_1675_t1_0492_0000_1|consulté le=27 juillet 2018}}.</ref>.
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| evt1 = Fondation du duché de Haute-Lorraine
| evt1 = Fondation du duché de Haute-Lorraine
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| evt3 = [[Bataille de Nancy]], maintien de la souveraineté ducale
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| evt5 = [[Guerre de Trente Ans]] très dévastatrice et meurtrière pour la Lorraine
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| evt5 date = 1618-1648
| evt5 date = 1618-1648
| evt6 = Occupations successives de la Lorraine indépendante par les troupes françaises jusqu'au retour du duc [[Léopold Ier de Lorraine|Léopold I{{er}}]]
| evt6 = Occupations successives de la Lorraine indépendante par les troupes françaises jusqu'au retour du duc {{noble|Léopold Ier de Lorraine|-}}
| evt6 date = 1633 à 1690
| evt6 date = 1633 à 1690
| evt7 = Le duc [[François Ier (empereur des Romains)|François III]] renonce à ses droits sur le Barrois, puis la Lorraine. Il a épousé [[Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780)|Marie-Thérèse d'Autriche]] et devient empereur du [[Saint-Empire romain germanique]]. Il fonde ainsi la maison de [[Habsbourg-Lorraine]]
| evt7 = Le duc {{noble|François Ier (empereur des Romains)|François III}} renonce à ses droits sur le Barrois, puis la Lorraine. Il épouse [[Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780)|Marie-Thérèse d'Autriche]] et devient empereur du [[Saint-Empire romain germanique]]. Il fonde ainsi la maison de [[Habsbourg-Lorraine]]
| evt7 date = 13 février 1737
| evt7 date = 13 février 1737
| evt8 date = [[1737]]
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| evt8 = Le roi de Pologne détrôné, [[Stanislas Leszczynski]], devient duc de Lorraine
| evt8 = Le roi de Pologne détrôné, [[Stanislas Leszczynski]], devient duc de Lorraine
| evt9 date = juin 1751
| evt9 date = Juin 1751
| evt9 = [[Édit de juin 1751|Réorganisation territoriale]] (<small>bailliages, prévôtés</small>)
| evt9 = [[Édit de juin 1751|Réorganisation territoriale]] (<small>bailliages, prévôtés</small>)
| evt10 = Rattachement à la France
| evt10 = Rattachement à la France
| evt10 date = [[1766]]
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Le '''duché de Lorraine''' (en [[allemand]] : ''{{lang|de|Herzogtum Lothringen}}'') est un ancien [[État]] de type [[monarchie héréditaire]] qui a existé pendant huit siècles. Il est issu du partage de la [[Lotharingie]] en [[959]] qui scinde ce vaste royaume à dimension européenne en deux duchés distincts : la [[Basse-Lotharingie]] et la Haute-Lotharingie. À la suite de nombreux remaniements de son territoire mi-roman mi-germanique, le second duché <ref name="Fournier+Parisot" />, qui s’étendait encore jusqu’à [[Coblence]] à la confluence du [[Rhin]] et de la [[Moselle (rivière)|Moselle]], actuellement en [[Allemagne]], et jusque [[Bouillon (Belgique)|Bouillon]] en [[Belgique]] aujourd’hui, donne progressivement naissance à un duché qui sera le seul et dernier à garder le nom ancestral de Lorraine. Le qualificatif « Haute » sera très vite abandonné car l’État jumeau au nord n’aura qu’une durée de vie éphémère<ref>La [[Basse-Lotharingie]] n’existe plus à partir de 1190 ; elle éclate en de multiples entités territoriales aujourd’hui au Luxembourg, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France.</ref> et la distinction entre les deux duchés de l’axe lotharingien ne s’imposait plus.
Le '''duché de Lorraine''' (en [[allemand]] : ''{{lang|de|Herzogtum Lothringen}}''<ref>{{Ouvrage|langue=de|titre=Documents sur l'histoire de Lorraine: Wichmann, K.A.F. Die Metzer Bannrollen des dreizehnten Jahrhunderts. Abt. 1-4. 1908-16|éditeur=A. Fuchs|date=1894|lire en ligne=https://books.google.com/books/about/Documents_sur_l_histoire_de_Lorraine_Wic.html?hl=fr&id=dcERAAAAYAAJ|consulté le=2022-04-14}}</ref>) est un ancien [[État]] de type [[monarchie héréditaire]] qui existe pendant huit siècles. Il est issu du partage de la [[Lotharingie]] en [[959]] qui scinde ce vaste royaume à dimension européenne{{Pas clair|date=janvier 2023}} en deux duchés distincts : la [[Basse-Lotharingie]] et la Haute-Lotharingie. À la suite de nombreux remaniements de son territoire mi-roman mi-germanique, le second duché<ref name="Fournier+Parisot" />, qui s'étendait encore jusqu'à [[Coblence]] à la confluence du [[Rhin]] et de la [[Moselle (rivière)|Moselle]], actuellement en [[Allemagne]], ainsi que jusque [[Bouillon (Belgique)|Bouillon]] en [[Belgique]] aujourd'hui, donne progressivement naissance à un duché qui sera le seul et dernier à garder le nom ancestral de Lorraine. Le qualificatif « Haute » sera très vite abandonné car l'État jumeau au nord n'aura qu'une durée de vie éphémère<ref>La [[Basse-Lotharingie]] n'existe plus à partir de 1190 ; elle éclate en de multiples entités territoriales aujourd'hui au Luxembourg, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France.</ref> et la distinction entre les deux duchés de l'axe lotharingien ne s'imposait plus.


Ancien [[Liste des territoires du Saint-Empire romain germanique|État]] du [[Saint-Empire romain germanique]] pendant 804 ans, puis souverain dès [[1542]] sans être statutairement sorti du Saint-Empire, le duché lorrain dure jusqu'en [[1766]], date de son intégration dans le [[royaume de France]] après une phase transitoire de tutelle française pendant le règne du duc [[Stanislas Leszczynski]] (à partir de [[1737]]) et sous le contrôle de l'[[Intendant (royaume de France)|intendant]] [[Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière]].
Ancien [[Liste des territoires du Saint-Empire romain germanique|État]] du [[Saint-Empire romain germanique]] pendant 804 ans, puis souverain dès [[1542]] sans être statutairement sorti du Saint-Empire, le duché lorrain dure jusqu'en [[1766]], date de son intégration dans le [[royaume de France]] après une phase transitoire de tutelle française pendant le règne du duc [[Stanislas Leszczynski]] (à partir de [[1737]]) et sous le contrôle de l'[[Intendant (royaume de France)|intendant]] [[Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière]].


== Clarification sémantique ==
== Clarification sémantique ==
Les actes et documents officiels du Moyen-Âge en vieux français régional désignent le duché par le terme « Lohereigne »<ref>Par exemple {{Ouvrage|auteur1=N. F. Gravier|titre=Histoire de la ville épiscopale et de l'arrondissement de Saint-Dié : département des Vosges,sous le gouvernement théocratique de quatre monastères en opposition avec les ducs de Lorraine et les princes constitutionnels de Salm|éditeur=Gerard|année=1836|pages totales=400|passage=364}}.</ref> et les habitants par le [[gentilé]] « Loherainc ». Les graphies divergentes sont nombreuses pour ces deux mots mais, dans les faits, tous les termes utilisés pour parler de cette région d’Europe signifient la même chose : « le royaume de Lothaire ». En conséquence, la tentation de penser que Lotharingie et Lorraine représentent des territoires différents est très grande. En réalité, les deux appellations se croisent sans cesse suivant les sources et les actes officiels en fonction de la langue dans laquelle ils sont rédigés; si c'est en [[latin]] ''Lotharii Regnum'', si c'est en [[francique (langue morte)|francique]] ''Lotharingen'' et si c'est en [[lorrain]] ''Loherreine'' en pensant à prononcer le /H/ aspiré ({{API-|lohəʁɛjn}}. Comme l'administration lorraine ducale adopta très rapidement la langue française pour la rédaction de ses chartes et édits officiels<ref>{{Ouvrage|auteur1=Serge Lusignan|titre=La langue des rois au Moyen Âge. Le nœud gordien|éditeur=Presses universitaires de France|année=2004|pages totales=296|passage=52|isbn=}} : {{Citation |Les principautés de l'Est adoptèrent très tôt le français. L'acte en langue vernaculaire le plus ancien émanant de la chancellerie des ducs de Lorraine date de 1231.}}.</ref>, le terme français s'inspire de la forme romane lorraine qui ne peut inclure une aspiration. Lothaire devient « Loher », puis « Lor » et le royaume, « rèyne » ou « rèïgne » devient « raine ». Le même phénomène s'est produit en langue [[haut-allemand]]e qui s'est inspirée du francique puisque la partie septentrionale de la Lotharingie coïncide totalement avec les terres [[Langues franciques|franciques]] et [[bas francique]]s : Lothaire est « Lothar » et le royaume se dit « ring ». On notera donc que l'allemand n'a pas rendu le « Ring » par « Reich » comme dans ''Frankreich'' (France) ou ''Österreich'' (Autriche). Il est également intéressant de noter qu'une nouvelle forme latine s'est imposée dans les manuscrits à partir de la forme francique : ''Lotharingia''.
Les actes et documents officiels du Moyen Âge en vieux français régional désignent le duché par le terme « Lohereigne »<ref>Par exemple {{Ouvrage|auteur1=N. F. Gravier|titre=Histoire de la ville épiscopale et de l'arrondissement de Saint-Dié : département des Vosges,sous le gouvernement théocratique de quatre monastères en opposition avec les ducs de Lorraine et les princes constitutionnels de Salm|éditeur=Gerard|année=1836|pages totales=400|passage=364}}.</ref> et les habitants par le [[gentilé]] « Loherainc ». Les graphies divergentes sont nombreuses pour ces deux mots mais, dans les faits, tous les termes utilisés pour parler de cette région d’Europe signifient la même chose : « le royaume de Lothaire ». En conséquence, la tentation de penser que Lotharingie et Lorraine représentent des territoires différents est très grande. En réalité, les deux appellations se croisent sans cesse suivant les sources et les actes officiels en fonction de la langue dans laquelle ils sont rédigés; si c'est en [[latin]] ''Lotharii Regnum'', si c'est en [[francique (langue morte)|francique]] ''Lotharingen'' et si c'est en [[lorrain]] ''Loherreine'' en pensant à prononcer le /H/ aspiré ({{API-|lohəʁɛjn}}. Comme l'administration lorraine ducale adopta très rapidement la langue française pour la rédaction de ses chartes et édits officiels<ref>{{Ouvrage|auteur1=Serge Lusignan|titre=La langue des rois au Moyen Âge. Le nœud gordien|éditeur=Presses universitaires de France|année=2004|pages totales=296|passage=52|isbn=}} : {{Citation |Les principautés de l'Est adoptèrent très tôt le français. L'acte en langue vernaculaire le plus ancien émanant de la chancellerie des ducs de Lorraine date de 1231.}}.</ref>, le terme français s'inspire de la forme romane lorraine qui ne peut inclure une aspiration. Lothaire devient « Loher », puis « Lor » et le royaume, « rèyne » ou « rèïgne » devient « raine ». Le même phénomène s'est produit en langue [[haut-allemand]]e qui s'est inspirée du francique puisque la partie septentrionale de la Lotharingie coïncide totalement avec les terres [[Langues franciques|franciques]] et [[bas francique]]s : Lothaire est « Lothar » et le royaume se dit « ring ». On notera donc que l'allemand n'a pas rendu le « Ring » par « Reich » comme dans ''Frankreich'' (France) ou ''Österreich'' (Autriche). Il est également intéressant de noter qu'une nouvelle forme latine s'est imposée dans les manuscrits à partir de la forme francique : ''Lotharingia''.


En résumé, eu égard au fait que la Lotharingie était une terre avec deux familles de langues différentes, chaque habitant utilise la forme de sa propre région voire de son patois encore plus localisé. La forme latine était forcément plus représentée à l'écrit. ''Alta Lotharingia'', Haute-Lorraine et ''Oberlothringen'' ne sont que trois formes phonétiques du même territoire. Toutefois, la recherche historique a introduit un nouveau concept sur la base du mot latin : la « Lotharingie ». Le but consiste à éviter d'utiliser le mot « Lorraine » quand il s'agit de parler du grand duché souche antérieur au duché de Haute-Lorraine. Pour éviter le télescopage avec le nom d'une région que chacun identifie aujourd'hui avec la région française, les historiens ont choisi d'utiliser le terme francisé « Lotharingie » car non seulement la superficie de ce duché mais aussi sa structure bigarrée et son fonctionnement divergeaient clairement de ceux du duché lorrain après l'an 1000.
En résumé, eu égard au fait que la Lotharingie était une terre avec deux familles de langues différentes, chaque habitant utilise la forme de sa propre région voire de son patois encore plus localisé. La forme latine était forcément plus représentée à l'écrit. ''Alta Lotharingia'', Haute-Lorraine et ''Oberlothringen'' ne sont que trois formes phonétiques du même territoire. Toutefois, la recherche historique a introduit un nouveau concept sur la base du mot latin : la « Lotharingie ». Le but consiste à éviter d'utiliser le mot « Lorraine » quand il s'agit de parler du grand duché souche antérieur au duché de Haute-Lorraine. Pour éviter le télescopage avec le nom d'une région que chacun identifie aujourd'hui avec la région française, les historiens ont choisi d'utiliser le terme francisé « Lotharingie » car non seulement la superficie de ce duché mais aussi sa structure bigarrée et son fonctionnement divergeaient clairement de ceux du duché lorrain après l'an 1000.
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=== Haute-Lorraine ===
=== Haute-Lorraine ===
[[Fichier:Kirchenprovinzen Deutschland 1500.jpg|thumb|Provinces ecclésiastiques dans le [[Saint-Empire]] au {{s-|XVI}}. La [[Diocèse de Trèves|province de Trèves]] (ici ''Trier'') indique le territoire du premier duché de Haute-Lorraine.]]
[[Fichier:Kirchenprovinzen Deutschland 1500.jpg|thumb|Provinces ecclésiastiques dans le [[Saint-Empire]] au {{s-|XVI}}. La [[Diocèse de Trèves|province de Trèves]] (ici ''Trier'') indique le territoire du premier duché de Haute-Lorraine.]]
Le territoire de Haute-Lorraine (ou Haute-Lotharingie) coïncide en 959 au moment de sa création à la [[Diocèse de Trèves|province ecclésiastique de Trèves]] comprenant l'[[archidiocèse]] de Trèves et les [[diocèse suffragant|diocèses suffragants]] de [[Diocèse de Metz|Metz]], [[Diocèse de Toul|Toul]] et [[Diocèse de Verdun|Verdun]]. Il inclut également trois sous-divisions du [[diocèse de Reims]] actuel ([[Mézières (Ardennes)|Mézières]], [[Mouzon (Ardennes)|Mouzon]], [[Doulcon]])<ref name="Fournier+Parisot" />. La Lorraine initiale s'organise autour de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] de sa source au pied du [[col de Bussang]] dans les Vosges à sa confluence avec le [[Rhin]] à [[Coblence]].
Le territoire de Haute-Lorraine (ou Haute-Lotharingie) coïncide en 959 au moment de sa création à la [[Diocèse de Trèves|province ecclésiastique de Trèves]] comprenant l'[[archidiocèse]] de Trèves et les [[diocèse suffragant|diocèses suffragants]] de [[Diocèse de Metz|Metz]], [[Diocèse de Toul|Toul]] et [[Diocèse de Verdun|Verdun]]. Il inclut également trois sous-divisions du [[diocèse de Reims]] actuel ([[Mézières (Ardennes)|Mézières]], [[Mouzon (Ardennes)|Mouzon]], [[Doulcon]])<ref name="Fournier+Parisot" />. La Lorraine initiale s'organise autour de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] de sa source au pied du [[col de Bussang]] dans les Vosges à sa confluence avec le [[Rhin]] à [[Coblence]].


La Haute-Lorraine originelle était donc plus germanophone que ne le sera le futur duché de Lorraine puisqu'il faut y ajouter les populations germanophones du [[Palatinat]], de la [[Sarre (Land)|Sarre]], de la principauté épiscopale de Trèves, le [[Luxembourg (pays)|Luxembourg]], le pays d'[[Pays d'Arlon|Arlon]] et d'[[Eupen]] en Belgique. On notera qu'il s'agit de régions appartenant à l'[[Langues franciques|aire linguistique francique]]. Une partie de la Wallonie méridionale renforce l'aire francophone. Vu sous cette angle, on est moins surpris de constater la présence de Lorrains germanophones dans la partie septentrionale du futur duché, appelée alors [[Lorraine allemande]] ; le tracé des frontières ultérieur a coupé leur territoire d'une aire mosellane, sarroise et palatine initialement plus vaste. La parenté culturelle et linguistique ne fait du coup aucun doute et n'a rien à voir avec une quelconque invasion ou occupation des Allemands des siècles plus tard. La Lorraine a démarré son histoire clairement comme un État bilingue ou plutôt [[diglossique]] et l'est restée jusqu'à son annexion progressive à la France au {{s-|XVIII}} même si la perte des terres germanophones au nord de la Haute-Lorraine a donné l'avantage numérique aux francophones par la suite. La plus grande cité médiévale lorraine était sans conteste Metz, ville romane, une fois qu'on avait enlevé Trèves la germanique.
La Haute-Lorraine originelle était donc plus germanophone que ne le sera le futur duché de Lorraine puisqu'il faut y ajouter les populations germanophones du [[Palatinat du Rhin|Palatinat]], de la [[Sarre (Land)|Sarre]], de la principauté épiscopale de Trèves, le [[Luxembourg (pays)|Luxembourg]], le pays d'[[Pays d'Arlon|Arlon]] et d'[[Eupen]] en Belgique. On notera qu'il s'agit de régions appartenant à l'[[Langues franciques|aire linguistique francique]]. Une partie de la Wallonie méridionale renforce l'aire francophone. Vu sous cet angle, on est moins surpris de constater la présence de Lorrains germanophones dans la partie septentrionale du futur duché, appelée alors [[Lorraine allemande]] ; le tracé des frontières ultérieur a coupé leur territoire d'une aire mosellane, sarroise et palatine initialement plus vaste. La parenté culturelle et linguistique ne fait du coup aucun doute et n'a rien à voir avec une quelconque invasion ou occupation des Allemands des siècles plus tard. La Lorraine a démarré son histoire clairement comme un État bilingue ou plutôt [[diglossique]] et l'est restée jusqu'à son annexion progressive à la France au {{s-|XVIII}} même si la perte des terres germanophones au nord de la Haute-Lorraine a donné l'avantage numérique aux francophones par la suite. La plus grande cité médiévale lorraine était sans conteste Metz, ville romane, une fois qu'on avait enlevé Trèves la germanique.


L'évêché de Trèves devient une principauté archiépiscopale souveraine avec un statut d'[[Prince-électeur|électorat]] en 1198 ce qui lui permet de siéger à la [[diète impériale]] dans le collège des prélats princes-électeurs aux côtés des [[prince-évêque|princes-archevêques]] de [[Mayence]] et de [[Cologne]]. Il a donc quitté le giron de Haute-Lorraine très tôt en l'amputant d'une partie non négligeable du territoire initial mais en gagnant en influence et en pouvoir au sein du [[Saint-Empire romain germanique]] comparé aux ducs de Lorraine qui devront patienter quelques siècles pour agrandir leur duché et gagner en pouvoir par rapport à leurs voisins et ennemis. En revanche l'[[archevêque de Trèves]] restera le [[Métropolite|métropolitain]] des diocèses lorrains jusqu'au [[Régime concordataire français|concordat de 1801]] qui les fait passer dans la [[province ecclésiastique de Besançon]]<ref>{{citation|Eglise catholique. Diocèse. Nancy : Capitale du duché de Lorraine, érigée en évêché au détriment de Toul lors du rattachement de la Lorraine à la France en 1777. Suffragant de Trêves. - Diocèse conservé en 1801 pour desservir les départements de la Meuse, des Vosges, et de la Meurthe-et-Moselle, puis seulement ce dernier après le rétablissement des diocèses de Verdun et de Saint-Dié en 1822. Suffragant de Besançon depuis 1801. - Depuis le 20 février 1824 ce diocèse porte le double titre de Nancy et Toul, même si le territoire du diocèse de Toul avait été rattaché à celui de Verdun.}}. Présentation en ligne : {{Ouvrage|auteur1=L. Mirot|auteur2=A. Mirot|titre=Guide religieux de la France|éditeur=Bibliothèque des Guides Bleus|année=1967|bnf=11688012x}}.</ref>.
L'évêché de Trèves devient une principauté archiépiscopale souveraine avec un statut d'[[Prince-électeur|électorat]] en 1198 ce qui lui permet de siéger à la [[diète impériale]] dans le collège des prélats princes-électeurs aux côtés des [[prince-évêque|princes-archevêques]] de [[Mayence]] et de [[Cologne]]. Il a donc quitté le giron de Haute-Lorraine très tôt en l'amputant d'une partie non négligeable du territoire initial mais en gagnant en influence et en pouvoir au sein du [[Saint-Empire romain germanique]] comparé aux ducs de Lorraine qui devront patienter quelques siècles pour agrandir leur duché et gagner en pouvoir par rapport à leurs voisins et ennemis. En revanche l'[[archevêque de Trèves]] restera le [[Métropolite|métropolitain]] des diocèses lorrains jusqu'au [[Régime concordataire français|concordat de 1801]] qui les fait passer dans la [[province ecclésiastique de Besançon]]<ref>{{citation|Eglise catholique. Diocèse. Nancy : Capitale du duché de Lorraine, érigée en évêché au détriment de Toul lors du rattachement de la Lorraine à la France en 1777. Suffragant de Trêves. - Diocèse conservé en 1801 pour desservir les départements de la Meuse, des Vosges, et de Meurthe-et-Moselle, puis seulement ce dernier après le rétablissement des diocèses de Verdun et de Saint-Dié en 1822. Suffragant de Besançon depuis 1801. - Depuis le 20 février 1824 ce diocèse porte le double titre de Nancy et Toul, même si le territoire du diocèse de Toul avait été rattaché à celui de Verdun.}}. Présentation en ligne : {{Ouvrage|auteur1=L. Mirot|auteur2=A. Mirot|titre=Guide religieux de la France|éditeur=Bibliothèque des Guides Bleus|année=1967|bnf=11688012x}}.</ref>.


Quand, en 1139, le [[Duché de Luxembourg|comté de Luxembourg]] est inféodé par l'empereur [[Lothaire III du Saint-Empire|Lothaire III]] à [[Henri IV de Luxembourg]], [[comte de Namur]], le territoire au nord-ouest de la Haute-Lorraine passe dans le giron de la Basse-Lotharingie. Cela inclut la [[Pays thionvillois|région de Thionville]], aujourd'hui en Lorraine, mais autrefois au Luxembourg et donc quelque temps aussi dans les [[Pays-Bas espagnols]]. Les frontières du futur duché de Lorraine et celles du [[duché de Bar]] voisin commencent par conséquent à se préciser voire se stabiliser pour quelque temps. Les conflits territoriaux se sont multipliés pendant des siècles depuis l'éclatement de l'[[empire carolingien]] entre la [[maison d'Ardenne]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|lien auteur1=Michel Parisse|titre=Généalogie de la Maison d'Ardenne|volume=95|éditeur=Publications de la Section Historique de l'Institut G.-D. de Luxembourg|lieu=Luxembourg|année=1981|passage=9-40|isbn=}}.</ref>, les évêchés de Metz, Trèves et Verdun, la ville libre de Metz, les comtes du Luxembourg, la [[maison de Nassau]] et la [[maison de Lorraine]]<ref>{{Ref-Riché-Carolingiens}}.</ref>.
Quand, en 1139, le [[Duché de Luxembourg|comté de Luxembourg]] est inféodé par l'empereur {{noble|Lothaire III du Saint-Empire|-}} à {{noble|Henri IV de Luxembourg}}, [[comte de Namur]], le territoire au nord-ouest de la Haute-Lorraine passe dans le giron de la Basse-Lotharingie. Cela inclut la [[Pays thionvillois|région de Thionville]], aujourd'hui en Lorraine, mais autrefois au Luxembourg et donc quelque temps aussi dans les [[Pays-Bas espagnols]]. Les frontières du futur duché de Lorraine et celles du [[duché de Bar]] voisin commencent par conséquent à se préciser voire se stabiliser pour quelque temps. Les conflits territoriaux se sont multipliés pendant des siècles depuis l'éclatement de l'[[empire carolingien]] entre la [[maison d'Ardenne]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|lien auteur1=Michel Parisse|titre=Généalogie de la Maison d'Ardenne|volume=95|éditeur=Publications de la Section Historique de l'Institut G.-D. de Luxembourg|lieu=Luxembourg|année=1981|passage=9-40|isbn=}}.</ref>, les évêchés de Metz, Trèves et Verdun, la ville libre de Metz, les comtes du Luxembourg, la [[maison de Nassau]] et la [[maison de Lorraine]]<ref>{{Ref-Riché-Carolingiens}}.</ref>.


Géographiquement le territoire du duché de Lorraine déplace son centre de gravité vers le sud de l'ancienne Haute-Lorraine où les ducs devront créer une capitale au fur et à mesure que leurs pouvoirs régaliens croîtront pour diverses raisons géopolitiques. La résistance farouche de la cité messine et des évêques de Metz très possessionnés sur le sol lorrain conduit les futurs ducs de Lorraine à se résigner à ne pas avoir l'ancienne capitale austrasienne comme capitale de leur propre duché même si les souverains lorrains suivants feront encore de nombreuses tentatives d'incorporation de cette ville au potentiel symbolique fort. Amputée de la plupart de ses terres germanophones au nord, la Lorraine ducale devient majoritairement francophone et se positionne davantage dans une aire géographique et culturelle plutôt homogène entre la [[Champagne (province)|Champagne]] et la [[Franche-Comté]]. De fait, le [[comté de Bitche]] germanophone fut vendu au [[comté de Deux-Ponts-Bitche]] en 1297, le [[comté de Dabo]] avait sa propre histoire dans le giron alsacien et le pays sarrois resta encore quelque temps dans la sphère d'influence des Nassau-Sarrebruck. La superficie de l'ancien département de la [[Meurthe (département)|Meurthe]] et de l'actuel [[Vosges (département)|département des Vosges]] forme dorénavant le gros du territoire lorrain historique sur des siècles.
Géographiquement le territoire du duché de Lorraine déplace son centre de gravité vers le sud de l'ancienne Haute-Lorraine où les ducs devront créer une capitale au fur et à mesure que leurs pouvoirs régaliens croîtront pour diverses raisons géopolitiques. La résistance farouche de la cité messine et des évêques de Metz très possessionnés sur le sol lorrain conduit les futurs ducs de Lorraine à se résigner à ne pas avoir l'ancienne capitale austrasienne comme capitale de leur propre duché même si les souverains lorrains suivants feront encore de nombreuses tentatives d'incorporation de cette ville au potentiel symbolique fort. Amputée de la plupart de ses terres germanophones au nord, la Lorraine ducale devient majoritairement francophone et se positionne davantage dans une aire géographique et culturelle plutôt homogène entre la [[Champagne (province)|Champagne]] et la [[Franche-Comté]]. De fait, le [[comté de Bitche]] germanophone fut vendu au [[comté de Deux-Ponts-Bitche]] en 1297, le [[comté de Dabo]] avait sa propre histoire dans le giron alsacien et le pays sarrois resta encore quelque temps dans la sphère d'influence des Nassau-Sarrebruck. La superficie de l'ancien département de la [[Meurthe (département)|Meurthe]] et de l'actuel [[Vosges (département)|département des Vosges]] forme dorénavant le gros du territoire lorrain historique sur des siècles.


=== Duché de Lorraine ===
=== Duché de Lorraine ===
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Le territoire de la Lorraine s'est constitué à l'issue de plusieurs partages.
Le territoire de la Lorraine s'est constitué à l'issue de plusieurs partages.


En [[843]], par le [[traité de Verdun]], les fils de [[Louis le Pieux|Louis ''le Pieux'']] se partagèrent l'[[Carolingien|Empire carolingien]]. Le territoire de la future Lorraine revint à [[Lothaire Ier|Lothaire {{Ier}}]]<ref>[http://empireromaineuropeen.over-blog.org/2015/03/histoire-du-duche-de-lorraine-herzogtum-von-lothringen.html Histoire du Duché de Lorraine / Herzogtum von Lothringen].</ref>. En [[855]], à la mort de Lothaire {{Ier}}, ses fils se partagèrent son royaume et la partie nord revint à [[Lothaire II de Lotharingie|Lothaire II]]. Son royaume est désigné par ''Lotharii regnum'', qui se déformera en [[Lotharingie]]. À la mort de Lothaire II ([[869]]), la Lotharingie fut partagée par ses deux oncles par le [[traité de Meerssen]], mais [[Louis le Jeune (fils de Louis le Germanique)|Louis ''le Jeune'']] en réunit les deux parties par le [[traité de Ribemont]]. À partir de [[901]], la Lotharingie fut confiée par le [[roi de Germanie]] puis l'empereur à des [[Liste des ducs de Lotharingie|ducs]], mais l'importance de ce duché, qui était l'un des cinq « [[Duché ethnique|duchés ethniques]] » de Germanie et une frontière face au royaume de France, ainsi que les fréquentes révoltes des ducs de Lotharingie, conduisirent en [[959]] [[Brunon de Cologne]], [[duc de Lotharingie]], et son frère l'[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur]] [[Otton Ier du Saint-Empire|Otton {{Ier}}]], à diviser la Lotharingie en deux : la [[Basse-Lotharingie]], correspondant globalement à l'actuel [[Benelux]], et la [[Haute-Lotharingie]], qui deviendra le duché de Lorraine.
En [[843]], par le [[traité de Verdun]], les fils de [[Louis le Pieux|Louis ''le Pieux'']] se partagèrent l'[[Carolingien|Empire carolingien]]. Le territoire de la future Lorraine revint à {{noble|Lothaire Ier}}<ref>[http://empireromaineuropeen.over-blog.org/2015/03/histoire-du-duche-de-lorraine-herzogtum-von-lothringen.html Histoire du Duché de Lorraine / Herzogtum von Lothringen].</ref>. En [[855]], à la mort de {{noble-|Lothaire Ier}}, ses fils se partagèrent son royaume et la partie nord revint à {{noble|Lothaire II de Lotharingie|-}}. Son royaume est désigné par ''Lotharii regnum'', qui se déformera en [[Lotharingie]]. À la mort de {{noble-|Lothaire II}} ([[869]]), la Lotharingie fut partagée par ses deux oncles par le [[traité de Meerssen]], mais [[Louis le Jeune (fils de Louis le Germanique)|Louis ''le Jeune'']] en réunit les deux parties par le [[traité de Ribemont]]. À partir de [[901]], la Lotharingie fut confiée par le [[roi de Germanie]] puis l'empereur à des [[Liste des ducs de Lotharingie|ducs]], mais l'importance de ce duché, qui était l'un des cinq « [[Duché ethnique|duchés ethniques]] » de Germanie et une frontière face au royaume de France, ainsi que les fréquentes révoltes des ducs de Lotharingie, conduisirent en [[959]] [[Brunon de Cologne]], [[duc de Lotharingie]], et son frère l'[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur]] {{noble|Otton Ier du Saint-Empire|-}}, à diviser la Lotharingie en deux : la [[Basse-Lotharingie]], correspondant globalement à l'actuel [[Benelux]], et la Haute-Lotharingie, qui deviendra le duché de Lorraine.


La Haute-Lotharingie correspondait à toute la partie de la [[diocèse de Trèves|province de Trèves]] située sur la rive gauche du [[Rhin]], c'est-à-dire aux [[diocèse de Metz|diocèses de Metz]], [[diocèse de Toul|Toul]], [[diocèse de Verdun|Verdun]] et à la portion la plus considérable de celui de Trèves ; elle comprenait en outre la petite portion du [[diocèse de Reims|diocèse propre de Reims]] qui embrassait les anciens ''[[pagus|pagi]]'' de [[Mouzon (Ardennes)|Mouzon]], de [[Pagus Castricius|Castrice]] et du [[Dormois]]<ref>{{Ouvrage
La Haute-Lotharingie correspondait à toute la partie de la [[diocèse de Trèves|province de Trèves]] située sur la rive gauche du [[Rhin]], c'est-à-dire aux [[diocèse de Metz|diocèses de Metz]], [[diocèse de Toul|Toul]], [[diocèse de Verdun|Verdun]] et à la portion la plus considérable de celui de Trèves ; elle comprenait en outre la petite portion du [[diocèse de Reims|diocèse propre de Reims]] qui embrassait les anciens ''[[pagus|pagi]]'' de [[Mouzon (Ardennes)|Mouzon]], de [[Pagus Castricius|Castrice]] et du [[Dormois]]<ref>{{Ouvrage
|auteur1=[[Léon Vanderkindere]]
|auteur1=[[Léon Vanderkindere]]
|titre=La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge
|titre= La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge
|volume=II
|volume=II
|éditeur=H. Lamertin
|éditeur=H. Lamertin
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}}.</ref>.
}}.</ref>.


Ce dernier duché dépendra toujours du [[Saint-Empire romain germanique]]<ref>[[Jean Rousset de Missy]], ''Les intérêts présens et les prétentions des puissances de l'Europe, fondez sur les traitez depuis ceux d'Utrecht inclusivement'', Moetjens, La Haye, 1736, § 16, page 179.</ref>, jusqu'à l'accord qui le donna à la France en 1736. Les ducs se succédaient dynastiquement ; jusqu'à [[Charles Quint]] qui renonça à cette prérogative, ils avaient néanmoins besoin de l'investiture de l'Empereur.
Ce dernier duché dépendra toujours du [[Saint-Empire romain germanique]]<ref>[[Jean Rousset de Missy]], ''Les intérêts présens et les prétentions des puissances de l'Europe, fondez sur les traitez depuis ceux d'Utrecht inclusivement'', Moetjens, La Haye, 1736, § 16, page 179.</ref>, jusqu'à l'accord qui le donna à la France en 1766. Les ducs se succédaient dynastiquement ; jusqu'à [[Charles Quint]] qui renonça à cette prérogative, ils avaient néanmoins besoin de l'investiture de l'Empereur.


=== La Haute-Lotharingie ===
=== La Haute-Lotharingie ===
Le duc Brunon installa comme vice-duc de Haute-Lotharingie le [[Liste des comtes puis ducs de Bar|comte de Bar]] [[Frédéric Ier de Lorraine|Frédéric]], de la [[maison d'Ardennes]]. Ce dernier prit le titre de [[Liste des ducs de Lorraine#Les ducs de Haute-Lotharingie|duc de Haute-Lotharingie]] en 977, et la charge se transmit à ses descendants, jusqu'à [[Frédéric III de Lorraine|Frédéric III]], qui mourut en 1033. Le duché fut alors confié à un cousin, [[Gothelon Ier de Lotharingie|Gothelon {{Ier}}]], qui était déjà [[Liste des ducs de Basse-Lotharingie|duc de Basse-Lotharingie]]. À sa mort en 1044, son fils [[Godefroy II de Basse-Lotharingie|Godefroy II ''le Barbu'']] lui succéda en Haute-Lotharingie, mais la Basse-Lotharingie ne lui fut pas attribuée<ref>La situation de la Basse-Lotharingie n'est pas claire. {{qui|Certains historiens}} mentionnent un autre fils, Gothelon II, qui aurait succédé à son père en Basse-Lotharingie et serait mort en 1046, d'autre disent que l'empereur [[Henri III du Saint-Empire|Henri III]] ne nomma pas de titulaire pour le duché.</ref>. Irrité, il se révolta en 1046, mais fut vaincu, et la Haute-Lotharingie lui fut reprise. L'[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur]] [[Henri III du Saint-Empire|Henri III]] nomma alors le [[Liste des comtes de Metz|comte de Metz]], [[Adalbert de Lorraine|Adalbert d'Alsace]], à la tête du duché de Haute-Lotharingie, dénommé depuis duché de Lorraine. Adalbert est alors considéré comme le premier [[Liste des ducs de Lorraine#Les ducs de Lorraine|duc de Lorraine]]. Au cours du {{s-|XI}}, les villes de [[Trèves (Allemagne)|Trèves]], de [[Luxembourg (ville)|Luxembourg]], ainsi que [[Coblence]] et [[Prüm]] ainsi que les entités dont elles font partie passent aux mains du duc de [[Basse-Lotharingie]], dont le duché sera démantelé par les États qui le composent et éclatera définitivement à la fin du {{s-|XII}}.
Le duc Brunon installa comme vice-duc de Haute-Lotharingie le [[Liste des comtes puis ducs de Bar|comte de Bar]] [[Frédéric Ier de Lorraine|Frédéric]], de la [[maison d'Ardennes]]. Ce dernier prit le titre de [[Liste des ducs de Lorraine#Les ducs de Haute-Lotharingie|duc de Haute-Lotharingie]] en 977, et la charge se transmit à ses descendants, jusqu'à {{noble|Frédéric III de Lorraine|-}}, qui mourut en 1033. Le duché fut alors confié à un cousin, {{noble|Gothelon Ier de Lotharingie|-}}, qui était déjà [[Liste des ducs de Basse-Lotharingie|duc de Basse-Lotharingie]]. À sa mort en 1044, son fils {{noble|Godefroy II de Basse-Lotharingie|''le Barbu''}} lui succéda en Haute-Lotharingie, mais la Basse-Lotharingie ne lui fut pas attribuée<ref>La situation de la Basse-Lotharingie n'est pas claire. {{qui|Certains historiens}} mentionnent un autre fils, {{noble-|Gothelon II}}, qui aurait succédé à son père en Basse-Lotharingie et serait mort en 1046, d'autre disent que l'empereur {{noble|Henri III du Saint-Empire|-}} ne nomma pas de titulaire pour le duché.</ref>. Irrité, il se révolta en 1046, mais fut vaincu, et la Haute-Lotharingie lui fut reprise. L'[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur]] {{noble|Henri III du Saint-Empire|-}} nomma alors le [[Liste des comtes de Metz|comte de Metz]], [[Adalbert de Lorraine|Adalbert d'Alsace]], à la tête du duché de Haute-Lotharingie, dénommé depuis duché de Lorraine. Adalbert est alors considéré comme le premier [[Liste des ducs de Lorraine#Les ducs de Lorraine|duc de Lorraine]]. Au cours du {{s-|XI}}, les villes de [[Trèves (Allemagne)|Trèves]], de [[Luxembourg (ville)|Luxembourg]], ainsi que [[Coblence]] et [[Prüm]] ainsi que les entités dont elles font partie passent aux mains du duc de [[Basse-Lotharingie]], dont le duché sera démantelé par les États qui le composent et éclatera définitivement à la fin du {{s-|XII}}.


Les différents troubles qui agitèrent le duché pendant cette période firent que certains seigneurs lorrains se révoltèrent et se rendirent plus ou moins indépendants :
Les différents troubles qui agitèrent le duché pendant cette période firent que certains seigneurs lorrains se révoltèrent et se rendirent plus ou moins indépendants :


* les [[Trois-Évêchés|trois évêchés]] de [[Principauté épiscopale de Metz|Metz]], [[Principauté épiscopale de Toul|Toul]] et [[Principauté épiscopale de Verdun|Verdun]], dont les évêques prirent le titre de ''comtes'' de ces villes et ''princes du Saint-Empire'',
* les [[Trois-Évêchés|trois évêchés]] de [[Principauté épiscopale de Metz|Metz]], [[Principauté épiscopale de Toul|Toul]] et [[Principauté épiscopale de Verdun|Verdun]], dont les évêques prirent le titre de ''comtes'' de ces villes et ''princes du Saint-Empire'',
* le [[duché de Bar|comté de Bar]], dirigé par des [[Liste des comtes de Bar|descendants de Frédéric III]] en lignée féminine, et qui revendiqueront le duché,
* le [[duché de Bar|comté de Bar]], dirigé par des [[Liste des comtes de Bar|descendants de {{noble-|Frédéric III}}]] en lignée féminine, et qui revendiqueront le duché,
* le [[comté de Vaudémont]], attribué à un cadet de la famille d'Alsace puis à des cadets de la maison de Lorraine,
* le [[comté de Vaudémont]], attribué à un cadet de la famille d'Alsace puis à des cadets de la maison de Lorraine,
* les comtés de [[principauté de Salm|Salm]], [[Blieskastel]], [[Deux-Ponts]], [[Sarrebruck]], et [[Comté de Sarrewerden|Sarrewerden]].
* les comtés de [[principauté de Salm|Salm]], [[Blieskastel]], [[Deux-Ponts]], [[Sarrebruck]], et [[Comté de Sarrewerden|Sarrewerden]].
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=== La maison d'Alsace ===
=== La maison d'Alsace ===
[[Fichier:Blason Lorraine.svg|upright|vignette|[[Blason de la Lorraine|Premières armes des ducs de Lorraine]], utilisées dès Ferry {{Ier}}.]]
[[Fichier:Blason Lorraine.svg|upright|vignette|[[Blason de la Lorraine|Premières armes des ducs de Lorraine]], utilisées dès {{noble-|Ferry Ier}}.]]

Godefroy II, l'ancien duc évincé, ne s'avouait pas vaincu. Il fit assassiner Adalbert, à qui succéda en 1048, par la volonté de l'empereur, son frère [[Gérard d'Alsace]]. Celui-ci est pour l'Histoire [[Gérard Ier de Lorraine|Gérard {{Ier}} de Lorraine]], fondateur de la [[maison de Lorraine]] qui régna jusqu'en 1737. Il fit édifier un château seigneurial à proximité d'une petite bourgade (Nanceio) qui devint plus tard la capitale des ducs : [[Nancy]]. À la mort de Gérard, [[Louis de Montbéliard]], seigneur de [[Pont à Mousson|Mousson]], comte de Bar et beau-frère de Frédéric III contesta la succession à [[Thierry II de Lorraine|Thierry II d'Alsace]]. L'empereur trancha en faveur de Thierry, mais il devait subsister une rivalité entre les [[Liste des ducs de Lorraine|ducs de Lorraine]] et les [[Liste des comtes de Bar|comtes de Bar]], qui perdurera jusqu'en 1420. Les ducs lorrains furent des fidèles de l'empereur, mais gardèrent une prudente réserve pendant la [[querelle des Investitures]]. Au {{s-|XIII|e}}, [[Thiébaud Ier de Lorraine|Thiébaud {{Ier}}]] qui combattit au côté d'[[Othon IV du Saint-Empire|Othon IV de Brunswick]] à [[bataille de Bouvines|Bouvines]], fut fait prisonnier. Libéré, il lutta contre [[Frédéric II du Saint-Empire|Frédéric II de Hohenstaufen]], qui incendia [[Nancy]]. Des litiges avec le [[Liste des comtes de Champagne|comte de Champagne]] où il fut également vaincu l'obligea à se déclarer vassal du comte de Champagne pour quelques fiefs situés à l'ouest de ses États.

Quelques 70 ans plus tard, le mariage entre [[Jeanne Ire de Navarre|Jeanne de Champagne]] et [[Philippe IV de France|Philippe IV ''le Bel'']] le plaça dans la vassalité directe du roi de France. L'influence française commença à se faire sentir en Lorraine. Le duc [[Raoul de Lorraine|Raoul]] combattit à [[bataille de Crécy|Crécy]] aux côtés des Français, et y fut tué, en 1346. Son petit-fils [[Charles II de Lorraine|Charles II]], prit le parti de la Bourgogne dans le [[Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons|conflit des Armagnacs et des Bourguignons]], mais après la mort de [[Jean sans Peur|Jean ''sans Peur'']] et avec la politique ouvertement pro-anglaise de [[Philippe III de Bourgogne|Philippe III ''le Bon'']], il opta pour une politique de neutralité et maria en 1420 sa fille [[Isabelle Ire de Lorraine|Isabelle]] avec [[René Ier d'Anjou|René {{Ier}} d’Anjou]], un prince [[Capétiens|capétien]] de la [[Maison capétienne de Valois|maison d'Anjou-Valois]], héritier du comté de Bar, et futur beau-frère du roi [[Charles VII de France|Charles VII]].


{{noble-|Godefroy II}}, l'ancien duc évincé, ne s'avouait pas vaincu. Il fit assassiner Adalbert, à qui succéda en 1048, par la volonté de l'empereur, son frère [[Gérard d'Alsace]]. Celui-ci est pour l'Histoire {{noble|Gérard Ier de Lorraine}}, fondateur de la [[maison de Lorraine]] qui régna jusqu'en 1737. Il fit édifier un château seigneurial à proximité d'une petite bourgade (Nanceio) qui devint plus tard la capitale des ducs : [[Nancy]]. À la mort de Gérard, [[Louis de Montbéliard]], seigneur de [[Pont à Mousson|Mousson]], comte de Bar et beau-frère de {{noble-|Frédéric III}} contesta la succession à {{noble|Thierry II de Lorraine|d'Alsace}}. L'empereur trancha en faveur de Thierry, mais il devait subsister une rivalité entre les [[Liste des ducs de Lorraine|ducs de Lorraine]] et les [[Liste des comtes de Bar|comtes de Bar]], qui perdurera jusqu'en 1420. Les ducs lorrains furent des fidèles de l'empereur, mais gardèrent une prudente réserve pendant la [[querelle des Investitures]]. Au {{s-|XIII|e}}, {{noble|Thiébaud Ier de Lorraine|-}} qui combattit au côté d'{{noble|Othon IV du Saint-Empire|de Brunswick}} à [[bataille de Bouvines|Bouvines]], fut fait prisonnier. Libéré, il lutta contre {{noble|Frédéric II du Saint-Empire|de Hohenstaufen}}, qui incendia [[Nancy]]. Des litiges avec le [[Liste des comtes de Champagne|comte de Champagne]] où il fut également vaincu l'obligèrent à se déclarer vassal du comte de Champagne pour quelques fiefs situés à l'ouest de ses États.
=== De René {{Ier}} d'Anjou aux guerres de religion ===
[[Fichier:MULO-Charles the Bold corpse.jpg|vignette|upright=1.0|left|Mort de [[Charles le Téméraire|Charles ''le Téméraire'']] en 1477.]]


Quelque 70 ans plus tard, le mariage entre [[Jeanne Ire de Navarre|Jeanne de Champagne]] et {{noble|Philippe IV de France|''le Bel''}} le plaça dans la vassalité directe du roi de France. L'influence française commença à se faire sentir en Lorraine. Le duc [[Raoul de Lorraine|Raoul]] combattit à [[bataille de Crécy|Crécy]] aux côtés des Français, et y fut tué, en 1346. Son petit-fils {{noble|Charles II de Lorraine|-}}, prit le parti de la Bourgogne dans le [[Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons|conflit des Armagnacs et des Bourguignons]], mais après la mort de [[Jean sans Peur|Jean ''sans Peur'']] et avec la politique ouvertement pro-anglaise de {{noble|Philippe III de Bourgogne|''le Bon''}}, il opta pour une politique de neutralité et maria en 1420 sa fille [[Isabelle Ire de Lorraine|Isabelle]] avec {{noble|René Ier d'Anjou}}, un prince [[Capétiens|capétien]] de la [[Maison capétienne de Valois|maison d'Anjou-Valois]], héritier du comté de Bar, et futur beau-frère du roi {{noble|Charles VII de France|-}}.
À [[Charles II de Lorraine|Charles II]] succéda sa fille [[Isabelle Ire de Lorraine|Isabelle {{Ire}} de Lorraine]] ; l'époux d'Isabelle, [[René d'Anjou|René {{Ier}} d'Anjou]], déjà duc de Bar, prit également le titre de duc de Lorraine. Mais la succession fut également revendiquée par [[Antoine de Vaudémont|Antoine]], [[Liste des comtes de Vaudémont|comte de Vaudémont]], neveu de Charles II, en tant que plus proche héritier par les mâles. Antoine fut soutenu par [[Philippe III de Bourgogne|Philippe III ''le Bon'']], [[Liste des ducs de Bourgogne|duc de Bourgogne]] ; René, battu en 1431 à [[Bulgnéville]], fut emmené en captivité à [[Dijon]]. Il ne fut libéré qu'en 1437 ; étant devenu entretemps [[Liste des comtes d'Anjou|duc d'Anjou]], [[Liste des comtes de Provence|comte de Provence]] et [[Liste des rois de Sicile|roi de Naples]], il quitta la [[Lorraine]] pour rejoindre ses nouveaux États, laissant la Lorraine à son fils [[Jean II de Lorraine|Jean II]] (''Jean de Calabre''). En 1473, le duché passa à [[René II de Lorraine|René II]], petit-fils à la fois de René {{Ier}} et d'Antoine de Vaudémont. Il dut défendre son duché contre [[Charles le Téméraire|Charles ''le Téméraire'']], qui mourut devant [[Bataille de Nancy|Nancy]] en 1477 ({{cf.}} [[bataille de Nancy]]). Mais René se brouilla avec [[Louis XI de France|Louis XI]], qui lui refusa l'héritage de son grand-père et notamment le duché d'Anjou. René II se rapprocha alors de l'Empire. Pour échapper à la suzeraineté française, il légua tous ses domaines français, dont le [[Comte de Guise|comté de Guise]], à son second fils [[Claude de Lorraine|Claude]], qui fut naturalisé français par le roi [[François Ier de France|François {{Ier}}]] et fut la tige de la [[maison de Guise]].


=== De {{noble-|René Ier}} d'Anjou aux guerres de religion ===
[[Fichier:Charles III, Duke of Lorraine, by studio of François Clouet.jpg|170px|vignette|Charles III {{citation|''le Grand''}} (1543-1608).]]
[[Fichier:MULO-Charles the Bold corpse.jpg|vignette|upright=1.0|Mort de [[Charles le Téméraire|Charles ''le Téméraire'']] en 1477.]]
[[Fichier:Charles III, Duke of Lorraine, by studio of François Clouet.jpg|170px|vignette|left|{{noble-|Charles III}} {{citation|''le Grand''}} (1543-1608).]]
À {{noble|Charles II de Lorraine|-}} succéda sa fille {{noble|Isabelle Ire de Lorraine}} ; l'époux d'Isabelle, {{noble|René d'Anjou|René Ier d'Anjou}}, déjà duc de Bar, prit également le titre de duc de Lorraine. Mais la succession fut également revendiquée par [[Antoine de Vaudémont|Antoine]], [[Liste des comtes de Vaudémont|comte de Vaudémont]], neveu de {{noble-|Charles II}}, en tant que plus proche héritier par les mâles. Antoine fut soutenu par {{noble|Philippe III de Bourgogne|''le Bon''}}, [[Liste des ducs de Bourgogne|duc de Bourgogne]] ; René, battu en 1431 à [[Bulgnéville]], fut emmené en captivité à [[Dijon]]. Il ne fut libéré qu'en 1437 ; étant devenu entretemps [[Liste des comtes d'Anjou|duc d'Anjou]], [[Liste des comtes de Provence|comte de Provence]] et [[Liste des rois de Sicile|roi de Naples]], il quitta la [[Lorraine]] pour rejoindre ses nouveaux États, laissant la Lorraine à son fils {{noble|Jean II de Lorraine|-}} (''Jean de Calabre''). En 1473, le duché passa à {{noble|René II de Lorraine|-}}, petit-fils à la fois de {{noble-|René Ier}} et d'Antoine de Vaudémont. Il dut défendre son duché contre [[Charles le Téméraire|Charles ''le Téméraire'']], qui mourut devant [[Bataille de Nancy|Nancy]] en 1477 ({{cf.}} [[bataille de Nancy]]). Mais René se brouilla avec {{noble|Louis XI de France|-}}, qui lui refusa l'héritage de son grand-père et notamment le duché d'Anjou. {{noble-|René II}} se rapprocha alors de l'Empire. Pour échapper à la suzeraineté française, il légua tous ses domaines français, dont le [[Comte de Guise|comté de Guise]], à son second fils [[Claude de Lorraine|Claude]], qui fut naturalisé français par le roi {{noble|François Ier de France|-}} et fut la tige de la [[maison de Guise]].


[[Antoine de Lorraine|Antoine {{Ier}}]], le fils aîné de René II, se rapprocha de la France et intervint avec vigueur durant la [[Guerre des paysans en Alsace et en Lorraine|guerre des paysans]]. Celle-ci avait éclaté dans le Saint-Empire, essaimé dans la [[Lorraine allemande|partie germanophone]] du duché ainsi qu'en [[Alsace]]. En 1542, le [[traité de Nuremberg]] fit du duché de Lorraine un [[État souverain]] affranchi de la vassalité à l'empereur. Par la suite, le duc de Lorraine reprit part aux affaires de l'Empire par l'acquisition du titre de [[Nomeny#Histoire|marquis de Nomeny]] qui lui donnait droit de vote aux [[Diète d'Empire|Diètes]]. En 1552, le [[Liste des monarques de France|roi de France]] [[Henri II de France|Henri II]] prit les [[Trois-Évêchés]]. L'empereur [[Charles Quint]] avait alors renoncé à sa suzeraineté sur la Lorraine qui devint pour lors indépendante. Durant les [[Guerres de religion (France)|guerres de religion]], le duc [[Charles III de Lorraine|Charles III]] soutint la [[Ligue catholique (France)|Sainte-Ligue]], dirigée par ses cousins de Guise, mais refusa d'intervenir directement dans les conflits. À la mort du roi [[Henri III de France|Henri III]], Charles n'accepta pas que la France revienne à un [[protestant]] et proposa la candidature de son propre fils, le prince héréditaire [[Henri II de Lorraine|Henri de Lorraine]], neveu d'Henri III de France par sa mère [[Claude de France (1547-1575)|Claude de France]]. Mais la Ligue lui apporta peu de soutien, et la conversion d'[[Henri IV de France|Henri IV]] mit un terme à cette prétention ; pour sceller la réconciliation, le prince Henri de Lorraine épousa la sœur d'Henri IV, [[Catherine de Bourbon (1559-1604)|Catherine de Bourbon]].
{{noble|Antoine de Lorraine|Antoine Ier}}, le fils aîné de {{noble-|René II}}, se rapprocha de la France et intervint avec vigueur durant la [[Guerre des paysans en Alsace et en Lorraine|guerre des paysans]]. Celle-ci avait éclaté dans le Saint-Empire, essaimé dans la [[Lorraine allemande|partie germanophone]] du duché ainsi qu'en [[Alsace]]. En 1542, le [[traité de Nuremberg]] fit du duché de Lorraine un [[État souverain]] affranchi de la vassalité à l'empereur. Par la suite, le duc de Lorraine reprit part aux affaires de l'Empire par l'acquisition du titre de [[Nomeny#Histoire|marquis de Nomeny]] qui lui donnait droit de vote aux [[Diète d'Empire|Diètes]]. En 1552, le [[Liste des monarques de France|roi de France]] {{noble|Henri II de France|-}} prit les [[Trois-Évêchés]]. L'empereur [[Charles Quint]] avait alors renoncé à sa suzeraineté sur la Lorraine qui devint pour lors indépendante. Durant les [[Guerres de religion (France)|guerres de religion]], le duc {{noble|Charles III de Lorraine|-}} soutint la [[Ligue catholique (France)|Sainte-Ligue]], dirigée par ses cousins de Guise, mais refusa d'intervenir directement dans les conflits. À la mort du roi {{noble|Henri III de France|-}}, Charles n'accepta pas que la France revienne à un [[protestant]] et proposa la candidature de son propre fils, le prince héréditaire [[Henri II de Lorraine|Henri de Lorraine]], neveu d'{{noble-|Henri III}} de France par sa mère [[Claude de France (1547-1575)|Claude de France]]. Mais la Ligue lui apporta peu de soutien, et la conversion d'{{noble|Henri IV de France|-}} mit un terme à cette prétention ; pour sceller la réconciliation, le prince Henri de Lorraine épousa la sœur d'{{noble-|Henri IV}}, [[Catherine de Bourbon (1559-1604)|Catherine de Bourbon]].


=== Entre France et Autriche ===
=== Entre France et Autriche ===
[[Fichier:Charles IV de Lorraine.JPG|thumb|upright|right|Charles IV (1604-1675).]]
[[Fichier:Charles IV de Lorraine.JPG|thumb|upright|right|{{noble-|Charles IV}} (1604-1675).]]
[[Fichier:Lorraine 1618-1648.JPG|thumb|left|Le duché de Lorraine (en jaune), pendant la période 1618-1648.]]
[[Fichier:Lorraine 1618-1648.JPG|thumb|left|Le duché de Lorraine (en jaune), pendant la période 1618-1648.]]


La mort du duc Henri II (1624) annonça une succession difficile. Un testament de René II retrouvé fort à propos avait précisé que la Lorraine ne devait se transmettre qu'en lignée masculine, mais Henri II, sans fils, avait désigné selon la tradition pour lui succéder sa fille [[Nicole de Lorraine|Nicole]], mariée à son cousin germain, [[Charles IV de Lorraine|Charles de Vaudémont]], qui devait tenir le rôle de « duc consort ». Mais Charles poussa son père [[François II de Lorraine|François de Vaudémont]], le frère cadet du défunt duc, à revendiquer le duché : il obtint gain de cause un an plus tard, mais abdiqua presque aussitôt en faveur de son fils. Nicole était ainsi évincée de la succession malgré les dispositions de son père, et Charles recevait la pleine souveraineté. Le roi de France [[Louis XIII de France|Louis XIII]] ayant manifesté son opposition à cette succession, [[Charles IV de Lorraine|Charles IV]] se rapprocha des [[Habsbourg]] de [[Vienne (Autriche)|Vienne]], ayant déjà combattu à leurs côtés les princes protestants, et accueillant dans ses États les opposants au roi de France et notamment le [[Gaston de France|duc d'Orléans]], frère et héritier de Louis XIII qui avait épousé la sœur du duc [[Marguerite de Lorraine]].
La mort du duc {{noble-|Henri II}} (1624) annonça une succession difficile. Un testament de {{noble-|René II}} retrouvé fort à propos avait précisé que la Lorraine ne devait se transmettre qu'en lignée masculine, mais {{noble-|Henri II}}, sans fils, avait désigné selon la tradition pour lui succéder sa fille [[Nicole de Lorraine|Nicole]], mariée à son cousin germain, [[Charles IV de Lorraine|Charles de Vaudémont]], qui devait tenir le rôle de « duc consort ». Mais Charles poussa son père [[François II de Lorraine|François de Vaudémont]], le frère cadet du défunt duc, à revendiquer le duché : il obtint gain de cause un an plus tard, mais abdiqua presque aussitôt en faveur de son fils. Nicole était ainsi évincée de la succession malgré les dispositions de son père, et Charles recevait la pleine souveraineté. Le roi de France {{noble|Louis XIII de France|-}} ayant manifesté son opposition à cette succession, {{noble|Charles IV de Lorraine|-}} se rapprocha des [[Habsbourg]] de [[Vienne (Autriche)|Vienne]], ayant déjà combattu à leurs côtés les princes protestants, et accueillant dans ses États les opposants au roi de France et notamment le [[Gaston de France|duc d'Orléans]], frère et héritier de {{noble-|Louis XIII}} qui avait épousé la sœur du duc [[Marguerite de Lorraine]].


Les troupes françaises occupèrent la Lorraine et Charles IV dut abdiquer en 1634 en faveur de son frère [[Nicolas-François de Lorraine|Nicolas-François]], jugé plus malléable par Richelieu et le roi de France. Le roi de France désire aussi s'emparer de la sœur de la duchesse Nicole, héritière potentielle des duchés, et la marier à un gentilhomme français. Nicolas-François, évêque à titre honorifique, s'octroie une dispense canoniale l'autorisant à renoncer à la vie ecclésiale, et à épouser sa cousine Claude, autant d'initiatives qui seront approuvées par le [[pape]] ''a posteriori''. Le couple échappe à la tutelle française en s'enfuyant le {{Date-|1|avril|1634}}, trouve refuge en [[Toscane]] auprès de leur tante la grande-duchesse [[Christine de Lorraine]], épouse de [[Ferdinand Ier de Médicis|Ferdinand {{Ier}} de Médicis]]. La duchesse Nicole, abandonnée de tous est emmenée à [[Paris]], mi-hôte d'honneur mi-otage.
Les troupes françaises occupèrent la Lorraine et {{noble-|Charles IV}} dut abdiquer en 1634 en faveur de son frère [[Nicolas-François de Lorraine|Nicolas-François]], jugé plus malléable par Richelieu et le roi de France. Le roi de France désire aussi s'emparer de la sœur de la duchesse Nicole, héritière potentielle des duchés, et la marier à un gentilhomme français. Nicolas-François, évêque à titre honorifique, s'octroie une dispense canoniale l'autorisant à renoncer à la vie ecclésiale, et à épouser sa cousine Claude, autant d'initiatives qui seront approuvées par le [[pape]] ''a posteriori''. Le couple échappe à la tutelle française en s'enfuyant le {{Date-|1|avril|1634}}, trouve refuge en [[Toscane]] auprès de leur tante la grande-duchesse [[Christine de Lorraine]], épouse de {{noble|Ferdinand Ier de Médicis}}. La duchesse Nicole, abandonnée de tous est emmenée à [[Paris]], mi-hôte d'honneur mi-otage.


En 1635, les troupes de [[Gustave II Adolphe|Gustave-Adolphe]], [[Liste des rois de Suède|roi de Suède]], ravagent la Lorraine tandis que Charles IV tente de reconquérir son duché mais sans succès, et la Lorraine est de nouveau ravagée puis occupée par les Français. Les [[Trois-Évêchés]] sont définitivement réunis à la France en [[1648]], les duchés lorrains, après une brève accalmie entre 1641 et 1644, restent occupés par les troupes françaises. À l'exception de brèves périodes, les ducs ne pourront plus séjourner en Lorraine jusqu'en 1697 : par le [[traité de Ryswick]], [[Louis XIV de France|Louis XIV]] rend alors le duché au duc [[Léopold Ier de Lorraine|Léopold]], né à la cour de Vienne, mais qui épousa pour l'occasion une des nièces du roi de France, la princesse [[Élisabeth-Charlotte d'Orléans]]. À cette époque, la Lorraine est non seulement enclavée en territoire français car l'Alsace et la Franche-Comté sont devenues françaises, mais aussi les [[Trois-Évêchés]] et la ''Route d'Alsace —'' étant également aux mains de la France — sont autant d'obstacles à la souveraineté du jeune duc. De plus, sur le plan spirituel, il n'y a toujours pas d'évêché lorrain et les titulaires des trois diocèses locaux, Toul, Metz et Verdun, gentilshommes français, sont autant de relais de l'influence française auprès des populations [[lorraines]].
En 1635, les troupes de [[Gustave II Adolphe|Gustave-Adolphe]], [[Liste des rois de Suède|roi de Suède]], ravagent la Lorraine tandis que {{noble-|Charles IV}} tente de reconquérir son duché mais sans succès, et la Lorraine est de nouveau ravagée puis occupée par les Français. Les [[Trois-Évêchés]] sont définitivement réunis à la France en [[1648]], les duchés lorrains, après une brève accalmie entre 1641 et 1644, restent occupés par les troupes françaises. À l'exception de brèves périodes, les ducs ne pourront plus séjourner en Lorraine jusqu'en 1697 : par le [[traité de Ryswick]], {{noble|Louis XIV de France|-}} rend alors le duché au duc [[Léopold Ier de Lorraine|Léopold]], né à la cour de Vienne, mais qui épousa pour l'occasion une des nièces du roi de France, la princesse [[Élisabeth-Charlotte d'Orléans]]. À cette époque, la Lorraine est non seulement enclavée en territoire français car l'Alsace et la Franche-Comté sont devenues françaises, mais aussi les [[Trois-Évêchés]] et la ''Route d'Alsace —'' étant également aux mains de la France — sont autant d'obstacles à la souveraineté du jeune duc. De plus, sur le plan spirituel, il n'y a toujours pas d'évêché lorrain et les titulaires des trois diocèses locaux, Toul, Metz et Verdun, gentilshommes français, sont autant de relais de l'influence française auprès des populations [[lorraines]].


[[Fichier:Léopold duc de Bar et de Lorraine 00206.jpg|thumb|150px|Léopold {{Ier}} (1679-1729).]]
[[Fichier:Léopold duc de Bar et de Lorraine 00206.jpg|thumb|150px|{{noble-|Léopold Ier}} (1679-1729).]]


Le duc [[Léopold Ier de Lorraine et de Bar|Léopold {{Ier}} de Lorraine et de Bar]] qui arrive à Nancy en 1697 est un jeune homme de 18 ans dont les États patrimoniaux sont exsangues et la marge de manœuvre étroite. Filleul et neveu de l'empereur, il épouse quelques mois plus tard la nièce du roi de France. Néanmoins, le déclenchement de la [[guerre de Succession d'Espagne]] entraîne une nouvelle occupation (pacifique cette fois) des duchés par les troupes françaises ; Léopold et sa cour quittent Nancy pour s'établir au « Versailles lorrain », le [[château de Lunéville]]. Avec la mort de Louis XIV et la [[Régence (1715-1723)|Régence]], les relations entre la Lorraine et la France se détendent : le régent est le frère de la duchesse et un traité de rectification de frontières favorable à la Lorraine est signé en 1718. Nonobstant, en 1720, la tentative de création d'un évêché lorrain étant sur le point d'aboutir puisque le pape y consent, l'opposition française fait échouer le projet et les relations franco-lorraines en pâtissent. Le mariage de Louis XV avec une princesse polonaise en exil et sans fortune plutôt qu'avec une de ses cousines lorraines exaspérera la rancœur de Lunéville envers Versailles.
Le duc {{noble|Léopold Ier de Lorraine et de Bar}} qui arrive à Nancy en 1697 est un jeune homme de 18 ans dont les États patrimoniaux sont exsangues et la marge de manœuvre étroite. Filleul et neveu de l'empereur, il épouse quelques mois plus tard la nièce du roi de France. Néanmoins, le déclenchement de la [[guerre de Succession d'Espagne]] entraîne une nouvelle occupation (pacifique cette fois) des duchés par les troupes françaises ; Léopold et sa cour quittent Nancy pour s'établir au « Versailles lorrain », le [[château de Lunéville]]. Avec la mort de {{noble-|Louis XIV}} et la [[Régence (1715-1723)|Régence]], les relations entre la Lorraine et la France se détendent : le régent est le frère de la duchesse et un traité de rectification de frontières favorable à la Lorraine est signé en 1718. Nonobstant, en 1720, la tentative de création d'un évêché lorrain étant sur le point d'aboutir puisque le pape y consent, l'opposition française fait échouer le projet et les relations franco-lorraines en pâtissent. Le mariage de {{noble-|Louis XV}} avec une princesse polonaise en exil et sans fortune plutôt qu'avec une de ses cousines lorraines exaspérera la rancœur de Lunéville envers Versailles.


Déjà en 1723, le prince [[François III de Lorraine|François]] héritier du trône avait été envoyé terminer son éducation à Vienne, le duc et la duchesse espérant marier le futur duc de Lorraine à l'héritière de l'empereur. En effet, si les ducs de Lorraine, depuis [[Charles V de Lorraine|Charles V]], se sont rapprochés des [[Habsbourg]] d'[[Autriche]] ; un mariage autrichien va pourtant les amener à céder la Lorraine à la France.
Déjà en 1723, le prince [[François III de Lorraine|François]] héritier du trône avait été envoyé terminer son éducation à Vienne, le duc et la duchesse espérant marier le futur duc de Lorraine à l'héritière de l'empereur. En effet, si les ducs de Lorraine, depuis {{noble|Charles V de Lorraine|-}}, se sont rapprochés des [[Habsbourg]] d'[[Autriche]] ; un mariage autrichien va pourtant les amener à céder la Lorraine à la France.


=== Annexion par la France ===
=== Annexion à la France ===
[[Fichier:Chaumont de La Galaizière.jpg|thumb|upright=1.0|left|''Le roi Stanislas créant le marquis de La Galaizière chancelier de Lorraine au château de Meudon le 18 janvier 1737''.]]
[[Fichier:Chaumont de La Galaizière.jpg|thumb|upright=1.0|left|''Le roi Stanislas créant le marquis de La Galaizière chancelier de Lorraine au château de Meudon le 18 janvier 1737''.]]


En 1736, le fils de Léopold, devenu [[François Ier du Saint-Empire|François III]], épouse l'archiduchesse [[Marie-Thérèse Ire de Hongrie|Marie-Thérèse d'Autriche]], héritière des Habsbourg. Par ce mariage, il peut devenir empereur, et apporter ainsi ses duchés aux Habsbourg, les protégeant à jamais des convoitises françaises. Or, l'Alsace et la Franche-Comté ont été progressivement annexées au royaume de France au cours du règne de Louis XIV. Dans cette situation, la Lorraine et le Barrois sont quasiment une enclave étrangère dans le territoire français : [[Louis XV de France|Louis XV]] et le [[André Hercule de Fleury|cardinal de Fleury]] refusent de les voir passer totalement entre les mains d'une grande puissance étrangère, qui plus est l'[[Saint-Empire romain germanique|Empire]], son ennemi héréditaire. Louis XV et l'empereur [[Charles VI du Saint-Empire|Charles VI]] concluent alors un accord qui s'articule avec les dispositions du [[traité de Vienne (1738)]], en vertu de quoi François abandonne la Lorraine à la France pour la [[Toscane]] dont le grand-duc se meurt sans héritier ; en compensation, la France accepte la [[Pragmatique Sanction (Autriche)|Pragmatique Sanction]] de l'Empereur qui fait de Marie-Thérèse son héritière (conjointement avec son futur époux, François).
En 1736, le fils de Léopold, devenu {{noble|François Ier du Saint-Empire|François III}}, épouse l'archiduchesse [[Marie-Thérèse Ire de Hongrie|Marie-Thérèse d'Autriche]], héritière des Habsbourg. Par ce mariage, il peut devenir empereur, et apporter ainsi ses duchés aux Habsbourg, les protégeant à jamais des convoitises françaises. Or, l'Alsace et la Franche-Comté ont été progressivement annexées au royaume de France au cours du règne de {{noble-|Louis XIV}}. Dans cette situation, la Lorraine et le Barrois sont quasiment une enclave étrangère dans le territoire français : {{noble|Louis XV de France|-}} et le [[André Hercule de Fleury|cardinal de Fleury]] refusent de les voir passer totalement entre les mains d'une grande puissance étrangère, qui plus est l'[[Saint-Empire romain germanique|Empire]], son ennemi héréditaire. {{noble-|Louis XV}} et l'empereur {{noble|Charles VI du Saint-Empire|-}} concluent alors un accord qui s'articule avec les dispositions du [[traité de Vienne (1738)]], en vertu de quoi François abandonne la Lorraine à la France pour la [[Toscane]] dont le grand-duc se meurt sans héritier ; en compensation, la France accepte la [[Pragmatique Sanction (Autriche)|Pragmatique Sanction]] de l'Empereur qui fait de Marie-Thérèse son héritière (conjointement avec son futur époux, François).


Les Lorrains sont pourtant fidèlement attachés à leur [[Maison de Lorraine|maison souveraine]]. Afin de ménager les susceptibilités, de ne plus subir la gêne d'être le gendre d'un prince proscrit, de faire plaisir à sa femme et de donner un état stable et lucratif à ce beau-père qu'il méprise, Louis XV n'annexe pas immédiatement les duchés à la France : il les remet, à titre viager, à son beau-père l'ex-roi de [[Pologne]] [[Stanislas Leszczyński]], qui en est à partir de 1737 le dernier duc souverain. En contrepartie, Stanislas accepte la nomination par son gendre d'un chancelier qui exercera la réalité du pouvoir et préparera l'annexion proprement dite des duchés. Le pouvoir militaire est confié au [[Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle|duc de Belle-Isle]] déjà titulaire de la charge pour les Trois-Évêchés.
Les Lorrains sont pourtant fidèlement attachés à leur [[Maison de Lorraine|maison souveraine]]. Afin de ménager les susceptibilités, de ne plus subir la gêne d'être le gendre d'un prince proscrit, de faire plaisir à sa femme et de donner un état stable et lucratif à ce beau-père qu'il méprise, {{noble-|Louis XV}} n'annexe pas immédiatement les duchés à la France : il les remet, à titre viager, à son beau-père l'ex-roi de [[Pologne]] [[Stanislas Leszczyński]], qui en est à partir de 1737 le dernier duc souverain. En contrepartie, Stanislas accepte la nomination par son gendre d'un chancelier qui exercera la réalité du pouvoir et préparera l'annexion proprement dite des duchés. Le pouvoir militaire est confié au [[Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle|duc de Belle-Isle]] déjà titulaire de la charge pour les Trois-Évêchés.


À la duchesse douairière de Lorraine est laissée la minuscule [[Principauté de Commercy|principauté souveraine de Commercy]] recréée pour l'occasion.
À la duchesse douairière de Lorraine est laissée la minuscule [[Principauté de Commercy|principauté souveraine de Commercy]] recréée pour l'occasion. La duchesse s'y retire après avoir brillamment célébré les noces de sa fille aînée avec le roi de Sardaigne. Elle meurt à Commercy quelques mois avant l'élection de son fils comme empereur.


À la mort de Stanislas en {{date-|février 1766}}, la Lorraine et le Barrois sont définitivement annexés à la France et [[Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois|réorganisés]].
Stanislas, ayant régné près de trente ans, meurt accidentellement en {{date-|février 1766}}. La Lorraine et le Barrois sont définitivement annexés à la France et [[Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois|réorganisés]].


== Administration ducale ==
== Administration ducale ==
[[File:LASB K Hellwig 0062.jpg|thumb|Siège administratif de Lorraine 1705]]
À la tête de la hiérarchie, se trouvait le duc de Lorraine et de Bar. {{passage évasif|Toutefois, ce serait une erreur de croire}} qu'avant la [[Révolution française|Révolution]], on ne connaissait que le régime du [[absolutisme|pouvoir absolu]]. Ici, du moins jusqu'au {{s-|XVII|e}}, le gouvernement était {{quoi|vraiment}} constitutionnel.
À la tête de la hiérarchie, se trouvait le duc de Lorraine et de Bar. {{passage évasif|Toutefois, ce serait une erreur de croire}} qu'avant la [[Révolution française|Révolution]], on ne connaissait que le régime du [[absolutisme|pouvoir absolu]]. Ici, du moins jusqu'au {{s-|XVII|e}}, le gouvernement était {{quoi|vraiment}} constitutionnel.


=== États généraux ===
=== États généraux ===
Chaque année, en effet (plus souvent même quand les circonstances l'exigeaient), les [[états généraux de Lorraine]] se réunissaient, généralement à Nancy. Ils comprenaient :
Chaque année, en effet (plus souvent même quand les circonstances l'exigeaient), les [[états généraux de Lorraine]] se réunissaient, généralement à Nancy. Ils comprenaient :
* la [[noblesse]], c'est-à-dire les membres de l'[[Chevaux de Lorraine|ancienne chevalerie lorraine]] dont les chefs de famille composaient le '''[[Ban ducal de Lorraine|Ban ducal]]''' (la magistrature suprême du duché), et avec le temps, les anoblis, non pas un certain nombre d'entre eux, mais tous ceux qui voulaient s'y rendre,
* la [[noblesse]], c'est-à-dire les membres de l'[[Chevaux de Lorraine|ancienne chevalerie lorraine]] dont les chefs de famille composaient le [[Ban ducal de Lorraine|Ban ducal]] (la magistrature suprême du duché), et avec le temps, les anoblis, non pas un certain nombre d'entre eux, mais tous ceux qui voulaient s'y rendre,
* le [[clergé]] (non pas des membres élus dans son sein, mais ceux qui occupaient telle ou telle situation privilégiée, comme le doyen de la [[Primatiale]] de Nancy ou le [[prieur]] de [[Châtenois (Vosges)|Châtenois]]),
* le [[clergé]] (non pas des membres élus dans son sein, mais ceux qui occupaient telle ou telle situation privilégiée, comme le doyen de la [[Primatiale]] de Nancy ou le [[prieur]] de [[Châtenois (Vosges)|Châtenois]]),
* le [[tiers état]], c'est-à-dire les députés des villes ou des bourgades entourées de murailles, nombreuses en Lorraine au [[Moyen Âge]].
* le [[tiers état]], c'est-à-dire les députés des villes ou des bourgades entourées de murailles, nombreuses en Lorraine au [[Moyen Âge]].


La puissance des états généraux était très grande : succession au trône, tutelle du duché, lois et impôts, toutes les affaires importantes étaient soumises à leur décision. On voyait rarement le duc modifier ce qu'ils avaient résolu. C'était une garantie pour le peuple, mais une gêne pour la puissance ducale qui chercha à s'affranchir de ce contrôle. La réunion de 1629 fut la dernière, Charles IV remit toujours à plus tard la convocation des états généraux et l'occupation de la Lorraine par les Français favorisa son dessein. Après le [[traité de Ryswick]] en 1697, Léopold se garda bien de rétablir les états, malgré toutes les réclamations. Faisant de son duché une petite monarchie absolue à l'image de la grande dont il était le voisin, il y leva des impôts sans contrôle, il y rendit souverainement la justice. Du reste, son peuple n'en fut pas plus malheureux, tant il avait à cœur de lui faire du bien. Son fils François III l'imita. Mais après son départ pour l'Autriche en 1737, les Lorrains durent subir les ordres d'un intendant sans pitié, représenté au bailliage par son subdélégué : ils eurent beaucoup à souffrir des abus et de la détresse financière du gouvernement sous lequel ils passaient. Aussi accueillirent-ils avec joie, en 1789, la réunion des états généraux qui rappelaient une de leurs plus anciennes institutions et qui dans leur pensée devait mettre fin à leurs maux !
La puissance des états généraux était très grande : succession au trône, tutelle du duché, lois et impôts, toutes les affaires importantes étaient soumises à leur décision. On voyait rarement le duc modifier ce qu'ils avaient résolu. C'était une garantie pour le peuple, mais une gêne pour la puissance ducale qui chercha à s'affranchir de ce contrôle. La réunion de 1629 fut la dernière, {{noble-|Charles IV}} remit toujours à plus tard la convocation des états généraux et l'occupation de la Lorraine par les Français favorisa son dessein. Après le [[traité de Ryswick]] en 1697, Léopold se garda bien de rétablir les états, malgré toutes les réclamations. Faisant de son duché une petite monarchie absolue à l'image de la grande dont il était le voisin, il y leva des impôts sans contrôle, il y rendit souverainement la justice. Du reste, son peuple n'en fut pas plus malheureux, tant il avait à cœur de lui faire du bien. Son fils {{noble-|François III}} l'imita. Mais après son départ pour l'Autriche en 1737, les Lorrains durent subir les ordres d'un intendant sans pitié, représenté au bailliage par son subdélégué : ils eurent beaucoup à souffrir des abus et de la détresse financière du gouvernement sous lequel ils passaient. Aussi accueillirent-ils avec joie, en 1789, la réunion des états généraux qui rappelaient une de leurs plus anciennes institutions et qui dans leur pensée devait mettre fin à leurs maux !


=== Conseil d'État ===
=== Conseil d'État ===
Du temps des états généraux, comme après leur suppression, le duc de Lorraine exerçait son gouvernement par son ''Conseil d'État'', plus souvent appelé ''Conseil privé'', qu'il présidait tous les jours.
Du temps des états généraux, comme après leur suppression, le duc de Lorraine exerçait son gouvernement par son ''Conseil d'État'', plus souvent appelé ''Conseil privé'', qu'il présidait tous les jours.


Déjà parfaitement organisé au {{s-|XVI}} sous le régime de Charles III, ce Conseil vit François III en 1729 et Stanislas à son arrivée en Lorraine (1737) en modifier sa composition, mais ses attributions restèrent à peu près les mêmes. Comme de nos jours, dans notre [[Conseil des ministres]], on traitait ce qui concernait la bonne administration des duchés de Lorraine et de Bar, puis, le conseil terminé, les secrétaires (comme les actuels employés de ministères) rédigeaient les instructions à donner à l'intérieur et à l'extérieur, car le duc de Lorraine entretenait aussi des [[ambassadeur]]s dans la plupart des cours étrangères.
Déjà parfaitement organisé au {{s-|XVI}} sous le régime de {{noble-|Charles III}}, ce Conseil vit {{noble-|François III}} en 1729 et Stanislas à son arrivée en Lorraine (1737) en modifier sa composition, mais ses attributions restèrent à peu près les mêmes. Comme de nos jours, dans notre [[Conseil des ministres]], on traitait ce qui concernait la bonne administration des duchés de Lorraine et de Bar, puis, le conseil terminé, les secrétaires (comme les actuels employés de ministères) rédigeaient les instructions à donner à l'intérieur et à l'extérieur, car le duc de Lorraine entretenait aussi des [[ambassadeur]]s dans la plupart des cours étrangères.


=== Bailliages ===
=== Bailliages ===
Ligne 232 : Ligne 229 :
Chef du pouvoir judiciaire, le bailli présidait le tribunal du bailliage et même celui des Assises, mais il n'avait pas voix délibérative, ses fonctions se bornaient aux actes préparatoires et exécutoires de la justice. Chef militaire, le bailli enrôle les hommes nécessaires, les conduit à l'armée ducale, leur commande en temps de guerre. En temps de paix, les troupes en garnison obéissent au bailli comme au chef de leur province. Dans l'organigramme hiérarchique, après le bailli, venait le [[lieutenant général]]. Il aidait le bailli et le remplaçait en son absence. On citera par exemple à [[Mirecourt]], Louis Pierre Alba, seigneur de Ravon et de Villers, signalé en 1746 pour une vente de terres ; à [[Neufchâteau (Vosges)|Neufchâteau]], de 1765 à 1781, Claude Sauville (vendeur d'un [[gagnage]] à La Neuveville), puis Jean Claude Cherrier (élu député aux états généraux).
Chef du pouvoir judiciaire, le bailli présidait le tribunal du bailliage et même celui des Assises, mais il n'avait pas voix délibérative, ses fonctions se bornaient aux actes préparatoires et exécutoires de la justice. Chef militaire, le bailli enrôle les hommes nécessaires, les conduit à l'armée ducale, leur commande en temps de guerre. En temps de paix, les troupes en garnison obéissent au bailli comme au chef de leur province. Dans l'organigramme hiérarchique, après le bailli, venait le [[lieutenant général]]. Il aidait le bailli et le remplaçait en son absence. On citera par exemple à [[Mirecourt]], Louis Pierre Alba, seigneur de Ravon et de Villers, signalé en 1746 pour une vente de terres ; à [[Neufchâteau (Vosges)|Neufchâteau]], de 1765 à 1781, Claude Sauville (vendeur d'un [[gagnage]] à La Neuveville), puis Jean Claude Cherrier (élu député aux états généraux).
Après le [[lieutenant général]], intervenait le lieutenant particulier qui lui venait en aide. C'est ainsi qu'en 1790, Joseph Daniel Maire exerce les fonctions du lieutenant général député à l'Assemblée nationale. Il y avait ensuite un [[assesseur]] et quelques conseillers appelés autrefois [[échevin]]s. Claude Quinot, par exemple, qui fut président du [[Directoire]] du département des Vosges, avait été [[assesseur]] au bailliage de Neufchâteau. Il y avait enfin le [[procureur général]] et son [[substitut du procureur|substitut]]. Parmi les procureurs connus, on citera, par exemple, [[Louis Malcuit]], dépossédé de sa charge par Louis XIII en punition de sa fidélité au duc Charles IV. Sans parler des avocats, des huissiers, des sergents, des notaires, on fera seulement remarquer qu'à part le bailli et ses lieutenants, les autres officiers du bailliage exerçaient des fonctions plutôt judiciaires.
Après le [[lieutenant général]], intervenait le lieutenant particulier qui lui venait en aide. C'est ainsi qu'en 1790, Joseph Daniel Maire exerce les fonctions du lieutenant général député à l'Assemblée nationale. Il y avait ensuite un [[assesseur]] et quelques conseillers appelés autrefois [[échevin]]s. Claude Quinot, par exemple, qui fut président du [[Directoire]] du département des Vosges, avait été [[assesseur]] au bailliage de Neufchâteau. Il y avait enfin le [[procureur général]] et son [[substitut du procureur|substitut]]. Parmi les procureurs connus, on citera, par exemple, [[Louis Malcuit]], dépossédé de sa charge par {{noble-|Louis XIII}} en punition de sa fidélité au duc {{noble-|Charles IV}}. Sans parler des avocats, des huissiers, des sergents, des notaires, on fera seulement remarquer qu'à part le bailli et ses lieutenants, les autres officiers du bailliage exerçaient des fonctions plutôt judiciaires.


=== Prévôtés ===
=== Prévôtés ===
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Ce fut en 1192 que commença l'affranchissement des communes. [[Guillaume aux Blanches Mains|Guillaume]], l'archevêque de Reims, fonda sur ses terres la ville de [[Beaumont-en-Argonne]] et accorda des privilèges à ceux qui viendraient s'y fixer. Sans doute gardait-il son triple caractère de propriétaire privilégié, de justicier et de chef militaire, mais il substituait pour l'avenir des redevances fixes aux exigences arbitraires du passé. La charte ou [[loi de Beaumont]] fut accueillie avec joie comme une amélioration notable dans la condition des personnes. Bientôt les seigneurs l'accordèrent tantôt spontanément, tantôt à la sollicitation de leurs peuples. On appelait cette concession : mettre à la loi ou à la franchise de Beaumont. Les ducs de Lorraine s'empressèrent d'affranchir leurs sujets. Les seigneurs particuliers de leurs États se virent peu à peu contraints de les imiter, ce qui diminua leur puissance au grand avantage du souverain.
Ce fut en 1192 que commença l'affranchissement des communes. [[Guillaume aux Blanches Mains|Guillaume]], l'archevêque de Reims, fonda sur ses terres la ville de [[Beaumont-en-Argonne]] et accorda des privilèges à ceux qui viendraient s'y fixer. Sans doute gardait-il son triple caractère de propriétaire privilégié, de justicier et de chef militaire, mais il substituait pour l'avenir des redevances fixes aux exigences arbitraires du passé. La charte ou [[loi de Beaumont]] fut accueillie avec joie comme une amélioration notable dans la condition des personnes. Bientôt les seigneurs l'accordèrent tantôt spontanément, tantôt à la sollicitation de leurs peuples. On appelait cette concession : mettre à la loi ou à la franchise de Beaumont. Les ducs de Lorraine s'empressèrent d'affranchir leurs sujets. Les seigneurs particuliers de leurs États se virent peu à peu contraints de les imiter, ce qui diminua leur puissance au grand avantage du souverain.


La communauté villageoise, qui possède les forêts et les terres que son seigneur lui a données, s'administre sous le contrôle des officiers du prince : le prévôt et le bailli. À sa tête, se trouve le [[Maire|mayeur]] qui a des pouvoirs très étendus. Il publie les ordonnances du souverain, il fait la déclaration des [[conduit]]s qui doivent payer la redevance, il lève les impôts, il gère les biens particuliers de la communauté, il visite les forêts, les chemins, les fours et les cheminées, il fait des règlements de police, il taxe les amendes pour [[mésus]] champêtres, il juge même en matière civile en première instance. Il est secondé dans sa tâche par : les échevins qui siègent au nombre de trois : le maître échevin appelé parfois lieutenant du maire, l'échevin et le petit échevin, le sergent appelé aussi doyen, et le greffier, du moins à partir de 1583, date de son institution.
La communauté villageoise, qui possède les forêts et les terres que son seigneur lui a données, s'administre sous le contrôle des officiers du prince : le prévôt et le bailli. À sa tête, se trouve le [[Maire|mayeur]] qui a des pouvoirs très étendus. Il publie les ordonnances du souverain, il fait la déclaration des [[Feu fiscal|conduits]] qui doivent payer la redevance, il lève les impôts, il gère les biens particuliers de la communauté, il visite les forêts, les chemins, les fours et les cheminées, il fait des règlements de police, il taxe les amendes pour [[mésus]] champêtres, il juge même en matière civile en première instance. Il est secondé dans sa tâche par : les échevins qui siègent au nombre de trois : le maître échevin appelé parfois lieutenant du maire, l'échevin et le petit échevin, le sergent appelé aussi doyen, et le greffier, du moins à partir de 1583, date de son institution.


Chaque année, vers la Saint-Martin ({{date-|11 novembre}}), a lieu le [[plaid]] annuel. Le dimanche précédent, à la sortie de la messe paroissiale, le maire prévient les habitants, du jour, du lieu et de l'heure où se tiendra le plaid. Tous doivent s'y trouver sous peine d'amende. À l'heure fixée, le maire déclare la séance ouverte, il constate les absences, prononce l'amende à moins d'excuse légitime ; il défend aux habitants de troubler la réunion par des cris ou du bruit et quitter avant la fin. Le greffier lit alors l'énumération des droits, cens et redevances au seigneur. Puis c'est le tour des amendes champêtres encourues dans l'année. Après la lecture de chaque procès-verbal et les observations du délinquant, le maire {{citation|[[échaquer|échaque]]}} (c'est-à-dire {{citation|prononce}}) l'amende. Il doit à son tour rendre compte de son administration, de sa gestion des biens communaux. Après cela, et chaque année, a lieu l'élection par les habitants de nouveaux fonctionnaires : maire, échevin, sergent, greffier, [[bangard]] et forestiers, et la prestation du serment. {{citation|''Le maire qui sort de charge'', dit un ancien compte de La Neuveville (1667), ''reçoit le serment de celui qui entre en icelle.''}} On{{qui}} agrée ensuite le paulier présenté par les décimateurs, on fixe le salaire du maître d'école, du pâtre, on décide des réparations à faire à l'église, à la maison du curé, au pont du ruisseau, au chemin vicinal, on promulgue quelques nouveaux règlements de police dans l'intérêt de tous. On renouvelle les anciens, on rappelle par exemple qu'il est défendu de fréquenter les cabarets, d'anticiper sur les chemins, de faire du charivari aux noces, d'aller dans les écuries avec des lanternes non fermées, d'enlever les grains avant qu'ils soient dîmés, de conduire à l'église des petits enfants qui troubleraient les offices, etc. On termine en rédigeant le procès-verbal de la séance qui est signé par tous les fonctionnaires nommés. Ces plaids annaux qui rappelleraient le souvenir des temps éloignés où le seigneur rassemblait ses sujets pour recevoir leurs hommages, leurs redevances, et leur rendre justice furent organisés d'une manière uniforme en 1598 par une ordonnance de Charles III et durèrent jusqu'à la Révolution.
Chaque année, vers la Saint-Martin ({{date-|11 novembre}}), a lieu le [[plaid]] annuel. Le dimanche précédent, à la sortie de la messe paroissiale, le maire prévient les habitants, du jour, du lieu et de l'heure où se tiendra le plaid. Tous doivent s'y trouver sous peine d'amende. À l'heure fixée, le maire déclare la séance ouverte, il constate les absences, prononce l'amende à moins d'excuse légitime ; il défend aux habitants de troubler la réunion par des cris ou du bruit et quitter avant la fin. Le greffier lit alors l'énumération des droits, cens et redevances au seigneur. Puis c'est le tour des amendes champêtres encourues dans l'année. Après la lecture de chaque procès-verbal et les observations du délinquant, le maire {{citation|[[échaquer|échaque]]}} (c'est-à-dire {{citation|prononce}}) l'amende. Il doit à son tour rendre compte de son administration, de sa gestion des biens communaux. Après cela, et chaque année, a lieu l'élection par les habitants de nouveaux fonctionnaires : maire, échevin, sergent, greffier, [[bangard]] et forestiers, et la prestation du serment. {{citation|''Le maire qui sort de charge'', dit un ancien compte de La Neuveville (1667), ''reçoit le serment de celui qui entre en icelle.''}} On{{qui}} agrée ensuite le paulier présenté par les décimateurs, on fixe le salaire du maître d'école, du pâtre, on décide des réparations à faire à l'église, à la maison du curé, au pont du ruisseau, au chemin vicinal, on promulgue quelques nouveaux règlements de police dans l'intérêt de tous. On renouvelle les anciens, on rappelle par exemple qu'il est défendu de fréquenter les cabarets, d'anticiper sur les chemins, de faire du charivari aux noces, d'aller dans les écuries avec des lanternes non fermées, d'enlever les grains avant qu'ils soient dîmés, de conduire à l'église des petits enfants qui troubleraient les offices, etc. On termine en rédigeant le procès-verbal de la séance qui est signé par tous les fonctionnaires nommés. Ces plaids annaux qui rappelleraient le souvenir des temps éloignés où le seigneur rassemblait ses sujets pour recevoir leurs hommages, leurs redevances, et leur rendre justice furent organisés d'une manière uniforme en 1598 par une ordonnance de {{noble-|Charles III}} et durèrent jusqu'à la Révolution.


Avec le temps, apparaissent quelques modifications dans l'administration des communautés. De bonne heure, le maire a été déchargé de l'administration des forêts qui passe aux [[gruerie]]s. À partir de 1615, il ne lève plus les impôts, cette tâche est confiée à l'élu en attendant l'institution au siècle suivant des [[asséeur|asseyeurs]] et collecteurs. En 1665, le duc Charles IV lui enlève, du moins dans la prévôté de Châtenois, l'administration de la justice en matière civile. Avec le {{s-|XVIII}}, à la suite de l'occupation française, le contrôle du pouvoir ducal s'imposa davantage dans l'administration des communautés. C'est ainsi que l'ordonnance de 1707 complétée par celle de 1753, enleva définitivement aux habitants qui l'exerçaient encore le droit de créer chaque année le maire et autres officiers municipaux. Ceux-ci, nommés par le prévôt, étaient tenus d'accepter et de prêter serment au chef-lieu de la juridiction lorsqu'ils en étaient requis. On lit par exemple dans le compte de 1717 : {{citation|''aux prévôts, substitut et greffier de Châtenois : 3 livres pour création du maire''.}} Après la réorganisation administrative de 1751, le plaid annal continuait cependant d'exister. {{citation|''À ce jour de novembre qu'ils choisiront,'' disait l'ordonnance, ''les maires réuniront la communauté qui devra assister sous peine d'amende pour élire les bangard et forestiers si les asseyeurs et collecteurs, pour indiction des moissons et des vendanges, pour l'établissement des pauliers présentés par les décimateurs, et recevront les serments des dits bangard, forestiers, asseyeurs et collecteurs et pauliers et dresseront procès-verbal.''}}
Avec le temps, apparaissent quelques modifications dans l'administration des communautés. De bonne heure, le maire a été déchargé de l'administration des forêts qui passe aux [[gruerie]]s. À partir de 1615, il ne lève plus les impôts, cette tâche est confiée à l'élu en attendant l'institution au siècle suivant des [[asséeur|asseyeurs]] et collecteurs. En 1665, le duc {{noble-|Charles IV}} lui enlève, du moins dans la prévôté de Châtenois, l'administration de la justice en matière civile. Avec le {{s-|XVIII}}, à la suite de l'occupation française, le contrôle du pouvoir ducal s'imposa davantage dans l'administration des communautés. C'est ainsi que l'ordonnance de 1707 complétée par celle de 1753, enleva définitivement aux habitants qui l'exerçaient encore le droit de créer chaque année le maire et autres officiers municipaux. Ceux-ci, nommés par le prévôt, étaient tenus d'accepter et de prêter serment au chef-lieu de la juridiction lorsqu'ils en étaient requis. On lit par exemple dans le compte de 1717 : {{citation|''aux prévôts, substitut et greffier de Châtenois : 3 livres pour création du maire''.}} Après la réorganisation administrative de 1751, le plaid annuel continuait cependant d'exister. {{citation|''À ce jour de novembre qu'ils choisiront,'' disait l'ordonnance, ''les maires réuniront la communauté qui devra assister sous peine d'amende pour élire les bangard et forestiers si les asseyeurs et collecteurs, pour indiction des moissons et des vendanges, pour l'établissement des pauliers présentés par les décimateurs, et recevront les serments des dits bangard, forestiers, asseyeurs et collecteurs et pauliers et dresseront procès-verbal.''}}


En 1738, l'administration communale en place depuis des siècles, composée du maire, des échevins, du sergent et du greffier, fut singulièrement modifiée par Stanislas. En effet, une des premières ordonnances supprima les échevins et établit un syndic élu chaque année par les habitants, pour la gestion des deniers communaux. Le maire se trouvait ainsi chargé seul de la police, mais était chargé de la comptabilité communale. À partir de cette époque, l'administration de la communauté comprenait donc le maire, son lieutenant, le sergent et le greffier nommés par le prévôt {{citation|''pour l'exercice de la police, l'exécution les ordres de son Altesse et la taxe des amendes champêtres''}}, et de plus, le syndic élu par les habitants pour la gestion des biens communaux. Bientôt, celui-ci, à cause de l'importance de ces fonctions, et aussi parce qu'il était l'élu de la population, prit une influence prépondérante dans les affaires de la communauté. Toutes les pièces de cette époque commencent par ces mots : les syndic, maire et habitants réunis en corps de communauté. Le contrôle établi par Léopold sur l'administration des communautés devint plus rigoureux avec Stanislas, et surtout après la réunion de la Lorraine à la France. Les communautés n'avaient plus aucune liberté, en tout, il leur fallait subir la volonté toute puissante de l'intendant et de son délégué au bailliage. Ce régime dura un demi-siècle ; mais enfin il fallut céder aux réclamations unanimes d’un peuple qui voulait être entendu, qui voulait avoir part à l’administration de ses intérêts.
En 1738, l'administration communale en place depuis des siècles, composée du maire, des échevins, du sergent et du greffier, fut singulièrement modifiée par Stanislas. En effet, une des premières ordonnances supprima les échevins et établit un syndic élu chaque année par les habitants, pour la gestion des deniers communaux. Le maire se trouvait ainsi chargé seul de la police, mais était chargé de la comptabilité communale. À partir de cette époque, l'administration de la communauté comprenait donc le maire, son lieutenant, le sergent et le greffier nommés par le prévôt {{citation|''pour l'exercice de la police, l'exécution les ordres de son Altesse et la taxe des amendes champêtres''}}, et de plus, le syndic élu par les habitants pour la gestion des biens communaux. Bientôt, celui-ci, à cause de l'importance de ces fonctions, et aussi parce qu'il était l'élu de la population, prit une influence prépondérante dans les affaires de la communauté. Toutes les pièces de cette époque commencent par ces mots : les syndic, maire et habitants réunis en corps de communauté. Le contrôle établi par Léopold sur l'administration des communautés devint plus rigoureux avec Stanislas, et surtout après la réunion de la Lorraine à la France. Les communautés n'avaient plus aucune liberté, en tout, il leur fallait subir la volonté toute puissante de l'intendant et de son délégué au bailliage. Ce régime dura un demi-siècle ; mais enfin il fallut céder aux réclamations unanimes d’un peuple qui voulait être entendu, qui voulait avoir part à l’administration de ses intérêts.


L’édit du {{Date-|8|janvier|1787}} créa des [[assemblée provinciale|assemblées provinciales]], les assemblées du district, et réorganisa les assemblées communales. Les assemblées provinciales eurent lieu à Nancy. On s’accordait alors à penser que les assemblées des villages étaient trop nombreuses. On substitua donc aux réunions tumultueuses de toute la communauté, telles qu’elles avaient eu lieu jusquelà, un conseil composé de 3 ou 6 membres suivant les lieux, élus par tous les propriétaires âgés de plus de 25 ans, du seigneur, du curé, du greffier, et d’un syndic également élu, qui devait savoir lire, écrire, et appartenir à la première classe des contribuables.
L’édit du {{Date-|8|janvier|1787}} créa des [[assemblée provinciale|assemblées provinciales]], les assemblées du district, et réorganisa les assemblées communales. Les assemblées provinciales eurent lieu à Nancy. On s’accordait alors à penser que les assemblées des villages étaient trop nombreuses. On substitua donc aux réunions tumultueuses de toute la communauté, telles qu’elles avaient eu lieu jusquelà, un conseil composé de 3 ou 6 membres suivant les lieux, élus par tous les propriétaires âgés de plus de 25 ans, du seigneur, du curé, du greffier, et d’un syndic également élu, qui devait savoir lire, écrire, et appartenir à la première classe des contribuables.
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* [[Augustin Calmet]], ''Notice de la Lorraine : qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'électorat de Trèves, les trois évechés (Metz, Toul, et Verdun) ; l'histoire par ordre alphabétique des villes, etc.'', {{2e}} édition, Lunéville, {{Mme}} George, 1840 ({{1re}} {{éd.}} 1756).
* [[Augustin Calmet]], ''Notice de la Lorraine : qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'électorat de Trèves, les trois évechés (Metz, Toul, et Verdun) ; l'histoire par ordre alphabétique des villes, etc.'', {{2e}} édition, Lunéville, {{Mme}} George, 1840 ({{1re}} {{éd.}} 1756).
* Robert Parisot, ''Histoire de Lorraine (duché de Lorraine, duché de Bar, Trois-Evêchés)''. ''Tome I : des origines à 1552''. ''Tome II : de 1552 à 1789''. ''Tome III : de 1789 à 1919''. - Index alph. des noms de pers. et de lieux, Paris, Picard, 1919-1924. Réimpression anastatique : Bruxelles, 1978, 3 vol. ''in-8'' rel. cart. éd. brun, xiv-520, vi-347 et viii-521-109 pp., pl., 1 carte dépl.
* Robert Parisot, ''Histoire de Lorraine (duché de Lorraine, duché de Bar, Trois-Evêchés)''. ''{{nobr rom|Tome I}} : des origines à 1552''. ''{{nobr rom|Tome II}} : de 1552 à 1789''. ''{{nobr rom|Tome III}} : de 1789 à 1919''. - Index alph. des noms de pers. et de lieux, Paris, Picard, 1919-1924, [[ Réimpression#Réimpression anastatique |réimpression anastatique]] : Bruxelles, 1978, 3 vol. ''in-8'' rel. cart. éd. brun, xiv-520, vi-347 et viii-521-109 pp., pl., 1 carte dépl.
* {{Ouvrage |prénom1=Henry|nom1=Bogdan|lien auteur1=Henry Bogdan|titre=La Lorraine des ducs|sous-titre=sept siècles d'histoire|éditeur=Perrin|collection=Pour l'histoire|lieu=Paris|année=2005|pages totales=291|isbn=2-262-02113-9}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage |prénom1=Henry |nom1=Bogdan |lien auteur1=Henry Bogdan |titre=La Lorraine des ducs |sous-titre=sept siècles d'histoire |éditeur=Perrin |collection=Tempus |lieu=Paris |numéro dans collection=515 |année=2013 |pages totales=310 |format livre=poche |isbn=978-2-262-04275-2}}.}}
* {{Ouvrage |prénom1=Henry|nom1=Bogdan|lien auteur1=Henry Bogdan|titre=La Lorraine des ducs|sous-titre=sept siècles d'histoire|éditeur=Perrin|collection=Pour l'histoire|lieu=Paris|année=2005|pages totales=291|isbn=2-262-02113-9}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage |prénom1=Henry |nom1=Bogdan |lien auteur1=Henry Bogdan |titre=La Lorraine des ducs |sous-titre=sept siècles d'histoire |éditeur=Perrin |collection=Tempus |lieu=Paris |numéro dans collection=515 |année=2013 |pages totales=310 |format livre=poche |isbn=978-2-262-04275-2}}.}}
* {{Ouvrage|prénom1=E. William |nom1=Monter |titre=A Bewitched Duchy |sous-titre=Lorraine and its Dukes, 1477-1736 |éditeur=[[Librairie Droz|Droz]] |collection=Travaux d'Humanisme et Renaissance |numéro dans collection=432 |lieu=Genève |année=2007 |pages totales=176 |isbn=978-2-600-01165-5 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2009-1-page-127.htm#s1n26}}.
* {{Ouvrage|prénom1=E. William |nom1=Monter |titre=A Bewitched Duchy |sous-titre=Lorraine and its Dukes, 1477-1736 |éditeur=[[Librairie Droz|Droz]] |collection=Travaux d'Humanisme et Renaissance |numéro dans collection=432 |lieu=Genève |année=2007 |pages totales=176 |isbn=978-2-600-01165-5 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2009-1-page-127.htm#s1n26}}.
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*{{Ouvrage|auteur1=Marie-José Laperche-Fournel|titre=La Population du duché de Lorraine - De 1580 à 1720|éditeur=Presses Universitaires Nancy|lieu=Nancy|date=01/06/1991|pages totales=236|isbn=2-86480-160-4|isbn2=9782864801603}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Marie-José Laperche-Fournel|titre=La Population du duché de Lorraine - De 1580 à 1720|éditeur=Presses Universitaires Nancy|lieu=Nancy|date=01/06/1991|pages totales=236|isbn=2-86480-160-4|isbn2=9782864801603}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|lien auteur1=Guy Cabourdin|titre=Quand Stanislas régnait en Lorraine|éditeur=Fayard|année=1980|isbn=}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|lien auteur1=Guy Cabourdin|titre=Quand Stanislas régnait en Lorraine|éditeur=Fayard|année=1980|isbn=}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|lien auteur1=Guy Cabourdin|titre=La vie quotidienne en Lorraine aux XVII{{e}} et XVIII{{e}} siècles|éditeur=Hachette|lieu=Paris|année=1984|pages totales=319|isbn=2-01-008206-0}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|lien auteur1=Guy Cabourdin|titre=La vie quotidienne en Lorraine aux {{s2-|XVII|XVIII}}|éditeur=Hachette|lieu=Paris|année=1984|pages totales=319|isbn=2-01-008206-0}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|titre=Lorraine d'hier, Lorraine d'aujourd'hui|éditeur=Presses universitaires de Nancy|année=1987|isbn=2-86480-298-8}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|titre=Lorraine d'hier, Lorraine d'aujourd'hui|éditeur=Presses universitaires de Nancy|année=1987|isbn=2-86480-298-8}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|directeur1=oui|titre=Encyclopédie illustrée de la Lorraine|sous-titre=Histoire de la Lorraine|éditeur=Serpenoise|année=1991|isbn=2-86480-220-1 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1992_num_1992_1_1830_t1_0355_0000_2}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Guy Cabourdin|directeur1=oui|titre=Encyclopédie illustrée de la Lorraine|sous-titre=Histoire de la Lorraine|éditeur=Serpenoise|année=1991|isbn=2-86480-220-1 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1992_num_1992_1_1830_t1_0355_0000_2}}.
* {{Chapitre|prénom1=Léonard|nom1=Dauphant |titre chapitre= Y a-t-il un État en Lorraine ? Le cas du règne de {{souverain-|René Ier}} (1430-1480)|auteurs ouvrage=Thierry Pécout (dir.)|titre ouvrage=Les officiers et la chose publique dans les territoires angevins ({{s mini-|XIII|e}}-{{s-|XV|e}})|sous-titre ouvrage=vers une culture politique ?|lieu=Rome|éditeur=[[Publications de l'École française de Rome]]|collection=Collection de l'École française de Rome|année= 2020|isbn=|lire en ligne=https://books.openedition.org/efr/7418}}.
* {{Chapitre|prénom1=Léonard|nom1=Dauphant |titre chapitre= Y a-t-il un État en Lorraine ? Le cas du règne de {{noble-|René Ier}} (1430-1480)|auteurs ouvrage=Thierry Pécout (dir.)|titre ouvrage=Les officiers et la chose publique dans les territoires angevins ({{s mini-|XIII|e}}-{{s-|XV|e}})|sous-titre ouvrage=vers une culture politique ?|lieu=Rome|éditeur=[[Publications de l'École française de Rome]]|collection=Collection de l'École française de Rome|année= 2020|isbn=|lire en ligne=https://books.openedition.org/efr/7418}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|lien auteur1=Michel Parisse|titre=Histoire de la Lorraine|éditeur=Ouest-France |lieu=Rennes |année=2005 |pages totales=63 |isbn=2-7373-3628-7 |isbn2=9782737336287}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|lien auteur1=Michel Parisse|titre=Histoire de la Lorraine|éditeur=Ouest-France |lieu=Rennes |année=2005 |pages totales=63 |isbn=2-7373-3628-7 |isbn2=9782737336287}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|titre=Allemagne et Empire au Moyen Âge|sous-titre=400-1510|éditeur=Hachette|lieu=Paris|année=2008|numéro d'édition=2|année première édition=2002|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|titre=Allemagne et Empire au Moyen Âge|sous-titre=400-1510|éditeur=Hachette|lieu=Paris|année=2008|numéro d'édition=2|année première édition=2002|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|titre=Noblesse et chevalerie en Lorraine médiévale : les familles nobles du XIe au XIIIe siècle|éditeur=Service des publications de l'Université de Nancy II|année=1982|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur1=Michel Parisse|titre=Noblesse et chevalerie en Lorraine médiévale : les familles nobles du XIe au XIIIe siècle|éditeur=Service des publications de l'Université de {{nobr rom|Nancy II}}|année=1982|isbn=}}
* {{Ouvrage|prénom1=Georges|nom1=Poull|titre=La Maison ducale de Lorraine|sous-titre=étude historique, biographique et généalogique des branches ainée, cadette et illégitime de cette Maison|éditeur=chez l'auteur|collection=Les cahiers d'histoire, de biographie et de généalogie|lieu=Rupt-sur-Moselle|numéro dans collection=3|année=1968|pages totales=90 + 63 + 25 + 68 + 50 + 30 + 28}}{{Commentaire biblio|Sept fascicules au format in-quarto.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Georges|nom1=Poull|titre=La Maison ducale de Lorraine|sous-titre=étude historique, biographique et généalogique des branches ainée, cadette et illégitime de cette Maison|éditeur=chez l'auteur|collection=Les cahiers d'histoire, de biographie et de généalogie|lieu=Rupt-sur-Moselle|numéro dans collection=3|année=1968|pages totales=90 + 63 + 25 + 68 + 50 + 30 + 28}}{{Commentaire biblio|Sept fascicules au format in-quarto.}}
* {{Ouvrage|prénom1=Georges|nom1=Poull|préface=Hubert Collin|titre=La maison ducale de Lorraine devenue la maison impériale et royale d'Autriche, de Hongrie et de Bohême|éditeur=Presses universitaires de Nancy|lieu=Nancy|année=1991|pages totales=592|isbn=2-86480-517-0}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Georges|nom1=Poull|préface=Hubert Collin|titre=La maison ducale de Lorraine devenue la maison impériale et royale d'Autriche, de Hongrie et de Bohême|éditeur=Presses universitaires de Nancy|lieu=Nancy|année=1991|pages totales=592|isbn=2-86480-517-0}}.
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* [[Liste des rois et ducs de Lotharingie]]
* [[Liste des rois et ducs de Lotharingie]]
* [[Liste des ducs de Lorraine]]
* [[Liste des ducs de Lorraine]]
* [[Liste des duchesses de Lorraine]]
* [[Liste des princesses de Lorraine]]
* [[Chambre des comptes de Lorraine]]
* [[Chambre des comptes de Lorraine]]
* [[La Mothe-en-Bassigny]], citadelle lorraine, rasée par Mazarin.
* [[La Mothe-en-Bassigny]], citadelle lorraine, rasée par Mazarin.
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=== Liens externes ===
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== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 13 mars 2024 à 06:43

Duché de Lorraine
(lb) Herzogtum Loutrengen
(de) Herzogtum Lothringen

959 – 1766

Drapeau
Détail
Blason
Détail
Devise « Un pour tout » ou « Une pour toutes »[1]
Description de cette image, également commentée ci-après
L'ouest du Saint-Empire romain germanique en 1400 : le duché de Lorraine est en bleu clair.
Informations générales
Statut Duché, vassal de la Francie orientale, puis du Saint-Empire romain germanique
État souverain du Saint-Empire romain germanique (1542-1766)
Capitale Nancy
Langue(s) Français
Allemand
Lorrain roman
Francique lorrain
Religion Catholicisme, minorité protestante
Monnaie Denier lorrain, teston, florin de Lorraine
Démographie
Population (XVIe siècle) 53 637 conduits en 1538[2], environ 269 000 hab.
Densité (XVIe siècle) En moyenne 4 à 5feux km2, soit environ 20 hab/km2[3].
Histoire et événements
959 Fondation du duché de Haute-Lorraine
1419 Réunion de la Lorraine avec le duché de Bar par Charles II de Lorraine
1477 Bataille de Nancy, maintien de la souveraineté ducale
1542 Le duché devient « libre et non incorporable » au sein du Saint-Empire
1618-1648 Guerre de Trente Ans très dévastatrice et meurtrière pour la Lorraine
1633 à 1690 Occupations successives de la Lorraine indépendante par les troupes françaises jusqu'au retour du duc Léopold Ier
13 février 1737 Le duc François III renonce à ses droits sur le Barrois, puis la Lorraine. Il épouse Marie-Thérèse d'Autriche et devient empereur du Saint-Empire romain germanique. Il fonde ainsi la maison de Habsbourg-Lorraine
1737 Le roi de Pologne détrôné, Stanislas Leszczynski, devient duc de Lorraine
Juin 1751 Réorganisation territoriale (bailliages, prévôtés)
1766 Rattachement à la France
Duc de Lorraine
(1er) 959-978 Frédéric Ier
(Der) 1737-1766 Stanislas Ier

Entités précédentes :

Le duché de Lorraine (en allemand : Herzogtum Lothringen[5]) est un ancien État de type monarchie héréditaire qui existe pendant huit siècles. Il est issu du partage de la Lotharingie en 959 qui scinde ce vaste royaume à dimension européenne[pas clair] en deux duchés distincts : la Basse-Lotharingie et la Haute-Lotharingie. À la suite de nombreux remaniements de son territoire mi-roman mi-germanique, le second duché[4], qui s'étendait encore jusqu'à Coblence à la confluence du Rhin et de la Moselle, actuellement en Allemagne, ainsi que jusque Bouillon en Belgique aujourd'hui, donne progressivement naissance à un duché qui sera le seul et dernier à garder le nom ancestral de Lorraine. Le qualificatif « Haute » sera très vite abandonné car l'État jumeau au nord n'aura qu'une durée de vie éphémère[6] et la distinction entre les deux duchés de l'axe lotharingien ne s'imposait plus.

Ancien État du Saint-Empire romain germanique pendant 804 ans, puis souverain dès 1542 sans être statutairement sorti du Saint-Empire, le duché lorrain dure jusqu'en 1766, date de son intégration dans le royaume de France après une phase transitoire de tutelle française pendant le règne du duc Stanislas Leszczynski (à partir de 1737) et sous le contrôle de l'intendant Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière.

Clarification sémantique

Les actes et documents officiels du Moyen Âge en vieux français régional désignent le duché par le terme « Lohereigne »[7] et les habitants par le gentilé « Loherainc ». Les graphies divergentes sont nombreuses pour ces deux mots mais, dans les faits, tous les termes utilisés pour parler de cette région d’Europe signifient la même chose : « le royaume de Lothaire ». En conséquence, la tentation de penser que Lotharingie et Lorraine représentent des territoires différents est très grande. En réalité, les deux appellations se croisent sans cesse suivant les sources et les actes officiels en fonction de la langue dans laquelle ils sont rédigés; si c'est en latin Lotharii Regnum, si c'est en francique Lotharingen et si c'est en lorrain Loherreine en pensant à prononcer le /H/ aspiré (prononcé : [lohəʁɛjn]. Comme l'administration lorraine ducale adopta très rapidement la langue française pour la rédaction de ses chartes et édits officiels[8], le terme français s'inspire de la forme romane lorraine qui ne peut inclure une aspiration. Lothaire devient « Loher », puis « Lor » et le royaume, « rèyne » ou « rèïgne » devient « raine ». Le même phénomène s'est produit en langue haut-allemande qui s'est inspirée du francique puisque la partie septentrionale de la Lotharingie coïncide totalement avec les terres franciques et bas franciques : Lothaire est « Lothar » et le royaume se dit « ring ». On notera donc que l'allemand n'a pas rendu le « Ring » par « Reich » comme dans Frankreich (France) ou Österreich (Autriche). Il est également intéressant de noter qu'une nouvelle forme latine s'est imposée dans les manuscrits à partir de la forme francique : Lotharingia.

En résumé, eu égard au fait que la Lotharingie était une terre avec deux familles de langues différentes, chaque habitant utilise la forme de sa propre région voire de son patois encore plus localisé. La forme latine était forcément plus représentée à l'écrit. Alta Lotharingia, Haute-Lorraine et Oberlothringen ne sont que trois formes phonétiques du même territoire. Toutefois, la recherche historique a introduit un nouveau concept sur la base du mot latin : la « Lotharingie ». Le but consiste à éviter d'utiliser le mot « Lorraine » quand il s'agit de parler du grand duché souche antérieur au duché de Haute-Lorraine. Pour éviter le télescopage avec le nom d'une région que chacun identifie aujourd'hui avec la région française, les historiens ont choisi d'utiliser le terme francisé « Lotharingie » car non seulement la superficie de ce duché mais aussi sa structure bigarrée et son fonctionnement divergeaient clairement de ceux du duché lorrain après l'an 1000.

Géographie

Haute-Lorraine

Provinces ecclésiastiques dans le Saint-Empire au XVIe siècle. La province de Trèves (ici Trier) indique le territoire du premier duché de Haute-Lorraine.

Le territoire de Haute-Lorraine (ou Haute-Lotharingie) coïncide en 959 au moment de sa création à la province ecclésiastique de Trèves comprenant l'archidiocèse de Trèves et les diocèses suffragants de Metz, Toul et Verdun. Il inclut également trois sous-divisions du diocèse de Reims actuel (Mézières, Mouzon, Doulcon)[4]. La Lorraine initiale s'organise autour de la Moselle de sa source au pied du col de Bussang dans les Vosges à sa confluence avec le Rhin à Coblence.

La Haute-Lorraine originelle était donc plus germanophone que ne le sera le futur duché de Lorraine puisqu'il faut y ajouter les populations germanophones du Palatinat, de la Sarre, de la principauté épiscopale de Trèves, le Luxembourg, le pays d'Arlon et d'Eupen en Belgique. On notera qu'il s'agit de régions appartenant à l'aire linguistique francique. Une partie de la Wallonie méridionale renforce l'aire francophone. Vu sous cet angle, on est moins surpris de constater la présence de Lorrains germanophones dans la partie septentrionale du futur duché, appelée alors Lorraine allemande ; le tracé des frontières ultérieur a coupé leur territoire d'une aire mosellane, sarroise et palatine initialement plus vaste. La parenté culturelle et linguistique ne fait du coup aucun doute et n'a rien à voir avec une quelconque invasion ou occupation des Allemands des siècles plus tard. La Lorraine a démarré son histoire clairement comme un État bilingue ou plutôt diglossique et l'est restée jusqu'à son annexion progressive à la France au XVIIIe siècle même si la perte des terres germanophones au nord de la Haute-Lorraine a donné l'avantage numérique aux francophones par la suite. La plus grande cité médiévale lorraine était sans conteste Metz, ville romane, une fois qu'on avait enlevé Trèves la germanique.

L'évêché de Trèves devient une principauté archiépiscopale souveraine avec un statut d'électorat en 1198 ce qui lui permet de siéger à la diète impériale dans le collège des prélats princes-électeurs aux côtés des princes-archevêques de Mayence et de Cologne. Il a donc quitté le giron de Haute-Lorraine très tôt en l'amputant d'une partie non négligeable du territoire initial mais en gagnant en influence et en pouvoir au sein du Saint-Empire romain germanique comparé aux ducs de Lorraine qui devront patienter quelques siècles pour agrandir leur duché et gagner en pouvoir par rapport à leurs voisins et ennemis. En revanche l'archevêque de Trèves restera le métropolitain des diocèses lorrains jusqu'au concordat de 1801 qui les fait passer dans la province ecclésiastique de Besançon[9].

Quand, en 1139, le comté de Luxembourg est inféodé par l'empereur Lothaire III à Henri IV de Luxembourg, comte de Namur, le territoire au nord-ouest de la Haute-Lorraine passe dans le giron de la Basse-Lotharingie. Cela inclut la région de Thionville, aujourd'hui en Lorraine, mais autrefois au Luxembourg et donc quelque temps aussi dans les Pays-Bas espagnols. Les frontières du futur duché de Lorraine et celles du duché de Bar voisin commencent par conséquent à se préciser voire se stabiliser pour quelque temps. Les conflits territoriaux se sont multipliés pendant des siècles depuis l'éclatement de l'empire carolingien entre la maison d'Ardenne[10], les évêchés de Metz, Trèves et Verdun, la ville libre de Metz, les comtes du Luxembourg, la maison de Nassau et la maison de Lorraine[11].

Géographiquement le territoire du duché de Lorraine déplace son centre de gravité vers le sud de l'ancienne Haute-Lorraine où les ducs devront créer une capitale au fur et à mesure que leurs pouvoirs régaliens croîtront pour diverses raisons géopolitiques. La résistance farouche de la cité messine et des évêques de Metz très possessionnés sur le sol lorrain conduit les futurs ducs de Lorraine à se résigner à ne pas avoir l'ancienne capitale austrasienne comme capitale de leur propre duché même si les souverains lorrains suivants feront encore de nombreuses tentatives d'incorporation de cette ville au potentiel symbolique fort. Amputée de la plupart de ses terres germanophones au nord, la Lorraine ducale devient majoritairement francophone et se positionne davantage dans une aire géographique et culturelle plutôt homogène entre la Champagne et la Franche-Comté. De fait, le comté de Bitche germanophone fut vendu au comté de Deux-Ponts-Bitche en 1297, le comté de Dabo avait sa propre histoire dans le giron alsacien et le pays sarrois resta encore quelque temps dans la sphère d'influence des Nassau-Sarrebruck. La superficie de l'ancien département de la Meurthe et de l'actuel département des Vosges forme dorénavant le gros du territoire lorrain historique sur des siècles.

Duché de Lorraine

Les villes principales étaient Nancy, la capitale, Épinal, Lunéville, Sarreguemines, Commercy, Saint-Dié-des-Vosges, Château-Salins, Remiremont, Blâmont… Les frontières bordaient le duché de Bar (qui lui fut uni en 1419), la principauté épiscopale de Verdun, la principauté épiscopale de Metz, la principauté épiscopale de Toul, la Franche-Comté, l'Alsace, la Sarre, la principauté de Salm et le comté de Sarrewerden.

La majeure partie du duché est comprise dans l'ancienne région Lorraine.

La frontière entre le duché et le comté de Bourgogne ne fut fixée qu'en 1704, par le traité de Besançon qui partagea les terres de surséance entre le duché et le royaume de France.

Le duché comprenait, en Alsace, la partie du val de Lièpvre située sur la rive gauche de la Lièpvrette : Bois-l'Abbesse, Grand-Rombach, Hingrie, Allemand-Rombach, Lièpvre, Montplaisir, Musloch, Petit-Rombach, Sainte-Croix-aux-Mines, Saint-Hippolyte, une partie de Sainte-Marie-aux-Mines, Stimbach et Vraie-Côte.

Le duché comprenait, en Sarre, Kastel, Buweiler, Rathen et Kostenbach ainsi que Freisen.

Il comprenait aussi, en Rhénanie-Palatinat, Hoppstädten, Heimbach, Vertenstein, Weiersbach, Bleiderdingen et Leitzweiler.

Le duché de Lorraine (sans le duché de Bar) dans ses limites du milieu du XVIIIe siècle et les communes et départements actuels.

Histoire

Formation du duché

La Basse-Lotharingie et la Haute-Lotharingie vers l'an 1000.

Le territoire de la Lorraine s'est constitué à l'issue de plusieurs partages.

En 843, par le traité de Verdun, les fils de Louis le Pieux se partagèrent l'Empire carolingien. Le territoire de la future Lorraine revint à Lothaire Ier[12]. En 855, à la mort de Lothaire Ier, ses fils se partagèrent son royaume et la partie nord revint à Lothaire II. Son royaume est désigné par Lotharii regnum, qui se déformera en Lotharingie. À la mort de Lothaire II (869), la Lotharingie fut partagée par ses deux oncles par le traité de Meerssen, mais Louis le Jeune en réunit les deux parties par le traité de Ribemont. À partir de 901, la Lotharingie fut confiée par le roi de Germanie puis l'empereur à des ducs, mais l'importance de ce duché, qui était l'un des cinq « duchés ethniques » de Germanie et une frontière face au royaume de France, ainsi que les fréquentes révoltes des ducs de Lotharingie, conduisirent en 959 Brunon de Cologne, duc de Lotharingie, et son frère l'empereur Otton Ier, à diviser la Lotharingie en deux : la Basse-Lotharingie, correspondant globalement à l'actuel Benelux, et la Haute-Lotharingie, qui deviendra le duché de Lorraine.

La Haute-Lotharingie correspondait à toute la partie de la province de Trèves située sur la rive gauche du Rhin, c'est-à-dire aux diocèses de Metz, Toul, Verdun et à la portion la plus considérable de celui de Trèves ; elle comprenait en outre la petite portion du diocèse propre de Reims qui embrassait les anciens pagi de Mouzon, de Castrice et du Dormois[13].

Ce dernier duché dépendra toujours du Saint-Empire romain germanique[14], jusqu'à l'accord qui le donna à la France en 1766. Les ducs se succédaient dynastiquement ; jusqu'à Charles Quint qui renonça à cette prérogative, ils avaient néanmoins besoin de l'investiture de l'Empereur.

La Haute-Lotharingie

Le duc Brunon installa comme vice-duc de Haute-Lotharingie le comte de Bar Frédéric, de la maison d'Ardennes. Ce dernier prit le titre de duc de Haute-Lotharingie en 977, et la charge se transmit à ses descendants, jusqu'à Frédéric III, qui mourut en 1033. Le duché fut alors confié à un cousin, Gothelon Ier, qui était déjà duc de Basse-Lotharingie. À sa mort en 1044, son fils Godefroy II le Barbu lui succéda en Haute-Lotharingie, mais la Basse-Lotharingie ne lui fut pas attribuée[15]. Irrité, il se révolta en 1046, mais fut vaincu, et la Haute-Lotharingie lui fut reprise. L'empereur Henri III nomma alors le comte de Metz, Adalbert d'Alsace, à la tête du duché de Haute-Lotharingie, dénommé depuis duché de Lorraine. Adalbert est alors considéré comme le premier duc de Lorraine. Au cours du XIe siècle, les villes de Trèves, de Luxembourg, ainsi que Coblence et Prüm ainsi que les entités dont elles font partie passent aux mains du duc de Basse-Lotharingie, dont le duché sera démantelé par les États qui le composent et éclatera définitivement à la fin du XIIe siècle.

Les différents troubles qui agitèrent le duché pendant cette période firent que certains seigneurs lorrains se révoltèrent et se rendirent plus ou moins indépendants :

Ces différents territoires formèrent des enclaves dans le duché de Lorraine ; ils échappaient à l'autorité du duc et connurent leur propre histoire.

La maison d'Alsace

Premières armes des ducs de Lorraine, utilisées dès Ferry Ier.

Godefroy II, l'ancien duc évincé, ne s'avouait pas vaincu. Il fit assassiner Adalbert, à qui succéda en 1048, par la volonté de l'empereur, son frère Gérard d'Alsace. Celui-ci est pour l'Histoire Gérard Ier de Lorraine, fondateur de la maison de Lorraine qui régna jusqu'en 1737. Il fit édifier un château seigneurial à proximité d'une petite bourgade (Nanceio) qui devint plus tard la capitale des ducs : Nancy. À la mort de Gérard, Louis de Montbéliard, seigneur de Mousson, comte de Bar et beau-frère de Frédéric III contesta la succession à Thierry II d'Alsace. L'empereur trancha en faveur de Thierry, mais il devait subsister une rivalité entre les ducs de Lorraine et les comtes de Bar, qui perdurera jusqu'en 1420. Les ducs lorrains furent des fidèles de l'empereur, mais gardèrent une prudente réserve pendant la querelle des Investitures. Au XIIIe siècle, Thiébaud Ier qui combattit au côté d'Othon IV de Brunswick à Bouvines, fut fait prisonnier. Libéré, il lutta contre Frédéric II de Hohenstaufen, qui incendia Nancy. Des litiges avec le comte de Champagne où il fut également vaincu l'obligèrent à se déclarer vassal du comte de Champagne pour quelques fiefs situés à l'ouest de ses États.

Quelque 70 ans plus tard, le mariage entre Jeanne de Champagne et Philippe IV le Bel le plaça dans la vassalité directe du roi de France. L'influence française commença à se faire sentir en Lorraine. Le duc Raoul combattit à Crécy aux côtés des Français, et y fut tué, en 1346. Son petit-fils Charles II, prit le parti de la Bourgogne dans le conflit des Armagnacs et des Bourguignons, mais après la mort de Jean sans Peur et avec la politique ouvertement pro-anglaise de Philippe III le Bon, il opta pour une politique de neutralité et maria en 1420 sa fille Isabelle avec René Ier d'Anjou, un prince capétien de la maison d'Anjou-Valois, héritier du comté de Bar, et futur beau-frère du roi Charles VII.

De René Ier d'Anjou aux guerres de religion

Mort de Charles le Téméraire en 1477.
Charles III « le Grand » (1543-1608).

À Charles II succéda sa fille Isabelle Ire de Lorraine ; l'époux d'Isabelle, René Ier d'Anjou, déjà duc de Bar, prit également le titre de duc de Lorraine. Mais la succession fut également revendiquée par Antoine, comte de Vaudémont, neveu de Charles II, en tant que plus proche héritier par les mâles. Antoine fut soutenu par Philippe III le Bon, duc de Bourgogne ; René, battu en 1431 à Bulgnéville, fut emmené en captivité à Dijon. Il ne fut libéré qu'en 1437 ; étant devenu entretemps duc d'Anjou, comte de Provence et roi de Naples, il quitta la Lorraine pour rejoindre ses nouveaux États, laissant la Lorraine à son fils Jean II (Jean de Calabre). En 1473, le duché passa à René II, petit-fils à la fois de René Ier et d'Antoine de Vaudémont. Il dut défendre son duché contre Charles le Téméraire, qui mourut devant Nancy en 1477 (cf. bataille de Nancy). Mais René se brouilla avec Louis XI, qui lui refusa l'héritage de son grand-père et notamment le duché d'Anjou. René II se rapprocha alors de l'Empire. Pour échapper à la suzeraineté française, il légua tous ses domaines français, dont le comté de Guise, à son second fils Claude, qui fut naturalisé français par le roi François Ier et fut la tige de la maison de Guise.

Antoine Ier, le fils aîné de René II, se rapprocha de la France et intervint avec vigueur durant la guerre des paysans. Celle-ci avait éclaté dans le Saint-Empire, essaimé dans la partie germanophone du duché ainsi qu'en Alsace. En 1542, le traité de Nuremberg fit du duché de Lorraine un État souverain affranchi de la vassalité à l'empereur. Par la suite, le duc de Lorraine reprit part aux affaires de l'Empire par l'acquisition du titre de marquis de Nomeny qui lui donnait droit de vote aux Diètes. En 1552, le roi de France Henri II prit les Trois-Évêchés. L'empereur Charles Quint avait alors renoncé à sa suzeraineté sur la Lorraine qui devint pour lors indépendante. Durant les guerres de religion, le duc Charles III soutint la Sainte-Ligue, dirigée par ses cousins de Guise, mais refusa d'intervenir directement dans les conflits. À la mort du roi Henri III, Charles n'accepta pas que la France revienne à un protestant et proposa la candidature de son propre fils, le prince héréditaire Henri de Lorraine, neveu d'Henri III de France par sa mère Claude de France. Mais la Ligue lui apporta peu de soutien, et la conversion d'Henri IV mit un terme à cette prétention ; pour sceller la réconciliation, le prince Henri de Lorraine épousa la sœur d'Henri IV, Catherine de Bourbon.

Entre France et Autriche

Charles IV (1604-1675).
Le duché de Lorraine (en jaune), pendant la période 1618-1648.

La mort du duc Henri II (1624) annonça une succession difficile. Un testament de René II retrouvé fort à propos avait précisé que la Lorraine ne devait se transmettre qu'en lignée masculine, mais Henri II, sans fils, avait désigné selon la tradition pour lui succéder sa fille Nicole, mariée à son cousin germain, Charles de Vaudémont, qui devait tenir le rôle de « duc consort ». Mais Charles poussa son père François de Vaudémont, le frère cadet du défunt duc, à revendiquer le duché : il obtint gain de cause un an plus tard, mais abdiqua presque aussitôt en faveur de son fils. Nicole était ainsi évincée de la succession malgré les dispositions de son père, et Charles recevait la pleine souveraineté. Le roi de France Louis XIII ayant manifesté son opposition à cette succession, Charles IV se rapprocha des Habsbourg de Vienne, ayant déjà combattu à leurs côtés les princes protestants, et accueillant dans ses États les opposants au roi de France et notamment le duc d'Orléans, frère et héritier de Louis XIII qui avait épousé la sœur du duc Marguerite de Lorraine.

Les troupes françaises occupèrent la Lorraine et Charles IV dut abdiquer en 1634 en faveur de son frère Nicolas-François, jugé plus malléable par Richelieu et le roi de France. Le roi de France désire aussi s'emparer de la sœur de la duchesse Nicole, héritière potentielle des duchés, et la marier à un gentilhomme français. Nicolas-François, évêque à titre honorifique, s'octroie une dispense canoniale l'autorisant à renoncer à la vie ecclésiale, et à épouser sa cousine Claude, autant d'initiatives qui seront approuvées par le pape a posteriori. Le couple échappe à la tutelle française en s'enfuyant le , trouve refuge en Toscane auprès de leur tante la grande-duchesse Christine de Lorraine, épouse de Ferdinand Ier de Médicis. La duchesse Nicole, abandonnée de tous est emmenée à Paris, mi-hôte d'honneur mi-otage.

En 1635, les troupes de Gustave-Adolphe, roi de Suède, ravagent la Lorraine tandis que Charles IV tente de reconquérir son duché mais sans succès, et la Lorraine est de nouveau ravagée puis occupée par les Français. Les Trois-Évêchés sont définitivement réunis à la France en 1648, les duchés lorrains, après une brève accalmie entre 1641 et 1644, restent occupés par les troupes françaises. À l'exception de brèves périodes, les ducs ne pourront plus séjourner en Lorraine jusqu'en 1697 : par le traité de Ryswick, Louis XIV rend alors le duché au duc Léopold, né à la cour de Vienne, mais qui épousa pour l'occasion une des nièces du roi de France, la princesse Élisabeth-Charlotte d'Orléans. À cette époque, la Lorraine est non seulement enclavée en territoire français car l'Alsace et la Franche-Comté sont devenues françaises, mais aussi les Trois-Évêchés et la Route d'Alsace — étant également aux mains de la France — sont autant d'obstacles à la souveraineté du jeune duc. De plus, sur le plan spirituel, il n'y a toujours pas d'évêché lorrain et les titulaires des trois diocèses locaux, Toul, Metz et Verdun, gentilshommes français, sont autant de relais de l'influence française auprès des populations lorraines.

Léopold Ier (1679-1729).

Le duc Léopold Ier de Lorraine et de Bar qui arrive à Nancy en 1697 est un jeune homme de 18 ans dont les États patrimoniaux sont exsangues et la marge de manœuvre étroite. Filleul et neveu de l'empereur, il épouse quelques mois plus tard la nièce du roi de France. Néanmoins, le déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne entraîne une nouvelle occupation (pacifique cette fois) des duchés par les troupes françaises ; Léopold et sa cour quittent Nancy pour s'établir au « Versailles lorrain », le château de Lunéville. Avec la mort de Louis XIV et la Régence, les relations entre la Lorraine et la France se détendent : le régent est le frère de la duchesse et un traité de rectification de frontières favorable à la Lorraine est signé en 1718. Nonobstant, en 1720, la tentative de création d'un évêché lorrain étant sur le point d'aboutir puisque le pape y consent, l'opposition française fait échouer le projet et les relations franco-lorraines en pâtissent. Le mariage de Louis XV avec une princesse polonaise en exil et sans fortune plutôt qu'avec une de ses cousines lorraines exaspérera la rancœur de Lunéville envers Versailles.

Déjà en 1723, le prince François héritier du trône avait été envoyé terminer son éducation à Vienne, le duc et la duchesse espérant marier le futur duc de Lorraine à l'héritière de l'empereur. En effet, si les ducs de Lorraine, depuis Charles V, se sont rapprochés des Habsbourg d'Autriche ; un mariage autrichien va pourtant les amener à céder la Lorraine à la France.

Annexion à la France

Le roi Stanislas créant le marquis de La Galaizière chancelier de Lorraine au château de Meudon le 18 janvier 1737.

En 1736, le fils de Léopold, devenu François III, épouse l'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche, héritière des Habsbourg. Par ce mariage, il peut devenir empereur, et apporter ainsi ses duchés aux Habsbourg, les protégeant à jamais des convoitises françaises. Or, l'Alsace et la Franche-Comté ont été progressivement annexées au royaume de France au cours du règne de Louis XIV. Dans cette situation, la Lorraine et le Barrois sont quasiment une enclave étrangère dans le territoire français : Louis XV et le cardinal de Fleury refusent de les voir passer totalement entre les mains d'une grande puissance étrangère, qui plus est l'Empire, son ennemi héréditaire. Louis XV et l'empereur Charles VI concluent alors un accord qui s'articule avec les dispositions du traité de Vienne (1738), en vertu de quoi François abandonne la Lorraine à la France pour la Toscane dont le grand-duc se meurt sans héritier ; en compensation, la France accepte la Pragmatique Sanction de l'Empereur qui fait de Marie-Thérèse son héritière (conjointement avec son futur époux, François).

Les Lorrains sont pourtant fidèlement attachés à leur maison souveraine. Afin de ménager les susceptibilités, de ne plus subir la gêne d'être le gendre d'un prince proscrit, de faire plaisir à sa femme et de donner un état stable et lucratif à ce beau-père qu'il méprise, Louis XV n'annexe pas immédiatement les duchés à la France : il les remet, à titre viager, à son beau-père l'ex-roi de Pologne Stanislas Leszczyński, qui en est à partir de 1737 le dernier duc souverain. En contrepartie, Stanislas accepte la nomination par son gendre d'un chancelier qui exercera la réalité du pouvoir et préparera l'annexion proprement dite des duchés. Le pouvoir militaire est confié au duc de Belle-Isle déjà titulaire de la charge pour les Trois-Évêchés.

À la duchesse douairière de Lorraine est laissée la minuscule principauté souveraine de Commercy recréée pour l'occasion. La duchesse s'y retire après avoir brillamment célébré les noces de sa fille aînée avec le roi de Sardaigne. Elle meurt à Commercy quelques mois avant l'élection de son fils comme empereur.

Stanislas, ayant régné près de trente ans, meurt accidentellement en . La Lorraine et le Barrois sont définitivement annexés à la France et réorganisés.

Administration ducale

Siège administratif de Lorraine 1705

À la tête de la hiérarchie, se trouvait le duc de Lorraine et de Bar. Toutefois, ce serait une erreur de croire[évasif] qu'avant la Révolution, on ne connaissait que le régime du pouvoir absolu. Ici, du moins jusqu'au XVIIe siècle, le gouvernement était vraiment[Quoi ?] constitutionnel.

États généraux

Chaque année, en effet (plus souvent même quand les circonstances l'exigeaient), les états généraux de Lorraine se réunissaient, généralement à Nancy. Ils comprenaient :

  • la noblesse, c'est-à-dire les membres de l'ancienne chevalerie lorraine dont les chefs de famille composaient le Ban ducal (la magistrature suprême du duché), et avec le temps, les anoblis, non pas un certain nombre d'entre eux, mais tous ceux qui voulaient s'y rendre,
  • le clergé (non pas des membres élus dans son sein, mais ceux qui occupaient telle ou telle situation privilégiée, comme le doyen de la Primatiale de Nancy ou le prieur de Châtenois),
  • le tiers état, c'est-à-dire les députés des villes ou des bourgades entourées de murailles, nombreuses en Lorraine au Moyen Âge.

La puissance des états généraux était très grande : succession au trône, tutelle du duché, lois et impôts, toutes les affaires importantes étaient soumises à leur décision. On voyait rarement le duc modifier ce qu'ils avaient résolu. C'était une garantie pour le peuple, mais une gêne pour la puissance ducale qui chercha à s'affranchir de ce contrôle. La réunion de 1629 fut la dernière, Charles IV remit toujours à plus tard la convocation des états généraux et l'occupation de la Lorraine par les Français favorisa son dessein. Après le traité de Ryswick en 1697, Léopold se garda bien de rétablir les états, malgré toutes les réclamations. Faisant de son duché une petite monarchie absolue à l'image de la grande dont il était le voisin, il y leva des impôts sans contrôle, il y rendit souverainement la justice. Du reste, son peuple n'en fut pas plus malheureux, tant il avait à cœur de lui faire du bien. Son fils François III l'imita. Mais après son départ pour l'Autriche en 1737, les Lorrains durent subir les ordres d'un intendant sans pitié, représenté au bailliage par son subdélégué : ils eurent beaucoup à souffrir des abus et de la détresse financière du gouvernement sous lequel ils passaient. Aussi accueillirent-ils avec joie, en 1789, la réunion des états généraux qui rappelaient une de leurs plus anciennes institutions et qui dans leur pensée devait mettre fin à leurs maux !

Conseil d'État

Du temps des états généraux, comme après leur suppression, le duc de Lorraine exerçait son gouvernement par son Conseil d'État, plus souvent appelé Conseil privé, qu'il présidait tous les jours.

Déjà parfaitement organisé au XVIe siècle sous le régime de Charles III, ce Conseil vit François III en 1729 et Stanislas à son arrivée en Lorraine (1737) en modifier sa composition, mais ses attributions restèrent à peu près les mêmes. Comme de nos jours, dans notre Conseil des ministres, on traitait ce qui concernait la bonne administration des duchés de Lorraine et de Bar, puis, le conseil terminé, les secrétaires (comme les actuels employés de ministères) rédigeaient les instructions à donner à l'intérieur et à l'extérieur, car le duc de Lorraine entretenait aussi des ambassadeurs dans la plupart des cours étrangères.

Bailliages

Hiérarchie des offices du duché de Lorraine.

Les ducs de Lorraine établirent sur leurs terres les 3 bailliages de : Nancy (dit aussi Bailliage françois), de Vôge et d'Allemagne, zones administratives se répartissant les prévôtés. À la tête du bailliage se trouvait le bailli, chef du pouvoir civil. C'est à lui que le duc de Lorraine adressait ses ordonnances : lettre de S.A. aux baillis de chaque province :

  • sur les levées de gens de guerre,
  • pour transporter le grain en lieu clos et fortifié,
  • sur les précautions à prendre contre la contagion,
  • mandement de S.A. au sieur bailli de Vôge pour le fait de la chasse,
  • pour faire informer contre le receveur de Neufchâteau sur des levées de deniers, etc.

Le bailli devait faire publier l'ordonnance au chef-lieu de bailliage, la transmettre aux prévôts, et veiller à ce que ceux-ci la fassent publier et exécuter.

« Et enfin que nul n'en prétende ignorance, vous ferez publier cette nostre présente ordonnance à cri public et commanderez à tous les prévôts de tenir la main et avoir l’œil, que le contenu soit entretenu, sur peine d'en répondre. Sy n'y ferez faute, car ainsi nous plaît. »

Chef du pouvoir judiciaire, le bailli présidait le tribunal du bailliage et même celui des Assises, mais il n'avait pas voix délibérative, ses fonctions se bornaient aux actes préparatoires et exécutoires de la justice. Chef militaire, le bailli enrôle les hommes nécessaires, les conduit à l'armée ducale, leur commande en temps de guerre. En temps de paix, les troupes en garnison obéissent au bailli comme au chef de leur province. Dans l'organigramme hiérarchique, après le bailli, venait le lieutenant général. Il aidait le bailli et le remplaçait en son absence. On citera par exemple à Mirecourt, Louis Pierre Alba, seigneur de Ravon et de Villers, signalé en 1746 pour une vente de terres ; à Neufchâteau, de 1765 à 1781, Claude Sauville (vendeur d'un gagnage à La Neuveville), puis Jean Claude Cherrier (élu député aux états généraux).

Après le lieutenant général, intervenait le lieutenant particulier qui lui venait en aide. C'est ainsi qu'en 1790, Joseph Daniel Maire exerce les fonctions du lieutenant général député à l'Assemblée nationale. Il y avait ensuite un assesseur et quelques conseillers appelés autrefois échevins. Claude Quinot, par exemple, qui fut président du Directoire du département des Vosges, avait été assesseur au bailliage de Neufchâteau. Il y avait enfin le procureur général et son substitut. Parmi les procureurs connus, on citera, par exemple, Louis Malcuit, dépossédé de sa charge par Louis XIII en punition de sa fidélité au duc Charles IV. Sans parler des avocats, des huissiers, des sergents, des notaires, on fera seulement remarquer qu'à part le bailli et ses lieutenants, les autres officiers du bailliage exerçaient des fonctions plutôt judiciaires.

Prévôtés

À la tête de la prévôté, se trouvait le prévôt, qui y exerçait un triple pouvoir : civil, judiciaire et militaire. Il faisait publier et adressait aux maires les ordonnances ducales qu'il recevait du bailli. Il poursuivait les malfaiteurs, surveillait les foires et rendait la justice en temps de paix. En temps de guerre, il commandait le contingent de sa circonscription territoriale. On conçoit que le prévôt n'ait pas toujours eu à se louer de soldats levés sans aucune préparation. Dans la guerre des Rustauds, en 1525, le duc Antoine, par exemple, fut si mécontent de l'indiscipline des contingents de Châtenois et de Dompaire qu'il les renvoya dans leur pays.

Au-dessous du prévôt se trouvait son lieutenant. Avec eux, il y avait un assesseur, un substitut du procureur général. Un huissier, un sergent, un greffier complétaient le tribunal de la prévôté. Ici, comme au chef-lieu du bailliage, les offices, à part ceux du prévôt et de son lieutenant, étaient plutôt des offices de judicature.

Municipalités et communautés villageoises

Avant d'avoir une administration commune, les habitants des villages étaient taillables et corvéables à merci, ils étaient la chose du seigneur. L'origine de ce pouvoir absolu d'une caste privilégiée sur la masse a des causes multiples :

  1. La constitution de la propriété rurale telle qu'elle était dans la Gaule romaine, c'est-à-dire l'existence de grands domaines possédés par des nobles et cultivés par des esclaves qui y restaient et qu'on vendait avec le fonds ;
  2. Les invasions des Barbares pendant lesquelles les populations sans défense achetaient la protection des grands propriétaires devenus guerriers, en aliénant ce qui leur restait de liberté ;
  3. La disparition avec les derniers Carolingiens du pouvoir central qui cessa de gouverner, de défendre ses sujets et abandonna aux grands propriétaires tous les soins d'ordre public, comme la police et la justice. Au fur et à mesure que ce pouvoir se rétablit et se fortifie en Lorraine avec les ducs et en France avec les Capétiens, la puissance des seigneurs diminue, les sujets recouvrent une certaine indépendance.

Ce fut en 1192 que commença l'affranchissement des communes. Guillaume, l'archevêque de Reims, fonda sur ses terres la ville de Beaumont-en-Argonne et accorda des privilèges à ceux qui viendraient s'y fixer. Sans doute gardait-il son triple caractère de propriétaire privilégié, de justicier et de chef militaire, mais il substituait pour l'avenir des redevances fixes aux exigences arbitraires du passé. La charte ou loi de Beaumont fut accueillie avec joie comme une amélioration notable dans la condition des personnes. Bientôt les seigneurs l'accordèrent tantôt spontanément, tantôt à la sollicitation de leurs peuples. On appelait cette concession : mettre à la loi ou à la franchise de Beaumont. Les ducs de Lorraine s'empressèrent d'affranchir leurs sujets. Les seigneurs particuliers de leurs États se virent peu à peu contraints de les imiter, ce qui diminua leur puissance au grand avantage du souverain.

La communauté villageoise, qui possède les forêts et les terres que son seigneur lui a données, s'administre sous le contrôle des officiers du prince : le prévôt et le bailli. À sa tête, se trouve le mayeur qui a des pouvoirs très étendus. Il publie les ordonnances du souverain, il fait la déclaration des conduits qui doivent payer la redevance, il lève les impôts, il gère les biens particuliers de la communauté, il visite les forêts, les chemins, les fours et les cheminées, il fait des règlements de police, il taxe les amendes pour mésus champêtres, il juge même en matière civile en première instance. Il est secondé dans sa tâche par : les échevins qui siègent au nombre de trois : le maître échevin appelé parfois lieutenant du maire, l'échevin et le petit échevin, le sergent appelé aussi doyen, et le greffier, du moins à partir de 1583, date de son institution.

Chaque année, vers la Saint-Martin (), a lieu le plaid annuel. Le dimanche précédent, à la sortie de la messe paroissiale, le maire prévient les habitants, du jour, du lieu et de l'heure où se tiendra le plaid. Tous doivent s'y trouver sous peine d'amende. À l'heure fixée, le maire déclare la séance ouverte, il constate les absences, prononce l'amende à moins d'excuse légitime ; il défend aux habitants de troubler la réunion par des cris ou du bruit et quitter avant la fin. Le greffier lit alors l'énumération des droits, cens et redevances au seigneur. Puis c'est le tour des amendes champêtres encourues dans l'année. Après la lecture de chaque procès-verbal et les observations du délinquant, le maire « échaque » (c'est-à-dire « prononce ») l'amende. Il doit à son tour rendre compte de son administration, de sa gestion des biens communaux. Après cela, et chaque année, a lieu l'élection par les habitants de nouveaux fonctionnaires : maire, échevin, sergent, greffier, bangard et forestiers, et la prestation du serment. « Le maire qui sort de charge, dit un ancien compte de La Neuveville (1667), reçoit le serment de celui qui entre en icelle. » On[Qui ?] agrée ensuite le paulier présenté par les décimateurs, on fixe le salaire du maître d'école, du pâtre, on décide des réparations à faire à l'église, à la maison du curé, au pont du ruisseau, au chemin vicinal, on promulgue quelques nouveaux règlements de police dans l'intérêt de tous. On renouvelle les anciens, on rappelle par exemple qu'il est défendu de fréquenter les cabarets, d'anticiper sur les chemins, de faire du charivari aux noces, d'aller dans les écuries avec des lanternes non fermées, d'enlever les grains avant qu'ils soient dîmés, de conduire à l'église des petits enfants qui troubleraient les offices, etc. On termine en rédigeant le procès-verbal de la séance qui est signé par tous les fonctionnaires nommés. Ces plaids annaux qui rappelleraient le souvenir des temps éloignés où le seigneur rassemblait ses sujets pour recevoir leurs hommages, leurs redevances, et leur rendre justice furent organisés d'une manière uniforme en 1598 par une ordonnance de Charles III et durèrent jusqu'à la Révolution.

Avec le temps, apparaissent quelques modifications dans l'administration des communautés. De bonne heure, le maire a été déchargé de l'administration des forêts qui passe aux grueries. À partir de 1615, il ne lève plus les impôts, cette tâche est confiée à l'élu en attendant l'institution au siècle suivant des asseyeurs et collecteurs. En 1665, le duc Charles IV lui enlève, du moins dans la prévôté de Châtenois, l'administration de la justice en matière civile. Avec le XVIIIe siècle, à la suite de l'occupation française, le contrôle du pouvoir ducal s'imposa davantage dans l'administration des communautés. C'est ainsi que l'ordonnance de 1707 complétée par celle de 1753, enleva définitivement aux habitants qui l'exerçaient encore le droit de créer chaque année le maire et autres officiers municipaux. Ceux-ci, nommés par le prévôt, étaient tenus d'accepter et de prêter serment au chef-lieu de la juridiction lorsqu'ils en étaient requis. On lit par exemple dans le compte de 1717 : « aux prévôts, substitut et greffier de Châtenois : 3 livres pour création du maire. » Après la réorganisation administrative de 1751, le plaid annuel continuait cependant d'exister. « À ce jour de novembre qu'ils choisiront, disait l'ordonnance, les maires réuniront la communauté qui devra assister sous peine d'amende pour élire les bangard et forestiers si les asseyeurs et collecteurs, pour indiction des moissons et des vendanges, pour l'établissement des pauliers présentés par les décimateurs, et recevront les serments des dits bangard, forestiers, asseyeurs et collecteurs et pauliers et dresseront procès-verbal. »

En 1738, l'administration communale en place depuis des siècles, composée du maire, des échevins, du sergent et du greffier, fut singulièrement modifiée par Stanislas. En effet, une des premières ordonnances supprima les échevins et établit un syndic élu chaque année par les habitants, pour la gestion des deniers communaux. Le maire se trouvait ainsi chargé seul de la police, mais était chargé de la comptabilité communale. À partir de cette époque, l'administration de la communauté comprenait donc le maire, son lieutenant, le sergent et le greffier nommés par le prévôt « pour l'exercice de la police, l'exécution les ordres de son Altesse et la taxe des amendes champêtres », et de plus, le syndic élu par les habitants pour la gestion des biens communaux. Bientôt, celui-ci, à cause de l'importance de ces fonctions, et aussi parce qu'il était l'élu de la population, prit une influence prépondérante dans les affaires de la communauté. Toutes les pièces de cette époque commencent par ces mots : les syndic, maire et habitants réunis en corps de communauté. Le contrôle établi par Léopold sur l'administration des communautés devint plus rigoureux avec Stanislas, et surtout après la réunion de la Lorraine à la France. Les communautés n'avaient plus aucune liberté, en tout, il leur fallait subir la volonté toute puissante de l'intendant et de son délégué au bailliage. Ce régime dura un demi-siècle ; mais enfin il fallut céder aux réclamations unanimes d’un peuple qui voulait être entendu, qui voulait avoir part à l’administration de ses intérêts.

L’édit du créa des assemblées provinciales, les assemblées du district, et réorganisa les assemblées communales. Les assemblées provinciales eurent lieu à Nancy. On s’accordait alors à penser que les assemblées des villages étaient trop nombreuses. On substitua donc aux réunions tumultueuses de toute la communauté, telles qu’elles avaient eu lieu jusquelà, un conseil composé de 3 ou 6 membres suivant les lieux, élus par tous les propriétaires âgés de plus de 25 ans, du seigneur, du curé, du greffier, et d’un syndic également élu, qui devait savoir lire, écrire, et appartenir à la première classe des contribuables.

Économie

Annexes

Bibliographie

  • Augustin Calmet, Notice de la Lorraine : qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'électorat de Trèves, les trois évechés (Metz, Toul, et Verdun) ; l'histoire par ordre alphabétique des villes, etc., 2e édition, Lunéville, Mme George, 1840 (1re  éd. 1756).
  • Robert Parisot, Histoire de Lorraine (duché de Lorraine, duché de Bar, Trois-Evêchés). Tome I : des origines à 1552. Tome II : de 1552 à 1789. Tome III : de 1789 à 1919. - Index alph. des noms de pers. et de lieux, Paris, Picard, 1919-1924, réimpression anastatique : Bruxelles, 1978, 3 vol. in-8 rel. cart. éd. brun, xiv-520, vi-347 et viii-521-109 pp., pl., 1 carte dépl.
  • Henry Bogdan, La Lorraine des ducs : sept siècles d'histoire, Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire », , 291 p. (ISBN 2-262-02113-9).
    Réédition : Henry Bogdan, La Lorraine des ducs : sept siècles d'histoire, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 515), , 310 p., poche (ISBN 978-2-262-04275-2).
  • E. William Monter, A Bewitched Duchy : Lorraine and its Dukes, 1477-1736, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 432), , 176 p. (ISBN 978-2-600-01165-5, présentation en ligne).
  • Monographie de l'abbé Petitjean (curé de La Neuveville-sous-Châtenois, avant 1914), publiée dans le bulletin paroissial du village.
  • Marie-José Laperche-Fournel, La Population du duché de Lorraine - De 1580 à 1720, Nancy, Presses Universitaires Nancy, , 236 p. (ISBN 2-86480-160-4 et 9782864801603).
  • Guy Cabourdin, Quand Stanislas régnait en Lorraine, Fayard, .
  • Guy Cabourdin, La vie quotidienne en Lorraine aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Hachette, , 319 p. (ISBN 2-01-008206-0).
  • Guy Cabourdin, Lorraine d'hier, Lorraine d'aujourd'hui, Presses universitaires de Nancy, (ISBN 2-86480-298-8).
  • Guy Cabourdin (dir.), Encyclopédie illustrée de la Lorraine : Histoire de la Lorraine, Serpenoise, (ISBN 2-86480-220-1, présentation en ligne).
  • Léonard Dauphant, « Y a-t-il un État en Lorraine ? Le cas du règne de René Ier (1430-1480) », dans Thierry Pécout (dir.), Les officiers et la chose publique dans les territoires angevins (XIIIe-XVe siècle) : vers une culture politique ?, Rome, Publications de l'École française de Rome, coll. « Collection de l'École française de Rome », (lire en ligne).
  • Michel Parisse, Histoire de la Lorraine, Rennes, Ouest-France, , 63 p. (ISBN 2-7373-3628-7 et 9782737336287).
  • Michel Parisse, Allemagne et Empire au Moyen Âge : 400-1510, Paris, Hachette, , 2e éd. (1re éd. 2002)
  • Michel Parisse, Noblesse et chevalerie en Lorraine médiévale : les familles nobles du XIe au XIIIe siècle, Service des publications de l'Université de Nancy II,
  • Georges Poull, La Maison ducale de Lorraine : étude historique, biographique et généalogique des branches ainée, cadette et illégitime de cette Maison, Rupt-sur-Moselle, chez l'auteur, coll. « Les cahiers d'histoire, de biographie et de généalogie » (no 3), , 90 + 63 + 25 + 68 + 50 + 30 + 28
    Sept fascicules au format in-quarto.
  • Georges Poull (préf. Hubert Collin), La maison ducale de Lorraine devenue la maison impériale et royale d'Autriche, de Hongrie et de Bohême, Nancy, Presses universitaires de Nancy, , 592 p. (ISBN 2-86480-517-0).

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  1. Augustin Calmet, Histoire de Lorraine, Leseur, , « Sur les sceaux,armoiries, couleurs, devises, cris de guerre, titres des Ducs de Lorraine ».
  2. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie et Guy Cabourdin, « Histoire de la Lorraine. Les Temps Modernes : De la Renaissance à la guerre de Trente ans - De la paix de Westphalie à la fin de l'Ancien régime », Annales de démographie historique, t. 2,‎ , p. 355-357 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Jean Jacquart et Marie- José Laperche-Fournel, « La population du Duché de Lorraine de 1580 à 1720 », Annales de démographie historique,‎ , p. 492-494 (lire en ligne, consulté le ).
  4. a b et c Paul Fournier et Robert Parisot, « Les Origines de la Haute-Lorraine et sa première maison ducale (959-1033) », Bibliothèque de l'école des chartes, t. 72,‎ , p. 106-111 (lire en ligne, consulté le ).
  5. (de) Documents sur l'histoire de Lorraine: Wichmann, K.A.F. Die Metzer Bannrollen des dreizehnten Jahrhunderts. Abt. 1-4. 1908-16, A. Fuchs, (lire en ligne)
  6. La Basse-Lotharingie n'existe plus à partir de 1190 ; elle éclate en de multiples entités territoriales aujourd'hui au Luxembourg, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France.
  7. Par exemple N. F. Gravier, Histoire de la ville épiscopale et de l'arrondissement de Saint-Dié : département des Vosges,sous le gouvernement théocratique de quatre monastères en opposition avec les ducs de Lorraine et les princes constitutionnels de Salm, Gerard, , 400 p., p. 364.
  8. Serge Lusignan, La langue des rois au Moyen Âge. Le nœud gordien, Presses universitaires de France, , 296 p., p. 52 : « Les principautés de l'Est adoptèrent très tôt le français. L'acte en langue vernaculaire le plus ancien émanant de la chancellerie des ducs de Lorraine date de 1231. ».
  9. « Eglise catholique. Diocèse. Nancy : Capitale du duché de Lorraine, érigée en évêché au détriment de Toul lors du rattachement de la Lorraine à la France en 1777. Suffragant de Trêves. - Diocèse conservé en 1801 pour desservir les départements de la Meuse, des Vosges, et de Meurthe-et-Moselle, puis seulement ce dernier après le rétablissement des diocèses de Verdun et de Saint-Dié en 1822. Suffragant de Besançon depuis 1801. - Depuis le 20 février 1824 ce diocèse porte le double titre de Nancy et Toul, même si le territoire du diocèse de Toul avait été rattaché à celui de Verdun. ». Présentation en ligne : L. Mirot et A. Mirot, Guide religieux de la France, Bibliothèque des Guides Bleus, (BNF 11688012).
  10. Michel Parisse, Généalogie de la Maison d'Ardenne, vol. 95, Luxembourg, Publications de la Section Historique de l'Institut G.-D. de Luxembourg, , p. 9-40.
  11. Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3, présentation en ligne).
  12. Histoire du Duché de Lorraine / Herzogtum von Lothringen.
  13. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 469 p. (lire en ligne), p. 46.
  14. Jean Rousset de Missy, Les intérêts présens et les prétentions des puissances de l'Europe, fondez sur les traitez depuis ceux d'Utrecht inclusivement, Moetjens, La Haye, 1736, § 16, page 179.
  15. La situation de la Basse-Lotharingie n'est pas claire. Certains historiens[Qui ?] mentionnent un autre fils, Gothelon II, qui aurait succédé à son père en Basse-Lotharingie et serait mort en 1046, d'autre disent que l'empereur Henri III ne nomma pas de titulaire pour le duché.