« Pierre Henry » : différence entre les versions

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| légende = Pierre Henry en 2008.
| légende = Pierre Henry en 2008.
| surnom =
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| nom de naissance =
| nom de naissance = Pierre Georges Albert François Henry
| date de naissance = 9 décembre 1927
| date de naissance = 9 décembre 1927
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| date de décès = 5 juillet 2017
| date de décès = 5 juillet 2017
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| activité principale = [[Compositeur]] et [[musicien]]
| activité principale = [[Compositeur]] et [[musicien]]
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| style = [[Musique concrète]] et [[musique électroacoustique]]
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| années actives = [[1948 en musique|1948]]-[[2017]]
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| collaborations = [[Pierre Schaeffer]], [[Maurice Béjart]], [[Michel Colombier]]
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| éditeurs = [[Philips Records|Philips]], [[Philips Classics]], [[Decca Records|Decca]]
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'''Pierre Henry''' est un [[compositeur]] [[France|français]] de [[musique concrète]] (et plus ou moins de [[musique expérimentale]], de [[musique bruitiste]] ou de [[musique électroacoustique]]) né le {{date de naissance|9|décembre|1927|en musique classique}} à [[Paris]]<ref name="IRCAM">{{Lien web |url=http://brahms.ircam.fr/index.php?id=1611 |titre=Biographie de Pierre Henry |auteur=[[Institut de recherche et coordination acoustique/musique|IRCAM]] |consulté le=08/08/2008 }}</ref> et mort le {{Date de décès|5|juillet|2017||||en musique classique}} dans la même ville<ref>{{Lien web |auteur=[[Insee]] |titre=Acte de décès de Pierre Georges Albert François Henry |url=https://deces.matchid.io/id/5qnyoBbM8WTU06/le-compositeur-francais-pierre-henry-est-mort_5156693_3382.html |site=[[Fichier des personnes décédées#MatchID|MatchID]] |date= }}</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.nytimes.com/2017/07/07/arts/music/pierre-henry-dead-composer-of-musique-concrete.html?hpw&rref=obituaries&action=click&pgtype=Homepage&module=well-region&region=bottom-well&WT.nav=bottom-well William Grimes. Pierre Henry, Composer Who Found the Music In Sounds Dies at 89. The New York Times, July 7, 2017.]</ref>. Si [[Pierre Schaeffer]] est le père théorique de la [[musique concrète]], Pierre Henry en est son père artistique.
'''Pierre Henry''' est un [[compositeur]] [[France|français]] de [[musique concrète]], de [[musique expérimentale]], de [[musique bruitiste]] et de [[musique électroacoustique]]. Il est né le {{date de naissance|9|décembre|1927|en musique classique}} à [[Paris]]<ref name="IRCAM">{{Lien web |url=http://brahms.ircam.fr/index.php?id=1611 |titre=Biographie de Pierre Henry |auteur=[[Institut de recherche et coordination acoustique/musique|IRCAM]] |consulté le=08/08/2008 |brisé le = 2023-11-28}}.</ref> et mort le {{Date de décès|5|juillet|2017||||en musique classique}} dans la même ville<ref>{{Lien web |auteur=[[Insee]] |titre=Acte de décès de Pierre Georges Albert François Henry |url=https://deces.matchid.io/id/5qnyoBbM8WTU06/le-compositeur-francais-pierre-henry-est-mort_5156693_3382.html |site=[[Fichier des personnes décédées#MatchID|MatchID]] |date= }}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} [https://www.nytimes.com/2017/07/07/arts/music/pierre-henry-dead-composer-of-musique-concrete.html?hpw&rref=obituaries&action=click&pgtype=Homepage&module=well-region&region=bottom-well&WT.nav=bottom-well William Grimes. Pierre Henry, Composer Who Found the Music In Sounds Dies at 89. The New York Times, July 7, 2017.]</ref>. Si [[Pierre Schaeffer]] est le père théorique de la [[musique concrète]], Pierre Henry en est son père artistique.


Considéré comme l'un des pères de la [[musique électroacoustique]], il est connu du grand public pour le morceau ''[[Psyché Rock]]'' de la [[Suite (musique)|suite de danses]] ''[[Messe pour le temps présent]]''<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Pierre-Michel Menger]] |titre=Le paradoxe du musicien |sous-titre=le compositeur, le mélomane et l'État dans la société contemporaine |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=2001 |pages totales=394 |passage=29 |isbn=2-7475-1638-5 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=vJhzj99UmA0C&printsec=frontcover}}</ref>. Ce morceau, plus accessible au grand public de par sa partie instrumentale rock, n'est toutefois pas du tout représentatif de son œuvre musicale, et de son approche musicale en général.
Considéré comme l'un des pères de la [[musique électroacoustique]], il est connu pour le morceau ''[[Psyché Rock]]'' de la [[Suite (musique)|suite de danses]] ''[[Messe pour le temps présent]]''<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Pierre-Michel Menger]] |titre=Le paradoxe du musicien |sous-titre=le compositeur, le mélomane et l'État dans la société contemporaine |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=2001 |pages totales=394 |passage=29 |isbn=2-7475-1638-5 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=vJhzj99UmA0C&printsec=frontcover}}</ref>. Ce morceau, plus accessible au grand public de par sa partie instrumentale rock, n'est toutefois pas le plus représentatif de son œuvre.


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Enfance et formation musicale ===
=== Enfance et formation musicale ===
[[Fichier:Identite-PierreHenry-1952-Sacem.png|vignette|redresse|gauche|Pierre Henry en 1952. Photo d'identité ([[Sacem]]).]]
Après une enfance passée à la campagne, Pierre Henry entre au [[Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris|Conservatoire de Paris]] à l'âge de 10 ans<ref name="allmusic">{{Lien web|langue=en |url=http://www.allmusic.com/cg/amg.dll?p=amg&sql=11:0ifpxqw5ld6e~T1 |titre=Pierre Henry Biography |auteur=Jason Ankeny |éditeur=[[AllMusic]], [[Macrovision Corporation]] |consulté le=11/08/2008 }}</ref> (en [[1937 en musique|1937]]), pour y faire des études de percussions (classe de Félix Passerone) et d'écriture ([[Olivier Messiaen]]). Il suit également l'enseignement de [[Nadia Boulanger]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Pierre Henry : "J'ai fondé une sonothèque sur une vie" |url=https://www.franceculture.fr/musique/pierre-henry-jai-fonde-une-sonotheque-sur-une-vie |site=France Culture |date=2017-07-06 |consulté le=2021-03-28}}</ref> et devient un très bon pianiste.
Après une enfance passée à la campagne, Pierre Henry entre au [[Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris|Conservatoire de Paris]] à l'âge de 10 ans<ref name="allmusic">{{Lien web|langue=en |url=http://www.allmusic.com/cg/amg.dll?p=amg&sql=11:0ifpxqw5ld6e~T1 |titre=Pierre Henry Biography |auteur=Jason Ankeny |éditeur=[[AllMusic]], [[Macrovision Corporation]] |consulté le=11/08/2008 }}.</ref> (en [[1937 en musique|1937]]), pour y faire des études de percussions (classe de Félix Passerone) et d'écriture ([[Olivier Messiaen]]). Il suit également l'enseignement de [[Nadia Boulanger]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Pierre Henry : "J'ai fondé une sonothèque sur une vie" |url=https://www.franceculture.fr/musique/pierre-henry-jai-fonde-une-sonotheque-sur-une-vie |site=France Culture |date=2017-07-06 |consulté le=2021-03-28}}.</ref> et devient un très bon pianiste.


=== Schaeffer et le GRMC ===
=== Schaeffer et le GRMC ===
C'est en [[1946 en musique|1946]] qu'il rencontre [[Pierre Schaeffer]] dans les studios de la [[Radiodiffusion-télévision française]] (RTF), dans ce qui s'appelle alors le Club d'essai<ref name="INA">{{Lien web |url=http://www.ina.fr/entreprise/activites/recherches-musicales/historique.html |titre=Historique du GRM |éditeur=[[Institut national de l'audiovisuel]] |consulté le=27 janvier 2009}}</ref>. C'est à la suite de la création d'une [[bande son]] pour un film traitant de l'invisible que Pierre Henry est invité par Pierre Schaeffer à venir auditionner. De cette rencontre va naître ''[[Symphonie pour un homme seul]]'' ([[1950 en musique|1950]]), œuvre fondatrice de la [[musique concrète]]. Une grande amitié va naître de cette rencontre, et Pierre Henry est embauché dans les studios de la RTF ; il devient chef des travaux du [[Groupe de recherches musicales|Groupe de recherche sur les musiques concrètes]] (GRMC)<ref name="universalis">{{Ouvrage |auteur1=[[Encyclopædia Universalis]] |titre=Encyclopædia Universalis France |lieu=Paris |éditeur= |année=1996 |passage=1686 |isbn= |isbn erroné=2-85229-240-4 |bnf=357976056 |titre chapitre=Thésaurus D à K}}</ref> fondé en [[1951 en musique|1951]]<ref name="INA"/>, rebaptisé [[Groupe de recherches musicales|GRM]] en 1958. C'est en 1953, au [[Festival de Donaueschingen]], qu'est donné ''Orphée'', le premier [[opéra]] "concret"<ref name="INA"/> écrit par Pierre Schaeffer et Pierre Henry en 1951<ref>{{Lien web|url=http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/action-culturelle_1031/musique_11415/galerie-compositeurs_12379/henry-pierre-1927_27747.html|titre= Galerie de compositeurs HENRY Pierre (1927)|site=http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ |éditeur=France Diplomatie|consulté le=27 janvier 2009}}</ref>, dont il tira ''[[Voile d'Orphée]]''.
C'est en [[1946 en musique|1946]] qu'il rencontre [[Pierre Schaeffer]] dans les studios de la [[Radiodiffusion-télévision française]] (RTF), dans ce qui s'appelle alors le Club d'essai<ref name="INA">{{Lien web |url=http://www.ina.fr/entreprise/activites/recherches-musicales/historique.html |titre=Historique du GRM |éditeur=[[Institut national de l'audiovisuel]] |consulté le=27 janvier 2009|brisé le = 2023-11-28}}.</ref>. C'est à la suite de la création d'une [[bande son]] pour un film traitant de l'invisible que Pierre Henry est invité par Pierre Schaeffer à venir auditionner. De cette rencontre va naître ''[[Symphonie pour un homme seul]]'' ([[1950 en musique|1950]]), œuvre fondatrice de la [[musique concrète]]. Une amitié va naître de cette rencontre, et Pierre Henry est embauché dans les studios de la RTF ; il devient chef des travaux du [[Groupe de recherches musicales|Groupe de recherche sur les musiques concrètes]] (GRMC)<ref name="universalis">{{Ouvrage |auteur1=[[Encyclopædia Universalis]] |titre=Encyclopædia Universalis France |lieu=Paris |éditeur= |année=1996 |passage=1686 |isbn= |isbn erroné=2-85229-240-4 |bnf=357976056 |titre chapitre=Thésaurus D à K}}</ref> fondé en [[1951 en musique|1951]]<ref name="INA"/>, rebaptisé [[Groupe de recherches musicales|GRM]] en 1958. C'est en 1953, au [[Festival de Donaueschingen]], qu'est donné ''Orphée'', le premier [[opéra]] "concret"<ref name="INA"/> écrit par Pierre Schaeffer et Pierre Henry en 1951<ref>{{Lien web|url=http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/action-culturelle_1031/musique_11415/galerie-compositeurs_12379/henry-pierre-1927_27747.html|titre= Galerie de compositeurs HENRY Pierre (1927)|site=diplomatie.gouv.fr |éditeur=France Diplomatie|consulté le=27 janvier 2009|brisé le = 2023-11-28}}.</ref>, dont il tira ''[[Voile d'Orphée]]''.


=== L'indépendance ===
=== L'indépendance ===
En [[1958 en musique|1958]], à la suite de désaccords personnels, administratifs et esthétiques, Pierre Henry quitte les studios de la RTF. Il crée la même année le premier studio d'enregistrement indépendant en France, APSOME (Applications de Procédés Sonores en Musique Electroacoustique)<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Anne Veitl |titre=Politiques de la musique contemporaine |sous-titre=le compositeur, la recherche musicale et l'État en France de 1958 à 1991 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=1997 |pages totales=253 |passage=40 |isbn=2-7384-5478-X |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=7xnnL6DY1g4C&printsec=frontcover}}</ref>. Ce studio privé consacré aux musiques électroacoustiques, essentiellement équipé de matériel professionnel provenant d'Allemagne, est dans un premier temps situé [[rue Cardinet]], puis, à partir de 1966, à [[Quartier de Saint-Germain-des-Prés|Saint-Germain-des-Prés]]<ref name="seize">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Henry |titre=Journal de mes sons |lieu=Arles |éditeur=[[Actes Sud]] coll. "un endroit où aller" |année=2004 |pages totales=114 |passage=105 à 110 |isbn=2-7427-4943-8 |lire en ligne=http://www.arte.tv/fr/Echappees-culturelles/Pierre-Henry/Biographies/1785300,CmC=1784442.html |titre chapitre=Mes seize années-clés}}</ref>.
En [[1958 en musique|1958]], à la suite de désaccords personnels, administratifs et esthétiques, Pierre Henry quitte les studios de la RTF. Il crée la même année le premier studio d'enregistrement indépendant en France, APSOME (Applications de Procédés Sonores en Musique Electroacoustique)<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Anne Veitl |titre=Politiques de la musique contemporaine |sous-titre=le compositeur, la recherche musicale et l'État en France de 1958 à 1991 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]] |année=1997 |pages totales=253 |passage=40 |isbn=2-7384-5478-X |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=7xnnL6DY1g4C&printsec=frontcover}}</ref>. Ce studio privé consacré aux musiques électroacoustiques, essentiellement équipé de matériel professionnel provenant d'Allemagne, est dans un premier temps situé [[rue Cardinet]], puis, à partir de 1966, dans le quartier [[Quartier de Saint-Germain-des-Prés|Saint-Germain-des-Prés]] à Paris<ref name="seize">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Henry |titre=Journal de mes sons |lieu=Arles |éditeur=[[Actes Sud]] coll. "un endroit où aller" |année=2004 |pages totales=114 |passage=105 à 110 |isbn=2-7427-4943-8 |lire en ligne=http://www.arte.tv/fr/Echappees-culturelles/Pierre-Henry/Biographies/1785300,CmC=1784442.html |titre chapitre=Mes seize années-clés}}</ref>.


En 1982, il crée un second studio de recherche musicale, Son/Ré<ref>l'ouvrage du photographe norvégien Geir Egil Bergjord : {{Lien web |url=http://issuu.com/gilka/docs/houseofsounds|titre=''La maison de sons de Pierre Henry''}} (sorti chez Fage Éditions en 2010 et accompagné d'un CD) montre toute une série de photographies prises dans ce studio de Pierre Henry qui lui sert également d'appartement parisien</ref>. Ce studio, situé dans une ruelle du douzième arrondissement de Paris<ref name="arte">{{Lien web |url=http://www.arte.tv/fr/art-musique/Pierre-Henry/Biographies/1784476.html |titre=Pierre Henry |auteur=[[Anne Rey]] |année= 8 décembre 2007 |éditeur=[[Arte]] |consulté le=11/08/2008 }}</ref>, obtient le soutien du [[Ministère de la Culture (France)|ministère de la Culture]]<ref>{{Lien web |url=http://sonhors.free.fr/panorama/sonhors7.htm |titre=Les studios : Du studio d'essai de la RTF au GRM : Solfège de l'objet sonore |auteur=Sonhors |année=2003 / 2008 |consulté le=08/08/2008 }}</ref> dès 1982, et celui de la [[Mairie de Paris|Ville de Paris]] en 1990<ref name="arte" />.
En 1982, il crée un second studio de recherche musicale, Son/Ré<ref>l'ouvrage du photographe norvégien Geir Egil Bergjord : {{Lien web |url=http://issuu.com/gilka/docs/houseofsounds|titre=''La maison de sons de Pierre Henry''}} (sorti chez Fage Éditions en 2010 et accompagné d'un CD) montre toute une série de photographies prises dans ce studio de Pierre Henry qui lui sert également d'appartement parisien</ref>. Ce studio, situé dans une ruelle du douzième arrondissement de Paris<ref name="arte">{{Lien web |url=http://www.arte.tv/fr/art-musique/Pierre-Henry/Biographies/1784476.html |titre=Pierre Henry |auteur=[[Anne Rey]] |année= 8 décembre 2007 |éditeur=[[Arte]] |consulté le=11/08/2008 |brisé le = 2023-11-28}}.</ref>, obtient le soutien du [[Ministère de la Culture (France)|ministère de la Culture]]<ref>{{Lien web |url=http://sonhors.free.fr/panorama/sonhors7.htm |titre=Les studios : Du studio d'essai de la RTF au GRM : Solfège de l'objet sonore |auteur=Sonhors |année=2003 / 2008 |consulté le=08/08/2008 }}.</ref> dès 1982, et celui de la [[Mairie de Paris|Ville de Paris]] en 1990<ref name="arte" />.


=== La collaboration avec Maurice Béjart ===
=== Collaboration avec Maurice Béjart ===
[[Fichier:Pierre Henry.jpg|vignette|Pierre Henry dans son « laboratoire », chez lui, en 2008.]]
[[Fichier:Pierre Henry.jpg|vignette|Pierre Henry dans son « laboratoire », chez lui, en 2008.]]
À la fin de l'année 1949 débute la collaboration entre Pierre Henry et le chorégraphe [[Maurice Béjart]]<ref name="arte"/>. C'est dans le cadre de cette collaboration que Pierre Henry réalise son œuvre la plus connue du grand public : ''[[Messe pour le temps présent]]'' (qu'il a coécrite avec [[Michel Colombier]]), comprenant le tube ''[[Psyché Rock]]'', ce morceau a, entre autres, influencé le générique de ''Futurama'', série américaine. La première de la ''Messe pour le temps présent'', ballet de [[Maurice Béjart]], a lieu au [[festival d'Avignon]], en [[1967 en musique|1967]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Serge Berstein]], [[Pierre Milza]] |titre=Histoire de la France au {{s-|XX}}. 4. 1958 - 1974 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Complexe|Editions Complexe]] |année=1999 |pages totales=392 |passage=245 |isbn=2-87027-761-X |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=WKNKEZ-Q8ZYC&printsec=frontcover}}</ref>.
À la fin de l'année 1949 débute la collaboration entre Pierre Henry et le chorégraphe [[Maurice Béjart]]<ref name="arte"/>. C'est dans le cadre de cette collaboration que Pierre Henry réalise son œuvre la plus connue du grand public : ''[[Messe pour le temps présent]]'' (qu'il a coécrite avec [[Michel Colombier]]), comprenant le célèbre ''[[Psyché Rock]]'', ce morceau a, entre autres, influencé le générique de ''[[Futurama]]'', série américaine. La première de la ''Messe pour le temps présent'', ballet de [[Maurice Béjart]], a lieu au [[festival d'Avignon]], en [[1967 en musique|1967]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Serge Berstein]], [[Pierre Milza]] |titre=Histoire de la France au {{s-|XX}}. 4. 1958 - 1974 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Complexe|Editions Complexe]] |année=1999 |pages totales=392 |passage=245 |isbn=2-87027-761-X |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=WKNKEZ-Q8ZYC&printsec=frontcover}}</ref>.


En [[1975 en musique|1975]], avec la complicité de [[Bernard Bonnier]]<ref name="Russo">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Henry |titre=Journal de mes sons |lieu=Arles |éditeur=[[Actes Sud]] coll. "un endroit où aller" |année=2004 |pages totales=114 |passage=43 à 45 |isbn=2-7427-4943-8 |titre chapitre=Préfaces et Manifestes, ''Rebonjour, Monsieur Russolo !''}}</ref>, Pierre Henry monte ''Futuristie'', manifestation sonore et visuelle en hommage à [[Luigi Russolo]] et à son manifeste ''[[L'Art des bruits]]''<ref name="seize"/>. Trois représentations ont lieu les 16, 17 et {{date-|18 octobre}}, au [[Palais de Chaillot]]. Aux créations sonores de Pierre Henry s'ajoutent une création cinématographique de [[Monika Hollmann|Monika]] et [[Bernd Hollmann]] ainsi que la performance du récitant [[Alain Louafi]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Chion Michel]] |titre=Pierre Henry |lieu=Paris |éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] |année=2003 |pages totales=279 |passage=158 |isbn=2-213-61757-0}}</ref>.
En [[1975 en musique|1975]], avec la complicité de [[Bernard Bonnier]]<ref name="Russo">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Pierre Henry |titre=Journal de mes sons |lieu=Arles |éditeur=[[Actes Sud]] coll. "un endroit où aller" |année=2004 |pages totales=114 |passage=43 à 45 |isbn=2-7427-4943-8 |titre chapitre=Préfaces et Manifestes, ''Rebonjour, Monsieur Russolo !''}}</ref>, Pierre Henry monte ''Futuristie'', manifestation sonore et visuelle en hommage à [[Luigi Russolo]] et à son manifeste ''[[L'Art des bruits]]''<ref name="seize"/>. Trois représentations ont lieu les 16, 17 et {{date-|18 octobre}}, au [[Palais de Chaillot]]. Aux créations sonores de Pierre Henry s'ajoutent une création cinématographique de [[Monika Hollmann|Monika]] et [[Bernd Hollmann]] ainsi que la performance du récitant [[Alain Louafi]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Chion Michel]] |titre=Pierre Henry |lieu=Paris |éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] |année=2003 |pages totales=279 |passage=158 |isbn=2-213-61757-0}}</ref>.
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Il a créé des œuvres acoustiques marquantes, telles ''Voyage'' (d'après le ''Livre des Morts tibétain''), la ''Messe de Liverpool'', l’''Apocalypse de Jean'', les ''Fragments pour Artaud'', ou encore la ''Tour de Babel''.
Il a créé des œuvres acoustiques marquantes, telles ''Voyage'' (d'après le ''Livre des Morts tibétain''), la ''Messe de Liverpool'', l’''Apocalypse de Jean'', les ''Fragments pour Artaud'', ou encore la ''Tour de Babel''.


En [[1997 en musique|1997]], pour les soixante-dix ans du compositeur, sort la compilation ''Métamorphose : Messe pour le temps présent'', regroupant des [[remix]] par des artistes de [[musique électronique]] tels que [[Fatboy Slim]], [[Coldcut]], [[St Germain (musicien)|Saint Germain]] ou encore [[Dimitri From Paris]]<ref>[http://www.discogs.com/release/228483 Fiche du disque] sur le site [[Discogs]]</ref>.
En [[1997 en musique|1997]], pour les soixante-dix ans du compositeur, sort la compilation ''Métamorphose : Messe pour le temps présent'', regroupant des [[remixage]] par des artistes de [[musique électronique]] tels que [[Fatboy Slim]], [[Coldcut]], [[St Germain (musicien)|Saint Germain]] ou encore [[Dimitri From Paris]]<ref>[http://www.discogs.com/release/228483 Fiche du disque] sur le site [[Discogs]]</ref>.


En 2007, Pierre Henry décide de confier la totalité de ses œuvres à la [[Bibliothèque nationale de France]]<ref>{{Lien web |url=http://chroniques.bnf.fr/numero_courant/collections/pierre_henry.htm |titre=Pierre Henry confie son œuvre à la BnF |auteur=Pascal Cordereix |année=2007 |éditeur=[[Bibliothèque nationale de France]] |consulté le=08/08/2008 }}</ref>.
En 2007, Pierre Henry décide de confier la totalité de ses œuvres à la [[Bibliothèque nationale de France]]<ref>{{Lien web |url=http://chroniques.bnf.fr/numero_courant/collections/pierre_henry.htm |titre=Pierre Henry confie son œuvre à la BnF |auteur=Pascal Cordereix |année=2007 |éditeur=[[Bibliothèque nationale de France]] |consulté le=08/08/2008 }}.</ref>.


== Sa musique ==
== Sa musique ==
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Dans son ''Journal de mes sons'', Pierre Henry se distingue, non sans humour, des compositeurs au sens classique du terme : {{Citation bloc|Les compositeurs travaillent avec des sons à tout faire, l’équivalent des notes de musique. Moi, je n’ai pas de notes. Je n’ai jamais aimé les notes. Il me faut des qualités, des rapports, des formes, des actions, des personnages, des matières, des unités, des mouvements. /…/ C’est insuffisant, les notes. Ça n’est rien. Ça se perd. C’est bête. On ne peut pas travailler avec les notes. Les notes, c’est bon pour les compositeurs.}}
Dans son ''Journal de mes sons'', Pierre Henry se distingue, non sans humour, des compositeurs au sens classique du terme : {{Citation bloc|Les compositeurs travaillent avec des sons à tout faire, l’équivalent des notes de musique. Moi, je n’ai pas de notes. Je n’ai jamais aimé les notes. Il me faut des qualités, des rapports, des formes, des actions, des personnages, des matières, des unités, des mouvements. /…/ C’est insuffisant, les notes. Ça n’est rien. Ça se perd. C’est bête. On ne peut pas travailler avec les notes. Les notes, c’est bon pour les compositeurs.}}


== Œuvres ==
== Œuvre ==
{{début de colonnes|taille=30}}
{{début de colonnes|taille=30}}
* ''[[Symphonie pour un homme seul]]'' (1949-50) (de [[Pierre Schaeffer]] en collaboration avec Pierre Henry, chorégraphiée par [[Maurice Béjart]] en 1955).
* ''[[Symphonie pour un homme seul]]'' (1949-50) (de [[Pierre Schaeffer]] en collaboration avec Pierre Henry, chorégraphiée par [[Maurice Béjart]] en 1955).
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* ''Le Livre des morts égyptien'' (1986-88, Paris, Musée du Louvre, 1990), commande de l'Ircam.
* ''Le Livre des morts égyptien'' (1986-88, Paris, Musée du Louvre, 1990), commande de l'Ircam.
* ''[[Les Chants de Maldoror]]'', œuvre radiophonique, avec la voix de Cécile Violet, diffusé sur [[France Musique]] en 1993.
* ''[[Les Chants de Maldoror]]'', œuvre radiophonique, avec la voix de Cécile Violet, diffusé sur [[France Musique]] en 1993.
* ''[[L'Homme à la caméra]]'', dix-huit musiques pour le film<ref>in [https://pierre-henry.org/items/show/1646?lang=fr] Pierre Henry, consulté le 6 avril 2024, https://pierre-henry.org/items/show/1646.</ref>.
* ''Notations sur [[Jean de La Fontaine|La Fontaine]]'', œuvre radiophonique, diffusé sur [[France Culture]] en 1995.
* ''Notations sur [[Jean de La Fontaine|La Fontaine]]'', œuvre radiophonique, diffusé sur [[France Culture]] en 1995.
* ''Intérieur / Extérieur'' (1997)
* ''Intérieur / Extérieur'' (1997)
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== Décorations et prix ==
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Liste des différents prix et décorations obtenu par Pierre Henry<ref name="FM">{{Lien web |url=http://www.radiofrance.fr/francemusique/bio/fiche.php?numero=272 |titre=Pierre Henry Compositeur français |auteur=Services de documentation interne de Radio-France |année=Février 1997 |éditeur=[[Radio-France]] |consulté le=08/08/2008 }}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |url=http://www.universalmusic.fr/artiste/pierre--henry/ |titre=PIERRE HENRY Sa biographie |éditeur=Universal Music France |consulté le=25 août 2008 }}</ref>.
Prix et décorations obtenu par Pierre Henry<ref name="FM">{{Lien web |url=http://www.radiofrance.fr/francemusique/bio/fiche.php?numero=272 |titre=Pierre Henry Compositeur français |auteur=Services de documentation interne de Radio-France |année=Février 1997 |éditeur=[[Radio-France]] |consulté le=08/08/2008 }}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |url=http://www.universalmusic.fr/artiste/pierre--henry/ |titre=PIERRE HENRY Sa biographie |éditeur=Universal Music France |consulté le=25 août 2008 }}</ref>
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* Commandeur de la [[Légion d'honneur]]
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=== Liens externes ===
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* [http://www.ina.fr/art-et-culture/musique/video/CAB88037076/musique-pierre-henry.fr.html Vidéo JA2 DERNIERE - 18 septembre 1988 - 2 min 53 s.] Interview de Pierre Henry. Il commente son œuvre ''Gymkhana'' et décrit sa méthode de travail. Sur le site de l'[[Institut national de l'audiovisuel|INA]].
* [http://www.ina.fr/art-et-culture/musique/video/CAB88037076/musique-pierre-henry.fr.html Vidéo JA2 DERNIERE - 18 septembre 1988 - 2 min 53 s.] Interview de Pierre Henry. Il commente son œuvre ''Gymkhana'' et décrit sa méthode de travail. Sur le site de l'[[Institut national de l'audiovisuel|INA]].
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Pierre Henry
Description de cette image, également commentée ci-après
Pierre Henry en 2008.
Nom de naissance Pierre Georges Albert François Henry
Naissance
Paris 15e (France)
Décès (à 89 ans)
Paris 14e (France)
Nationalité Français
Activité principale Compositeur et musicien
Style Musique concrète et musique électroacoustique
Lieux d'activité France
Années d'activité 1948-2017
Collaborations Pierre Schaeffer, Maurice Béjart, Michel Colombier
Éditeurs Philips, Philips Classics, Decca
Formation Conservatoire de Paris
Élèves Éliane Radigue
Nicolas Vérin

Pierre Henry est un compositeur français de musique concrète, de musique expérimentale, de musique bruitiste et de musique électroacoustique. Il est né le à Paris[1] et mort le dans la même ville[2],[3]. Si Pierre Schaeffer est le père théorique de la musique concrète, Pierre Henry en est son père artistique.

Considéré comme l'un des pères de la musique électroacoustique, il est connu pour le morceau Psyché Rock de la suite de danses Messe pour le temps présent[4]. Ce morceau, plus accessible au grand public de par sa partie instrumentale rock, n'est toutefois pas le plus représentatif de son œuvre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation musicale[modifier | modifier le code]

Pierre Henry en 1952. Photo d'identité (Sacem).

Après une enfance passée à la campagne, Pierre Henry entre au Conservatoire de Paris à l'âge de 10 ans[5] (en 1937), pour y faire des études de percussions (classe de Félix Passerone) et d'écriture (Olivier Messiaen). Il suit également l'enseignement de Nadia Boulanger[6] et devient un très bon pianiste.

Schaeffer et le GRMC[modifier | modifier le code]

C'est en 1946 qu'il rencontre Pierre Schaeffer dans les studios de la Radiodiffusion-télévision française (RTF), dans ce qui s'appelle alors le Club d'essai[7]. C'est à la suite de la création d'une bande son pour un film traitant de l'invisible que Pierre Henry est invité par Pierre Schaeffer à venir auditionner. De cette rencontre va naître Symphonie pour un homme seul (1950), œuvre fondatrice de la musique concrète. Une amitié va naître de cette rencontre, et Pierre Henry est embauché dans les studios de la RTF ; il devient chef des travaux du Groupe de recherche sur les musiques concrètes (GRMC)[8] fondé en 1951[7], rebaptisé GRM en 1958. C'est en 1953, au Festival de Donaueschingen, qu'est donné Orphée, le premier opéra "concret"[7] écrit par Pierre Schaeffer et Pierre Henry en 1951[9], dont il tira Voile d'Orphée.

L'indépendance[modifier | modifier le code]

En 1958, à la suite de désaccords personnels, administratifs et esthétiques, Pierre Henry quitte les studios de la RTF. Il crée la même année le premier studio d'enregistrement indépendant en France, APSOME (Applications de Procédés Sonores en Musique Electroacoustique)[10]. Ce studio privé consacré aux musiques électroacoustiques, essentiellement équipé de matériel professionnel provenant d'Allemagne, est dans un premier temps situé rue Cardinet, puis, à partir de 1966, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés à Paris[11].

En 1982, il crée un second studio de recherche musicale, Son/Ré[12]. Ce studio, situé dans une ruelle du douzième arrondissement de Paris[13], obtient le soutien du ministère de la Culture[14] dès 1982, et celui de la Ville de Paris en 1990[13].

Collaboration avec Maurice Béjart[modifier | modifier le code]

Pierre Henry dans son « laboratoire », chez lui, en 2008.

À la fin de l'année 1949 débute la collaboration entre Pierre Henry et le chorégraphe Maurice Béjart[13]. C'est dans le cadre de cette collaboration que Pierre Henry réalise son œuvre la plus connue du grand public : Messe pour le temps présent (qu'il a coécrite avec Michel Colombier), comprenant le célèbre Psyché Rock, ce morceau a, entre autres, influencé le générique de Futurama, série américaine. La première de la Messe pour le temps présent, ballet de Maurice Béjart, a lieu au festival d'Avignon, en 1967[15].

En 1975, avec la complicité de Bernard Bonnier[16], Pierre Henry monte Futuristie, manifestation sonore et visuelle en hommage à Luigi Russolo et à son manifeste L'Art des bruits[11]. Trois représentations ont lieu les 16, 17 et , au Palais de Chaillot. Aux créations sonores de Pierre Henry s'ajoutent une création cinématographique de Monika et Bernd Hollmann ainsi que la performance du récitant Alain Louafi[17].

Il a créé des œuvres acoustiques marquantes, telles Voyage (d'après le Livre des Morts tibétain), la Messe de Liverpool, l’Apocalypse de Jean, les Fragments pour Artaud, ou encore la Tour de Babel.

En 1997, pour les soixante-dix ans du compositeur, sort la compilation Métamorphose : Messe pour le temps présent, regroupant des remixage par des artistes de musique électronique tels que Fatboy Slim, Coldcut, Saint Germain ou encore Dimitri From Paris[18].

En 2007, Pierre Henry décide de confier la totalité de ses œuvres à la Bibliothèque nationale de France[19].

Sa musique[modifier | modifier le code]

Pierre Henry en .

« Pierre Henry, à mi-chemin de l'attitude des compositeurs et de celle de Pierre Schaeffer sur le plan de la méthode, a su trouver un langage tout à la fois personnel et composite. »

— Jean-Étienne Marie, Encyclopédie de la Pléiade, Histoire de la Musique II du XVIIIe siècle à nos jours, Éditions Gallimard, Paris, 1963, chap. Musique Électronique, Expérimentale et Concrète, p.1448

On ne connaît pas beaucoup d'influences à la musique de Pierre Henry, hormis ses maîtres Nadia Boulanger, Olivier Messiaen et Félix Passeronne ; il évoque parfois des opéras de Richard Wagner, ou les bandes son des débuts du cinéma parlant[20]. Pierre Henry préfère citer, comme références, des sons élémentaires comme l’orage, le vent, le train, les animaux, les souvenirs sonores de son enfance[13].

En avril 1950, il rédige un court manifeste intitulé : Pour penser à une nouvelle musique, dans lequel il décrit sa conception de la musique et ce vers quoi elle doit tendre :

« Il faut prendre immédiatement une direction qui mène à l'organique pur. À ce point de vue, la musique a été beaucoup moins loin que la poésie ou la peinture. Elle n'a pas encore osé se détruire elle-même pour vivre. Pour vivre plus fort comme le fait tout phénomène vraiment vivant. »

Dans son Journal de mes sons, Pierre Henry se distingue, non sans humour, des compositeurs au sens classique du terme :

« Les compositeurs travaillent avec des sons à tout faire, l’équivalent des notes de musique. Moi, je n’ai pas de notes. Je n’ai jamais aimé les notes. Il me faut des qualités, des rapports, des formes, des actions, des personnages, des matières, des unités, des mouvements. /…/ C’est insuffisant, les notes. Ça n’est rien. Ça se perd. C’est bête. On ne peut pas travailler avec les notes. Les notes, c’est bon pour les compositeurs. »

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • Symphonie pour un homme seul (1949-50) (de Pierre Schaeffer en collaboration avec Pierre Henry, chorégraphiée par Maurice Béjart en 1955).
  • Concerto des ambiguïtés (1950)
  • Orphée (1951-53), opéra expérimental (de Pierre Schaeffer en collaboration avec Pierre Henry, chorégraphié par Maurice Béjart).
  • Microphones bien tempérés (1950-52)
  • Musique sans titre (1951)
  • Voile d'Orphée (1953), d'après l'opéra Orphée
  • Spatiodynamisme (1954)
  • La Reine Verte (1959), ballet de Maurice Béjart.
  • Spirale (1955)
  • Haut voltage (1956), ballet de Maurice Béjart.
  • Coexistence (1958)
  • Investigations (1959), ballet de Maurice Béjart.
  • Entité (1959)
  • La Noire à soixante (1961)
  • Le Voyage, d'après Le livre des morts tibétain (1962).
  • Variations pour une porte et un soupir (1963), ballet.
  • Les 4 coffrets vinyles des Evangiles de Pierre Henry. Traduction : Charles Augrain, Musique : Pierre Henry, avec les voix de Michel Bouquet (voix du Christ), Gabriel Cattand et Catherine Sellers. Réalisation 1963/64 de l'office Catholique du disque - Pastorale et Musique.
    • L'évangile selon Saint Mathieu : Format 4 x Vinyles, LP (date 1963)
    • L'évangile selon Saint Marc : Format 3 x Vinyles, LP (date 1963)
    • L'évangile selon Saint Luc : Format 5 x Vinyles, LP (date 1963)
    • L'évangile selon Saint Jean : Format 4 x Vinyles, LP (date 1964)
  • Messe pour le temps présent (1967), en collaboration avec Michel Colombier, commande de Maurice Béjart.
  • Messe de Liverpool (1967-70)
  • Apocalypse de Jean (inspiré par l'Apocalypse de Jean) (2 volumes 1968 1970).
  • Ceremony (1969) (en collaboration avec Spooky Tooth, groupe rock britannique)
  • Fragments pour Artaud (1970)
  • Gymkhana (1970)
  • 2e Symphonie pour 16 groupes de haut-parleurs (1972)
  • Machine-Danse (1973)
  • Prisme (1973).
  • Futuristie I (1975), spectacle musical électroacoustique en hommage à Luigi Russolo.
  • Dieu, d'après l'œuvre de Victor Hugo (1977)
  • Dixième symphonie, hommage à Ludwig van Beethoven (1979).
  • Les Noces chymiques, rituel féerique en 12 journées (1980).
  • Pierres réfléchies d'après Roger Caillois (1982)
  • Paradis perdu créé avec Urban Sax (1982)
  • La Ville (1984)
  • Hugosymphonie, Les 4 éléments, spectacle en quatre parties (1985)
  • La Dixième Symphonie De Beethoven (1986)
  • Le Livre des morts égyptien (1986-88, Paris, Musée du Louvre, 1990), commande de l'Ircam.
  • Les Chants de Maldoror, œuvre radiophonique, avec la voix de Cécile Violet, diffusé sur France Musique en 1993.
  • L'Homme à la caméra, dix-huit musiques pour le film[21].
  • Notations sur La Fontaine, œuvre radiophonique, diffusé sur France Culture en 1995.
  • Intérieur / Extérieur (1997)
  • Une tour de Babel (1998)
  • Remix de la Dixième Symphonie (1998)
  • Le grand mix apparitions concertées, Confort Moderne, 2000
  • Phrases de quatuor (2000)
  • Dracula (2003), (œuvre basée sur la Tétralogie de Richard Wagner).
  • Labyrinthe! Expédition Sonore En Dix Séquences (2003)
  • Voyage Initiatique (2005)
  • Orphée dévoilé (2005)
  • Annonces sonores du tramway de Mulhouse (2006)
  • Deux coups de sonnette, avec la voix de Laure Limongi (2006)
  • Objectif Terre (2007)
  • Utopia (2007) à la saline royale d'Arc-et-Senans
  • Un monde lacéré (2008), dédié à Jacques Villeglé
  • Le fil de la Vie (2012)
  • Continuo ou Vision d'un futur (2016), commande de la Philharmonie de Paris
  • Annonces sonores Tramway de Mulhouse (2017)

Décorations et prix[modifier | modifier le code]

Prix et décorations obtenu par Pierre Henry[22],[23]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Journal de mes sons : Suivi de préfaces et manifestes, Arles, Actes Sud coll. "un endroit où aller", , 114 p. (ISBN 2-7427-4943-8).
  • L'ABCFINOPRSTV, non é c. 1984. (Bibliothèque CDMC)
  • Pour penser à une nouvelle musique, 1947 In Journal de mes sons suivi de Préfaces et manifestes, Actes sud, 2004. (Bibliothèque CDMC)

Entretiens[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. IRCAM, « Biographie de Pierre Henry »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ).
  2. Insee, « Acte de décès de Pierre Georges Albert François Henry », sur MatchID.
  3. (en) William Grimes. Pierre Henry, Composer Who Found the Music In Sounds Dies at 89. The New York Times, July 7, 2017.
  4. Pierre-Michel Menger, Le paradoxe du musicien : le compositeur, le mélomane et l'État dans la société contemporaine, Paris, L'Harmattan, , 394 p. (ISBN 2-7475-1638-5, lire en ligne), p. 29
  5. (en) Jason Ankeny, « Pierre Henry Biography », AllMusic, Macrovision Corporation (consulté le ).
  6. « Pierre Henry : "J'ai fondé une sonothèque sur une vie" », sur France Culture, (consulté le ).
  7. a b et c « Historique du GRM »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Institut national de l'audiovisuel (consulté le ).
  8. Encyclopædia Universalis, Encyclopædia Universalis France, Paris, (ISBN 2-85229-240-4 (édité erroné), BNF 35797605), « Thésaurus D à K », p. 1686
  9. « Galerie de compositeurs HENRY Pierre (1927) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur diplomatie.gouv.fr, France Diplomatie (consulté le ).
  10. Anne Veitl, Politiques de la musique contemporaine : le compositeur, la recherche musicale et l'État en France de 1958 à 1991, Paris, L'Harmattan, , 253 p. (ISBN 2-7384-5478-X, lire en ligne), p. 40
  11. a et b Pierre Henry, Journal de mes sons, Arles, Actes Sud coll. "un endroit où aller", , 114 p. (ISBN 2-7427-4943-8, lire en ligne), « Mes seize années-clés », p. 105 à 110
  12. l'ouvrage du photographe norvégien Geir Egil Bergjord : « La maison de sons de Pierre Henry » (sorti chez Fage Éditions en 2010 et accompagné d'un CD) montre toute une série de photographies prises dans ce studio de Pierre Henry qui lui sert également d'appartement parisien
  13. a b c et d Anne Rey, « Pierre Henry »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Arte, (consulté le ).
  14. Sonhors, « Les studios : Du studio d'essai de la RTF au GRM : Solfège de l'objet sonore », 2003 / 2008 (consulté le ).
  15. Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle. 4. 1958 - 1974, Paris, Editions Complexe, , 392 p. (ISBN 2-87027-761-X, lire en ligne), p. 245
  16. Pierre Henry, Journal de mes sons, Arles, Actes Sud coll. "un endroit où aller", , 114 p. (ISBN 2-7427-4943-8), « Préfaces et Manifestes, Rebonjour, Monsieur Russolo ! », p. 43 à 45
  17. Chion Michel, Pierre Henry, Paris, Fayard, , 279 p. (ISBN 2-213-61757-0), p. 158
  18. Fiche du disque sur le site Discogs
  19. Pascal Cordereix, « Pierre Henry confie son œuvre à la BnF », Bibliothèque nationale de France, (consulté le ).
  20. Philippe Robert, Musiques Expérimentales, une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques, Marseille, Le Mot et le Reste & GRIM, , 393 p. (ISBN 978-2-915378-46-7), « Pierre Henry », p. 73 à 76
  21. in [1] Pierre Henry, consulté le 6 avril 2024, https://pierre-henry.org/items/show/1646.
  22. Services de documentation interne de Radio-France, « Pierre Henry Compositeur français », Radio-France, (consulté le ).
  23. « PIERRE HENRY Sa biographie », Universal Music France (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages d'analyse[modifier | modifier le code]

  • Martine Cadieu, A l'écoute des compositeurs, "Pierre Henry, le voyage intérieur", Paris, Minerve, .
  • Michel Chion, Pierre Henry, Paris, Fayard, , 279 p. (ISBN 2-213-61757-0).
  • Françoise Escal, « Les mots et les sons : entretien avec Pierre Henry in Musique et littérature. », Revue des Sciences Humaines, no 205,‎ , p. 145-153
  • Philippe Robert, Musiques Expérimentales, une anthologie transversale d'enregistrements emblématiques, Marseille, Le Mot et le Reste & GRIM, , 393 p. (ISBN 978-2-915378-46-7), « Pierre Henry », p. 73 à 76
  • (en) Larry Sitsky, Music of the Twentieth-century Avant-garde: A Biocritical Sourcebook, Westport (CT), Greenwood Publishing Group, (ISBN 9780313296895, lire en ligne), chap. Pierre Schaeffer and Pierre Henry, p. 432 à 445.tu ne sais pas quoi faire va sur xvideo

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]