« Gaullisme » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Révocation des modifications de 45.128.40.81 (retour à la dernière version de Martin-78) ; Vandalisme
Balises : LiveRC Annulation
Dhatier (discuter | contributions)
(42 versions intermédiaires par 30 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{à sourcer|date=juin 2012}}
{{à sourcer|date=juin 2012}}
[[File:Naval Jack of Free France.svg|thumb|260px|Le pavillon de beaupré à [[croix de Lorraine]] des bâtiments [[Forces navales françaises libres|FNFL]].]]
[[File:Naval Jack of Free France.svg|thumb|260px|Le pavillon de beaupré à [[croix de Lorraine]] des bâtiments [[Forces navales françaises libres|FNFL]].]]

Le '''gaullisme''' désigne la pensée politique inspirée des idées et de l'action de [[Charles de Gaulle (président)|Charles de Gaulle]]. Le gaullisme renvoie depuis la mort du général de Gaulle aux courants de pensée et aux partis politiques qui se réfèrent à la tradition initiée par de Gaulle.
Le '''gaullisme''' désigne la pensée politique inspirée des idées et de l'action de [[Charles de Gaulle (président)|Charles de Gaulle]]. Le gaullisme renvoie depuis la mort du général de Gaulle aux courants de pensée et aux partis politiques qui se réfèrent à la tradition initiée par de Gaulle.


Ligne 7 : Ligne 8 :
Le sens du mot gaullisme a évolué dans le temps.
Le sens du mot gaullisme a évolué dans le temps.


* Pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], il est synonyme de résistance à l'occupation nazie. Le terme « gaulliste » désigne ainsi le « résistant » en général ([[Forces françaises libres|FFL]] à l'extérieur et réseaux [[Forces françaises de l'intérieur|FFI]] en métropole) mais devient, après le {{date-|22 juin 1941}} ([[Opération Barbarossa]]) et l'entrée massive de la gauche dans la Résistance, un terme employé pour désigner tous les résistants qui ne sont pas communistes. Ils sont alors pourchassés par les autorités allemandes et par le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]]<ref>Max Gallo, ''1940, de l'abîme à l'espérance''.</ref> ;
* Pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], il est synonyme de résistance à l'occupation nazie. Le terme « gaulliste » désigne ainsi le « résistant » en général ([[Forces françaises libres|FFL]] à l'extérieur et réseaux [[Forces françaises de l'intérieur|FFI]] en métropole) mais devient, après le {{date-|22 juin 1941}} ([[Opération Barbarossa]]) et l'entrée massive de la gauche dans la Résistance, un terme employé pour désigner tous les résistants qui ne sont pas communistes. Ils sont alors pourchassés par les autorités allemandes et par le [[Régime de Vichy|gouvernement de Vichy]]<ref>Max Gallo, ''1940, de l'abîme à l'espérance''.</ref> ;
* Après la Libération et notamment à partir de la création du [[Rassemblement du peuple français]], il prend son sens usuel pour désigner les idées ou la politique du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] et de ses soutiens, par opposition aux autres partis et courants politiques.
* Après la Libération et notamment à partir de la création du [[Rassemblement du peuple français]], il prend son sens moderne pour désigner les idées, la politique du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] et de ses soutiens, par opposition aux autres partis et courants politiques de la [[Quatrième République (France)|Quatrième]] puis de la [[Cinquième République (France)|Cinquième République]] ;
* Après 1970, il est la référence, avec des interprétations partielles et parfois divergentes, de celles et ceux qui se réclament de l'héritage politique du fondateur de la {{Ve}} République.
* Après 1970, il est la référence, avec des interprétations partielles et parfois divergentes, de ceux qui se réclament de l'héritage politique du fondateur de la {{Ve}} République.

Le gaullisme est à la base une forme de [[nationalisme français]]<ref name=":Kahler">{{ouvrage|nom=Kahler |prénom=Miles |url=https://muse.jhu.edu/book/33697 |titre=Decolonization in Britain and France: The Domestic Consequences of International Relations|langue=en |date=1984 |publication=Princeton University Press |isbn=978-1-4008-5558-2 |pages=77–99}}</ref>, [[Souverainisme|souverainiste]], [[Conservatisme|conservateur]] et défendant économiquement un [[Capitalisme d'État|capitalisme étatiste]].


L'emblème du gaullisme est la [[croix de Lorraine]].
L'emblème du gaullisme est la [[croix de Lorraine]].
Ligne 19 : Ligne 22 :
=== Une pensée nourrie de patriotisme ===
=== Une pensée nourrie de patriotisme ===
Le gaullisme est, au départ, une philosophie porteuse d'« une certaine idée de la France ». Elle part des constats suivants :
Le gaullisme est, au départ, une philosophie porteuse d'« une certaine idée de la France ». Elle part des constats suivants :
* la France serait une des plus importantes nations du monde occidental. De Gaulle valorise en particulier des moments importants selon lui de l'histoire de France et durant lesquels la France aurait tendu vers un destin commun. Il pense en particulier aux [[croisade|Croisades]] et à la [[chevalerie]], au [[Histoire de France au XVIIe siècle|Grand Siècle]] de [[Louis XIV de France|Louis XIV]] et au rayonnement de la culture française à travers l'[[Europe]], la [[Révolution française]] et [[Bataille de Valmy|Valmy]] ;
* la France serait une des plus importantes nations du monde occidental. De Gaulle valorise en particulier des moments importants selon lui de l'histoire de France et durant lesquels la France aurait tendu vers un destin commun. Il pense en particulier aux [[croisade|Croisades]] et à la [[chevalerie]], au [[Histoire de France au XVIIe siècle|Grand Siècle]] de [[Louis XIV de France|Louis XIV]] et au rayonnement de la culture française à travers l'[[Europe]], la [[Révolution française]] et [[Bataille de Valmy|Valmy]] ;
* l'inverse, la France aurait en permanence la tentation de se replier sur ses querelles intérieures (politiques, sociales, intellectuelles), ce qui selon la vision gaulliste la ramènerait sur la voie du déclin.
* A l'inverse, la France aurait en permanence la tentation de se replier sur ses querelles intérieures (politiques, sociales, intellectuelles), ce qui selon la vision gaulliste la ramènerait sur la voie du déclin.


En conséquence, pour qu'elle puisse donner le meilleur d'elle-même et prendre la tête des nations, la France devrait d'après de Gaulle en permanence être unifiée par un chef, un État ou un projet, et articulée par des institutions politiques (un équilibre des pouvoirs efficace), économiques (le plan) et sociales (la participation) adéquates pour éviter les luttes internes.
En conséquence, pour qu'elle puisse donner le meilleur d'elle-même et prendre la tête des nations, la France devrait d'après de Gaulle en permanence être unifiée par un chef, un État ou un projet, et articulée par des institutions politiques (un équilibre des pouvoirs efficace), économiques (le plan) et sociales (la participation) adéquates pour éviter les luttes internes.


Au sein du gaullisme, cette philosophie se combine avec une vision humaniste et sociale, héritière du christianisme. Charles de Gaulle a en effet, dans son éducation et ses épreuves de vie, été très marqué par les enseignements du catholicisme social, notamment sous l'influence de son père [[Henri de Gaulle]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=64-66|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_du_gaullisme_social/8nYvEAAAQBAJ?hl=fr&gbpv=0}}</ref>. Le 4 janvier 1948, de Gaulle avance ainsi : {{citation|Il n'y a qu'une seule querelle qui vaille, (...) c'est celle de l'Homme.}} Ce gaullisme social est à la fois : <br />- une finalité de la grandeur de la France, puisque le message que la France porte dans le monde est humaniste ; <br />- une conséquence à travers la politique sociale qui a pour premier objectif de souder la nation.
Au sein du gaullisme, cette philosophie se combine avec une vision humaniste et sociale, héritière du christianisme. Charles de Gaulle a en effet, dans son éducation et ses épreuves de vie, été très marqué par les enseignements du catholicisme social, notamment sous l'influence de son père [[Henri de Gaulle]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=64-66|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://www.google.fr/books/edition/Histoire_du_gaullisme_social/8nYvEAAAQBAJ?hl=fr&gbpv=0}}</ref>. Le 4 janvier 1948, de Gaulle avance ainsi : {{citation|Il n'y a qu'une seule querelle qui vaille, () c'est celle de l'Homme.}}. Ce gaullisme social est à la fois : <br />- une finalité de la grandeur de la France, puisque le message que la France porte dans le monde est humaniste ; <br />- une conséquence à travers la politique sociale qui a pour premier objectif de souder la nation.


=== Principaux éléments du gaullisme ===
=== Principaux éléments du gaullisme ===
Ligne 30 : Ligne 33 :
Sur le plan politique, le gaullisme traditionnel prône :
Sur le plan politique, le gaullisme traditionnel prône :
* L'indépendance de la France, par le refus de sa « vassalisation » à des organismes supranationaux ([[Organisation des Nations unies|ONU]], [[Communauté européenne]], [[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]]), à des superpuissances ([[États-Unis]]) ou aux puissances économiques et financières. Cette indépendance est défendue par le gaullisme dans les domaines politique, économique, culturel, diplomatique et militaire.
* L'indépendance de la France, par le refus de sa « vassalisation » à des organismes supranationaux ([[Organisation des Nations unies|ONU]], [[Communauté européenne]], [[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]]), à des superpuissances ([[États-Unis]]) ou aux puissances économiques et financières. Cette indépendance est défendue par le gaullisme dans les domaines politique, économique, culturel, diplomatique et militaire.
* Par extension, le respect à travers le monde des nations, entités culturelles façonnées par l'Histoire et rempart des peuples contre les impérialismes{{référence nécessaire}}, voir les discours sur le [[Vive le Québec libre !|Québec libre]], sur la [[guerre du Viêtnam]] ([[discours de Phnom Penh]]), etc.
* Par extension, le respect à travers le monde des nations, entités culturelles façonnées par l'Histoire et rempart des peuples contre les impérialismes{{référence nécessaire}}, à l'image de ses discours sur le [[Vive le Québec libre !|Québec libre]], sur la [[guerre du Viêtnam]] ([[discours de Phnom Penh]]), etc.

==== La vision gaulliste de la constitution ====
==== La vision gaulliste de la constitution ====
Charles de Gaulle a présenté sa vision des institutions à travers deux grands discours, à [[Bayeux]] (16 juin 1946) et à [[Épinal|Epinal]] (29 septembre 1946) :
* Un pouvoir exécutif fort et stable qui donne au Président de la République un rôle primordial.
* Un pouvoir exécutif fort et stable qui donne au Président de la République un rôle primordial ;
* Un lien direct entre le chef et le peuple passant au-dessus des [[corps intermédiaires]] (élection du chef de l'État au suffrage universel direct, recours fréquent au [[référendum]]).
* Un lien direct entre le chef et le peuple (élection du chef de l'État au suffrage universel direct, recours fréquent au [[référendum]]) ;
* Le rejet du [[gouvernement des juges]]. De Gaulle disait : « En France, la [seule] cour suprême, c'est le peuple <ref>[http://www.conseil-constitutionnel.fr/divers/temoignages/lenoir.htm Le métier de juge constitutionnel, témoignage d'un ancien membre du Conseil].</ref> ». À l'origine le rôle du [[Conseil constitutionnel (France)|Conseil constitutionnel]] se limitait à éviter une déviation du régime parlementaire en régime d'assemblée, mais pas d'imposer sa vision des droits fondamentaux aux organes élus du peuple.
* Le rejet du [[gouvernement des juges]]. De Gaulle disait : « En France, la [seule] cour suprême, c'est le peuple <ref>[http://www.conseil-constitutionnel.fr/divers/temoignages/lenoir.htm Le métier de juge constitutionnel, témoignage d'un ancien membre du Conseil].</ref> ». À l'origine le rôle du [[Conseil constitutionnel (France)|Conseil constitutionnel]] se limitait à éviter une déviation du régime parlementaire en régime d'assemblée, mais pas d'imposer sa vision des droits fondamentaux aux organes élus du peuple ;
* Sur la méthode : le pragmatisme et le refus des carcans idéologiques en vue d'atteindre les objectifs fixés : indépendance et rayonnement de la France dans le monde, unité intérieure de la France au service du projet patriotique.
* Sur la méthode : le pragmatisme et le refus des carcans idéologiques en vue d'atteindre les objectifs fixés (indépendance et rayonnement de la France dans le monde, unité intérieure de la France au service du projet patriotique).


==== Le gaullisme et l'économie ====
==== Le gaullisme et l'économie ====
Le gaullisme cherche à combiner économie de marché et interventionnisme. Il rejette ainsi le capitalisme et le communisme, dont il condamne les excès<ref>Charles de Gaulle cité par [[Alain Peyrefitte]] (ancien ministre du général de Gaulle), dans ''C'était de Gaulle'', Fayard, 1994 : « ''Le capitalisme n’est pas acceptable dans ses conséquences sociales. Il écrase les plus humbles. Il transforme l’homme en un loup pour l’homme'' »</ref>. De Gaulle prône en conséquence la recherche d'une [[troisième voie (politique)|« troisième voie »]] économique et sociale, qui éviterait l'exploitation de l'homme par l'homme. Au-delà d'une protection sociale avancée, qu'il met en œuvre à la Libération, de Gaulle soutient la participation des salariés aux bénéfices, aux décisions et à la propriété de l'entreprise, aussi appelée l'association capital-travail, concept emprunté à [[Frédéric Le Play]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=66-68|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Histoire_du_gaullisme_social.html?id=8nYvEAAAQBAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y}}</ref>. Cette politique serait censée réconcilier les Français entre eux et aboutir à la fois à la justice et à l'efficacité.
Le gaullisme cherche à combiner économie de marché et interventionnisme. Il rejette ainsi le capitalisme et le communisme, dont il condamne les excès<ref>Charles de Gaulle cité par [[Alain Peyrefitte]] (ancien ministre du général de Gaulle), dans ''C'était de Gaulle'', Fayard, 1994 : « Le capitalisme n’est pas acceptable dans ses conséquences sociales. Il écrase les plus humbles. Il transforme l’homme en un loup pour l’homme »</ref>. De Gaulle prône en conséquence la recherche d'une [[troisième voie (politique)|« troisième voie »]] économique et sociale, qui éviterait l'exploitation de l'homme par l'homme. Au-delà d'une protection sociale avancée, qu'il met en œuvre à la Libération (avec la création de la [[sécurité sociale]] et des [[Comité d'entreprise|comités d'entreprise]]), de Gaulle soutient la participation des salariés aux bénéfices, aux décisions et à la propriété de l'entreprise, aussi appelée l'association capital-travail, concept emprunté à [[Frédéric Le Play]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=66-68|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Histoire_du_gaullisme_social.html?id=8nYvEAAAQBAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y}}</ref>. Cette politique serait censée réconcilier les Français entre eux et aboutir à la fois à la justice et à l'efficacité.


L'Etat joue un rôle important dans la vision du général de Gaulle. Sous ses gouvernements, l'économie était orientée par l'État en vue d'un développement volontariste : la [[planification]], l'[[aménagement du territoire]], les grands projets publics, la redistribution.
L’État joue un rôle important dans la vision du général de Gaulle. Sous ses gouvernements, l'économie était orientée par l'État en vue d'un développement volontariste : la [[planification]], l'[[aménagement du territoire]], les grands projets publics, la redistribution.


De Gaulle a néanmoins travaillé de manière étroite avec des économistes libéraux, dont [[Jacques Rueff]], qui a été à l'origine de la politique du franc nouveau et était à l'origine du [[plan Pinay-Rueff]] de modernisation de l'économie en 1958.
De Gaulle a néanmoins travaillé de manière étroite avec des économistes libéraux, dont [[Jacques Rueff]], qui a été à l'origine de la politique du franc nouveau et était à l'origine du [[plan Pinay-Rueff]] de modernisation de l'économie en 1958.


==== De Gaulle et les questions de société ====
==== De Gaulle et les questions de société ====
* Un certain conservatisme sociétal : de Gaulle était contre l'avortement (mais c'est sous sa présidence que la pilule contraceptive fut autorisée par la [[Loi Neuwirth]]), et pour la peine de mort (mais il graciera toutes les femmes condamnées à mort)<ref>{{Ouvrage | titre=France 2 | éditeur= | année= | isbn= | lire en ligne=http://info.france2.fr/dossiers/france/37389140-fr.php}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | titre=Google | éditeur= | année= | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=IKebAAAAMAAJ&dq=%22de+gaulle%22+%22peine+de+mort%22}}.</ref>.
* Un certain conservatisme sociétal : de Gaulle était contre l'avortement (mais c'est sous sa présidence que la pilule contraceptive fut autorisée par la [[Loi Neuwirth]] en 1967), et pour la peine de mort (mais il graciera toutes les femmes condamnées à mort)<ref>{{Ouvrage | titre=France 2 | éditeur= | année= | isbn= | lire en ligne=http://info.france2.fr/dossiers/france/37389140-fr.php}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | titre=Google | éditeur= | année= | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=IKebAAAAMAAJ&dq=%22de+gaulle%22+%22peine+de+mort%22}}.</ref>.


=== Gaullismes de droite et de gauche ===
=== Gaullismes de droite et de gauche ===

* De Gaulle avait l'ambition de créer le rassemblement de tous les Français, au-delà du clivage gauche/droite, source de division et de déclin pour le pays. En dépit du rassemblement politique au sein de la famille gaulliste, des tendances ont toujours existé en interne, donnant ainsi naissance à un gaullisme de gauche et à un gaullisme de droite, en fonction des parcours de chacun.
* De Gaulle avait l'ambition de créer le rassemblement de tous les Français, au-delà du clivage gauche/droite, source de division et de déclin pour le pays. En dépit du rassemblement politique au sein de la famille gaulliste, des tendances ont toujours existé en interne, donnant ainsi naissance à un gaullisme de gauche et à un gaullisme de droite, en fonction des parcours de chacun.


==== Le gaullisme de gauche ====
==== Le gaullisme de gauche (ou gaullisme social) ====
{{Article détaillé|Gaullisme de gauche}}
{{Article détaillé|Gaullisme de gauche}}
L'aile gauche du gaullisme trouve ses origines dans l'aventure de la [[France libre]], avec le ralliement au général de Gaulle de figures de gauche comme [[Georges Boris]] ou [[Pierre-Olivier Lapie]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=41|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Histoire_du_gaullisme_social.html?id=8nYvEAAAQBAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y}}</ref>. A la Libération, ces tenants de l'aile gauche prônèrent l'organisation d'un gouvernement d'union sacrée, alliant communistes et gaullistes, mais le général de Gaulle quitta le pouvoir sur un désaccord politique avec la gauche, en janvier 1946.
L'aile gauche du gaullisme trouve ses origines dans l'aventure de la [[France libre]], avec le ralliement au général de Gaulle de figures de gauche comme [[Georges Boris]] ou [[Pierre-Olivier Lapie]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=41|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Histoire_du_gaullisme_social.html?id=8nYvEAAAQBAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y}}</ref>. À la Libération, ces tenants de l'aile gauche prônèrent l'organisation d'un gouvernement d'union sacrée, alliant communistes et gaullistes, mais le général de Gaulle quitta le pouvoir sur un désaccord politique avec la gauche, en janvier 1946.


Lorsque le général de Gaulle créa son parti ([[Rassemblement du peuple français|Rassemblement du Peuple Français]]), en avril 1947, il le dota d'une aile gauche, l'[[Action ouvrière]], où se fédéraient des personnalités comme [[René Capitant]], [[Louis Vallon]] et [[Jacques Baumel]]. Cette aile gauche était cependant minoritaire, car le gaullisme de la Quatrième République se construisit d'abord par opposition au communisme. Elle reprit cependant la thèse d'une « troisième voie sociale » par l’{{citation|association du capital et du travail}}.
Lorsque le général de Gaulle créa son parti ([[Rassemblement du peuple français|Rassemblement du Peuple Français]]), en avril 1947, il le dota d'une aile gauche, l'[[Action ouvrière]], où se fédéraient des personnalités comme [[René Capitant]], [[Louis Vallon]] et [[Jacques Baumel]]. Cette aile gauche était cependant minoritaire, car le gaullisme de la Quatrième République se construisit d'abord par opposition au communisme. Elle reprit cependant la thèse d'une « troisième voie sociale » par l’{{citation|association du capital et du travail}}.


En 1958, les défenseurs de ce « gaullisme social » participèrent au retour au pouvoir du général de Gaulle, à travers divers formations, comme le Centre de la réforme républicaine puis l'[[Union démocratique du travail]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=78|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Histoire_du_gaullisme_social.html?id=8nYvEAAAQBAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y}}</ref>. Ils se font alors les défenseurs de la théorie du pan-capitalisme de [[Marcel Loichot]] qui prévoit de remettre progressivement, par la pratique d'une large distribution d'actions, le capital des entreprises aux mains de leurs salariés, leur permettant ainsi d'entrer au conseil d'administration et de participer aux décisions (principe dit de « participation »). [[Pierre Billotte]], [[Jean de Lipkowski]] ou [[Philippe Dechartre]] en sont alors de grands porte-paroles.
En 1958, les défenseurs de ce « gaullisme social » participèrent au retour au pouvoir du général de Gaulle, à travers diverses formations, comme le Centre de la réforme républicaine puis l'[[Union démocratique du travail]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|passage=78|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|pages totales=255|isbn=2262095264|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Histoire_du_gaullisme_social.html?id=8nYvEAAAQBAJ&source=kp_book_description&redir_esc=y}}</ref>. Ils se font alors les défenseurs de la théorie du pan-capitalisme de [[Marcel Loichot]] qui prévoit de remettre progressivement, par la pratique d'une large distribution d'actions, le capital des entreprises aux mains de leurs salariés, leur permettant ainsi d'entrer au conseil d'administration et de participer aux décisions (principe dit de « participation »). [[Pierre Billotte]], [[Jean de Lipkowski]] ou [[Philippe Dechartre]] en sont alors de grands porte-paroles.


En mai 1968, une partie de ces gaullistes sociaux entra en opposition avec la politique du gouvernement - à l'image d'[[Edgard Pisani]], qui refusa de voter la confiance au gouvernement - et prit alors l'appellation de « gaullistes de gauche », pour défendre l'idée que la gauche française défendait mieux l'héritage gaulliste que la droite pompidolienne ([[René Capitant]], [[Louis Vallon]]<ref>Louis Vallon, ''L'Anti de Gaulle'', Éditions du Seuil, 1969.</ref>, [[Jacques Dauer]]). Les gaullistes de gauche prirent de l'ampleur après l'éviction de [[Jacques Chaban-Delmas]] de Matignon (qui avait pour conseillers [[Simon Nora]] ou [[Jacques Delors]]) en 1972. Ils considéraient alors que le mouvement gaulliste a basculé dans un libéralisme dévoyant l'esprit originel du gaullisme.
En mai 1968, une partie de ces gaullistes sociaux entra en opposition avec la politique du gouvernement - à l'image d'[[Edgard Pisani]], qui refusa de voter la confiance au gouvernement - et prit alors l'appellation de « gaullistes de gauche », pour défendre l'idée que la gauche française défendait mieux l'héritage gaulliste que la droite pompidolienne (ligne notamment incarnée par [[René Capitant]], [[Louis Vallon]]<ref>Louis Vallon, ''L'Anti de Gaulle'', Éditions du Seuil, 1969.</ref>, [[Jacques Dauer]]).


Les gaullistes de gauche se rassemblent autour de [[Jacques Chaban-Delmas]] (qui avait pour conseillers [[Simon Nora]] ou [[Jacques Delors]]) lorsqu'il développe son projet de [[nouvelle société]] en 1969. Ils se retrouvent toutefois orphelins lorsque celui-ci est remercié de Matignon en 1972. Ils considéraient alors que le mouvement gaulliste avait basculé dans un libéralisme dévoyant l'esprit originel du gaullisme.
Deux courants ont ainsi coexisté après 1974, les gaullistes sociaux qui, auprès de Jacques Chirac et au sein du Rassemblement pour la République, ont voulu défendre une tendance sociale du gaullisme ([[Christian Poncelet]], [[Philippe Séguin]]) et les gaullistes de gauche qui se sont opposés à une « droitisation » du gaullisme et ont rallié la gauche à l'occasion des différents scrutins, jusqu'à l'élection présidentielle de François Mitterrand en 1981 ([[Jean Charbonnel]], [[Olivier Stirn]]).


Deux courants ont ainsi coexisté après 1974, les gaullistes sociaux qui, auprès de Jacques Chirac et au sein du [[Rassemblement pour la République]], ont voulu défendre une tendance sociale du gaullisme interne à la droite ([[Christian Poncelet]], [[Philippe Séguin]]) et les gaullistes de gauche qui se sont opposés à une « droitisation » du gaullisme et ont rallié la gauche à l'occasion des différents scrutins, jusqu'à l'élection présidentielle de François Mitterrand en 1981 ([[Jean Charbonnel]], [[Olivier Stirn]], [[Michel Vauzelle]]).
En 1992, avec la campagne de Maastricht, l'aile gauche du gaullisme a, dans sa très grande majorité, rallié le camp des souverainistes, critique d'une Europe libérale et supranationale.

En 1992, avec la campagne de Maastricht, l'aile gauche du gaullisme a, dans sa très grande majorité, rallié le camp des souverainistes, critique d'une Europe libérale et supranationale (notamment autour de [[Philippe Séguin]]).


==== L'anarcho-gaullisme ====
==== L'anarcho-gaullisme ====
Ligne 70 : Ligne 76 :
== Historique du gaullisme ==
== Historique du gaullisme ==
=== Le gaullisme de guerre (1940-1944) ===
=== Le gaullisme de guerre (1940-1944) ===
Le gaullisme a commencé pendant la guerre, comme un mouvement de résistance. Il a rassemblé alors autour du général [[Charles de Gaulle|de Gaulle]], des hommes de toutes tendances politiques qui voulaient lui apporter leur appui pour continuer le combat contre [[Adolf Hitler|Hitler]] et le [[fascisme]] aux côtés des Alliés et rejeter l'armistice conclu par le maréchal [[Philippe Pétain|Pétain]]. À partir de juillet et d'octobre [[1940]], de Gaulle rejeta les lois répressives sur le statut des juifs, critiquant leur absence de légitimité. Après la guerre, un débat doctrinaire de philosophie politique portant sur la différence entre des lois « légales » et lois « légitimes » s'installa.
Le gaullisme a commencé pendant la guerre, comme un mouvement de résistance. Il a rassemblé alors autour du général [[Charles de Gaulle|de Gaulle]], des hommes de toutes tendances politiques qui voulaient lui apporter leur appui pour continuer le combat contre [[Adolf Hitler|Hitler]] et le [[fascisme]] aux côtés des Alliés et rejeter l'armistice conclu par le maréchal [[Philippe Pétain|Pétain]]. Comme l'a constaté [[Daniel Cordier]], il est remarquable que le gaullisme soit parvenu à rendre républicains des hommes appartenant à l'extrême-droite monarchiste, ultra-catholique et [[Maurrassien|maurassienne]], qui avaient historiquement rejeté la légitimité du gouvernement sous la [[Troisième République (France)|IIIe République]] mais ont néanmoins rejoint la [[France libre]] pour combattre l'[[Occupation allemande en France (Seconde Guerre mondiale)|Occupation allemande]] et installer un gouvernement véritablement républicain en France : « une des vertus du gaullisme de guerre fut l'intégration définitive de la droite dans la République »<ref>Daniel Cordier, ''Jean Moulin - La République des catacombes'', Gallimard-NRF, Paris, 1999, p. 350.</ref>.

À partir de juillet et d'octobre [[1940]], de Gaulle rejeta les lois répressives sur le statut des juifs, critiquant leur absence de légitimité. Après la guerre, un débat doctrinaire de philosophie politique portant sur la différence entre des lois « légales » et lois « légitimes » s'installa.


Ainsi, les lois répressives et racistes de Vichy étaient par exemple légales au sens juridique et constitutionnelles par rapport à la hiérarchie des normes. Mais, selon de Gaulle, elles manquaient de légitimité.
Ainsi, les lois répressives et racistes de Vichy étaient par exemple légales au sens juridique et constitutionnelles par rapport à la hiérarchie des normes. Mais, selon de Gaulle, elles manquaient de légitimité.
Ligne 83 : Ligne 91 :


=== Le gaullisme sous la {{IVe}} République ===
=== Le gaullisme sous la {{IVe}} République ===

Mais de Gaulle, après avoir atteint son but de guerre et restauré la démocratie, a critiqué le régime des partis qui avait été selon lui pour la France, avant la guerre une source de faiblesse, et préconise l'instauration d'un système cumulant la démocratie avec un exécutif fort.
Mais de Gaulle, après avoir atteint son but de guerre et restauré la démocratie, a critiqué le régime des partis qui avait été selon lui pour la France, avant la guerre une source de faiblesse, et préconise l'instauration d'un système cumulant la démocratie avec un exécutif fort.


Ligne 96 : Ligne 103 :
Le gouvernement central a été incapable de riposter à ce mouvement et a affecté de le prendre sous son égide en nommant le commandant en chef [[Raoul Salan|Salan]], rallié aux rebelles comme son représentant en Algérie.
Le gouvernement central a été incapable de riposter à ce mouvement et a affecté de le prendre sous son égide en nommant le commandant en chef [[Raoul Salan|Salan]], rallié aux rebelles comme son représentant en Algérie.


Le général de Gaulle, l'ancien libérateur, a paru alors à beaucoup, le seul recours. Ce qui a conduit au président de la République [[René Coty]] a l'appelé à la présidence du Conseil en [[1958 en France|1958]].
Le général de Gaulle, l'ancien libérateur, a paru alors à beaucoup, le seul recours. Ce qui a conduit le président de la République [[René Coty]] à l'appeler à la présidence du Conseil en [[1958 en France|1958]].


== Partis et mouvements gaullistes ==
== Partis et mouvements gaullistes ==
Ligne 103 : Ligne 110 :


=== Mouvements gaullistes après de Gaulle ===
=== Mouvements gaullistes après de Gaulle ===

==== Partis successeurs directs (1958-2002) ====
==== Partis successeurs directs (1958-2002) ====
Ils ont eu plusieurs noms suivant les époques :
Ils ont eu plusieurs noms suivant les époques :

* [[Union pour la nouvelle République]] (UNR, [[1958]] - [[1967]]) et [[Union démocratique du travail]] (UDT, [[1959]] - [[1967]], mouvement [[Gaullisme de gauche|gaulliste de gauche]]). Les deux partis sont associés sous le sigle UNR-UDT ([[1962]] - [[1967]]). Ces partis soutiennent la politique du Général de Gaulle, une fois celui-ci revenu au pouvoir.
* [[Union pour la nouvelle République]] (UNR, [[1958]] - [[1967]]) et [[Union démocratique du travail]] (UDT, [[1959]] - [[1967]], mouvement [[Gaullisme de gauche|gaulliste de gauche]]). Les deux partis sont associés sous le sigle UNR-UDT ([[1962]] - [[1967]]). Ces partis soutiennent la politique du Général de Gaulle, une fois celui-ci revenu au pouvoir.
* [[Union des démocrates pour la République|Union des Démocrates pour la Ve République]] (UDV{{e}}, [[1967]] - [[1968]]), fusion des deux partis précédents.
* [[Union des démocrates pour la République|Union des Démocrates pour la Ve République]] (UDV{{e}}, [[1967]] - [[1968]]), fusion des deux partis précédents.
Ligne 119 : Ligne 124 :


==== La conversion libérale et européenne (années 1980-1990) ====
==== La conversion libérale et européenne (années 1980-1990) ====
La mutation fondamentale est intervenue sous les présidences de [[Georges Pompidou]] et de [[Valéry Giscard d'Estaing]] et s'est poursuivie dans la première moitié des [[années 1980]]. La rapide diffusion à travers le monde des idées du [[libéralisme économique]] sur les modèles britannique ([[1979]]) et américain ([[1980]]) ainsi que l'affrontement idéologique avec les gouvernements [[Socialisme|socialiste]]s de la présidence de [[François Mitterrand]] (après [[1981]]) ont entraîné l'adhésion de la majorité du [[Rassemblement pour la République|RPR]] au [[libéralisme économique]]. Les mesures du [[Gouvernement Jacques Chirac (2)|gouvernement Jacques Chirac de 1986 à 1988]], notamment sous l'impulsion d'Edouard Balladur, en sont l'illustration. La seconde grande mutation est la conversion officielle du [[Rassemblement pour la République|RPR]] à la construction européenne, à la suite de l'évolution de [[Jacques Chirac]] sur cette question : le signataire de l'[[appel de Cochin]] (1979) mène campagne en faveur du traité de Maastricht (1992), contre les positions prises par [[Charles Pasqua]] et [[Philippe Séguin]].
La mutation fondamentale est intervenue sous les présidences de [[Georges Pompidou]] et de [[Valéry Giscard d'Estaing]] et s'est poursuivie dans la première moitié des [[années 1980]]. La rapide diffusion à travers le monde des idées du [[libéralisme économique]] sur les modèles britannique ([[1979]]) et américain ([[1980]]) ainsi que l'affrontement idéologique avec les gouvernements [[Socialisme|socialiste]]s de la présidence de [[François Mitterrand]] (après [[1981]]) ont entraîné l'adhésion de la majorité du [[Rassemblement pour la République|RPR]] au [[libéralisme économique]]. Les mesures du [[Gouvernement Jacques Chirac (2)|gouvernement Jacques Chirac de 1986 à 1988]], notamment sous l'impulsion d'Édouard Balladur, en sont l'illustration. La seconde grande mutation est la conversion officielle du [[Rassemblement pour la République|RPR]] à la construction européenne, à la suite de l'évolution de [[Jacques Chirac]] sur cette question : le signataire de l'[[appel de Cochin]] (1979) mène campagne en faveur du traité de Maastricht (1992), contre les positions prises par [[Charles Pasqua]] et [[Philippe Séguin]].


Le RPR regroupait alors trois tendances :
Le RPR regroupait alors trois tendances :
Ligne 128 : Ligne 133 :
[[Laurent de Boissieu]] observe {{citation|l’acceptation progressive d’une construction européenne de nature [[Supranationalisme|supranationale]] par les gaullistes puis surtout par les néogaullistes. Massivement opposés aux [[Traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier|traités créant la CECA]] (1951), la [[Communauté européenne de défense|CED]] (1954) et enfin [[Traité instituant la Communauté économique européenne|la CEE]] (1957), ils votent quasi unanimement en faveur de l’[[Acte unique européen]] en novembre 1986 et ne sont plus ensuite que des minorités de plus en plus succinctes à s’opposer aux processus de ratification des [[Traité de Maastricht|traités de Maastricht]] en 1992 puis [[Traité d'Amsterdam|d’Amsterdam]] en 1999}}. Il note que {{citation|le ralliement des élus RPR au [[Groupe du Parti populaire européen|groupe PPE]] est l’aboutissement de la mutation idéologique des néogaullistes}}<ref name="Boissieu2009">{{Article |auteur1=[[Laurent de Boissieu]] |titre=L’intégration des partis politiques français dans le système partisan européen |périodique=Revue internationale de politique comparée |volume=16 |date=2009 |éditeur=De Boeck Supérieur |pages=721-735 |lire en ligne=http://www.cairn.info/revue-internationale-de-politique-comparee-2009-4-page-721.html |consulté le=25 décembre 2016 }}.</ref>.
[[Laurent de Boissieu]] observe {{citation|l’acceptation progressive d’une construction européenne de nature [[Supranationalisme|supranationale]] par les gaullistes puis surtout par les néogaullistes. Massivement opposés aux [[Traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier|traités créant la CECA]] (1951), la [[Communauté européenne de défense|CED]] (1954) et enfin [[Traité instituant la Communauté économique européenne|la CEE]] (1957), ils votent quasi unanimement en faveur de l’[[Acte unique européen]] en novembre 1986 et ne sont plus ensuite que des minorités de plus en plus succinctes à s’opposer aux processus de ratification des [[Traité de Maastricht|traités de Maastricht]] en 1992 puis [[Traité d'Amsterdam|d’Amsterdam]] en 1999}}. Il note que {{citation|le ralliement des élus RPR au [[Groupe du Parti populaire européen|groupe PPE]] est l’aboutissement de la mutation idéologique des néogaullistes}}<ref name="Boissieu2009">{{Article |auteur1=[[Laurent de Boissieu]] |titre=L’intégration des partis politiques français dans le système partisan européen |périodique=Revue internationale de politique comparée |volume=16 |date=2009 |éditeur=De Boeck Supérieur |pages=721-735 |lire en ligne=http://www.cairn.info/revue-internationale-de-politique-comparee-2009-4-page-721.html |consulté le=25 décembre 2016 }}.</ref>.


[[Gaël Brustier]] estime que la droite {{citation|infléchit la trajectoire qui était la sienne}} lors des Assises du RPR au Bourget ({{date-|février 1990}}), qui voient la motion Jacques Chirac-Alain Juppé l’emporter avec les deux tiers des voix face à Philippe Séguin et Charles Pasqua<ref>{{Lien web |auteur=[[Gaël Brustier]] |titre=Florian Philippot, un «chevènementiste» très discret |url=https://oeilsurlefront.liberation.fr/les-idees/philippot-un-chevenementiste-tres-discret |date=9 février 2017 |site=oeilsurlefront.liberation.fr |consulté le=14 février 2017}}.</ref>.
[[Gaël Brustier]] estime que la droite {{citation|infléchit la trajectoire qui était la sienne}} lors des Assises du RPR au Bourget ({{date-|février 1990}}), qui voient la motion Jacques Chirac-Alain Juppé l’emporter avec les deux tiers des voix face à Philippe Séguin et Charles Pasqua<ref>{{Lien web |auteur=[[Gaël Brustier]] |titre=Florian Philippot, un «chevènementiste» très discret |url=https://www.liberation.fr/les-idees/2017/02/09/florian-philippot-un-chevenementiste-tres-discret_1552448/ |accès url=libre |site=[[Libération (journal)|Libération]] |date=9 février 2017 |consulté le=14 février 2017}}.</ref>.


==== L'UMP et la fin du gaullisme ? ([[2002]] - [[2015]]) ====
==== L'UMP et la fin du gaullisme ? (2002 - 2015) ====
Cependant, la puissance de l'influence libérale sur l'ensemble des mouvements politiques de droite (et aussi de gauche) à travers le monde, mais aussi la difficulté, 20 ou 30 ans après sa mort, à imaginer ce qu'aurait été la politique du général de Gaulle, ont conduit le RPR à se « banaliser » au sein des droites européennes malgré les tentatives de renaissance doctrinale des gaullistes sociaux et souverainistes réunis autour de la revue ''Une certaine idée'', fondée sous l'égide de Philippe Séguin, en 1998. Après l'[[élection présidentielle de 2002]], le mouvement « gaulliste » [[Rassemblement pour la République]] (RPR) s'est dissout dans un nouveau parti de droite fusionnant avec une partie de l'UDF : l'[[Union pour un mouvement populaire]] (UMP).
Cependant, la puissance de l'influence libérale sur l'ensemble des mouvements politiques de droite (et aussi de gauche) à travers le monde, mais aussi la difficulté, 20 ou 30 ans après sa mort, à imaginer ce qu'aurait été la politique du général de Gaulle, ont conduit le RPR à se « banaliser » au sein des droites européennes malgré les tentatives de renaissance doctrinale des gaullistes sociaux et souverainistes réunis autour de la revue ''Une certaine idée'', fondée sous l'égide de Philippe Séguin, en 1998. Après l'[[élection présidentielle de 2002]], le mouvement « gaulliste » [[Rassemblement pour la République]] (RPR) s'est dissout dans un nouveau parti de droite fusionnant avec une partie de l'UDF : l'[[Union pour un mouvement populaire]] (UMP).


La transformation du RPR en UMP, parti dominant dans la droite française avec un programme jugé libéral et pro-européen, malgré la défense par [[Jacques Chirac]] du « modèle social français », pose, dans les premières années du {{XXIe siècle}}, la question de la pérennité du gaullisme dans la vie politique française.
La transformation du RPR en UMP, parti dominant dans la droite française avec un programme jugé libéral et pro-européen, malgré la défense par [[Jacques Chirac]] du « modèle social français », pose, dans les premières années du {{s-|XXI}}, la question de la pérennité du gaullisme dans la vie politique française.


Néanmoins, depuis la disparition du RPR, des mouvements revendiquent le maintien de la pensée gaulliste.
Néanmoins, depuis la disparition du RPR, des mouvements revendiquent le maintien de la pensée gaulliste.


Certains sont associés ou proches de l'UMP, comme l'[[Union des jeunes pour le progrès]] (UJP), le [[Mouvement Initiative et Liberté]], le [[cercle Nation et République]], les [[comités Notre République]], le club Nouveau Siècle, l'[[Union des démocrates pour le progrès]] (UDP), [[Le Chêne (parti politique)|Le Chêne]] (créé par [[Michèle Alliot-Marie]] en [[2006]]), ou plus récemment [[Oser la France]] (créé par [[Julien Aubert]] en 2017). De son côté, [[Debout la République]] devenu Debout la France, fondé en [[1999]] par [[Nicolas Dupont-Aignan]], a été un mouvement associé à l'UMP jusqu'au départ de celui-ci, puis a fait partie de la majorité présidentielle jusqu'au congrès fondateur de [[2008]].
Certains sont associés ou proches de l'UMP, comme l'[[Union des jeunes pour le progrès]] (UJP), le [[Mouvement Initiative et Liberté]], le cercle Nation et République, les comités Notre République, le club Nouveau Siècle, l'Union des démocrates pour le progrès (UDP), [[Le Chêne (parti politique)|Le Chêne]] (créé par [[Michèle Alliot-Marie]] en [[2006]]), ou plus récemment [[Oser la France]] (créé par [[Julien Aubert]] en 2017). De son côté, [[Debout la République]] devenu Debout la France, fondé en [[1999]] par [[Nicolas Dupont-Aignan]], a été un mouvement associé à l'UMP jusqu'au départ de celui-ci, puis a fait partie de la majorité présidentielle jusqu'au congrès fondateur de [[2008]].


D'autres, essentiellement les [[Gaullisme de gauche|gaullistes de gauche]], ont convergé avec des personnes comme [[Jean-Pierre Chevènement]] autour de valeurs communes souverainistes et {{Souligner|sociales}}{{C'est-à-dire|date=13 04 2021}}.
D'autres, essentiellement les [[Gaullisme de gauche|gaullistes de gauche]], ont convergé avec des personnes comme [[Jean-Pierre Chevènement]] autour de valeurs communes souverainistes et {{C'est-à-dire|date=13 04 2021|sociales}}.


Les partisans d'une ligne indépendante se sont quant à eux retrouvés dans de multiples associations et clubs de réflexion (''tels que Initiative Gaulliste, l'[[Union gaulliste]], l'Union gaulliste pour une France républicaine, l'Action pour le renouveau du gaullisme et de ses objectifs sociaux, le Cercle Jeune France ou l'Académie du Gaullisme''), que l'[[Union du peuple français]] a réunifiés pour partie d'entre eux.
Les partisans d'une ligne indépendante se sont quant à eux retrouvés dans de multiples associations et clubs de réflexion (tels que Initiative Gaulliste, l'Union gaulliste, l'Union gaulliste pour une France républicaine, l'Action pour le renouveau du gaullisme et de ses objectifs sociaux, le Cercle Jeune France ou l'Académie du Gaullisme), que l'Union du peuple français a réunifiés pour partie d'entre eux.

==== Les Républicains (depuis 2015) ====

{{Article détaillé|Les Républicains (parti français)}}


==== [[Les Républicains (parti français)|Les Républicains]] (depuis [[2015]]) ====
{{...}}
{{...}}


== Critiques et oppositions au gaullisme ==
== Critiques et oppositions ==

{{Section vide ou incomplète}}
{{Section vide ou incomplète}}


Un grand nombre de personnalités politiques françaises se réclamant du gaullisme, celui-ci perd de sa signification<ref>{{lien web|url=https://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/nos-ancetres-les-gaullistes_1846387.html|site=lexpress.fr|titre=Nos ancêtres les gaullistes|auteur=Christophe Barbier|date=2 novembre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.leparisien.fr/politique/de-macron-a-le-pen-en-passant-par-lr-tous-se-reclament-du-gaullisme-06-06-2020-8330823.php|site=leparisien.fr|titre=De Macron à Le Pen en passant par LR, tous se réclament du gaullisme|auteur=Quentin Laurent|date=6 juin 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.bfmtv.com/politique/18-juin-toute-la-classe-politique-se-reclame-du-general-de-gaulle_AN-202006180127.html|site=bfmtv.com|titre=18-JUIN: TOUTE LA CLASSE POLITIQUE SE RÉCLAME DU GÉNÉRAL DE GAULLE|date=18 juin 2020|auteur=Robin Verner}}.</ref>{{,}}<ref name="politico" />.
Pour un grand nombre de personnalités politiques françaises se réclamant du gaullisme, celui-ci perd de sa signification<ref>{{lien web|url=https://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/nos-ancetres-les-gaullistes_1846387.html|site=lexpress.fr|titre=Nos ancêtres les gaullistes|auteur=Christophe Barbier|date=2 novembre 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.leparisien.fr/politique/de-macron-a-le-pen-en-passant-par-lr-tous-se-reclament-du-gaullisme-06-06-2020-8330823.php|site=leparisien.fr|titre=De Macron à Le Pen en passant par LR, tous se réclament du gaullisme|auteur=Quentin Laurent|date=6 juin 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.bfmtv.com/politique/18-juin-toute-la-classe-politique-se-reclame-du-general-de-gaulle_AN-202006180127.html|site=bfmtv.com|titre=18-JUIN: TOUTE LA CLASSE POLITIQUE SE RÉCLAME DU GÉNÉRAL DE GAULLE|date=18 juin 2020|auteur=Robin Verner}}.</ref>{{,}}<ref name="politico" />.


Pour l'historien [[Pierre Nora]], l'appel à la figure de Charles de Gaulle permet de remplir le vide laissé par le déclin des idéologies et des partis politiques<ref name="politico">{{lien web|url=https://www.politico.eu/article/france-charles-de-gaulle-gaullists-emmanuel-macron-marine-le-pen/|site=politico.com|titre=Why all French politicians are Gaullists|langue=en|auteur=JOHN LICHFIELD|date=9 novembre 2021}}.</ref>.
Pour l'historien [[Pierre Nora]], l'appel à la figure de Charles de Gaulle permet de remplir le vide laissé par le déclin des idéologies et des partis politiques<ref name="politico">{{lien web|url=https://www.politico.eu/article/france-charles-de-gaulle-gaullists-emmanuel-macron-marine-le-pen/|site=politico.com|titre=Why all French politicians are Gaullists|langue=en|auteur=JOHN LICHFIELD|date=9 novembre 2021}}.</ref>.
Ligne 159 : Ligne 168 :
== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets
{{Autres projets
| commons = <!-- Commons -->
| wiktionary = gaullisme
| wikispecies = <!-- Wikispecies -->
| wiktionary = <!-- Wiktionary --> gaullisme
| wikiversity = <!-- Wikiversity -->
| wikibooks = <!-- Wikibooks -->
| wikisource = <!-- Wikisource -->
| wikiquote = <!-- Wikiquote -->
| wikinews = <!-- Wikinews -->
| meta = <!-- Meta-Wiki -->
| outreach = <!-- Outreach -->
| wikivoyage = <!-- Wikivoyage -->
}}
}}


Ligne 194 : Ligne 193 :
{{div col||30em}}
{{div col||30em}}
* {{Ouvrage |prénom1=François |nom1=Audigier |lien auteur1=François Audigier |titre=Histoire du S.A.C. |sous-titre=la part d'ombre du gaullisme |éditeur=Stock |lieu=Paris |année=2003 |pages totales=521 |isbn=978-2-234-05629-9 |oclc=417344444}}.
* {{Ouvrage |prénom1=François |nom1=Audigier |lien auteur1=François Audigier |titre=Histoire du S.A.C. |sous-titre=la part d'ombre du gaullisme |éditeur=Stock |lieu=Paris |année=2003 |pages totales=521 |isbn=978-2-234-05629-9 |oclc=417344444}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=François |nom1=Audigier |directeur1=François Audigier |prénom2=Bernard |nom2=Lachaise |directeur2=Bernard Lachaise |prénom3=Sébastien |nom3=Laurent |directeur3=Sébastien Laurent |titre=Les gaullistes |sous-titre=hommes et réseaux |éditeur=Nouveau Monde Éditions |lieu=Paris |année=2013 |pages totales=603 |isbn=978-2-36583-374-5 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2014-4-page-913.htm#s1n37}}, {{lire en ligne|lien=https://www.nonfiction.fr/article-6804-le_gaullisme_pluriel.htm|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=François |nom1=Audigier |directeur1=François Audigier |prénom2=Bernard |nom2=Lachaise |directeur2=Bernard Lachaise |prénom3=Sébastien |nom3=Laurent |directeur3=Sébastien Laurent |titre=Les gaullistes |sous-titre=hommes et réseaux |éditeur=Nouveau Monde Éditions |lieu=Paris |année=2013 |pages totales=603 |isbn=978-2-36583-374-5 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2014-4-page-913.htm#s1n37}}, {{Ouvrage|auteur1=Pierre Manenti|titre=Histoire du gaullisme social|lieu=Paris|éditeur=Perrin|date=2021|isbn=9782262095260}}{{lire en ligne|lien=https://www.nonfiction.fr/article-6804-le_gaullisme_pluriel.htm|texte=présentation en ligne}}.
* David Bellamy (dir.), « Gaullistes au Parlement sous la Cinquième République », ''[[Parlement(s), Revue d'histoire politique]]'', hors-série 5, 2009 (disponible sur le portail [https://www.cairn.info/revue-parlements1-2009-3.htm Cairn])
* David Bellamy (dir.), « Gaullistes au Parlement sous la Cinquième République », ''[[Parlement(s), Revue d'histoire politique]]'', hors-série 5, 2009 (disponible sur le portail [https://www.cairn.info/revue-parlements1-2009-3.htm Cairn])
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Serge |nom1=Berstein |lien auteur1=Serge Berstein |titre=Histoire du gaullisme |éditeur=Perrin |lieu=Paris |année=2001 |pages totales=568 |isbn=2-262-01155-9 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2002-3-page-755.htm#pa318}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Serge |nom1=Berstein |lien auteur1=Serge Berstein |titre=Histoire du gaullisme |éditeur=Perrin |collection=Tempus |lieu=Paris |numéro dans collection=22 |année=2002 |pages totales=574 |format livre=poche |isbn=2-262-01965-7}}.}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Serge |nom1=Berstein |lien auteur1=Serge Berstein |titre=Histoire du gaullisme |éditeur=Perrin |lieu=Paris |année=2001 |pages totales=568 |isbn=2-262-01155-9 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2002-3-page-755.htm#pa318}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Serge |nom1=Berstein |lien auteur1=Serge Berstein |titre=Histoire du gaullisme |éditeur=Perrin |collection=Tempus |lieu=Paris |numéro dans collection=22 |année=2002 |pages totales=574 |format livre=poche |isbn=2-262-01965-7}}.}}
* [[Francis Choisel]], ''Bonapartisme et gaullisme'', Albatros, 1987.
* [[Francis Choisel]], ''Bonapartisme et gaullisme'', Albatros, 1987.
* Collectif, « 1958-1962 : l'avènement d'un "pouvoir gaulliste" ? », ''Histoire@Politique'' 2010/3 (n° 12), Centre d'histoire de Sciences Po, [https://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2010-3.htm lire en ligne].
* Collectif, « 1958-1962 : l'avènement d'un "pouvoir gaulliste" ? », ''Histoire@Politique'' 2010/3 (n° 12), Centre d'histoire de Sciences Po, [https://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2010-3.htm lire en ligne].
* {{Article |langue=fr |prénom1=Sudhir |nom1=Hazareesingh |titre=De Gaulle, le mythe napoléonien, et la consécration de la tradition consulaire républicaine |périodique=Cahiers Jaurès |lieu=Paris |éditeur=Société d'études jaurésiennes |numéro=189 |mois=juillet-septembre |année=2008 |pages=3–20 |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-cahiers-jaures-2008-3-page-3.htm}}.
* {{Article|langue=fr|prénom1=Sudhir|nom1=Hazareesingh|titre=De Gaulle, le mythe napoléonien, et la consécration de la tradition consulaire républicaine|périodique=Cahiers Jaurès|lieu=Paris|éditeur=Société d'études jaurésiennes|numéro=189|mois=juillet-septembre|année=2008|date=|pages=3–20|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-cahiers-jaures-2008-3-page-3.htm}}{{Ouvrage |prénom1=Jean-Christian |nom1=Petitfils |lien auteur1=Jean-Christian Petitfils |titre=Le gaullisme |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |collection=[[Que sais-je ?]] |lieu=Paris |numéro dans collection=1708 |année=1994 |numéro d'édition=4 |année première édition=1977 |pages totales=127 |isbn=2-13-041433-8 |présentation en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k18362g/f274.image}}.
* Pierre Manenti, ''Histoire du gaullisme social'', Perrin, 2021.
* {{Ouvrage |prénom1=Jean-Christian |nom1=Petitfils |lien auteur1=Jean-Christian Petitfils |titre=Le gaullisme |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |collection=[[Que sais-je ?]] |lieu=Paris |numéro dans collection=1708 |année=1994 |numéro d'édition=4 |année première édition=1977 |pages totales=127 |isbn=2-13-041433-8 |présentation en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k18362g/f274.image}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jérôme |nom1=Pozzi |titre=Les mouvements gaullistes |sous-titre=partis, associations et réseaux, 1958-1976 |éditeur=[[Presses universitaires de Rennes]] |collection=Histoire |lieu=Rennes |année=2011 |pages totales=390 |isbn=978-2-7535-1469-0 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2012-2-page-241.htm#pa29}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-parlements1-2012-2-page-156.htm#pa56|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2012-5-page-990.htm#pa172|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-historique-2012-2-page-493.htm#pa151|texte=présentation en ligne}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jérôme |nom1=Pozzi |titre=Les mouvements gaullistes |sous-titre=partis, associations et réseaux, 1958-1976 |éditeur=[[Presses universitaires de Rennes]] |collection=Histoire |lieu=Rennes |année=2011 |pages totales=390 |isbn=978-2-7535-1469-0 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2012-2-page-241.htm#pa29}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-parlements1-2012-2-page-156.htm#pa56|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-francaise-de-science-politique-2012-5-page-990.htm#pa172|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://www.cairn.info/revue-historique-2012-2-page-493.htm#pa151|texte=présentation en ligne}}.
* [[Charles Saint-Prot]], ''La Pensée française. Pour une nouvelle Résistance''. Paris-Lausanne, L'Âge d'homme, 2002.
* [[Charles Saint-Prot]], ''La Pensée française. Pour une nouvelle Résistance''. Paris-Lausanne, L'Âge d'homme, 2002.
Ligne 209 : Ligne 206 :


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
*[[Charles de Gaulle]]
* [[Charles de Gaulle]]
*[[Appel du 18 juin]]
* [[Appel du 18 juin]]
*[[Parti gaulliste]]
* [[Parti gaulliste]]
*[[Rassemblement du peuple français]]
* [[Rassemblement du peuple français]]
*[[Résistance française]]
* [[Résistance française]]
*[[Ordre de la Libération]]
* [[Ordre de la Libération]]
*[[Sarkozysme]]
* [[Sarkozysme]]
*[[Union des jeunes pour le progrès]]
* [[Union des jeunes pour le progrès]]
*[[Union des démocrates pour la République]]
* [[Union des démocrates pour la République]]
*[[Union pour la nouvelle République]]
* [[Union pour la nouvelle République]]
*[[Union démocratique du travail]]
* [[Union démocratique du travail]]
*[[Rassemblement pour la République]]
* [[Rassemblement pour la République]]
*[[Les Républicains]]
* [[Les Républicains]]
*[[Bonapartisme]]
* [[Bonapartisme]]
*{{Ve République}}
* {{Ve République}}


=== Banques de données, dictionnaires et encyclopédies ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* [http://www.gaullisme.net Centre d'Information sur le gaullisme]
* {{Dictionnaires}}
* [http://www.wikipolitique.fr/Gaullisme gaullisme]
* {{Bases}}
* [http://gaullisme.fr Gaullisme.fr]


{{Palette Échiquier politique français}}
{{Palette|Échiquier politique français}}
{{Portail|politique française|gaullisme}}
{{Portail|politique française|gaullisme}}


[[Catégorie:Gaullisme| ]]
[[Catégorie:Gaullisme| ]]
[[Catégorie:Idéologie politique]]
[[Catégorie:Idéologie politique en France]]
[[Catégorie:Droite (politique)]]
[[Catégorie:Droite en France]]

Version du 15 avril 2024 à 13:17

Le pavillon de beaupré à croix de Lorraine des bâtiments FNFL.

Le gaullisme désigne la pensée politique inspirée des idées et de l'action de Charles de Gaulle. Le gaullisme renvoie depuis la mort du général de Gaulle aux courants de pensée et aux partis politiques qui se réfèrent à la tradition initiée par de Gaulle.

En revanche, l'adjectif pour qualifier les réflexions du général de Gaulle, ses prises de position, ses décisions, mais aussi les démarches en vue de les prolonger, est « gaullien ».

Le sens du mot gaullisme a évolué dans le temps.

  • Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est synonyme de résistance à l'occupation nazie. Le terme « gaulliste » désigne ainsi le « résistant » en général (FFL à l'extérieur et réseaux FFI en métropole) mais devient, après le (Opération Barbarossa) et l'entrée massive de la gauche dans la Résistance, un terme employé pour désigner tous les résistants qui ne sont pas communistes. Ils sont alors pourchassés par les autorités allemandes et par le gouvernement de Vichy[1] ;
  • Après la Libération et notamment à partir de la création du Rassemblement du peuple français, il prend son sens moderne pour désigner les idées, la politique du général de Gaulle et de ses soutiens, par opposition aux autres partis et courants politiques de la Quatrième puis de la Cinquième République ;
  • Après 1970, il est la référence, avec des interprétations partielles et parfois divergentes, de ceux qui se réclament de l'héritage politique du fondateur de la Ve République.

Le gaullisme est à la base une forme de nationalisme français[2], souverainiste, conservateur et défendant économiquement un capitalisme étatiste.

L'emblème du gaullisme est la croix de Lorraine.

Les grands principes du gaullisme

Le « pragmatisme » gaulliste

Le général de Gaulle n'était pas un idéologue mais d'abord un pragmatique qui adaptait les modalités de son action selon les circonstances, en ne gardant d'intangibles que quelques principes pour fixer les buts à atteindre. Néanmoins, sur chacun des thèmes qu'il met en avant (indépendance, diplomatie, constitution, domaine social, place des salariés dans l'entreprise), l'ensemble de ses choix, de ses objectifs et des moyens pour y parvenir, façonne bel et bien une doctrine politique.

Une pensée nourrie de patriotisme

Le gaullisme est, au départ, une philosophie porteuse d'« une certaine idée de la France ». Elle part des constats suivants :

  • la France serait une des plus importantes nations du monde occidental. De Gaulle valorise en particulier des moments importants selon lui de l'histoire de France et durant lesquels la France aurait tendu vers un destin commun. Il pense en particulier aux Croisades et à la chevalerie, au Grand Siècle de Louis XIV et au rayonnement de la culture française à travers l'Europe, la Révolution française et Valmy ;
  • A l'inverse, la France aurait en permanence la tentation de se replier sur ses querelles intérieures (politiques, sociales, intellectuelles), ce qui selon la vision gaulliste la ramènerait sur la voie du déclin.

En conséquence, pour qu'elle puisse donner le meilleur d'elle-même et prendre la tête des nations, la France devrait d'après de Gaulle en permanence être unifiée par un chef, un État ou un projet, et articulée par des institutions politiques (un équilibre des pouvoirs efficace), économiques (le plan) et sociales (la participation) adéquates pour éviter les luttes internes.

Au sein du gaullisme, cette philosophie se combine avec une vision humaniste et sociale, héritière du christianisme. Charles de Gaulle a en effet, dans son éducation et ses épreuves de vie, été très marqué par les enseignements du catholicisme social, notamment sous l'influence de son père Henri de Gaulle[3]. Le 4 janvier 1948, de Gaulle avance ainsi : « Il n'y a qu'une seule querelle qui vaille, (…) c'est celle de l'Homme. ». Ce gaullisme social est à la fois :
- une finalité de la grandeur de la France, puisque le message que la France porte dans le monde est humaniste ;
- une conséquence à travers la politique sociale qui a pour premier objectif de souder la nation.

Principaux éléments du gaullisme

Le gaullisme et la question de la souveraineté française

Sur le plan politique, le gaullisme traditionnel prône :

  • L'indépendance de la France, par le refus de sa « vassalisation » à des organismes supranationaux (ONU, Communauté européenne, OTAN), à des superpuissances (États-Unis) ou aux puissances économiques et financières. Cette indépendance est défendue par le gaullisme dans les domaines politique, économique, culturel, diplomatique et militaire.
  • Par extension, le respect à travers le monde des nations, entités culturelles façonnées par l'Histoire et rempart des peuples contre les impérialismes[réf. nécessaire], à l'image de ses discours sur le Québec libre, sur la guerre du Viêtnam (discours de Phnom Penh), etc.

La vision gaulliste de la constitution

Charles de Gaulle a présenté sa vision des institutions à travers deux grands discours, à Bayeux (16 juin 1946) et à Epinal (29 septembre 1946) :

  • Un pouvoir exécutif fort et stable qui donne au Président de la République un rôle primordial ;
  • Un lien direct entre le chef et le peuple (élection du chef de l'État au suffrage universel direct, recours fréquent au référendum) ;
  • Le rejet du gouvernement des juges. De Gaulle disait : « En France, la [seule] cour suprême, c'est le peuple [4] ». À l'origine le rôle du Conseil constitutionnel se limitait à éviter une déviation du régime parlementaire en régime d'assemblée, mais pas d'imposer sa vision des droits fondamentaux aux organes élus du peuple ;
  • Sur la méthode : le pragmatisme et le refus des carcans idéologiques en vue d'atteindre les objectifs fixés (indépendance et rayonnement de la France dans le monde, unité intérieure de la France au service du projet patriotique).

Le gaullisme et l'économie

Le gaullisme cherche à combiner économie de marché et interventionnisme. Il rejette ainsi le capitalisme et le communisme, dont il condamne les excès[5]. De Gaulle prône en conséquence la recherche d'une « troisième voie » économique et sociale, qui éviterait l'exploitation de l'homme par l'homme. Au-delà d'une protection sociale avancée, qu'il met en œuvre à la Libération (avec la création de la sécurité sociale et des comités d'entreprise), de Gaulle soutient la participation des salariés aux bénéfices, aux décisions et à la propriété de l'entreprise, aussi appelée l'association capital-travail, concept emprunté à Frédéric Le Play[6]. Cette politique serait censée réconcilier les Français entre eux et aboutir à la fois à la justice et à l'efficacité.

L’État joue un rôle important dans la vision du général de Gaulle. Sous ses gouvernements, l'économie était orientée par l'État en vue d'un développement volontariste : la planification, l'aménagement du territoire, les grands projets publics, la redistribution.

De Gaulle a néanmoins travaillé de manière étroite avec des économistes libéraux, dont Jacques Rueff, qui a été à l'origine de la politique du franc nouveau et était à l'origine du plan Pinay-Rueff de modernisation de l'économie en 1958.

De Gaulle et les questions de société

  • Un certain conservatisme sociétal : de Gaulle était contre l'avortement (mais c'est sous sa présidence que la pilule contraceptive fut autorisée par la Loi Neuwirth en 1967), et pour la peine de mort (mais il graciera toutes les femmes condamnées à mort)[7],[8].

Gaullismes de droite et de gauche

  • De Gaulle avait l'ambition de créer le rassemblement de tous les Français, au-delà du clivage gauche/droite, source de division et de déclin pour le pays. En dépit du rassemblement politique au sein de la famille gaulliste, des tendances ont toujours existé en interne, donnant ainsi naissance à un gaullisme de gauche et à un gaullisme de droite, en fonction des parcours de chacun.

Le gaullisme de gauche (ou gaullisme social)

L'aile gauche du gaullisme trouve ses origines dans l'aventure de la France libre, avec le ralliement au général de Gaulle de figures de gauche comme Georges Boris ou Pierre-Olivier Lapie[9]. À la Libération, ces tenants de l'aile gauche prônèrent l'organisation d'un gouvernement d'union sacrée, alliant communistes et gaullistes, mais le général de Gaulle quitta le pouvoir sur un désaccord politique avec la gauche, en janvier 1946.

Lorsque le général de Gaulle créa son parti (Rassemblement du Peuple Français), en avril 1947, il le dota d'une aile gauche, l'Action ouvrière, où se fédéraient des personnalités comme René Capitant, Louis Vallon et Jacques Baumel. Cette aile gauche était cependant minoritaire, car le gaullisme de la Quatrième République se construisit d'abord par opposition au communisme. Elle reprit cependant la thèse d'une « troisième voie sociale » par l’« association du capital et du travail ».

En 1958, les défenseurs de ce « gaullisme social » participèrent au retour au pouvoir du général de Gaulle, à travers diverses formations, comme le Centre de la réforme républicaine puis l'Union démocratique du travail[10]. Ils se font alors les défenseurs de la théorie du pan-capitalisme de Marcel Loichot qui prévoit de remettre progressivement, par la pratique d'une large distribution d'actions, le capital des entreprises aux mains de leurs salariés, leur permettant ainsi d'entrer au conseil d'administration et de participer aux décisions (principe dit de « participation »). Pierre Billotte, Jean de Lipkowski ou Philippe Dechartre en sont alors de grands porte-paroles.

En mai 1968, une partie de ces gaullistes sociaux entra en opposition avec la politique du gouvernement - à l'image d'Edgard Pisani, qui refusa de voter la confiance au gouvernement - et prit alors l'appellation de « gaullistes de gauche », pour défendre l'idée que la gauche française défendait mieux l'héritage gaulliste que la droite pompidolienne (ligne notamment incarnée par René Capitant, Louis Vallon[11], Jacques Dauer).

Les gaullistes de gauche se rassemblent autour de Jacques Chaban-Delmas (qui avait pour conseillers Simon Nora ou Jacques Delors) lorsqu'il développe son projet de nouvelle société en 1969. Ils se retrouvent toutefois orphelins lorsque celui-ci est remercié de Matignon en 1972. Ils considéraient alors que le mouvement gaulliste avait basculé dans un libéralisme dévoyant l'esprit originel du gaullisme.

Deux courants ont ainsi coexisté après 1974, les gaullistes sociaux qui, auprès de Jacques Chirac et au sein du Rassemblement pour la République, ont voulu défendre une tendance sociale du gaullisme interne à la droite (Christian Poncelet, Philippe Séguin) et les gaullistes de gauche qui se sont opposés à une « droitisation » du gaullisme et ont rallié la gauche à l'occasion des différents scrutins, jusqu'à l'élection présidentielle de François Mitterrand en 1981 (Jean Charbonnel, Olivier Stirn, Michel Vauzelle).

En 1992, avec la campagne de Maastricht, l'aile gauche du gaullisme a, dans sa très grande majorité, rallié le camp des souverainistes, critique d'une Europe libérale et supranationale (notamment autour de Philippe Séguin).

L'anarcho-gaullisme

Avec Combat[12], Roger Nimier[13], Jean Dutourd[14], Pierre Chany, Emmanuel Legeard. L'occupant allemand fut, d'après le colonel Rémy[15], le premier à se servir du mot d'anarcho-gaulliste pour désigner les résistants qui, effectivement, considéraient suivant leur slogan, que dans un État illégitime, servant les intérêts de l'ennemi, "Obéir c'est trahir. Désobéir c'est servir."[16].

Historique du gaullisme

Le gaullisme de guerre (1940-1944)

Le gaullisme a commencé pendant la guerre, comme un mouvement de résistance. Il a rassemblé alors autour du général de Gaulle, des hommes de toutes tendances politiques qui voulaient lui apporter leur appui pour continuer le combat contre Hitler et le fascisme aux côtés des Alliés et rejeter l'armistice conclu par le maréchal Pétain. Comme l'a constaté Daniel Cordier, il est remarquable que le gaullisme soit parvenu à rendre républicains des hommes appartenant à l'extrême-droite monarchiste, ultra-catholique et maurassienne, qui avaient historiquement rejeté la légitimité du gouvernement sous la IIIe République mais ont néanmoins rejoint la France libre pour combattre l'Occupation allemande et installer un gouvernement véritablement républicain en France : « une des vertus du gaullisme de guerre fut l'intégration définitive de la droite dans la République »[17].

À partir de juillet et d'octobre 1940, de Gaulle rejeta les lois répressives sur le statut des juifs, critiquant leur absence de légitimité. Après la guerre, un débat doctrinaire de philosophie politique portant sur la différence entre des lois « légales » et lois « légitimes » s'installa.

Ainsi, les lois répressives et racistes de Vichy étaient par exemple légales au sens juridique et constitutionnelles par rapport à la hiérarchie des normes. Mais, selon de Gaulle, elles manquaient de légitimité.

Les gaullistes qui le pouvaient ont alors rejoint les territoires britanniques pour s'engager dans les Forces Françaises Libres, et combattre aux côtés des Alliés, ou bien ils ont déclenché les mouvements de ralliement de diverses colonies françaises qui sont entrées en guerre sous l'autorité de de Gaulle.

Les autres gaullistes, ceux qui ne pouvaient le rejoindre (c’est-à-dire la majorité) sont restés dans les territoires dirigés par Vichy, ou certains d'entre eux ont constitué des réseaux de propagande, de renseignements ou de sabotage contre les occupants. Finalement toutes ces organisations de résistance ont été rassemblées par Jean Moulin, au sein du Conseil national de la Résistance (CNR), sous les ordres du général de Gaulle qui a transformé son mouvement de France libre en France combattante, pour y rassembler les résistants de l'extérieur et de l'intérieur.

Mais de Gaulle ne s'est pas contenté de maintenir une partie des Français dans la lutte contre l'occupant allemand : il a aussi tout fait pour reconquérir la souveraineté française dans le camp allié, contre certaines pressions des gouvernants anglais et surtout américain qui ont longtemps joué contre lui la carte vichyste.

Lors de la Libération, la Résistance française a multiplié ses actions et paralysé les tentatives de riposte allemande au débarquement. Quant à la population française, elle a accueilli de Gaulle en triomphateur, forçant ainsi Roosevelt à reconnaître enfin pleinement le gouvernement provisoire installé en France par de Gaulle.

Le gaullisme sous la IVe République

Mais de Gaulle, après avoir atteint son but de guerre et restauré la démocratie, a critiqué le régime des partis qui avait été selon lui pour la France, avant la guerre une source de faiblesse, et préconise l'instauration d'un système cumulant la démocratie avec un exécutif fort.

Les partis politiques, objets de ses critiques, se sont défendus et il s'est considéré, ne pouvant appliquer son programme, comme contraint de démissionner.

Le « gaullisme » a alors pris une autre signification : il a cessé d'être un mouvement de résistance et de rétablissement de la démocratie. Le gaullisme est devenu un mouvement politique décidé à soutenir les idées de Charles de Gaulle sur la nécessité d'un pouvoir démocratique fort, auquel on avait ajouté un volet social : la volonté d'associer le capital et le travail. Certains anciens vichystes se sont alors ralliés au gaullisme comme d'anciens cadres communistes, tandis que certains de ses compagnons de lutte de la France libre et de la résistance qui avaient pris position à gauche ont combattu son Rassemblement du peuple français (RPF).

Comme la Quatrième République avait rapidement évolué dans le sens d'un régime de prépondérance de l'Assemblée, avec des gouvernements de coalition éphémères et ne parvenant pas à prendre les décisions, les gaullistes l'ont combattue sans merci, associant parfois leurs voix au Parlement à celles des communistes.

Mais le régime de la IVe République était affaibli par l'incapacité de ses gouvernements de coalition à résoudre les problèmes de la décolonisation. Après un sursaut sous la présidence du Conseil de Pierre Mendès France (ancien aviateur de la France Libre, puis ministre de de Gaulle au Comité d'Alger (CFLN) et au gouvernement provisoire), qui a réussi à mettre fin pour la France à la guerre d'Indochine et à décoloniser la Tunisie, la IVe République aurait « sombré dans l'immobilisme » : l'insurrection algérienne a entrainé une répression militaire puis un divorce de la métropole, non seulement avec les indigènes, mais aussi avec les Français d'Algérie, jusqu'à la tentative de coup d'État du fomenté à Alger, par des activistes de droite et d'extrême droite et de l'armée encouragés par la population française locale.

Le gouvernement central a été incapable de riposter à ce mouvement et a affecté de le prendre sous son égide en nommant le commandant en chef Salan, rallié aux rebelles comme son représentant en Algérie.

Le général de Gaulle, l'ancien libérateur, a paru alors à beaucoup, le seul recours. Ce qui a conduit le président de la République René Coty à l'appeler à la présidence du Conseil en 1958.

Partis et mouvements gaullistes

Parti conduit par Charles de Gaulle (1947-1955)

Mouvements gaullistes après de Gaulle

Partis successeurs directs (1958-2002)

Ils ont eu plusieurs noms suivant les époques :

Le néo-gaullisme des années 1970

Le président Georges Pompidou en 1971, avec le portrait officiel de son prédécesseur Charles de Gaulle derrière lui.

Les successeurs de Charles de GaulleGeorges Pompidou, Jacques Chirac — ont toutefois normalisé le programme gaulliste en l'alignant peu ou prou sur celui des droites européennes (capitalisme libéral, atlantisme, Europe supranationale, etc.). On parle alors parfois de « néo-gaullisme » et non plus de gaullisme. Ainsi, le néo-gaullisme moderne n'a gardé du gaullisme que l'idée d'une France forte au sein d'une Europe indépendante.

Le néo-gaullisme est le courant majoritaire au sein du RPR, puis de l'UMP jusqu'en 2004, avec Jacques Chirac, Alain Juppé et Dominique de Villepin. D'abord proche à ses débuts du gaullisme traditionnel, il se positionne à droite en adoptant le libéralisme économique au début des années 1980 puis en se ralliant à la construction européenne, dans le cadre d'une stratégie d'alliance avec l'UDF. Attaché à la souveraineté nationale, il défend l'idée d'une Europe politique, puissance indépendante et « différente » des États-Unis, une Europe de la coopération intergouvernementale. Ayant été formés à « l'école Pompidou », certains de ses représentants ont parfois été qualifiés de « pompidoliens ». Divisé entre « chiraquiens » et « balladuriens » lors de l'élection présidentielle de 1995, ce courant a vu les premiers remettre à l'honneur des thèses sociales ou étatistes et les seconds se placer sur une ligne libérale et conservatrice. Privilégiant une approche pragmatique dans l'exercice du pouvoir, inspiré aussi de valeurs humanistes héritées du radicalisme ou du gaullisme proprement dit, il tend par la suite, autour de Jacques Chirac et au sein de l'UMP, à promouvoir le rôle de l’État face aux enjeux de la mondialisation.

La conversion libérale et européenne (années 1980-1990)

La mutation fondamentale est intervenue sous les présidences de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d'Estaing et s'est poursuivie dans la première moitié des années 1980. La rapide diffusion à travers le monde des idées du libéralisme économique sur les modèles britannique (1979) et américain (1980) ainsi que l'affrontement idéologique avec les gouvernements socialistes de la présidence de François Mitterrand (après 1981) ont entraîné l'adhésion de la majorité du RPR au libéralisme économique. Les mesures du gouvernement Jacques Chirac de 1986 à 1988, notamment sous l'impulsion d'Édouard Balladur, en sont l'illustration. La seconde grande mutation est la conversion officielle du RPR à la construction européenne, à la suite de l'évolution de Jacques Chirac sur cette question : le signataire de l'appel de Cochin (1979) mène campagne en faveur du traité de Maastricht (1992), contre les positions prises par Charles Pasqua et Philippe Séguin.

Le RPR regroupait alors trois tendances :

Laurent de Boissieu observe « l’acceptation progressive d’une construction européenne de nature supranationale par les gaullistes puis surtout par les néogaullistes. Massivement opposés aux traités créant la CECA (1951), la CED (1954) et enfin la CEE (1957), ils votent quasi unanimement en faveur de l’Acte unique européen en novembre 1986 et ne sont plus ensuite que des minorités de plus en plus succinctes à s’opposer aux processus de ratification des traités de Maastricht en 1992 puis d’Amsterdam en 1999 ». Il note que « le ralliement des élus RPR au groupe PPE est l’aboutissement de la mutation idéologique des néogaullistes »[19].

Gaël Brustier estime que la droite « infléchit la trajectoire qui était la sienne » lors des Assises du RPR au Bourget (), qui voient la motion Jacques Chirac-Alain Juppé l’emporter avec les deux tiers des voix face à Philippe Séguin et Charles Pasqua[20].

L'UMP et la fin du gaullisme ? (2002 - 2015)

Cependant, la puissance de l'influence libérale sur l'ensemble des mouvements politiques de droite (et aussi de gauche) à travers le monde, mais aussi la difficulté, 20 ou 30 ans après sa mort, à imaginer ce qu'aurait été la politique du général de Gaulle, ont conduit le RPR à se « banaliser » au sein des droites européennes malgré les tentatives de renaissance doctrinale des gaullistes sociaux et souverainistes réunis autour de la revue Une certaine idée, fondée sous l'égide de Philippe Séguin, en 1998. Après l'élection présidentielle de 2002, le mouvement « gaulliste » Rassemblement pour la République (RPR) s'est dissout dans un nouveau parti de droite fusionnant avec une partie de l'UDF : l'Union pour un mouvement populaire (UMP).

La transformation du RPR en UMP, parti dominant dans la droite française avec un programme jugé libéral et pro-européen, malgré la défense par Jacques Chirac du « modèle social français », pose, dans les premières années du XXIe siècle, la question de la pérennité du gaullisme dans la vie politique française.

Néanmoins, depuis la disparition du RPR, des mouvements revendiquent le maintien de la pensée gaulliste.

Certains sont associés ou proches de l'UMP, comme l'Union des jeunes pour le progrès (UJP), le Mouvement Initiative et Liberté, le cercle Nation et République, les comités Notre République, le club Nouveau Siècle, l'Union des démocrates pour le progrès (UDP), Le Chêne (créé par Michèle Alliot-Marie en 2006), ou plus récemment Oser la France (créé par Julien Aubert en 2017). De son côté, Debout la République devenu Debout la France, fondé en 1999 par Nicolas Dupont-Aignan, a été un mouvement associé à l'UMP jusqu'au départ de celui-ci, puis a fait partie de la majorité présidentielle jusqu'au congrès fondateur de 2008.

D'autres, essentiellement les gaullistes de gauche, ont convergé avec des personnes comme Jean-Pierre Chevènement autour de valeurs communes souverainistes et sociales[C'est-à-dire ?].

Les partisans d'une ligne indépendante se sont quant à eux retrouvés dans de multiples associations et clubs de réflexion (tels que Initiative Gaulliste, l'Union gaulliste, l'Union gaulliste pour une France républicaine, l'Action pour le renouveau du gaullisme et de ses objectifs sociaux, le Cercle Jeune France ou l'Académie du Gaullisme), que l'Union du peuple français a réunifiés pour partie d'entre eux.

Les Républicains (depuis 2015)

Critiques et oppositions

Pour un grand nombre de personnalités politiques françaises se réclamant du gaullisme, celui-ci perd de sa signification[21],[22],[23],[24].

Pour l'historien Pierre Nora, l'appel à la figure de Charles de Gaulle permet de remplir le vide laissé par le déclin des idéologies et des partis politiques[24].

Notes et références

  1. Max Gallo, 1940, de l'abîme à l'espérance.
  2. (en) Miles Kahler, Decolonization in Britain and France: The Domestic Consequences of International Relations, , 77–99 p. (ISBN 978-1-4008-5558-2, lire en ligne)
  3. Pierre Manenti, Histoire du gaullisme social, Paris, Perrin, , 255 p. (ISBN 2262095264, lire en ligne), p. 64-66
  4. Le métier de juge constitutionnel, témoignage d'un ancien membre du Conseil.
  5. Charles de Gaulle cité par Alain Peyrefitte (ancien ministre du général de Gaulle), dans C'était de Gaulle, Fayard, 1994 : « Le capitalisme n’est pas acceptable dans ses conséquences sociales. Il écrase les plus humbles. Il transforme l’homme en un loup pour l’homme »
  6. Pierre Manenti, Histoire du gaullisme social, Paris, Perrin, , 255 p. (ISBN 2262095264, lire en ligne), p. 66-68
  7. France 2 (lire en ligne)
  8. Google (lire en ligne).
  9. Pierre Manenti, Histoire du gaullisme social, Paris, Perrin, , 255 p. (ISBN 2262095264, lire en ligne), p. 41
  10. Pierre Manenti, Histoire du gaullisme social, Paris, Perrin, , 255 p. (ISBN 2262095264, lire en ligne), p. 78
  11. Louis Vallon, L'Anti de Gaulle, Éditions du Seuil, 1969.
  12. Philippe Levillain et François-Charles Uginet, « Paolo VI e i problemi ecclesiologici al Concilio: Colloquio internazionale di studi », Brescia, 19-20-21 settembre 1986, p. 458.
  13. Ralph Schoolcraft, "Roger Nimier et le Gaullisme d’après Les Épées". Roman 20-50, 2006, no 2, p. 83-90: « Juste après la publication des Épées, Nimier rejoint deux revues du Rassemblement du Peuple Français (RPF), fondées pour aider à faire élire l’ancien chef de la Résistance : en février 1949, il est parmi les premières recrues de Liberté de l’Esprit avant de doubler la mise en acceptant une chronique littéraire au Rassemblement. De plus, jusqu’à la mise en sommeil du RPF en 1953, il paraît régulièrement dans les colonnes de Carrefour, revue culturelle indépendante, certes, mais dans l’ensemble ouvertement favorable à de Gaulle. »
  14. Jean Dutourd, De la France considérée comme une maladie, Paris, Flammarion, 1992.
  15. Rémy, Mémoires d'un agent secret de la France libre - Volume 2, 1946, p. 133.
  16. « Encyclopédie Larousse en ligne - Obéir c'est trahir. Désobéir c'est servir. », sur larousse.fr (consulté le ).
  17. Daniel Cordier, Jean Moulin - La République des catacombes, Gallimard-NRF, Paris, 1999, p. 350.
  18. En 1968, un cartel électoral regroupe les gaullistes de l'Union des démocrates pour la Ve République et les libéraux de la Fédération Nationale des Républicains indépendants (FNRI) sous le nom d'Union pour la défense de la République (UDR), à ne pas confondre avec le parti précité.
  19. Laurent de Boissieu, « L’intégration des partis politiques français dans le système partisan européen », Revue internationale de politique comparée, De Boeck Supérieur, vol. 16,‎ , p. 721-735 (lire en ligne, consulté le ).
  20. Gaël Brustier, « Florian Philippot, un «chevènementiste» très discret » Accès libre, sur Libération, (consulté le ).
  21. Christophe Barbier, « Nos ancêtres les gaullistes », sur lexpress.fr, .
  22. Quentin Laurent, « De Macron à Le Pen en passant par LR, tous se réclament du gaullisme », sur leparisien.fr, .
  23. Robin Verner, « 18-JUIN: TOUTE LA CLASSE POLITIQUE SE RÉCLAME DU GÉNÉRAL DE GAULLE », sur bfmtv.com, .
  24. a et b (en) JOHN LICHFIELD, « Why all French politicians are Gaullists », sur politico.com, .

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources primaires

Textes de de Gaulle

    • Mémoires de guerre :
      • Volume I - L'Appel, 1940-1942, Plon, 1954,
      • Volume II - L'Unité, 1942-1944, Plon, 1956,
      • Volume III - Le Salut, 1944-1946, Plon, 1959.
    • Mémoires d'espoir :
      • Volume I - Le Renouveau, 1958-1962, Plon, 1970,
      • Volume II - L'Effort, 1962…, Plon, 1971.
    • Discours et Messages :
      • Volume I - Pendant la Guerre, 1940-1946, Plon, 1970,
      • Volume II - Dans l'attente, 1946-1958, Plon, 1970,
      • Volume III - Avec le Renouveau, 1958-1962, Plon, 1970,
      • Volume IV - Pour l'Effort, 1962-1965, Plon, 1970,
      • Volume V - Vers le Terme, 1966-1969, Plon, 1970.

Bibliographie

Articles connexes

Banques de données, dictionnaires et encyclopédies