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« Expansion de l'islam » : différence entre les versions

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[[Fichier:Europe VII-e VIII-e siècles.jpg|thumb|L’[[Histoire de l'Europe|Europe]], l’[[Afrique du Nord]] et l’[[Asie]] occidentale aux {{sp-|VII|-|VIII}}s : l’expansion de l’Islam en nuances vertes.|402x402px]]
[[Fichier:Age of Caliphs.png|right|vignette|upright=2|Carte de l'histoire de l'expansion de l'islam jusqu'en [[750]].]]


L'''{{'}}expansion de l'islam''' désigne la politique de conquête arabe du milieu des [[années 630]] et l’expansion concomitante de l'[[islam]] au {{s-|VIII}}.
L’'''expansion de l’islam''' désigne la politique de conquête arabe du milieu des [[années 630]] et l’expansion concomitante de l’[[islam]] au {{s-|VIII}}.


Dans les années 631, l'attaque des [[Arabes]] contre l'[[Empire romain d'Orient]] ou byzantin et l'[[Empire sassanide]] débute. Les deux grandes puissances de l'antiquité tardive sont affaiblies par une guerre de longue date l'une contre l'autre qui a dégarni toutes leurs structures de défense provinciales. Les Byzantins perdent en [[636]] la [[Palestine (région)|Palestine]] et la [[Syrie (région)|Syrie]], en 640/642 l'[[Égypte]] et en 698 l'[[Afrique du Nord]] au profit des Arabes. Alors que les Byzantins conservent un vestige axé sur l’[[Asie mineure]] et les [[Balkans]], l'Empire sassanide s'effondre en 651. Au cours des décennies suivantes, les Arabes attaquent également par la mer et conquièrent le [[royaume wisigoth]] de la [[péninsule ibérique]] au début du {{s-|VIII}}.
Dans les années 631, l’attaque des [[Arabes]] contre l’[[Empire romain d'Orient]] et l’[[Empire sassanide]] débute. Les deux grandes puissances de l’antiquité tardive sont affaiblies par une guerre de longue date l’une contre l’autre qui a dégarni toutes leurs structures de défense provinciales. Les Byzantins perdent en [[636]] la [[Palestine (région)|Palestine]] et la [[Syrie (région)|Syrie]], en 640/642 l’[[Égypte]] et en 698 l’[[Afrique du Nord]] au profit des Arabes. Alors que les Byzantins conservent un vestige axé sur l’[[Asie mineure]] et les [[Balkans]], l’Empire sassanide s’effondre en 651. Au cours des décennies suivantes, les Arabes attaquent également par la mer et conquièrent le [[royaume wisigoth]] de la [[péninsule ibérique]] au début du {{s-|VIII}}.


Plusieurs villes se sont souvent rendues sans combat ou après des négociations avec les conquérants. Les [[Chrétien|chrétiens]], les [[Zoroastrisme|zoroastriens]] et les [[juifs]] sont autorisés à conserver leur foi en tant que « gens du livre », mais doivent payer des taxes spéciales et accepter des restrictions de leurs croyances religieuses. L'islamisation des territoires conquis s'est déroulée à des vitesses différentes. Un peu plus de 300 ans après la conquête militaire, les musulmans ne constituaient pas la majorité de la population dans de nombreuses parties de l'empire.
Plusieurs villes se sont souvent rendues sans combat ou après des négociations avec les conquérants. Les [[Chrétien|chrétiens]], les [[Zoroastrisme|zoroastriens]] et les [[juifs]] sont autorisés à conserver leur foi en tant que « gens du livre », mais doivent payer des taxes spéciales et accepter des restrictions de leurs croyances religieuses. L’islamisation des territoires conquis s’est déroulée à des vitesses différentes. Un peu plus de 300 ans après la conquête militaire, les musulmans ne constituaient pas la majorité de la population dans de nombreuses parties de l’empire.


L'avancée arabe fut finalement stoppée par les Byzantins à l'est, tandis que les Arabes à l'ouest ne firent que de petites incursions dans l'empire des Francs. Ainsi commença au début du [[Moyen Âge]] la division persistante de l'Europe et de la Méditerranée en une partie islamique et une partie chrétienne, qui se divisa à son tour en un Occident latin et un Orient grec à domination byzantine.
L’avancée arabe fut finalement arrêtée par les Byzantins à l’est, tandis que les Arabes à l’ouest ne firent que de petites incursions dans l’empire des Francs. Ainsi commença au début du [[Moyen Âge]] la division persistante de l’Europe et de la Méditerranée en une partie islamique et une partie chrétienne, qui se divisa à son tour en un Occident latin et un Orient grec à domination byzantine.


== Contexte ==
== Contexte ==
{{Article détaillé| Arabie préislamique}}
{{Article détaillé|Arabie préislamique}}
L'[[islam]] apparaît en [[Arabie]] au début du {{s-|VII}} sous l'impulsion du prophète [[Mahomet]]. À cette époque l'Arabie est sous l'influence de trois empires, les empires [[sassanides|sassanide]], [[Empire byzantin|byzantin]] et le [[Royaume d'Aksoum|Royaume d'Aksum]] situé en dehors des frontières de l'Arabie et qui luttait contre l'[[Himyar|empire himyarite]], un empire qui était très influent au [[Moyen-Orient]] avant son invasion par les Aksumites. L'Empire byzantin et le Royaume d'Aksum sont alliés dans une guerre contre l'empire perse sassanide (voir [[Guerre perso-byzantine de 602-628]]).
L’[[islam]] apparaît en [[Arabie]] au début du {{s-|VII}} sous l’impulsion du prophète [[Mahomet]]. À cette époque l’Arabie est sous l’influence de trois empires, les empires [[sassanides|sassanide]], [[Empire byzantin|byzantin]] et le [[Royaume d'Aksoum|Royaume d’Aksum]] situé en dehors des frontières de l’Arabie et qui luttait contre l’[[Himyar|empire himyarite]], un empire qui était très influent au [[Moyen-Orient]] avant son invasion par les Aksumites. L’Empire byzantin et le Royaume d’Aksum sont alliés dans une guerre contre l’empire perse sassanide (voir [[Guerre perso-byzantine de 602-628]]).


Il est à noter que l'intensité de cette guerre assèche totalement l'axe de commerce de l'ancien monde ("[[route de la soie]]") entre orient et occident par voie terrestre au profit de la route maritime des [[Mousson|moussons]], par l'[[Océan Indien]] et la [[Mer Rouge]], ce qui profite à l'essor économique des organisations commerçantes peuplant la [[Arabie|péninsule arabique]] <ref>{{Ouvrage|auteur1=Christian Grataloup|titre=Géohistoire|lieu=Paris|éditeur=Les Arènes|année=2023|pages totales=447|passage=170|isbn=979-10-375-1015-0}}</ref>
Il est à noter que l’intensité de cette guerre assèche totalement l’axe de commerce de l’ancien monde ("[[route de la soie]]") entre orient et occident par voie terrestre au profit de la route maritime des [[Mousson|moussons]], par l’[[Océan Indien]] et la [[Mer Rouge]], ce qui profite à l’essor économique des organisations commerçantes peuplant la [[Arabie|péninsule arabique]] <ref>{{Ouvrage|auteur1=Christian Grataloup|titre=Géohistoire|lieu=Paris|éditeur=Les Arènes|année=2023|pages totales=447|passage=170|isbn=979-10-375-1015-0}}.</ref>


Des recherches récentes lient la déstabilisation de ces empires à un refroidissement du climat mondial causé par plusieurs explosions volcaniques très importantes<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Ulf Büntgen, Vladimir S. Myglan, Fredrik Charpentier Ljungqvist, Michael McCormick, Nicola Di Cosmo, Michael Sigl, Johann Jungclaus, Sebastian Wagner, Paul J. Krusic, Jan Esper, Jed O. Kaplan, Michiel A. C. de Vaan, Jürg Luterbacher, Lukas Wacker, Willy Tegel & Alexander V. Kirdyanov|titre=Cooling and societal change during the Late Antique Little Ice Age from 536 to around 660 AD|périodique=Nature Geoscience|numéro=9|année=2016|issn=|lire en ligne=https://dx.doi.org/10.1038/ngeo2652|pages=231–236}}.</ref>. Le [[Événement climatique de 535-536|changement climatique de 535-536]] et la [[peste de Justinien]] plongent dès 542 l'empire byzantin dans une profonde crise.
Des recherches récentes lient la déstabilisation de ces empires à un refroidissement du climat mondial causé par plusieurs explosions volcaniques très importantes<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Ulf Büntgen, Vladimir S. Myglan, Fredrik Charpentier Ljungqvist, Michael McCormick, Nicola Di Cosmo, Michael Sigl, Johann Jungclaus, Sebastian Wagner, Paul J. Krusic, Jan Esper, Jed O. Kaplan, Michiel A. C. de Vaan, Jürg Luterbacher, Lukas Wacker, Willy Tegel & Alexander V. Kirdyanov|titre=Cooling and societal change during the Late Antique Little Ice Age from 536 to around 660 AD|périodique=Nature Geoscience|numéro=9|année=2016|issn=|lire en ligne=https://dx.doi.org/10.1038/ngeo2652|pages=231–236}}.</ref>. Le [[Événement climatique de 535-536|changement climatique de 535-536]] et la [[peste de Justinien]] plongent dès 542 l’empire byzantin dans une profonde crise.


== Premiers siècles ==
== Premiers siècles ==
[[Fichier:Battle of Mu'tah.jpg|gauche|vignette|271x271px|Site archéologique de la [[bataille de Mu'tah]], première bataille opposant les musulmans à l'[[Empire byzantin]].]]
[[Fichier:Battle of Mu'tah.jpg|gauche|vignette|271x271px|Site archéologique de la [[bataille de Mu'tah|bataille de Mu’tah]], première bataille opposant les musulmans à l’[[Empire romain d'Orient]].]]
Ces guerres de conquête contre les anciens empires [[sassanides|sassanide]] et [[Empire byzantin|byzantin]] répondent à différents objectifs : [[islamisation]] sans apport financier ou contribution financière sans conversion, [[Djihad]] pour prévenir l'Islam de l'[[expansion du christianisme au Moyen Âge|expansion du christianisme]], recherche de butins lors de [[Razzia (militaire)|razzia]]s notamment par les nomades intégrés dans les armées musulmanes, contrôle des réseaux commerciaux par l'aristocratie marchande arabe qui est à la tête des armées{{etc.}}
Ces guerres de conquête contre les anciens empires [[sassanides|sassanide]] et [[Empire byzantin|byzantin]] répondent à différents objectifs : [[islamisation]] sans apport financier ou contribution financière sans conversion, [[Djihad]] pour prévenir l’Islam de l’[[expansion du christianisme au Moyen Âge|expansion du christianisme]], recherche de butins lors de [[Razzia (militaire)|razzia]]s notamment par les nomades intégrés dans les armées musulmanes, contrôle des réseaux commerciaux par l’aristocratie marchande arabe qui est à la tête des armées{{etc.}}


Plusieurs causes expliquent le succès des conquêtes musulmanes, la principale étant l'affaiblissement des empires perse et byzantin, qui sortent épuisés de la guerre perso-byzantine (602 à 628). Pour faciliter le maintien de l'ordre, les provinces des deux empires étaient désarmées, ce qui facilite d'autant les victoires militaires des tribus arabes. Enfin, les populations locales souffrent des conséquences des divisions religieuses ([[Trois Chapitres#La question monophysite|querelle]] des [[Monophysisme|monophysites]]), des destructions des guerres incessantes et d'oppression fiscale. Le résultat est que tout conquérant est vu comme un libérateur apportant des réponses à ces problèmes sociaux, fiscaux et religieux, les autorités musulmanes allégeant les [[kharâj|impôts fonciers]] et menant une politique initiale de [[Relations entre l'islam et les autres religions|« tolérance islamique »]] limitée toutefois aux [[Gens du Livre]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Khaled Ridha|titre=Le Prophète de l'islam et ses califes|sous-titre=religion, classes sociales et pouvoir|éditeur=Éditions Publibook|année=2011|passage=212-218|isbn=}}.</ref>. Cependant, les problèmes rencontrés par les empires perse et byzantin ne peuvent expliquer à eux seuls la réussite des campagnes militaires musulmanes, le califat sortant d'une guerre civile au moment des premiers conflits.
Plusieurs causes expliquent le succès des conquêtes musulmanes, la principale étant l’affaiblissement des empires perse et byzantin, qui sortent épuisés de la guerre perso-byzantine (602 à 628). Pour faciliter le maintien de l’ordre, les provinces des deux empires étaient désarmées, ce qui facilite d’autant les victoires militaires des tribus arabes. Enfin, les populations locales souffrent des conséquences des divisions religieuses ([[Trois Chapitres#La question monophysite|querelle]] des [[Monophysisme|monophysites]]), des destructions des guerres incessantes et d’oppression fiscale. Le résultat est que tout conquérant est vu comme un libérateur apportant des réponses à ces problèmes sociaux, fiscaux et religieux, les autorités musulmanes allégeant les [[kharâj|impôts fonciers]] et menant une politique initiale de [[Relations entre l'islam et les autres religions|« tolérance islamique »]] limitée toutefois aux [[Gens du Livre]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Khaled Ridha|titre=Le Prophète de l'islam et ses califes|sous-titre=religion, classes sociales et pouvoir|éditeur=Éditions Publibook|année=2011|passage=212-218|isbn=}}.</ref>. Cependant, les problèmes rencontrés par les empires perse et byzantin ne peuvent expliquer à eux seuls la réussite des campagnes militaires musulmanes, le califat sortant d’une guerre civile au moment des premiers conflits.


Un autre élément à prendre en compte est la mobilité des armées arabes, et notamment de la cavalerie légère, qui leur permit de tirer profit du manque de flexibilité des armées perses et byzantines, et donc de prendre le dessus sur des adversaires souvent plus lourdement armés et bien plus nombreux.
Un autre élément à prendre en compte est la mobilité des armées arabes, et notamment de la cavalerie légère, qui leur permit de tirer profit du manque de flexibilité des armées perses et byzantines, et donc de prendre le dessus sur des adversaires souvent plus lourdement armés et bien plus nombreux.


Né en [[Arabie]], l'islam s'est étendu par la guerre à la Perse dès 636 ([[Bataille d'al-Qadisiyya|Bataille de Cadésie]]), puis vers l'[[Irak]], l'[[Iran]], la haute [[Mésopotamie]] ; et à l'ouest vers la [[Syrie]], la [[Palestine (région)|Palestine]] et l'[[Égypte]] (provinces les plus riches de l'[[Empire byzantin]], qui démarrent son enrichissement matériel).
Né en [[Arabie]], l’islam s’est étendu par la guerre à la Perse dès 636 ([[Bataille d'al-Qadisiyya|Bataille de Cadésie]]), puis vers l’[[Irak]], l’[[Iran]], la haute [[Mésopotamie]] ; et à l’ouest vers la [[Syrie]], la [[Palestine (région)|Palestine]] et l’[[Égypte]] (provinces les plus riches de l’[[Empire byzantin]], qui démarrent son enrichissement matériel).


L'islam pénètre le monde chrétien et gréco-romain peu après la mort du prophète de l'islam [[Mahomet]]. Sous les [[Omeyyades]], l'expansion continue, les conquêtes territoriales se faisant par voie terrestre jusqu'en Afrique du Nord [[Berbères|amazigh]] à la fin du {{s-|VII}} et jusqu'aux côtes espagnoles au début du {{s-|VIII}}. En 712, certains de leurs conquis berbères menés par [[Tariq ibn Ziyad|Tariq Ibn Zyad]] voulant son armée constituée à 100 % de [[berbères]] (appelés les [[Maures]]) franchissent le [[détroit de Gibraltar]] (qui doit son nom au conquérant, djebel Tariq "la montagne de Tariq" ; dès leur accostage en terre ibérique, Tariq ibn Ziyad, après avoir ordonné la destruction totale de sa flotte navale par le feu, prononça cette phrase {{Citation|l’ennemi est devant vous et la mer est derrière vous}})<ref>On remarquera la similitude avec l'expression latine « brûler ses vaisseaux » (''ustulare'').</ref> et conquièrent l'Espagne, d'où l'architecture du style mauresque. Ils sont arrêtés à [[bataille de Poitiers (732)|Poitiers]] en 732 par les troupes du [[maire du palais]], [[Charles Martel]], grand-père du futur [[Charlemagne]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Suzanne Citron]]|titre=[[Le Mythe national]] : l'histoire de France revisitée|éditeur=[[Éditions de l'Atelier]]|année=2008|passage=56-57|isbn=}}.</ref>.
L’islam pénètre le monde chrétien et gréco-romain peu après la mort du prophète de l’islam [[Mahomet]]. Sous les [[Omeyyades]], l’expansion continue, les conquêtes territoriales se faisant par voie terrestre jusqu’en Afrique du Nord [[Berbères|amazigh]] à la fin du {{s-|VII}} et jusqu’aux côtes espagnoles au début du {{s-|VIII}}. En 712, certains de leurs conquis berbères menés par [[Tariq ibn Ziyad|Tariq Ibn Zyad]] voulant son armée constituée à 100 % de [[berbères]] (appelés les [[Maures]]) franchissent le [[détroit de Gibraltar]] (qui doit son nom au conquérant, djebel Tariq "la montagne de Tariq" ; dès leur accostage en terre ibérique, Tariq ibn Ziyad, après avoir ordonné la destruction totale de sa flotte navale par le feu, prononça cette phrase {{Citation|l’ennemi est devant vous et la mer est derrière vous}})<ref>On remarquera la similitude avec l'expression latine « brûler ses vaisseaux » (''ustulare'').</ref> et conquièrent l’Espagne, d’où l’architecture du style mauresque. Ils sont arrêtés à [[bataille de Poitiers (732)|Poitiers]] en 732 par les troupes du [[maire du palais]], [[Charles Martel]], grand-père du futur [[Charlemagne]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Suzanne Citron]]|titre=[[Le Mythe national]] : l'histoire de France revisitée|éditeur=[[Éditions de l'Atelier]]|année=2008|passage=56-57|isbn=}}.</ref>.


L'expansion se poursuit ensuite vers l'[[Asie centrale]], [[Boukhara]] et [[Kaboul]], et ils atteignent la frontière de l'[[Indus]]. Ils entrent en contact avec l'[[Empire byzantin]], au niveau de la [[mer Caspienne]] et du [[Caucase]] au nord.
L’expansion se poursuit ensuite vers l’[[Asie centrale]], [[Boukhara]] et [[Kaboul]], et ils atteignent la frontière de l’[[Indus]]. Ils entrent en contact avec l’[[Empire byzantin]], au niveau de la [[mer Caspienne]] et du [[Caucase]] au nord.


L'Empire byzantin contrôle alors la [[mer Méditerranée]], ce qui peut entraver les conquêtes arabes. Les Arabes construisent alors une flotte et attaquent [[Constantinople]] à trois reprises, mais sans succès, car le [[feu grégeois]] donne un fort avantage tactique aux défenseurs. Ceux-ci, restant maîtres de la mer, bloquent l'expansion musulmane et cessent de commercer avec les Arabes. La mer sera quelque temps une frontière, mais redeviendra rapidement une zone d'échanges. Après une conquête rapide d'un siècle, les frontières ne bougent plus jusqu'au {{s-|XI}}.
L’Empire byzantin contrôle alors la [[mer Méditerranée]], ce qui peut entraver les conquêtes arabes. Les Arabes construisent alors une flotte et attaquent [[Constantinople]] à trois reprises, mais sans succès, car le [[feu grégeois]] donne un fort avantage tactique aux défenseurs. Ceux-ci, restant maîtres de la mer, bloquent l’expansion musulmane et cessent de commercer avec les Arabes. La mer sera quelque temps une frontière, mais redeviendra rapidement une zone d’échanges. Après une conquête rapide d’un siècle, les frontières ne bougent plus jusqu’au {{s-|XI}}.


Quand les Arabes ont conquis un territoire, ils établissent des camps à part et vivent du fruit de leurs conquêtes et d'impôts (la [[Djizîa|jizya]]) versés par les non-musulmans, en échange d'une liberté et d'une protection restreintes. Les musulmans sont enjoints pour leur part de pratiquer la [[Zakât]] (aumône au pauvre), un des [[Islam#Les cinq piliers|cinq piliers de l'islam]], mais seront, selon les périodes, libres de la pratiquer à leur gré (sans contrôle réel) ou non.
Quand les Arabes ont conquis un territoire, ils établissent des camps à part et vivent du fruit de leurs conquêtes et d’impôts (la [[Djizîa|jizya]]) versés par les non-musulmans, en échange d’une liberté et d’une protection restreintes. Les musulmans sont enjoints pour leur part de pratiquer la [[Zakât]] (aumône au pauvre), un des [[Piliers de l'islam|cinq piliers de l’islam]], mais seront, selon les périodes, libres de la pratiquer à leur gré (sans contrôle réel) ou non.


Le {{s-|VIII}} est marqué par la forte résistance de l'Empire byzantin, mais aussi par une agitation à la fois politique et religieuse à l'intérieur du monde arabo-musulman. L'unification et l'arabisation des territoires conquis (par la langue, la monnaie, l'administration), ainsi que leur islamisation (écoles instituées pour répandre le [[Coran]], juges formés au droit musulman) sont donc entrepris.
Le {{s-|VIII}} est marqué par la forte résistance de l’Empire byzantin, mais aussi par une agitation à la fois politique et religieuse à l’intérieur du monde arabo-musulman. L’unification et l’arabisation des territoires conquis (par la langue, la monnaie, l’administration), ainsi que leur islamisation (écoles instituées pour répandre le [[Coran]], juges formés au droit musulman) sont donc entrepris.


Les sécessions politico-religieuses n'en continuent pas moins : les [[Abbassides]] fondent [[Bagdad]]. Il y a alors un déplacement vers l'est du centre politique arabo-musulman, déviant les flux d'arrivées de l'Extrême-Orient, mais éloignant ainsi le Centre du pan Ouest de l'empire. La tension qui en résulte provoque de nouvelles sécessions dont émergeront trois grandes zones de califats : [[abbasside]], [[fatimides|fatimide]] et [[califat de Cordoue|andalouse]] ; il en résulte aussi une émulation religieuse entre les successeurs de Mahomet.
Les sécessions politico-religieuses n’en continuent pas moins : les [[Abbassides]] fondent [[Bagdad]]. Il y a alors un déplacement vers l’est du centre politique arabo-musulman, déviant les flux d’arrivées de l’Extrême-Orient, mais éloignant ainsi le Centre du pan Ouest de l’empire. La tension qui en résulte provoque de nouvelles sécessions dont émergeront trois grandes zones de califats : [[abbasside]], [[fatimides|fatimide]] et [[califat de Cordoue|andalouse]] ; il en résulte aussi une émulation religieuse entre les successeurs de Mahomet.


Aux {{s mini-|IX}} et {{s-|X}}s, l'Empire arabo-musulman ne s'étend plus sous les Abbassides.
Aux {{s mini-|IX}} et {{s-|X}}s, l’Empire arabo-musulman ne s’étend plus sous les Abbassides.


== Du {{sp-|VII|au|VIII}} ==
== Du {{sp-|VII|au|VIII}} ==
[[Fichier:Ayla02.JPG|vignette|right|280px|Ruines de la cité musulmane d'[[Ayla]] ([[Aqaba]] en [[Jordanie]]), construite en [[650]].]]
[[Fichier:Ayla02.JPG|vignette|right|280px|Ruines de la cité musulmane d’[[Ayla]] ([[Aqaba]] en [[Jordanie]]), construite en [[650]].]]
Les historiens ont souligné l'importance et la rapidité de la première conquête qui en un siècle permit rapidement aux Arabes dont, selon certains historiens, {{cita|l'état de civilisation était au stade de la tribu, dont les croyances religieuses étaient à peine supérieures au fétichisme et qui passaient leur temps à se faire la guerre, ou à piller les caravanes}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Henri Pirenne]]|titre=Mahomet et Charlemagne|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=1970|passage=107|isbn=}}</ref>, de ravir à des empires séculaires et solidement établis un immense espace, du littoral atlantique aux déserts d'Asie centrale<ref>Thierry Bianquis, Pierre Guichard et Mathieu Tillier, ''Les Débuts du monde musulman, {{sp-|VII|e| ‑ |X|e}}s. De Muhammad aux dynasties autonomes'', éd. PUF/Nouvelle Clio, 2012, {{p.|108}}.</ref>. Il faut dire que rien ne préparait les empires byzantin et perse, qui se disputaient la domination du Moyen-Orient et étaient épuisés à la suite de longues luttes, à voir arriver sur ce terrain un troisième adversaire. [[Héraclius]] venait de remporter une victoire éclatante contre la Perse de [[Khosro II|Chosroès]], l'Empire romain allait enfin pouvoir se concentrer sur l'Occident et vaincre les Lombards qui menaçaient l'Italie, son avenir semblait assuré par cette victoire sur la Perse qui lui restituait la Syrie, la Palestine et l'Égypte. Héraclius reçut alors les félicitations de l'Inde et des Francs<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Henri Pirenne|titre=Op. cit.|éditeur=|année=|passage=107-108|isbn=}}</ref>.
Les historiens ont souligné l’importance et la rapidité de la première conquête qui en un siècle permit rapidement aux Arabes dont, selon certains historiens, {{cita|l'état de civilisation était au stade de la tribu, dont les croyances religieuses étaient à peine supérieures au fétichisme et qui passaient leur temps à se faire la guerre, ou à piller les caravanes}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Henri Pirenne]]|titre=Mahomet et Charlemagne|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=1970|passage=107|isbn=}}.</ref>, de ravir à des empires séculaires et solidement établis un immense espace, du littoral atlantique aux déserts d’Asie centrale<ref>Thierry Bianquis, Pierre Guichard et Mathieu Tillier, ''Les Débuts du monde musulman, {{sp-|VII|e| ‑ |X|e}}s. De Muhammad aux dynasties autonomes'', éd. PUF/Nouvelle Clio, 2012, {{p.|108}}.</ref>. Il faut dire que rien ne préparait les empires byzantin et perse, qui se disputaient la domination du Moyen-Orient et étaient épuisés à la suite de longues luttes, à voir arriver sur ce terrain un troisième adversaire. [[Héraclius]] venait de remporter une victoire éclatante contre la Perse de [[Khosro II|Chosroès]], l’Empire romain allait enfin pouvoir se concentrer sur l’Occident et vaincre les Lombards qui menaçaient l’Italie, son avenir semblait assuré par cette victoire sur la Perse qui lui restituait la Syrie, la Palestine et l’Égypte. Héraclius reçut alors les félicitations de l’Inde et des Francs<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Henri Pirenne|titre=Op. cit.|éditeur=|année=|passage=107-108|isbn=}}.</ref>.


Les Byzantins sont pris de court par l’irruption soudaine de cet adversaire nouveau venu d’une région dont ils ne se méfiaient pas, à l’instar de leurs voisins Perses. L'Islam arrache brusquement à l'Empire la Syrie et l'Égypte qu'il croyait sécurisées. Ces conquêtes font l'objet de terribles massacres, en Égypte par exemple, qui subit quatre millions de morts<ref>Livre "Islam et terrorisme - édition actualisée" de Mark A. Gabriel.</ref>, ou lors de la prise de [[Jérusalem]] et du massacre de [[Mamilla]], qui fit d'après différentes sources byzantines entre {{unité|24000|et=90000|victimes}} chrétiennes civiles<ref>Un article de février 2017 du journal israélien "Jérusalem Post" avance {{nombre|60000|morts}}. Les sources byzantines avancent que ce massacre fut perpétré "par les musulmans et leurs alliés juifs".</ref>. Après la conquête des côtes, l’Islam devient une puissance maritime, prenant Chypre, puis Rhodes, la Crête, la Sicile, repoussé à Constantinople après un blocus de cinq ans en 677.
Les Byzantins sont pris de court par l’irruption soudaine de cet adversaire nouveau venu d’une région dont ils ne se méfiaient pas, à l’instar de leurs voisins Perses. L’Islam arrache brusquement à l’Empire la Syrie et l’Égypte qu’il croyait sécurisées. Ces conquêtes font l’objet de terribles [[massacre]]s, en Égypte par exemple, qui subit quatre millions de morts<ref>Livre "Islam et terrorisme - édition actualisée" de Mark A. Gabriel.</ref>, ou lors de la prise de [[Jérusalem]] et du massacre de [[Mamilla]], qui fit d’après différentes sources byzantines entre {{unité|24000|et=90000|victimes}} chrétiennes civiles<ref>Un article de février 2017 du journal israélien "Jérusalem Post" avance {{nombre|60000|morts}}. Les sources byzantines avancent que ce massacre fut perpétré "par les musulmans et leurs alliés juifs".</ref>. Après la conquête des côtes, l’Islam devient une puissance maritime, prenant [[Histoire de Chypre|Chypre]], puis [[Rhodes]], la [[Crête]], la [[Histoire de la Sicile|Sicile]], repoussé à Constantinople après un blocus de cinq ans en 677.


Dès la [[Conquête musulmane du Maghreb|conquête du Maghreb]], et ce malgré la résistance berbère dirigée par la [[Dihya (reine)|Kahina]], puis de l’Espagne wisigothique (732) et de la Sicile (827), la Méditerranée occidentale devient un « lac musulman ».
Dès la [[Conquête musulmane du Maghreb|conquête du Maghreb]], et ce malgré la résistance berbère dirigée par la [[Dihya (reine)|Kahina]], puis de l’Espagne wisigothique (732) et de la Sicile (827), la Méditerranée occidentale devient un « lac musulman ».


Les raids des [[corsaire]]s musulmans terrorisent les populations chrétiennes de tout le littoral, et en 846 c'est le [[Sac de Rome (846)|sac de Rome]], de la [[Basilique Saint-Pierre]].
Les raids des [[corsaire]]s musulmans terrorisent les populations chrétiennes de tout le littoral, et en 846 c’est le [[Sac de Rome (846)|sac de Rome]], de la [[Basilique Saint-Pierre]].


À l'Ouest, les Francs sont parvenus à les repousser sur terre, mais faute de flotte ne peuvent lutter sur mer; il n’y a guère que Byzance et son [[feu grégeois]] pour maintenir sous son contrôle les mers Égée et Adriatique.
À l’Ouest, les Francs sont parvenus à les repousser sur terre, mais faute de flotte ne peuvent lutter sur mer; il n’y a guère que Byzance et son [[feu grégeois]] pour maintenir sous son contrôle les mers Égée et Adriatique.


Cette domination navale de l’Islam produit un ralentissement considérable du commerce méditerranéen, du moins pour les chrétiens. Il entraîne un isolement de l’Occident latin, que l'on peut constater dans la quasi-disparition des épices; la raréfaction de l’or, qui est remplacé par le denier d’argent sous [[Pépin le Bref]] et [[Charlemagne]]; le remplacement de l’huile par la cire pour les luminaires; celui du papyrus par le parchemin à la fin du {{s-|VII}}.
Cette domination navale de l’Islam produit un ralentissement considérable du commerce méditerranéen, du moins pour les chrétiens. Il entraîne un isolement de l’Occident latin, que l’on peut constater dans la quasi-disparition des épices; la raréfaction de l’or, qui est remplacé par le denier d’argent sous [[Pépin le Bref]] et [[Charlemagne]]; le remplacement de l’huile par la cire pour les luminaires; celui du papyrus par le parchemin à la fin du {{s-|VII}}.


Le monde arabo-musulman, s’il ne se ferme pas totalement au commerce avec les Européens (du moins avec les grandes villes commerçantes italiennes, et les juifs auprès desquels ils s'approvisionnent notamment en esclaves malgré les interdictions répétées en 779, 781 et 845<ref>{{Ouvrage|titre=Ibid.|éditeur=|année=|passage=195|isbn=}}.</ref>), dédaigne néanmoins la ''Mare Nostrum'' et se tourne vers [[Bagdad]] et les mondes indien et chinois, bien plus fructueux (illustré par les histoires de marins comme les voyages de Sindibad). Cette fermeture significative du commerce du point de vue européen impose de profonds changements civilisationnels à l’Occident, [[Henri Pirenne|Pirenne]] y voit l’une des causes majeures de la chute des [[mérovingiens]], qui tiraient une part substantielle de leurs revenus des taxes sur la circulation des marchandises. Ce déclin, principalement dans le Sud, de l’urbanité et des institutions ecclésiales, avec l’arrêt pendant près de deux siècles de la succession de nombreux sièges épiscopaux et des synodes, l’aristocratie terrienne et régionale supplante les grandes familles sénatoriales qui fournissaient jusque-là l’essentiel du haut personnel ecclésiastique et laïque, et le centre du pouvoir se déplace du pourtour de la Méditerranée vers la [[Seine]] et le [[Rhin]], régions plus agricoles et moins dangereuses, d’où provient la dynastie des [[carolingiens]].
Le monde arabo-musulman, s’il ne se ferme pas totalement au commerce avec les Européens (du moins avec les grandes villes commerçantes italiennes, et les juifs auprès desquels ils s’approvisionnent notamment en esclaves malgré les interdictions répétées en 779, 781 et 845<ref>{{Ouvrage|titre=Ibid.|éditeur=|année=|passage=195|isbn=}}.</ref>), dédaigne néanmoins la ''Mare Nostrum'' et se tourne vers [[Bagdad]] et les mondes indien et chinois, bien plus fructueux (illustré par les histoires de marins comme les voyages de Sindibad). Cette fermeture significative du commerce du point de vue européen impose de profonds changements civilisationnels à l’Occident, [[Henri Pirenne|Pirenne]] y voit l’une des causes majeures de la chute des [[mérovingiens]], qui tiraient une part substantielle de leurs revenus des taxes sur la circulation des marchandises. Ce déclin, principalement dans le Sud, de l’urbanité et des institutions ecclésiales, avec l’arrêt pendant près de deux siècles de la succession de nombreux sièges épiscopaux et des synodes, l’aristocratie terrienne et régionale supplante les grandes familles sénatoriales qui fournissaient jusque-là l’essentiel du haut personnel ecclésiastique et laïque, et le centre du pouvoir se déplace du pourtour de la Méditerranée vers la [[Seine]] et le [[Rhin]], régions plus agricoles et moins dangereuses, d’où provient la dynastie des [[carolingiens]].


Les dernières puissances navales occidentales comme [[Naples]], [[Gaète]], [[Amalfi (Italie)|Amalfi]] et bientôt [[Venise]], sont obligées de traiter avec les musulmans pour garder le contact avec l’Orient et ses richesses, formant un cas d’exception sur le continent européen, où l’idée antique de la civilisation méditerranéenne peut en quelque sorte subsister<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Ibid.|éditeur=|année=|passage=107-136|isbn=}}</ref>.
Les dernières puissances navales occidentales comme [[Naples]], [[Gaète]], [[Amalfi (Italie)|Amalfi]] et bientôt [[Venise]], sont obligées de traiter avec les musulmans pour garder le contact avec l’Orient et ses richesses, formant un cas d’exception sur le continent européen, où l’idée antique de la civilisation méditerranéenne peut en quelque sorte subsister<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Ibid.|éditeur=|année=|passage=107-136|isbn=}}.</ref>.


=== En Orient ===
=== En Orient ===
==== Péninsule arabique ====
==== Péninsule arabique ====
[[Fichier:Muslim Conquest.PNG|vignette|gauche|280px|Conquêtes des débuts de l'islam.]]
[[Fichier:Muslim Conquest.PNG|vignette|gauche|280px|Conquêtes des débuts de l’islam.]]
On date la révélation du prophète Mahomet à environ [[610]]. Les premières années sont difficiles et les musulmans sont souvent persécutés, certains migrent vers l'[[Abyssinie]].
On date la révélation du prophète Mahomet à environ [[610]].


En [[622]], [[Prophet Mahomet]] la paix soit sur lui chassé de [[la Mecque]]<ref>{{Larousse|mot=Médine|numéro=132558}}</ref>, se réfugie à [[Médine]] ; c'est l'an I de l'[[hégire]]. À partir de cette date, il commence à étendre son audience et son pouvoir (voir [[Tribus musulmanes et juives de Yathrib]]) et parvient à conquérir [[La Mecque]]. À sa mort en [[632]], il a conquis toute la péninsule arabique.
En [[622]], [[Mahomet]], chassé de [[la Mecque]]<ref>{{Larousse|mot=Médine|numéro=132558}}.</ref>, se réfugie à [[Médine]] ; c’est l’an I de l’[[hégire]]. À partir de cette date, il commence à étendre son audience et son pouvoir (voir [[Tribus musulmanes et juives de Yathrib]]) et parvient à conquérir [[La Mecque]]. À sa mort en [[632]], il a conquis toute la péninsule arabique.


L'intense activité militaire et diplomatique qu'a été la ''[[Ridda]]'' peut être considérée comme la répression d'une [[apostasie]], une reconquête ou une conquête. Un exemple est le cas particulier de [[Musaylima]] (Banû Hanifâ), dernière confédération de tribus du Hedjaz à être réfractaire aux demandes musulmanes. D'autres exemples isolés sont ''Ayhala le Noir'' au Yémen, ''Tulayha al-Asadî'' dans le Nedjd, et la prophétesse ''Sajâh'' des ''Tamîm'' et des ''Taghlib''.
L’intense activité militaire et diplomatique qu’a été la ''[[Ridda]]'' peut être considérée comme la répression d’une [[apostasie]], une reconquête ou une conquête. Un exemple est le cas particulier de [[Musaylima]] (Banû Hanifâ), dernière confédération de tribus du Hedjaz à être réfractaire aux demandes musulmanes. D’autres exemples isolés sont ''Ayhala le Noir'' au Yémen, ''Tulayha al-Asadî'' dans le Nedjd, et la prophétesse ''Sajâh'' des ''Tamîm'' et des ''Taghlib''.


==== Proche-Orient ====
==== Proche-Orient ====
{{Article détaillé|Guerres entre Arabes et empire byzantin}}
{{Article détaillé|Guerres entre Arabes et empire byzantin}}
Au Proche-Orient à l'arrivée des [[Arabe]]s, l'[[empire byzantin]] est fortement affaibli par sa lutte contre les [[Perses]] [[sassanides]].
Au Proche-Orient à l’arrivée des [[Arabe]]s, l’[[empire byzantin]] est fortement affaibli par sa lutte contre les [[Perses]] [[sassanides]].


Les Perses ont pris [[Jérusalem]] en [[614]] et l'ont gardée quinze ans, jusqu'en [[629]]. Les [[Islam|musulmans]] prennent donc une ville affaiblie en [[638]].
Les Perses ont pris [[Jérusalem]] en [[614]] et l’ont gardée quinze ans, jusqu’en [[629]]. Les [[Islam|musulmans]] prennent donc une ville affaiblie en [[638]].


==== Moyen-Orient et Asie centrale ====
==== Moyen-Orient et Asie centrale ====
Ligne 78 : Ligne 78 :
{{Article détaillé|Conquête islamique de la Perse|Conquête musulmane de la Transoxiane|Conquête musulmane de l'Inde|Invasion omeyyade en Inde}}
{{Article détaillé|Conquête islamique de la Perse|Conquête musulmane de la Transoxiane|Conquête musulmane de l'Inde|Invasion omeyyade en Inde}}


Les [[Arabes]], menés par les troupes du général [[Qutayba ibn Muslim]], conquirent vers [[712]] les territoires des actuels [[Ouzbékistan]] et [[Kirghizistan]]<ref>{{fr}} [https://books.google.fr/books?id=Kx4wkdYnte0C&pg=PA44&dq=Ouzb%C3%A9kistan+et+Kirghizstan+712&hl=fr&sa=X&ei=TnLYT4yhIoem4gS5_dCAAw&ved=0CEYQ6AEwAQ#v=onepage&q=Ouzb%C3%A9kistan%20et%20Kirghizstan%20712&f=false Jacques Barrat, Coline Ferro et Charlotte Wang, ''Géopolitique de l'Ouzbékistan'', éd. L'Harmattan, Paris, 2011, {{p.|44}}]</ref>. Ils y entrent au contact avec les Chinois pendant le règne du premier abbasside [[Al-Saffah|Abou al-`Abbâs]] à la [[Bataille de Talas|victoire de Talas]]. Ils ont appris l'islam aux peuples [[Asie centrale|centre-asiatiques]] pratiquant jusqu'alors le [[zoroastrisme]].
Les [[Arabes]], menés par les troupes du général [[Qutayba ibn Muslim]], conquirent vers [[712]] les territoires des actuels [[Ouzbékistan]] et [[Kirghizistan]]<ref>{{fr}} [https://books.google.fr/books?id=Kx4wkdYnte0C&pg=PA44&dq=Ouzb%C3%A9kistan+et+Kirghizstan+712&hl=fr&sa=X&ei=TnLYT4yhIoem4gS5_dCAAw&ved=0CEYQ6AEwAQ#v=onepage&q=Ouzb%C3%A9kistan%20et%20Kirghizstan%20712&f=false Jacques Barrat, Coline Ferro et Charlotte Wang, ''Géopolitique de l'Ouzbékistan'', éd. L'Harmattan, Paris, 2011, {{p.|44}}]</ref>. Ils y entrent au contact avec les Chinois pendant le règne du premier abbasside [[Al-Saffah|Abou al-`Abbâs]] à la [[Bataille de Talas|victoire de Talas]]. Ils ont "appris" l’islam aux peuples [[Asie centrale|centre-asiatiques]] pratiquant jusqu’alors le [[zoroastrisme]].


Le contrôle arabe de l'[[Asie centrale]] fut consolidé à la suite de la [[bataille de Talas]] (au [[Kirghizistan]] près de la ville actuelle [[Kazakhstan|kazakh]] de [[Taraz]]) contre les Chinois en [[751]]. Cette victoire qui a marqué l'avancée la plus à l'Est des armées arabes a été également l'occasion d'acquérir un certain nombre de techniques chinoises dont celle de la fabrication du [[papier]]. Lors de la bataille de Talas, les Arabes, victorieux, font prisonniers de nombreux Chinois et récupèrent ainsi le secret. Ils comprennent rapidement l'intérêt de ce nouveau support pour propager l'[[islam]], et [[Samarcande]] en sera le tout premier centre de production du papier du monde [[musulman]]. Par ailleurs, ils en amélioreront la fabrication en y incorporant à sa préparation des chiffons. [[Haroun ar-Rachid]] imposa l'usage du papier dans toutes les administrations de l'empire. Le papier arrive alors dans le reste du monde connu et en [[Occident]] grâce aux conquêtes arabes en [[Asie centrale]]. On le retrouve à [[Bagdad]] en [[793]], au [[Le Caire|Caire]] en [[900]], à [[Xàtiva]] (San Felipe, [[Espagne]]) en [[1056]] et enfin en [[France]] au début du {{XIVe siècle}}.
Le contrôle arabe de l’[[Asie centrale]] fut consolidé à la suite de la [[bataille de Talas]] (au [[Kirghizistan]] près de la ville actuelle [[Kazakhstan|kazakh]] de [[Taraz]]) contre les Chinois en [[751]]. Cette victoire qui a marqué l’avancée la plus à l’Est des armées arabes a été également l’occasion d’acquérir un certain nombre de techniques chinoises dont celle de la fabrication du [[papier]]. Lors de la bataille de Talas, les Arabes, victorieux, font prisonniers de nombreux Chinois et récupèrent ainsi le secret. Ils comprennent rapidement l’intérêt de ce nouveau support pour propager l’[[islam]], et [[Samarcande]] en sera le tout premier centre de production du papier du monde [[musulman]]. Par ailleurs, ils en amélioreront la fabrication en y incorporant à sa préparation des chiffons. [[Haroun ar-Rachid]] imposa l’usage du papier dans toutes les administrations de l’empire. Le papier arrive alors dans le reste du monde connu et en [[Occident]] grâce aux conquêtes arabes en [[Asie centrale]]. On le retrouve à [[Bagdad]] en [[793]], au [[Le Caire|Caire]] en [[900]], à [[Xàtiva]] (San Felipe, [[Espagne]]) en [[1056]] et enfin en [[France]] au début du {{XIVe siècle}}.


Les conquérants arabes se frottent aussi à la [[empire perse|Perse]] et vont, à l'est, jusqu'à l'[[Indus]]. Quelques populations turques se convertissent à l'islam. Au {{s-|XIII}}, le monde islamique joue un rôle important pour le commerce entre l'Europe, l'Inde et la Chine, les Arabes ayant, à cette époque et jusqu'à l'arrivée des Portugais en Inde, le monopole du commerce sur la [[côte de Malabar]]. Les Arabes naviguaient par un petit bateau à voile nommé [[boutre]]. [[Tamerlan]] (1336-1405), Turc [[Conversion à l'islam|converti à l'islam]], fonde un Empire dit mongol mais turc de fait, dont l'existence ne sera qu'éphémère. L'un de ses successeurs, [[Babur]], restaure l'empire, en Inde surtout, que l'on nommera [[Empire moghol|moghol]]. En [[Inde]] se produiront nombre de syncrétismes dont la tentative de l'empereur moghol [[Akbar]], qui promulgue l'un des premiers [[édit de tolérance|édits de tolérance]].
Les conquérants arabes se frottent aussi à la [[empire perse|Perse]] et vont, à l’est, jusqu’à l’[[Indus]]. Quelques populations turques se convertissent à l’islam. Au {{s-|XIII}}, le monde islamique joue un rôle important pour le commerce entre l’Europe, l’Inde et la Chine, les Arabes ayant, à cette époque et jusqu’à l’arrivée des Portugais en Inde, le monopole du commerce sur la [[côte de Malabar]]. Les Arabes naviguaient par un petit bateau à voile nommé [[boutre]]. [[Tamerlan]] (1336-1405), Turc [[Conversion à l'islam|converti à l’islam]], fonde un Empire dit mongol mais turc de fait, dont l’existence ne sera qu’éphémère. L’un de ses successeurs, [[Babur]], restaure l’empire, en Inde surtout, que l’on nommera [[Empire moghol|moghol]]. En [[Inde]] se produiront nombre de syncrétismes dont la tentative de l’empereur moghol [[Akbar]], qui promulgue l’un des premiers [[édit de tolérance|édits de tolérance]].


L'expansion de l'islam se poursuit vers l'Asie du Sud-Est et la Chine, tout d'abord par l'intermédiaire des marchands.
L’expansion de l’islam se poursuit vers l’Asie du Sud-Est et la Chine, tout d’abord par l’intermédiaire des marchands.


=== L’Égypte ===
=== L’Égypte ===
[[Fichier:All Gizah Pyramids.jpg|vignette|280px|Les pyramides de Gizeh.]]
[[Fichier:All Gizah Pyramids.jpg|vignette|280px|Les pyramides de Gizeh.]]
{{Article détaillé|Conquête musulmane de l'Egypte}}
{{Article détaillé|Conquête musulmane de l'Égypte}}
Une armée d'environ 4 000 [[Arabes]], dirigée par [[Amr ibn al-As]], a été envoyé par le [[calife]] [[Omar ibn al-Khattâb]] pour répandre l'[[Islam]] dans le pays des anciens pharaons. Les Arabes arrivèrent en Égypte depuis la [[Palestine (région)|Palestine]] en décembre [[639]] et avancèrent rapidement jusqu'à ce qu'ils atteignent le [[Delta du Nil|delta]] du Nil. Les garnisons impériales se retirèrent dans les villes fortifiées où elles résistèrent avec succès pendant un an ou plus ; mais les Arabes ont demandé des renforts et 5 000 autres soldats sont arrivés en Égypte en [[640]]. Renforcés, ils ont vaincu les Byzantins à la [[bataille d'Héliopolis]]. Amr se dirige ensuite vers [[Alexandrie (Italie)|Alexandrie]], qui se rend grâce à un accord signé le 8 novembre [[641]]. Il semble que les [[Thèbes (Égypte)|Thébaïdes]] se soient rendus sans résistance en échange de nombreuses concessions islamiques.
Une armée d’environ 4 000 [[Arabes]], dirigée par [[Amr ibn al-As]], a été envoyé par le [[calife]] [[Omar ibn al-Khattâb]] pour répandre l’[[Islam]] dans le pays des anciens pharaons. Les Arabes arrivèrent en Égypte depuis la [[Palestine (région)|Palestine]] en décembre [[639]] et avancèrent rapidement jusqu’à ce qu’ils atteignent le [[Delta du Nil|delta]] du Nil. Les garnisons impériales se retirèrent dans les villes fortifiées où elles résistèrent avec succès pendant un an ou plus ; mais les Arabes ont demandé des renforts et 5 000 autres soldats sont arrivés en Égypte en [[640]]. Renforcés, ils ont vaincu les Byzantins à la [[bataille d'Héliopolis|bataille d’Héliopolis]]. Amr se dirige ensuite vers [[Alexandrie (Italie)|Alexandrie]], qui se rend grâce à un accord signé le 8 novembre [[641]]. Il semble que les [[Thèbes (Égypte)|Thébaïdes]] se soient rendus sans résistance en échange de nombreuses concessions islamiques.


=== L'Afrique ===
=== L’Afrique ===
[[Fichier:Great Mosque of Kairouan Stitched Panorama - Grande Mosquée de Kairouan Panorama.jpg|vignette|280px|[[Grande Mosquée de Kairouan]], fondée en 670 par le général arabe Oqba Ibn Nafaa, [[Kairouan]], [[Tunisie]].]]
[[Fichier:Great Mosque of Kairouan Stitched Panorama - Grande Mosquée de Kairouan Panorama.jpg|vignette|280px|[[Grande Mosquée de Kairouan]], fondée en 670 par le général arabe Oqba Ibn Nafaa, [[Kairouan]], [[Tunisie]].]]
{{Article détaillé|Conquête musulmane du Maghreb}}
{{Article détaillé|Conquête musulmane du Maghreb}}


Les troupes d'[[Oqba Ibn Nafi Al Fihri|Oqba Ibn Nafaa]] entrent en [[Ifriqya]], nom donné à cette ancienne province romaine, mais il se heurte à la résistance de [[Kusayla]], un chef de tribu berbère. Oqba Ibn Nafaa fonde la ville de [[Kairouan]] qu'il utilise comme base pour de futures opérations. En [[683]], lors d'une terrible bataille, Oqba meurt ainsi que la plupart de ses hommes. Kusayla marche alors sur Kairouan, il y règnera près de cinq ans, mais des renforts venus de Syrie destituent le roi.
Les troupes d’[[Oqba Ibn Nafi Al Fihri|Oqba Ibn Nafaa]] entrent en [[Ifriqya]], nom donné à cette ancienne province romaine, mais il se heurte à la résistance de [[Kusayla]], un chef de tribu berbère. Oqba Ibn Nafaa fonde la ville de [[Kairouan]] qu’il utilise comme base pour de futures opérations. En [[683]], lors d’une terrible bataille, Oqba meurt ainsi que la plupart de ses hommes. Kusayla marche alors sur Kairouan, il y règnera près de cinq ans, mais des renforts venus de Syrie destituent le roi.


La conquête du [[Maghreb]] reprend et aussitôt un nouveau soulèvement gagne la région des [[Aurès]], Dihya ([[Kahena]]) parvient à rassembler plusieurs tribus [[berbères]] et repousse provisoirement les soldats musulmans jusqu'en [[Tripolitaine]] (l'actuelle [[Libye]]). [[Carthage]] est prise en [[698]], la résistance est dominée à partir de [[702]] et l'Afrique du Nord est « officiellement » conquise en [[711]]. Cette même année, les premiers contingents berbères et arabes passent en [[Andalousie]], dirigés par [[Tariq ibn Ziyad]]. À la phase d’organisation militaire de la conquête, va se substituer l’administration d’un territoire encore partiellement insoumis, et non converti.
La conquête du [[Maghreb]] reprend et aussitôt un nouveau soulèvement gagne la région des [[Aurès]], Dihya ([[Kahena]]) parvient à rassembler plusieurs tribus [[berbères]] et repousse provisoirement les soldats musulmans jusqu’en [[Tripolitaine]] (l’actuelle [[Libye]]). [[Carthage]] est prise en [[698]], la résistance est dominée à partir de [[702]] et l’Afrique du Nord est « officiellement » conquise en [[711]]. Cette même année, les premiers contingents berbères et arabes passent en [[Andalousie]], dirigés par [[Tariq ibn Ziyad]]. À la phase d’organisation militaire de la conquête, va se substituer l’administration d’un territoire encore partiellement insoumis, et non converti.


Le Maroc, région fortement individualisée jusque là, morcelée entre de nombreuses tribus autonomes, connaît avec l'islam pour la première fois une véritable unité par la cohésion religieuse ainsi créée entre les tribus<ref>[[Bernard Lugan]], [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_particularites_de_l_islam_marocain.asp Les particularités de l'islam marocain], clio.fr, mai 2000</ref>.
Le Maroc, région fortement individualisée jusque là, morcelée entre de nombreuses tribus autonomes, connaît avec l’islam pour la première fois une véritable unité par la cohésion religieuse ainsi créée entre les tribus<ref>[[Bernard Lugan]], [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_particularites_de_l_islam_marocain.asp Les particularités de l'islam marocain], clio.fr, mai 2000</ref>.


Les populations afro-arabo-persanes d'Afrique de l'Est qui commerçaient depuis des siècles avec les Arabes se sont islamisés dès le {{s-|VIII}}. La [[culture swahilie]] est à la fois le fruit de ce métissage et de l'islamisation de la région.
Les populations afro-arabo-persanes d’Afrique de l’Est qui commerçaient depuis des siècles avec les Arabes sont islamisées dès le {{s-|VIII}}. La [[culture swahilie]] est à la fois le fruit de ce métissage et de l’islamisation de la région.


=== L'Europe ===
=== L’Europe ===
{{Article détaillé|Conquête musulmane de l'Hispanie|Présence sarrasine en Francie|Al-Andalus#La traversée des Pyrénées et la conquête de la Septimanie|Invasion omeyyade en France}}
{{Article détaillé|Conquête musulmane de l'Hispanie|Présence sarrasine en Francie|Al-Andalus#La traversée des Pyrénées et la conquête de la Septimanie|Invasion omeyyade en France}}
[[Fichier:SalonDeEmbajadoresRAS.jpg|vignette|280px|[[Alcázar de Séville]], coupole du salon des Ambassadeurs.]]
[[Fichier:SalonDeEmbajadoresRAS.jpg|vignette|280px|[[Alcázar de Séville]], coupole du salon des Ambassadeurs.]]


Dès le {{s-|VII}}, de la péninsule arabique jusqu'à la [[péninsule Ibérique]], l'expansion de l'[[islam]] se fait selon le principe de la [[guerre sainte|guerre juste]] ou [[Jihad]].
Dès le {{s-|VII}}, de la péninsule arabique jusqu’à la [[péninsule Ibérique]], l’expansion de l’[[islam]] se fait selon le principe de la [[guerre sainte|guerre juste]] ou [[Jihad]].


Cette terre, [[Arabes chrétiens|alors chrétienne]], avait été usée par les luttes intestines concernant l'[[hérésie|hérétique]] ([[arianisme|arianiste]] dans la [[péninsule Ibérique]] et [[donatisme|donatistes]] dans le [[Maghreb]]) et, de ce fait, longuement persécutée par le pouvoir impérial. Ce qui explique l'accueil facile aux conquérants fait par la majorité d'entre eux au moins en [[Afrique du Nord]]. Cette terre espagnole devient le [[pays d'al-Andalûs]] pour {{nombre|800|ans}}.
Cette terre, [[Arabes chrétiens|alors chrétienne]], avait été usée par les luttes intestines concernant l’[[hérésie|hérétique]] ([[arianisme|arianiste]] dans la [[péninsule Ibérique]] et [[donatisme|donatistes]] dans le [[Maghreb]]) et, de ce fait, longuement persécutée par le pouvoir impérial. Ce qui explique l’accueil "facile" aux conquérants fait par la majorité d’entre eux au moins en [[Afrique du Nord]]. Cette terre espagnole devient le [[pays d'al-Andalûs|pays d’al-Andalûs]] pour {{nombre|800|ans}}.


En revanche les courants du [[christianisme]] ont considéré d'abord très négativement l'émergence de l'islam. Cette nouvelle [[religion]] faisait obstacle à leur revendication d'{{page h'|Universalisme|universalisme}} (« catholique » signifiant ''universel''), et les références aux messages de la [[Bible]] leur apparaissaient, ainsi qu'aux [[Juif]]s, plutôt comme une [[hérésie]] [[Schisme|schismatique]] (pour les courants qui utilisent ce concept) que comme une reconnaissance. Au mieux, l'islam leur apparaissait comme une forme de concurrence légère, partageant sa reconnaissance du Dieu unique, mais réfutant en revanche l'idée de [[Trinité (théologie)|Trinité]] et ayant par ailleurs besoin d'une évangélisation.
En revanche les courants du [[christianisme]] ont considéré d’abord très négativement l’émergence de l’islam. Cette nouvelle [[religion]] faisait obstacle à leur revendication d’{{page h'|Universalisme|universalisme}} (« catholique » signifiant ''universel''), et les références aux messages de la [[Bible]] leur apparaissaient, ainsi qu’aux [[Juif]]s, plutôt comme une [[hérésie]] [[Schisme|schismatique]] (pour les courants qui utilisent ce concept) que comme une reconnaissance. Au mieux, l’islam leur apparaissait comme une forme de concurrence légère, partageant sa reconnaissance du Dieu unique, mais réfutant en revanche l’idée de [[Trinité (théologie)|Trinité]] et ayant par ailleurs besoin d’une évangélisation.


Jusqu'à l'arrivée des Turcs [[Seldjoukides]], pourtant, la cohabitation à [[Jérusalem]] se passe sans difficulté majeure, malgré les invasions répétées de l'Europe par des troupes [[maures]] se réclamant de l'islam. La situation change totalement avec l'occupation turque, qui entend interdire aux chrétiens le passage vers les [[lieux saints]].
Jusqu’à l’arrivée des Turcs [[Seldjoukides]], pourtant, la cohabitation à [[Jérusalem]] se passe sans difficulté majeure, malgré les invasions répétées de l’Europe par des troupes [[maures]] se réclamant de l’islam. La situation change totalement avec l’occupation turque, qui entend interdire aux chrétiens le passage vers les [[lieux saints]].


Une tension se crée alors. Pour l'[[Occident chrétien]], le ''[[mahométan]]'' devient l'''[[Mécréant|infidèle]]'' par excellence, et Mahomet (déformé parfois en ''[[baphomet]]'') celle d'un démon perfide, qui prêche au nom de Dieu pour détourner les fidèles de la ''vraie foi''. Parfois on l'assimile à l'[[Antéchrist]], parfois plus simplement on rappelle une parole attribuée par les Évangiles à [[Jésus de Nazareth|Jésus]] et mettant en garde contre de ''faux prophètes qui viendront après lui''.
Une tension se crée alors. Pour l’[[Occident chrétien]], le ''[[mahométan]]'' devient l’''[[Mécréant|infidèle]]'' par excellence, et Mahomet (déformé parfois en ''[[baphomet]]'') celle d’un démon perfide, qui prêche au nom de Dieu pour détourner les fidèles de la ''vraie foi''. Parfois on l’assimile à l’[[Antéchrist]], parfois plus simplement on rappelle une parole attribuée par les Évangiles à [[Jésus de Nazareth|Jésus]] et mettant en garde contre de ''faux prophètes qui viendront après lui''.


[[Fichier:Crac des chevaliers syria.jpeg|vignette|gauche|280px|Le [[Krak des Chevaliers]] en [[Syrie]].]]
[[Fichier:Crac des chevaliers syria.jpeg|vignette|gauche|280px|Le [[Krak des Chevaliers]] en [[Syrie]].]]
La conquête islamique est motivée :
La conquête islamique est motivée :
* pour les chefs de guerre, par l'envie d'étendre leur territoire ;
* pour les chefs de guerre, par l’envie d’étendre leur territoire ;
* pour les populations préparées à cette fin, par une nécessité perçue de répandre la « vraie foi ».
* pour les populations préparées à cette fin, par une nécessité perçue de répandre la « vraie foi ».


L'acmé de la civilisation musulmane (sur le plan du développement scientifique et technique) se situe aux {{s2-|VIII|XIII}}<ref>« Cette civilisation musulmane, maintenant si abaissée, a été autrefois très brillante. Elle a eu des savants, des philosophes. Elle a été, pendant des siècles, la maîtresse de l’Occident chrétien. […] de l’an 775 à peu près, jusque vers le milieu du {{s-|XIII|e}}, c’est-à-dire pendant cinq cents ans environ, il y a eu dans les pays musulmans des savants, des penseurs très distingués. » Ernest Renan, voir Wikiquote.</ref>.
L’acmé de la civilisation musulmane (sur le plan du développement scientifique et technique) se situe aux {{s2-|VIII|XIII}}<ref>« Cette civilisation musulmane, maintenant si abaissée, a été autrefois très brillante. Elle a eu des savants, des philosophes. Elle a été, pendant des siècles, la maîtresse de l’Occident chrétien. […] de l’an 775 à peu près, jusque vers le milieu du {{s-|XIII|e}}, c’est-à-dire pendant cinq cents ans environ, il y a eu dans les pays musulmans des savants, des penseurs très distingués. » Ernest Renan, voir Wikiquote.</ref>.


Les bénéfices culturels et techniques retirés par les territoires occidentaux issus de l'expansion musulmane sont objet d'un débat d'historiens concernant les transmissions.
Les bénéfices culturels et techniques retirés par les territoires occidentaux issus de l’expansion musulmane sont objet d’un débat d’historiens concernant les transmissions.


{{Article détaillé|Civilisation islamique en al-Andalus|Sciences et techniques islamiques}}
{{Article détaillé|Civilisation islamique en al-Andalus|Sciences et techniques islamiques}}


[[Fichier:Steuben - Bataille de Poitiers.png|vignette|gauche|280px|[[Bataille de Poitiers (732)|Bataille de Poitiers]], en octobre 732.]]
[[Fichier:Steuben - Bataille de Poitiers.png|vignette|gauche|280px|[[Bataille de Poitiers (732)|Bataille de Poitiers]], en octobre 732.]]
Autant que la victoire de [[732]] par [[Charles Martel]], il arrête le [[razzia|raid militaire]] d'[[Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi|Abd al-Rahman]] vers [[Abbaye de Marmoutier (Tours)|Saint Martin de Tours]] à [[Bataille de Poitiers (732)|Poitiers]], c'est l'échec du siège de [[Constantinople]] qui stoppe la progression des armées arabes. Les établissements maures perdureront longtemps sur les rives ouest Européennes de la Méditerranée : la [[Sicile]] fut conquise à partir de [[827]], [[Malte]] en [[870]], les [[Baléares]] en 902.
Autant que la victoire de [[732]] par [[Charles Martel]], il arrête le [[razzia|raid militaire]] d’[[Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi|Abd al-Rahman]] vers [[Abbaye de Marmoutier (Tours)|Saint Martin de Tours]] à [[Bataille de Poitiers (732)|Poitiers]], c’est l’échec du siège de [[Constantinople]] qui cesse la progression des armées arabes. Les établissements maures perdureront longtemps sur les rives ouest Européennes de la Méditerranée : la [[Sicile]] fut conquise à partir de [[827]], [[Malte]] en [[870]], les [[Baléares]] en 902.


On connaîtra le mouvement inverse de « guerre juste » aussi, quelques siècles plus tard, dans la ''[[Reconquista]]'' de la péninsule ibérique qui débute véritablement à la [[bataille de Las Navas de Tolosa]], la première victoire de cette campagne, et s'achève au {{XVe siècle}} par la conquête des derniers ''reinos de Taïfa'' en [[1492]] ([[Prise de Grenade|conquête de Grenade]]). Cette date correspond aussi selon [[Arnold Joseph Toynbee]] à l'extermination des derniers noyaux de résistance chrétienne en [[Égypte]]. Quelques [[croisade]]s préalables destinées à reconquérir le ''tombeau du Christ'' avaient rouvert aux pays chrétiens la route des [[épices]] en s'emparant des ''échelles du Levant'' tel le port d'[[Ascalon]], en [[Palestine (région)|Palestine]].
On connaîtra le mouvement inverse de « guerre juste » aussi, quelques siècles plus tard, dans la ''[[Reconquista]]'' de la péninsule ibérique qui débute véritablement à la [[bataille de Las Navas de Tolosa]], la première victoire de cette campagne, et s’achève au {{XVe siècle}} par la conquête des derniers ''reinos de Taïfa'' en [[1492]] ([[Prise de Grenade|conquête de Grenade]]). Cette date correspond aussi selon [[Arnold Joseph Toynbee]] à l’extermination des derniers noyaux de résistance chrétienne en [[Égypte]]. Quelques [[croisade]]s préalables destinées à reconquérir le ''tombeau du Christ'' avaient rouvert aux pays chrétiens la route des [[épices]] en s’emparant des ''[[échelles du Levant]]'' tel le port d’[[Ascalon]], en [[Palestine (région)|Palestine]].


=== L'Inde ===
=== L’Inde ===
[[Fichier:Jama Masjid is the largest mosque in India. Delhi, India..jpg|vignette|280px|[[Jama Masjid (Delhi)|Jama Masjid]] ou Grande Mosquée, à [[Delhi]].]]
[[Fichier:Jama Masjid is the largest mosque in India. Delhi, India..jpg|vignette|280px|[[Jama Masjid (Delhi)|Jama Masjid]] ou Grande Mosquée, à [[Delhi]].]]
L'histoire de l'islam aux Indes ne s’arrête pas aux frontières de l'Inde dans ses frontières de 1947 et de 1971. Elle est inséparable de la progression musulmane dans le sous-continent indien dans son ensemble. On date la percée musulmane par les Arabes en 711. Le {{s-|XI}} incarne le début de la véritable expansion de l'Islam en Inde, notamment avec l'arrivée de nombreuses tribus turco-mongoles musulmanes, dans le sillage de l'empire de [[Gengis Khan]] et le chaos des [[invasions mongoles en Asie centrale]].
L’histoire de l’islam aux Indes ne s’arrête pas aux frontières de l’Inde dans ses frontières de 1947 et de 1971. Elle est inséparable de la progression musulmane dans le sous-continent indien dans son ensemble. On date la percée musulmane par les Arabes en 711. Le {{s-|XI}} incarne le début de la véritable expansion de l’Islam en Inde, notamment avec l’arrivée de nombreuses tribus turco-mongoles musulmanes, dans le sillage de l’empire de [[Gengis Khan]] et le chaos des [[invasions mongoles en Asie centrale]].


En 1414, [[Dynastie des Sayyîd|Sayyîd]] s'empare du trône de [[Delhi]], puis [[Bahlul Lodi|Bahlul]] fonde la lignée des [[Dynastie des Lodi|Lodi]] en 1451. En 1526 la dynastie des Lodi s’éteint, victime des conquêtes lancées par [[Babur]], descendant de [[Tamerlan]]. Il fonde ce qui deviendra l'[[empire moghol]], dernière dynastie régnante de l'Inde, qui parviendra à mettre la quasi-totalité du sous-continent indien sous la domination de souverains musulmans. Cette période prendra fin avec la [[Raj Britannique|colonisation britannique]].
En 1414, [[Dynastie des Sayyîd|Sayyîd]] s’empare du trône de [[Delhi]], puis [[Bahlul Lodi|Bahlul]] fonde la lignée des [[Dynastie des Lodi|Lodi]] en 1451. En 1526 la dynastie des Lodi s’éteint, victime des conquêtes lancées par [[Babur]], descendant de [[Tamerlan]]. Il fonde ce qui deviendra l’[[empire moghol]], dernière dynastie régnante de l’Inde, qui parviendra à mettre la quasi-totalité du sous-continent indien sous la domination de souverains musulmans. Cette période prendra fin avec la [[Raj Britannique|colonisation britannique]].


=== La conquête ottomane ===
=== La conquête ottomane ===
[[Fichier:Ottoman empire.svg|vignette|280px|gauche|Carte des conquêtes de l'[[Empire ottoman]] jusqu'en 1683.]]
[[Fichier:OttomanEmpireIn1683-fr.svg|vignette|280px|gauche|Carte des conquêtes de l’[[Empire ottoman]].]]
{{Article détaillé|Situation géostratégique de l'Empire ottoman}}
{{Article détaillé|Situation géostratégique de l'Empire ottoman}}


Au {{s-|IX}}, on note la progression de peuples turco-mongols de la région des montagnes [[Altaï]] et du [[lac Baïkal]] vers l'ouest; ces peuples s'islamisent progressivement. Par la suite, appelées en renfort par le [[calife]] [[abbasside]] pour calmer les agitations, des populations turques appelées ''[[Seldjoukide]]s'' s'installent à Bagdad au {{s-|XI}}.
Au {{s-|IX}}, on note la progression de peuples turco-mongols de la région des montagnes [[Altaï]] et du [[lac Baïkal]] vers l’ouest; ces peuples s’islamisent progressivement. Par la suite, appelées en renfort par le [[calife]] [[abbasside]] pour calmer les agitations, des populations turques appelées ''[[Seldjoukide]]s'' s’installent à Bagdad au {{s-|XI}}.


L'islam s'étend en Asie Mineure et en Inde. Un prince afghan converti à l'islam instaure un sultanat en Inde. Il y a différentes influentes familles dans les tribus turques en Asie Mineure, et la famille Osman, implantée près d'[[Istanbul]], va entreprendre la conquête de l'Asie Mineure et des Balkans. [[Constantinople]] tombe en [[1453]]. L'expansion de l'islam en Europe a été le fait des [[Empire ottoman|Ottomans]] en particulier sur les [[Albanais (peuple)|Albanais]] et sur les Slaves de [[Bosnie (région)|Bosnie]] adeptes du [[bogomilisme]].
L’islam s’étend en Asie Mineure et en Inde. Un prince afghan converti à l’islam instaure un sultanat en Inde. Il y a différentes influentes familles dans les tribus turques en Asie Mineure, et la famille Osman, implantée près d’[[Istanbul]], va entreprendre la conquête de l’Asie Mineure et des Balkans. [[Constantinople]] tombe en [[1453]]. L’expansion de l’islam en Europe a été le fait des [[Empire ottoman|Ottomans]] en particulier sur les [[Albanais (peuple)|Albanais]] et sur les Slaves de [[Bosnie (région)|Bosnie]] adeptes du [[bogomilisme]].


=== L'[[Asie du Sud-Est insulaire]] ===
=== L’[[Asie du Sud-Est insulaire]] ===
{{Article détaillé|Islam en Indonésie}}
{{Article détaillé|Islam en Indonésie}}


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En [[2010]], le nombre de [[musulman]]s dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23,2 % de la population mondiale<ref name="pewforum" />.
En [[2010]], le nombre de [[musulman]]s dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23,2 % de la population mondiale<ref name="pewforum" />.


Depuis leur indépendance, certains pays de la bande sahélienne d'[[Afrique noire]] ont noué des relations religieuses avec les pays arabes musulmans (Niger, Mali, Tchad) plutôt qu'avec les anciens colonisateurs. Les [[Africains]] du Sahel et les [[Arabes]] musulmans avaient des contacts approfondis des siècles avant l'arrivée des [[Européens]] car les caravanes de chameaux menées par les Arabes, transportaient des esclaves noirs, le sel, l'or et l'ivoire à travers le Sahara. La facilité de diffusion de l'islam en Afrique s'explique aussi par le fait que ce sont les pays du Golfe, finançant la construction de Mosquées et de madrassas, et non plus des évangélisateurs comme dans le cas du christianisme<ref>[http://uta.univ-lyon2.fr/IMG/pdf/doc-600.pdf Voir sur ''uta.univ-lyon2.fr''.]</ref>. Il est à noter qu'il y a très peu d'échanges religieux entre les pays du Nord et du Sud du Sahel. En revanche, la rivalité entre les pays sahéliens d'Afrique Noire, et la bande côtière, datent de bien avant la colonisation, et ont un fond ethnique lié à la pratique de l'esclavage des noirs notamment.
Depuis leur indépendance, certains pays de la bande sahélienne d’[[Afrique noire]] ont noué des relations religieuses avec les pays arabes musulmans (Niger, Mali, Tchad) plutôt qu’avec les anciens colonisateurs. Les [[Africains]] du Sahel et les [[Arabes]] musulmans avaient des contacts approfondis des siècles avant l’arrivée des [[Européens]] car les caravanes de chameaux menées par les Arabes, transportaient des esclaves noirs, le sel, l’or et l’ivoire à travers le Sahara. La facilité de diffusion de l’islam en Afrique s’explique aussi par le fait que ce sont les pays du Golfe, finançant la construction de Mosquées et de madrassas, et non plus des évangélisateurs comme dans le cas du christianisme<ref>[http://uta.univ-lyon2.fr/IMG/pdf/doc-600.pdf Voir sur ''uta.univ-lyon2.fr''.]</ref>. Il est à noter qu’il y a très peu d’échanges religieux entre les pays du Nord et du Sud du Sahel. En revanche, la rivalité entre les pays sahéliens d’Afrique Noire, et la bande côtière, datent de bien avant la colonisation, et ont un fond ethnique lié à la pratique de l’esclavage des noirs notamment.


Cette expansion est aussi source de tensions et de conflits. En [[Côte d'Ivoire]] ou au [[Nigeria]], par exemple, l'opposition entre les populations musulmanes dans le nord du pays et les populations chrétiennes du sud alimente une instabilité permanente qui peut aller jusqu'au conflit armé à l'échelle nationale (Côte d'Ivoire) ou en tout cas à des attaques et représailles dans les régions « mixtes » (Nigeria). Aux questions religieuses se greffent cependant des intérêts économiques et politiques (partage des richesses et du pouvoir politique) dans la genèse des affrontements.
Cette expansion est aussi source de tensions et de conflits. En [[Côte d'Ivoire|Côte d’Ivoire]] ou au [[Nigeria]], par exemple, l’opposition entre les populations musulmanes dans le nord du pays et les populations chrétiennes du sud alimente une instabilité permanente qui peut aller jusqu’au conflit armé à l’échelle nationale (Côte d’Ivoire) ou en tout cas à des attaques et représailles dans les régions « mixtes » (Nigeria). Aux questions religieuses se greffent cependant des intérêts économiques et politiques (partage des richesses et du pouvoir politique) dans la genèse des affrontements.


La diffusion de l'islam hors du monde arabo-musulman traditionnel s'explique aussi en partie par la croissance des flux migratoires à partir des pays de religion et de culture musulmane. C'est le cas dans les pays occidentaux où l'immigration de populations musulmanes s'est développée depuis les [[années 1950]]. Cette immigration a un impact aussi bien démographique, ethnique, religieux, culturel, sécuritaire<ref name="figaro">{{Article |auteur1=Jean-Marc Leclerc |titre=Un rapport explosif sur l'islam radical dans les prisons françaises |périodique=[[Le Figaro]] |date=22-10-2014 |lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/10/22/01016-20141022ARTFIG00314-un-rapport-explosif-sur-l-islam-radical-dans-les-prisons-francaises.php |accès url=libre |consulté le=11-10-2020}}.</ref>, et politique dans les pays occidentaux.
La diffusion de l’islam hors du monde arabo-musulman traditionnel s’explique aussi en partie par la croissance des flux migratoires à partir des pays de religion et de culture musulmane. C’est le cas dans les pays occidentaux où l’immigration de populations musulmanes s’est développée depuis les [[années 1950]]. Cette immigration a un impact aussi bien démographique, ethnique, religieux, culturel, sécuritaire<ref name="figaro">{{Article |auteur1=Jean-Marc Leclerc |titre=Un rapport explosif sur l'islam radical dans les prisons françaises |périodique=[[Le Figaro]] |date=22-10-2014 |lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/10/22/01016-20141022ARTFIG00314-un-rapport-explosif-sur-l-islam-radical-dans-les-prisons-francaises.php |accès url=libre |consulté le=11-10-2020}}.</ref>, et politique dans les pays occidentaux.


L'islam continue aussi sa diffusion vers l'est en Asie. En [[Islam en Indonésie|Indonésie]] notamment, l'islam, arrivé avec des marchands arabes, indiens et [[Chinois d'Indonésie|chinois]] qui faisaient escales dans les ports de [[Java (île)|Java]] et [[Sumatra]] depuis au moins le {{s-|XII}}, a eu une progression plutôt lente. De nos jours, 88 % de la population indonésienne est administrativement enregistrée comme musulmane.
L’islam continue aussi sa diffusion vers l’est en Asie. En [[Islam en Indonésie|Indonésie]] notamment, l’islam, arrivé avec des marchands arabes, indiens et [[Chinois d'Indonésie|chinois]] qui faisaient escales dans les ports de [[Java (île)|Java]] et [[Sumatra]] depuis au moins le {{s-|XII}}, a eu une progression plutôt lente. De nos jours, 88 % de la population indonésienne est administrativement enregistrée comme musulmane.


=== Projections ===
=== Projections ===
Une étude conduite en 2015 par le [[Pew Research Center]] s'attache à établir l'évolution des religions dans la [[population mondiale]]. Le tableau ci-dessous indique le pourcentage de musulmans dans les différentes régions du monde de 2010 à 2050<ref name="pewforum">{{en}}[http://www.pewforum.org/2015/04/02/religious-projections-2010-2050/ The Pew Forum - The Future of World Religions: Population Growth Projections, 2010-2050].</ref>.
Une étude conduite en 2015 par le [[Pew Research Center]] s’attache à établir l’évolution des religions dans la [[population mondiale]]. Le tableau ci-dessous indique le pourcentage de musulmans dans les différentes régions du monde de 2010 à 2050<ref name="pewforum">{{en}}[http://www.pewforum.org/2015/04/02/religious-projections-2010-2050/ The Pew Forum - The Future of World Religions: Population Growth Projections, 2010-2050].</ref>.
{|class="wikitable sortable"
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!Région||2010||2020||2030||2040||2050
!Région||2010||2020||2030||2040||2050
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Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l'islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d'ici 2070<ref name="pewforum" />.
Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l’islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d’ici 2070<ref name="pewforum" />.


Cette croissance continue de l'islam s'explique par le fait que les musulmans sont en moyenne plus jeunes et ont plus d'enfants que les membres des autres religions<ref name="pewforum" />.
Cette croissance continue de l’islam s’explique par le fait que les musulmans sont en moyenne plus jeunes et ont plus d’enfants que les membres des autres religions<ref name="pewforum" />.


== Repères chronologiques ==
== Repères chronologiques ==
{{Section à sourcer|date=mars 2019}}
{{Section à sourcer|date=mars 2019}}


* [[525]] : Les [[Abyssinie|Abyssins]] chrétiens, à la demande de l'[[Liste des empereurs byzantins|empereur byzantin]] [[Justin Ier|Justin {{Ier}}]], envoient une armée contre [[Dhu Nuwas]] et conquièrent le [[Yémen]] (appelé à l'époque [[Himyar#L'Empire himyarite|Empire hymarite]]).
* [[525]] : Les [[Abyssinie|Abyssins]] chrétiens, à la demande de l’[[Liste des empereurs byzantins|empereur byzantin]] [[Justin Ier|Justin {{Ier}}]], envoient une armée contre [[Dhu Nuwas]] et conquièrent le [[Yémen]] (appelé à l’époque [[Himyar#L'Empire himyarite|Empire hymarite]]).
* [[531]] : Début du règne de [[Khosro Ier|Khosro {{Ier}}]] en [[Empire perse|Perse]].
* [[531]] : Début du règne de [[Khosro Ier|Khosro {{Ier}}]] en [[Empire perse|Perse]].
* [[535]] : [[Abraha]], le vice-roi des Abyssins devient le souverain du Yémen indépendant.
* [[535]] : [[Abraha]], le vice-roi des Abyssins devient le souverain du Yémen indépendant.
* [[570]] : Date traditionnelle de la naissance de [[Mahomet]] à laquelle coïncide l'[[Abraha#L'année de l’éléphant|année de l'éléphant]] au cours de laquelle Abraha lance son armée contre la ville de [[La Mecque]]. Bien que l'évènement relaté par le Coran s'avère historique, la date exacte de cette attaque avancée par la tradition (570) ne peut encore être confirmée ou infirmée de manière certaine (celle de 553 proposée par le savant israélien M. J. Kister en 1965 n'est plus admise)<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Christian Julien Robin |titre=L’Arabie dans le Coran : Réexamen de quelques termes à la lumière des inscriptions préislamiques |périodique=Les origines du Coran, le Coran des origines |titre volume=Actes de colloque |lieu=Paris |éditeur=Académie des Inscriptions et Belles-Lettres |date=2015 |issn= |lire en ligne=https://www.academia.edu/26831582/2015_LArabie_dans_le_Coran._R%C3%A9examen_de_quelques_termes_%C3%A0_la_lumi%C3%A8re_des_inscriptions_pr%C3%A9islamiques |pages=27-74 }}</ref>.
* [[570]] : Date traditionnelle de la naissance de [[Mahomet]] à laquelle coïncide l’[[Abraha#L'année de l’éléphant|année de l’éléphant]] au cours de laquelle Abraha lance son armée contre la ville de [[La Mecque]]. Bien que l’évènement relaté par le Coran s’avère historique, la date exacte de cette attaque avancée par la tradition (570) ne peut encore être confirmée ou infirmée de manière certaine (celle de 553 proposée par le savant israélien M. J. Kister en 1965 n’est plus admise)<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Christian Julien Robin |titre=L’Arabie dans le Coran : Réexamen de quelques termes à la lumière des inscriptions préislamiques |périodique=Les origines du Coran, le Coran des origines |titre volume=Actes de colloque |lieu=Paris |éditeur=Académie des Inscriptions et Belles-Lettres |date=2015 |issn= |lire en ligne=https://www.academia.edu/26831582/2015_LArabie_dans_le_Coran._R%C3%A9examen_de_quelques_termes_%C3%A0_la_lumi%C3%A8re_des_inscriptions_pr%C3%A9islamiques |pages=27-74 }}.</ref>.
* [[575]] : Les [[Sassanides]] conquièrent le Yémen.
* [[575]] : Les [[Sassanides]] conquièrent le Yémen.
* [[589]] : Début du règne de [[Khosro II]] en Perse.
* [[589]] : Début du règne de [[Khosro II]] en Perse.
* [[590]] : {{Lien|lang=en|trad=Uthman ibn al-Huwayrith|fr=Othmân ibn al-Houwaïrith}} tente de nouer une alliance avec [[Empire byzantin|Byzance]] pour prendre le pouvoir à La Mecque et y instaurer le [[Monothéisme]].
* [[590]] : {{Lien|lang=en|trad=Uthman ibn al-Huwayrith|fr=Othmân ibn al-Houwaïrith}} tente de nouer une alliance avec [[Empire byzantin|Byzance]] pour prendre le pouvoir à La Mecque et y instaurer le [[Monothéisme]].
* [[595]] : Mahomet se marie avec [[Khadija bint Khuwaylid|Khadija]] (ra), la seule femme avec qui il n'avait pas de co-épouse(s) et qui lui donnera des enfants qui ne décèderont pas en bas âges.
* [[595]] : Mahomet se marie avec [[Khadija bint Khuwaylid|Khadija]] (ra), la seule femme avec qui il n’avait pas de co-épouse(s) et qui lui donnera des enfants qui ne décèderont pas en bas âges.
* [[608]] : Reconstruction de la [[Kaaba]], Mahomet est choisi pour y placer la [[Pierre noire (islam)|pierre noire]].
* [[608]] : Reconstruction de la [[Kaaba]], Mahomet est choisi pour y placer la [[Pierre noire (islam)|pierre noire]].
* [[610]] :
* [[610]] :
** Avènement d'[[Héraclius]] comme empereur de Byzance.
** Avènement d’[[Héraclius]] comme empereur de Byzance.
** Dans la [[grotte de Hira]], le prophète reçoit la {{Lien|lang=en|trad=Muhammad's first revelation|fr=première révélation}} par l'intermédiaire de l'[[archange]] [[Gabriel (archange)|Djibril]].
** Dans la [[grotte de Hira]], le prophète reçoit la {{Lien|lang=en|trad=Muhammad's first revelation|fr=première révélation}} par l’intermédiaire de l’[[archange]] [[Gabriel (archange)|Djibril]].
* [[613]] : Après une seconde révélation, Mahomet sait désormais qu'il doit s'évertuer à transmettre la parole divine au plus grand nombre. C'est le début de la prédication publique de l'Islam.
* [[613]] : Après une seconde révélation, Mahomet sait désormais qu’il doit s’évertuer à transmettre la parole divine au plus grand nombre. C’est le début de la prédication publique de l’Islam.
* [[614]] : Les Sassanides s'emparent de [[Damas]].
* [[614]] : Les Sassanides s’emparent de [[Damas]].
* [[615]] : Première [[Hégire|Hijra]] de musulmans vers l'Abyssinie (terre chrétienne) pour fuir les persécutions des [[Quraych]]ites. Le [[négus]] [[Ashama ibn Abjar|Armah]] les reçoit et leur accorde sa protection.
* [[615]] : Première [[Hégire|Hijra]] de musulmans vers l’Abyssinie (terre chrétienne) pour fuir les persécutions des [[Quraych]]ites. Le [[négus]] [[Ashama ibn Abjar|Armah]] les reçoit et leur accorde sa protection.
* [[619]] : Année de la tristesse, au cours de laquelle le prophète Mahomet perd [[Khadija bint Khuwaylid|Khadija]] (ra) ainsi que son oncle [[Abû Tâlib]] qui le protégeait de ses ennemis.
* [[619]] : Année de la tristesse, au cours de laquelle le prophète Mahomet perd son épouse [[Khadija bint Khuwaylid]] (ra) ainsi que son oncle [[Abû Tâlib]] qui le protégeait de ses ennemis.
* [[620]] : [[Isra et Miraj]].
* [[620]] : [[Isra et Miraj]].
* [[621]] : Premier pacte d'al-Aqaba.
* [[621]] : Premier pacte d’al-Aqaba.
* [[622]] :
* [[622]] :
** L'Hégire. Le début du calendrier musulman correspond à la fuite de Muḥammad chassé de la Mecque qui se réfugie à [[Yathrib]], future Médine.
** L’Hégire. Le début du calendrier musulman correspond à la fuite de Muḥammad chassé de la Mecque qui se réfugie à [[Yathrib]], future Médine.
** Héraclius remporte plusieurs batailles face aux Sassanides, notamment en [[Cappadoce]].
** Héraclius remporte plusieurs batailles face aux Sassanides, notamment en [[Cappadoce]].
* [[623]] : Mariage du prophète Mahomet avec [[Aïcha]].
* [[623]] : Mariage du prophète Mahomet avec [[Aïcha]].
* [[624]] : La [[Qibla]] passe de [[Jérusalem]] à La Mecque (voir explication dans la sourate [[Al-Baqara]]).
* [[624]] : La [[Qibla]] passe de [[Jérusalem]] à La Mecque (voir explication dans la sourate [[Al-Baqara]]).
* [[628]] :
* [[628]] :
** Des émissaires sont envoyés en [[Égypte]], en Perse, à Byzance, au Yémen et dans d'autres contrées pour répandre l'Islam, certains d'entre eux rencontrent du succès, d'autres non.
** Des émissaires sont envoyés en [[Égypte]], en Perse, à Byzance, au Yémen et dans d’autres contrées pour répandre l’Islam, certains d’entre eux rencontrent du succès, d’autres non.
** Pacte d'[[Houdaibiya]]
** Pacte d’[[Houdaibiya]]
** Après la [[bataille de Khaybar]], une femme juive de la tribu des [[Banu Nadir]] dont les parents avaient été exécutés tente d'empoisonner Mahomet avec une épaule de [[mouton]]. Celui-ci survit mais tombe désormais malade à chaque anniversaire de l’évènement.
** Après la [[bataille de Khaybar]], une femme juive de la tribu des [[Banu Nadir]] dont les parents avaient été exécutés tente d’empoisonner Mahomet avec une épaule de [[mouton]]. Celui-ci survit mais tombe désormais malade à chaque anniversaire de l’évènement.
* [[629]] :
* [[629]] :
** Les musulmans effectuent librement le [[Hajj]] pour la première fois. Encouragé par le prophète, [[Bilal ibn Rabah|Bilal]] effectue l'[[Adhan]] debout sur la Kaaba et devient ainsi le premier ''[[muezzin]]''.
** Les musulmans effectuent librement le [[Hajj]] pour la première fois. Encouragé par le prophète, [[Bilal ibn Rabah|Bilal]] effectue l’[[Adhan]] debout sur la Kaaba et devient ainsi le premier ''[[muezzin]]''.
** Après la mort de Khosros II, l'[[anarchie]] se développe en Perse.
** Après la mort de Khosros II, l’[[anarchie]] se développe en Perse.
** Premier affrontement entre arabes et byzantins à l'occasion de la [[bataille de Mu'tah]].
** Premier affrontement entre arabes et byzantins à l’occasion de la [[bataille de Mu'tah|bataille de Mu’tah]].
* [[630]] : Prise de [[La Mecque]] après 8 ans de conflit avec les tribus Quraychites de la Mecque. La Kaaba est vidée de ses idoles, les tribus arabes se convertissent à l'islam et la [[zakât]] est prélevée pour la première fois dans la nouvelle société.
* [[630]] : Prise de [[La Mecque]] après 8 ans de conflit avec les tribus Quraychites de la Mecque. La Kaaba est vidée de ses idoles, les tribus arabes se convertissent à l’islam et la [[zakât]] est prélevée pour la première fois dans la nouvelle société.
* [[632]] : Date traditionnelle de [[mort de Mahomet]].
* [[632]] : Date traditionnelle de [[mort de Mahomet]].
* [[634]] : Début des [[guerres arabo-byzantines]].
* [[634]] : Début des [[guerres arabo-byzantines]].
* Après [[634]] : Date possible de [[mort de Mahomet]].
* Après [[634]] : Date possible de [[mort de Mahomet]].
* [[632]]-[[661]] : Les [[Califat des Rachidoune|quatre premiers califes]] et le début de l'expansion au Proche-Orient et en [[Égypte]].
* [[632]]-[[661]] : Les [[Califat des Rachidoune|quatre premiers califes]] et le début de l’expansion au Proche-Orient et en [[Égypte]].
* [[637]] : Prise de [[Jérusalem]]. Le [[calife]] [[Omar ibn al-Khattâb|Omar]] ordonne le déblaiement du [[Esplanade des Mosquées|mont du Temple]], laissé en ruine par les Romains.
* [[637]] : Prise de [[Jérusalem]]. Le [[calife]] [[Omar ibn al-Khattâb|Omar]] ordonne le déblaiement du [[Esplanade des Mosquées|mont du Temple]], laissé en ruine par les Romains.
* [[641]] : Fin du règne d'Héraclius à [[Constantinople]].
* [[641]] : Fin du règne d’Héraclius à [[Constantinople]].
* [[642]] : les musulmans, menés par [[Amr ibn al-As]], pénètrent en [[Égypte]].
* [[642]] : les musulmans, menés par [[Amr ibn al-As]], pénètrent en [[Égypte]].
* [[650]] : Le [[Coran|Qorʾān]] est collationné et rédigé pour la première fois dans sa forme canonique.
* [[650]] : Le [[Coran|Qorʾān]] est collationné et rédigé pour la première fois dans sa forme canonique.
* [[651]] : [[Othmân ibn Affân|Othmân]] envoie [[Sa`d ibn Abi Waqqas]] auprès de l'empereur [[Tang Gaozong]], pour introduire l'islam en [[Chine]].
* [[651]] : [[Othmân ibn Affân|Othmân]] envoie [[Sa`d ibn Abi Waqqas]] auprès de l’empereur [[Tang Gaozong]], pour introduire l’islam en [[Chine]].
* [[656]] :
* [[656]] :
** Le calife Othmân, meurt assassiné après un {{Lien|lang=en|trad=Siege of Uthman|fr=Siège d'Othmân|texte=siège de 49 jours}}, permettant ainsi à [[Ali ibn Abi Talib|Ali]] d’accéder au [[Califat]].
** Le calife Othmân, meurt assassiné après un {{Lien|lang=en|trad=Siege of Uthman|fr=Siège d'Othmân|texte=siège de 49 jours}}, permettant ainsi à [[Ali ibn Abi Talib|Ali]] d’accéder au [[Califat]].
** Ali est contesté par sa belle-mère Aïcha, c'est le début de la première [[fitna]]. Il sort vainqueur de la [[bataille du chameau]] mais le gouverneur de Syrie, [[Muʿawiya Ier|Muawiya]] refuse de lui prêter allégeance, prétendant qu’en ne vengeant pas Othmân, il est peut-être derrière son assassinat.
** Ali est contesté par sa belle-mère Aïcha, c’est le début de la première [[fitna]]. Il sort vainqueur de la [[bataille du chameau]] mais le gouverneur de Syrie, [[Muʿawiya Ier|Muawiya]] refuse de lui prêter allégeance, prétendant qu’en ne vengeant pas Othmân, il est peut-être derrière son assassinat.
* [[657]] : Muawiya, qui bénéficie du soutien d'Amr ibn al-As, devenu gouverneur d'Égypte, décide d’affronter Ali. À l’issue de la [[bataille de Siffin]], où les deux armées ne parviennent pas à se départager, un accord de paix très contesté, au terme duquel Ali fait don du califat à Muawiya, est signé.
* [[657]] : Muawiya, qui bénéficie du soutien d’Amr ibn al-As, devenu gouverneur d’Égypte, décide d’affronter Ali. À l’issue de la [[bataille de Siffin]], où les deux armées ne parviennent pas à se départager, un accord de paix très contesté, au terme duquel Ali fait don du califat à Muawiya, est signé.
* [[661]] : Assassinat d'Ali, son fils [[Al-Hassan ibn Ali|Hassan]] lui succède à la tête de ses partisans.
* [[661]] : Assassinat d’Ali, son fils [[Al-Hassan ibn Ali|Hassan]] lui succède à la tête de ses partisans.
* [[661]]-[[750]] : Califat des [[Omeyyades]], fondé sur la succession dynastique instaurée par Muawiya (et qui écarte donc des affaires politiques la [[Ahl al-bayt|famille élargie du prophète]] et les descendants d’Ali).
* [[661]]-[[750]] : Califat des [[Omeyyades]], fondé sur la succession dynastique instaurée par Muawiya (et qui écarte donc des affaires politiques la [[Ahl al-bayt|famille élargie du prophète]] et les descendants d’Ali).
* [[667]] : L'Islam atteint l'[[Asie centrale]] - entre autres - par le commerce.
* [[667]] : L’Islam atteint l’[[Asie centrale]] - entre autres - par le commerce.
* [[669]] : Hassan meurt, son frère [[Al-Hussein ibn Ali|Hussein]], second fils d'Ali, prend le relais et devient ainsi le troisième imam dans la tradition chiite.
* [[669]] : Hassan meurt, son frère [[Al-Hussein ibn Ali|Hussein]], second fils d’Ali, prend le relais et devient ainsi le troisième imam dans la tradition chiite.
* [[670]] : L'Islam pénètre l'actuel [[Maghreb]].
* [[670]] : L’Islam pénètre l’actuel [[Maghreb]].
* [[680]] : Hussein défie [[Yazīd Ier|Yazid]], fils de Muawiya et nouveau calife omeyyade. Il lance une insurrection depuis la ville de [[Koufa]] dans l’[[Irak]] actuelle, mais il tombe dans une embuscade à [[Kerbala]], où il est massacré par l’armée omeyyade avec [[Liste des Martyrs de l'armée de Hussein à la bataille de Karbala|sa famille et 72 de ses hommes]]. Cet épisode connu sous le nom de [[bataille de Kerbala]], est l’évènement fondateur du chiisme et a donné lieu à un culte du martyr connu sous le nom d’[[Achoura]], qui est commémoré chaque année par des [[Tatbir|flagellations rituelles]].
* [[680]] : Hussein défie [[Yazīd Ier|Yazid]], fils de Muawiya et nouveau calife omeyyade. Il lance une insurrection depuis la ville de [[Koufa]] dans l’[[Irak]] actuelle, mais il tombe dans une embuscade à [[Kerbala]], où il est massacré par l’armée omeyyade avec [[Liste des Martyrs de l'armée de Hussein à la bataille de Karbala|sa famille et 72 de ses hommes]]. Cet épisode connu sous le nom de [[bataille de Kerbala]], est l’évènement fondateur du chiisme et a donné lieu à un culte du martyr connu sous le nom d’[[Achoura]], qui est commémoré chaque année par des [[Tatbir|flagellations rituelles]].
* [[684]] : La Kaaba est touchée par une flèche enflammée et reconstruite dans de plus amples dimensions par [[Abd Allah ibn az-Zubayr]].
* [[684]] : La Kaaba est touchée par une flèche enflammée et reconstruite dans de plus amples dimensions par [[Abd Allah ibn az-Zubayr]].
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* [[706]]-[[715]] : Construction de la [[Grande Mosquée des Omeyyades]] à Damas.
* [[706]]-[[715]] : Construction de la [[Grande Mosquée des Omeyyades]] à Damas.
* [[711]] : Débarquement en [[Espagne]], amorce de la [[Conquête musulmane de l'Hispanie|Conquista]] mauresque.
* [[711]] : Débarquement en [[Espagne]], amorce de la [[Conquête musulmane de l'Hispanie|Conquista]] mauresque.
* [[717]] : L'Islam atteint les [[Pyrénées]].
* [[717]] : L’Islam atteint les [[Pyrénées]].
* [[718]] :
* [[718]] :
** [[Pélage le Conquérant|Pélage]] est élu [[Royaume des Asturies|roi des Asturies]].
** [[Pélage le Conquérant|Pélage]] est élu [[Royaume des Asturies|roi des Asturies]].
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* [[739]]-[[743]] : [[Grande révolte berbère]] au [[Maghreb]], la majeure partie de celui-ci échappant définitivement au [[Califat]].
* [[739]]-[[743]] : [[Grande révolte berbère]] au [[Maghreb]], la majeure partie de celui-ci échappant définitivement au [[Califat]].
* [[750]]-[[1258]] : Dynastie des [[Abbassides]] ([[Bagdad]] siège du califat).
* [[750]]-[[1258]] : Dynastie des [[Abbassides]] ([[Bagdad]] siège du califat).
* [[767]] : Mort d'[[Abû Hanîfa]], le fondateur du [[madhhab]] [[Hanafisme|hanafite]] (le plus suivi à l'heure actuelle selon l’[[Université de Caroline du Nord]]<ref>[http://veil.unc.edu/religions/islam/law/ Jurisprudence and Law – Islam] Reorienting the Veil, University of North Carolina (2009)</ref>).
* [[767]] : Mort d’[[Abû Hanîfa]], le fondateur du [[madhhab]] [[Hanafisme|hanafite]] (le plus suivi à l’heure actuelle selon l’[[Université de Caroline du Nord]]<ref>[http://veil.unc.edu/religions/islam/law/ Jurisprudence and Law – Islam] Reorienting the Veil, University of North Carolina (2009)</ref>).
* [[771]] : Achèvement des conquêtes de l'[[Indus]] et de l'[[Espagne]].
* [[771]] : Achèvement des conquêtes de l’[[Indus]] et de l’[[Espagne]].
* [[783]]-[[1258]] : [[Âge d'or islamique]].
* [[783]]-[[1258]] : [[Âge d'or islamique|Âge d’or islamique]].
* [[795]] : Mort de [[Mâlik ibn Anas|Malik]], le fondateur du madhhab [[Malikisme|malikite]].
* [[795]] : Mort de [[Mâlik ibn Anas|Malik]], le fondateur du madhhab [[Malikisme|malikite]].
* [[820]] : Mort de [[Ash-Shâfi'î|Shâfi'î]], le fondateur du madhhab [[Chaféisme|chaféite]].
* [[820]] : Mort de [[Ash-Shâfi'î|Shâfi’î]], le fondateur du madhhab [[Chaféisme|chaféite]].
* [[855]] : Mort d'[[Ahmad Ibn Hanbal|Ibn Hanbal]], le fondateur du madhhab [[Hanbalisme|hanbalite]].
* [[855]] : Mort d’[[Ahmad Ibn Hanbal|Ibn Hanbal]], le fondateur du madhhab [[Hanbalisme|hanbalite]].
* [[859]] : Début de la construction d'[[Université Al Quaraouiyine|Al Quaraouiyine]], la première [[université]] au monde.
* [[859]] : Début de la construction d’[[Université Al Quaraouiyine|Al Quaraouiyine]], la première [[université]] au monde.
* [[870]] : Mort d'[[Mouhammad al-Boukhârî|al-Boukhârî]].
* [[870]] : Mort d’[[Mouhammad al-Boukhârî|al-Boukhârî]].
* [[874]] : Mort de [[Hasan al-Askari]], onzième imam dans la tradition chiite.
* [[874]] : Mort de [[Hasan al-Askari]], onzième imam dans la tradition chiite.
* [[874]]-[[941]] : [[Occultation mineure]] du [[Les Douze Imams|douzième imam]] chiite, [[Muhammad al-Mahdi]], qui transmet ses recommandation par le biais de quatre intermédiaires.
* [[874]]-[[941]] : [[Occultation mineure]] du [[Les Douze Imams|douzième imam]] chiite, [[Muhammad al-Mahdi]], qui transmet ses recommandation par le biais de quatre intermédiaires.
* [[909]] : Les Fatimides conquièrent [[Raqqada]], la capitale des [[Aghlabides]] et y établissent un [[califat]] chiite [[Ismaélisme|ismaélien]].
* [[909]] : Les Fatimides conquièrent [[Raqqada]], la capitale des [[Aghlabides]] et y établissent un [[califat]] chiite [[Ismaélisme|ismaélien]].
* [[941]] : Après la mort de son quatrième intermédiaire, [[Ali Ibn Mohammad Sammari]], le douzième imam ne peut plus communiquer avec les chiites. C'est le début de la thèse de l'[[Occultation majeure]]. Ce dernier est désormais censé resté cacher jusqu'à la [[fin des temps]], lors de laquelle il est censé réapparaître sous la forme du [[Mahdi]] (pour les chiites [[chiisme duodécimain|duodécimains]]).
* [[941]] : Après la mort de son quatrième intermédiaire, [[Ali Ibn Mohammad Sammari]], le douzième imam ne peut plus communiquer avec les chiites. C’est le début de la thèse de l’[[Occultation majeure]]. Ce dernier est désormais censé resté cacher jusqu’à la [[fin des temps]], lors de laquelle il est censé réapparaître sous la forme du [[Mahdi]] (pour les chiites [[chiisme duodécimain|duodécimains]]).
* [[969]] : Profitant de la faiblesse de l'État abbasside, les Fatimides s'emparent de l'Égypte et y fondent leur nouvelle capitale, [[Le Caire]].
* [[969]] : Profitant de la faiblesse de l’État abbasside, les Fatimides s’emparent de l’Égypte et y fondent leur nouvelle capitale, [[Le Caire]].
* [[1000]] : Début des conquêtes en [[Inde]] par des souverains turco-musulmans.
* [[1000]] : Début des conquêtes en [[Inde]] par des souverains turco-musulmans.
* [[1037]] : Mort du penseur Ibn Sina ([[Avicenne]]).
* [[1037]] : Mort du penseur Ibn Sina ([[Avicenne]]).
* [[1071]] : [[Bataille de Manzikert]].
* [[1071]] : [[Bataille de Manzikert]].
* [[1073]] : Après deux ans de siège<ref>Moshe Gil [https://books.google.fr/books?id=M0wUKoMJeccC&pg=PA410 ''A history of Palestine, 634-1099''] Cambridge University Press, 1997 {{ISBN|978-0-521-59984-9}}</ref>, les [[Seldjoukides]] s'emparent de Jérusalem aux dépens des Fatimides<ref name="VL195">{{harvsp|Lemire|Berthelot|Loiseau|Potin|2016|p=195|id=Lemire 2016}}</ref> et y interdisent le pèlerinage chrétien (cause de la [[première croisade]]).
* [[1073]] : Après deux ans de siège<ref>Moshe Gil [https://books.google.fr/books?id=M0wUKoMJeccC&pg=PA410 ''A history of Palestine, 634-1099''] Cambridge University Press, 1997 {{ISBN|978-0-521-59984-9}}.</ref>, les [[Seldjoukides]] s’emparent de Jérusalem aux dépens des Fatimides<ref name="VL195">{{harvsp|Lemire|Berthelot|Loiseau|Potin|2016|p=195|id=Lemire 2016}}.</ref> et y interdisent le pèlerinage chrétien (cause de la [[première croisade]]).
* [[1099]] : Prise de [[Jérusalem]] par les croisés.
* [[1099]] : Prise de [[Jérusalem]] par les croisés.
* [[1171]] : Après la mort d'[[Al-Adid]], le dernier calife Fatimide, [[Saladin]] fait définitivement main basse sur l'Égypte qui retourne ainsi dans le giron [[Sunnisme|sunnite]].
* [[1171]] : Après la mort d’[[Al-Adid]], le dernier calife Fatimide, [[Saladin]] fait définitivement main basse sur l’Égypte qui retourne ainsi dans le giron [[Sunnisme|sunnite]].
* [[1187]] : [[Saladin]] [[Siège de Jérusalem (1187)|reprend Jérusalem]] aux croisés.
* [[1187]] : [[Saladin]] [[Siège de Jérusalem (1187)|reprend Jérusalem]] aux croisés.
* [[1198]] : Mort du philosophe Ibn Rouchd ([[Averroès]]).
* [[1198]] : Mort du philosophe Ibn Rouchd ([[Averroès]]).
* [[1250]]-[[1517]] : Dynastie des [[Mamelouks]] en [[Égypte]].
* [[1250]]-[[1517]] : Dynastie des [[Mamelouks]] en [[Égypte]].
* [[1258]] : Destruction de [[Bagdad]] par les [[Mongols]], fin des [[Abbassides]]. Dynastie des [[Houlagides|Ilkhans]] mongols.
* [[1258]] : Destruction de [[Bagdad]] par les [[Mongols]], fin des [[Abbassides]]. Dynastie des [[Houlagides|Ilkhans]] mongols.
* [[1260]] : La [[bataille d'Aïn Djalout]] met un frein à l'[[Invasions mongoles en Syrie|avancée mongole]].
* [[1260]] : La [[bataille d'Aïn Djalout|bataille d’Aïn Djalout]] met un frein à l’[[Invasions mongoles en Syrie|avancée mongole]].
* [[1291]] : La victoire d'[[Al-Ashraf Salah ad-Dîn Khalil ben Qala'ûn|Al-Ashraf Khalil]] lors du [[Siège de Saint-Jean-d'Acre (1291)|siège de Saint-Jean-d'Acre]] marque la fin des [[États latins d'Orient]].
* [[1291]] : La victoire d’[[Al-Ashraf Salah ad-Dîn Khalil ben Qala'ûn|Al-Ashraf Khalil]] lors du [[Siège de Saint-Jean-d'Acre (1291)|siège de Saint-Jean-d’Acre]] marque la fin des [[États latins d'Orient|États latins d’Orient]].
* [[1297]] : Mort du sultan Malik as-Salih de [[Pasai]], premier royaume musulman indonésien ([[Sumatra]]).
* [[1297]] : Mort du sultan Malik as-Salih de [[Pasai]], premier royaume musulman indonésien ([[Sumatra]]).
* [[1328]] : Mort d'[[Ibn Taymiyya]], considéré comme un ''[[Mujaddid]]'' par les hanbalites.
* [[1328]] : Mort d’[[Ibn Taymiyya]], considéré comme un ''[[Mujaddid]]'' par les hanbalites.
* [[1349]] : Fondation de la {{Lien|lang=en|trad=Madrasah of Granada|fr=Madrasa de Grenade}}.
* [[1349]] : Fondation de la {{Lien|lang=en|trad=Madrasah of Granada|fr=Madrasa de Grenade}}.
* [[1416]] : Des [[Islam en Chine|musulmans chinois]], emmenés par [[Ma Huan]] fondent les colonies de [[Java (île)|Java]].
* [[1416]] : Des [[Islam en Chine|musulmans chinois]], emmenés par [[Ma Huan]] fondent les colonies de [[Java (île)|Java]].
* [[1419]] : Le roi de [[Malacca (État)|Malacca]] se convertit à l'islam.
* [[1419]] : Le roi de [[Malacca (État)|Malacca]] se convertit à l’islam.
* [[1453]]-[[1571]] : Apogée de l'[[Empire ottoman]], entre la prise de [[Constantinople]] (Istanbul) et la défaite navale de [[bataille de Lépante|Lépante]].
* [[1453]]-[[1571]] : Apogée de l’[[Empire ottoman]], entre la prise de [[Constantinople]] (Istanbul) et la défaite navale de [[bataille de Lépante|Lépante]].
* [[1492]] : Chute du [[Royaume de Grenade]], fin de la reconquête chrétienne en Espagne.
* [[1492]] : Chute du [[Royaume de Grenade]], fin de la reconquête chrétienne en Espagne.
* [[1501]] : Fondation de la dynastie [[safavide]] par [[Ismail Ier|Ismaïl {{Ier}}]] ; le chiisme duodécimain [[Conversion de l'Iran au chiisme duodécimain par Safavides|devient]] [[religion d'État]] en Perse.
* [[1501]] : Fondation de la dynastie [[safavide]] par [[Ismail Ier|Ismaïl {{Ier}}]] ; le chiisme duodécimain [[Conversion de l'Iran au chiisme duodécimain par Safavides|devient]] [[religion d'État|religion d’État]] en Perse.
* [[1502]] : Les Maures qui avaient pu garder leur religion après la [[prise de Grenade]] sont désormais forcés de se convertir au [[christianisme]], dans un contexte d'[[Inquisition espagnole|Inquisition]].
* [[1502]] : Les Maures qui avaient pu garder leur religion après la [[prise de Grenade]] sont désormais forcés de se convertir au [[christianisme]], dans un contexte d’[[Inquisition espagnole|Inquisition]].
* [[1550]] : Arrivée de l'Islam à [[Bornéo]].
* [[1550]] : Arrivée de l’Islam à [[Bornéo]].
* [[1556]] : Mort de [[Soliman le Magnifique]].
* [[1556]] : Mort de [[Soliman le Magnifique]].
* [[1609]] : Début de l'[[Expulsion des morisques d'Espagne|expulsion]] des [[Morisques]] d'Espagne.
* [[1609]] : Début de l’[[Expulsion des morisques d'Espagne|expulsion]] des [[Morisques]] d’Espagne.
* [[1683]] : défaite décisive des Turcs ottomans devant [[Bataille de Vienne|Vienne]]. L'empire Ottoman commence un lent déclin.
* [[1683]] : défaite décisive des Turcs ottomans devant [[Bataille de Vienne|Vienne]]. L’empire Ottoman commence un lent déclin.
* [[1798]] : Arrivée de [[Napoléon Ier|Bonaparte]] en Égypte. Celui-ci adopte une stratégie en demi-teinte, se déclarant {{citation|l'ami du sultan ainsi que du peuple égyptien, mais l'ennemi des mamelouks qui se comportent comme en pays conquis}}, et faisant proclamer cette [[Campagne d'Égypte#Débarquement à Alexandrie|déclaration]] dans tout le pays.
* [[1798]] : Arrivée de [[Napoléon Ier|Bonaparte]] en Égypte. Celui-ci adopte une stratégie en demi-teinte, se déclarant {{citation|l'ami du sultan ainsi que du peuple égyptien, mais l'ennemi des mamelouks qui se comportent comme en pays conquis}}, et faisant proclamer cette [[Campagne d'Égypte#Débarquement à Alexandrie|déclaration]] dans tout le pays.
* [[1830]] : Début de la [[Conquête de l'Algérie par la France|conquête française]] de l'[[Algérie]].
* [[1830]] : Début de la [[Conquête de l'Algérie par la France|conquête française]] de l’[[Algérie]].
* [[1881]] :
* [[1881]] :
** Début du mouvement [[mahdiste]] au [[Soudan]].
** Début du mouvement [[mahdiste]] au [[Soudan]].
** Protectorat français en [[Tunisie]].
** Protectorat français en [[Tunisie]].
* [[1882]] : Protectorat britannique sur l'Égypte.
* [[1882]] : Protectorat britannique sur l’Égypte.
* [[1883]]-[[1887]] : Les Mahdistes chassent les britanniques du Soudan.
* [[1883]]-[[1887]] : Les Mahdistes chassent les britanniques du Soudan.
* [[1899]] : Fin de la [[Guerre des mahdistes]], dont la couronne sort vainqueur.
* [[1899]] : Fin de la [[Guerre des mahdistes]], dont la couronne sort vainqueur.
* [[1907]]-[[1937]] : Défaite du Maroc lors de la Troisième guerre du Maroc Protectorat [[Protectorat français au Maroc|franco]]-[[Protectorat espagnol au Maroc|espagnol]] au [[Maroc]].
* [[1907]]-[[1937]] : Défaite du Maroc lors de la Troisième guerre du Maroc Protectorat [[Protectorat français au Maroc|franco]]-[[Protectorat espagnol au Maroc|espagnol]] au [[Maroc]].
* [[1911]] : Début de la [[Libye italienne|conquête italienne]] en [[Libye]].
* [[1911]] : Début de la [[Libye italienne|conquête italienne]] en [[Libye]].
* [[1920]] : [[Mandat français en Syrie|mandat français sur la Syrie]], le [[Liban]] ; mandat britannique sur la [[Palestine mandataire]] et l'[[Irak]].
* [[1920]] : [[Mandat français en Syrie|mandat français sur la Syrie]], le [[Liban]] ; mandat britannique sur la [[Palestine mandataire]] et l’[[Irak]].
* [[1921]]-[[1926]] : [[Guerre du Rif]] au Maroc.
* [[1921]]-[[1926]] : [[Guerre du Rif]] au Maroc.
* [[1922]] : Indépendance de l'Égypte.
* [[1922]] : Indépendance de l’Égypte.
* [[1924]] : Abolition du [[califat]] en [[Turquie]] par [[Mustafa Kemal]].
* [[1924]] : Abolition du [[califat]] en [[Turquie]] par [[Mustafa Kemal]].
* [[1928]] : Fondation en Égypte du mouvement des [[Frères musulmans]].
* [[1928]] : Fondation en Égypte du mouvement des [[Frères musulmans]].
* [[1932]] : Les territoires conquis par [[Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud|Abd al-Azi ibn Saoud]] deviennent le royaume d'[[Arabie saoudite]].
* [[1932]] : Les territoires conquis par [[Abd al-Aziz ben Abd al-Rahman Al Saoud|Abd al-Azi ibn Saoud]] deviennent le royaume d’[[Arabie saoudite]].
* [[1935]] : La Perse prend officiellement le nom d'[[Iran]].
* [[1935]] : La Perse prend officiellement le nom d’[[Iran]].
* [[1951]] : Indépendance de la Libye.
* [[1951]] : Indépendance de la Libye.
* [[1953]] : Agrandissement de la [[mosquée du Prophète]] à Médine.
* [[1953]] : Agrandissement de la [[mosquée du Prophète]] à Médine.
* [[1956]] : Indépendance de la Tunisie et du Maroc.
* [[1956]] : Indépendance de la Tunisie et du Maroc.
* [[1962]] : Indépendance de l'Algérie.
* [[1962]] : Indépendance de l’Algérie.
* [[1968]] : Fin de l'agrandissement de la [[mosquée al-Harâm]].
* [[1968]] : Fin de l’agrandissement de la [[mosquée al-Harâm]].
* [[1979]] :
* [[1979]] :
** [[Révolution iranienne]].
** [[Révolution iranienne]].
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{FerShâ}}, 1000
* {{FerShâ}}, 1000
* Pascal Buresi, ''Géo-histoire de l'islam'', Paris, Belin, « Sup-Histoire », 2005, 355 p.
* Pascal Buresi, ''Géo-histoire de l’islam'', Paris, Belin, « Sup-Histoire », 2005, 355 p.
* « Chrétiens et musulmans, le premier face-à-face {{sp-|VII|e|-|VIII|e}} », dans ''Le Monde de la Bible'', {{n°|154}}, novembre 2003
* « Chrétiens et musulmans, le premier face-à-face {{sp-|VII|e|-|VIII|e}} », dans ''Le Monde de la Bible'', {{n°|154}}, novembre 2003
* Louis Chagnon, ''La Conquête musulmane de l'Égypte (639-646)'', Economica, 2008 {{ISBN|978-2717855937}}
* Louis Chagnon, ''La Conquête musulmane de l’Égypte (639-646)'', Economica, 2008 {{ISBN|978-2717855937}}
* Alfred Schlicht, ''Die Araber und Europa'', Stuttgart, 2008
* Alfred Schlicht, ''Die Araber und Europa'', Stuttgart, 2008


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* Histoire de l'expansion de l'islam
* Histoire de l’expansion de l’islam
** dans la péninsule arabique :
** dans la péninsule arabique :
*** [[Constitution de Médine]]
*** [[Constitution de Médine]]
*** [[Origines de l'islam|Origine]]
*** [[Origines de l'islam|Origine]]
*** [[Histoire de l'Arabie préislamique]]
*** [[Histoire de l'Arabie préislamique|Histoire de l’Arabie préislamique]]
*** [[Ridda]]
*** [[Ridda]]
*** [[Musaylima]] (Banû Hanifâ)
*** [[Musaylima]] (Banû Hanifâ)
** en Occident :
** en Occident :
*** [[Conquête musulmane de l'Egypte]] : [[Egypte]]
*** [[Conquête musulmane de l'Égypte|Conquête musulmane de l’Égypte]] : [[Égypte]]
*** [[Conquête musulmane du Maghreb]] : [[Maghreb]]
*** [[Conquête musulmane du Maghreb]] : [[Maghreb]]
*** [[Conquête musulmane de l'Hispanie]] : [[al-Andalus]]
*** [[Conquête musulmane de l'Hispanie|Conquête musulmane de l’Hispanie]] : [[al-Andalus]]
** en Asie :
** en Asie :
*** [[Conquête musulmane de la Perse]] : [[Iran|Perse]]
*** [[Conquête musulmane de la Perse]] : [[Iran|Perse]]
*** [[Conquête musulmane de l'Inde]] : [[Inde]]
*** [[Conquête musulmane de l'Inde|Conquête musulmane de l’Inde]] : [[Inde]]
*** [[Histoire de l'Indonésie|Essor des états musulmans en Indonésie]] (après 1250)
*** [[Histoire de l'Indonésie|Essor des états musulmans en Indonésie]] (après 1250)
* [[Tunisie à l'époque médiévale]] - [[Période islamique de l'Égypte]] - [[Guerres entre Arabes et Empire byzantin]]
* [[Tunisie à l'époque médiévale|Tunisie à l’époque médiévale]] - [[Période islamique de l'Égypte|Période islamique de l’Égypte]] - [[Guerres entre Arabes et Empire byzantin]]
* ''[[Livre des Routes et des Royaumes]]'' (870)
* ''[[Livre des Routes et des Royaumes]]'' (870)
* [[Âge d'or de l'Islam]]
* [[Âge d'or de l'Islam|Âge d’or de l’Islam]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_particularites_de_l_islam_au_maghreb.asp Les particularités de l'islam au Maghreb] par [[Paul Balta]], ancien directeur du Centre d'études de l'Orient contemporain à l'université de Paris III-Sorbonne Nouvelle
* [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_particularites_de_l_islam_au_maghreb.asp Les particularités de l’islam au Maghreb] par [[Paul Balta]], ancien directeur du Centre d’études de l’Orient contemporain à l’université de Paris III-Sorbonne Nouvelle


{{Palette|Islam et culture musulmane|Monde islamique|Expansion de l'islam}}
{{Palette|Islam et culture musulmane|Monde islamique|Expansion de l'islam}}

Dernière version du 15 avril 2024 à 19:11

L’Europe, l’Afrique du Nord et l’Asie occidentale aux VIIe – VIIIe siècles : l’expansion de l’Islam en nuances vertes.

L’expansion de l’islam désigne la politique de conquête arabe du milieu des années 630 et l’expansion concomitante de l’islam au VIIIe siècle.

Dans les années 631, l’attaque des Arabes contre l’Empire romain d'Orient et l’Empire sassanide débute. Les deux grandes puissances de l’antiquité tardive sont affaiblies par une guerre de longue date l’une contre l’autre qui a dégarni toutes leurs structures de défense provinciales. Les Byzantins perdent en 636 la Palestine et la Syrie, en 640/642 l’Égypte et en 698 l’Afrique du Nord au profit des Arabes. Alors que les Byzantins conservent un vestige axé sur l’Asie mineure et les Balkans, l’Empire sassanide s’effondre en 651. Au cours des décennies suivantes, les Arabes attaquent également par la mer et conquièrent le royaume wisigoth de la péninsule ibérique au début du VIIIe siècle.

Plusieurs villes se sont souvent rendues sans combat ou après des négociations avec les conquérants. Les chrétiens, les zoroastriens et les juifs sont autorisés à conserver leur foi en tant que « gens du livre », mais doivent payer des taxes spéciales et accepter des restrictions de leurs croyances religieuses. L’islamisation des territoires conquis s’est déroulée à des vitesses différentes. Un peu plus de 300 ans après la conquête militaire, les musulmans ne constituaient pas la majorité de la population dans de nombreuses parties de l’empire.

L’avancée arabe fut finalement arrêtée par les Byzantins à l’est, tandis que les Arabes à l’ouest ne firent que de petites incursions dans l’empire des Francs. Ainsi commença au début du Moyen Âge la division persistante de l’Europe et de la Méditerranée en une partie islamique et une partie chrétienne, qui se divisa à son tour en un Occident latin et un Orient grec à domination byzantine.

Contexte[modifier | modifier le code]

L’islam apparaît en Arabie au début du VIIe siècle sous l’impulsion du prophète Mahomet. À cette époque l’Arabie est sous l’influence de trois empires, les empires sassanide, byzantin et le Royaume d’Aksum situé en dehors des frontières de l’Arabie et qui luttait contre l’empire himyarite, un empire qui était très influent au Moyen-Orient avant son invasion par les Aksumites. L’Empire byzantin et le Royaume d’Aksum sont alliés dans une guerre contre l’empire perse sassanide (voir Guerre perso-byzantine de 602-628).

Il est à noter que l’intensité de cette guerre assèche totalement l’axe de commerce de l’ancien monde ("route de la soie") entre orient et occident par voie terrestre au profit de la route maritime des moussons, par l’Océan Indien et la Mer Rouge, ce qui profite à l’essor économique des organisations commerçantes peuplant la péninsule arabique [1]

Des recherches récentes lient la déstabilisation de ces empires à un refroidissement du climat mondial causé par plusieurs explosions volcaniques très importantes[2]. Le changement climatique de 535-536 et la peste de Justinien plongent dès 542 l’empire byzantin dans une profonde crise.

Premiers siècles[modifier | modifier le code]

Site archéologique de la bataille de Mu’tah, première bataille opposant les musulmans à l’Empire romain d'Orient.

Ces guerres de conquête contre les anciens empires sassanide et byzantin répondent à différents objectifs : islamisation sans apport financier ou contribution financière sans conversion, Djihad pour prévenir l’Islam de l’expansion du christianisme, recherche de butins lors de razzias notamment par les nomades intégrés dans les armées musulmanes, contrôle des réseaux commerciaux par l’aristocratie marchande arabe qui est à la tête des armées, etc.

Plusieurs causes expliquent le succès des conquêtes musulmanes, la principale étant l’affaiblissement des empires perse et byzantin, qui sortent épuisés de la guerre perso-byzantine (602 à 628). Pour faciliter le maintien de l’ordre, les provinces des deux empires étaient désarmées, ce qui facilite d’autant les victoires militaires des tribus arabes. Enfin, les populations locales souffrent des conséquences des divisions religieuses (querelle des monophysites), des destructions des guerres incessantes et d’oppression fiscale. Le résultat est que tout conquérant est vu comme un libérateur apportant des réponses à ces problèmes sociaux, fiscaux et religieux, les autorités musulmanes allégeant les impôts fonciers et menant une politique initiale de « tolérance islamique » limitée toutefois aux Gens du Livre[3]. Cependant, les problèmes rencontrés par les empires perse et byzantin ne peuvent expliquer à eux seuls la réussite des campagnes militaires musulmanes, le califat sortant d’une guerre civile au moment des premiers conflits.

Un autre élément à prendre en compte est la mobilité des armées arabes, et notamment de la cavalerie légère, qui leur permit de tirer profit du manque de flexibilité des armées perses et byzantines, et donc de prendre le dessus sur des adversaires souvent plus lourdement armés et bien plus nombreux.

Né en Arabie, l’islam s’est étendu par la guerre à la Perse dès 636 (Bataille de Cadésie), puis vers l’Irak, l’Iran, la haute Mésopotamie ; et à l’ouest vers la Syrie, la Palestine et l’Égypte (provinces les plus riches de l’Empire byzantin, qui démarrent son enrichissement matériel).

L’islam pénètre le monde chrétien et gréco-romain peu après la mort du prophète de l’islam Mahomet. Sous les Omeyyades, l’expansion continue, les conquêtes territoriales se faisant par voie terrestre jusqu’en Afrique du Nord amazigh à la fin du VIIe siècle et jusqu’aux côtes espagnoles au début du VIIIe siècle. En 712, certains de leurs conquis berbères menés par Tariq Ibn Zyad voulant son armée constituée à 100 % de berbères (appelés les Maures) franchissent le détroit de Gibraltar (qui doit son nom au conquérant, djebel Tariq "la montagne de Tariq" ; dès leur accostage en terre ibérique, Tariq ibn Ziyad, après avoir ordonné la destruction totale de sa flotte navale par le feu, prononça cette phrase « l’ennemi est devant vous et la mer est derrière vous »)[4] et conquièrent l’Espagne, d’où l’architecture du style mauresque. Ils sont arrêtés à Poitiers en 732 par les troupes du maire du palais, Charles Martel, grand-père du futur Charlemagne[5].

L’expansion se poursuit ensuite vers l’Asie centrale, Boukhara et Kaboul, et ils atteignent la frontière de l’Indus. Ils entrent en contact avec l’Empire byzantin, au niveau de la mer Caspienne et du Caucase au nord.

L’Empire byzantin contrôle alors la mer Méditerranée, ce qui peut entraver les conquêtes arabes. Les Arabes construisent alors une flotte et attaquent Constantinople à trois reprises, mais sans succès, car le feu grégeois donne un fort avantage tactique aux défenseurs. Ceux-ci, restant maîtres de la mer, bloquent l’expansion musulmane et cessent de commercer avec les Arabes. La mer sera quelque temps une frontière, mais redeviendra rapidement une zone d’échanges. Après une conquête rapide d’un siècle, les frontières ne bougent plus jusqu’au XIe siècle.

Quand les Arabes ont conquis un territoire, ils établissent des camps à part et vivent du fruit de leurs conquêtes et d’impôts (la jizya) versés par les non-musulmans, en échange d’une liberté et d’une protection restreintes. Les musulmans sont enjoints pour leur part de pratiquer la Zakât (aumône au pauvre), un des cinq piliers de l’islam, mais seront, selon les périodes, libres de la pratiquer à leur gré (sans contrôle réel) ou non.

Le VIIIe siècle est marqué par la forte résistance de l’Empire byzantin, mais aussi par une agitation à la fois politique et religieuse à l’intérieur du monde arabo-musulman. L’unification et l’arabisation des territoires conquis (par la langue, la monnaie, l’administration), ainsi que leur islamisation (écoles instituées pour répandre le Coran, juges formés au droit musulman) sont donc entrepris.

Les sécessions politico-religieuses n’en continuent pas moins : les Abbassides fondent Bagdad. Il y a alors un déplacement vers l’est du centre politique arabo-musulman, déviant les flux d’arrivées de l’Extrême-Orient, mais éloignant ainsi le Centre du pan Ouest de l’empire. La tension qui en résulte provoque de nouvelles sécessions dont émergeront trois grandes zones de califats : abbasside, fatimide et andalouse ; il en résulte aussi une émulation religieuse entre les successeurs de Mahomet.

Aux IXe et Xe siècles, l’Empire arabo-musulman ne s’étend plus sous les Abbassides.

Du VIIe au VIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Ruines de la cité musulmane d’Ayla (Aqaba en Jordanie), construite en 650.

Les historiens ont souligné l’importance et la rapidité de la première conquête qui en un siècle permit rapidement aux Arabes dont, selon certains historiens, « l'état de civilisation était au stade de la tribu, dont les croyances religieuses étaient à peine supérieures au fétichisme et qui passaient leur temps à se faire la guerre, ou à piller les caravanes »[6], de ravir à des empires séculaires et solidement établis un immense espace, du littoral atlantique aux déserts d’Asie centrale[7]. Il faut dire que rien ne préparait les empires byzantin et perse, qui se disputaient la domination du Moyen-Orient et étaient épuisés à la suite de longues luttes, à voir arriver sur ce terrain un troisième adversaire. Héraclius venait de remporter une victoire éclatante contre la Perse de Chosroès, l’Empire romain allait enfin pouvoir se concentrer sur l’Occident et vaincre les Lombards qui menaçaient l’Italie, son avenir semblait assuré par cette victoire sur la Perse qui lui restituait la Syrie, la Palestine et l’Égypte. Héraclius reçut alors les félicitations de l’Inde et des Francs[8].

Les Byzantins sont pris de court par l’irruption soudaine de cet adversaire nouveau venu d’une région dont ils ne se méfiaient pas, à l’instar de leurs voisins Perses. L’Islam arrache brusquement à l’Empire la Syrie et l’Égypte qu’il croyait sécurisées. Ces conquêtes font l’objet de terribles massacres, en Égypte par exemple, qui subit quatre millions de morts[9], ou lors de la prise de Jérusalem et du massacre de Mamilla, qui fit d’après différentes sources byzantines entre 24 000 et 90 000 victimes chrétiennes civiles[10]. Après la conquête des côtes, l’Islam devient une puissance maritime, prenant Chypre, puis Rhodes, la Crête, la Sicile, repoussé à Constantinople après un blocus de cinq ans en 677.

Dès la conquête du Maghreb, et ce malgré la résistance berbère dirigée par la Kahina, puis de l’Espagne wisigothique (732) et de la Sicile (827), la Méditerranée occidentale devient un « lac musulman ».

Les raids des corsaires musulmans terrorisent les populations chrétiennes de tout le littoral, et en 846 c’est le sac de Rome, de la Basilique Saint-Pierre.

À l’Ouest, les Francs sont parvenus à les repousser sur terre, mais faute de flotte ne peuvent lutter sur mer; il n’y a guère que Byzance et son feu grégeois pour maintenir sous son contrôle les mers Égée et Adriatique.

Cette domination navale de l’Islam produit un ralentissement considérable du commerce méditerranéen, du moins pour les chrétiens. Il entraîne un isolement de l’Occident latin, que l’on peut constater dans la quasi-disparition des épices; la raréfaction de l’or, qui est remplacé par le denier d’argent sous Pépin le Bref et Charlemagne; le remplacement de l’huile par la cire pour les luminaires; celui du papyrus par le parchemin à la fin du VIIe siècle.

Le monde arabo-musulman, s’il ne se ferme pas totalement au commerce avec les Européens (du moins avec les grandes villes commerçantes italiennes, et les juifs auprès desquels ils s’approvisionnent notamment en esclaves malgré les interdictions répétées en 779, 781 et 845[11]), dédaigne néanmoins la Mare Nostrum et se tourne vers Bagdad et les mondes indien et chinois, bien plus fructueux (illustré par les histoires de marins comme les voyages de Sindibad). Cette fermeture significative du commerce du point de vue européen impose de profonds changements civilisationnels à l’Occident, Pirenne y voit l’une des causes majeures de la chute des mérovingiens, qui tiraient une part substantielle de leurs revenus des taxes sur la circulation des marchandises. Ce déclin, principalement dans le Sud, de l’urbanité et des institutions ecclésiales, avec l’arrêt pendant près de deux siècles de la succession de nombreux sièges épiscopaux et des synodes, l’aristocratie terrienne et régionale supplante les grandes familles sénatoriales qui fournissaient jusque-là l’essentiel du haut personnel ecclésiastique et laïque, et le centre du pouvoir se déplace du pourtour de la Méditerranée vers la Seine et le Rhin, régions plus agricoles et moins dangereuses, d’où provient la dynastie des carolingiens.

Les dernières puissances navales occidentales comme Naples, Gaète, Amalfi et bientôt Venise, sont obligées de traiter avec les musulmans pour garder le contact avec l’Orient et ses richesses, formant un cas d’exception sur le continent européen, où l’idée antique de la civilisation méditerranéenne peut en quelque sorte subsister[12].

En Orient[modifier | modifier le code]

Péninsule arabique[modifier | modifier le code]

Conquêtes des débuts de l’islam.

On date la révélation du prophète Mahomet à environ 610.

En 622, Mahomet, chassé de la Mecque[13], se réfugie à Médine ; c’est l’an I de l’hégire. À partir de cette date, il commence à étendre son audience et son pouvoir (voir Tribus musulmanes et juives de Yathrib) et parvient à conquérir La Mecque. À sa mort en 632, il a conquis toute la péninsule arabique.

L’intense activité militaire et diplomatique qu’a été la Ridda peut être considérée comme la répression d’une apostasie, une reconquête ou une conquête. Un exemple est le cas particulier de Musaylima (Banû Hanifâ), dernière confédération de tribus du Hedjaz à être réfractaire aux demandes musulmanes. D’autres exemples isolés sont Ayhala le Noir au Yémen, Tulayha al-Asadî dans le Nedjd, et la prophétesse Sajâh des Tamîm et des Taghlib.

Proche-Orient[modifier | modifier le code]

Au Proche-Orient à l’arrivée des Arabes, l’empire byzantin est fortement affaibli par sa lutte contre les Perses sassanides.

Les Perses ont pris Jérusalem en 614 et l’ont gardée quinze ans, jusqu’en 629. Les musulmans prennent donc une ville affaiblie en 638.

Moyen-Orient et Asie centrale[modifier | modifier le code]

Deux des trois madrasas du Registan à Samarcande.

Les Arabes, menés par les troupes du général Qutayba ibn Muslim, conquirent vers 712 les territoires des actuels Ouzbékistan et Kirghizistan[14]. Ils y entrent au contact avec les Chinois pendant le règne du premier abbasside Abou al-`Abbâs à la victoire de Talas. Ils ont "appris" l’islam aux peuples centre-asiatiques pratiquant jusqu’alors le zoroastrisme.

Le contrôle arabe de l’Asie centrale fut consolidé à la suite de la bataille de Talas (au Kirghizistan près de la ville actuelle kazakh de Taraz) contre les Chinois en 751. Cette victoire qui a marqué l’avancée la plus à l’Est des armées arabes a été également l’occasion d’acquérir un certain nombre de techniques chinoises dont celle de la fabrication du papier. Lors de la bataille de Talas, les Arabes, victorieux, font prisonniers de nombreux Chinois et récupèrent ainsi le secret. Ils comprennent rapidement l’intérêt de ce nouveau support pour propager l’islam, et Samarcande en sera le tout premier centre de production du papier du monde musulman. Par ailleurs, ils en amélioreront la fabrication en y incorporant à sa préparation des chiffons. Haroun ar-Rachid imposa l’usage du papier dans toutes les administrations de l’empire. Le papier arrive alors dans le reste du monde connu et en Occident grâce aux conquêtes arabes en Asie centrale. On le retrouve à Bagdad en 793, au Caire en 900, à Xàtiva (San Felipe, Espagne) en 1056 et enfin en France au début du XIVe siècle.

Les conquérants arabes se frottent aussi à la Perse et vont, à l’est, jusqu’à l’Indus. Quelques populations turques se convertissent à l’islam. Au XIIIe siècle, le monde islamique joue un rôle important pour le commerce entre l’Europe, l’Inde et la Chine, les Arabes ayant, à cette époque et jusqu’à l’arrivée des Portugais en Inde, le monopole du commerce sur la côte de Malabar. Les Arabes naviguaient par un petit bateau à voile nommé boutre. Tamerlan (1336-1405), Turc converti à l’islam, fonde un Empire dit mongol mais turc de fait, dont l’existence ne sera qu’éphémère. L’un de ses successeurs, Babur, restaure l’empire, en Inde surtout, que l’on nommera moghol. En Inde se produiront nombre de syncrétismes dont la tentative de l’empereur moghol Akbar, qui promulgue l’un des premiers édits de tolérance.

L’expansion de l’islam se poursuit vers l’Asie du Sud-Est et la Chine, tout d’abord par l’intermédiaire des marchands.

L’Égypte[modifier | modifier le code]

Les pyramides de Gizeh.

Une armée d’environ 4 000 Arabes, dirigée par Amr ibn al-As, a été envoyé par le calife Omar ibn al-Khattâb pour répandre l’Islam dans le pays des anciens pharaons. Les Arabes arrivèrent en Égypte depuis la Palestine en décembre 639 et avancèrent rapidement jusqu’à ce qu’ils atteignent le delta du Nil. Les garnisons impériales se retirèrent dans les villes fortifiées où elles résistèrent avec succès pendant un an ou plus ; mais les Arabes ont demandé des renforts et 5 000 autres soldats sont arrivés en Égypte en 640. Renforcés, ils ont vaincu les Byzantins à la bataille d’Héliopolis. Amr se dirige ensuite vers Alexandrie, qui se rend grâce à un accord signé le 8 novembre 641. Il semble que les Thébaïdes se soient rendus sans résistance en échange de nombreuses concessions islamiques.

L’Afrique[modifier | modifier le code]

Grande Mosquée de Kairouan, fondée en 670 par le général arabe Oqba Ibn Nafaa, Kairouan, Tunisie.

Les troupes d’Oqba Ibn Nafaa entrent en Ifriqya, nom donné à cette ancienne province romaine, mais il se heurte à la résistance de Kusayla, un chef de tribu berbère. Oqba Ibn Nafaa fonde la ville de Kairouan qu’il utilise comme base pour de futures opérations. En 683, lors d’une terrible bataille, Oqba meurt ainsi que la plupart de ses hommes. Kusayla marche alors sur Kairouan, il y règnera près de cinq ans, mais des renforts venus de Syrie destituent le roi.

La conquête du Maghreb reprend et aussitôt un nouveau soulèvement gagne la région des Aurès, Dihya (Kahena) parvient à rassembler plusieurs tribus berbères et repousse provisoirement les soldats musulmans jusqu’en Tripolitaine (l’actuelle Libye). Carthage est prise en 698, la résistance est dominée à partir de 702 et l’Afrique du Nord est « officiellement » conquise en 711. Cette même année, les premiers contingents berbères et arabes passent en Andalousie, dirigés par Tariq ibn Ziyad. À la phase d’organisation militaire de la conquête, va se substituer l’administration d’un territoire encore partiellement insoumis, et non converti.

Le Maroc, région fortement individualisée jusque là, morcelée entre de nombreuses tribus autonomes, connaît avec l’islam pour la première fois une véritable unité par la cohésion religieuse ainsi créée entre les tribus[15].

Les populations afro-arabo-persanes d’Afrique de l’Est qui commerçaient depuis des siècles avec les Arabes sont islamisées dès le VIIIe siècle. La culture swahilie est à la fois le fruit de ce métissage et de l’islamisation de la région.

L’Europe[modifier | modifier le code]

Alcázar de Séville, coupole du salon des Ambassadeurs.

Dès le VIIe siècle, de la péninsule arabique jusqu’à la péninsule Ibérique, l’expansion de l’islam se fait selon le principe de la guerre juste ou Jihad.

Cette terre, alors chrétienne, avait été usée par les luttes intestines concernant l’hérétique (arianiste dans la péninsule Ibérique et donatistes dans le Maghreb) et, de ce fait, longuement persécutée par le pouvoir impérial. Ce qui explique l’accueil "facile" aux conquérants fait par la majorité d’entre eux au moins en Afrique du Nord. Cette terre espagnole devient le pays d’al-Andalûs pour 800 ans.

En revanche les courants du christianisme ont considéré d’abord très négativement l’émergence de l’islam. Cette nouvelle religion faisait obstacle à leur revendication d’universalisme (« catholique » signifiant universel), et les références aux messages de la Bible leur apparaissaient, ainsi qu’aux Juifs, plutôt comme une hérésie schismatique (pour les courants qui utilisent ce concept) que comme une reconnaissance. Au mieux, l’islam leur apparaissait comme une forme de concurrence légère, partageant sa reconnaissance du Dieu unique, mais réfutant en revanche l’idée de Trinité et ayant par ailleurs besoin d’une évangélisation.

Jusqu’à l’arrivée des Turcs Seldjoukides, pourtant, la cohabitation à Jérusalem se passe sans difficulté majeure, malgré les invasions répétées de l’Europe par des troupes maures se réclamant de l’islam. La situation change totalement avec l’occupation turque, qui entend interdire aux chrétiens le passage vers les lieux saints.

Une tension se crée alors. Pour l’Occident chrétien, le mahométan devient l’infidèle par excellence, et Mahomet (déformé parfois en baphomet) celle d’un démon perfide, qui prêche au nom de Dieu pour détourner les fidèles de la vraie foi. Parfois on l’assimile à l’Antéchrist, parfois plus simplement on rappelle une parole attribuée par les Évangiles à Jésus et mettant en garde contre de faux prophètes qui viendront après lui.

Le Krak des Chevaliers en Syrie.

La conquête islamique est motivée :

  • pour les chefs de guerre, par l’envie d’étendre leur territoire ;
  • pour les populations préparées à cette fin, par une nécessité perçue de répandre la « vraie foi ».

L’acmé de la civilisation musulmane (sur le plan du développement scientifique et technique) se situe aux VIIIe et XIIIe siècles[16].

Les bénéfices culturels et techniques retirés par les territoires occidentaux issus de l’expansion musulmane sont objet d’un débat d’historiens concernant les transmissions.

Bataille de Poitiers, en octobre 732.

Autant que la victoire de 732 par Charles Martel, il arrête le raid militaire d’Abd al-Rahman vers Saint Martin de Tours à Poitiers, c’est l’échec du siège de Constantinople qui cesse la progression des armées arabes. Les établissements maures perdureront longtemps sur les rives ouest Européennes de la Méditerranée : la Sicile fut conquise à partir de 827, Malte en 870, les Baléares en 902.

On connaîtra le mouvement inverse de « guerre juste » aussi, quelques siècles plus tard, dans la Reconquista de la péninsule ibérique qui débute véritablement à la bataille de Las Navas de Tolosa, la première victoire de cette campagne, et s’achève au XVe siècle par la conquête des derniers reinos de Taïfa en 1492 (conquête de Grenade). Cette date correspond aussi selon Arnold Joseph Toynbee à l’extermination des derniers noyaux de résistance chrétienne en Égypte. Quelques croisades préalables destinées à reconquérir le tombeau du Christ avaient rouvert aux pays chrétiens la route des épices en s’emparant des échelles du Levant tel le port d’Ascalon, en Palestine.

L’Inde[modifier | modifier le code]

Jama Masjid ou Grande Mosquée, à Delhi.

L’histoire de l’islam aux Indes ne s’arrête pas aux frontières de l’Inde dans ses frontières de 1947 et de 1971. Elle est inséparable de la progression musulmane dans le sous-continent indien dans son ensemble. On date la percée musulmane par les Arabes en 711. Le XIe siècle incarne le début de la véritable expansion de l’Islam en Inde, notamment avec l’arrivée de nombreuses tribus turco-mongoles musulmanes, dans le sillage de l’empire de Gengis Khan et le chaos des invasions mongoles en Asie centrale.

En 1414, Sayyîd s’empare du trône de Delhi, puis Bahlul fonde la lignée des Lodi en 1451. En 1526 la dynastie des Lodi s’éteint, victime des conquêtes lancées par Babur, descendant de Tamerlan. Il fonde ce qui deviendra l’empire moghol, dernière dynastie régnante de l’Inde, qui parviendra à mettre la quasi-totalité du sous-continent indien sous la domination de souverains musulmans. Cette période prendra fin avec la colonisation britannique.

La conquête ottomane[modifier | modifier le code]

Carte des conquêtes de l’Empire ottoman.

Au IXe siècle, on note la progression de peuples turco-mongols de la région des montagnes Altaï et du lac Baïkal vers l’ouest; ces peuples s’islamisent progressivement. Par la suite, appelées en renfort par le calife abbasside pour calmer les agitations, des populations turques appelées Seldjoukides s’installent à Bagdad au XIe siècle.

L’islam s’étend en Asie Mineure et en Inde. Un prince afghan converti à l’islam instaure un sultanat en Inde. Il y a différentes influentes familles dans les tribus turques en Asie Mineure, et la famille Osman, implantée près d’Istanbul, va entreprendre la conquête de l’Asie Mineure et des Balkans. Constantinople tombe en 1453. L’expansion de l’islam en Europe a été le fait des Ottomans en particulier sur les Albanais et sur les Slaves de Bosnie adeptes du bogomilisme.

L’Asie du Sud-Est insulaire[modifier | modifier le code]

Époque contemporaine[modifier | modifier le code]

Carte des pays musulmans au début du XXIe siècle.

En 2010, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23,2 % de la population mondiale[17].

Depuis leur indépendance, certains pays de la bande sahélienne d’Afrique noire ont noué des relations religieuses avec les pays arabes musulmans (Niger, Mali, Tchad) plutôt qu’avec les anciens colonisateurs. Les Africains du Sahel et les Arabes musulmans avaient des contacts approfondis des siècles avant l’arrivée des Européens car les caravanes de chameaux menées par les Arabes, transportaient des esclaves noirs, le sel, l’or et l’ivoire à travers le Sahara. La facilité de diffusion de l’islam en Afrique s’explique aussi par le fait que ce sont les pays du Golfe, finançant la construction de Mosquées et de madrassas, et non plus des évangélisateurs comme dans le cas du christianisme[18]. Il est à noter qu’il y a très peu d’échanges religieux entre les pays du Nord et du Sud du Sahel. En revanche, la rivalité entre les pays sahéliens d’Afrique Noire, et la bande côtière, datent de bien avant la colonisation, et ont un fond ethnique lié à la pratique de l’esclavage des noirs notamment.

Cette expansion est aussi source de tensions et de conflits. En Côte d’Ivoire ou au Nigeria, par exemple, l’opposition entre les populations musulmanes dans le nord du pays et les populations chrétiennes du sud alimente une instabilité permanente qui peut aller jusqu’au conflit armé à l’échelle nationale (Côte d’Ivoire) ou en tout cas à des attaques et représailles dans les régions « mixtes » (Nigeria). Aux questions religieuses se greffent cependant des intérêts économiques et politiques (partage des richesses et du pouvoir politique) dans la genèse des affrontements.

La diffusion de l’islam hors du monde arabo-musulman traditionnel s’explique aussi en partie par la croissance des flux migratoires à partir des pays de religion et de culture musulmane. C’est le cas dans les pays occidentaux où l’immigration de populations musulmanes s’est développée depuis les années 1950. Cette immigration a un impact aussi bien démographique, ethnique, religieux, culturel, sécuritaire[19], et politique dans les pays occidentaux.

L’islam continue aussi sa diffusion vers l’est en Asie. En Indonésie notamment, l’islam, arrivé avec des marchands arabes, indiens et chinois qui faisaient escales dans les ports de Java et Sumatra depuis au moins le XIIe siècle, a eu une progression plutôt lente. De nos jours, 88 % de la population indonésienne est administrativement enregistrée comme musulmane.

Projections[modifier | modifier le code]

Une étude conduite en 2015 par le Pew Research Center s’attache à établir l’évolution des religions dans la population mondiale. Le tableau ci-dessous indique le pourcentage de musulmans dans les différentes régions du monde de 2010 à 2050[17].

Région 2010 2020 2030 2040 2050
Afrique du Nord et Moyen-Orient 93,0 % 93,1 % 93,3 % 93,5 % 93,7 %
Afrique subsaharienne 30,2 % 31,4 % 32,8 % 34,1 % 35,2 %
Asie et Océanie 24,3 % 25,7 % 27,0 % 28,3 % 29,5 %
Europe (sans la Turquie) 5,9 % 6,8 % 7,8 % 9,0 % 10,2 %
Amérique du Nord (États-Unis et Canada) 1,0 % 1,3 % 1,7 % 2,0 % 2,4 %
Amérique du Sud, Amérique centrale et Caraïbes 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 %
Monde 23,2 % 24,9 % 26,5 % 28,1 % 29,7 %

Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l’islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d’ici 2070[17].

Cette croissance continue de l’islam s’explique par le fait que les musulmans sont en moyenne plus jeunes et ont plus d’enfants que les membres des autres religions[17].

Repères chronologiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Christian Grataloup, Géohistoire, Paris, Les Arènes, , 447 p. (ISBN 979-10-375-1015-0), p. 170.
  2. (en) Ulf Büntgen, Vladimir S. Myglan, Fredrik Charpentier Ljungqvist, Michael McCormick, Nicola Di Cosmo, Michael Sigl, Johann Jungclaus, Sebastian Wagner, Paul J. Krusic, Jan Esper, Jed O. Kaplan, Michiel A. C. de Vaan, Jürg Luterbacher, Lukas Wacker, Willy Tegel & Alexander V. Kirdyanov, « Cooling and societal change during the Late Antique Little Ice Age from 536 to around 660 AD », Nature Geoscience, no 9,‎ , p. 231–236 (lire en ligne).
  3. Khaled Ridha, Le Prophète de l'islam et ses califes : religion, classes sociales et pouvoir, Éditions Publibook, , p. 212-218.
  4. On remarquera la similitude avec l'expression latine « brûler ses vaisseaux » (ustulare).
  5. Suzanne Citron, Le Mythe national : l'histoire de France revisitée, Éditions de l'Atelier, , p. 56-57.
  6. Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, Paris, Presses universitaires de France, , p. 107.
  7. Thierry Bianquis, Pierre Guichard et Mathieu Tillier, Les Débuts du monde musulman, VIIe  ‑  Xe siècles. De Muhammad aux dynasties autonomes, éd. PUF/Nouvelle Clio, 2012, p. 108.
  8. Henri Pirenne, Op. cit., p. 107-108.
  9. Livre "Islam et terrorisme - édition actualisée" de Mark A. Gabriel.
  10. Un article de février 2017 du journal israélien "Jérusalem Post" avance 60 000 morts. Les sources byzantines avancent que ce massacre fut perpétré "par les musulmans et leurs alliés juifs".
  11. Ibid., p. 195.
  12. Ibid., p. 107-136.
  13. « Médine », dictionnaire Larousse.
  14. (fr) Jacques Barrat, Coline Ferro et Charlotte Wang, Géopolitique de l'Ouzbékistan, éd. L'Harmattan, Paris, 2011, p. 44
  15. Bernard Lugan, Les particularités de l'islam marocain, clio.fr, mai 2000
  16. « Cette civilisation musulmane, maintenant si abaissée, a été autrefois très brillante. Elle a eu des savants, des philosophes. Elle a été, pendant des siècles, la maîtresse de l’Occident chrétien. […] de l’an 775 à peu près, jusque vers le milieu du XIIIe siècle, c’est-à-dire pendant cinq cents ans environ, il y a eu dans les pays musulmans des savants, des penseurs très distingués. » Ernest Renan, voir Wikiquote.
  17. a b c et d (en)The Pew Forum - The Future of World Religions: Population Growth Projections, 2010-2050.
  18. Voir sur uta.univ-lyon2.fr.
  19. Jean-Marc Leclerc, « Un rapport explosif sur l'islam radical dans les prisons françaises », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  20. Christian Julien Robin, « L’Arabie dans le Coran : Réexamen de quelques termes à la lumière des inscriptions préislamiques », Les origines du Coran, le Coran des origines, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres « Actes de colloque »,‎ , p. 27-74 (lire en ligne).
  21. Jurisprudence and Law – Islam Reorienting the Veil, University of North Carolina (2009)
  22. Moshe Gil A history of Palestine, 634-1099 Cambridge University Press, 1997 (ISBN 978-0-521-59984-9).
  23. Lemire et al. 2016, p. 195.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ferdowsî, Shâh Nâmeh [détail des éditions], 1000
  • Pascal Buresi, Géo-histoire de l’islam, Paris, Belin, « Sup-Histoire », 2005, 355 p.
  • « Chrétiens et musulmans, le premier face-à-face VIIe – VIIIe siècle », dans Le Monde de la Bible, no 154, novembre 2003
  • Louis Chagnon, La Conquête musulmane de l’Égypte (639-646), Economica, 2008 (ISBN 978-2717855937)
  • Alfred Schlicht, Die Araber und Europa, Stuttgart, 2008

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]