« Maurice d'Elbée » : différence entre les versions

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| image = Maurice d'Elbée.jpg
| image = Maurice d'Elbée.jpg
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| légende = Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée, par [[Paulin Guérin]].
| légende = ''Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée'', huile sur toile de [[Paulin Guérin]], 1827, [[musée d'Art et d'Histoire de Cholet]].
| surnom = ''Général la Providence''
| surnom = ''Général la Providence''
| date de naissance = {{date|21 mars 1752}}
| date de naissance = {{date|21 mars 1752}}
| lieu de naissance = [[Dresde]] ([[Électorat de Saxe]])
| lieu de naissance = [[Dresde]] ([[Électorat de Saxe]])
| date de décès = {{date|6 janvier- 1793-}}/{{date|9 janvier 1794}}
| date de décès = Entre le {{date|6 janvier- 1793-}} et le {{date|9 janvier 1794}}
| lieu de décès = [[Île de Noirmoutier|Noirmoutier]] ([[Première République (France)|République française]])<br /><small>Fusillé</small>
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| âge au décès = 41
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| conflit = [[Guerre de Vendée]]
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| commandement = [[Armée catholique et royale de Vendée|Armée catholique et royale]]
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| faits d'armes = [[Bataille de Fontenay-le-Comte (16 mai 1793)|Première bataille de Fontenay-le-Comte]]<br />[[Bataille de Saumur]]<br />[[Bataille de Nantes (1793)|Bataille de Nantes]]<br />[[Deuxième bataille de Luçon|Bataille de Luçon]]<br />[[Bataille de Tiffauges]]<br />[[Deuxième bataille de Cholet|Bataille de Cholet]]
| faits d'armes = [[Bataille de Chemillé (11 avril 1793)|{{2e}} Bataille de Chemillé]]<br>[[Bataille de Vezins]]<br>[[Bataille de Beaupréau (1793)|{{1re}} Bataille de Beaupréau]]<br>[[Bataille de Thouars (1793)|Bataille de Thouars]]<br>[[Bataille de La Châtaigneraie (1793)|Bataille de La Châtaigneraie]]<br> [[Bataille de Fontenay-le-Comte (16 mai 1793)|{{1re}} Bataille de Fontenay-le-Comte]]<br />[[Bataille de Nantes (1793)|Bataille de Nantes]]<br />[[Deuxième bataille de Luçon|{{2e}} Bataille de Luçon]]<br>[[Troisième bataille de Luçon|{{3e}} Bataille de Luçon]]<br>[[Bataille de Chantonnay (5 septembre 1793)|{{2e}} Bataille de Chantonnay]]<br />[[Bataille de Torfou]]<br>[[Bataille du Pallet]]<br>[[Bataille de Treize-Septiers]]<br>[[Deuxième bataille de Châtillon (1793)|{{2e}} Deuxième de Châtillon]]<br>[[Bataille de La Tremblaye]]<br>[[Bataille de Cholet (17 octobre 1793)|Bataille de Cholet]]<br>[[Bataille de Noirmoutier (1794)|{{3e}} Bataille de Noirmoutier]]
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'''Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée'''<ref>Bien que son extrait de naissance ne mentionne pas le nom de Gigost, on l'appellera souvent ainsi. C'est vraisemblablement au {{s-|XVII}} que la famille Gigost s'adjoint le nom de d'Elbée.</ref>, né le {{date|21 mars 1752}} à [[Dresde]] et mort entre le {{date|6 janvier- 1793-}} et le {{date|9 janvier 1794}}, à [[Noirmoutier-en-l'Île|Noirmoutier]] est un militaire [[Français (peuple)|français]].
'''Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée'''<ref>Bien que son extrait de naissance ne mentionne pas le nom de Gigost, on l'appellera souvent ainsi. C'est vraisemblablement au {{s-|XVII}} que la famille Gigost s'adjoint le nom de d'Elbée.</ref>, né le {{date|21 mars 1752}} à [[Dresde]] et mort entre le {{date|6 janvier- 1793-}} et le {{date|9 janvier 1794}} à [[Noirmoutier-en-l'Île|Noirmoutier]], est un militaire [[Français (peuple)|français]].


Chef royaliste pendant la [[guerre de Vendée]], il est [[généralissime]] de l'[[Armée catholique et royale (Vendée)|Armée catholique et royale]] de juillet à octobre 1793. Grièvement blessé à la [[Bataille de Cholet (17 octobre 1793)|bataille de Cholet]], il est capturé et fusillé après la [[Bataille de Noirmoutier (1794)|bataille de Noirmoutier]].
Chef royaliste pendant la [[guerre de Vendée]], il est [[généralissime]] de l'[[Armée catholique et royale (Vendée)|Armée catholique et royale]], succédant à [[Jacques Cathelineau|Cathelineau]], de juillet à octobre 1793. Grièvement blessé à la [[Bataille de Cholet (17 octobre 1793)|bataille de Cholet]], il est capturé puis fusillé après la [[Bataille de Noirmoutier (1794)|troisième bataille de Noirmoutier]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Vie sous l'Ancien Régime ===
[[Image:D'Elbée Chemillé.jpg|thumb|left|300px|''D'Elbée protégeant les prisonniers républicains après la bataille de Chemillé'', peinture de Marie Félix Edmond de Boislecomte.]]
[[Image:La loge Beaupréau (Thomas Drake).jpg|vignette|gauche|upright=1.3|''La Loge, habitation de d'Elbée'', gravure de [[Thomas François Drake|Thomas Drake]], 1856.]]


Maurice d'Elbée naît à [[Dresde]] le {{date|21 mars 1752}}<ref name="Chassin433">{{harvsp|id=Chassin|Chassin, t. III, 1892|p=433}}.</ref>. Fils de Maurice Gigost d'Elbée, seigneur de la Gobinière et de La Loge-Vaugirault (1695-1763), alors conseilleur privé du Roi de [[Pologne]] établi à [[Dresde]], en [[Électorat de Saxe|Saxe]], et de Marie Thérèse de Mussant (décédée en 1790), Maurice d'Elbée naquit dans une famille de tradition militaire. Il est naturalisé français en [[1757]]<ref name="Chassin433"/>.
Maurice d'Elbée naît à [[Dresde]] le {{date|21 mars 1752}}<ref name="Chassin433">{{harvsp|id=Chassin|Chassin, t. III, 1892|p=433}}.</ref>. Fils de Maurice Gigost d'Elbée, seigneur de la Gobinière et de La Loge-Vaugirault (1695-1763), alors conseiller privé du Roi de [[Pologne]] établi à [[Dresde]], en [[Électorat de Saxe|Saxe]], et de Marie Thérèse de Mussant (décédée en 1790), Maurice d'Elbée naquit dans une famille de tradition militaire. Il est naturalisé français en [[1757]]<ref name="Chassin433" />{{,}}<ref name="Gründig">{{harvsp|id=Gründig|Gründig 2022|p=406-410}}.</ref>.


Le {{1er}} juin 1772, il est [[sous-lieutenant]] au [[régiment du Dauphin cavalerie]] et le {{date|6 mai 1781}}, il est [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] au [[5e régiment de chevau-légers|{{5e}} régiment de chevau-légers]]<ref name="Chassin433"/>. Il démissionne de l'armée le {{date|17 septembre 1783}}<ref name="Chassin433"/>. Il se retire alors à [[Beaupréau]], en [[Anjou]]<ref name="Chassin433"/>.
Le {{1er}} juin 1772, il est [[sous-lieutenant]] au [[régiment du Dauphin cavalerie]] et le {{date|6 mai 1781}}, il est [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] au [[5e régiment de chevau-légers|{{5e}} régiment de chevau-légers]]<ref name="Chassin433"/>. Il démissionne de l'armée le {{date|17 septembre 1783}}<ref name="Chassin433"/>. Il se retire alors à [[Beaupréau]], en [[Anjou]]<ref name="Chassin433"/>.


Il se marie le {{date|17 novembre 1788}} en l’église de [[La Gaubretière]], avec Marguerite-Charlotte du Houx d’Hauterive, pupille de son ami le [[Pierre Prosper Gouffier de Boisy|marquis de Boisy]]. Dès lors il vécut retiré dans un bien de campagne près de [[Beaupréau]] en [[Anjou]] (aujourd'hui [[Maine-et-Loire]]). Son fils Louis-Joseph Maurice d’Elbée, né le {{date|12 mars 1793}}, lui survivra.
Il se marie le {{date|17 novembre 1788}} en l’église de [[La Gaubretière]], avec Marguerite-Charlotte du Houx d’Hauterive, pupille de son ami le [[Pierre Prosper Gouffier de Boisy|marquis de Boisy]]. Dès lors il vécut retiré dans un bien de campagne près de [[Beaupréau]] en [[Anjou]] (aujourd'hui [[Maine-et-Loire]]). Son fils Louis-Joseph Maurice d’Elbée, né le {{date|12 mars 1793}}, lui survivra.


En [[1789]], d'Elbée se montre d'abord favorable à la [[Révolution française]]<ref name="GT95">{{harvsp|id=GérardTerreur|Gérard 1999|p=95}}.</ref>. Le {{date|14 juillet 1790}}, il participe à la [[Fête de la Fédération]] à [[Paris]], où il représente le [[Maine-et-Loire]]<ref name="GT95"/>.
En [[1793]], les paysans de Beaupréau le décidèrent à se mettre à leur tête. Sa troupe se grossit de celles de [[Charles de Bonchamps|Bonchamps]], [[Jacques Cathelineau|Cathelineau]] et [[Jean-Nicolas Stofflet|Stofflet]]. Il servit d'abord sous [[Jacques Cathelineau|Cathelineau]], fut reconnu pour [[généralissime]] après la mort de ce chef ({{date|14 juillet 1793}})<ref name="Jean Tulard"/>, battit les Républicains à [[Bataille de Coron (16 mars 1793)|Coron]] et à [[Bataille de Beaulieu-sous-la-Roche (1793)|Beaulieu]], mais ne subit plus ensuite que des revers.


=== Général de l'Armée catholique et royale ===
L'histoire retient le geste de Maurice d'Elbée au soir du [[Bataille de Chemillé (11 avril 1793)|choc de Chemillé]] le {{date-|11 avril 1793}}. Malgré leur victoire, les Vendéens avaient subi des pertes bien plus lourdes que les Républicains, 400 de ceux-ci ayant également été capturés. Les Vendéens, éprouvés par leurs nombreux morts et voulant venger les habitants massacrés au village de Pont-Barré, voulurent exécuter leurs prisonniers. Ils se heurtèrent toutefois à leur chef [[Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée|D'Elbée]] qui, devant l'insistance de ses hommes, leur fit réciter le [[Notre Père|Pater Noster]]. Lorsque ceux-ci arrivèrent au « pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », D'Elbée les arrêta : « Ne mentez pas à Dieu ». Pour les paysans, très [[catholiques]], ces paroles ne provoquèrent plus la moindre contestation. Les prisonniers furent sauvés et ce geste resta par la suite connu sous le nom de ''Pater de D'Elbée''. Un vitrail témoigne de cet épisode dans l'église St Pierre de Chemillé et un spectacle théâtral joué à Chemillé pour la dernière fois en 1993 conserve la mémoire de ce fait.
[[Image:D'Elbée Chemillé.jpg|thumb|left|300px|''D'Elbée protégeant les prisonniers républicains après la bataille de Chemillé'', peinture de Marie Félix Edmond de Boislecomte.]]


En mars 1793, l'insurrection contre la [[levée en masse]] provoque le début de la [[guerre de Vendée]]. Les paysans insurgés viennent trouver d'Elbée en raison de son expérience militaire et le contraignent à prendre la tête de leur rassemblement<ref name="GT95"/>.
C'est en qualité de généralissime qu'il se trouva, le {{date|30 juillet 1793}}, à la [[deuxième bataille de Luçon]] gagnée par les Républicains, et dans laquelle il s'exposa aux plus grands dangers et contribua à sauver l'armée vendéenne d'une complète déroute. La [[troisième bataille de Luçon]], le {{date-|14 août}}, fut plus meurtrière et une nouvelle défaite pour les Vendéens.


Le 11 avril, les forces de l'Elbée parviennent à repousser la contre-attaque républicaine à la [[Bataille de Chemillé (11 avril 1793)|bataille de Chemillé]]. Après ce combat, des combattants vendéens se rassemblent devant l'église du bourg de [[Chemillé]] en réclamant la mise à mort des prisonniers républicains qui y sont enfermés<ref name="Hussenet191-192">{{harvsp|id=Hussenet|Hussenet 2007|p=191-192}}.</ref>{{,}}<ref name="Doré46">{{harvsp|id=DoréGraslin|Doré Graslin 1979|p=46}}.</ref>. Le général d'Elbée arrive alors au milieu de la foule pour tenter de ramener le calme<ref name="Hussenet191-192"/>{{,}}<ref name="Doré46"/>. À sa demande, les hommes se mettent à genou pour réciter le ''[[Notre Père|Pater Noster]]''<ref name="Hussenet191-192"/>{{,}}<ref name="Doré46"/>. Cependant lorsque les insurgés arrivent aux paroles « pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », d'Elbée les interrompt : « Arrêtez ! Ne mentez pas à Dieu ! Vous osez lui demander de vous pardonner comme vous pardonnez aux autres alors que vous êtes prêts à vous venger de vos ennemis ! »<ref name="Hussenet191-192"/>{{,}}<ref name="Doré46"/>. Ces déclarations ne provoquent aucune contestation et les prisonniers sont ainsi sauvés<ref name="Hussenet191-192"/>{{,}}<ref name="Doré46"/>. L'épisode est alors appelé le {{Citation|''Pater'' de d'Elbée}}<ref name="Gras31-32">{{harvsp|id=Gras|Gras 1994|p=31-32}}.</ref>.
[[Image:Mortd'Elbée.jpg|300px|thumb|left|''Mort du général d'Elbée'', peinture de [[Julien Le Blant]].]]


D'Elbée participe ensuite à plusieurs combats victorieux contre les républicains avec la [[bataille de Vezins]] le 19 avril<ref name="Gabory150">{{harvsp|id=Gabory|texte=Gabory 2009|p=150}}</ref>, la [[Bataille de Beaupréau (1793)|bataille de Beaupréau]] le 22<ref name="Gabory151">{{harvsp|id=Gabory|texte=Gabory 2009|p=151}}</ref> et la [[Bataille de Thouars (1793)|prise]] de [[Thouars]] le 5 mai, où d'Elbée reçoit la capitulation de la garnison républicaine par le juge de paix Redon de Puy Jourdain<ref name="Militaire241">{{harvsp|id=Militaire|Amiglio 2010|p=241}}.</ref>.
L'armée royale fut complètement défaite à la [[Deuxième bataille de Cholet|bataille de Cholet]] ({{date|17 octobre 1793}}) par le général [[Kléber]]. D'Elbée, grièvement blessé lors des combats<ref name="Jean Tulard">{{Ouvrage| titre=La Contre-Révolution| sous-titre=Origines, histoire, postérité| éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]| collection=Biblis| année=2013| passage=463| isbn=978-2-271-07595-6}}</ref>, fut d'abord transporté à [[Beaupréau]], puis à [[Île de Noirmoutier|Noirmoutier]]. Trois mois plus tard ({{date-|janvier 1794}}), les troupes républicaines [[Bataille de Noirmoutier (1794)|s'emparent de cette île]] après une reddition des insurgés, sous promesse de vie sauve de la part du général [[Nicolas Haxo|Haxo]], considéré comme un officier loyal : {{citation|Je commande des Français contre des Français insurgés et puisque je peux épargner le sang des uns et des autres, je vous déclare que je promets la vie sauve aux Royalistes qui se rendront}}<ref>{{harvsp|Jean Tabeur|2008|p=182}}.</ref>. Sans souci de la parole donnée, les représentants du gouvernement [[Pierre-Louis Prieur]], [[Louis Turreau]] et [[Pierre Bourbotte]] firent exécuter les 1 800 défenseurs de la garnison. Haxo protesta en vain. D'Elbée fut ainsi fusillé le {{date-|9 janvier 1794}} sur la place publique du bourg de [[Noirmoutier-en-l'Île|Noirmoutier]], où on l'avait amené dans un fauteuil en raison de ses quatorze blessures qui ne lui permettaient pas de se tenir debout<ref>Le siège fut conservé par la famille d'Elbée jusque dans les années 1975. Lorsque Charles-Maurice, marquis d'Elbée, apprit qu'un musée vendéen était en construction à Noirmoutier, il fit don de ce fauteuil, désormais conservé au [[château de Noirmoutier]]</ref>. Avec lui furent également fusillés son beau-frère Duhoux d'Hauterive et son ami Boisy, qui l'avaient accompagné dans sa retraite.


Les Vendéens se tournent ensuite vers [[Fontenay-le-Comte]], dans le sud de la Vendée. Une première attaque échoue le 16 mai et d'Elbée est blessé, mais les insurgés prennent leur revanche le 24 mai, où ils mettent en déroute les forces républicaines et font {{nombre|3000}} prisonniers<ref name="Gabory163-164">{{harvsp|id=Gabory|texte=Gabory 2009|p=163-164}}</ref>.
Madame d’Elbée fut fusillée à son tour, vingt jours après son mari, en {{date-|janvier 1794}}, et enterrée sans sépulture {{où|dans un chemin creux}} en compagnie de Madame Mourain de l'Herbaudière, une amie d'enfance, qui avait renseigné Charette sur l'intérêt de la [[Bataille de Noirmoutier (12 octobre 1793)|prise de Noirmoutier]] en {{date-|octobre 1793}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jacques Crétineau-Joly]]|titre=Histoire de la Vendée militaire|volume=2|éditeur=[[Plon|H. Plon]]|année=1865|passage=105|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=BIAsAAAAYAA <!-- ERREUR GoogleBook 'id' malformed -->}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Lionel Dumarcet|titre=François-Athanase Charette de la Contrie|éditeur=Univers poche|année=2013|mois=mai|jour=30|pages totales=595|isbn=978-2-8238-0782-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=nvQNCmCQq14C}}</ref>. Les restes de son corps furent découverts par hasard longtemps après.{{refnec}}

Le 21 juin, d'Elbée participe à la [[bataille de Nantes (1793)|bataille de Nantes]]<ref name="GT249">{{harvsp|id=GérardTerreur|Gérard 1999|p=249}}.</ref>, qui s'achève par la victoire des forces républicaines<ref name="GT249"/>. Le généralissime [[Jacques Cathelineau]] est mortellement blessé<ref name="GT249"/> et succombe le 14 juillet<ref name="GT140">{{harvsp|id=GérardTerreur|Gérard 1999|p=140}}.</ref>.

Le 19 juillet, d'Elbée est élu par un conseil de guerre généralissime de [[Armée catholique et royale de Vendée|Armée catholique et royale]] pour succéder à [[Jacques Cathelineau]]<ref name="Hussenet36">{{harvsp|id=Hussenet|texte=Hussenet 2007|p=36}}.</ref>. Il décide d'attaquer la ville de [[Luçon (Vendée)|Luçon]] mais il subit deux lourdes défaites devant cette ville le 30 juillet et le 14 août<ref name="Hussenet36"/>.

=== Mort à Noirmoutier ===
[[Image:La mort du général d'Elbée - Julien Le Blant.jpg|vignette|gauche|upright=1.2|''Mort du général d'Elbée'', huile sur toile de [[Julien Le Blant]], 1878, Musée de Noirmoutier.]]

[[File:Maurice d'Elbée par Fachot.jpg|vignette|''D'Elbée : l'un des principaux chefs de l'armée royale et catholique des brigands de la Vendée, pris et fusillé après la prise de l'Isle de Noirmoutier. Dessiné d'après nature au conseil de guerre lors de son interrogatoire, le {{date républicaine-|14 nivôse an II}} par le citoyen Fachot, officier d'état-major et capitaine du génie'', 1794, [[Bibliothèque nationale de France]].|alt=Représentation du général d'Elbée avec chapeau noir et cocarde, plumet et mouchoir de tête blancs, bandeau sur l'œil droit, veste rose à revers noirs, culotte blanche, bottes noires et écharpe blanche à la ceinture avec deux pistolets et un sabre. En arrière-plan figurent à droite un arbre et à gauche des murailles et des tours escaladées avec des échelles par des soldats républicains.]]

Le 17 octobre 1793, l'armée vendéenne est complètement défaite à la [[Deuxième bataille de Cholet|bataille de Cholet]] et d'Elbée est grièvement blessé lors des combats<ref name="GT188">{{harvsp|id=GérardTerreur|Gérard 1999|p=188}}.</ref>. Il ne prend pas part à la [[virée de Galerne]] et est transporté à [[Beaupréau]], sous la protection de {{nombre|1500}} hommes commandés par Pierre Cathelineau, le frère de [[Jacques Cathelineau]]<ref name="Dumarcet285"/>. Il est bientôt rejoint par son épouse, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive ; son beau-frère, Pierre Duhoux d'Hauterive ; et de son ami [[Pierre Prosper Gouffier de Boisy]]<ref name="Dumarcet285"/>{{,}}<ref name="Chassin489-490">{{harvsp|id=Chassin|texte=Chassin, {{t.|{{III}}}}, 1894|p=489-490}}.</ref>.

Vers fin octobre ou début novembre 1793, d'Elbée, escorté par la troupe de Cathelineau, rejoint [[François Athanase Charette de La Contrie|Charette]] à [[Touvois]]<ref name="Dumarcet285">{{harvsp|id=Dumarcet|Dumarcet 1998|p=285}}.</ref>{{,}}<ref name="HBD10-11">{{harvsp|id=HBD|Baguenier Desormeaux, 1893|p=10-11}}.</ref>. Sur les conseils de ce dernier, il part trouver refuge à l'île de Noirmoutier, qu'il atteint le 2 ou le 3 novembre<ref name="Dumarcet285"/>. D'après son petit-neveu, Charles-Maurice d'Elbée, et la [[Marie Renée Marguerite de Scépeaux de Bonchamps|marquise de Bonchamps]], il aurait été hébergé à l'[[hôtel Jacobsen]], avant d'être transporté dans la maison de madame Mourain à l'approche des troupes de [[Nicolas Haxo|Haxo]]<ref name="Dumarcet309-312">{{harvsp|id=Dumarcet|Dumarcet 1998|p=309-312}}.</ref>{{,}}<ref name="Gabory334-337">{{harvsp|id=Gabory|texte=Gabory 2009|p=334-337}}</ref>. Selon François Piet, il résidait dans une maison appelée La Maduère<ref name="Dumarcet309-312"/>{{,}}<ref name="Gabory334-337"/>.

Le 3 janvier 1794, les troupes républicaines [[Bataille de Noirmoutier (1794)|débarquent sur l'île de Noirmoutier]] et la garnison vendéenne capitule<ref name="Dumarcet309-312"/>. D'Elbée est rapidement découvert et fait prisonnier<ref name="Dumarcet309-312"/>{{,}}<ref name="Chassin491">{{harvsp|id=Chassin|texte=Chassin, {{t.|{{III}}}}, 1894|p=491}}.</ref>{{,}}{{note|groupe=A|texte=Dans une lettre à son oncle, le brigadier Auguste Dalicel, du [[3e bataillon de volontaires de Lot-et-Garonne|{{3e|bataillon}} de volontaires de Lot-et-Garonne]], affirme que c'est lui et le lieutenant Guillemet qui découvrirent d'Elbée<ref name="Chassin493-494">{{harvsp|id=Chassin|texte=Chassin, {{t.|{{III}}}}, 1894|p=493-494}}.</ref>.}}. L'ancien généralissime est interrogé par les [[représentant en mission|représentants en mission]] et par le [[Liste des généraux de la Révolution et du Premier Empire|général]] [[Louis Marie Turreau|Turreau]] à une date incertaine<ref name="Dumarcet309-312"/>{{,}}<ref name="Chassin491"/>{{,}}{{note|groupe=A|texte={{Citation bloc|Les généraux [[Nicolas Haxo|Haxo]] et [[Jacques Dutruy|Dutruy]] accompagnèrent les commissaires conventionnels dans la maison qu'habitait d'Elbée. Ce chef, successeur de Cathelineau, dans le commandement de la grande armée royaliste, ayant été blessé dangereusement à l'affaire de Cholet le 17 octobre, s'était fait transporter à Noirmoutier, pour s'y faire soigner avec plus de sûreté. Il partageait alors le sort des malheureux qui n'avaient pas eu le courage de le défendre, ni de se soustraire eux-mêmes à une mort plus certaine que sur le champ de bataille. Une garde avait été placée à sa porte, autant pour lui que pour son épouse. Les représentans lui adressèrent quelques questions, auxquelles il répondit brièvement en partie, gardant le silence sur le reste. Ils lui demandèrent, entr'autres, son opinion sur les deux généraux qui étaient présens, mais qu'il ne connaissait pas de vue; sa réponse fut honorable pour le général Haxo, et il ne s'expliqua point sur Dutruy. Fatigué bientôt de cet interrogatoire, il pria qu'on le laissât tranquille, et qu’on respectât sa femme, jusqu'à ce qu'on eût décidé sur leur sort<ref name="Aubertin87-88">{{harvsp|id=Aubertin|texte=Aubertin 1824|p=87-88}}.</ref>.|Mémoires de l'adjudant-général [[Dominique Aubertin|Aubertin]].}} }}. Le procès-verbal de son interrogatoire est rédigé par le capitaine François Piet<ref name="Dumarcet309-312"/>.

Malgré les promesses du général [[Nicolas Haxo|Haxo]], tous les prisonniers vendéens sont fusillés sur ordre des [[représentants en mission]] [[Pierre-Louis Prieur|Prieur de la Marne]], [[Louis Turreau|Turreau]] et [[Pierre Bourbotte|Bourbotte]]<ref name="Dumarcet309-312"/>{{,}}<ref name="Gérard109-110">{{harvsp|id=GérardArchives|texte=Gérard 2013|p=109-110}}.</ref>. D'Elbée est exécuté entre le {{date-|6 janvier- 1794-}} et le {{date-|9 janvier 1794-}}{{note|groupe=A|texte=Les dates de l'interrogatoire et de la mort de d'Elbée sont incertaines et varient selon les sources. Le 8 janvier, le représentants en mission [[Louis Turreau|Turreau]] et [[Pierre Bourbotte|Bourbotte]] écrivent au [[Comité de Salut public]] que d'Elbée, Duhoux, Wieland et Palvados {{Citation|n'existent plus}}<ref name="Gérard116">{{harvsp|id=GérardArchives|texte=Gérard 2013|p=116}}.</ref>{{,}}<ref name="Chassin489-490"/>. La copie de l'interrogatoire de d'Elbée par François Piet donne la date du 20 [[nivôse]], soit le 9 janvier<ref name="Chassin489-490"/>. L'aquarelle réalisée par Fachot, officier d'état-major et capitaine du génie, représentant un portrait de d'Elbée {{Citation|dessiné d'après nature au conseil de guerre lors de son interrogatoire}} donne quant à elle la date du 14 nivôse, soit le 3 janvier<ref name="Chassin489-490"/>{{,}}<ref name="Gérard298">{{harvsp|id=GérardArchives|texte=Gérard 2013|p=298}}.</ref>. Dans ses mémoires l'adjudant-général [[Dominique Aubertin]] affirme que d'Elbée est parmi les derniers à être fusillé<ref name="Aubertin93-94">{{harvsp|id=Aubertin|texte=Aubertin 1824|p=93-94}}.</ref>. Du côté des historiens, [[Alain Gérard (historien)|Alain Gérard]] donne le 6 janvier<ref name="Gérard296">{{harvsp|id=GérardArchives|texte=Gérard 2013|p=296}}.</ref>, Jacques Hussenet le 6 ou le 7 janvier<ref name="Hussenet42">{{harvsp|id=Hussenet|texte=Hussenet 2007|p=42}}.</ref>, [[Charles-Louis Chassin]] le 7 ou le 8 janvier<ref name="Chassin491"/> et Lionel Dumarcet le 8 janvier<ref name="Dumarcet309-312"/>.}}. Incapable de marcher, il est porté sur un fauteuil jusqu'à la place d'Armes<ref name="Dumarcet309-312"/>{{,}}{{note|groupe=A|texte=Le fauteuil sur lequel est fusillé d'Elbée appartenait à Victoire Élisabeth Mourain de L'Herbaudière, née Jacobsen. Après l'exécution, il est récupéré par un matelot qui le remet ensuite à l'abbé Jacobsen, curé de [[Mallièvre]], qui le transmet à l'abbé Dréan, curé des [[Les Epesses|Epesses]], qui lui même le remet en [[1882]] à Charles-Maurice d'Elbée, officier de l'armée de la République française et petit-neveu du général vendéen<ref name="Chassin491"/>. Il est depuis exposé au musée du [[château de Noirmoutier]].}}. Il est fusillé en compagnie de Pierre Duhoux d'Hauterive, de [[Pierre Prosper Gouffier de Boisy]] et de [[Jean-Conrad Wieland]], l'ancien commandant républicain de Noirmoutier, accusé de trahison, que les officiers royalistes tentent en vain d'innocenter au dernier moment<ref name="Dumarcet309-312"/>{{,}}<ref name="Gérard109-110"/>.

Le corps de d'Elbée est enterré dans les douves du [[château de Noirmoutier]]<ref name="Gabory900-901">{{harvsp|id=Gabory|texte=Gabory 2009|p=900-901}}.</ref>. Malgré des recherches en [[1822]], ses ossements ne peuvent être identifiés<ref name="Gabory900-901"/>.

L'épouse de d'Elbée, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive, est quant à elle fusillée le 29 janvier<ref name="Chassin491"/> en compagnie de Victoire Élisabeth Mourain de L'Herbaudière, née Jacobsen<ref name="Chassin491"/>{{,}}<ref name="Dumarcet309-312"/>{{,}}<ref name="HBD31">{{harvsp|id=HBD|texte=Baguenier Desormeaux, 1893|p=31}}.</ref>.


== Descendance ==
== Descendance ==
Son fils Louis-Joseph Maurice d’Elbée fut élevé à [[Beaupréau]]. Il servit dans les armées de [[Napoléon]] il s’illustra à [[Leipzig]], et à la [[bataille de Hanau]]. Blessé à Hanau, il fut fait prisonnier et transporté à l'hôpital de [[Potsdam]] il décéda l’année suivante<ref>[http://www.esag.terre.defense.gouv.fr/Vauban-LdG-telecharger/LG_25.PDF] Jacques Dupire - Le général d'Elbée. - En "La lettre du génie"</ref>.
Louis-Joseph Maurice d’Elbée, fils de Maurice d'Elbée, est élevé à [[Beaupréau]]. Il sert dans les armées de [[Napoléon]] et participe notamment à la [[bataille de Leipzig]], et à la [[bataille de Hanau]], il est blessé et fait prisonnier. Transporté à l'hôpital de [[Potsdam]], il décède l'année suivante<ref>[http://www.esag.terre.defense.gouv.fr/Vauban-LdG-telecharger/LG_25.PDF] Jques Dupire - Le général d'Elbée. - En "La lettre du génie"</ref>.


La famille d'Elbée, actuellement subsistante, conserve le souvenir du général d'Elbée mais ne lui est pas apparentée<ref>Bien que certains le prétendent et que des généalogies fautives existent, il n'y a aucun lien entre la famille d'Elbée et la famille Gigost d'Elbée (travaux de J-C de Vaugiraud).</ref>.
La famille d'Elbée, actuellement subsistante, conserve le souvenir du général d'Elbée mais ne lui est pas apparentée<ref>Bien que certains le prétendent et que des généalogies fautives existent, il n'y a aucun lien entre la famille d'Elbée et la famille Gigost d'Elbée (travaux de J-C de Vaugiraud).</ref>.
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{{citation bloc|A un physique agréable et distingué, d'Elbée joignait les talents nécessaires à un chef de parti. Militaire consommé, il avait formé les vendéens à la manière de combattre la plus convenable à la localité et au génie de ce peuple. Ce chef de parti avait toutes les qualités pour jouer un grand rôle. [...] D'Elbée a donné la preuve de ses talents dans l'exécution des plans. Ses lieutenants ont été battus à chaque fois qu'ils se sont écartés de ses principes. D'Elbée avait le don de la parole. Il s'exprimait avec grâce et facilité. Son éloquence était douce et persuasive. Il savait varier ses formes et ses tons. Il prenait souvent vis-à-vis des rebelles celui d'un inspiré, et il avait tellement acquis leur confiance et leur attachement, qu'après sa mort, j'ai vu des prisonniers vendéens verser des larmes, lorsqu'ils entendaient prononcer son nom<ref>[[Louis Marie Turreau]] ''Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de Vendée'', Volume 35, Partie 1, p.63-64.</ref>.|[[Louis Marie Turreau]]}}
{{citation bloc|A un physique agréable et distingué, d'Elbée joignait les talents nécessaires à un chef de parti. Militaire consommé, il avait formé les vendéens à la manière de combattre la plus convenable à la localité et au génie de ce peuple. Ce chef de parti avait toutes les qualités pour jouer un grand rôle. [...] D'Elbée a donné la preuve de ses talents dans l'exécution des plans. Ses lieutenants ont été battus à chaque fois qu'ils se sont écartés de ses principes. D'Elbée avait le don de la parole. Il s'exprimait avec grâce et facilité. Son éloquence était douce et persuasive. Il savait varier ses formes et ses tons. Il prenait souvent vis-à-vis des rebelles celui d'un inspiré, et il avait tellement acquis leur confiance et leur attachement, qu'après sa mort, j'ai vu des prisonniers vendéens verser des larmes, lorsqu'ils entendaient prononcer son nom<ref>[[Louis Marie Turreau]] ''Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de Vendée'', Volume 35, Partie 1, p.63-64.</ref>.|[[Louis Marie Turreau]]}}

{{Citation bloc|Le père de M. d'Elbée était devenu officier supérieur au service de Saxe. A sa mort, son fils fut placé en France dans un régiment de cavalerie ; mécontent de ne pouvoir aller au-delà du grade de lieutenant, malgré ses connaissances militaires, il se retira du service. Comme [[Charles de Bonchamps|M. de Bonchamp]], il s'amusait à faire la petite guerre à des régiments et des escadrons faits en métal ; comme lui il était brave, plein d'honneur et ami dévoué. L'un et l'autre, lorsqu'ils désirèrent se marier, recherchèrent le mérite et la beauté avant la fortune. M. d'Elbée, sur le point d'unir son sort à celui d'une Nantaise très-jolie et très-riche, lui préféra, quoique peu opulent, Mlle d'Hauterive, dont l'âme sensible et généreuse et le dévouement à son mari ne peuvent être surpassés. J'ai cru devoir retracer les traits de ressemblance entre les deux héros de la Vendée; mais, autant l'extérieur de Bonchamp était gracieux et prévenant, autant celui de M. Delbée était sombre et sévère : un teint brun et jaune, des yeux vifs et enfoncés ajoutaient à sa gravité. Il était maigre et d'une taille moyenne, son langage sentencieux et lent. Dès qu'un sentiment l'occupait, il le portait jusqu'à l'exaltation. Il avait souri aux commencements de la révolution; l'esprit de [[Voltaire]] et le style de [[Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] l'avaient séduit, mais il eut horreur des premières scènes révolutionnaires. Les malheurs de la famille royale l'attachèrent pour jamais à sa cause; il vécut et mourut pour elle. M. d'Elbée et son ami [[Pierre Prosper Gouffier de Boisy|M. de Boisy]] demandèrent à mourir ensemble ; Madame d'Elbée obtint de ne pas survivre à son mari<ref name="Sapinaud32">{{harvsp|id=Sapinaud|Sapinaud de Boishuguet 1820|p=32}}.</ref>.|[[Jean de Sapinaud de Boishuguet]]}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=A|colonnes=1}}

=== Références ===
{{Références}}
{{Références}}


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Chapitre| auteur1 = Daniel-Jean Amiglio | titre = Thouars et les armées vendéennes | ouvrage = Histoire militaire des guerres de Vendée| auteur ouvrage = [[Hervé Coutau-Bégarie]] et Charles Doré-Graslin (dir.)|id=Militaire|éditeur=[[Economica]]|année=2010|pages=656|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Dominique Aubertin]] |titre=Mémoires sur la guerre de la Vendée, en 1793 et 1794, par l'adjudant-général Aubertin |lieu=Paris |éditeur=Baudoin frères, libraires-éditeurs |année=1824 |pages totales=175 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Uhh6pO3UMSwC&printsec=frontcover |id=Aubertin |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Henri Baguenier Desormeaux |titre=Documents sur Noirmoutier et sur la mort de d'Elbée et de ses compagnons |lieu=Vannes |éditeur=Imprimerie Lafolye |année=1893 |pages totales=56 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ECE6zL3MfwIC&printsec=frontcover |id=HBD |plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1= [[Charles-Louis Chassin]] | id = Chassin | titre= La préparation de la guerre de Vendée 1789-1793 |éditeur= Imprimerie Paul Dupont |lieu= Paris |année= 1892 |tome= III |pages totales= 628 |isbn= |lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=yFrhJAIdoUAC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false|plume = oui }}
* {{Ouvrage |auteur1= [[Charles-Louis Chassin]] | id = Chassin | titre= La préparation de la guerre de Vendée 1789-1793 |éditeur= Imprimerie Paul Dupont |lieu= Paris |année= 1892 |tome= III |pages totales= 628 |isbn= |lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=yFrhJAIdoUAC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false|plume = oui }}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Charles-Louis Chassin]] |titre=La Vendée Patriote 1793-1795 |tome={{III}} |lieu=Paris |éditeur=Paul Dupont, éditeur |année=1894 |pages totales=575 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=irrSAAAAMAAJ&printsec=frontcover |id=Chassin |plume=oui}}
* {{Mullié}}
* {{Ouvrage|auteurs=Philbert Doré Graslin|titre=Itinéraires de la Vendée militaire : journal de la Guerre des Géants : 1793-1801|éditeur=[[Éditions Garnier Frères]]|année=1979|pages totales=227|isbn=|id=Doré|plume=oui}}
* Jean Epois, ''d'Elbée ou l'Epiphanie sanglante'', Editions du Choletais, 224 p., 1984
* {{Ouvrage |auteur1=[[Émile Gabory]] |titre=Les Guerres de Vendée |éditeur=[[Éditions Robert Laffont]] |collection=Bouquins |année=2009 |pages totales=1504 |isbn=978-2-221-11309-7 |id=Gabory |plume=oui}}
* {{ouvrage|auteurs=[[Alain Gérard (historien)|Alain Gérard]]|id=GérardTerreur|titre= Par principe d'humanité... : La Terreur et la Vendée |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1999|pages=590|isbn=978-2213603995 |plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteurs=[[Alain Gérard (historien)|Alain Gérard]]|titre=Vendée|sous-titre=les archives de l'extermination|lieu=La Roche-sur-Yon|éditeur=[[Centre vendéen de recherches historiques]]|année=2013|pages totales=684|isbn=978-2-911253-55-3|id=GérardArchives|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Yves|nom1=Gras|lien auteur1=Yves Gras|titre=La guerre de Vendée|sous-titre=1793-1796|lieu=Paris|éditeur=[[Economica]]|collection=Campagnes et stratégies|année=1994|pages totales=184|isbn=978-2-7178-2600-5|id=Gras|plume=oui}}.
* {{de}} {{Ouvrage|auteur1= Christian Gründig|titre=''Französische Lebenswelten in der Residenz. Akteure, Räume und Modalitäten französisch-sächsischer Verflechtung im augusteischen Dresden, 1694–1763''|lieu=Heidelberg|éditeur=Heidelberg University Publishing|année=2022|isbn=978-3-96822-177-9|chap=12.4 (« Maurice Gigost d'Elbée »), {{p.|406-412}}|id=Gründig|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|auteurs=Jacques Hussenet (dir.)|titre=« Détruisez la Vendée ! » Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée|lieu=La Roche-sur-Yon|éditeur=[[Centre vendéen de recherches historiques]]|année=2007|pages totales=634|isbn=|id=Hussenet|plume=oui}}
* {{ouvrage|auteurs=[[Jean de Sapinaud de Boishuguet]]|id=Sapinaud|titre=Élégies vendéennes, dédiées à Mme la marquise de La Rochejaquelin|lieu= Paris |éditeur=Adrien Leclerc, Imprimeur-libraire|année=1820|pages totales=120|isbn=|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5427021v.r=%C3%A9l%C3%A9gies%20vend%C3%A9ennes?rk=21459;2|plume=oui}}.


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Maurice Gigost d'Elbée
Maurice d'Elbée
Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée, huile sur toile de Paulin Guérin, 1827, musée d'Art et d'Histoire de Cholet.

Surnom Général la Providence
Naissance
Dresde (Électorat de Saxe)
Décès Entre le et le (à 41 ans)
Noirmoutier (République française)
Fusillé
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France (1772-1783)
Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens (1793-1794)
Arme Cavalerie
Grade Généralissime
Commandement Armée catholique et royale
Conflits Guerre de Vendée
Faits d'armes 2e Bataille de Chemillé
Bataille de Vezins
1re Bataille de Beaupréau
Bataille de Thouars
Bataille de La Châtaigneraie
1re Bataille de Fontenay-le-Comte
Bataille de Nantes
2e Bataille de Luçon
3e Bataille de Luçon
2e Bataille de Chantonnay
Bataille de Torfou
Bataille du Pallet
Bataille de Treize-Septiers
2e Deuxième de Châtillon
Bataille de La Tremblaye
Bataille de Cholet
3e Bataille de Noirmoutier

Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée[1], né le à Dresde et mort entre le et le à Noirmoutier, est un militaire français.

Chef royaliste pendant la guerre de Vendée, il est généralissime de l'Armée catholique et royale, succédant à Cathelineau, de juillet à octobre 1793. Grièvement blessé à la bataille de Cholet, il est capturé puis fusillé après la troisième bataille de Noirmoutier.

Biographie[modifier | modifier le code]

Vie sous l'Ancien Régime[modifier | modifier le code]

La Loge, habitation de d'Elbée, gravure de Thomas Drake, 1856.

Maurice d'Elbée naît à Dresde le [2]. Fils de Maurice Gigost d'Elbée, seigneur de la Gobinière et de La Loge-Vaugirault (1695-1763), alors conseiller privé du Roi de Pologne établi à Dresde, en Saxe, et de Marie Thérèse de Mussant (décédée en 1790), Maurice d'Elbée naquit dans une famille de tradition militaire. Il est naturalisé français en 1757[2],[3].

Le 1er juin 1772, il est sous-lieutenant au régiment du Dauphin cavalerie et le , il est lieutenant au 5e régiment de chevau-légers[2]. Il démissionne de l'armée le [2]. Il se retire alors à Beaupréau, en Anjou[2].

Il se marie le en l’église de La Gaubretière, avec Marguerite-Charlotte du Houx d’Hauterive, pupille de son ami le marquis de Boisy. Dès lors il vécut retiré dans un bien de campagne près de Beaupréau en Anjou (aujourd'hui Maine-et-Loire). Son fils Louis-Joseph Maurice d’Elbée, né le , lui survivra.

En 1789, d'Elbée se montre d'abord favorable à la Révolution française[4]. Le , il participe à la Fête de la Fédération à Paris, où il représente le Maine-et-Loire[4].

Général de l'Armée catholique et royale[modifier | modifier le code]

D'Elbée protégeant les prisonniers républicains après la bataille de Chemillé, peinture de Marie Félix Edmond de Boislecomte.

En mars 1793, l'insurrection contre la levée en masse provoque le début de la guerre de Vendée. Les paysans insurgés viennent trouver d'Elbée en raison de son expérience militaire et le contraignent à prendre la tête de leur rassemblement[4].

Le 11 avril, les forces de l'Elbée parviennent à repousser la contre-attaque républicaine à la bataille de Chemillé. Après ce combat, des combattants vendéens se rassemblent devant l'église du bourg de Chemillé en réclamant la mise à mort des prisonniers républicains qui y sont enfermés[5],[6]. Le général d'Elbée arrive alors au milieu de la foule pour tenter de ramener le calme[5],[6]. À sa demande, les hommes se mettent à genou pour réciter le Pater Noster[5],[6]. Cependant lorsque les insurgés arrivent aux paroles « pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », d'Elbée les interrompt : « Arrêtez ! Ne mentez pas à Dieu ! Vous osez lui demander de vous pardonner comme vous pardonnez aux autres alors que vous êtes prêts à vous venger de vos ennemis ! »[5],[6]. Ces déclarations ne provoquent aucune contestation et les prisonniers sont ainsi sauvés[5],[6]. L'épisode est alors appelé le « Pater de d'Elbée »[7].

D'Elbée participe ensuite à plusieurs combats victorieux contre les républicains avec la bataille de Vezins le 19 avril[8], la bataille de Beaupréau le 22[9] et la prise de Thouars le 5 mai, où d'Elbée reçoit la capitulation de la garnison républicaine par le juge de paix Redon de Puy Jourdain[10].

Les Vendéens se tournent ensuite vers Fontenay-le-Comte, dans le sud de la Vendée. Une première attaque échoue le 16 mai et d'Elbée est blessé, mais les insurgés prennent leur revanche le 24 mai, où ils mettent en déroute les forces républicaines et font 3 000 prisonniers[11].

Le 21 juin, d'Elbée participe à la bataille de Nantes[12], qui s'achève par la victoire des forces républicaines[12]. Le généralissime Jacques Cathelineau est mortellement blessé[12] et succombe le 14 juillet[13].

Le 19 juillet, d'Elbée est élu par un conseil de guerre généralissime de Armée catholique et royale pour succéder à Jacques Cathelineau[14]. Il décide d'attaquer la ville de Luçon mais il subit deux lourdes défaites devant cette ville le 30 juillet et le 14 août[14].

Mort à Noirmoutier[modifier | modifier le code]

Mort du général d'Elbée, huile sur toile de Julien Le Blant, 1878, Musée de Noirmoutier.
Représentation du général d'Elbée avec chapeau noir et cocarde, plumet et mouchoir de tête blancs, bandeau sur l'œil droit, veste rose à revers noirs, culotte blanche, bottes noires et écharpe blanche à la ceinture avec deux pistolets et un sabre. En arrière-plan figurent à droite un arbre et à gauche des murailles et des tours escaladées avec des échelles par des soldats républicains.
D'Elbée : l'un des principaux chefs de l'armée royale et catholique des brigands de la Vendée, pris et fusillé après la prise de l'Isle de Noirmoutier. Dessiné d'après nature au conseil de guerre lors de son interrogatoire, le 14 nivôse an II par le citoyen Fachot, officier d'état-major et capitaine du génie, 1794, Bibliothèque nationale de France.

Le 17 octobre 1793, l'armée vendéenne est complètement défaite à la bataille de Cholet et d'Elbée est grièvement blessé lors des combats[15]. Il ne prend pas part à la virée de Galerne et est transporté à Beaupréau, sous la protection de 1 500 hommes commandés par Pierre Cathelineau, le frère de Jacques Cathelineau[16]. Il est bientôt rejoint par son épouse, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive ; son beau-frère, Pierre Duhoux d'Hauterive ; et de son ami Pierre Prosper Gouffier de Boisy[16],[17].

Vers fin octobre ou début novembre 1793, d'Elbée, escorté par la troupe de Cathelineau, rejoint Charette à Touvois[16],[18]. Sur les conseils de ce dernier, il part trouver refuge à l'île de Noirmoutier, qu'il atteint le 2 ou le 3 novembre[16]. D'après son petit-neveu, Charles-Maurice d'Elbée, et la marquise de Bonchamps, il aurait été hébergé à l'hôtel Jacobsen, avant d'être transporté dans la maison de madame Mourain à l'approche des troupes de Haxo[19],[20]. Selon François Piet, il résidait dans une maison appelée La Maduère[19],[20].

Le 3 janvier 1794, les troupes républicaines débarquent sur l'île de Noirmoutier et la garnison vendéenne capitule[19]. D'Elbée est rapidement découvert et fait prisonnier[19],[21],[A 1]. L'ancien généralissime est interrogé par les représentants en mission et par le général Turreau à une date incertaine[19],[21],[A 2]. Le procès-verbal de son interrogatoire est rédigé par le capitaine François Piet[19].

Malgré les promesses du général Haxo, tous les prisonniers vendéens sont fusillés sur ordre des représentants en mission Prieur de la Marne, Turreau et Bourbotte[19],[24]. D'Elbée est exécuté entre le et le [A 3]. Incapable de marcher, il est porté sur un fauteuil jusqu'à la place d'Armes[19],[A 4]. Il est fusillé en compagnie de Pierre Duhoux d'Hauterive, de Pierre Prosper Gouffier de Boisy et de Jean-Conrad Wieland, l'ancien commandant républicain de Noirmoutier, accusé de trahison, que les officiers royalistes tentent en vain d'innocenter au dernier moment[19],[24].

Le corps de d'Elbée est enterré dans les douves du château de Noirmoutier[30]. Malgré des recherches en 1822, ses ossements ne peuvent être identifiés[30].

L'épouse de d'Elbée, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive, est quant à elle fusillée le 29 janvier[21] en compagnie de Victoire Élisabeth Mourain de L'Herbaudière, née Jacobsen[21],[19],[31].

Descendance[modifier | modifier le code]

Louis-Joseph Maurice d’Elbée, fils de Maurice d'Elbée, est élevé à Beaupréau. Il sert dans les armées de Napoléon et participe notamment à la bataille de Leipzig, et à la bataille de Hanau, où il est blessé et fait prisonnier. Transporté à l'hôpital de Potsdam, il décède l'année suivante[32].

La famille d'Elbée, actuellement subsistante, conserve le souvenir du général d'Elbée mais ne lui est pas apparentée[33].

Regards contemporains et postérité[modifier | modifier le code]

« Dans la grande armée, le principal chef était, en ce moment, M. d'Elbée ; il commandait plus particulièrement les gens des environs de Cholet et de Beaupréau. C'était un ancien sous-lieutenant d'infanterie, retiré depuis quelques années ; il avait alors quarante ans ; il était de petite taille, n'avait jamais vécu à Paris ni dans le monde ; il était extrêmement dévot, enthousiaste, d'un courage extraordinaire et calme : c'était son principal mérite. Son amour-propre se blessait facilement : il s'emportait sans propos, quoiqu'il fût d'une politesse cérémonieuse, il avait un peu d'ambition, mais bornée comme toutes ses vues. Dans les combats il ne savait qu'aller en avant, en disant : « Mes enfants, la Providence nous donnera la victoire. » Sa dévotion était très-réelle ; mais comme il voyait que c'était un moyen de s'attacher les paysans et de les animer, il y mettait beaucoup d'affectation et un ton de charlatanisme que l'on trouvait souvent ridicule ; il portait sous son habit de pieuses images ; il faisait des sermons et des exhortations aux soldats, et surtout il parlait toujours de la Providence ; au point que les paysans, bien qu'ils l'aimassent beaucoup et qu'ils respectassent tout ce qui tenait à la religion, l'avaient, sans y entendre malice, surnommé le général la Providence. Malgré ces petits ridicules, M. d'Elbée était au fond un homme si estimable et vertueux, que tout le monde avait pour lui de l'attachement et de la déférence[34]. »

— Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires.

« A un physique agréable et distingué, d'Elbée joignait les talents nécessaires à un chef de parti. Militaire consommé, il avait formé les vendéens à la manière de combattre la plus convenable à la localité et au génie de ce peuple. Ce chef de parti avait toutes les qualités pour jouer un grand rôle. [...] D'Elbée a donné la preuve de ses talents dans l'exécution des plans. Ses lieutenants ont été battus à chaque fois qu'ils se sont écartés de ses principes. D'Elbée avait le don de la parole. Il s'exprimait avec grâce et facilité. Son éloquence était douce et persuasive. Il savait varier ses formes et ses tons. Il prenait souvent vis-à-vis des rebelles celui d'un inspiré, et il avait tellement acquis leur confiance et leur attachement, qu'après sa mort, j'ai vu des prisonniers vendéens verser des larmes, lorsqu'ils entendaient prononcer son nom[35]. »

— Louis Marie Turreau

« Le père de M. d'Elbée était devenu officier supérieur au service de Saxe. A sa mort, son fils fut placé en France dans un régiment de cavalerie ; mécontent de ne pouvoir aller au-delà du grade de lieutenant, malgré ses connaissances militaires, il se retira du service. Comme M. de Bonchamp, il s'amusait à faire la petite guerre à des régiments et des escadrons faits en métal ; comme lui il était brave, plein d'honneur et ami dévoué. L'un et l'autre, lorsqu'ils désirèrent se marier, recherchèrent le mérite et la beauté avant la fortune. M. d'Elbée, sur le point d'unir son sort à celui d'une Nantaise très-jolie et très-riche, lui préféra, quoique peu opulent, Mlle d'Hauterive, dont l'âme sensible et généreuse et le dévouement à son mari ne peuvent être surpassés. J'ai cru devoir retracer les traits de ressemblance entre les deux héros de la Vendée; mais, autant l'extérieur de Bonchamp était gracieux et prévenant, autant celui de M. Delbée était sombre et sévère : un teint brun et jaune, des yeux vifs et enfoncés ajoutaient à sa gravité. Il était maigre et d'une taille moyenne, son langage sentencieux et lent. Dès qu'un sentiment l'occupait, il le portait jusqu'à l'exaltation. Il avait souri aux commencements de la révolution; l'esprit de Voltaire et le style de Rousseau l'avaient séduit, mais il eut horreur des premières scènes révolutionnaires. Les malheurs de la famille royale l'attachèrent pour jamais à sa cause; il vécut et mourut pour elle. M. d'Elbée et son ami M. de Boisy demandèrent à mourir ensemble ; Madame d'Elbée obtint de ne pas survivre à son mari[36]. »

— Jean de Sapinaud de Boishuguet

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dans une lettre à son oncle, le brigadier Auguste Dalicel, du 3e bataillon de volontaires de Lot-et-Garonne, affirme que c'est lui et le lieutenant Guillemet qui découvrirent d'Elbée[22].
  2. « Les généraux Haxo et Dutruy accompagnèrent les commissaires conventionnels dans la maison qu'habitait d'Elbée. Ce chef, successeur de Cathelineau, dans le commandement de la grande armée royaliste, ayant été blessé dangereusement à l'affaire de Cholet le 17 octobre, s'était fait transporter à Noirmoutier, pour s'y faire soigner avec plus de sûreté. Il partageait alors le sort des malheureux qui n'avaient pas eu le courage de le défendre, ni de se soustraire eux-mêmes à une mort plus certaine que sur le champ de bataille. Une garde avait été placée à sa porte, autant pour lui que pour son épouse. Les représentans lui adressèrent quelques questions, auxquelles il répondit brièvement en partie, gardant le silence sur le reste. Ils lui demandèrent, entr'autres, son opinion sur les deux généraux qui étaient présens, mais qu'il ne connaissait pas de vue; sa réponse fut honorable pour le général Haxo, et il ne s'expliqua point sur Dutruy. Fatigué bientôt de cet interrogatoire, il pria qu'on le laissât tranquille, et qu’on respectât sa femme, jusqu'à ce qu'on eût décidé sur leur sort[23]. »

    — Mémoires de l'adjudant-général Aubertin.

  3. Les dates de l'interrogatoire et de la mort de d'Elbée sont incertaines et varient selon les sources. Le 8 janvier, le représentants en mission Turreau et Bourbotte écrivent au Comité de Salut public que d'Elbée, Duhoux, Wieland et Palvados « n'existent plus »[25],[17]. La copie de l'interrogatoire de d'Elbée par François Piet donne la date du 20 nivôse, soit le 9 janvier[17]. L'aquarelle réalisée par Fachot, officier d'état-major et capitaine du génie, représentant un portrait de d'Elbée « dessiné d'après nature au conseil de guerre lors de son interrogatoire » donne quant à elle la date du 14 nivôse, soit le 3 janvier[17],[26]. Dans ses mémoires l'adjudant-général Dominique Aubertin affirme que d'Elbée est parmi les derniers à être fusillé[27]. Du côté des historiens, Alain Gérard donne le 6 janvier[28], Jacques Hussenet le 6 ou le 7 janvier[29], Charles-Louis Chassin le 7 ou le 8 janvier[21] et Lionel Dumarcet le 8 janvier[19].
  4. Le fauteuil sur lequel est fusillé d'Elbée appartenait à Victoire Élisabeth Mourain de L'Herbaudière, née Jacobsen. Après l'exécution, il est récupéré par un matelot qui le remet ensuite à l'abbé Jacobsen, curé de Mallièvre, qui le transmet à l'abbé Dréan, curé des Epesses, qui lui même le remet en 1882 à Charles-Maurice d'Elbée, officier de l'armée de la République française et petit-neveu du général vendéen[21]. Il est depuis exposé au musée du château de Noirmoutier.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bien que son extrait de naissance ne mentionne pas le nom de Gigost, on l'appellera souvent ainsi. C'est vraisemblablement au XVIIe siècle que la famille Gigost s'adjoint le nom de d'Elbée.
  2. a b c d et e Chassin, t. III, 1892, p. 433.
  3. Gründig 2022, p. 406-410.
  4. a b et c Gérard 1999, p. 95.
  5. a b c d et e Hussenet 2007, p. 191-192.
  6. a b c d et e Doré Graslin 1979, p. 46.
  7. Gras 1994, p. 31-32.
  8. Gabory 2009, p. 150
  9. Gabory 2009, p. 151
  10. Amiglio 2010, p. 241.
  11. Gabory 2009, p. 163-164
  12. a b et c Gérard 1999, p. 249.
  13. Gérard 1999, p. 140.
  14. a et b Hussenet 2007, p. 36.
  15. Gérard 1999, p. 188.
  16. a b c et d Dumarcet 1998, p. 285.
  17. a b c et d Chassin, t. III, 1894, p. 489-490.
  18. Baguenier Desormeaux, 1893, p. 10-11.
  19. a b c d e f g h i j et k Dumarcet 1998, p. 309-312.
  20. a et b Gabory 2009, p. 334-337
  21. a b c d e et f Chassin, t. III, 1894, p. 491.
  22. Chassin, t. III, 1894, p. 493-494.
  23. Aubertin 1824, p. 87-88.
  24. a et b Gérard 2013, p. 109-110.
  25. Gérard 2013, p. 116.
  26. Gérard 2013, p. 298.
  27. Aubertin 1824, p. 93-94.
  28. Gérard 2013, p. 296.
  29. Hussenet 2007, p. 42.
  30. a et b Gabory 2009, p. 900-901.
  31. Baguenier Desormeaux, 1893, p. 31.
  32. [1] Jques Dupire - Le général d'Elbée. - En "La lettre du génie"
  33. Bien que certains le prétendent et que des généalogies fautives existent, il n'y a aucun lien entre la famille d'Elbée et la famille Gigost d'Elbée (travaux de J-C de Vaugiraud).
  34. Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein, Mémoires de Madame la marquise de la Rochejaquelein, sixième édition, 1848. p.149-150.
  35. Louis Marie Turreau Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de Vendée, Volume 35, Partie 1, p.63-64.
  36. Sapinaud de Boishuguet 1820, p. 32.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]