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« Gaule narbonnaise » : différence entre les versions

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| carte =Narbonensis SPQR.png
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| légende =La province romaine de Narbonnaise vers l'an [[120]]
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L'expression '''Gaule narbonnaise''' (''Gallia narbonensis'' en latin) désigne, chez certains historiens du {{s-|XIX|e}}, une [[province romaine]] ainsi nommée dès [[-118|118 {{av JC}}]] après la fondation de la colonie romaine de Narbonne. En réalité, la province a été successivement nommée :
L'expression '''Gaule narbonnaise''' (en latin ''Gallia narbonensis'') désigne dans l'historiographie française
la [[province romaine]] établie dans le sud-est de la [[Gaule]] sur un territoire s'étendant de [[Toulouse]] à [[Vienne (Isère)|Vienne]] en passant par [[Narbonne]], [[Nîmes]] et [[Orange (Vaucluse)|Orange]], conquis entre 125 et [[-120|120 {{av JC}}]]. Elle est ainsi appelée d'après le nom de la [[colonie romaine]] de [[Narbo Martius]] ([[Narbonne]]), fondée en [[-118|118 {{av JC}}]], qui en devient le chef-lieu.
* « [[Gaule transalpine]] » après sa conquête par Rome ;
* « [[Gaule romaine]] » après la [[conquête des Gaules|conquête du reste de la Gaule]] par [[Jules César]], pour la distinguer de la [[Gaule chevelue]] (mais l'expression « Gaule transalpine » a continué d'être utilisée) ;
* « Narbonnaise » après la réorganisation des Gaules par l'empereur [[Auguste]], en même temps que sont créées les provinces de [[Gaule Belgique]], de [[Gaule Lyonnaise]] et d'[[Gaule Aquitaine|Aquitaine]].


La conquête par Rome de cette partie de la Gaule intervient deux décennies après la [[Guerres puniques|destruction de Carthage]] en [[-146|146 {{av JC}}]]. Rome intervient en -125 pour protéger son alliée, la cité grecque de [[Marseille antique|Marseille]], contre des attaques du peuple des [[Salyens]]. Mais ce conflit s'étend rapidement à d'autres peuples de Gaule, notamment les [[Allobroges]] et les [[Arvernes]] opposées à Rome et les [[Éduens]], alliés de Rome. La défaite des Allobroges en -121 met fin au conflit.
À la suite de la réorganisation de l'Empire par [[Dioclétien]] (vers 300), sont créées les provinces de Narbonnaise première, de Narbonnaise seconde et de [[Viennois]]e.


Une des conséquences de la conquête est de permettre une liaison terrestre entre l'[[Italie (époque romaine)|Italie]], déjà romaine, et l'[[Hispanie romaine|Hispanie]], où Rome est bien implantée, grâce à la construction de la [[voie Domitienne]] (prolongée à cette époque par la route du [[col de Montgenèvre]]).
La Provence doit son nom à l'époque [[Rome antique|romaine]] : première conquête de la [[Gaule transalpine]] entre [[-58|58]] et [[-51|51 av. J.-C.]] Selon Victor Chapot, membre de l'Institut de France, elle est intégrée à la [[province romaine]] (en latin ''Provincia'') du nom de [[Viennoise]], dont la capitale est [[Vienne (Isère)|Vienne]], sous le règne de [[Dioclétien]]. [[Jules César|César]] dans la [[Guerre des Gaules]] dit passer de ''Provincia'' en ''Narbonnensis''.

== La conquête romaine ==
Quelques décennies plus tard, en -58, Jules César, [[Gouverneur romain|gouverneur]] de Gaule narbonnaise et de [[Gaule cisalpine]], intervient dans un conflit en [[Gallia comata|Gaule chevelue]], qui finit par être conquise en [[-52|52 {{av JC}}]]. La province de Narbonnaise, déjà romanisée, reste à part des « Trois Gaules » créées par [[Auguste]] ([[Gaule lyonnaise|Lyonnaise]], [[Gaule aquitaine|Aquitaine]], [[Gaule belgique|Belgique]]), dont les cités sont représentées chaque année à la cérémonie impériale au [[Sanctuaire fédéral des Trois Gaules|sanctuaire fédéral]] de [[Lyon pendant l'Antiquité|Lyon]].
[[Fichier:Map Gallia Tribes Towns.png|vignette|upright=1|La Gaule narbonnaise (''Gallia narbonnensis''), avant la conquête romaine par [[Jules César]] ([[-58|58]] {{av JC}}).]]

À la suite des [[Tétrarchie|réformes]] de [[Dioclétien]] en 285, en revanche, la Narbonnaise est intégrée au [[Diocèse de Vienne (Empire romain)|diocèse de Vienne]] (chef-lieu : [[Burdigala|Bordeaux]]) et à la [[préfecture du prétoire des Gaules]] (capitale : [[Augusta Treverorum|Trèves]]).

« Province » romaine de Gaule par excellence, elle transmet ce nom à la [[Provence]] au début du Moyen Âge.

== Noms successifs de la Narbonnaise ==
{{...}}

=== Citations d'auteurs latins ===
*[[Pline l'Ancien]] (23-79), ''Histoire naturelle'', III, 31 (extrait d'un texte cité en entier plus bas) :
**''Narbonensis provincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta''
**« On appelle '''province Narbonnaise''', autrefois nommée '''''Bracata''''' la partie des [[Gaule]]s qui est sur le littoral de la [[Mer Méditerranée|mer Intérieure]] ». Le mot ''bracata'', formé sur le nom des braies gauloises (''bracae''), est difficilement traduisible en français.
*Pline l'Ancien, ''Histoire naturelle'', IV, 105 (cité par le dictionnaire latin-français [[Dictionnaire illustré latin-français|Gaffiot]])
** ''Gallia Narbonensis''
** « '''Gaule Narbonnaise''' »

=== Noms ===
Juste après la conquête, cette province est d'abord nommée ou surnommée :
* {{refnec|''Gallia transalpina '' (« [[Gaule transalpine]] »)}} par opposition à la [[Gaule cisalpine]], conquise par Rome dès [[-200]] ;
* ''Gallia Bracata'', allusion aux [[Braies (vêtement)|braies]] (''bracae'') portées par les Gaulois, alors que les Gaulois de Gaule cisalpine sont déjà vêtus à la romaine. Pline, qui écrit vers 50 de notre ère, dit que ce nom était employé « auparavant » (''antea''), ce qui n'est pas très précis, mais renvoie sans doute à une période antérieure à l'avènement d'Auguste (26 avant notre ère).

Après la [[conquête des Gaules|conquête]] de la [[Gallia comata|Gaule chevelue]] par [[Jules César]], elle est dite :
* {{refnec|''Gallia romana'' (« [[Gaule romaine]] »)}}, pour la distinguer de la [[Gaule chevelue]], l'expression « Gaule transalpine » {{refnec|continuant d'être utilisée}} ;
* ''Provincia Narbonensis'' (« province Narbonnaise ») après la réorganisation des Gaules par [[Auguste]], au moment de la création en Gaule chevelue des provinces de [[Gaule lyonnaise]] (chef-lieu : Lyon), de [[Gaule belgique]] (chef-lieu : [[Reims]]), et de [[Gaule aquitaine]] (chef-lieu : [[Saintes]], puis [[Bordeaux]]).
* ''Gallia Narbonensis'' (« Gaule Narbonnaise »)

== Géographie ==
Telle qu'il apparait une fois la situation stabilisée, le territoire de la Narbonnaise va de l'est des Pyrénées aux Alpes et de [[Tolosa (Toulouse)|Toulouse]] (inclusivement) sur la Garonne au [[lac Léman]] en contournant le Massif central.

=== Provinces et peuples limitrophes ===
Au sud des Pyrénées, en [[Hispanie]], c'est la [[Tarraconaise|province de Tarraconnaise]] ([[Tarragone]]). La limite est à [[Port-Vendres]] et au [[col du Perthus]].

À l'ouest de la Narbonnaise, se trouve la région de Gaule que les Romains appellent [[Aquitaine protohistorique|Aquitaine]]<ref>César, La Guerre des Gaules, 1. L'Aquitaine préromaine est plus petite que l'[[Gaule aquitaine|Aquitaine romaine]], qui s'étend des Pyrénées à la Loire.</ref>, au sud et à l'ouest de la [[Garonne]], où le peuplement est marqué par la [[Basques|civilisation basque]] (cf. le nom ancien d'[[Auch]] : ''[[Elimberri]]''), bien qu'il y ait aussi des Celtes (''[[Lugdunum Convenarum]]'', [[Saint-Bertrand-de-Comminges]]). Les peuples limitrophes en Aquitaine sont les [[Convènes]] (Saint-Bertrand-de-Comminges) et les [[Ausques]] (Auch).

Au nord, s'étend la région que les Romains appellent [[Celtes|Celtique]] (entre la Garonne et la Seine), avec les peuples gaulois limitrophes (du sud-ouest vers le nord-est) des [[Nitiobroges]] ([[Agen]]), des [[Cadurques]] ([[Cahors]]), des [[Ruthènes]] ([[Rodez]]), des [[Gabales]] ([[Javols]]), des [[Vellaves]] (''Ruessio'', [[Saint-Paulien (Haute-Loire)|Saint-Paulien]]), des [[Arvernes]], des [[Ségusiaves]], des [[Ambarres]], des [[Séquanes]] et des [[Helvètes]] .

Les Alpes restent pour une large part hors de Narbonnaise, étant habitées par des populations que les Romains soumettront seulement à partir du règne d'[[Auguste]] et qui formeront ensuite les provinces des [[Alpes maritimes (province romaine)|Alpes maritimes]], des [[Alpes cottiennes]], des [[Alpes grées]] et des [[Alpes pennines]].

=== Relief, hydrographie et villes ===
La province de Narbonnaise inclut donc
*le Rhône jusqu'au niveau de Vienne pour la rive droite, avec les villes de [[Nîmes]] (''[[Nemausus]]'') et d'[[Alba-la-Romaine|Alba]] (cité des [[Helviens]]) ; jusqu'au lac Léman pour la rive gauche, avec [[Vienne (Isère)|Vienne]] (''Vienna''), [[Orange (Vaucluse)|Orange]] (''[[Arausio]]''), [[Vaison-la-Romaine|Vaison]] (''Vasio'') et plus tard [[Arles]] (''[[Histoire d'Arles à l'époque romaine|Arelate]]'') (-45)
*une partie des Alpes ;
*le littoral méditerranéen du [[Var (fleuve)|Var]] à [[Cerbère (Pyrénées-Orientales)|Cerbère]] (''Cervaria''), avec les villes grecques du littoral (à partir d'[[Antibes]] ; [[Nice]] est hors de Narbonnaise) ;
*les plateaux et plaines au sud du [[Massif central]], avec les villes gauloises de [[Toulouse]] (''[[Tolosa (Toulouse)|Tolosa]]''<ref>Nom d'origine probablement basque. Cf. [[Tolosa (Guipuscoa)|Tolosa]], [[Guipuscoa|province de Guipuscoa]].</ref>) et de Béziers (?) et les villes romaines de [[Narbonne]] (''[[Narbo Martius]]'')
*le versant nord des Pyrénées jusqu'au niveau du [[Val d'Aran]] (exclusivement) ;
*la [[Garonne]] des environs de [[Saint-Gaudens]] jusqu'au confluent du [[Tarn (rivière)|Tarn]]<ref>[[Georges Duby]] (dir.), ''Atlas historique'', Paris, Larousse, 1978, page 22, carte de « La Gaule vers -60 ». Selon cette carte, la haute vallée de la Garonne (en amont de Saint-Gaudens) est tenue par la cité des [[Convènes]], non intégrée à la Narbonnaise.</ref>.

== Histoire ==
=== Avant la conquête ===
Dans l'ensemble que les Romains appellent la [[Gaule]] (''Gallia''), qui s'étend des Pyrénées aux Alpes et au Rhin, les habitants, que les Romains appelle « [[Gaulois (peuples)|Gaulois]] » est principalement d'origine celte ou celtisée. Cette population est divisée en de plusieurs entités politiques indépendantes (en général dirigées par une aristocratie guerrière), les cités gauloises, dont certains sont bien connues des Romains dès le {{s-|II}} avant notre ère ([[Arvernes]], [[Éduens]], notamment).

Un certain nombre des peuples de Gaule ne sont cependant pas celtes. En ce qui concerne la Narbonnaise d'avant la conquête, on trouve quelques cités grecques, issues de la colonisation de la [[période archaïque]]. La principale est [[Marseille]] (''[[Marseille antique|Massalia]]''), colonie de la cité [[ionie|ionienne]] de [[Phocée]], mais aussi [[Nice]] (''Nikaia''), [[Antibes]] (''Antipolis''), [[Agde]] (''Agathè''), [[Monaco]] (''Monoïkos''), anciennement colonie [[Phéniciens|phénicienne]], etc., dont le rôle économique est fondamental.

Parmi les autres cités (celtes ou préceltiques) de Narbonnaise, on peut citer les suivantes : les [[Volques Tectosages]] (Toulouse), les [[Volques Arécomiques]] (Nîmes), les [[Sardones]] (Elne), [[Élisyques]] (Béziers), les [[Salyens]] ([[Oppidum d'Entremont|Entremont]], vers Aix), les [[Voconces]] ([[Vaison-la-Romaine|Vaison]], [[Die (Drôme)|Die]]), les [[Helviens]] ([[Alba-la-Romaine|Alba]]), les [[Allobroges]] (Vienne) etc.

Ces cités gauloises et ligures de cette régions sont très tôt influencées par la culture grecque. Les Romains interviennent assez peu en Gaule avant la fin des [[guerres puniques]] (-146).

=== La conquête ===
==== Origines ====
{{...}}
En -146, Rome conclut les guerres puniques par la destruction de la [[Carthage|cité-État de Carthage]]. Les Romains s'installent en Afrique du Nord où ils créent la [[province d'Afrique]] (chef-lieu : [[Utique]]). Ils sont largement implantés en Hispanie, où les Carthaginois avaient de fortes positions. L'Italie du Nord, c'est-à-dire la [[Gaule cisalpine]] (de peuplement celte ou celtisé), au nord de l'[[Étrurie]], est sous leur contrôle depuis -190.

Les relations entre l'Italie et l'Hispanie ont donc lieu par mer, le sud de la Gaule n'étant pas sûr.

Rome conclut une alliance avec Marseille et avec la cité des [[Éduens]] (capitale : [[Bibracte]]), adversaires des Arvernes, dont le roi [[Bituitos]] a l'ambition d'accroitre son influence en Gaule.

==== La conquête et ses suites immédiates (de -125 à -118) ====
En 125, Marseille appelle Rome à l'aide face aux attaques des Salyens. C'est le début de l'intervention romaine dans la région.

En 122, le consul [[Gnaeus Domitius Ahenobarbus (consul en -122)|Gnaeus Domitius Ahenobarbus]] décide de prendre la guerre en main. Menacés, les chefs salyens se réfugient chez les Allobroges, alliés des Arvernes. Bituitos essaie de négocier, mais Domitius refuse. En 121, son consulat achevé, il est nommé proconsul en Gaule, assisté par le consul [[Quintus Fabius Maximus Allobrogicus|Quintus Fabius Maximus]], afin de terminer cette guerre. Malgré leurs rivalités, les deux hommes réussissent à vaincre les Allobroges et quelques autres peuples. Ils ont droit à un triomphe en 120 et Quintus Fabius reçoit le titre d'''Allobrogicus''.

La construction de la [[voie Domitienne]] (''via Domitia'', du nom de Domitius Ahenobarbus) est entreprise dès -118 afin d'établir une liaison terrestre entre l'Italie et l'[[Hispanie]]. Au sens strict, la voie Domitienne va des Pyrénées (deux branches : [[col du Perthus]] et [[Port-Vendres]]) au [[Rhône]], fleuve dépourvu de pont<ref>En aval de [[Vienne (Isère)|Vienne]], le plus ancien pont est celui de [[Pont-Saint-Esprit]], du {{s-|XIII}}. Les Romains ont par la suite installé un pont de bateaux à [[Arles]], qui a duré plusieurs siècles (dates à préciser).</ref> en passant par Nîmes. Au-delà du Rhône, le trajet principal suit la vallée de la [[Durance]] jusqu'à [[Briançon]], puis franchit les Alpes par le [[col de Montgenèvre]] et redescend ensuite vers [[Plaisance (Italie)|Plaisance]], nœud routier en Italie du Nord. À cette époque en effet, la route du littoral (par [[Vintimille]]) n'est pas praticable, ces territoires étant encore insoumis, ce qui oblige à un assez long détour. Ce n'est que sous Auguste que la [[Via Aurelia|voie Aurélienne]] (de Rome à [[Gênes]]) sera prolongée jusqu'en Narbonnaise, aux environs d'Arles.

Dès la fin de la conquête, sont fondées des villes ou des colonies, parfois associées sur des sites celtes ou ligures :
* [[Aix-en-Provence|Aix]] (''[[Aquae Sextiae]]''), en [[-122|122 av. J.-C.]] ;
* [[Narbonne]] (''Narbo Martius''), qui a le statut de [[colonie romaine|colonie de droit romain]], en [[-118|118 av. J.-C.]], sur le territoire des [[Élisyques]] ;
* [[Toulon]] (''Telo Martius''), en 118 av. J.-C.

[[Fichier:Map Gallia Tribes Towns.png|vignette|upright=1|La Gaule narbonnaise avant la guerre des Gaules (-58/-52)]]
[[Fichier:La Gaule Narbonnaise.jpg|vignette|upright=1|La Gaule narbonnaise (A.H. Dufour, ''La Gaule sous l'Empire romain'', 1846).]]
[[Fichier:La Gaule Narbonnaise.jpg|vignette|upright=1|La Gaule narbonnaise (A.H. Dufour, ''La Gaule sous l'Empire romain'', 1846).]]
Rome conquiert la région entre [[-125|125 av. J.-C.]] et [[-121|121 av. J.-C.]], après une série de campagnes dirigées notamment par [[Gnaeus Domitius Ahenobarbus (consul en -122)|Gnaeus Domitius Ahenobarbus]] et [[Quintus Fabius Maximus Allobrogicus|Fabius Maximus Allobrogicus]]. Les Romains occupent le territoire allant des Pyrénées aux Alpes et de [[Tolosa (Toulouse)|Toulouse]] au [[lac Léman]], et la construction de la ''[[Voie Domitienne|via Domitia]]'' leur permet d'établir une liaison terrestre entre l'Espagne ([[Hispanie]]) et le nord de l'Italie ([[Gaule cisalpine]]). La ville grecque de ''Massalia'' ([[Marseille]]), avec son arrière-pays, conserve son statut de cité indépendante, mais alliée à Rome.


=== Période de la République romaine (118-26 avant notre ère) ===
Dès la fin de la conquête, sont fondées des villes ou des colonies, parfois associées à des installations celtes ou ligures plus anciennes :
*''[[Aquae Sextiae]]'' ([[Aix-en-Provence|Aix]]), en [[-122|122 av. J.-C.]] ;
*''Narbo Martius'' ([[Narbonne]]), qui a le statut de [[colonie romaine]], en [[-118|118 av. J.-C.]] ;
* ''Telo Martius'' ([[Toulon]]), en 118 av. J.-C. ;
* puis ''Fossae Marianae'' à l'embouchure du [[Rhône]] (actuelle Fos-sur-Mer), vers 104 av. J.-C. ;
* ''Tolosa'' ([[Toulouse]]), la capitale des Volques Tectosages, qui est sous le contrôle d'une [[garnison]] romaine.


==== Organisation de la province ====
En 107 {{av JC}}, une révolte à ''Tolosa'' ([[Toulouse]]) contre la garnison romaine entraîne une reprise en main de Rome, par Cépion (Quintus Servilius Caepio) en 106 {{av JC}}, qui selon la légende pille les sanctuaires gaulois, qui recelaient {{unité|70|tonnes}} d'or. Ce trésor, connu sous le nom de l’« [[Or de Toulouse]] », contenait des pièces prises lors des pillages en Grèce, notamment dans les sanctuaires de Delphes, par les Volques Tectosages lors de la « [[Grande expédition]] » des Celtes dans les Balkans en 280 {{av JC}}
{{...}}
La province est confiée à un gouverneur, le premier étant Gnaeus Domitius. Le gouverneur réside à Narbonne.


L'armée romaine est présente dans un certain nombre de camps, notamment à Toulouse et à Narbonne.
Ces installations permettent à Rome de contrôler le territoire et d'assurer, en toutes saisons, la sécurité des liaisons commerciales et militaires entre les provinces romaines de l'Italie et celles de l'Espagne. Ainsi sont sous contrôle côté gaulois tous les cols des Alpes et les routes qui les traversent, toute la vallée du Rhône jusqu'au Lac Léman, englobant la sphère d'activité économique de ''Massilia'', toute la côte du Languedoc entre Rhône et Pyrénées, l'Occitanie jusqu’à ''Tolosa'', et tous les cols des Pyrénées orientales et les routes qui y passent, vers les riches provinces espagnoles. Cette conquête permet aussi à Rome de contrôler les débouchés des routes économiques gauloises vers la Méditerranée, notamment la route de l'étain, et va constituer la première étape de la conquête des Gaules par Rome, achevée par César un siècle plus tard.


Au-dessous du niveau de la province, les cités reconnues par Rome ne sont pas dirigées par un magistrat romain. Elles s'administrent elles-mêmes, assurant le maintien de l'ordre en liaison avec l'armée et s'assurant que la cité réponde aux exigences fiscales ou autres de Rome. Les dirigeants des cités sont des notables locaux, dotés du [[Ordre décurional|statut]] de [[décurion]]. Les décurions se réunissent à la [[Curie (Rome antique)|curie]], située au chef-lieu de la cité, formant une sorte de petit [[Sénat romain]]. Un des devoirs des décurions est de doter la cité des bâtiments caractéristiques de la civilisation romaine : des [[Basilique civile|basiliques]], un temple de Rome, les [[thermes]], un [[amphithéâtre]], notamment.
La province porte le nom de Gaule transalpine (par opposition à la Gaule cisalpine, conquise par Rome vers [[-200]]) ; elle est aussi surnommée ''Braccata'', en allusion aux [[Braies (vêtement)|braies]] (''braccae'') portées par ses habitants, alors que les habitants de Gaule cisalpine sont vêtus à la romaine.


Les habitants gaulois libres sont sujets de Rome ([[Pérégrin|pérégrins]]), mais certains peuvent accéder à la citoyenneté romaine, notamment les décurions, s'ils font preuve de loyauté et de comptétence.
En [[-109|109 av. J.-C.]], elle est ravagée par les [[Cimbres]], les [[Teutons]], et les [[Ambrons]] durant l'épisode de la [[guerre des Cimbres]].


==== Crise de la guerre des Cimbres (109-102) et rôle de Caius Marius ====
[[Jules César]], proconsul de Narbonnaise de [[-58|58 av. J.-C.]] à [[-49|49 av. J.-C.]], l'utilise comme base pour la [[Guerre des Gaules|conquête des Gaules]], puis il parachève enfin la conquête de la Gaule transalpine en annexant ''Massilia'', qui a pris le parti de [[Pompée]].
{{...}}
À partir de [[-109|109 av. J.-C.]], la province est touchée par la [[guerre des Cimbres]] et de leurs alliés ([[Teutons]], [[Tigurins]], etc.).


*[[Bataille d'Agen]] (107) : défaite romaine face aux Tigurins
== Le début de l'Empire ==
Durant le principat d'[[Auguste]], ''[[Narbonne|Narbo Martius]]'' ([[Narbonne]]) prend de l'importance. En [[-22|22 av. J.-C.]], il réorganise l'administration de la province de [[Gaule transalpine]], qui devient une [[Province romaine|province sénatoriale]], placée sous l'autorité du [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]]. Après avoir fixé la capitale à ''[[Narbonne|Narbo Martius]]'', la province prend le nom de « Gaule narbonnaise », divisée en 22 cités (''[[civitas|civitates]]'') de taille très inégale. Les plus grandes reprennent, à peu de chose près, les limites des anciens peuples : il en est ainsi pour la cité des [[Allobroges]] ([[Vienne (Isère)|Vienne]]), la cité des [[Volques Arécomiques|Volques]] ([[Nemausus|Nîmes]]), la cité des [[Cavares]] ([[Avignon]], [[Cavaillon]] et la colonie d’[[Orange (Vaucluse)|Orange]]), ou la cité fédérée des [[Voconces]] ([[Vasio|Vaison]]).


Au moment cette défaite, une révolte éclate dans la cité des Volques Tectosages contre la garnison romaine de Toulouse. Elle est réprimée en 106 par [[Quintus Servilius Caepio (consul en -106)|Quintus Servilius Caepio]], gouverneur proconsulaire. Selon la {{pas clair|légende}}, celui-ci aurait pillé les sanctuaires gaulois, où il aurait trouvé {{unité|70|tonnes}} d'or. Ce trésor, connu sous le nom de l’« [[or de Toulouse]] », contenait des objets pris lors des pillages en Grèce, notamment dans les sanctuaires de [[Delphes]], lors de la « [[Grande Expédition]] » des Celtes dans les Balkans en 280 {{av JC}}
''[[Narbonne|Narbo Martius]]'' devient un des plus grands ports méditerranéens de commerce, au carrefour de deux grandes routes romaines, la ''[[Voie Domitienne|via Domitia]]'' d'Italie en [[Espagne]] par la Gaule narbonnaise, construite en [[-118|118 av. J.-C.]], et la ''[[via Aquitania]]'' partant de ''[[Narbonne|Narbo Martius]]'' vers ''Tolosa'' ([[Toulouse]]) et ''Burdigala'' ([[Bordeaux]]). Les campagnes alentour sont partagées en de grands domaines agricoles, où on cultive le blé, l’olivier, qui fournit des huiles de qualité, et la vigne, qui produit des vins réputés. ''[[Narbonne|Narbo Martius]]'' connaît une période de splendeur aux deux premiers siècles de l'ère chrétienne, lorsque les ressources du terroir ainsi que les carrefours routiers et maritimes sont exploités intensivement.


En 105, Rome envoie des renforts à Servilius Caepio, sous le commandement du consul Mallius Maximus. Mais Caepio est un
Un texte de [[Pline l'Ancien]] décrit la Gaule narbonnaise, et nous donne des indications précieuses sur la manière dont elle était perçue à [[Rome]] au {{s-|I|er}} :
« noble » et Maximus un « homme nouveau ». Caepio refuse de coopérer avec lui, et cela aboutit à un désastre dans la région d'Orange.


*[[Bataille d'Orange]] (105) : défaite romaine (84 000 légionnaires et auxiliaires tués, les plus lourdes pertes depuis [[Bataille de Cannes|Cannes]])
« ''Narbonensis provincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta, amne Varo ab Italia discreta Alpiumque vel saluberrimis Romano imperio iugis, a reliqua vero Gallia latere septentrionali montibus Cebenna et Iuribus, agrorum cultu, virorum morumque dignatione, amplitudine opum nulli provinciarum postferenda breviterque Italia verius quam provincia'' »<ref>{{Ouvrage|langue=Latin|auteur1=Pliny The Elder|titre=Naturalis Historia|passage=Livre 3, Chapitre 20.|lieu=|éditeur=|date=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.


Envoyé en Narbonnaise à la suite de la défaite d'Orange, alors que les Cimbres sont partis en Hispanie, Marius établit un camp près d'[[Arles]] et attend le retour des envahisseurs. C'est alors qu'il occupe ses troupes en faisant creuser le canal de [[Fos-sur-Mer|Fos]] (''[[Fosses mariennes|Fossae Marianae]]''). Vers 104 est créé le port de [[Fos-sur-Mer|Fos]].
« ''On appelle Province Narbonnaise la partie des [[Gaule]]s sur le littoral de la [[Mer Méditerranée|Mer Intérieure]]. Autrefois nommée ''Bracata'', elle est séparée de l'[[Italie]] par le fleuve Var et par les hauteurs des [[Alpes]], rempart naturel le plus sûr pour l'[[Empire romain]]. Mais au nord, elle est séparée du reste de la [[Gaule]] par les montagnes des [[Cévennes]] et du [[Massif du Jura|Jura]] ; la Province Narbonnaise ne doit pas être considérée comme la dernière des provinces en raison de la qualité de ses cultures, de la respectabilité de ses habitants et de leurs traditions, et de l'abondance de ses ressources. Bref, la Narbonnaise ressemble plus à l'[[Italie]] qu'à une simple province'' ».


*[[Bataille d'Aix]] (102) : victoire romaine de [[Caius Marius]]
== La réforme de Dioclétien et ses suites ==
Lorsque les Cimbres reviennent (sans doute par la [[voie Domitienne]]), Marius les rencontre et les bat à Aix, et de nouveau l'année suivante à [[Bataille de Verceil (101 av. J.-C.)|Verceil]].
Au {{IVe siècle}}, sous la [[tétrarchie]], la Gaule narbonnaise est divisée en trois provinces, toutes rattachées à la [[préfet du prétoire|préfecture du prétoire]] des Gaules :
* la '''Narbonnaise première''' (''Narbonnensis prima'', en latin), province présidiale. Elle comprend les territoires bornés au nord par les [[Cévennes]], à l'est par le [[Rhône]] et la [[mer Méditerranée]], au sud par les [[Pyrénées]], et à l'ouest par la Gascogne. Sa capitale est ''[[Narbo Martius]]'' (Narbonne) ; ses peuples principaux sont les [[Volques Tectosages]], les [[Volques Arécomiques]], les [[Atacini]], les [[Helviens]], les [[Sardones]], les [[Consoranni]], les [[Tolosates]], et les [[Umbranici]]. Elle compte six cités : celle de la capitale, mais aussi ''[[Tolosa (Toulouse)|Tolosa]]'' ([[Toulouse]]), ''[[Carcassonne|Carcasum]]'' ([[Carcassonne]]), ''[[Baeterrae]]'' ([[Béziers]]), ''[[Lodève|Luteva]]'' ([[Lodève]]) et ''[[Nemausus]]'' ([[Nîmes]]), les Consoranni (Couserannais) ;
* la '''Narbonnaise deuxième''' (''Narbonnensis secunda'', en latin), province présidiale. Elle comprend la partie orientale de la [[Provence]] et du [[Dauphiné]]. Elle n'est pas contiguë à la Narbonnaise première mais est bornée à l'ouest par la Viennoise, à l'est par la province des [[Alpes-Maritimes (province romaine)|Alpes maritimes]]. Sa capitale est ''[[Aquae Sextiae]]'' (Aix) ; ses peuples principaux sont les [[Albiques]], les [[Salyens|Salyens, et]] les [[Segobriges]] (aussi appelés [[Commoni]] ou [[Segobriges|Cenomanes]]). Elle comprend sept cités : celle de la capitale, mais encore Gap, [[Sisteron|''Segusteronem'']] (Sisteron), ''[[Apta Julia]]'' (Apt), ''[[Riez|Reiorum]]'' (Riez), ''[[Forum Julii]]'' (Fréjus) et ''[[Antibes|Antipolis]]'' (Antibes) ;
* la '''[[Viennoise]]''' (''Viennensis'', en latin), province consulaire. Elle recouvre la partie occidentale du [[Dauphiné]] et de la [[Provence]] plus le [[Comtat Venaissin]]. Ses principaux peuples sont les [[Allobroges]], les [[Cavares]], les [[Helviens]], les [[Segovellaunes]], les [[Tricastini|Tricastins]], et les [[Voconces]] ; sa capitale est [[Vienne (Isère)|''Vienna'']] (Vienne). Elle comprend quatorze cités : celle de la capitale, mais aussi ''[[Genève|Genava]]'' (Genève), ''[[Gratianopolis]]'' (Grenoble), [[Valentia (Valence)|''Valentia'']] (Valence), ''[[Die (Drôme)|Dea Augusta Vocontiorum]]'' (Die), ''[[Alba Helviorum]]'' (Alba-la-Romaine), ''[[Saint-Paul-Trois-Châteaux|Augusta Tricastinorum]]'' (Saint-Paul-Trois-Châteaux), ''[[Vaison-la-Romaine|Vasio voncontiorum]]'' (Vaison-la-Romaine), ''[[Arausio]]'' (Orange), ''[[Carpentras|Carpentoracte]]'' (Carpentras), ''[[Avenio]]'' (Avignon), ''[[Cavaillon|Cabellio]]'' (Cavaillon), ''[[Arelate]]'' (Arles) et ''[[Massalia (ville)|Massalia]]'' (Marseille).


==== La Narbonnaise sous Jules César ====
Ces trois provinces relevaient du diocèse de Vienne, si bien que la Viennoise était parfois appelée Viennoise première (''Viennensis prima'') ; la Narbonnaise première, Viennoise seconde (''Viennensis secunda'') ; la Narbonnaise seconde, Viennoise troisième (''Viennensis terta'') ; les Alpes-Maritimes, Viennoise quatrième (''Viennensis quarta'').
Après avoir été consul à Rome, [[Jules César]] (''Caius Julius Caesar''), est nommé [[Proconsul (Rome antique)|proconsul]] de Narbonnaise en [[-58|58 av. J.-C.]]. En conflit avec les conservateurs, il va utiliser ce poste pour son ambition politique : diriger Rome. Le moyen le plus évident est de faire la guerre (et de la gagner), afin d'acquérir la gloire, la richesse et la fidélité d'un grand nombre de soldats.

Il va donc utiliser la province comme base pour conquérir les régions de [[Guerre des Gaules|Gaule]] hors de Narbonnaise : l'Aquitaine, la Celtique et, au nord de la Seine, la Belgique. Il y réussit au bout de sept ans : en 52, la grande coalition réunie par [[Vercingétorix]] est battue à [[Siège d'Alésia|Alésia]] ; en 51, le dernier bastion de résistance, l'oppidum cadurque d'[[Siège d'Uxellodunum|Uxellodunum]] est pris.

Deux ans plus tard, César, à la tête de ses légions, quitte la Narbonnaise et, après avoir traversé la Gaule cisalpine, « franchit le [[Rubicon]] », ruisseau qui marque la limite de l'Italie au sens strict, ce qui le place dans l'illégalité la plus totale. C'est le début de la guerre civile contre le Sénat, dont le bras militaire est [[Pompée]]. César l'emporte à [[Bataille de Pharsale|Pharsale]] en -48, devenant de fait le maître de Rome.

il met fin alors fin au statut d'allié de Marseille, qui a pris le parti de son adversaire. Marseille devient une simple cité de Gaule narbonnaise.

=== Le règne d'Auguste et la période de la paix romaine ===
==== Réorganisation de la province par Auguste ====
En [[-22|22 av. J.-C.]], Auguste réorganise l'administration de la province de [[Gaule transalpine]], qui, désormais considérée comme totalement pacifiée et sûre, devient une [[Province romaine|province sénatoriale]], placée sous l'autorité du [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]].

La capitale étant fixée à [[Narbonne]], la province prend le nom de « Gaule narbonnaise » ou, comme l'indique Pline ci-après, ''Province narbonnaise''.

Elle est divisée en vingt-deux cités (''[[civitas|civitates]]'') de taille très inégale. {{pas clair|Les plus grandes reprennent à peu près les limites des anciens peuples : il en est ainsi pour la cité des [[Allobroges]] ([[Vienne (Isère)|Vienne]]), la cité des [[Volques Arécomiques]] ([[Nemausus|Nîmes]]), la cité des [[Cavares]] ([[Avignon]], [[Cavaillon]] et la colonie d’[[Orange (Vaucluse)|Orange]]) ou la cité fédérée des [[Voconces]] ([[Vasio|Vaison]]).}}

==== Prospérité de Narbonne ====
{{...}}
[[Narbonne]] devient un grand port de commerce, au carrefour de deux grandes routes terrestres, la [[Voie Domitienne]] d'Italie en [[Espagne]] et la ''[[via Aquitania]]'' de [[Narbonne]] vers [[Toulouse]] et [[Bordeaux]]. Les campagnes alentour sont partagées de grands domaines agricoles esclavagistes, où on cultive le blé, l’olivier et la vigne, qui produit {{refnec|des vins réputés}}.

Narbonne connaît une période de splendeur aux deux premiers siècles de l'ère chrétienne, l'époque de la « [[Pax Romana|paix romaine]] ».

==== Prospérité de la province ====
{{...}}
Sous le règne d'Auguste, la [[Via Aurelia|voie Aurélienne]] reliant Rome à [[Gênes]] est prolongée jusqu'en Narbonnaise par la voie ''[[Via Julia Augusta|Iulia Augusta]]'', qui vient par [[Vintimille]] jusqu'aux environs d'Arles, où elle se raccorde d'une part à un embranchement de la voie Domitienne, d'autre part à la [[Voie romaine d'Agrippa|voie d'Agrippa]] qui part vers Vienne, Lyon et au-delà.

La prospérité de la province apparaît à travers les constructions d'époque romaine. La Narbonnaise est la province de Gaule où elles sont les plus nombreuses et relativement bien conservées, aujourd'hui encore utilisables dans certains cas. C'est l'époque où est construit le [[pont du Gard]], en fait une partie d'un [[Aqueduc de Nîmes|aqueduc]] de plusieurs dizaines de kilomètres ravitaillant Nîmes en eau.

On peut aussi citer l'[[Arènes de Nîmes|amphithéâtre de Nîmes]], les théâtres d'[[Théâtre antique d'Orange|Orange]] et de [[Théâtre antique de Vienne|Vienne]], le temple de la [[Maison carrée]] à Nîmes, etc.

==== Un éloge de la Narbonnaise par Pline l'Ancien ====
Un texte de [[Pline l'Ancien]] dans son livre ''[[Histoire naturelle (Pline l'Ancien)|Histoire naturelle']]'' évoque la Gaule narbonnaise, nous donnant des indications sur la façon dont elle était perçue à [[Rome]] au {{s-|I|er}}<ref>Le texte latin étant dépourvu de points, la position des points du texte français est indiquée par les slash.</ref> :

« ''Narbonensis provincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta, amne Varo ab Italia discreta Alpiumque vel saluberrimis Romano imperio iugis, / a reliqua vero Gallia latere septentrionali montibus Cebenna et Iuribus, / agrorum cultu, virorum morumque dignatione, amplitudine opum nulli provinciarum postferenda breviterque Italia verius quam provincia'' »<ref>{{Ouvrage|langue=Latin|auteur1=Pline l'Ancien|titre=Naturalis Historia|passage=Livre 3, Chapitre 20.|éditeur=|date=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.

« On appelle province Narbonnaise, autrefois nommée ''Bracata'', la partie des [[Gaule]]s qui est sur le littoral de la [[Mer Méditerranée|mer Intérieure]], séparée de l'[[Italie]] par le [[Var (fleuve)|fleuve Var]] et par les hauteurs des [[Alpes]], rempart naturel le plus sûr pour l'[[Empire romain]]. Mais du côté du septentrion, elle est séparée du reste de la [[Gaule]] par les montagnes des [[Cévennes]] et du [[Massif du Jura|Jura]]. En ce qui concerne la qualité de ses productions agricoles, la respectabilité de ses habitants et de leurs traditions et l'abondance de ses ressources, elle ne doit pas être considérée comme la dernière des provinces et, en bref, elle ressemble plus à l'[[Italie]] qu'à une province ».

=== La Narbonnaise au {{s-|III}} ===
{{...}}

En 212, un [[Édit de Caracalla|édit]] de l'empereur [[Caracalla]] fait de tous les hommes libres citoyens d'une cité de l'empire des citoyens romains (''cives romani''). Paradoxalement, cela va affaiblir l'armée romaine, car jusque là, pour un homme libre sans grandes richesses, le seul moyen de devenir citoyen romain (à titre héréditaire) était de servir vingt ans dans l'armée.

==== Une période de troubles ====
Après la période de la [[Pax Romana|paix romaine]], la situation devient plus difficile. La Gaule en général subit les conséquences des usurpations impériales et les dévastations des bandes de [[bagaudes]], ainsi que de temps à autre des incursions venues de l'extérieur de l'empire, principalement des [[Germains]].

*Construction de fortifications autour des villes

==== Les débuts du christianisme ====
C'est aussi l'époque où le [[christianisme]] commence à s'implanter, sous la menace des [[Persécutions des chrétiens|persécutions]] jusqu'à l'[[édit de Milan]] de l'empereur [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]] (313).

Les chrétiens s'organisent en communautés, ensuite réunies dans une Église, dans le cadre des cités gallo-romaines. Chaque Église a à sa tête un [[évêque]] (''episcopus''), installé au chef-lieu de la cité (c'est pourquoi au Moyen Âge, le mot « cité » connotera la présence d'un évêque). En général, les campagnes sont peu marquées par le christianisme.

À [[Liste des archevêques de Narbonne|Narbonne]], un évêque est attesté dès le milieu du {{s-|III}}, saint [[Paul de Narbonne]] (autour de 250).

=== Les réformes de Dioclétien (285) et leurs conséquences en Narbonnaise ===
==== Le système de la tétrarchie ====
L'empereur [[Dioclétien]], qui règne de 284 à 305, est à l'origine d'une grande réorganisation de l'empire, confronté à diverses menaces :
*la division de l'empire entre [[Empire romain d'Occident|empire d'Occident]] et [[Empire byzantin|empire d'Orient]] ;
*l'institution dans chacune de ces parties de deux empereurs, un [[Auguste (titre)|Auguste]] et un [[César (titre)|César]], soit au total quatre empereurs, d'où le nom de [[tétrarchie]] donné au système ;
*la création de deux niveaux administratifs entre l'empereur et les provinces : les [[Préfecture du prétoire|préfectures du prétoire]] et les [[Diocèse (Empire romain)|diocèses]] (sans connotation religieuse)
*la division des provinces augustéennes en plusieurs provinces.

En ce qui concerne l'empire d'Occident, Rome cesse d'être le siège du gouvernement. L'empereur Auguste réside désormais à [[Milan]] (puis à [[Ravenne]], à partir de 402) et l'empereur César à [[Trèves (Allemagne)|Trèves]].

La province de Narbonnaise, qui relève de la [[préfecture du prétoire des Gaules]] (incluant la [[Bretagne (province romaine)|Bretagne]] et l'[[Hispanie]]), dont le chef-lieu est Trèves et du [[Diocèse de Vienne (Empire romain)|diocèse de Vienne]]<ref>Dont, selon la page dédiée, le chef-lieu serait Bordeaux.</ref>, est divisée en trois provinces : Narbonnaise première, Narbonnaise deuxième et Viennoise (qui sera divisée en deux au {{s-|V}}).

==== La province de Narbonnaise première ====
La Narbonnaise première (''Narbonnensis prima'') est une {{pas clair|province présidiale}}, dont le chef-lieu est Narbonne.

Elle inclut les territoires occidentaux de l'ancienne province, bornés par les [[Cévennes]], le [[Rhône]], la [[mer Méditerranée]], les [[Pyrénées]] et la limite avec l'ancienne province d'[[Gaule aquitaine|Aquitaine]] (elle-même restructurée).

Ses peuples principaux sont les [[Volques Tectosages]], les [[Volques Arécomiques]], les [[Sardones]], les [[Atacini]], {{refnec|les [[Helviens]], les [[Consoranni]], les [[Tolosates]], les [[Umbranici]], les Consoranni (Couserannais)}}.

Elle compte six villes chef-lieu de cité : Narbonne, [[Toulouse]], [[Carcassonne]] (''Carcasum''), [[Béziers]] (''Baeterrae''), [[Lodève]] (''Luteva'') et [[Nîmes]] ''[[Nemausus]]''.

==== La province de Narbonnaise deuxième ====
La Narbonnaise deuxième (''Narbonnensis secunda''), est une province présidiale, dont le chef-lieu est [[Aix-en-Provence|Aix]].

Située à l'est du Rhône, mais pas sur le fleuve lui-même, elle n'est pas contiguë à la Narbonnaise première. Elle est bornée à l'ouest par la Viennoise, à l'est par la province des [[Alpes-Maritimes (province romaine)|Alpes maritimes]].

Ses peuples principaux sont les [[Albiques]], les [[Salyens]], les [[Segobriges]] (ou [[Commoni]] ou [[Segobriges|Cenomanes]]).

Elle comprend sept villes chefs-lieux de cités : Aix, [[Gap]], [[Sisteron]] (''Segustero''), [[Apt]] (''[[Apta Julia]]'', [[Riez]] (''Reii''), [[Fréjus]] (''[[Forum Julii]]'') et [[Antibes]] (''Antipolis'') ;

==== La province de Viennoise ====
La [[Viennoise]] (''Viennensis'') est une {{refnec|province consulaire}}, dont le chef-lieu est [[Vienne (Isère)|Vienne]].

Située entre le Rhône et la province de Narbonnaise deuxième, elle inclut aussi la cité des [[Helviens]] située' à l'ouest du Rhône (actuel [[Ardèche (département)|département de l'Ardèche]]).

Ses principaux peuples sont les [[Allobroges]], les [[Cavares]], les [[Helviens]], les [[Segovellaunes]], les [[Tricastini|Tricastins]], et les [[Voconces]].

Elle comprend quatorze villes chef-lieux de cités : [[Vienne (Isère)|Vienne]], [[Genève]] (''Genava''), [[Grenoble]] (''[[Gratianopolis]]''), [[Valence (Drôme)|Valence]] (''Valentia''), Die (''Dea Augusta Vocontiorum''), [[Alba-la-Romaine|Alba]] (''[[Alba Helviorum]]''), [[Saint-Paul-Trois-Châteaux|Trois-Châteaux]] (''Augusta Tricastinorum''), [[Vaison-la-Romaine|Vaison]] (''Vasio Voncontiorum''), [[Orange (Vaucluse)|Orange]] (''[[Arausio]]''), [[Carpentras]] (''Carpentoracte''), [[Avignon]] (''[[Avenio]]''), [[Cavaillon]] (''Cabellio''), [[Arles]] (''[[Arelate]]'') et [[Marseille]] (''[[Marseille antique|Massalia]]'').

Ces trois provinces relevant du [[Diocèse de Vienne (Empire romain)|diocèse de Vienne]], la Viennoise était parfois appelée Viennoise première (''Viennensis prima'') ; la Narbonnaise première, Viennoise seconde (''Viennensis secunda'') ; la Narbonnaise seconde, Viennoise troisième (''Viennensis terta'') ; {{refnec|les Alpes-Maritimes, Viennoise quatrième (''Viennensis quarta'')}}.
Au {{Ve siècle}}, la Viennoise est divisée à son tour en deux provinces :
Au {{Ve siècle}}, la province de Viennoise est divisée en deux provinces :
* la Viennoise première (''Viennensis prima''), avec [[Vienne (Isère)|''Vienna'']] pour capitale et les autres cités suivantes : ''[[Genève|Genava]]'', ''[[Gratianopolis]]'', [[Valentia (Valence)|''Valentia'']], ''[[Die (Drôme)|Dea Augusta Vocontiorum]]'', [[Valence (Drôme)|Viviers]] et [[Saint-Jean-de-Maurienne]] ;
* la Viennoise première (''Viennensis prima''), avec Vienne pour chef-lieu et les chefs-lieux de cité suivants : Vienne, Genève, , Grenoble, Valence, Die, [[Viviers (Ardèche)|Viviers]] (qui remplace Alba chez les Helviens) et [[Saint-Jean-de-Maurienne]] (nom antique inconnu) ;
* la Viennoise seconde (''Viennensis secunda''), avec Arles pour capitale et les autres cités suivantes : ''[[Saint-Paul-Trois-Châteaux|Augusta Tricastinorum]]'', ''[[Vaison-la-Romaine|Vasio voncontiorum]]'', ''[[Arausio]]'', ''[[Carpentras|Carpentoracte]]'', ''[[Avenio]]'', ''[[Cavaillon|Cabellio]]'', ''[[Arelate]]'', ''[[Massalia (ville)|Massalia]]'', et ''[[Toulon|Telo Martius]]'' (Toulon).
* la Viennoise seconde (''Viennensis secunda''), avec Arles pour chef-lieu et les chefs-lieux de cité suivants : Trois-Châteaux, Vaison, Orange, Carpentras, Avignon, Cavaillon, Arles, Marseille et [[Toulon]] (''Telo Martius'').


== La période des invasions ({{s-|V|e}}) ==
=== {{s-|IV}} ===
{{...}}
==== Développement du christianisme ====
En 313, à la suite de sa vision avant la [[bataille du pont Milvius]], l'empereur [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]] promulgue l'[[édit de Milan]] qui donne aux chrétiens le droit de pratiquer leur religion en public. C'est la fin des [[Persécutions des chrétiens|persécutions]], la [[Persécution de Dioclétien|dernière]] ayant eu lieu sous le règne de Dioclétien.

En 314, après un [[Concile de Rome (313)|concile tenu à Rome]] en 313, Constantin convoque le [[Concile d'Arles (314)|concile d'Arles]], qui rassemble seize évêques, dont certains venus de [[Bretagne (province romaine)|Bretagne]], de [[Germanie (province romaine)|Germanie]] ou d'[[Hispanie]]. Ce concile permet de connaitre de nom de certains évêques de Narbonnaise.

'''Evêques de Narbonnaise au {{s-|IV}} :'''
*[[Liste des évêques et archevêques d'Arles|Arles]] : [[Marinus (évêque d'Arles)|Marinus]], présent au concile d'Arles de 314
*[[Liste des évêques et archevêques de Vienne (France)|Vienne]] : [[Vère I (évêque de Vienne)|Vère {{Ier}}]], présent au concile d'Arles<ref>Trois évêques antérieurs, mais dont l'existence est moins bien attestée.</ref>
*[[Liste des évêques et archevêques de Marseille|Marseille]] : [[Oresius]], présent au concile d'Arles
* [[Liste des évêques de Vaison|Vaison]] : Daphnus, présent au concile d'Arles
*[[Liste des évêques de Nîmes|Nîmes]] : saint [[Félix de Nîmes]] (évêque de 374 à 407)
*[[Liste des évêques de Fréjus et Toulon|Fréjus]] : saint [[Léonce de Fréjus|Léonce]] (évêque de 400 à 432)
{{...}}

En 395, le christianisme devient religion officielle de l'empire et les cultes polythéistes sont interdits.

==== Autres sujets ====
{{...}}

=== {{s-|V}} : la période des invasions et l'effondrement de l'empire d'Occident (476) ===
==== Le royaume wisigoth de Toulouse de 418 à 476 ====
[[Fichier:Grandes Invasions Empire romain.png|vignette|Tracés des grandes invasions entre le {{IIe}} et le {{VIe siècle}}.]]
[[Fichier:Grandes Invasions Empire romain.png|vignette|Tracés des grandes invasions entre le {{IIe}} et le {{VIe siècle}}.]]
{{article détaillé|Septimanie}}
{{article détaillé|Royaume wisigoth}}

Lors des grandes invasions suivant l'année [[406]], la Narbonnaise première fut progressivement occupée par les [[Wisigoths]], qui firent de [[Narbonne]] la capitale du [[Royaume de Toulouse]]<ref name=zizanie>{{article|auteur=André Bonnery|titre=La Septimanie sème la zizanie|périodique=[[Historia (revue)|Historia]]|date=février 2006|passage=26-30}}</ref>.
En [[406]], l'empire subit plusieurs invasions, notamment, le 31 décembre, la traversée du Rhin par les [[Vandales]] et les [[Suèves]], qui ne peuvent pas être repoussés. En [[410]], les [[Wisigoths]], entrés dans l'[[Empire byzantin|empire d'Orient]] dès les années 370 ([[Bataille d'Andrinople (378)|bataille d'Andrinople]], 378) parviennent à Rome, qu'ils mettent à [[Sac de Rome (410)|sac]] (mais ce n'est plus le siège du gouvernement, l'empereur et la cour résidant à [[Ravenne]]).

À la suite de négociations avec l'empereur [[Flavius Honorius|Honorius]], leur roi [[Athaulf]] (410-415) accepte de s'installer comme [[Fœdus|fédéré]] en Gaule. Il s'établit d'abord à Narbonne. Son successeur, [[Wallia]] (415-418) déplace sa capitale à [[Toulouse]], où elle va rester pendant plusieurs décennies. Les autorités impériales ([[Constance III]]) limitent leur domaine, en plus de Toulouse, à l'[[Aquitaine première]] et [[Novempopulanie|troisième]].

Après Wallia viennent [[Théodoric Ier|Théodoric {{Ier}}]] (418-451), [[Thorismond]] (451-453), Théodoric II (453-484 et Euric (466-484), qui sont tous enclins à prendre le contrôle de la Narbonnaise et à intervenir en Hispanie.

'''Théodoric II (453-466) et la première guerre des Goths (458)'''<br/>
Sous le règne de Théodoric II, les Wisigoths interviennent dans les luttes pour le pouvoir en Occident. Après la mort d'Aetius (454) et de [[Valentinien III]] (455), l'empereur [[Pétrone Maxime]] se rapproche de Théodoric en lui envoyant en ambassade [[Avitus (empereur romain)|Avitus]], préfet du prétoire des Gaules et ancien précepteur de Théodoric. Quand Pétrone Maxime est tué deux mois plus tard en combattant les Vandales de [[Genséric]], Théodoric et des aristocrates de Narbonnaise proclament Avitus empereur à [[Arles]], à la suite d'une sorte de conférence tenue à [[Beaucaire (Gard)|Beaucaire]] (''Ugernum''). Avitus étant parti, Théodoric prend le contrôle de la Narbonnaise première et de l'Aquitaine troisième. Puis il part combattre les [[Suèves]] en Hispanie.

En 456, Avitus, confronté au général d'origine germanique [[Ricimer]] (maître réel à Ravenne) et à l'empereur [[Majorien]], est chassé d'Italie et se réfugie à Arles, espérant un soutien wisigoth. Mais Théodoric, occupé en Hispanie, ne peut lui apporter d'aide. Avitus, tentant de reprendre pied en Italie, est battu à [[Bataille de Plaisance (456)|Plaisance]] par Ricimer et Majorien. Quand Théodoric rentre d'Hispanie, il affronte l'armée de Majorien près d'Arles et est battu (458). [[Majorien]] obtient la soumission de Théodoric et s'installe à Arles pour préparer une grande expédition contre les Vandales.

En 460, Majorien quitte Arles pour l'Hispanie et commence à rassembler une flotte à [[Carthagène (Espagne)|Carthagène]] pour attaquer la place forte des Vandales, [[Carthage]]<ref>Carthagène, en latin ''Carthago Nova'' est à l'origine une colonie carthaginoise en Hispanie. Les Vandales ont alors leur bastion dans la [[Province d'Afrique|province romaine d'Afrique]], dont [[Carthage]] est le chef-lieu.</ref>. Mais Genséric fait incendier cette flotte. Majorien rentre à Arles, puis en Italie, où il est déposé (et assassiné) par [[Ricimer]] en août 461.

Théodoric reprend alors sa politique d'expansion, ce qui enclenche une nouvelle [[Guerre des Goths (461 - 476)|guerre des Goths (461-476)]], qui prendra fin sous le règne d'Euric en même temps que l'empire d'Occident.

==== Le royaume des Burgondes au sud-est de la Gaule (443-534) ====
{{...}}
Dans les années 430, les [[Burgondes]], établis autour de [[Worms (Allemagne)|Worms]] sur le Rhin, émigrent vers le sud, en liaison avec l'arrivée des [[Huns]] vers le nord de la Gaule. Ils abandonnent Worms en 437 et en 443 établissent leur capitale à [[Genève]]. Leur domination s'établit donc sur le nord de la province de Viennoise, puis s'étend plus au sud jusqu'à [[Avignon]]. En 501, ils transfèrent leur capitale à [[Lyon]].

==== La fin de l'empire d'Occident (476) ====
{{...}}
En 476, le roi germain [[Odoacre]] dépose l'empereur d'Occident [[Romulus Augustule]] et renvoie à [[Constantinople]] les insignes du pouvoir impérial.

Odoacre établit un royaume en Italie et sur une partie de la Narbonnaise, au sud-est du royaume des Burgondes. En 493, Odoacre est remplacé par le roi [[Ostrogoths|ostrogoth]] [[Théodoric le Grand]].

=== La Narbonnaise à l'époque franque (481-843) ===
==== Conquête de la Gaule par les Francs (481-534) ====
{{...}}
En 476, les Francs sont installés à [[Tournai]] avec un statut de [[Fédérés francs|fédérés]]. L'avènement de [[Clovis Ier|Clovis]] en 481 marque le début de leur descente vers le sud. Ils conquièrent d'abord le [[royaume de Soissons]] de [[Syagrius]], incluant [[Paris]] où Clovis installe sa capitale. Il est [[Baptême de Clovis|baptisé]] en 496 à [[Reims]].

En 507, il bat les Wisigoths à [[Bataille de Vouillé|Vouillé]], près de [[Poitiers]], les obligeant à quitter l'Aquitaine, mais pas la Narbonnaise.

Ce sont les fils de Clovis qui mettent fin en 534 au [[royaume des Burgondes]], qui entre dans l'ensemble des royaumes francs (les fils d'un roi franc ayant tous droit à une partie du royaume de leur père) sous le nom de [[Royaume de Bourgogne (534-843)|royaume de Bourgogne]].

==== La Narbonnaise première wisigothique (507-719) ====
Après la défaite de Vouillé, les Wisigoths installent leur capitale à Narbonne<ref name=zizanie>{{article|auteur=André Bonnery|titre=La Septimanie sème la zizanie|périodique=[[Historia (revue)|Historia]]|date=février 2006|passage=26-30}}</ref>. Grâce à l'aide des [[Ostrogoths]] de Théodoric le Grand, qui contrôle l'Italie, le roi [[Amalaric]] conserve la Narbonnaise première, mais perd la Narbonnaise deuxième.

Sous le règne de son successeur [[Theudis]] (531-548), Narbonne cesse d'être la capitale du royaume, remplacée par [[Barcelone]], puis par [[Tolède]], mais reste chef-lieu de province. [[Liuva Ier|Liuva {{Ier}}]] est couronné roi à Narbonne (567-573). La Narbonnaise est le siège de plusieurs révoltes jusqu'à la fin du {{s-|VII|e}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Martin, Céline,|nom1=1971-|titre=La Géographie du pouvoir dans l'Espagne visigothique|lieu=Villeneuve-d'Ascq|éditeur=Presses universitaires du septentrion|année=2003|pages totales=407|isbn=2-85939-815-5|consulté le=2018-12-18}}</ref>. Les deux derniers rois wisigoths [[Agila II]] (711-714) et [[Ardo]] (714-720) auraient régné sur la cité.

==== L'occupation musulmane en Narbonnaise (719-793) ====
La Narbonnaise connait une dernière invasion, lorsque l'armée musulmane, ayant conquis l'Hispanie dans les années 710 et mis fin au [[Carpitanie|royaume wisigoth de Tolède]], pénètre en Gaule et s'empare de Narbonne en 719. Narbonne (''Arbuna'') devient le siège d'une des cinq provinces (''wilaya'') de l'[[Émirat de Cordoue|émirat]] [[Omeyyades de Cordoue|omeyyade]] de [[Cordoue]], dépendant du [[Califat omeyyade|califat de Damas]].

À partir de Narbonne, sont lancés des raids (''ghazoua'', francisé en « razzia ») sur les villes des royaumes francs mérovingiens. C'est une des ces expéditions qui est vaincue en 732 près de [[Poitiers]], où elle est [[Bataille de Poitiers (732)|battus]] par le [[maire du palais]] d'[[Austrasie]], [[Charles Martel]].

En 737, après leur [[Bataille d'Avignon|victoire d'Avignon]], les Francs commandés par Charles Martel mettent le siège devant Narbonne. Une armée de secours musulmance est vaincue ([[bataille de la Berre]]), mais Charles Martel ne réussit pas à prendre la ville qui est reconquise seulement en 759 par son fils [[Pépin le Bref]], devenu [[Royaumes francs|roi des Francs]] en [[751]].

Les musulmans ne sont totalement évincés de Narbonnaise qu'à la fin du siècle, lorsque [[Charlemagne]] lance plusieurs offensives vers l'Hispanie, parvenant à reprendre Barcelone.

==== Organisation sociale et politique ====
*Sur le plan juridique, les anciens Romains restent régis par le [[droit romain]], tandis que les Germains sont régis par la loi de leur peuple ([[Loi Gombette|loi des Burgondes]] (loi Gombette) ou [[Loi salique|loi des Francs saliens]]) ;
*Sur le plan administratif, le roi (burgonde, puis franc) institue des comtes pour chaque cité ; en l'absence d'un comte, c'est l'évêque qui est de fait le responsable de la cité ;
*les évêques des chefs-lieux des provinces romaines deviennent [[Évêque métropolitain|évêques métropolitains]] (ensuite appelés [[Archevêque|archevêques]]) perpétuant l'ancienne trame administrative romaine.

==== Le traité de Verdun (843) et la partition de la Narbonnaise ====
En 843, les trois fils de [[Louis le Pieux]], petits-fils de [[Charlemagne]], après trois ans de guerre civile, décident un partage de l'empire carolingien, acté par le [[traité de Verdun]] :
*[[Charles II le Chauve|Charles]] reçoit la [[Francie occidentale]] ;
*[[Louis le Germanique|Louis]] reçoit la [[Francie orientale]] ;
*[[Lothaire Ier|Lothaire]], l'aîné, empereur, reçoit la [[Francie médiane]] (un peu plus tard appelée [[Lotharingie]]), qui inclut l'Italie.

La frontière entre la Francie occidentale et la Francie médiane est fixée sur le Rhône, la Saône, la Meuse et l'Escaut.
La Narbonnaise est donc partagée entre ces deux royaumes, de part et d'autre du [[Rhône]].


Par la suite (962), la Lotharingie et la Francie orientale sont intégrées dans le [[Saint-Empire romain germanique|Saint-Empire]] (incluant notamment la [[Provence]], le [[Dauphiné]] et la [[Savoie]]), tandis que la Francie occidentale devient le [[royaume de France]] (incluant le [[comté de Toulouse]], ou [[Languedoc]]).
La Viennoise et la Narbonnaise seconde formèrent le dernier carré romain avec l’Italie, avant d’être partagées vers [[476]] entre le royaume [[Burgondes|burgonde]] et le royaume d’[[Odoacre]]. Celui-ci, maître de l'Italie et de la Dalmatie, l'abandonne bientôt au profit des Wisigoths.


== Listes ==
=== Liste (Partiels) des proconsuls de Narbonnaise ===
=== Gouverneurs de Narbonnaise (de -18 à 235) ===


* Cnaeus Pullius Pollio (-18/-16)
* Cnaeus Pullius Pollio (-18/-16)
* Titedius Labeo (sous Tibère)
* Manius Vibius Balbinus (15/17)
* Torquatus Novellius Atticus (30/34)
* Titus Mussidius Pollianus (34/37)
* [[Titus Vinius]] (sous Néron)
* Lucius V(...)bius Bassus (vers 77)
* Caius Iulius Cornutus Tertullus (avant 78)
* Aulus Larcius Priscus (103/109)
* Marcus Acilius Priscus Egrilius Plarianus (118/120)
* Lucius Annius Sextius Florentinus (vers 124)
* Lucius Aurelius Gallus (124/127)
* Lucius Novius Crispinus Martialis Saturninus (144/145)
* Caius Seius Calpurnius Quadratus Sitianus (avant 150)
* Lucius Cestius Gallus (entre 165 et 183)
* Cnaeus Cornelius Aquilius Niger (entre 138 et 192)
* [[Lucius Fabius Cilo (consul en 204)|Lucius Fabius Cilo]] (entre 180 et 192)
* (...)dius T.F. ({{IIe siècle}})
* Lucius Ranius Optatus Novatus (entre 193 et 217)
* inconnu, exécuter pour son allégeance à [[Geta (empereur romain)|Geta]] (vers 210)
* (...)us (entre 210 et 230)
* Titus Claudius Paullinus (216/217)
* Caius Aemilius Berenicianus Maximus (entre 222 et 235)
* Julianus (entre 222 et 235)


== Liste des villes de Gaule narbonnaise ==
=== Villes de Narbonnaise ===
{{Colonnes|taille=|nombre=2|
{{Colonnes|taille=|nombre=2|
* [[Agde|Agatha]] (''[[Agde]]'')
* [[Agde|Agatha]] (''[[Agde]]'')
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* [[Cabellio]] (''[[Cavaillon]]'')
* [[Cabellio]] (''[[Cavaillon]]'')
* [[Camp de César (Laudun-l'Ardoise)|Camp de César]] (''[[Laudun-l'Ardoise]]'')
* [[Camp de César (Laudun-l'Ardoise)|Camp de César]] (''[[Laudun-l'Ardoise]]'')
* [[Carcasum Volcarum Tectosagum]] (''[[Carcassonne]]'')
* [[Carcasum Volcarum Tectosagum]] (''[[Carcassonne]]'')
* [[Cavarum Valentia]] (''[[Valence (Drôme)|Valence]]'')
* [[Cessero]] (''[[Saint-Thibéry]]'')
* [[Cessero]] (''[[Saint-Thibéry]]'')
* [[Carpentorate Meminorum]] (''[[Carpentras]]'')
* [[Carpentorate Meminorum]] (''[[Carpentras]]'')
* [[Caenicenses]]
* [[Caenicenses]]
* [[Cambolectri Atlantici]] (''[[Cambon]]'')
* [[Cambolectri Atlantici]] (''[[Cambon]]'')
* [[Cannae (ville antique)|Cannae]] (''[[Cannes]]'')
* [[Custoja]] (''[[Coustouges]]'')
* [[Custoja]] (''[[Coustouges]]'')
* [[Clusa]] (''[[Les Cluses]]'')
* [[Clusa]] (''[[Les Cluses]]'')
Ligne 146 : Ligne 419 :
* [[Vasio|Vasio Vocontiorum]] (''[[Vaison-la-Romaine]]'')
* [[Vasio|Vasio Vocontiorum]] (''[[Vaison-la-Romaine]]'')
* [[Histoire de Vienne (Isère)#Antiquité romaine|Vienna Allobrogum]] (''[[Vienne (Isère)|Vienne]]'')
* [[Histoire de Vienne (Isère)#Antiquité romaine|Vienna Allobrogum]] (''[[Vienne (Isère)|Vienne]]'')
* [[Valence (Drôme)|Valentia]] (''[[Valence (Drôme)|Valence]]'')
* [[Valentia (Valence)|Valentia]] (''[[Valence (Drôme)|Valence]]'')
}}
}}


=== Sites archéologiques de Gaule Narbonnaise ===
=== Sites archéologiques ===
* [[Site archéologique d'Alba-la-Romaine]]
* [[Site archéologique d'Alba-la-Romaine]]
* [[Ambrussum]]
* [[Ambrussum]]
Ligne 158 : Ligne 431 :
* Narbo Martivs (site archéologique du Clos de la Lombarde, Narbonne)
* Narbo Martivs (site archéologique du Clos de la Lombarde, Narbonne)
* Musée Amphoralis de Sallèles d'Aude
* Musée Amphoralis de Sallèles d'Aude
* La villa de Chiragan


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 185 : Ligne 459 :
** [[Via Vallespiri]]
** [[Via Vallespiri]]


;Antiquité romaine tardive
'''Antiquité romaine tardive'''
* [[Antiquité tardive]], [[Notitia dignitatum]],
* [[Antiquité tardive]], [[Notitia dignitatum]],
* [[Liste des diocèses de l'Empire romain|Liste des diocèses de l'Empire romain tardif]],
* [[Liste des diocèses de l'Empire romain|Liste des diocèses de l'Empire romain tardif]],

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Gaule narbonnaise
(la) Gallia Narbonensis

IIe siècle av. J.-C – 418

Description de cette image, également commentée ci-après
La province romaine de Narbonnaise vers l'an 120
Informations générales
Statut Empire romain d'Occident
Capitale Narbo Martius
Langue(s) Latin vulgaire
Gallo-roman
Histoire et événements
418 Fœdus de 418

Entités précédentes :

Entités suivantes :

L'expression Gaule narbonnaise (en latin Gallia narbonensis) désigne dans l'historiographie française la province romaine établie dans le sud-est de la Gaule sur un territoire s'étendant de Toulouse à Vienne en passant par Narbonne, Nîmes et Orange, conquis entre 125 et 120 av. J.-C.. Elle est ainsi appelée d'après le nom de la colonie romaine de Narbo Martius (Narbonne), fondée en 118 av. J.-C., qui en devient le chef-lieu.

La conquête par Rome de cette partie de la Gaule intervient deux décennies après la destruction de Carthage en 146 av. J.-C.. Rome intervient en -125 pour protéger son alliée, la cité grecque de Marseille, contre des attaques du peuple des Salyens. Mais ce conflit s'étend rapidement à d'autres peuples de Gaule, notamment les Allobroges et les Arvernes opposées à Rome et les Éduens, alliés de Rome. La défaite des Allobroges en -121 met fin au conflit.

Une des conséquences de la conquête est de permettre une liaison terrestre entre l'Italie, déjà romaine, et l'Hispanie, où Rome est bien implantée, grâce à la construction de la voie Domitienne (prolongée à cette époque par la route du col de Montgenèvre).

Quelques décennies plus tard, en -58, Jules César, gouverneur de Gaule narbonnaise et de Gaule cisalpine, intervient dans un conflit en Gaule chevelue, qui finit par être conquise en 52 av. J.-C.. La province de Narbonnaise, déjà romanisée, reste à part des « Trois Gaules » créées par Auguste (Lyonnaise, Aquitaine, Belgique), dont les cités sont représentées chaque année à la cérémonie impériale au sanctuaire fédéral de Lyon.

À la suite des réformes de Dioclétien en 285, en revanche, la Narbonnaise est intégrée au diocèse de Vienne (chef-lieu : Bordeaux) et à la préfecture du prétoire des Gaules (capitale : Trèves).

« Province » romaine de Gaule par excellence, elle transmet ce nom à la Provence au début du Moyen Âge.

Noms successifs de la Narbonnaise[modifier | modifier le code]

Citations d'auteurs latins[modifier | modifier le code]

  • Pline l'Ancien (23-79), Histoire naturelle, III, 31 (extrait d'un texte cité en entier plus bas) :
    • Narbonensis provincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta
    • « On appelle province Narbonnaise, autrefois nommée Bracata la partie des Gaules qui est sur le littoral de la mer Intérieure ». Le mot bracata, formé sur le nom des braies gauloises (bracae), est difficilement traduisible en français.
  • Pline l'Ancien, Histoire naturelle, IV, 105 (cité par le dictionnaire latin-français Gaffiot)
    • Gallia Narbonensis
    • « Gaule Narbonnaise »

Noms[modifier | modifier le code]

Juste après la conquête, cette province est d'abord nommée ou surnommée :

  • Gallia transalpina (« Gaule transalpine »)[réf. nécessaire] par opposition à la Gaule cisalpine, conquise par Rome dès -200 ;
  • Gallia Bracata, allusion aux braies (bracae) portées par les Gaulois, alors que les Gaulois de Gaule cisalpine sont déjà vêtus à la romaine. Pline, qui écrit vers 50 de notre ère, dit que ce nom était employé « auparavant » (antea), ce qui n'est pas très précis, mais renvoie sans doute à une période antérieure à l'avènement d'Auguste (26 avant notre ère).

Après la conquête de la Gaule chevelue par Jules César, elle est dite :

Géographie[modifier | modifier le code]

Telle qu'il apparait une fois la situation stabilisée, le territoire de la Narbonnaise va de l'est des Pyrénées aux Alpes et de Toulouse (inclusivement) sur la Garonne au lac Léman en contournant le Massif central.

Provinces et peuples limitrophes[modifier | modifier le code]

Au sud des Pyrénées, en Hispanie, c'est la province de Tarraconnaise (Tarragone). La limite est à Port-Vendres et au col du Perthus.

À l'ouest de la Narbonnaise, se trouve la région de Gaule que les Romains appellent Aquitaine[1], au sud et à l'ouest de la Garonne, où le peuplement est marqué par la civilisation basque (cf. le nom ancien d'Auch : Elimberri), bien qu'il y ait aussi des Celtes (Lugdunum Convenarum, Saint-Bertrand-de-Comminges). Les peuples limitrophes en Aquitaine sont les Convènes (Saint-Bertrand-de-Comminges) et les Ausques (Auch).

Au nord, s'étend la région que les Romains appellent Celtique (entre la Garonne et la Seine), avec les peuples gaulois limitrophes (du sud-ouest vers le nord-est) des Nitiobroges (Agen), des Cadurques (Cahors), des Ruthènes (Rodez), des Gabales (Javols), des Vellaves (Ruessio, Saint-Paulien), des Arvernes, des Ségusiaves, des Ambarres, des Séquanes et des Helvètes .

Les Alpes restent pour une large part hors de Narbonnaise, étant habitées par des populations que les Romains soumettront seulement à partir du règne d'Auguste et qui formeront ensuite les provinces des Alpes maritimes, des Alpes cottiennes, des Alpes grées et des Alpes pennines.

Relief, hydrographie et villes[modifier | modifier le code]

La province de Narbonnaise inclut donc

Histoire[modifier | modifier le code]

Avant la conquête[modifier | modifier le code]

Dans l'ensemble que les Romains appellent la Gaule (Gallia), qui s'étend des Pyrénées aux Alpes et au Rhin, les habitants, que les Romains appelle « Gaulois » est principalement d'origine celte ou celtisée. Cette population est divisée en de plusieurs entités politiques indépendantes (en général dirigées par une aristocratie guerrière), les cités gauloises, dont certains sont bien connues des Romains dès le IIe siècle avant notre ère (Arvernes, Éduens, notamment).

Un certain nombre des peuples de Gaule ne sont cependant pas celtes. En ce qui concerne la Narbonnaise d'avant la conquête, on trouve quelques cités grecques, issues de la colonisation de la période archaïque. La principale est Marseille (Massalia), colonie de la cité ionienne de Phocée, mais aussi Nice (Nikaia), Antibes (Antipolis), Agde (Agathè), Monaco (Monoïkos), anciennement colonie phénicienne, etc., dont le rôle économique est fondamental.

Parmi les autres cités (celtes ou préceltiques) de Narbonnaise, on peut citer les suivantes : les Volques Tectosages (Toulouse), les Volques Arécomiques (Nîmes), les Sardones (Elne), Élisyques (Béziers), les Salyens (Entremont, vers Aix), les Voconces (Vaison, Die), les Helviens (Alba), les Allobroges (Vienne) etc.

Ces cités gauloises et ligures de cette régions sont très tôt influencées par la culture grecque. Les Romains interviennent assez peu en Gaule avant la fin des guerres puniques (-146).

La conquête[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

En -146, Rome conclut les guerres puniques par la destruction de la cité-État de Carthage. Les Romains s'installent en Afrique du Nord où ils créent la province d'Afrique (chef-lieu : Utique). Ils sont largement implantés en Hispanie, où les Carthaginois avaient de fortes positions. L'Italie du Nord, c'est-à-dire la Gaule cisalpine (de peuplement celte ou celtisé), au nord de l'Étrurie, est sous leur contrôle depuis -190.

Les relations entre l'Italie et l'Hispanie ont donc lieu par mer, le sud de la Gaule n'étant pas sûr.

Rome conclut une alliance avec Marseille et avec la cité des Éduens (capitale : Bibracte), adversaires des Arvernes, dont le roi Bituitos a l'ambition d'accroitre son influence en Gaule.

La conquête et ses suites immédiates (de -125 à -118)[modifier | modifier le code]

En 125, Marseille appelle Rome à l'aide face aux attaques des Salyens. C'est le début de l'intervention romaine dans la région.

En 122, le consul Gnaeus Domitius Ahenobarbus décide de prendre la guerre en main. Menacés, les chefs salyens se réfugient chez les Allobroges, alliés des Arvernes. Bituitos essaie de négocier, mais Domitius refuse. En 121, son consulat achevé, il est nommé proconsul en Gaule, assisté par le consul Quintus Fabius Maximus, afin de terminer cette guerre. Malgré leurs rivalités, les deux hommes réussissent à vaincre les Allobroges et quelques autres peuples. Ils ont droit à un triomphe en 120 et Quintus Fabius reçoit le titre d'Allobrogicus.

La construction de la voie Domitienne (via Domitia, du nom de Domitius Ahenobarbus) est entreprise dès -118 afin d'établir une liaison terrestre entre l'Italie et l'Hispanie. Au sens strict, la voie Domitienne va des Pyrénées (deux branches : col du Perthus et Port-Vendres) au Rhône, fleuve dépourvu de pont[4] en passant par Nîmes. Au-delà du Rhône, le trajet principal suit la vallée de la Durance jusqu'à Briançon, puis franchit les Alpes par le col de Montgenèvre et redescend ensuite vers Plaisance, nœud routier en Italie du Nord. À cette époque en effet, la route du littoral (par Vintimille) n'est pas praticable, ces territoires étant encore insoumis, ce qui oblige à un assez long détour. Ce n'est que sous Auguste que la voie Aurélienne (de Rome à Gênes) sera prolongée jusqu'en Narbonnaise, aux environs d'Arles.

Dès la fin de la conquête, sont fondées des villes ou des colonies, parfois associées sur des sites celtes ou ligures :

La Gaule narbonnaise avant la guerre des Gaules (-58/-52)
La Gaule narbonnaise (A.H. Dufour, La Gaule sous l'Empire romain, 1846).

Période de la République romaine (118-26 avant notre ère)[modifier | modifier le code]

Organisation de la province[modifier | modifier le code]

La province est confiée à un gouverneur, le premier étant Gnaeus Domitius. Le gouverneur réside à Narbonne.

L'armée romaine est présente dans un certain nombre de camps, notamment à Toulouse et à Narbonne.

Au-dessous du niveau de la province, les cités reconnues par Rome ne sont pas dirigées par un magistrat romain. Elles s'administrent elles-mêmes, assurant le maintien de l'ordre en liaison avec l'armée et s'assurant que la cité réponde aux exigences fiscales ou autres de Rome. Les dirigeants des cités sont des notables locaux, dotés du statut de décurion. Les décurions se réunissent à la curie, située au chef-lieu de la cité, formant une sorte de petit Sénat romain. Un des devoirs des décurions est de doter la cité des bâtiments caractéristiques de la civilisation romaine : des basiliques, un temple de Rome, les thermes, un amphithéâtre, notamment.

Les habitants gaulois libres sont sujets de Rome (pérégrins), mais certains peuvent accéder à la citoyenneté romaine, notamment les décurions, s'ils font preuve de loyauté et de comptétence.

Crise de la guerre des Cimbres (109-102) et rôle de Caius Marius[modifier | modifier le code]

À partir de 109 av. J.-C., la province est touchée par la guerre des Cimbres et de leurs alliés (Teutons, Tigurins, etc.).

Au moment cette défaite, une révolte éclate dans la cité des Volques Tectosages contre la garnison romaine de Toulouse. Elle est réprimée en 106 par Quintus Servilius Caepio, gouverneur proconsulaire. Selon la légende[pas clair], celui-ci aurait pillé les sanctuaires gaulois, où il aurait trouvé 70 tonnes d'or. Ce trésor, connu sous le nom de l’« or de Toulouse », contenait des objets pris lors des pillages en Grèce, notamment dans les sanctuaires de Delphes, lors de la « Grande Expédition » des Celtes dans les Balkans en 280 av. J.-C.

En 105, Rome envoie des renforts à Servilius Caepio, sous le commandement du consul Mallius Maximus. Mais Caepio est un « noble » et Maximus un « homme nouveau ». Caepio refuse de coopérer avec lui, et cela aboutit à un désastre dans la région d'Orange.

  • Bataille d'Orange (105) : défaite romaine (84 000 légionnaires et auxiliaires tués, les plus lourdes pertes depuis Cannes)

Envoyé en Narbonnaise à la suite de la défaite d'Orange, alors que les Cimbres sont partis en Hispanie, Marius établit un camp près d'Arles et attend le retour des envahisseurs. C'est alors qu'il occupe ses troupes en faisant creuser le canal de Fos (Fossae Marianae). Vers 104 est créé le port de Fos.

Lorsque les Cimbres reviennent (sans doute par la voie Domitienne), Marius les rencontre et les bat à Aix, et de nouveau l'année suivante à Verceil.

La Narbonnaise sous Jules César[modifier | modifier le code]

Après avoir été consul à Rome, Jules César (Caius Julius Caesar), est nommé proconsul de Narbonnaise en 58 av. J.-C.. En conflit avec les conservateurs, il va utiliser ce poste pour son ambition politique : diriger Rome. Le moyen le plus évident est de faire la guerre (et de la gagner), afin d'acquérir la gloire, la richesse et la fidélité d'un grand nombre de soldats.

Il va donc utiliser la province comme base pour conquérir les régions de Gaule hors de Narbonnaise : l'Aquitaine, la Celtique et, au nord de la Seine, la Belgique. Il y réussit au bout de sept ans : en 52, la grande coalition réunie par Vercingétorix est battue à Alésia ; en 51, le dernier bastion de résistance, l'oppidum cadurque d'Uxellodunum est pris.

Deux ans plus tard, César, à la tête de ses légions, quitte la Narbonnaise et, après avoir traversé la Gaule cisalpine, « franchit le Rubicon », ruisseau qui marque la limite de l'Italie au sens strict, ce qui le place dans l'illégalité la plus totale. C'est le début de la guerre civile contre le Sénat, dont le bras militaire est Pompée. César l'emporte à Pharsale en -48, devenant de fait le maître de Rome.

il met fin alors fin au statut d'allié de Marseille, qui a pris le parti de son adversaire. Marseille devient une simple cité de Gaule narbonnaise.

Le règne d'Auguste et la période de la paix romaine[modifier | modifier le code]

Réorganisation de la province par Auguste[modifier | modifier le code]

En 22 av. J.-C., Auguste réorganise l'administration de la province de Gaule transalpine, qui, désormais considérée comme totalement pacifiée et sûre, devient une province sénatoriale, placée sous l'autorité du Sénat.

La capitale étant fixée à Narbonne, la province prend le nom de « Gaule narbonnaise » ou, comme l'indique Pline ci-après, Province narbonnaise.

Elle est divisée en vingt-deux cités (civitates) de taille très inégale. Les plus grandes reprennent à peu près les limites des anciens peuples : il en est ainsi pour la cité des Allobroges (Vienne), la cité des Volques Arécomiques (Nîmes), la cité des Cavares (Avignon, Cavaillon et la colonie d’Orange) ou la cité fédérée des Voconces (Vaison).[pas clair]

Prospérité de Narbonne[modifier | modifier le code]

Narbonne devient un grand port de commerce, au carrefour de deux grandes routes terrestres, la Voie Domitienne d'Italie en Espagne et la via Aquitania de Narbonne vers Toulouse et Bordeaux. Les campagnes alentour sont partagées de grands domaines agricoles esclavagistes, où on cultive le blé, l’olivier et la vigne, qui produit des vins réputés[réf. nécessaire].

Narbonne connaît une période de splendeur aux deux premiers siècles de l'ère chrétienne, l'époque de la « paix romaine ».

Prospérité de la province[modifier | modifier le code]

Sous le règne d'Auguste, la voie Aurélienne reliant Rome à Gênes est prolongée jusqu'en Narbonnaise par la voie Iulia Augusta, qui vient par Vintimille jusqu'aux environs d'Arles, où elle se raccorde d'une part à un embranchement de la voie Domitienne, d'autre part à la voie d'Agrippa qui part vers Vienne, Lyon et au-delà.

La prospérité de la province apparaît à travers les constructions d'époque romaine. La Narbonnaise est la province de Gaule où elles sont les plus nombreuses et relativement bien conservées, aujourd'hui encore utilisables dans certains cas. C'est l'époque où est construit le pont du Gard, en fait une partie d'un aqueduc de plusieurs dizaines de kilomètres ravitaillant Nîmes en eau.

On peut aussi citer l'amphithéâtre de Nîmes, les théâtres d'Orange et de Vienne, le temple de la Maison carrée à Nîmes, etc.

Un éloge de la Narbonnaise par Pline l'Ancien[modifier | modifier le code]

Un texte de Pline l'Ancien dans son livre Histoire naturelle' évoque la Gaule narbonnaise, nous donnant des indications sur la façon dont elle était perçue à Rome au Ier siècle[5] :

« Narbonensis provincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta, amne Varo ab Italia discreta Alpiumque vel saluberrimis Romano imperio iugis, / a reliqua vero Gallia latere septentrionali montibus Cebenna et Iuribus, / agrorum cultu, virorum morumque dignatione, amplitudine opum nulli provinciarum postferenda breviterque Italia verius quam provincia »[6].

« On appelle province Narbonnaise, autrefois nommée Bracata, la partie des Gaules qui est sur le littoral de la mer Intérieure, séparée de l'Italie par le fleuve Var et par les hauteurs des Alpes, rempart naturel le plus sûr pour l'Empire romain. Mais du côté du septentrion, elle est séparée du reste de la Gaule par les montagnes des Cévennes et du Jura. En ce qui concerne la qualité de ses productions agricoles, la respectabilité de ses habitants et de leurs traditions et l'abondance de ses ressources, elle ne doit pas être considérée comme la dernière des provinces et, en bref, elle ressemble plus à l'Italie qu'à une province ».

La Narbonnaise au IIIe siècle[modifier | modifier le code]

En 212, un édit de l'empereur Caracalla fait de tous les hommes libres citoyens d'une cité de l'empire des citoyens romains (cives romani). Paradoxalement, cela va affaiblir l'armée romaine, car jusque là, pour un homme libre sans grandes richesses, le seul moyen de devenir citoyen romain (à titre héréditaire) était de servir vingt ans dans l'armée.

Une période de troubles[modifier | modifier le code]

Après la période de la paix romaine, la situation devient plus difficile. La Gaule en général subit les conséquences des usurpations impériales et les dévastations des bandes de bagaudes, ainsi que de temps à autre des incursions venues de l'extérieur de l'empire, principalement des Germains.

  • Construction de fortifications autour des villes

Les débuts du christianisme[modifier | modifier le code]

C'est aussi l'époque où le christianisme commence à s'implanter, sous la menace des persécutions jusqu'à l'édit de Milan de l'empereur Constantin (313).

Les chrétiens s'organisent en communautés, ensuite réunies dans une Église, dans le cadre des cités gallo-romaines. Chaque Église a à sa tête un évêque (episcopus), installé au chef-lieu de la cité (c'est pourquoi au Moyen Âge, le mot « cité » connotera la présence d'un évêque). En général, les campagnes sont peu marquées par le christianisme.

À Narbonne, un évêque est attesté dès le milieu du IIIe siècle, saint Paul de Narbonne (autour de 250).

Les réformes de Dioclétien (285) et leurs conséquences en Narbonnaise[modifier | modifier le code]

Le système de la tétrarchie[modifier | modifier le code]

L'empereur Dioclétien, qui règne de 284 à 305, est à l'origine d'une grande réorganisation de l'empire, confronté à diverses menaces :

  • la division de l'empire entre empire d'Occident et empire d'Orient ;
  • l'institution dans chacune de ces parties de deux empereurs, un Auguste et un César, soit au total quatre empereurs, d'où le nom de tétrarchie donné au système ;
  • la création de deux niveaux administratifs entre l'empereur et les provinces : les préfectures du prétoire et les diocèses (sans connotation religieuse)
  • la division des provinces augustéennes en plusieurs provinces.

En ce qui concerne l'empire d'Occident, Rome cesse d'être le siège du gouvernement. L'empereur Auguste réside désormais à Milan (puis à Ravenne, à partir de 402) et l'empereur César à Trèves.

La province de Narbonnaise, qui relève de la préfecture du prétoire des Gaules (incluant la Bretagne et l'Hispanie), dont le chef-lieu est Trèves et du diocèse de Vienne[7], est divisée en trois provinces : Narbonnaise première, Narbonnaise deuxième et Viennoise (qui sera divisée en deux au Ve siècle).

La province de Narbonnaise première[modifier | modifier le code]

La Narbonnaise première (Narbonnensis prima) est une province présidiale[pas clair], dont le chef-lieu est Narbonne.

Elle inclut les territoires occidentaux de l'ancienne province, bornés par les Cévennes, le Rhône, la mer Méditerranée, les Pyrénées et la limite avec l'ancienne province d'Aquitaine (elle-même restructurée).

Ses peuples principaux sont les Volques Tectosages, les Volques Arécomiques, les Sardones, les Atacini, les Helviens, les Consoranni, les Tolosates, les Umbranici, les Consoranni (Couserannais)[réf. nécessaire].

Elle compte six villes chef-lieu de cité : Narbonne, Toulouse, Carcassonne (Carcasum), Béziers (Baeterrae), Lodève (Luteva) et Nîmes Nemausus.

La province de Narbonnaise deuxième[modifier | modifier le code]

La Narbonnaise deuxième (Narbonnensis secunda), est une province présidiale, dont le chef-lieu est Aix.

Située à l'est du Rhône, mais pas sur le fleuve lui-même, elle n'est pas contiguë à la Narbonnaise première. Elle est bornée à l'ouest par la Viennoise, à l'est par la province des Alpes maritimes.

Ses peuples principaux sont les Albiques, les Salyens, les Segobriges (ou Commoni ou Cenomanes).

Elle comprend sept villes chefs-lieux de cités : Aix, Gap, Sisteron (Segustero), Apt (Apta Julia, Riez (Reii), Fréjus (Forum Julii) et Antibes (Antipolis) ;

La province de Viennoise[modifier | modifier le code]

La Viennoise (Viennensis) est une province consulaire[réf. nécessaire], dont le chef-lieu est Vienne.

Située entre le Rhône et la province de Narbonnaise deuxième, elle inclut aussi la cité des Helviens située' à l'ouest du Rhône (actuel département de l'Ardèche).

Ses principaux peuples sont les Allobroges, les Cavares, les Helviens, les Segovellaunes, les Tricastins, et les Voconces.

Elle comprend quatorze villes chef-lieux de cités : Vienne, Genève (Genava), Grenoble (Gratianopolis), Valence (Valentia), Die (Dea Augusta Vocontiorum), Alba (Alba Helviorum), Trois-Châteaux (Augusta Tricastinorum), Vaison (Vasio Voncontiorum), Orange (Arausio), Carpentras (Carpentoracte), Avignon (Avenio), Cavaillon (Cabellio), Arles (Arelate) et Marseille (Massalia).

Ces trois provinces relevant du diocèse de Vienne, la Viennoise était parfois appelée Viennoise première (Viennensis prima) ; la Narbonnaise première, Viennoise seconde (Viennensis secunda) ; la Narbonnaise seconde, Viennoise troisième (Viennensis terta) ; les Alpes-Maritimes, Viennoise quatrième (Viennensis quarta)[réf. nécessaire].

Au Ve siècle, la province de Viennoise est divisée en deux provinces :

  • la Viennoise première (Viennensis prima), avec Vienne pour chef-lieu et les chefs-lieux de cité suivants : Vienne, Genève, , Grenoble, Valence, Die, Viviers (qui remplace Alba chez les Helviens) et Saint-Jean-de-Maurienne (nom antique inconnu) ;
  • la Viennoise seconde (Viennensis secunda), avec Arles pour chef-lieu et les chefs-lieux de cité suivants : Trois-Châteaux, Vaison, Orange, Carpentras, Avignon, Cavaillon, Arles, Marseille et Toulon (Telo Martius).

IVe siècle[modifier | modifier le code]

Développement du christianisme[modifier | modifier le code]

En 313, à la suite de sa vision avant la bataille du pont Milvius, l'empereur Constantin promulgue l'édit de Milan qui donne aux chrétiens le droit de pratiquer leur religion en public. C'est la fin des persécutions, la dernière ayant eu lieu sous le règne de Dioclétien.

En 314, après un concile tenu à Rome en 313, Constantin convoque le concile d'Arles, qui rassemble seize évêques, dont certains venus de Bretagne, de Germanie ou d'Hispanie. Ce concile permet de connaitre de nom de certains évêques de Narbonnaise.

Evêques de Narbonnaise au IVe siècle :

En 395, le christianisme devient religion officielle de l'empire et les cultes polythéistes sont interdits.

Autres sujets[modifier | modifier le code]

Ve siècle : la période des invasions et l'effondrement de l'empire d'Occident (476)[modifier | modifier le code]

Le royaume wisigoth de Toulouse de 418 à 476[modifier | modifier le code]

Tracés des grandes invasions entre le IIe et le VIe siècle.

En 406, l'empire subit plusieurs invasions, notamment, le 31 décembre, la traversée du Rhin par les Vandales et les Suèves, qui ne peuvent pas être repoussés. En 410, les Wisigoths, entrés dans l'empire d'Orient dès les années 370 (bataille d'Andrinople, 378) parviennent à Rome, qu'ils mettent à sac (mais ce n'est plus le siège du gouvernement, l'empereur et la cour résidant à Ravenne).

À la suite de négociations avec l'empereur Honorius, leur roi Athaulf (410-415) accepte de s'installer comme fédéré en Gaule. Il s'établit d'abord à Narbonne. Son successeur, Wallia (415-418) déplace sa capitale à Toulouse, où elle va rester pendant plusieurs décennies. Les autorités impériales (Constance III) limitent leur domaine, en plus de Toulouse, à l'Aquitaine première et troisième.

Après Wallia viennent Théodoric Ier (418-451), Thorismond (451-453), Théodoric II (453-484 et Euric (466-484), qui sont tous enclins à prendre le contrôle de la Narbonnaise et à intervenir en Hispanie.

Théodoric II (453-466) et la première guerre des Goths (458)
Sous le règne de Théodoric II, les Wisigoths interviennent dans les luttes pour le pouvoir en Occident. Après la mort d'Aetius (454) et de Valentinien III (455), l'empereur Pétrone Maxime se rapproche de Théodoric en lui envoyant en ambassade Avitus, préfet du prétoire des Gaules et ancien précepteur de Théodoric. Quand Pétrone Maxime est tué deux mois plus tard en combattant les Vandales de Genséric, Théodoric et des aristocrates de Narbonnaise proclament Avitus empereur à Arles, à la suite d'une sorte de conférence tenue à Beaucaire (Ugernum). Avitus étant parti, Théodoric prend le contrôle de la Narbonnaise première et de l'Aquitaine troisième. Puis il part combattre les Suèves en Hispanie.

En 456, Avitus, confronté au général d'origine germanique Ricimer (maître réel à Ravenne) et à l'empereur Majorien, est chassé d'Italie et se réfugie à Arles, espérant un soutien wisigoth. Mais Théodoric, occupé en Hispanie, ne peut lui apporter d'aide. Avitus, tentant de reprendre pied en Italie, est battu à Plaisance par Ricimer et Majorien. Quand Théodoric rentre d'Hispanie, il affronte l'armée de Majorien près d'Arles et est battu (458). Majorien obtient la soumission de Théodoric et s'installe à Arles pour préparer une grande expédition contre les Vandales.

En 460, Majorien quitte Arles pour l'Hispanie et commence à rassembler une flotte à Carthagène pour attaquer la place forte des Vandales, Carthage[9]. Mais Genséric fait incendier cette flotte. Majorien rentre à Arles, puis en Italie, où il est déposé (et assassiné) par Ricimer en août 461.

Théodoric reprend alors sa politique d'expansion, ce qui enclenche une nouvelle guerre des Goths (461-476), qui prendra fin sous le règne d'Euric en même temps que l'empire d'Occident.

Le royaume des Burgondes au sud-est de la Gaule (443-534)[modifier | modifier le code]

Dans les années 430, les Burgondes, établis autour de Worms sur le Rhin, émigrent vers le sud, en liaison avec l'arrivée des Huns vers le nord de la Gaule. Ils abandonnent Worms en 437 et en 443 établissent leur capitale à Genève. Leur domination s'établit donc sur le nord de la province de Viennoise, puis s'étend plus au sud jusqu'à Avignon. En 501, ils transfèrent leur capitale à Lyon.

La fin de l'empire d'Occident (476)[modifier | modifier le code]

En 476, le roi germain Odoacre dépose l'empereur d'Occident Romulus Augustule et renvoie à Constantinople les insignes du pouvoir impérial.

Odoacre établit un royaume en Italie et sur une partie de la Narbonnaise, au sud-est du royaume des Burgondes. En 493, Odoacre est remplacé par le roi ostrogoth Théodoric le Grand.

La Narbonnaise à l'époque franque (481-843)[modifier | modifier le code]

Conquête de la Gaule par les Francs (481-534)[modifier | modifier le code]

En 476, les Francs sont installés à Tournai avec un statut de fédérés. L'avènement de Clovis en 481 marque le début de leur descente vers le sud. Ils conquièrent d'abord le royaume de Soissons de Syagrius, incluant Paris où Clovis installe sa capitale. Il est baptisé en 496 à Reims.

En 507, il bat les Wisigoths à Vouillé, près de Poitiers, les obligeant à quitter l'Aquitaine, mais pas la Narbonnaise.

Ce sont les fils de Clovis qui mettent fin en 534 au royaume des Burgondes, qui entre dans l'ensemble des royaumes francs (les fils d'un roi franc ayant tous droit à une partie du royaume de leur père) sous le nom de royaume de Bourgogne.

La Narbonnaise première wisigothique (507-719)[modifier | modifier le code]

Après la défaite de Vouillé, les Wisigoths installent leur capitale à Narbonne[10]. Grâce à l'aide des Ostrogoths de Théodoric le Grand, qui contrôle l'Italie, le roi Amalaric conserve la Narbonnaise première, mais perd la Narbonnaise deuxième.

Sous le règne de son successeur Theudis (531-548), Narbonne cesse d'être la capitale du royaume, remplacée par Barcelone, puis par Tolède, mais reste chef-lieu de province. Liuva Ier est couronné roi à Narbonne (567-573). La Narbonnaise est le siège de plusieurs révoltes jusqu'à la fin du VIIe siècle[11]. Les deux derniers rois wisigoths Agila II (711-714) et Ardo (714-720) auraient régné sur la cité.

L'occupation musulmane en Narbonnaise (719-793)[modifier | modifier le code]

La Narbonnaise connait une dernière invasion, lorsque l'armée musulmane, ayant conquis l'Hispanie dans les années 710 et mis fin au royaume wisigoth de Tolède, pénètre en Gaule et s'empare de Narbonne en 719. Narbonne (Arbuna) devient le siège d'une des cinq provinces (wilaya) de l'émirat omeyyade de Cordoue, dépendant du califat de Damas.

À partir de Narbonne, sont lancés des raids (ghazoua, francisé en « razzia ») sur les villes des royaumes francs mérovingiens. C'est une des ces expéditions qui est vaincue en 732 près de Poitiers, où elle est battus par le maire du palais d'Austrasie, Charles Martel.

En 737, après leur victoire d'Avignon, les Francs commandés par Charles Martel mettent le siège devant Narbonne. Une armée de secours musulmance est vaincue (bataille de la Berre), mais Charles Martel ne réussit pas à prendre la ville qui est reconquise seulement en 759 par son fils Pépin le Bref, devenu roi des Francs en 751.

Les musulmans ne sont totalement évincés de Narbonnaise qu'à la fin du siècle, lorsque Charlemagne lance plusieurs offensives vers l'Hispanie, parvenant à reprendre Barcelone.

Organisation sociale et politique[modifier | modifier le code]

  • Sur le plan juridique, les anciens Romains restent régis par le droit romain, tandis que les Germains sont régis par la loi de leur peuple (loi des Burgondes (loi Gombette) ou loi des Francs saliens) ;
  • Sur le plan administratif, le roi (burgonde, puis franc) institue des comtes pour chaque cité ; en l'absence d'un comte, c'est l'évêque qui est de fait le responsable de la cité ;
  • les évêques des chefs-lieux des provinces romaines deviennent évêques métropolitains (ensuite appelés archevêques) perpétuant l'ancienne trame administrative romaine.

Le traité de Verdun (843) et la partition de la Narbonnaise[modifier | modifier le code]

En 843, les trois fils de Louis le Pieux, petits-fils de Charlemagne, après trois ans de guerre civile, décident un partage de l'empire carolingien, acté par le traité de Verdun :

La frontière entre la Francie occidentale et la Francie médiane est fixée sur le Rhône, la Saône, la Meuse et l'Escaut. La Narbonnaise est donc partagée entre ces deux royaumes, de part et d'autre du Rhône.

Par la suite (962), la Lotharingie et la Francie orientale sont intégrées dans le Saint-Empire (incluant notamment la Provence, le Dauphiné et la Savoie), tandis que la Francie occidentale devient le royaume de France (incluant le comté de Toulouse, ou Languedoc).

Listes[modifier | modifier le code]

Gouverneurs de Narbonnaise (de -18 à 235)[modifier | modifier le code]

  • Cnaeus Pullius Pollio (-18/-16)
  • Titedius Labeo (sous Tibère)
  • Manius Vibius Balbinus (15/17)
  • Torquatus Novellius Atticus (30/34)
  • Titus Mussidius Pollianus (34/37)
  • Titus Vinius (sous Néron)
  • Lucius V(...)bius Bassus (vers 77)
  • Caius Iulius Cornutus Tertullus (avant 78)
  • Aulus Larcius Priscus (103/109)
  • Marcus Acilius Priscus Egrilius Plarianus (118/120)
  • Lucius Annius Sextius Florentinus (vers 124)
  • Lucius Aurelius Gallus (124/127)
  • Lucius Novius Crispinus Martialis Saturninus (144/145)
  • Caius Seius Calpurnius Quadratus Sitianus (avant 150)
  • Lucius Cestius Gallus (entre 165 et 183)
  • Cnaeus Cornelius Aquilius Niger (entre 138 et 192)
  • Lucius Fabius Cilo (entre 180 et 192)
  • (...)dius T.F. (IIe siècle)
  • Lucius Ranius Optatus Novatus (entre 193 et 217)
  • inconnu, exécuter pour son allégeance à Geta (vers 210)
  • (...)us (entre 210 et 230)
  • Titus Claudius Paullinus (216/217)
  • Caius Aemilius Berenicianus Maximus (entre 222 et 235)
  • Julianus (entre 222 et 235)

Villes de Narbonnaise[modifier | modifier le code]

Sites archéologiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. César, La Guerre des Gaules, 1. L'Aquitaine préromaine est plus petite que l'Aquitaine romaine, qui s'étend des Pyrénées à la Loire.
  2. Nom d'origine probablement basque. Cf. Tolosa, province de Guipuscoa.
  3. Georges Duby (dir.), Atlas historique, Paris, Larousse, 1978, page 22, carte de « La Gaule vers -60 ». Selon cette carte, la haute vallée de la Garonne (en amont de Saint-Gaudens) est tenue par la cité des Convènes, non intégrée à la Narbonnaise.
  4. En aval de Vienne, le plus ancien pont est celui de Pont-Saint-Esprit, du XIIIe siècle. Les Romains ont par la suite installé un pont de bateaux à Arles, qui a duré plusieurs siècles (dates à préciser).
  5. Le texte latin étant dépourvu de points, la position des points du texte français est indiquée par les slash.
  6. (la) Pline l'Ancien, Naturalis Historia, Livre 3, Chapitre 20.
  7. Dont, selon la page dédiée, le chef-lieu serait Bordeaux.
  8. Trois évêques antérieurs, mais dont l'existence est moins bien attestée.
  9. Carthagène, en latin Carthago Nova est à l'origine une colonie carthaginoise en Hispanie. Les Vandales ont alors leur bastion dans la province romaine d'Afrique, dont Carthage est le chef-lieu.
  10. André Bonnery, « La Septimanie sème la zizanie », Historia,‎ , p. 26-30
  11. Martin, Céline, 1971-, La Géographie du pouvoir dans l'Espagne visigothique, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du septentrion, , 407 p. (ISBN 2-85939-815-5)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Bats, Bernard Dedet, Pierre Garmy, Thierry Janin, Claude Raynaud et Martine Schwaller, Peuples et territoires en Gaule méditerranéenne - Hommage à Guy Barruol, Montpellier, Revue archéologique de Narbonnaise - Suppl. 35, 2003, 586 p.
  • Michel Christol, Une histoire provinciale. La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle après J.-C., Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, 702 p.
  • Dom Devis et Dom Vaisette, Histoire générale de Languedoc - tome premier, Éditions Privat et Claude Tchou pour la Bibliothèque des Introuvables, 2003, (1re édition au XIXe siècle), 1290 p.
  • Stéphane Drémont, M. David Louka (sous la direction de), Entre Rhône et Pyrénées : Aspects de la vie matérielle en Gaule Narbonnaise entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le VIe siècle apr. J.-C., à paraître aux Éditions M. Mergoil, coll. Archéologie et Histoire romaine, Montagnac.
  • Stéphane Drémont, « Romanisation et occupation du sol en Gaule Transalpine (IIe – Ier siècles av. J.-C.) », in M. Nier Benoit, M. Passelac, Ch. Pellecuer, P. Garmy dir., « Signes de la romanisation », chronique I, Revue arch. de Narbonnaise 31, 1998, p. 301-306.
  • M. Gayraud, « Le proconsulat de Narbonnaise sous le Haut-Empire », Revue des études anciennes, 72, 1970.
  • Pierre Gros, La Gaule Narbonnaise. De la conquête romaine au IIIe siècle apr. J.-C., Paris, Picard, 2008, 166 p.
  • Ella Hémon, « Le problème des sources de la conquête de la Gaule Narbonnaise », Dialogues d'histoire ancienne, 1978, p. 135-169. [1]
  • Stéphane Morabito, « Rome et la conquête des territoires du futur département des Alpes-Maritimes », in Carte Archéologique de la Gaule 06 : Les Alpes-Maritimes, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, 2010, p. 106-107.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Antiquité romaine tardive

Liens externes[modifier | modifier le code]