Aller au contenu

« Claude Régy » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Isacre (discuter | contributions)
 
(21 versions intermédiaires par 18 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{à sourcer|date=novembre 2015}}
{{Voir homonymes|Régy}}
{{Voir homonymes|Régy}}
{{Infobox Biographie2}}
{{Infobox Biographie2
| site web = http://www.claude-regy-theatre.fr/
}}


'''Claude Régy''', à [[Nîmes]] le {{date|1 mai 1923|au théâtre}} et mort à [[Paris]] le {{date|26 décembre 2019|au théâtre}}<ref>Ève Beauvallet, [https://next.liberation.fr/theatre/2019/12/26/claude-regy-saine-hypnose_1771105 « Claude Régy, saine hypnose »], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 26 décembre 2019.</ref>, est un [[metteur en scène]] de [[théâtre]] [[France|français]] qui a contribué au renouvellement du jeu de l'acteur et de l'esthétique du théâtre contemporain.
'''Claude Régy''' est un [[metteur en scène]] de [[théâtre]] [[France|français]], né le {{Date de naissance|1|5|1923|au théâtre}} à [[Nîmes]] et mort le {{Date de décès|26|12|2019|au théâtre}}<ref>Ève Beauvallet, [https://next.liberation.fr/theatre/2019/12/26/claude-regy-saine-hypnose_1771105 « Claude Régy, saine hypnose »], ''[[Libération (journal)|Libération]]'', 26 décembre 2019.</ref> à {{Arrondissement|16|Paris}}.


Longtemps assistant d'[[André Barsacq]] au [[théâtre de l'Atelier]], travaillant la plupart du temps en collaboration avec des dramaturges contemporains, il a amené sur scène des écritures aussi diverses que celles de [[Peter Handke]], [[Marguerite Duras]], [[Jon Fosse]], [[Arne Lygre]], [[Botho Strauss]] ou [[Leslie Kaplan]] ainsi que les traductions de la [[Bible]] par [[Henri Meschonnic]]. Il a travaillé avec plusieurs scénographes, notamment Jacques Le Marquet, [[Daniel Jeanneteau]] et Sallahdyn Khatir. Il continua à travailler avec de jeunes acteurs, notamment au sein de l'école du TNB.
Il a contribué au renouvellement du jeu de l'acteur et de l'esthétique du théâtre contemporain. Longtemps assistant d'[[André Barsacq]] au [[théâtre de l'Atelier]], travaillant la plupart du temps en collaboration avec des dramaturges contemporains, il a amené sur scène des écritures aussi diverses que celles de [[Peter Handke]], [[Marguerite Duras]], [[Jon Fosse]], [[Arne Lygre]], [[Botho Strauss]] ou [[Leslie Kaplan]] ainsi que les traductions de la [[Bible]] par [[Henri Meschonnic]]. Il a travaillé avec des acteurs aussi divers que [[Delphine Seyrig]], [[Valérie Dréville]], [[Gérard Depardieu]], [[Michel Bouquet]] ou [[Isabelle Huppert]]


== Biographie ==
== Biographie ==
Ligne 12 : Ligne 13 :
Il s'oriente d'abord vers des études de [[droit]] et de [[sciences politiques]] mais, très vite, décide d’abandonner l’[[université]] afin de monter à [[Paris]] se former à l’[[art dramatique]]. Il suit les cours de [[Charles Dullin]], [[Tania Balachova]] et [[Michel Vitold]]. Il devient assistant d'[[André Barsacq]] au [[Théâtre de l'Atelier]], avant d’entamer ses propres mises en scène.
Il s'oriente d'abord vers des études de [[droit]] et de [[sciences politiques]] mais, très vite, décide d’abandonner l’[[université]] afin de monter à [[Paris]] se former à l’[[art dramatique]]. Il suit les cours de [[Charles Dullin]], [[Tania Balachova]] et [[Michel Vitold]]. Il devient assistant d'[[André Barsacq]] au [[Théâtre de l'Atelier]], avant d’entamer ses propres mises en scène.


En [[1952]], Claude Régy a vingt-neuf ans quand son compagnon se suicide, à l'âge de vingt-deux ans<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Thibaudat|prénom1=Jean-pierre|titre=Silence, Régy est mort|url=https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/271219/silence-regy-est-mort|site=Club de Mediapart|consulté le=2019-12-27}}</ref>. « Après un temps de solitude absolue, d’éloignement, j’ai basculé cette souffrance dans le travail. J’ai fait mon premier spectacle »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Claude Régy|titre=Au-delà des larmes|passage=|lieu=Paris|éditeur=Les Solitaires Intempestifs|date=2007|pages totales=144|isbn=978-2-84681-195-8|lire en ligne=}}</ref> écrit-il. Il met alors en scène ''Doňa Rosita'', de [[Federico García Lorca|Federico Garcia Lorca]] en 1952, au Théâtre des Noctambules.
En [[1952]], Claude Régy a vingt-neuf ans quand son compagnon se suicide, à l'âge de vingt-deux ans<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Thibaudat|prénom1=Jean-pierre|titre=Silence, Régy est mort|url=https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/271219/silence-regy-est-mort|site=Club de Mediapart|consulté le=2019-12-27}}</ref>. « Après un temps de solitude absolue, d’éloignement, j’ai basculé cette souffrance dans le travail. J’ai fait mon premier spectacle »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Claude Régy|titre=Au-delà des larmes|lieu=Paris|éditeur=Les Solitaires Intempestifs|date=2007|pages totales=144|isbn=978-2-84681-195-8|lire en ligne=}}</ref> écrit-il. Il met alors en scène ''Doňa Rosita'', de [[Federico García Lorca|Federico Garcia Lorca]] en 1952, au Théâtre des Noctambules.


Intéressé par la littérature contemporaine, il se lance dans l’adaptation des œuvres de grands auteurs modernes ([[Marguerite Duras]], [[Nathalie Sarraute]]…). Il montre un réel intérêt pour le dialogue et l’échange avec les auteurs de son temps, qu'ils soient français, ou anglo-saxons. Ses spectacles, joués au [[Théâtre Antoine]] à [[Paris]] avec des comédiens prestigieux ([[Delphine Seyrig]], [[ Jean Rochefort]], [[Michel Bouquet]], [[Jean-Pierre Marielle]], [[Pierre Brasseur]], [[Pascale Champagne]] ou [[Isabelle Huppert]]), connaissent un grand succès.
Intéressé par la littérature contemporaine, il se lance dans l’adaptation des œuvres de grands auteurs modernes ([[Marguerite Duras]], [[Nathalie Sarraute]]…). Il montre un réel intérêt pour le dialogue et l’échange avec les auteurs de son temps, qu'ils soient français, ou anglo-saxons. Ses spectacles, joués au [[Théâtre Antoine]] à [[Paris]] avec des comédiens prestigieux ([[Delphine Seyrig]], [[Jean-Pierre Cassel]], [[Michel Piccoli]], [[Judith Magre]], [[Jean Rochefort]], [[Michel Bouquet]], [[Jean-Pierre Marielle]], [[Pierre Brasseur]] ou [[Isabelle Huppert]]), connaissent un grand succès. Il dirige également des acteurs de théâtre comme [[Laurent Terzieff]], [[Silvia Monfort]], [[Valérie Dréville]], [[Yves-Noël Genod]], [[Yann Boudaud]], [[Jean-Quentin Châtelain]] ou [[Gérard Watkins]].


Il a travaillé avec plusieurs scénographes, notamment Jacques Le Marquet, [[Daniel Jeanneteau]] et Sallahdyn Khatir. Il continua à travailler avec de jeunes acteurs, notamment au sein de l'école du TNB.
Claude Régy se tourne, dans les [[années 1970]], vers des auteurs non francophones tels que [[Peter Handke]], [[Luigi Pirandello]] ou [[Anton Tchekhov]]. Il découvre aussi de nouveaux auteurs, qu'il met en scène, tel {{Lien|Gregory Motton}}.


Claude Régy se tourne, dans les [[années 1970]], vers des auteurs non francophones tels que [[Peter Handke]], [[Luigi Pirandello]] ou [[Anton Tchekhov]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Fabien |nom=CLERC |titre=Claude Régy Du privé au public - Soixante-dix années de théâtre d’art en France |url=https://sht.asso.fr/claude-regy-du-prive-au-public-soixante-dix-annees-de-theatre-dart-en-france/ |site=Société d'Histoire du Théâtre |date=2022-05-15 |consulté le=2023-12-28}}</ref>. Il découvre aussi de nouveaux auteurs, qu'il met en scène, tel {{Lien|Gregory Motton}}.
En [[1980]], il fonde sa propre compagnie, Les Ateliers contemporains<ref>{{Lien web|titre=Claude Régy|url=https://data.bnf.fr/fr/12092781/claude_regy/|site=data.bnf.fr|consulté le=2019-12-27}}</ref>.


En [[1980]], il fonde sa propre compagnie, Les Ateliers contemporains<ref>{{Lien web|titre=Claude Régy|url=https://data.bnf.fr/fr/12092781/claude_regy/|site=data.bnf.fr|consulté le=2019-12-27}}</ref>.
Il s’est par ailleurs essayé à l’interprétation, notamment dans deux pièces de [[Jean-Paul Sartre]], ''[[La Putain respectueuse]]'', dans une mise en scène de [[Julien Bertheau]], et ''[[Morts sans sépulture]]'', dans une mise en scène de [[Michel Vitold]] en 1946.


Il s’est par ailleurs essayé à l’interprétation, notamment dans deux pièces de [[Jean-Paul Sartre]], ''[[La Putain respectueuse]]''<ref>{{Ouvrage|prénom1=Cyrielle|nom1=Dodet|titre=Entre théâtre et poésie : devenir intermédial du poème et dispositif théâtral au tournant des XXe et XXIe siècles|éditeur=Sorbonne Paris Cité|date=2015-11-27|lire en ligne=https://theses.fr/2015USPCA133|consulté le=2023-12-28}}</ref>, dans une mise en scène de [[Julien Bertheau]], et ''[[Morts sans sépulture]]'', dans une mise en scène de [[Michel Vitold]] en 1946.
Sa conception du théâtre tranche avec {{refnec|tout}} ce qui se faisait avant lui. Il développe une esthétique minimaliste qui deviendra la marque de fabrique de ses spectacles.

Sa conception du théâtre tranche avec tout<ref>{{Ouvrage|prénom1=Julien|nom1=Botella|titre=Dramaturgies du diaphane : enjeux esthétiques et politiques d’un paradigme, du symbolisme au néo-symbolisme, de Maeterlinck à Norén, Fosse et Lygre|éditeur=Paris 3|date=2019-12-03|lire en ligne=https://theses.fr/2019PA030050|consulté le=2023-12-28}}</ref> ce qui se faisait avant lui. Il développe une esthétique minimaliste qui deviendra la marque de fabrique de ses spectacles.


=== Vie privée ===
=== Vie privée ===
À sa mort, Claude Régy est le compagnon d'Alexandre Barry<ref>[https://www.lefigaro.fr/culture/disparition-de-claude-regy-metteur-en-scene-de-theatre-20191226 Voir sur lefigaro.fr.]</ref>.
À sa mort, Claude Régy est le compagnon d'Alexandre Barry<ref>{{lien web |url=https://www.lefigaro.fr/culture/disparition-de-claude-regy-metteur-en-scene-de-theatre-20191226 |titre=Disparition de Claude Régy, roi de théâtre et maître du silence |site=lefigaro.fr |date=26/12/2019}}</ref>.


== Esthétique théâtrale ==
== Esthétique théâtrale ==
Claude Régy accorde plus d’importance au [[jeu de l'acteur]] qu’à l'[[intrigue]] ; il se place contre l’[[incarnation]] des personnages, et penche davantage vers l’appropriation du texte par le [[comédien]]. Visuellement, la présence ou l’absence de lumière prend le dessus sur le décor, les mots s’écoutent, les gestes s’observent, et tout cela se dilue dans des séquences volontairement longues et étirées<ref name="Claude Régy (1923-2019), le théâtre absolu">{{Lien web |langue=fr |titre=Claude Régy (1923-2019), le théâtre absolu |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/claude-regy-1923-2019-le-theatre-absolu-3798228 |site=France Culture |date=2023-04-29 |consulté le=2023-12-28}}</ref>.
{{Section à sourcer|date=décembre 2019}}
Claude Régy accorde plus d’importance au [[jeu de l'acteur]] qu’à l'[[intrigue]] ; il se place contre l’[[incarnation]] des personnages, et penche davantage vers l’appropriation du texte par le [[comédien]]. Visuellement, la présence ou l’absence de lumière prend le dessus sur le décor, les mots s’écoutent, les gestes s’observent, et tout cela se dilue dans des séquences volontairement longues et étirées.


L'esthétique du jeu d'acteur selon lui se caractérise par une diction hachée et monocorde, où les syllabes sont entre-coupées de silence, pour laisser place à notre imagination. La respiration est considérée comme l'essence du théâtre ; chaque geste, chaque mot doit être nécessaire. Le metteur en scène mise sur la force du silence et la sensibilité des acteurs à ce qui les entoure.
L'esthétique du jeu d'acteur selon lui se caractérise par une diction hachée et monocorde, où les syllabes sont entre-coupées de silence, pour laisser place à notre imagination. La respiration est considérée comme l'essence du théâtre ; chaque geste, chaque mot doit être nécessaire. Le metteur en scène mise sur la force du silence et la sensibilité des acteurs à ce qui les entoure<ref>{{Article|langue=fr|titre=Le metteur en scène Claude Régy est mort|périodique=Le Monde.fr|date=2019-12-26|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/12/26/le-metteur-en-scene-claude-regy-est-mort_6024120_3246.html|consulté le=2023-12-28}}</ref>.


Il défend une création où l'on admet le doute, l'incertitude, l'[[incompréhension]]. Il s'exprime ainsi : {{citation|le désespoir est force de vie}}. Il invite le spectateur à se nourrir du vide, en proposant des spectacles à l'esthétique minimaliste, où gestes et voix sont mis en valeur par une épuration maximale. Il mise sur la lenteur, la solitude, et ce climat de vide crée une vibration qui entraine le spectateur dans un état d'[[hypnose]].
Il défend une création où l'on admet le doute, l'incertitude, l'[[incompréhension]]. Il s'exprime ainsi : {{citation|le désespoir est force de vie}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=VIDEO. Retrouvez le théâtre de Claude Régy en cinq mises en scène |url=https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/video-retrouvez-le-theatre-de-claude-regy-en-cinq-mises-en-scene_3760327.html |site=Franceinfo |date=2019-12-26 |consulté le=2023-12-28}}</ref>. Il invite le spectateur à se nourrir du vide, en proposant des spectacles à l'esthétique minimaliste, où gestes et voix sont mis en valeur par une épuration maximale. Il mise sur la lenteur, la solitude, et ce climat de vide crée une vibration qui entraine le spectateur dans un état d'[[hypnose]].


Il dit que parler de son travail est une tricherie, qu'il faut que les choses restent mystérieuses et secrètes, il refuse de donner un mode d'emploi à la compréhension de ses spectacles. D'ailleurs les spectacles sont plus à s'approprier qu'à comprendre: {{citation|il faudrait toujours que le public se sente en état de [[créativité|création]]}}, affirme-t-il. Il donne à voir et à entendre un spectacle sans finitude, où le public a aussi son travail de création à faire.
Il dit que parler de son travail est une tricherie, qu'il faut que les choses restent mystérieuses et secrètes, il refuse de donner un mode d'emploi à la compréhension de ses spectacles. D'ailleurs les spectacles sont plus à s'approprier qu'à comprendre: {{citation|il faudrait toujours que le public se sente en état de [[créativité|création]]}}, affirme-t-il. Il donne à voir et à entendre un spectacle sans finitude, où le public a aussi son travail de création à faire<ref name="Claude Régy (1923-2019), le théâtre absolu" />.


Les spectacles se passent souvent dans l'obscurité pour exacerber la [[perception]]. Le décor n'est ni [[réalisme (arts)|réaliste]], ni [[symbolique]] ; il laisse un maximum d'espace à l'imaginaire du spectateur et privilégie avant tout l'[[acoustique]]. On voit peu l'acteur pour laisser place à l'imagination. Ces mises en scène explorent les limites de la [[perception]] ; on ne sait pas si on voit, ni si on entend. Ils demandent une grande concentration dont on n'a pas l'habitude au quotidien.
Les spectacles se passent souvent dans l'obscurité pour exacerber la perception. Le décor n'est ni [[réalisme (arts)|réaliste]], ni [[symbolique]] ; il laisse un maximum d'espace à l'imaginaire du spectateur et privilégie avant tout l'[[acoustique]]. On voit peu l'acteur pour laisser place à l'imagination. Ces mises en scène explorent les limites de la [[perception]] ; on ne sait pas si on voit, ni si on entend. Ils demandent une grande concentration dont on n'a pas l'habitude au quotidien<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Claude Régy |url=https://festival-avignon.com/fr/artistes/claude-regy-12988 |site=Festival d'Avignon |consulté le=2023-12-28}}</ref>.


Ses spectacles ont vocation à atteindre un public au-delà des spectateurs, par la circulation des impressions qui suit le spectacle. Il propose un réel rituel avec une démarche d'engagement pour les spectateurs en leur demandant, par exemple, de ne plus parler dès l'entrée dans la salle ou en conservant les téléphones portables en dehors du lieu de la représentation…
Ses spectacles ont vocation à atteindre un public au-delà des spectateurs, par la circulation des impressions qui suit le spectacle. Il propose un réel rituel avec une démarche d'engagement pour les spectateurs en leur demandant, par exemple, de ne plus parler dès l'entrée dans la salle ou en conservant les téléphones portables en dehors du lieu de la représentation…


=== Commentaires ===
=== Commentaires ===

{{Section à sourcer|date=décembre 2019}}
Claude Régy explique que le silence est un moyen de communication avant la parole<ref>
Claude Régy explique que le silence est un moyen de communication avant la parole<ref>
Résumé de la rencontre avec Claude Régy, au [[Théâtre national de Strasbourg|TNS]], le 23 janvier 2010.</ref> : {{citation bloc|Habituellement le spectateur considère que le spectacle commence quand le bruit arrive, or », rappelle Régy, « le silence fait partie du spectacle. Le silence dans la parole est une ouverture sur l'infini ; c'est le moment où l'imaginaire trouve sa place et où le spectateur peut ressentir la profondeur de l'esprit, du questionnement. La respiration fait partie de la traduction du texte, elle met en valeur la ponctuation. » […] « C'est la jouissance du texte.}}
Résumé de la rencontre avec Claude Régy, au [[Théâtre national de Strasbourg|TNS]], le 23 janvier 2010.</ref> : {{citation bloc|Habituellement le spectateur considère que le spectacle commence quand le bruit arrive, or », rappelle Régy, « le silence fait partie du spectacle. Le silence dans la parole est une ouverture sur l'infini ; c'est le moment où l'imaginaire trouve sa place et où le spectateur peut ressentir la profondeur de l'esprit, du questionnement. La respiration fait partie de la traduction du texte, elle met en valeur la ponctuation. » […] « C'est la jouissance du texte.}}
{{citation bloc|L'écriture est l'impuissance à écrire, et c'est avec cette impossibilité que commence la poésie.}}
{{citation bloc|L'écriture est l'impuissance à écrire, et c'est avec cette impossibilité que commence la poésie.}}


Claude Régy traite les textes qu'il met en scène avec beaucoup de précision et de rigueur, il explique qu'il faut {{citation|prendre le temps}}. Cet esthétique du jeu de l'acteur est très déstabilisante pour les comédiens, habitués à ce qu'on leur demande de l'[[efficacité]]. Aujourd'hui, les [[technologies]] meublent le vide (publicités, musique…), on a besoin de boucher les trous, on fuit le vide et la solitude et la quantité remplace la qualité. Selon Régy, le silence nous met en relation avec l'inconnaissable, l'irréel, l'irrationnel. Or {{citation|le doute est plus juste que le savoir qui est illusion}}, c'est pourquoi il est nécessaire de rester au plus proche du vide.
Claude Régy traite les textes qu'il met en scène avec beaucoup de précision et de rigueur, il explique qu'il faut {{citation|prendre le temps}}. Cet [[esthétique]] du jeu de l'acteur est très déstabilisante pour les comédiens, habitués à ce qu'on leur demande de l'[[efficacité]]. Aujourd'hui, les technologies meublent le vide (publicités, musique…), on a besoin de boucher les trous, on fuit le vide et la solitude et la quantité remplace la qualité. Selon Régy, le silence nous met en relation avec l'inconnaissable, l'irréel, l'irrationnel. Or {{citation|le doute est plus juste que le savoir qui est illusion}}, c'est pourquoi il est nécessaire de rester au plus proche du vide<ref>{{Ouvrage|prénom1=Rachel|nom1=Rajalu|titre=Être et existence sur les scènes théâtrales contemporaines françaises : Stanislas Nordey, Claude Régy, François Tanguy|éditeur=Rennes 2|date=2016-12-06|lire en ligne=https://theses.fr/2016REN20046|consulté le=2023-12-28}}</ref>.


Claude Régy dit qu'il est à la {{citation|recherche d'un terrain inconnu par le rien}} : il faut avoir le courage d'attendre, de laisser planer le silence, il arrive alors des choses qui n'arriveraient pas si on ne faisait que ce qu'on sait faire.
Claude Régy dit qu'il est à la {{citation|recherche d'un terrain inconnu par le rien}} : il faut avoir le courage d'attendre, de laisser planer le silence, il arrive alors des choses qui n'arriveraient pas si on ne faisait que ce qu'on sait faire<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Jean-Pierre |nom=THIBAUDAT |titre=Claude Régy : «Les acteurs qui parlent sans silence ne font que du bruit» |url=https://www.liberation.fr/theatre/2004/04/17/claude-regy-les-acteurs-qui-parlent-sans-silence-ne-font-que-du-bruit_476454/ |site=Libération |consulté le=2023-12-28}}</ref>.


== Œuvre théâtrale ==
== Œuvre théâtrale ==
Ligne 103 : Ligne 105 :
* [[1982 au théâtre|1982]] : ''Grand et petit'' de [[Botho Strauss]], [[Théâtre national populaire|TNP Villeurbanne]], [[Théâtre national de l'Odéon]]
* [[1982 au théâtre|1982]] : ''Grand et petit'' de [[Botho Strauss]], [[Théâtre national populaire|TNP Villeurbanne]], [[Théâtre national de l'Odéon]]
* [[1983 au théâtre|1983]]-[[1984 au théâtre|1984]] : ''[[Par les villages]]'' de [[Peter Handke]], [[Théâtre national de Chaillot]], [[Théâtre national populaire|TNP Villeurbanne]]
* [[1983 au théâtre|1983]]-[[1984 au théâtre|1984]] : ''[[Par les villages]]'' de [[Peter Handke]], [[Théâtre national de Chaillot]], [[Théâtre national populaire|TNP Villeurbanne]]
* [[1984 au théâtre|1984]] : ''[[Ivanov (Tchekhov)|Ivanov]]'' d'[[Anton Tchekhov]], [[Comédie-Française]]
* [[1984 au théâtre|1984]] : ''[[Ivanov (pièce de théâtre)|Ivanov]]'' d'[[Anton Tchekhov]], [[Comédie-Française]]
* [[1985 au théâtre|1985]] : ''Passaggio'' opéra de [[Luciano Berio]], [[Théâtre du Châtelet]]
* [[1985 au théâtre|1985]] : ''Passaggio'' opéra de [[Luciano Berio]], [[Théâtre du Châtelet]]
* 1985 : ''Les Soldats'' de [[Jakob Lenz]], avec les élèves du [[Conservatoire national d'art dramatique]], [[Théâtre de la Bastille]]
* 1985 : ''Les Soldats'' de [[Jakob Lenz]], avec les élèves du [[Conservatoire national d'art dramatique]], [[Théâtre de la Bastille]]
Ligne 138 : Ligne 140 :
* 1946 : ''[[Morts sans sépulture]]'' de Jean-Paul Sartre, mise en scène [[Michel Vitold]], Théâtre Antoine
* 1946 : ''[[Morts sans sépulture]]'' de Jean-Paul Sartre, mise en scène [[Michel Vitold]], Théâtre Antoine


=== Prix et nominations ===
=== Distinctions ===
* [[1991]] : [[Grand Prix national du théâtre]]
* [[1991]] : [[Grand Prix national du théâtre]]
* [[1994]] : [[Grand prix des arts de la scène]] de la ville de [[Paris]]
* [[1994]] : [[Grand Prix des arts de la scène]] de la ville de [[Paris]]
* [[Prix du Syndicat de la critique]] [[2000 en littérature|2000]] : [[Prix du meilleur livre sur le théâtre du Syndicat de la critique|Prix du meilleur livre sur le théâtre]] pour ''L'Ordre des morts''
* [[Molières 2010|2010]] : nomination au [[Molière du metteur en scène]] pour ''Ode maritime''
* [[2010]] : [[Grand prix du théâtre du Syndicat de la critique]] pour ''Ode maritime''
* [[Molières 2010]] : nomination au [[Molière du metteur en scène]] pour ''Ode maritime''
* [[Prix du Syndicat de la critique]] [[2010 en littérature|2010]] : [[Grand prix du théâtre du Syndicat de la critique|Grand prix du théâtre]] pour ''Ode maritime''
* [[Prix du Syndicat de la critique]] [[2012 en littérature|2012]] : Prix du meilleur livre sur le théâtre pour ''Dans le désordre'' et ''La Brûlure du monde''


== Ouvrages ==
== Ouvrages ==
Ligne 158 : Ligne 162 :


* 2003 : [[chevalier de la Légion d'honneur]]
* 2003 : [[chevalier de la Légion d'honneur]]

* 2013 : nommé chevalier de l'[[ordre royal norvégien du Mérite]] par le roi [[Harald V]] de Norvège
* 2013 : nommé chevalier de l'[[ordre royal norvégien du Mérite]] par le roi [[Harald V]] de Norvège


Ligne 169 : Ligne 172 :


*''Journal du TNS'', janvier-février 2010, {{n°|2}}
*''Journal du TNS'', janvier-février 2010, {{n°|2}}
* Préface, in Vincent Rafis, ''Mémoire et voix des morts dans le théâtre de Jon Fosse'', Dijon, [[Les presses du réel]], 2009
* Préface, in [[Noa Liev|Vincent Rafis]], ''Mémoire et voix des morts dans le théâtre de Jon Fosse'', Dijon, [[Les presses du réel]], 2009
*''Le Corps, le sens'', [[Françoise Héritier]], [[Jean-Luc Nancy]], [[André Green]] et Claude Régy, 2007
*''Le Corps, le sens'', [[Françoise Héritier]], [[Jean-Luc Nancy]], [[André Green]] et Claude Régy, 2007
*''Dans le désordre'', propos provoqués et recueillis par [[Stéphane Lambert]], Actes Sud, 2011 {{commentaire|Prix du Syndicat de la critique - Meilleur livre sur le théâtre 2012.}}
*''Dans le désordre'', propos provoqués et recueillis par [[Stéphane Lambert]], Actes Sud, 2011 {{retrait|Prix du Syndicat de la critique - Meilleur livre sur le théâtre 2012.}}
*''Le Théâtre, sensation du monde'', Claude Régy et [[Laure Adler]], Éditions universitaires d'Avignon, collection « Entre-Vues » {{ISBN|978-2-35768-007-4}}, 2014
*''Le Théâtre, sensation du monde'', Claude Régy et [[Laure Adler]], Éditions universitaires d'Avignon, collection « Entre-Vues » {{ISBN|978-2-35768-007-4}}, 2014


Ligne 178 : Ligne 181 :


== Liens externes ==
== Liens externes ==
* {{Autorité}}

* {{Autorité}}
* [http://www.theatre-contemporain.net/cv/regy/pdgcr.htm Une biographie]
* {{bases audiovisuel}}
* {{bases audiovisuel}}
* {{bases spectacle}}
* {{bases spectacle}}
Ligne 188 : Ligne 189 :


{{DEFAULTSORT:Régy, Claude}}
{{DEFAULTSORT:Régy, Claude}}
[[Catégorie:Metteur en scène français]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre royal norvégien du Mérite]]
[[Catégorie:Naissance en mai 1923]]
[[Catégorie:Naissance en mai 1923]]
[[Catégorie:Naissance à Nîmes]]
[[Catégorie:Naissance à Nîmes]]
[[Catégorie:Metteur en scène français]]
[[Catégorie:Décès en décembre 2019]]
[[Catégorie:Chevalier de l'ordre royal norvégien du Mérite]]
[[Catégorie:Décès dans le 16e arrondissement de Paris]]
[[Catégorie:Décès à Paris]]
[[Catégorie:Décès à 96 ans]]
[[Catégorie:Décès à 96 ans]]
[[Catégorie:Décès en décembre 2019]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière du Montparnasse]]
[[Catégorie:Personnalité française incinérée]]

Dernière version du 2 mai 2024 à 23:56

Claude Régy
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Claude André Simon RégyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Conjoint
Alexandre Barry (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Site web
Distinctions

Claude Régy est un metteur en scène de théâtre français, né le à Nîmes et mort le [1] à Paris 16e.

Il a contribué au renouvellement du jeu de l'acteur et de l'esthétique du théâtre contemporain. Longtemps assistant d'André Barsacq au théâtre de l'Atelier, travaillant la plupart du temps en collaboration avec des dramaturges contemporains, il a amené sur scène des écritures aussi diverses que celles de Peter Handke, Marguerite Duras, Jon Fosse, Arne Lygre, Botho Strauss ou Leslie Kaplan ainsi que les traductions de la Bible par Henri Meschonnic. Il a travaillé avec des acteurs aussi divers que Delphine Seyrig, Valérie Dréville, Gérard Depardieu, Michel Bouquet ou Isabelle Huppert

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de Marcel Régy, officier de cavalerie[2], Claude Régy naît dans une famille protestante et bourgeoise, et grandit entre Montauban et Nîmes[3]. Tout en reniant le puritanisme, il reste très attaché à la spiritualité de la Bible.

Il s'oriente d'abord vers des études de droit et de sciences politiques mais, très vite, décide d’abandonner l’université afin de monter à Paris se former à l’art dramatique. Il suit les cours de Charles Dullin, Tania Balachova et Michel Vitold. Il devient assistant d'André Barsacq au Théâtre de l'Atelier, avant d’entamer ses propres mises en scène.

En 1952, Claude Régy a vingt-neuf ans quand son compagnon se suicide, à l'âge de vingt-deux ans[4]. « Après un temps de solitude absolue, d’éloignement, j’ai basculé cette souffrance dans le travail. J’ai fait mon premier spectacle »[5] écrit-il. Il met alors en scène Doňa Rosita, de Federico Garcia Lorca en 1952, au Théâtre des Noctambules.

Intéressé par la littérature contemporaine, il se lance dans l’adaptation des œuvres de grands auteurs modernes (Marguerite Duras, Nathalie Sarraute…). Il montre un réel intérêt pour le dialogue et l’échange avec les auteurs de son temps, qu'ils soient français, ou anglo-saxons. Ses spectacles, joués au Théâtre Antoine à Paris avec des comédiens prestigieux (Delphine Seyrig, Jean-Pierre Cassel, Michel Piccoli, Judith Magre, Jean Rochefort, Michel Bouquet, Jean-Pierre Marielle, Pierre Brasseur ou Isabelle Huppert), connaissent un grand succès. Il dirige également des acteurs de théâtre comme Laurent Terzieff, Silvia Monfort, Valérie Dréville, Yves-Noël Genod, Yann Boudaud, Jean-Quentin Châtelain ou Gérard Watkins.

Il a travaillé avec plusieurs scénographes, notamment Jacques Le Marquet, Daniel Jeanneteau et Sallahdyn Khatir. Il continua à travailler avec de jeunes acteurs, notamment au sein de l'école du TNB.

Claude Régy se tourne, dans les années 1970, vers des auteurs non francophones tels que Peter Handke, Luigi Pirandello ou Anton Tchekhov[6]. Il découvre aussi de nouveaux auteurs, qu'il met en scène, tel Gregory Motton (en).

En 1980, il fonde sa propre compagnie, Les Ateliers contemporains[7].

Il s’est par ailleurs essayé à l’interprétation, notamment dans deux pièces de Jean-Paul Sartre, La Putain respectueuse[8], dans une mise en scène de Julien Bertheau, et Morts sans sépulture, dans une mise en scène de Michel Vitold en 1946.

Sa conception du théâtre tranche avec tout[9] ce qui se faisait avant lui. Il développe une esthétique minimaliste qui deviendra la marque de fabrique de ses spectacles.

Vie privée[modifier | modifier le code]

À sa mort, Claude Régy est le compagnon d'Alexandre Barry[10].

Esthétique théâtrale[modifier | modifier le code]

Claude Régy accorde plus d’importance au jeu de l'acteur qu’à l'intrigue ; il se place contre l’incarnation des personnages, et penche davantage vers l’appropriation du texte par le comédien. Visuellement, la présence ou l’absence de lumière prend le dessus sur le décor, les mots s’écoutent, les gestes s’observent, et tout cela se dilue dans des séquences volontairement longues et étirées[11].

L'esthétique du jeu d'acteur selon lui se caractérise par une diction hachée et monocorde, où les syllabes sont entre-coupées de silence, pour laisser place à notre imagination. La respiration est considérée comme l'essence du théâtre ; chaque geste, chaque mot doit être nécessaire. Le metteur en scène mise sur la force du silence et la sensibilité des acteurs à ce qui les entoure[12].

Il défend une création où l'on admet le doute, l'incertitude, l'incompréhension. Il s'exprime ainsi : « le désespoir est force de vie »[13]. Il invite le spectateur à se nourrir du vide, en proposant des spectacles à l'esthétique minimaliste, où gestes et voix sont mis en valeur par une épuration maximale. Il mise sur la lenteur, la solitude, et ce climat de vide crée une vibration qui entraine le spectateur dans un état d'hypnose.

Il dit que parler de son travail est une tricherie, qu'il faut que les choses restent mystérieuses et secrètes, il refuse de donner un mode d'emploi à la compréhension de ses spectacles. D'ailleurs les spectacles sont plus à s'approprier qu'à comprendre: « il faudrait toujours que le public se sente en état de création », affirme-t-il. Il donne à voir et à entendre un spectacle sans finitude, où le public a aussi son travail de création à faire[11].

Les spectacles se passent souvent dans l'obscurité pour exacerber la perception. Le décor n'est ni réaliste, ni symbolique ; il laisse un maximum d'espace à l'imaginaire du spectateur et privilégie avant tout l'acoustique. On voit peu l'acteur pour laisser place à l'imagination. Ces mises en scène explorent les limites de la perception ; on ne sait pas si on voit, ni si on entend. Ils demandent une grande concentration dont on n'a pas l'habitude au quotidien[14].

Ses spectacles ont vocation à atteindre un public au-delà des spectateurs, par la circulation des impressions qui suit le spectacle. Il propose un réel rituel avec une démarche d'engagement pour les spectateurs en leur demandant, par exemple, de ne plus parler dès l'entrée dans la salle ou en conservant les téléphones portables en dehors du lieu de la représentation…

Commentaires[modifier | modifier le code]

Claude Régy explique que le silence est un moyen de communication avant la parole[15] :

« Habituellement le spectateur considère que le spectacle commence quand le bruit arrive, or », rappelle Régy, « le silence fait partie du spectacle. Le silence dans la parole est une ouverture sur l'infini ; c'est le moment où l'imaginaire trouve sa place et où le spectateur peut ressentir la profondeur de l'esprit, du questionnement. La respiration fait partie de la traduction du texte, elle met en valeur la ponctuation. » […] « C'est la jouissance du texte. »

« L'écriture est l'impuissance à écrire, et c'est avec cette impossibilité que commence la poésie. »

Claude Régy traite les textes qu'il met en scène avec beaucoup de précision et de rigueur, il explique qu'il faut « prendre le temps ». Cet esthétique du jeu de l'acteur est très déstabilisante pour les comédiens, habitués à ce qu'on leur demande de l'efficacité. Aujourd'hui, les technologies meublent le vide (publicités, musique…), on a besoin de boucher les trous, on fuit le vide et la solitude et la quantité remplace la qualité. Selon Régy, le silence nous met en relation avec l'inconnaissable, l'irréel, l'irrationnel. Or « le doute est plus juste que le savoir qui est illusion », c'est pourquoi il est nécessaire de rester au plus proche du vide[16].

Claude Régy dit qu'il est à la « recherche d'un terrain inconnu par le rien » : il faut avoir le courage d'attendre, de laisser planer le silence, il arrive alors des choses qui n'arriveraient pas si on ne faisait que ce qu'on sait faire[17].

Œuvre théâtrale[modifier | modifier le code]

Principales mises en scène[modifier | modifier le code]

Comédien[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Espaces perdus, Les Solitaires Intempestifs, 1998.
  • L'Ordre des morts, Les Solitaires Intempestifs, 1999.
  • L'État d'incertitude, Les Solitaires Intempestifs, 2002.
  • Au-delà des larmes, Les Solitaires Intempestifs, 2007.
  • La Brûlure du monde, Les Solitaires Intempestifs, 2011.
  • Dans le désordre, Actes Sud, 2011.
  • Le théâtre, sensation du monde, Éditions Universitaires d'Avignon, 2014.
  • Du régal pour les vautours, Les Solitaires Intempestifs, 2016.
  • Écrits (1991-2011), Les Solitaires Intempestifs, 2016.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Régy : la brûlure du monde, d’Alexandre Barry. Rencontre au TNS, 23 janvier 2010.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ève Beauvallet, « Claude Régy, saine hypnose », Libération, 26 décembre 2019.
  2. Voir sur whoswho.fr.
  3. Voir sur la-croix.com.
  4. Jean-pierre Thibaudat, « Silence, Régy est mort », sur Club de Mediapart (consulté le )
  5. Claude Régy, Au-delà des larmes, Paris, Les Solitaires Intempestifs, , 144 p. (ISBN 978-2-84681-195-8)
  6. Fabien CLERC, « Claude Régy Du privé au public - Soixante-dix années de théâtre d’art en France », sur Société d'Histoire du Théâtre, (consulté le )
  7. « Claude Régy », sur data.bnf.fr (consulté le )
  8. Cyrielle Dodet, Entre théâtre et poésie : devenir intermédial du poème et dispositif théâtral au tournant des XXe et XXIe siècles, Sorbonne Paris Cité, (lire en ligne)
  9. Julien Botella, Dramaturgies du diaphane : enjeux esthétiques et politiques d’un paradigme, du symbolisme au néo-symbolisme, de Maeterlinck à Norén, Fosse et Lygre, Paris 3, (lire en ligne)
  10. « Disparition de Claude Régy, roi de théâtre et maître du silence », sur lefigaro.fr,
  11. a et b « Claude Régy (1923-2019), le théâtre absolu », sur France Culture, (consulté le )
  12. « Le metteur en scène Claude Régy est mort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « VIDEO. Retrouvez le théâtre de Claude Régy en cinq mises en scène », sur Franceinfo, (consulté le )
  14. « Claude Régy », sur Festival d'Avignon (consulté le )
  15. Résumé de la rencontre avec Claude Régy, au TNS, le 23 janvier 2010.
  16. Rachel Rajalu, Être et existence sur les scènes théâtrales contemporaines françaises : Stanislas Nordey, Claude Régy, François Tanguy, Rennes 2, (lire en ligne)
  17. Jean-Pierre THIBAUDAT, « Claude Régy : «Les acteurs qui parlent sans silence ne font que du bruit» », sur Libération (consulté le )
  18. « Rêve et Folie • Nanterre-Amandiers », sur nanterre-amandiers.com (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]