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« Industrie nucléaire » : différence entre les versions

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L’'''industrie nucléaire''' comprend l'ensemble des procédés de transformation et des acteurs industriels qui utilisent les propriétés du [[noyau atomique]]. Elle a pour principaux débouchés la production d'armes atomiques et d'électricité d'origine nucléaire, mais elle comprend aussi le secteur industriel de la médecine nucléaire et de la propulsion des sous-marins et porte-avions nucléaires.
L’'''industrie nucléaire''' comprend l'ensemble des procédés de transformation et des acteurs industriels qui utilisent les propriétés du [[noyau atomique]]. Elle a pour principaux débouchés la production d'[[Énergie nucléaire|électricité d'origine nucléaire]], éventuellement embarquée dans des vaisseaux militaires, la fabrication d'[[Arme nucléaire|armes atomiques]], ainsi que le secteur industriel de la [[médecine nucléaire]].


== Historique ==
== Histoire ==
* [[1896]] : [[Henri Becquerel]] découvre la [[radioactivité]]
* [[1911]]-[[1913]] : modèles atomiques de [[Ernest Rutherford]] et [[Niels Bohr]]
* Déc. 1938 : [[Otto Hahn]] et coll. réalise la fission du noyau d'uranium 235
* Déc. 1940 : [[Halban]] et [[Kowarski]] démontrent la [[réaction en chaîne (nucléaire)|réaction en chaîne nucléaire]]
* Sept. 1942: lancement du [[projet Manhattan]]
* Déc. 1942 : [[Enrico Fermi]] réalise la première [[réaction en chaîne (nucléaire)|réaction en chaîne nucléaire]]
* Juillet 1945 : [[Trinity (essai atomique)|Premier essai atomique]] à [[Alamogordo]]
* Août 1945 : [[bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki]]
* Novembre 1952 : [[Ivy Mike]] - premier essai américain d'une [[bombe à hydrogène]]
* Janvier 1955 : première sortie en mer du premier sous-marin américain à propulsion nucléaire [[USS Nautilus (SSN-571)|Nautilus]]
* Juin 1954 : première production électronucléaire à la [[Centrale nucléaire d'Obninsk]] en [[Union Soviétique]]
* Septembre 1957 : [[catastrophe nucléaire de Kychtym]] à l'ouest de l'Oural en Russie
* Décembre 1957 : première production électronucléaire d'un réacteur à eau pressurisée par le [[réacteur nucléaire de Shippingport|réacteur américain de Shippingport]]
* [[1960]] à [[1966 ]] : [[essais nucléaires français]] en [[Algérie]]
* [[1978]] : création de la [[bombe à neutrons]]
* Mars 1979 : [[Accident nucléaire de Three Mile Island]]
* Avril 1986 : [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl]]
* Mars 2011 : [[Accident nucléaire de Fukushima]]


L'histoire de l'industrie nucléaire mondiale s'est construite sur la base de nombreuses recherches et découvertes, ainsi que d'évènements notoires<ref name="encyclonuc-histoire">{{lien web |langue=fr |titre=L’énergie nucléaire : une brève histoire |url=https://www.encyclopedie-energie.org/histoire-de-lenergie-nucleaire/ |site=www.encyclopedie-energie.org |date=14 décembre 2015 |consulté le=03/05/2024 }}.</ref> :
Les applications militaires de l'énergie nucléaire sont antérieures aux applications civiles. L'initiative {{en}} ''[[Atoms for Peace]]'' (des atomes pour la paix) ainsi que la mise en œuvre du [[traité sur la non-prolifération des armes nucléaires]] par les signataires implique une séparation des activités militaires et des activités civiles. Certains pays ne sont pas signataires de ce traité et mènent donc au sein des mêmes installations des activités civiles et militaires.

* 1896 : [[Henri Becquerel]] découvre la [[radioactivité]]
* 1911-1913 : définition du [[modèle atomique]] de [[Ernest Rutherford]] et [[Niels Bohr]]<ref name="encyclonuc-histoire" />
* Déc. 1938 : [[Otto Hahn]] et son équipe découvre la « fission » possible du noyau d'uranium 235<ref name="encyclonuc-histoire" />
* Déc. 1940 : [[Hans von Halban|Halban]] et [[Lew Kowarski|Kowarski]] démontrent la [[réaction en chaîne (nucléaire)|réaction en chaîne nucléaire]]
* {{date-|Septembre 1942}}: lancement du [[projet Manhattan]] pour l'arme atomique<ref name="encyclonuc-histoire" />
* {{date-|Décembre 1942}} : [[Enrico Fermi]] réalise la première [[réaction en chaîne (nucléaire)|réaction en chaîne nucléaire]] auto-entretenue et contrôlée<ref name="encyclonuc-histoire" />
* {{date-|Juillet 1945}} : [[Trinity (essai atomique)|Premier essai atomique]] à [[Alamogordo]]<ref name="encyclonuc-histoire" />
* {{date-|Août 1945}} : [[bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki]]
* {{date-|Novembre 1952}} : [[Ivy Mike]] - premier essai américain d'une [[Bombe H|bombe à hydrogène]]
* {{date-|1953}} : lancement par les États-Unis du programme ''[[Atoms for Peace]]'' (litt. « ''Des atomes pour la paix'' »)
* {{date-|Janvier 1955}} : première sortie en mer du premier sous-marin américain à propulsion nucléaire {{USS|Nautilus|SSN-571|2}}
* {{date-|Juin 1954}} : première production électronucléaire à la [[Centrale nucléaire d'Obninsk]] en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union Soviétique]]
* {{date-|Juillet 1957}} : Création de l'[[Agence internationale de l'énergie atomique]] pour la promotion du nucléaire civil en limitant les développements militaires
* {{date-|Septembre 1957}} : [[catastrophe nucléaire de Kychtym]] à l'ouest de l'Oural en Russie
* {{date-|Décembre 1957}} : première production électronucléaire à vocation civile d'un réacteur à eau pressurisée par le [[réacteur nucléaire de Shippingport|réacteur américain de Shippingport]]<ref name="encyclonuc-histoire" />
* 1978 : création de la [[bombe à neutrons]]
* {{date-|Mars 1979}} : [[Accident nucléaire de Three Mile Island]]<ref name="encyclonuc-histoire" />
* {{date-|Avril 1986}} : [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl]]
* {{date-|Mars 2011}} : [[Accident nucléaire de Fukushima]]

Les applications militaires de l'[[énergie nucléaire]] sont antérieures aux applications civiles. Ces dernières ont donc bénéficié de la recherche destinée aux applications militaires (premiers réacteurs notamment) et de certains retours d'expériences du nucléaire militaire, le complexe militaro-industriel nucléaire restant en partie lié au domaine civil dans les pays dotés de la bombe atomique ou dans ceux cherchant à s'en doter<ref>B. Laponche, « [http://www.annales.org/site/re/2020/re97/2020-01-19.pdf La fin de l’électronucléaire–Récit anticipatif] » {{pdf}}, ''Annales des Mines - Responsabilité et environnement'', no. 1, 2020, p. 102-106). FFE. ; voir le chapitre « Une histoire militaro-industrielle ».</ref>.

L'initiative ''{{lang|en|[[Atoms for Peace]]}}'' (« ''Des atomes pour la paix'' ») ainsi que la mise en œuvre du [[traité sur la non-prolifération des armes nucléaires]] par les signataires implique une séparation des activités militaires et des activités civiles. Certains pays ne sont pas signataires de ce traité et mènent donc au sein des mêmes installations des activités civiles et militaires.


== Industrie nucléaire civile ==
== Industrie nucléaire civile ==
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* l'exploitation des [[mine d'uranium|mines d'uranium]] ;
* l'exploitation des [[mine d'uranium|mines d'uranium]] ;
* la fabrication de [[combustible nucléaire]] dont l'[[enrichissement de l'uranium]] ;
* la fabrication de [[combustible nucléaire]] dont l'[[enrichissement de l'uranium]] ;
* la construction et l'exploitation de [[centrales nucléaires]];
* la construction et l'exploitation de [[Centrale nucléaire|centrales nucléaires]] ;
* le [[traitement du combustible usé]] pour en extraire le [[plutonium]] ;
* le [[traitement du combustible usé]] pour en extraire le [[plutonium]] ;
* la fabrication de [[Combustible MOX|MOX]] à partir de plutonium et d'[[uranium appauvri]] ;
* la fabrication de [[Combustible MOX|MOX]] à partir de plutonium et d'[[uranium appauvri]] ;
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=== Approvisionnement ===
=== Approvisionnement ===


La production mondiale d'uranium est principalement issue de trois pays<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Origine de l'uranium naturel importé en France : Kazakhstan, Niger, Canada, Australie |url=https://www.connaissancedesenergies.org/d-ou-vient-l-uranium-naturel-importe-en-france-140512 |site=www.connaissancedesenergies.org |date=12 mai 2014 - 12:00 |consulté le=2021-12-19}}</ref> : le Canada, l'Australie et le Kazakhstan. D'autres pays, tels que le Niger ou la Namibie sont également producteurs dans des proportions bien plus modestes. Selon l'[[Agence internationale de l'énergie atomique|IAEA]], les gisements actuellement connus permettent de couvrir la consommation mondiale jusqu'en « 2040 et au delà »<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Les ressources en uranium mondiales sont suffisantes pour répondre à la demande dans un avenir proche, d’après le nouveau rapport de l’AEN et de l’AIEA |url=https://www.iaea.org/fr/newscenter/pressreleases/les-ressources-en-uranium-mondiales-sont-suffisantes-pour-lavenir-proche-dapres-le-nouveau-rapport-de-laen-et-de-laiea-en-anglais |site=www.iaea.org |date=2021-01-29 |consulté le=2021-12-19}}</ref> à un tarif inférieur à $130/kg, et jusqu'à la fin du siècle avec des tarifs croissants, sans tenir compte de nouvelles campagnes de prospection ou des ressources non conventionnelles.
La sécurité de l’approvisionnement en combustible est élevée : « chaque centrale nucléaire peut faire de manière simple de grandes réserves, correspondant à plusieurs années de production »<ref>{{lien brisé|url=http://www.energie-energy.ch/upload/dossiers/Vademecum_Brennstoffe_f.pdf |titre=Documentation forum de l'énergie suisse }}, page 69</ref>. Ainsi, en Suisse, selon Swissnuclear, « les centrales nucléaires stockent dans des bassins le combustible nécessaire à l'exploitation d'une centrale nucléaire pendant environ deux ans. »<ref>[http://www.atomenergie.ch/fr/l+electricite_d+origine_nucleaire,_pilier_de_l+economie_et_de_la_securite_de_l+e_content---1--1089--56.html L'électricité d'origine nucléaire, pilier de l'économie et de la sécurité de l'emploi]</ref>.


La sécurité de l’approvisionnement en combustible est élevée : « chaque centrale nucléaire peut faire de manière simple de grandes réserves, correspondant à plusieurs années de production »<ref>{{lien brisé|url=http://www.energie-energy.ch/upload/dossiers/Vademecum_Brennstoffe_f.pdf |titre=Documentation forum de l'énergie suisse }}, page 69</ref>. Ainsi, en Suisse, selon Swissnuclear, « les centrales nucléaires stockent dans des bassins le combustible nécessaire à l'exploitation d'une centrale nucléaire pendant environ deux ans »<ref>[http://www.atomenergie.ch/fr/l+electricite_d+origine_nucleaire,_pilier_de_l+economie_et_de_la_securite_de_l+e_content---1--1089--56.html L'électricité d'origine nucléaire, pilier de l'économie et de la sécurité de l'emploi]</ref>.
D'un autre point de vue, il est évident que l'uranium n'est pas une ressource inépuisable, non renouvelable. Donc l'approvisionnement à long terme, aux échelles pertinentes du siècle ou du demi-siècle n'est pas sûr. De plus, l'uranium utilisé en France provient à 100 % d'importations<ref>http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Tandja-veut-s-offrir-le-Niger-123966/</ref>, notamment de pays d'Afrique (Niger, Congo, Namibie, etc.) souvent instables politiquement, ce qui ne constitue vraiment pas une garantie de sûreté des approvisionnements<ref>{{Citation|Sarko en Afrique}} Antoine Glaser et Stephen Smith, plusieurs prises de positions des Verts et de nombreuses associations confirment.</ref>.

Si l'uranium n'est pas une ressource renouvelable, sa très forte densité énergétique compense fortement sa disponibilité face à d'autres ressources telles que les énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole etc.). En France, EDF dispose de stocks stratégiques<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=En France, les ressources en uranium sont-elles suffisantes pour assurer notre indépendance énergétique ? |url=https://www.sfen.org/energie-nucleaire/panorama-nucleaire/uranium-monde |site=Sfen |date=2020-10-07 |consulté le=2021-12-19}}</ref> permettant de couvrir 2 ans de consommation moyenne sans avoir à recourir aux importations. Le retraitement du combustible usagé, afin de le ré-enrichir, permet également d'augmenter les stocks domestiques<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=EDF relance une filière de recyclage de son uranium usé |url=https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/edf-relance-une-filiere-de-recyclage-de-son-uranium-use-138483 |site=Les Echos |date=2018-09-10 |consulté le=2021-12-19}}</ref>. Enfin d'autres modes d'extraction de l'uranium sont à l'étude, tel que l'uranium marin, et pourraient porter la quantité de minerai disponible à plusieurs centaines d'années de production mondiale.


=== Production d'électricité ===
=== Production d'électricité ===
{{Loupe|Liste des pays producteurs d'électricité nucléaire}}
La production d'électricité nucléaire se fait dans des [[Centrale nucléaire|centrales nucléaires]] utilisant le principe de [[fission nucléaire]] contrôlée. Cette production représentait en 2011 un peu plus de 12 % de l’électricité mondiale, et 5,3 % de l’énergie totale consommée dans le monde<ref>[[Michel de Pracontal]], [http://www.mediapart.fr/journal/international/110313/lindustrie-nucleaire-est-entree-dans-une-longue-periode-de-stagnation « L'industrie nucléaire est entrée dans une longue période de stagnation » ], ''[[Mediapart]]'', 11 mars 2013.</ref>.


=== Métiers du nucléaire ===
La production d'électricité nucléaire se fait dans des [[centrales nucléaires]] dans le cœur des réacteurs utilisant le principe de [[fission nucléaire ]] contrôlée. Cette production représentait en 2011 un peu plus de 12 % de l’électricité mondiale, et 5,3 % de l’énergie totale consommée dans le monde<ref>[[Michel de Pracontal]], [http://www.mediapart.fr/journal/international/110313/lindustrie-nucleaire-est-entree-dans-une-longue-periode-de-stagnation « L'industrie nucléaire est entrée dans une longue période de stagnation » ], ''[[Mediapart]]'', 11 mars 2013.</ref>.

=== Les travailleurs du nucléaire ===


Les métiers du nucléaire sont nombreux : soudeurs, chaudronniers-tuyauteurs, mécaniciens-robinetiers, électriciens, informaticiens et automaticiens, etc., mais aussi ingénieurs, physiciens, managers, chimistes, environnementalistes, psychologues, ergonomes, chargés de communication...
Les métiers du nucléaire sont nombreux : soudeurs, chaudronniers-tuyauteurs, mécaniciens-robinetiers, électriciens, informaticiens et automaticiens, etc., mais aussi ingénieurs, physiciens, managers, chimistes, environnementalistes, psychologues, ergonomes, chargés de communication...


Un certain nombre de travaux de maintenance des centrales nucléaires sont confiées à des entreprises sous-traitantes, employant par exemple 20 000 personnes en France<ref>[http://www.liberation.fr/economie/01012326866-dans-les-centrales-francaises-le-malaise-de-la-viande-a-radiations Libération :- 21/03/2011 - Dans les centrales françaises, le malaise de la «viande à radiations»]</ref>. Au Japon, plusieurs dizaines de sans-abris seraient employés<ref>[http://lelaboratoire.over-blog.com/ext/http://www.elmundo.es/cronica/2003/399/1055060977.html El Mundo - 8/06/2003 - Fukushima : Mendiants, esclaves nucléaires recrutes au Japon ]</ref>.
Un certain nombre de travaux de maintenance des centrales nucléaires sont confiées à des entreprises sous-traitantes, employant par exemple 20 000 personnes en France<ref>[http://www.liberation.fr/economie/01012326866-dans-les-centrales-francaises-le-malaise-de-la-viande-a-radiations Libération :- 21/03/2011 - Dans les centrales françaises, le malaise de la «viande à radiations»]</ref>.


== Industrie nucléaire militaire ==
== Industrie nucléaire militaire ==

Dans le domaine militaire, l'industrie nucléaire concerne :
Dans le domaine militaire, l'industrie nucléaire concerne :
* la fabrication d'[[Arme nucléaire|armes atomiques]], basé principalement sur l'[[enrichissement de l'uranium]] et la production de [[plutonium]] ;
* la fabrication d'[[Arme nucléaire|armes atomiques]], basé principalement sur l'[[enrichissement de l'uranium]] et la production de [[plutonium]] ;
* les réacteurs nucléaires pour la propulsion de navires militaires ou de [[Sous-marin nucléaire|sous-marins nucléaires]] ;
* les réacteurs pour la [[propulsion nucléaire navale]] militaire, principalement les [[Sous-marin nucléaire|sous-marins nucléaires]] ;
* le [[Démantèlement nucléaire|démantèlement]] des installations nucléaires militaires.
* le [[Démantèlement nucléaire|démantèlement]] des installations nucléaires militaires.


== Enjeux sociétaux ==
== Enjeux sociétaux ==
{{Article détaillé|Débat sur l'énergie nucléaire}}

La compréhension des enjeux propres à l'industrie nucléaire passe par l'analyse des dynamiques locales. En effet, comme cette industrie est un système technopolitique, fait de flux, d'occupation massive de sols par des centrales ou des lignes électriques, son empreinte sur la géographie est forte. Les conséquences en sont spéciales à chaque pays, chaque environnement. Par exemple, en Allemagne, où la densité de la population est élevée, cette industrie a rencontré une forte opposition et a eu beaucoup de mal à se développer ; mais en France, où il existe de nombreux territoires avec une faible densité de population et une économie en grande difficulté, EDF a su créer des conditions propices en créant des ensembles dépendants pour leur survie de l'énergie nucléaire.<ref>Meyer Teva, [https://www.cairn.info/revue-herodote-2014-4-page-153.htm « Du « pays perdu » du Blayais à l'« émirat de Saint-Vulbas » : les territoires de dépendance au nucléaire en France »], Hérodote, 2014/4 (n° 155), p. 153-169. DOI : 10.3917/her.155.0153.</ref>
La compréhension des enjeux propres à l'industrie nucléaire passe par l'analyse des dynamiques locales. En effet, comme cette industrie est un système technopolitique, fait de flux, d'occupation massive de sols par des centrales ou des lignes électriques, son empreinte sur la géographie est forte. Les conséquences en sont spéciales à chaque pays, chaque environnement. Par exemple, en Allemagne, où la densité de la population est élevée, cette industrie a rencontré une forte opposition et a eu beaucoup de mal à se développer ; mais en France, où il existe de nombreux territoires avec une faible densité de population et une économie en grande difficulté, EDF a su créer des conditions propices en créant des ensembles dépendants pour leur survie de l'énergie nucléaire<ref>Meyer Teva, [https://www.cairn.info/revue-herodote-2014-4-page-153.htm « Du « pays perdu » du Blayais à l'« émirat de Saint-Vulbas » : les territoires de dépendance au nucléaire en France »], Hérodote, 2014/4 (n° 155), p. 153-169. DOI : 10.3917/her.155.0153.</ref>.


Dans un contexte de sensibilité accrue de l'[[opinion publique]] aux questions d'[[environnement]] et de [[développement durable]], l'industrie nucléaire fait régulièrement l'objet de [[débat sur l'énergie nucléaire|débats]] sur ses enjeux sociétaux. Nous faisons ici le point sur quelques-uns de ces enjeux.
Dans un contexte de sensibilité accrue de l'[[opinion publique]] aux questions d'[[environnement]] et de [[développement durable]], l'industrie nucléaire fait régulièrement l'objet de [[débat sur l'énergie nucléaire|débats]] sur ses enjeux sociétaux. Nous faisons ici le point sur quelques-uns de ces enjeux.


=== Faible impact sur le réchauffement climatique ===
=== Faible émission de gaz à effet de serre ===


Pour les partisans de l'industrie nucléaire, son faible impact en termes d'émission de [[gaz à effet de serre]] constitue l'un de ses principaux avantages.
Pour les partisans de l'industrie nucléaire, son faible impact en termes d'émission de [[gaz à effet de serre]] constitue l'un de ses principaux avantages.


Selon le GIEC<ref name="IPCC 2014 Annex III2">{{lien web |titre=IPCC Working Group III – Mitigation of Climate Change, Annex III: Technology - specific cost and performance parameters _ Table A.III.2 (Emissions of selected electricity supply technologies (gCO 2eq/kWh) |url=https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_annex-iii.pdf |éditeur=IPCC |année=2014 |consulté le=2018-12-14 |page=1335}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web |titre=IPCC Working Group III – Mitigation of Climate Change, Annex II Metrics and Methodology) |url=https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/ipcc_wg3_ar5_annex-iii.pdf |pages=14–31}}</ref>, la production d'un kWh émet 12 grammes d'équivalent CO2 contre 820 pour le charbon, 490 pour le gaz, 230 avec la biomasse, entre 41 et 48 pour le solaire, 24 pour l'hydraulique et entre 11 et 12 pour l'éolien.
Les émissions en grammes équivalent carbone par kWh électrique sont de 1,6 g pour le nucléaire, contre 250 g pour le charbon, 16 à 41 g pour le photovoltaïque, et 1 à 6 g pour l'énergie éolienne<ref>Jean-Marc Jancovici, ''L'avenir climatique, quel temps ferons-nous ?'', Seuil, p. 161</ref>.


=== Consommation de ressources non renouvelables ===
=== Consommation de ressources non renouvelables ===
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=== Impacts environnementaux et humains du nucléaire ===
=== Impacts environnementaux et humains du nucléaire ===
L’utilisation du nucléaire, civil ou militaire, est parfois remise en question. Les'' ''[[Liste des accidents nucléaires|catastrophes nucléaires]] survenues au cours des dernières décennies alimentent le débat public. Les trois plus marquantes restent celle de [[Accident nucléaire de Three Mile Island|Three Mile Island]] aux [[États-Unis]] (28 mars 1979), celle de [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|Tchernobyl]] en [[Ukraine]] (26 avril 1986) et celle de [[Accident nucléaire de Fukushima|Fukushima]] au [[Japon]] (11 mars 2011). Ces accidents nucléaires ont occasionné des conséquences dramatiques sur l'[[environnement]] mais aussi sur l’ensemble de la société. Pour autant, même les pays qui n’ont pas été confrontés à une catastrophe nucléaire remettent en question leur utilisation du [[nucléaire]]. En [[France]], l’[[Industrie nucléaire en France|industrie nucléaire]] est la principale source de [[production d'électricité]]. Néanmoins, ce recours au nucléaire divise l'[[opinion publique]]. L'[[Iran]] ne détient pas l’[[arme nucléaire]] mais des sites nucléaires sont en construction. Ces constructions ont des effets néfastes sur l'[[environnement]] mais aussi sur les populations.
L’utilisation du nucléaire, civil ou militaire, est parfois remise en question. Les'' ''[[Liste des accidents nucléaires|catastrophes nucléaires]] survenues au cours des dernières décennies alimentent le débat public. Avec l'[[accident nucléaire de Three Mile Island]] aux [[États-Unis]] ({{date-|28 mars 1979}}), la catastrophe de [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|Tchernobyl]] en [[Ukraine]] ({{date-|26 avril 1986}}) et celle de [[Accident nucléaire de Fukushima|Fukushima]] au [[Japon]] ({{date-|11 mars 2011}}) sont les plus marquantes. Ces catastrophes ont occasionné des conséquences dramatiques sur l'[[environnement]] mais aussi sur l’ensemble de la société. Pour autant, même les pays qui n’ont pas été confrontés à une catastrophe nucléaire s'interrogent sur leur utilisation du [[énergie nucléaire|nucléaire]] civil.
{{article détaillé|Conséquences de l'accident de Fukushima sur l'industrie nucléaire dans le monde}}


Ce schéma détaille les conséquences de l’emploi du nucléaire en [[France]], en [[Iran]], au [[Japon]] et en [[Ukraine]]. Pour chaque pays, les différents impacts sont exposés ci-dessous.
Certains impacts de l'emploi du nucléaire sont exposés ci-dessous pour plusieurs pays.


[[File:Schéma conceptuel liant les impacts environnementaux et humains du nucléaire dans 4 pays.pdf|thumb|Schéma conceptuel liant les impacts environnementaux et humains du nucléaire dans 4 pays]]
[[File:Schéma conceptuel liant les impacts environnementaux et humains du nucléaire dans 4 pays.pdf|thumb|Schéma conceptuel liant les [[impact environnemental|impacts environnementaux]] et humains du nucléaire dans 4 pays]]


==== France ====
==== France ====
En [[France]], l’[[Industrie nucléaire en France|industrie nucléaire]] reste la principale source de [[production d'électricité]]. Cependant, la question du nucléaire est au cœur des [[Débat sur l'énergie nucléaire|débats]] et ce surtout ces dernières années. Pour y faire face, les autorités de sureté nucléaire (ASN), mais aussi les industriels, via l'[[AFCEN]] entre autres, éditent des codes de construction et de calcul très stricts<ref>{{lien web |langue=fr |titre=Le code AFCEN : de la science et de la pratique industrielle |url=https://www.sfen.org/rgn/code-afcen-science-pratique-industrielle/ |site=www.sfen.org |date=14 février 2017 |consulté le=03/05/2024 }}.</ref>.
La question du [[nucléaire]] est au cœur des [[Débat sur l'énergie nucléaire|débats]] en [[France]] et ce surtout ces dernières années. Le vieillissement des [[Centrales nucléaires en France|centrales nucléaires françaises]] provoque de nombreuses préoccupations. En effet, l'âge limite de fonctionnement des centrales avait été fixé à 25 ans et 44 des 58 [[Liste des réacteurs nucléaires en France|réacteurs français]] ont déjà dépassé ce seuil <ref>LEVEQUE, F. (2013). Nucléaire on/off. Dunod, 272 p.</ref>. On constate une usure des matériaux et une augmentation du nombre d'incidents et de défaillances sur de nombreux sites.

Malgré peu d'accidents importants, il faut noter que les rejets des [[Centrales nucléaires en France|centrales nucléaires]] libérés quotidiennement représentent une source de [[Pollution de l'air|pollution atmosphérique]] malgré les réglementations <ref>REUSS, P. (2012). L’énergie nucléaire. PUF, Paris, 128 p.</ref>.


==== Iran ====
==== Iran ====
L'[[Iran]] ne détient pas l’[[arme nucléaire]] mais des sites nucléaires sont en construction.
La centrale nucléaire de [[Centrale nucléaire de Bushehr|Bushehr]] ainsi que celle de [[Centrale nucléaire de Darkhovin|Darkhovin]], actuellement en construction, sont situées le long de la côte du [[Golfe Persique]] entraînant une dégradation de l'écosystème du golfe <ref name="beheshti">BEHESHTI, H. (2011). "The prospective environmental impacts of Iran nuclear energy expansion". Energy Policy, n° 39, pp. 6351-6359.</ref>. Le mécanisme de refroidissement des [[Centrale nucléaire|centrales nucléaires]] provoque une augmentation de la température de l'eau ce qui a pour effet de perturber l'écosystème aquatique en diminuant par exemple la productivité de certaines [[algues]] ou en entraînant la migration de certaines espèces de [[poisson]]s. La majorité des centrales en Iran sont situées en zones [[Aridité|arides]] ou [[Climat semi-aride|semi-arides]]. Or, une grande quantité d'eau est nécessaire pour les approvisionner. Cela pourrait causer davantage de [[désertification]] et de [[Régression et dégradation des sols|dégradation des terres]] dans ces régions aggravant l'[[insécurité alimentaire]] <ref name="beheshti"/>.

La centrale nucléaire de [[Centrale nucléaire de Bushehr|Bushehr]] ainsi que celle de [[Centrale nucléaire de Darkhovin|Darkhovin]], actuellement en construction, sont situées le long de la côte du [[Golfe Persique]] entraînant une dégradation de l'écosystème du golfe<ref name="beheshti">BEHESHTI, H. (2011). "The prospective environmental impacts of Iran nuclear energy expansion". Energy Policy, n° 39, pp. 6351-6359.</ref>. Le mécanisme de refroidissement des [[Centrale nucléaire|centrales nucléaires]] provoque une augmentation de la température de l'eau ce qui a pour effet de perturber l'écosystème aquatique en diminuant par exemple la productivité de certaines [[algues]] ou en entraînant la migration de certaines espèces de [[poisson]]s. La majorité des centrales en Iran sont situées en zones [[Aridité|arides]] ou [[Climat semi-aride|semi-arides]]. Or, une grande quantité d'eau est nécessaire pour les approvisionner. Cela pourrait causer davantage de [[désertification]] et de [[Régression et dégradation des sols|dégradation des terres]] dans ces régions aggravant l'[[insécurité alimentaire]]<ref name="beheshti"/>.


Suite aux sanctions économiques émises par les [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] depuis 2006 quant aux violations par rapport aux [[Programme nucléaire de l'Iran|activités nucléaires iraniennes]], il a été constaté une diminution du [[niveau de vie]], une augmentation de l'[[inflation]] ainsi qu'une augmentation du [[chômage]] et des [[inégalités sociales]] <ref>DELPECH, T. (2006). L'Iran, la bombe et la démission des nations. Autrement, Paris, pp. 7-32</ref>{{,}}<ref>POLLACK, Kenneth M. (2013). Unthinkable, Iran, the Bomb and American Strategy. Simon and Schuster, New- York, 536 p.</ref>{{,}}<ref>GÉRÉ, F. (2006). L'Iran et le nucléaire, les tourments perses. Lignes de repères, Paris, 175 p.</ref>.
À la suite des sanctions économiques émises par les [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] depuis 2006 quant aux violations par rapport aux [[Programme nucléaire de l'Iran|activités nucléaires iraniennes]], il a été constaté une diminution du [[niveau de vie]], une augmentation de l'[[inflation]] ainsi qu'une augmentation du [[chômage]] et des [[inégalités sociales]]<ref>DELPECH, T. (2006). L'Iran, la bombe et la démission des nations. Autrement, Paris, pp. 7-32</ref>{{,}}<ref>POLLACK, Kenneth M. (2013). Unthinkable, Iran, the Bomb and American Strategy. Simon and Schuster, New- York, 536 p.</ref>{{,}}<ref>GÉRÉ, F. (2006). L'Iran et le nucléaire, les tourments perses. Lignes de repères, Paris, 175 p.</ref>.


Enfin, l’acquisition de l’[[arme nucléaire]] par l’[[Iran]] pourrait déclencher une déstabilisation politique dans la région et dans le monde.
Enfin, l’acquisition de l’[[arme nucléaire]] par l’[[Iran]] pourrait déclencher une déstabilisation politique dans la région et dans le monde.


==== Japon ====
==== Japon ====
La [[catastrophe nucléaire de Fukushima]] a eu de graves répercussions sur l'[[environnement]]. D'une part, l’[[environnement marin]] est très largement contaminé. Les relâchements atmosphériques radioactifs et les fuites directes d’eaux contaminées de la [[Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi|centrale de Fukushima]] participent à la [[pollution]] de ce milieu. Les [[Poisson|espèces marines]] sont touchées et ne peuvent plus être consommées par la population. D'autre part, les [[sol|sols]] et [[Plante|plantes]] sont tout aussi affectés par les [[déchets radioactifs]]. La [[production alimentaire]] dans la zone irradiée est contrôlée. Certains produits sont interdits de vente et détruits par les autorités japonaises <ref name="carpentier">CARPENTIER, A., BAULIEU, E.-E., BRÉZIN, E. Et FRIEDEL, J. (2012). L’accident majeur de Fukushima. Considérations sismiques, nucléaires et médicales. Groupe de travail solidarité Japon, EDP Sciences, Les Ulis, France.</ref>.
La [[catastrophe nucléaire de Fukushima]] a eu de graves répercussions sur l'[[environnement]]. D'une part, l’[[environnement marin]] est très largement contaminé. Les relâchements atmosphériques radioactifs et les fuites directes d’eaux contaminées de la [[Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi|centrale de Fukushima]] participent à la [[pollution]] de ce milieu. Les [[Poisson|espèces marines]] sont touchées et ne peuvent plus être consommées par la population. D'autre part, les [[Sol (pédologie)|sols]] et [[Plante|plantes]] sont tout aussi affectés par les [[déchets radioactifs]]. La [[production alimentaire]] dans la zone irradiée est contrôlée. Certains produits sont interdits de vente et détruits par les autorités japonaises<ref name="carpentier">CARPENTIER, A., BAULIEU, E.-E., BRÉZIN, E. Et FRIEDEL, J. (2012). L’accident majeur de Fukushima. Considérations sismiques, nucléaires et médicales. Groupe de travail solidarité Japon, EDP Sciences, Les Ulis, France.</ref>.


Cet accident nucléaire a aussi des conséquences sociales. Le fait que certaines infrastructures hospitalières aient été détruites par le [[Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku|séisme]] entraîne des risques sanitaires. Un rayon de la zone irradiée a été instauré afin de procéder à l’évacuation des habitants. Au total, plus de 110 000 réfugiés <ref name="carpentier"/> sont recensés sur un rayon de 20 à 30 km autour de la [[Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi|centrale de Fukushima]]. Par ailleurs, les risques nucléaires et [[Risque sismique|sismiques]] restent permanents.
Cet accident nucléaire a aussi des conséquences sociales. Le fait que certaines infrastructures hospitalières aient été détruites par le [[Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku|séisme]] entraîne des risques sanitaires. Un rayon de la zone irradiée a été instauré afin de procéder à l’évacuation des habitants. Au total, plus de 110 000 réfugiés<ref name="carpentier"/> sont recensés sur un rayon de 20 à 30 km autour de la [[Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi|centrale de Fukushima]]. Par ailleurs, les risques nucléaires et [[Risque sismique|sismiques]] restent permanents.


==== Ukraine ====
==== Ukraine ====
Les premières [[Liste des centrales nucléaires d'Ukraine|centrales nucléaires en Ukraine]] ont été construites aux alentours de 1977 <ref> International Atomic Energy Agency (2014). Power Reactor Information System: Ukraine.
Les premières [[Liste des centrales nucléaires d'Ukraine|centrales nucléaires en Ukraine]] ont été construites aux alentours de 1977<ref> International Atomic Energy Agency (2014). Power Reactor Information System: Ukraine.
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/CountryDetails.aspx?current=UA, dernière visite le 24 avril 2014.
http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/CountryDetails.aspx?current=UA, dernière visite le 24 avril 2014.
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L'[[accident nucléaire de Tchernobyl]] a entraîné une [[Pollution radioactive|contamination]] de l'air, de l'eau et du sol via la pluie et la neige (dans l'[[Hémisphère nord|hémisphère Nord]]). Les [[poisson]]s et les [[Plante|plantes]] ont absorbé des [[radionucléides]] qui se sont disséminés dans l'entièreté de la [[chaîne alimentaire]]. Il y a aussi eu une augmentation de la fréquence des [[Mutation (génétique)|mutations]] et de la [[radiosensibilité]] de certaines [[Poisson|espèces végétales]] ce qui a causé des changements [[morphologie|morphologiques]] tels que des modifications de forme, des [[Embranchement (biologie)|embranchements]] supplémentaires <ref>YABLOKOV, A. V., NESTRENKO, V. B. et NESTERENKO, A. B. (2009). "Chapter III. Consequences of the Chernobyl Catastrophe for the Environment". Annals of the New York Academy of Sciences, 1181:221-286.</ref>, etc. Chez les êtres vivants, on retrouve également des troubles [[morphologie |morphologiques]], [[Physiologie|physiologiques]] et [[Génétique|génétiques]] ainsi qu'une augmentation significative de la [[morbidité]] et de la [[mortalité]]. Les [[Mycobacterium tuberculosis|bacilles]] de la [[tuberculose]], l'[[hépatite]] et des [[Bactéries filamenteuses segmentées|bactéries]] du sol ont été activés de diverses manières. L'irradiation de [[Centrale nucléaire de Tchernobyl|Tchernobyl]] a conduit à la création de nouvelles formes de [[virus]], de [[bactéries]] et de [[champignons]]. Ces changements sont probablement néfastes pour la survie des autres espèces. Plus de vingt ans plus tard, le [[gibier]] et le [[bétail]] près de [[Tchernobyl (virus)|Tchernobyl]] possédaient toujours des niveaux dangereux de [[radionucléides]].
L'[[accident nucléaire de Tchernobyl]] a entraîné une [[Pollution radioactive|contamination]] de l'air, de l'eau et du sol via la pluie et la neige (dans l'[[Hémisphère nord|hémisphère Nord]]). Les [[poisson]]s et les [[Plante|plantes]] ont absorbé des [[radionucléides]] qui se sont disséminés dans l'entièreté de la [[chaîne alimentaire]]. Il y a aussi eu une augmentation de la fréquence des [[Mutation (génétique)|mutations]] et de la [[radiosensibilité]] de certaines [[Poisson|espèces végétales]] ce qui a causé des changements [[morphologie|morphologiques]] tels que des modifications de forme, des [[Embranchement (biologie)|embranchements]] supplémentaires<ref>YABLOKOV, A. V., NESTRENKO, V. B. et NESTERENKO, A. B. (2009). "Chapter III. Consequences of the Chernobyl Catastrophe for the Environment". [[Annals of the New York Academy of Sciences]], 1181:221-286.</ref>, etc. Chez les êtres vivants, on retrouve également des troubles [[morphologie |morphologiques]], [[Physiologie|physiologiques]] et [[Génétique|génétiques]] ainsi qu'une augmentation significative de la [[morbidité]] et de la [[mortalité]]. Les [[Mycobacterium tuberculosis|bacilles]] de la [[tuberculose]], l'[[hépatite]] et des [[Bactéries filamenteuses segmentées|bactéries]] du sol ont été activés de diverses manières. L'irradiation de [[Centrale nucléaire de Tchernobyl|Tchernobyl]] a conduit à la création de nouvelles formes de [[virus]], de [[bactéries]] et de [[champignons]]. Ces changements sont probablement néfastes pour la survie des autres espèces. Plus de vingt ans plus tard, le [[gibier]] et le [[bétail]] près de [[Tchernobyl (virus)|Tchernobyl]] possédaient toujours des niveaux dangereux de [[radionucléides]].


Il est difficile de faire une évaluation complète des impacts humains de la [[catastrophe de Tchernobyl]] à cause de [[Secret professionnel|secrets professionnels]] et de falsifications de dossiers médicaux par l'[[URSS]] pendant les quatre années suivant la [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|catastrophe]]. Vingt ans après, le Forum de [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|Tchernobyl]] dressait un bilan officiel de 9000 décès <ref> Evolution du taux brut de mortalité : ce taux varie entre 11 et 15‰ à partir de 1980, selon la Banque mondiale (http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.DYN.CDRT.IN). Il passe à 14-15‰ en 1993 et reste constant jusque 2000.</ref> et plus de 200000 personnes souffrant de maladies. Certaines études estiment que 400 millions d'humains exposés aux radiations pourraient avoir une descendance affectée <ref>NESTERENKO, A. B., NESTERENKO, V. B. et YABLOKOV, A. V. (2009). "Chapter II. Consequences of the Chernobyl Catastrophe for Public Health". Annals of the New York Academy of Sciences, 1181:31-41.</ref>. Les [[Rayonnement ionisant|radiations naturelles ionisantes]] sont présentes de manière permanente sur [[Terre]] et représentent une source importante de [[Mutation (génétique)|mutation génétique]] dans laquelle toute vie a évolué et s'est adaptée. L'[[accident de Tchernobyl]] a ajouté 2 % à cette radiation déjà présente. Dans 400 ans (environ 20 générations humaines), les populations locales seront probablement moins sensibles à la [[radioactivité]] que maintenant<ref> Pour donner une idée de la diminution du niveau de vie, selon le PNUD (http://hdr.undp.org/en/countries/profiles/UKR), l'indice de développement humain est passé de 0,714% en 1990 à 0,673% en 2000</ref>.
Il est difficile de faire une évaluation complète des impacts humains de la [[catastrophe de Tchernobyl]] à cause de [[Secret professionnel|secrets professionnels]] et de falsifications de dossiers médicaux par l'[[URSS]] pendant les quatre années suivant la [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|catastrophe]]. Vingt ans après, le Forum de [[Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|Tchernobyl]] dressait un bilan officiel de {{nombre|9000|décès}}<ref> Evolution du taux brut de mortalité : ce taux varie entre 11 et 15‰ à partir de 1980, selon la Banque mondiale (http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.DYN.CDRT.IN). Il passe à 14-15‰ en 1993 et reste constant jusque 2000.</ref> et plus de {{nombre|200000|personnes}} souffrant de maladies. Certaines études estiment que 400 millions d'humains exposés aux radiations pourraient avoir une descendance affectée<ref>NESTERENKO, A. B., NESTERENKO, V. B. et YABLOKOV, A. V. (2009). "Chapter II. Consequences of the Chernobyl Catastrophe for Public Health". Annals of the New York Academy of Sciences, 1181:31-41.</ref>. Les [[Rayonnement ionisant|radiations naturelles ionisantes]] sont présentes de manière permanente sur [[Terre]] et représentent une source importante de [[Mutation (génétique)|mutation génétique]] dans laquelle toute vie a évolué et s'est adaptée. L'[[accident de Tchernobyl]] a ajouté 2 % à cette radiation déjà présente. Dans 400 ans (environ 20 générations humaines), les populations locales seront probablement moins sensibles à la [[radioactivité]] que maintenant{{refnec}}.


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* [[Lobby nucléaire]]
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* [[Gestion des connaissances dans le domaine du nucléaire]]

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L’industrie nucléaire comprend l'ensemble des procédés de transformation et des acteurs industriels qui utilisent les propriétés du noyau atomique. Elle a pour principaux débouchés la production d'électricité d'origine nucléaire, éventuellement embarquée dans des vaisseaux militaires, la fabrication d'armes atomiques, ainsi que le secteur industriel de la médecine nucléaire.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'histoire de l'industrie nucléaire mondiale s'est construite sur la base de nombreuses recherches et découvertes, ainsi que d'évènements notoires[1] :

Les applications militaires de l'énergie nucléaire sont antérieures aux applications civiles. Ces dernières ont donc bénéficié de la recherche destinée aux applications militaires (premiers réacteurs notamment) et de certains retours d'expériences du nucléaire militaire, le complexe militaro-industriel nucléaire restant en partie lié au domaine civil dans les pays dotés de la bombe atomique ou dans ceux cherchant à s'en doter[2].

L'initiative Atoms for Peace (« Des atomes pour la paix ») ainsi que la mise en œuvre du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires par les signataires implique une séparation des activités militaires et des activités civiles. Certains pays ne sont pas signataires de ce traité et mènent donc au sein des mêmes installations des activités civiles et militaires.

Industrie nucléaire civile[modifier | modifier le code]

Dans le domaine civil, l'industrie nucléaire regroupe toutes les activités liées à :

Approvisionnement[modifier | modifier le code]

La production mondiale d'uranium est principalement issue de trois pays[3] : le Canada, l'Australie et le Kazakhstan. D'autres pays, tels que le Niger ou la Namibie sont également producteurs dans des proportions bien plus modestes. Selon l'IAEA, les gisements actuellement connus permettent de couvrir la consommation mondiale jusqu'en « 2040 et au delà »[4] à un tarif inférieur à $130/kg, et jusqu'à la fin du siècle avec des tarifs croissants, sans tenir compte de nouvelles campagnes de prospection ou des ressources non conventionnelles.

La sécurité de l’approvisionnement en combustible est élevée : « chaque centrale nucléaire peut faire de manière simple de grandes réserves, correspondant à plusieurs années de production »[5]. Ainsi, en Suisse, selon Swissnuclear, « les centrales nucléaires stockent dans des bassins le combustible nécessaire à l'exploitation d'une centrale nucléaire pendant environ deux ans »[6].

Si l'uranium n'est pas une ressource renouvelable, sa très forte densité énergétique compense fortement sa disponibilité face à d'autres ressources telles que les énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole etc.). En France, EDF dispose de stocks stratégiques[7] permettant de couvrir 2 ans de consommation moyenne sans avoir à recourir aux importations. Le retraitement du combustible usagé, afin de le ré-enrichir, permet également d'augmenter les stocks domestiques[8]. Enfin d'autres modes d'extraction de l'uranium sont à l'étude, tel que l'uranium marin, et pourraient porter la quantité de minerai disponible à plusieurs centaines d'années de production mondiale.

Production d'électricité[modifier | modifier le code]

La production d'électricité nucléaire se fait dans des centrales nucléaires utilisant le principe de fission nucléaire contrôlée. Cette production représentait en 2011 un peu plus de 12 % de l’électricité mondiale, et 5,3 % de l’énergie totale consommée dans le monde[9].

Métiers du nucléaire[modifier | modifier le code]

Les métiers du nucléaire sont nombreux : soudeurs, chaudronniers-tuyauteurs, mécaniciens-robinetiers, électriciens, informaticiens et automaticiens, etc., mais aussi ingénieurs, physiciens, managers, chimistes, environnementalistes, psychologues, ergonomes, chargés de communication...

Un certain nombre de travaux de maintenance des centrales nucléaires sont confiées à des entreprises sous-traitantes, employant par exemple 20 000 personnes en France[10].

Industrie nucléaire militaire[modifier | modifier le code]

Dans le domaine militaire, l'industrie nucléaire concerne :

Enjeux sociétaux[modifier | modifier le code]

La compréhension des enjeux propres à l'industrie nucléaire passe par l'analyse des dynamiques locales. En effet, comme cette industrie est un système technopolitique, fait de flux, d'occupation massive de sols par des centrales ou des lignes électriques, son empreinte sur la géographie est forte. Les conséquences en sont spéciales à chaque pays, chaque environnement. Par exemple, en Allemagne, où la densité de la population est élevée, cette industrie a rencontré une forte opposition et a eu beaucoup de mal à se développer ; mais en France, où il existe de nombreux territoires avec une faible densité de population et une économie en grande difficulté, EDF a su créer des conditions propices en créant des ensembles dépendants pour leur survie de l'énergie nucléaire[11].

Dans un contexte de sensibilité accrue de l'opinion publique aux questions d'environnement et de développement durable, l'industrie nucléaire fait régulièrement l'objet de débats sur ses enjeux sociétaux. Nous faisons ici le point sur quelques-uns de ces enjeux.

Faible émission de gaz à effet de serre[modifier | modifier le code]

Pour les partisans de l'industrie nucléaire, son faible impact en termes d'émission de gaz à effet de serre constitue l'un de ses principaux avantages.

Selon le GIEC[12],[13], la production d'un kWh émet 12 grammes d'équivalent CO2 contre 820 pour le charbon, 490 pour le gaz, 230 avec la biomasse, entre 41 et 48 pour le solaire, 24 pour l'hydraulique et entre 11 et 12 pour l'éolien.

Consommation de ressources non renouvelables[modifier | modifier le code]

L'industrie nucléaire consomme principalement l'uranium des combustibles nucléaires, le zirconium constituant les gaines des combustibles nucléaires des réacteurs à eau pressurisée, et le hafnium utilisé dans les barres de contrôle, les barres de réglage ou les barres de modération des neutrons dans les réacteurs. L'industrie nucléaire utilise également les métaux suivants[14] :

  • le cobalt pour réaliser les alliages durs employés dans la robinetterie nucléaire ;
  • le titane utilisé pour les condenseurs des centrales nucléaires côtières ;
  • le tungstène pour les conteneurs de combustible nucléaire ;
  • le tantale, en alliage avec le zirconium ;
  • le plomb, ou l'alliage plomb-bismuth, qui peut servir de fluide caloporteur (réacteur LFR), ou pour absorber les radiations ;
  • le cadmium, l'indium, l'argent, le sélénium et le bore, matériaux absorbeurs de neutrons utilisés dans les dispositifs de contrôle ;
  • le lithium, comme réfrigérant pour les réacteurs ou dissolvant de combustible nucléaire (LiF).

Pour ces derniers métaux, la consommation de l'industrie nucléaire est marginale par rapport aux autres usages, et la sensibilité aux prix est plus faible que dans d'autres industries.

Déchets nucléaires[modifier | modifier le code]

Les déchets nucléaires sont principalement les déchets de la production électronucléaire, qui se répartissent en plusieurs catégories :

Impacts environnementaux et humains du nucléaire[modifier | modifier le code]

L’utilisation du nucléaire, civil ou militaire, est parfois remise en question. Les catastrophes nucléaires survenues au cours des dernières décennies alimentent le débat public. Avec l'accident nucléaire de Three Mile Island aux États-Unis (), la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine () et celle de Fukushima au Japon () sont les plus marquantes. Ces catastrophes ont occasionné des conséquences dramatiques sur l'environnement mais aussi sur l’ensemble de la société. Pour autant, même les pays qui n’ont pas été confrontés à une catastrophe nucléaire s'interrogent sur leur utilisation du nucléaire civil.

Certains impacts de l'emploi du nucléaire sont exposés ci-dessous pour plusieurs pays.

Schéma conceptuel liant les impacts environnementaux et humains du nucléaire dans 4 pays

France[modifier | modifier le code]

En France, l’industrie nucléaire reste la principale source de production d'électricité. Cependant, la question du nucléaire est au cœur des débats et ce surtout ces dernières années. Pour y faire face, les autorités de sureté nucléaire (ASN), mais aussi les industriels, via l'AFCEN entre autres, éditent des codes de construction et de calcul très stricts[15].

Iran[modifier | modifier le code]

L'Iran ne détient pas l’arme nucléaire mais des sites nucléaires sont en construction.

La centrale nucléaire de Bushehr ainsi que celle de Darkhovin, actuellement en construction, sont situées le long de la côte du Golfe Persique entraînant une dégradation de l'écosystème du golfe[16]. Le mécanisme de refroidissement des centrales nucléaires provoque une augmentation de la température de l'eau ce qui a pour effet de perturber l'écosystème aquatique en diminuant par exemple la productivité de certaines algues ou en entraînant la migration de certaines espèces de poissons. La majorité des centrales en Iran sont situées en zones arides ou semi-arides. Or, une grande quantité d'eau est nécessaire pour les approvisionner. Cela pourrait causer davantage de désertification et de dégradation des terres dans ces régions aggravant l'insécurité alimentaire[16].

À la suite des sanctions économiques émises par les Nations unies depuis 2006 quant aux violations par rapport aux activités nucléaires iraniennes, il a été constaté une diminution du niveau de vie, une augmentation de l'inflation ainsi qu'une augmentation du chômage et des inégalités sociales[17],[18],[19].

Enfin, l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran pourrait déclencher une déstabilisation politique dans la région et dans le monde.

Japon[modifier | modifier le code]

La catastrophe nucléaire de Fukushima a eu de graves répercussions sur l'environnement. D'une part, l’environnement marin est très largement contaminé. Les relâchements atmosphériques radioactifs et les fuites directes d’eaux contaminées de la centrale de Fukushima participent à la pollution de ce milieu. Les espèces marines sont touchées et ne peuvent plus être consommées par la population. D'autre part, les sols et plantes sont tout aussi affectés par les déchets radioactifs. La production alimentaire dans la zone irradiée est contrôlée. Certains produits sont interdits de vente et détruits par les autorités japonaises[20].

Cet accident nucléaire a aussi des conséquences sociales. Le fait que certaines infrastructures hospitalières aient été détruites par le séisme entraîne des risques sanitaires. Un rayon de la zone irradiée a été instauré afin de procéder à l’évacuation des habitants. Au total, plus de 110 000 réfugiés[20] sont recensés sur un rayon de 20 à 30 km autour de la centrale de Fukushima. Par ailleurs, les risques nucléaires et sismiques restent permanents.

Ukraine[modifier | modifier le code]

Les premières centrales nucléaires en Ukraine ont été construites aux alentours de 1977[21].

L'accident nucléaire de Tchernobyl a entraîné une contamination de l'air, de l'eau et du sol via la pluie et la neige (dans l'hémisphère Nord). Les poissons et les plantes ont absorbé des radionucléides qui se sont disséminés dans l'entièreté de la chaîne alimentaire. Il y a aussi eu une augmentation de la fréquence des mutations et de la radiosensibilité de certaines espèces végétales ce qui a causé des changements morphologiques tels que des modifications de forme, des embranchements supplémentaires[22], etc. Chez les êtres vivants, on retrouve également des troubles morphologiques, physiologiques et génétiques ainsi qu'une augmentation significative de la morbidité et de la mortalité. Les bacilles de la tuberculose, l'hépatite et des bactéries du sol ont été activés de diverses manières. L'irradiation de Tchernobyl a conduit à la création de nouvelles formes de virus, de bactéries et de champignons. Ces changements sont probablement néfastes pour la survie des autres espèces. Plus de vingt ans plus tard, le gibier et le bétail près de Tchernobyl possédaient toujours des niveaux dangereux de radionucléides.

Il est difficile de faire une évaluation complète des impacts humains de la catastrophe de Tchernobyl à cause de secrets professionnels et de falsifications de dossiers médicaux par l'URSS pendant les quatre années suivant la catastrophe. Vingt ans après, le Forum de Tchernobyl dressait un bilan officiel de 9 000 décès[23] et plus de 200 000 personnes souffrant de maladies. Certaines études estiment que 400 millions d'humains exposés aux radiations pourraient avoir une descendance affectée[24]. Les radiations naturelles ionisantes sont présentes de manière permanente sur Terre et représentent une source importante de mutation génétique dans laquelle toute vie a évolué et s'est adaptée. L'accident de Tchernobyl a ajouté 2 % à cette radiation déjà présente. Dans 400 ans (environ 20 générations humaines), les populations locales seront probablement moins sensibles à la radioactivité que maintenant[réf. nécessaire].

Terminologie officielle[modifier | modifier le code]

Une liste des termes officiels est établie par Commission spécialisée de terminologie et de néologie de l’ingénierie nucléaire (CSTNIN)[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h « L’énergie nucléaire : une brève histoire », sur www.encyclopedie-energie.org, (consulté le ).
  2. B. Laponche, « La fin de l’électronucléaire–Récit anticipatif » [PDF], Annales des Mines - Responsabilité et environnement, no. 1, 2020, p. 102-106). FFE. ; voir le chapitre « Une histoire militaro-industrielle ».
  3. « Origine de l'uranium naturel importé en France : Kazakhstan, Niger, Canada, Australie », sur www.connaissancedesenergies.org, 12 mai 2014 - 12:00 (consulté le )
  4. « Les ressources en uranium mondiales sont suffisantes pour répondre à la demande dans un avenir proche, d’après le nouveau rapport de l’AEN et de l’AIEA », sur www.iaea.org, (consulté le )
  5. « Documentation forum de l'énergie suisse »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), page 69
  6. L'électricité d'origine nucléaire, pilier de l'économie et de la sécurité de l'emploi
  7. « En France, les ressources en uranium sont-elles suffisantes pour assurer notre indépendance énergétique ? », sur Sfen, (consulté le )
  8. « EDF relance une filière de recyclage de son uranium usé », sur Les Echos, (consulté le )
  9. Michel de Pracontal, « L'industrie nucléaire est entrée dans une longue période de stagnation » , Mediapart, 11 mars 2013.
  10. Libération :- 21/03/2011 - Dans les centrales françaises, le malaise de la «viande à radiations»
  11. Meyer Teva, « Du « pays perdu » du Blayais à l'« émirat de Saint-Vulbas » : les territoires de dépendance au nucléaire en France », Hérodote, 2014/4 (n° 155), p. 153-169. DOI : 10.3917/her.155.0153.
  12. « IPCC Working Group III – Mitigation of Climate Change, Annex III: Technology - specific cost and performance parameters _ Table A.III.2 (Emissions of selected electricity supply technologies (gCO 2eq/kWh) », IPCC, (consulté le ), p. 1335
  13. « IPCC Working Group III – Mitigation of Climate Change, Annex II Metrics and Methodology) », p. 14–31
  14. Philippe Bouhouix et Benoît de Guillebon, Quel avenir pour les métaux ? Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société, EDP Sciences, p. 202-205
  15. « Le code AFCEN : de la science et de la pratique industrielle », sur www.sfen.org, (consulté le ).
  16. a et b BEHESHTI, H. (2011). "The prospective environmental impacts of Iran nuclear energy expansion". Energy Policy, n° 39, pp. 6351-6359.
  17. DELPECH, T. (2006). L'Iran, la bombe et la démission des nations. Autrement, Paris, pp. 7-32
  18. POLLACK, Kenneth M. (2013). Unthinkable, Iran, the Bomb and American Strategy. Simon and Schuster, New- York, 536 p.
  19. GÉRÉ, F. (2006). L'Iran et le nucléaire, les tourments perses. Lignes de repères, Paris, 175 p.
  20. a et b CARPENTIER, A., BAULIEU, E.-E., BRÉZIN, E. Et FRIEDEL, J. (2012). L’accident majeur de Fukushima. Considérations sismiques, nucléaires et médicales. Groupe de travail solidarité Japon, EDP Sciences, Les Ulis, France.
  21. International Atomic Energy Agency (2014). Power Reactor Information System: Ukraine. http://www.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/CountryDetails.aspx?current=UA, dernière visite le 24 avril 2014.
  22. YABLOKOV, A. V., NESTRENKO, V. B. et NESTERENKO, A. B. (2009). "Chapter III. Consequences of the Chernobyl Catastrophe for the Environment". Annals of the New York Academy of Sciences, 1181:221-286.
  23. Evolution du taux brut de mortalité : ce taux varie entre 11 et 15‰ à partir de 1980, selon la Banque mondiale (http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.DYN.CDRT.IN). Il passe à 14-15‰ en 1993 et reste constant jusque 2000.
  24. NESTERENKO, A. B., NESTERENKO, V. B. et YABLOKOV, A. V. (2009). "Chapter II. Consequences of the Chernobyl Catastrophe for Public Health". Annals of the New York Academy of Sciences, 1181:31-41.
  25. « Arrêté du 23 mars 2010 portant nomination à la commission de terminologie et de néologie de l'ingénierie nucléaire » , JORF n°0078 du 2 avril 2010 page 6453 texte n° 81

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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