« Chanoine » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Jaligniacus (discuter | contributions)
Annulation de la modification de 2A02:8440:521A:C24A:5969:31E4:4B62:5FAE (d) Aucun intérêt dans ce paragraphe, sinon créer des polémiques là où elle n'ont pas lieu d'être
Balise : Annulation
FHd (discuter | contributions)
 
(43 versions intermédiaires par 25 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Voir homonymes|Chanoine (homonymie)}}
{{À recycler|motif=Article passant à côté de son sujet, manque de sources : sources trop ténues et trop de sources primaires etc.|date=août 2022}}{{Voir homonymes|Chanoine (homonymie)}}
{{internationaliser|date=mars 2018}}
[[Fichier:Aumusse.jpg|thumb|Chanoine portant l'[[aumusse]].]]
[[Fichier:Aumusse.jpg|thumb|Chanoine portant l'[[aumusse]].]]


Un '''chanoine''' (du nom latin médiéval ''[[wikt:canonicus|canonicus]]'' de même sens, lui-même issu de l'adjectif du latin classique ''[[wikt:canonicus|canonicus]]'' : « relatif à une règle, [[Clergé régulier|régulier]] » ; et du grec ancien [[wikt:κανών|κανών]] (''kanôn''), règle) est un [[Clergé|clerc]] (voire laïc) appartenant à un [[Chapitre de chanoines|chapitre]] ou à une [[Congrégation religieuse|congrégation]], et consacré à la prière liturgique au chœur, voire à l'enseignement, à la prédication, au secours des pauvres, au chœur professionnel (le « bas-chœur ») et à la [[chœur d'enfants|maîtrise]], etc. Il s'agit à l'origine d'un [[Clergé séculier|clerc séculier]] doté d'une [[Règle monastique|règle]] [[Droit canonique|canonique]] ([[règle d'Aix]]) analogue à [[Règle de saint Benoît|celle de saint Benoît]] et détenteur d'une [[prébende]]. Bien que cette règle s'inspire de la tradition apostolique de renoncement, elle permet aux chanoines de posséder des biens privés, ce qui les distingue des [[moine]]s<ref>{{ouvrage|auteur=Jean Châtillon|titre=Le mouvement canonial au Moyen Âge. Réforme de l'église spiritualité et culture|éditeur=Brepols|date=1992|passage=11}}.</ref>.
Un '''chanoine''' (du nom latin médiéval ''[[wikt:canonicus|canonicus]]'' de même sens, lui-même issu de l'adjectif du latin classique ''[[wikt:canonicus|canonicus]]'' : « relatif à une règle, [[Clergé régulier|régulier]] » ; et du grec ancien {{grec ancien|κανών|kanôn}}, « règle ») est un [[Clergé|clerc]] (voire un laïc) appartenant à un [[Chapitre de chanoines|chapitre]] ou à une [[Congrégation religieuse|congrégation]], et consacré à la prière liturgique au chœur (chanter la gloire de Dieu en plain-chant monodique fait partie intégrante de la liturgie), à la prédication, au secours des pauvres, ainsi qu'à la direction du chœur professionnel (le « bas-chœur ») conjointement à une fonction d'enseignement dans le but de pouvoir diriger le [[chœur d'enfants]] (la maîtrise). Cette fonction de maître de musique, même lorsque celui-ci devient chanoine, installe généralement son bénéficiaire à un rang inférieur dans la hiérarchie canoniale, etc. Il s'agit à l'origine d'un [[Clergé séculier|clerc séculier]] doté d'une [[Règle monastique|règle]] [[Droit canonique|canonique]] ([[règle d'Aix]]) analogue à [[Règle de saint Benoît|celle de saint Benoît]] et détenteur d'une [[prébende]]. Bien que cette règle s'inspire de la tradition apostolique de renoncement, elle permet aux chanoines de posséder des biens privés, ce qui les distingue des [[moine]]s<ref>{{ouvrage|auteur=Jean Châtillon|titre=Le mouvement canonial au Moyen Âge. Réforme de l'église spiritualité et culture|éditeur=Brepols|date=1992|passage=11}}.</ref>.


Progressivement, la très grande variété des intitulés des [[Chapitre de chanoines#Dignités|dignités]] et des [[office]]s selon les chapitres (différents selon leur fondateur, la richesse de leur patrimoine) a donné naissance à différentes catégories de chanoines qu'il est difficile de sérier. Au [[haut Moyen Âge]], le mot peut désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd'hui, il existe des chanoines ecclésiastiques (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses).
Progressivement, la très grande variété des intitulés des [[Chapitre de chanoines#Dignités|dignités]] et des [[office]]s selon les chapitres (différents selon leur fondateur, la richesse de leur patrimoine) a donné naissance à différentes catégories de chanoines qu'il est difficile de sérier. Au [[haut Moyen Âge]], le mot peut désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd'hui, il existe des chanoines ecclésiastiques (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses).
Ligne 9 : Ligne 8 :
== Histoire de la vie canoniale ==
== Histoire de la vie canoniale ==
=== Origine ===
=== Origine ===
L'historiographie ecclésiastique voit dans le mode de vie des [[Apôtre]]s rassemblés autour du [[Jésus-Christ|Christ]], l'exemple fondateur de la vie canoniale. On y rattache en effet les principes de la vie communautaire, consacrée à Dieu, mais assurant également la propagation de la foi et les secours spirituels.
[[Fichier:Hambye34.JPG|thumb|left|upright|Chanoine agenouillé ([[Normandie]]).]]
Les persécutions que les chrétiens subirent dans les trois premiers siècles, empêchèrent en beaucoup de lieux les clercs de vivre en commun : mais ils mettaient au moins leurs biens en communauté. La distinction que l'on fit en 324 des églises cathédrales d'avec les églises particulières, peut cependant être regardée comme le véritable commencement des collèges et communautés de clercs appelés « chanoines ». On voit dans saint Basile et dans saint Cyrille, que l'on se servait du nom de « chanoine » et de « chanoinesse » dans l'église d'Orient. Ces noms furent usités plus tard en Occident<ref>Denis Diderot, ''Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers'', 1782, volume 7, {{p.|227}}</ref>.


Le nom de « chanoine » apparut en Occident au {{s-|IV}}, désignant les clercs que [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]], évêque d'Hippone, avait rassemblés autour de lui en leur proposant une règle de vie commune.


La distinction d'un corps des chanoines par rapport au reste du clergé pourrait remonter à [[Chrodegang de Metz|saint Chrodegang]], [[Liste des évêques de Metz|évêque]] de [[Metz]] et auteur en 763 d'une règle de vie communautaire (la ''Regula vitae communis'') inspirée de la règle de [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]]. Selon cette règle, les membres du clergé vivant en commun sous le toit épiscopal n'ont pas à faire vœu de pauvreté mais doivent respecter un certain nombre d'obligations, telles que le travail manuel et la confession deux fois par an. Les [[Liste des évêques et archevêques de Lyon|évêques de Lyon]] [[Leidrade]] puis [[Agobard de Lyon|Agobard]] introduisent dans la capitale des Gaules la réforme canoniale voulue par Charlemagne. Cette réforme est renouvelée et diffusée par [[Louis le Pieux]] au [[Liste des conciles d'Aix-la-Chapelle|concile d'Aix-la-Chapelle]] en 816 ([[règle d'Aix]])<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Rubellin|titre=Église et société chrétienne d'Agobard à Valdès|éditeur=Presses Universitaires Lyon|année=2003|passage=151|isbn=}}</ref>.
L'expression ''clerici canonici'', d'où provient le terme « chanoine », apparaît au {{s-|IV}} et désigne alors certains des nombreux clercs affectés au service de la [[cathédrale]] qui, menant une vie commune, sont bientôt soumis à une [[Clergé régulier|règle]] (en grec ancien : {{Grec ancien|κανών|kanôn}}), peut-être celle qu'[[Augustin d'Hippone|Augustin]], évêque d'Hippone, donne à ses clercs<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Derville|lien auteur1=Alain Derville|titre=La société française au Moyen Âge|passage=174-175|éditeur=Presses Universitaires du Septentrion|date=2020|isbn=978-2-7574-2202-1}}</ref>. [[Fichier:Hambye34.JPG|thumb|upright|Chanoine agenouillé ([[Normandie]]).]]La distinction d'un corps des chanoines par rapport au reste du clergé pourrait remonter à [[Chrodegang de Metz|Chrodegang]], [[Liste des évêques de Metz|évêque]] de [[Metz]] et auteur en 763 d'une règle de vie communautaire (la ''Regula vitae communis'') inspirée de la règle d'[[Augustin d'Hippone|Augustin]]. Selon cette règle, les membres du clergé vivant en commun sous le toit épiscopal n'ont pas à faire vœu de pauvreté mais doivent respecter un certain nombre d'obligations, telles que le travail manuel et la confession deux fois par an. Les [[Liste des évêques et archevêques de Lyon|évêques de Lyon]] [[Leidrade]] puis [[Agobard de Lyon|Agobard]] introduisent dans la capitale des Gaules la réforme canoniale voulue par Charlemagne. Cette réforme est renouvelée et diffusée par [[Louis le Pieux]] au cinquième [[Liste des conciles d'Aix-la-Chapelle|concile d'Aix-la-Chapelle]] en 816 ([[règle d'Aix]])<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Rubellin|titre=Église et société chrétienne d'Agobard à Valdès|éditeur=Presses Universitaires Lyon|année=2003|passage=151|isbn=}}</ref>.


Il était également précisé qu'ils devaient entendre deux fois par jour un chapitre (latin ''capitulum'') de la règle de leur fondateur. Le terme aurait ensuite changé de sens pour désigner la réunion du conseil de l'évêque avec les clercs qui l'assistent : le [[Chapitre de chanoines|chapitre]] canonial. Les chanoines prirent alors une part de plus en plus importante à l'administration de l'église épiscopale.
Il y est précisé qu'ils devaient entendre deux fois par jour un chapitre (latin ''capitulum'') de la règle de leur fondateur. Le terme aurait ensuite changé de sens pour désigner la réunion du conseil de l'évêque avec les clercs qui l'assistent : le [[Chapitre de chanoines|chapitre]] canonial. Les chanoines prennent alors une part de plus en plus importante à l'administration de l'église épiscopale.


=== Les chanoines au Moyen Âge ===
=== Les chanoines au Moyen Âge ===
Ligne 24 : Ligne 19 :


==== La réforme grégorienne ====
==== La réforme grégorienne ====
Durant la [[réforme grégorienne]], diverses réformes sont entreprises par les souverains pontifes, comme [[Nicolas II (pape)|Nicolas II]] (en 1059), [[Alexandre II (pape)|Alexandre II]] (en 1063, créant les chanoines réguliers, et excluant les laïcs de ces sortes de communautés). L'attrait prioritaire de la [[prébende]], qui fait recruter les chanoines auprès de la haute bourgeoisie et de la noblesse locale, les cas nombreux de [[concubinage]]<ref>Les [[Domesticité|domestiques]] des chanoines dans les [[Inventaire après décès|inventaires après décès]] montrent la présence de [[Domesticité|bonnes]] vivant en concubinage avec ces clercs, malgré l'interdiction du [[Concile de Clermont (535)|concile de Clermont]] à ce sujet. Cf. {{ouvrage|auteur=[[Michel Rouche]] (dir.)|titre=Mariage et sexualité au Moyen Age : accord ou crise|éditeur=Presses Paris Sorbonne|date=2000|passage=173-174}}.</ref> et l'abandon de tout service paroissial sont les causes de tentatives éparses de redressement, dès l'[[an mil]], puis d'une reprise en main venue de Rome, au cours du {{s-|XI}}, dans la mouvance de cette réforme<ref>{{ouvrage|auteur=Daniel Faure, Véronique Rouchon-Mouilleron |titre=Cloîtres : jardins de prières|éditeur=2000|date=Flammarion|passage=23}}.</ref>.
Durant la [[réforme grégorienne]], diverses réformes sont entreprises par les souverains pontifes, comme {{noble|Nicolas II (pape)}} (en 1059), {{noble|Alexandre II (pape)}} (en 1063, créant les chanoines réguliers, et excluant les laïcs de ces sortes de communautés). L'attrait prioritaire de la [[prébende]], qui fait recruter les chanoines auprès de la haute bourgeoisie et de la noblesse locale, les cas nombreux de [[concubinage]]<ref>Les [[Domesticité|domestiques]] des chanoines dans les [[Inventaire après décès|inventaires après décès]] montrent la présence de [[Domesticité|bonnes]] vivant en concubinage avec ces clercs, malgré l'interdiction du [[Concile de Clermont (535)|concile de Clermont]] à ce sujet. Cf. {{ouvrage|auteur=[[Michel Rouche]] (dir.)|titre=Mariage et sexualité au Moyen Age : accord ou crise|éditeur=Presses Paris Sorbonne|date=2000|passage=173-174}}.</ref> et l'abandon de tout service paroissial sont les causes de tentatives éparses de redressement, dès l'[[an mil]], puis d'une reprise en main venue de Rome, au cours du {{s-|XI}}, dans la mouvance de cette réforme<ref>{{ouvrage|auteur=Daniel Faure, Véronique Rouchon-Mouilleron |titre=Cloîtres : jardins de prières|éditeur=Flammarion|date=2000|passage=23}}.</ref>.


Dès la première moitié de ce siècle, de nombreux chapitres en Europe entreprennent d'eux-mêmes de reprendre une vie commune en respectant la règle de Saint Augustin. Les régions les plus gagnées par ce premier élan sont la Provence, la Toscane, la Lombardie et le Latium<ref>{{harvsp|id=H du Chr. t V|texte=H. du Christianisme t. V|p=152}}</ref>. Dans la seconde moitié du siècle, de nombreuses autres régions d'Europe s'engagent dans cette voie<ref>{{harvsp|id=H du Chr. t V|texte=H. du Christianisme t. V|p=153}}</ref>. Toutefois, de nombreuses communautés résistent à cette réforme et ne reprennent pas de vie commune ou s'engagent dans la pauvreté, tel le chapitre cathédral de [[Lyon de l'an mil au rattachement à la France|Lyon]] par exemple<ref>{{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Jacques| nom1=Gadille| directeur1=oui| prénom2=René| nom2=Fédou| prénom3=Henri| nom3=Hours| prénom4=Bernard| nom4=de Vregille| titre=Le diocèse de Lyon| éditeur=[[Éditions Beauchesne|Beauchesne]]| collection=Histoire des diocèses de France| lieu=Paris| numéro dans collection=16| année=1983| pages totales=350| isbn=2-7010-1066-7| bnf=34728148r|passage=90-92}}</ref>.
Dès la première moitié de ce siècle, de nombreux chapitres en Europe entreprennent d'eux-mêmes de reprendre une vie commune en respectant la règle d'Augustin d'Hippone. Les régions les plus gagnées par ce premier élan sont la Provence, la Toscane, la Lombardie et le Latium<ref>{{harvsp|id=H du Chr. t V|texte=H. du Christianisme t. V|p=152}}</ref>. Dans la seconde moitié du siècle, de nombreuses autres régions d'Europe s'engagent dans cette voie<ref>{{harvsp|id=H du Chr. t V|texte=H. du Christianisme t. V|p=153}}</ref>. Toutefois, de nombreuses communautés résistent à cette réforme et ne reprennent pas de vie commune ou s'engagent dans la pauvreté, tel le chapitre cathédral de [[Lyon de l'an mil au rattachement à la France|Lyon]] par exemple<ref>{{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Jacques| nom1=Gadille| directeur1=oui| prénom2=René| nom2=Fédou| prénom3=Henri| nom3=Hours| prénom4=Bernard| nom4=de Vregille| titre=Le diocèse de Lyon| éditeur=[[Éditions Beauchesne|Beauchesne]]| collection=Histoire des diocèses de France| lieu=Paris| numéro dans collection=16| année=1983| pages totales=350| isbn=2-7010-1066-7| bnf=34728148r|passage=90-92}}</ref>.


==== Du {{s-|XII}} à la fin du Moyen Âge ====
==== Du {{s-|XII}} à la fin du Moyen Âge ====
D'autres rappels à la règle sont faits par [[Innocent II]] (et le [[Deuxième concile du Latran|concile du Latran]], en 1139), ou encore [[Benoît XII]] (en 1339).
D'autres rappels à la règle sont faits par {{noble|Innocent II}} (et le [[Deuxième concile du Latran|concile du Latran]], en 1139), ou encore {{noble|Benoît XII}} (en 1339).


=== À l'époque moderne ===
=== À l'époque moderne ===
Ligne 35 : Ligne 30 :


=== Depuis le {{s-|XIX}} jusqu'à nos jours ===
=== Depuis le {{s-|XIX}} jusqu'à nos jours ===
Les chanoines relèvent dans le Droit canonique de la section consacrée aux chapitres de chanoines. Le Code de 1917 en traitait aux canons 391-422, livre II, 1re partie, section 1, titre 8, chapitre 5e, soit 31 canons ; le nouveau [[Code de droit canonique de 1983|Code de 1983]] en traite aux canons 503-510<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Les chapitres de chanoines|url=http://www.vatican.va/archive/FRA0037/__P1Q.HTM|site=vatican.va|date=1983|consulté le=}}</ref>, au livre II, 2e partie, section 2, titre 3, chapitre 4, soit 7 canons seulement. La réduction drastique des canons les concernant marque la disparition de leur puissance, leur rôle étant désormais ''de facto'' honorifique.
Les chanoines relèvent dans le Droit canonique de la section consacrée aux chapitres de chanoines. Le Code de 1917 en traitait aux {{nobr|canons 391}}-422, {{nobr rom|livre II}}, {{1re|partie}}, {{nobr|section 1}}, {{nobr|titre 8}}, {{nobr|chapitre 5e}}, soit {{nobr|31 canons}} ; le nouveau [[Code de droit canonique de 1983|Code de 1983]] en traite aux canons 503-510<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Les chapitres de chanoines|url=http://www.vatican.va/archive/FRA0037/__P1Q.HTM|site=vatican.va|date=1983}}</ref>, au {{nobr rom|livre II}}, {{2e|partie}}, {{nobr|section 2}}, {{nobr|titre 3}}, {{nobr|chapitre 4}}, soit {{nobr|7 canons}} seulement. La réduction drastique des canons les concernant marque la disparition de leur puissance, leur rôle étant désormais ''de facto'' honorifique.

== Typologie ==
Aujourd'hui, l'on distingue principalement :
* les chanoines ''séculiers,'' qui sont généralement des clercs attachés à un [[Chapitre de chanoines|chapitre]], cathédral ou collégial, ou, plus rarement, des clercs membres d'une congrégation de chanoines séculiers, qui ne prononcents pas de [[vœux religieux]] ;
* les chanoines ''réguliers'', qui sont des clercs vivant en communauté, faisant des [[vœux religieux]] et suivant une règle monastique ;
* les [[chanoinesse|chanoinesses]], qui sont, de nos jours, des [[religieuse|religieuses]] ;
* les chanoines ''laïcs.''

=== Les chanoines séculiers ===

==== Les chapitres de chanoines ====
{{Article détaillé|Chapitre de chanoines}}

[[Fichier:Chrodegang.jpg|vignette|195px|Vitrail de saint Chrodegang de Metz]]
Le terme de chanoine ''séculier'' désigne le plus souvent un [[clergé séculier|clerc séculier]], membre d'un [[chapitre de chanoines]] attaché à une église et « ''auquel il revient d'accomplir les fonctions liturgiques plus solennelles dans l'église cathédrale ou collégiale'' […] » (can. 503, CIC/1983<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Canon 503 du C.I.C./1983|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-503-cic-1983-503|site=droitcanonique.fr|date=1983}}</ref>).

Les chanoines se consacrent, principalement, au chant choral de l'[[Liturgie des Heures|office divin]] et de la messe capitulaire. Ils appartiennent à un collège appelé chapitre, collégial ou cathédral, selon que l'église où il officie est collégiale ou cathédrale, et dont les activités sont réglées par des statuts, sous l'autorité d'un doyen, prévôt ou primicier. La particularité du gouvernement de ces chapitres est d'être collégial, le doyen n'étant qu'un ''primus inter pares'' présidant et représentant le chapitre. Les chanoines ne prononcent pas de [[vœux religieux]] et restent, de ce fait, propriétaire de leurs biens.

C'est semble-t-il à partir du {{s-|XIII}} que, insensiblement, le terme ''canonicus'' est réservé aux clercs — ou au moins à certains des clercs — des églises cathédrales et des églises collégiales. Les chanoines forment alors le [[chapitre de chanoines|chapitre]] tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Les chanoines peuvent être de simples clercs, mais sont de nos jours quasiment tous prêtres (can. 509 § 2<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|titre=Canon 509 du C.I.C./1983|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-509-cic-1983-509|site=droitcanonique.fr|date=1983}}</ref>). Les églises cathédrales possèdent ordinairement un chapitre de chanoines (beaucoup n'en ont plus aujourd'hui, le can. 508 § 2 ne le rendant plus obligatoire<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Canon 508 du C.I.C./1983|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-508-cic-1983-508|site=droitcanonique.fr|date=1983}}</ref>), dont les membres composaient jadis le conseil de l'évêque ; avant le [[code de droit canonique de 1983]], les fonctions curiales de la cathédrale leur appartenaient à tous ''collegialiter'' (collectivement) et étaient exercées en pratique par l'un d'eux — le vicaire-curé ou ''capitulaire'' — au nom du chapitre. Désormais les chapitres sont séparés des paroisses (can. 510 § 3<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Canon 510|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-510-cic-1983-510|site=droitcanonique.fr|date=1983}}</ref>).

Le titre de chanoine est, depuis le {{s-|XIX}}, conféré à titre de retraite ou surtout de récompense, et exclusivement « à des prêtres remarquables par leur doctrine et l'intégrité de leur vie, et qui ont exercé le ministère de façon méritoire » (can. 509 § 2<ref name=":0" />).

Dans la cité de Liège<ref>''Le Chapitre cathédral de Saint Lambert à Liège au XVIIe siècle'' ([https://books.google.fr/books/about/Le_Chapitre_cath%C3%A9dral_de_Saint_Lambert.html?id=0kQTAAAAIAAJ&redir_esc=y présentation en ligne]).</ref>, les écolâtres étaient des chanoines qui avaient des responsabilités de contrôles, plus ou moins étendues selon les époques, des écoles élémentaires. Y furent écolâtres au {{s-|XVII}} : Christophe Blocquerie, Nicolas Rave, Gilles de Bocholtz, Jacques de Chocquier, Laurent de Méan, Jean-Ferdinand de Méan et Jean-Pierre Burman.

==== Les congrégations de chanoines séculiers ====
[[File:Chanoine séculier Saint-Jean Évangéliste.png|thumb|Chanoine séculier de la congrégation de Saint-Jean l'Évangéliste]]
Le terme de chanoine séculier désigne, également, un [[clergé séculier|clerc séculier]] qui, sans avoir prononcé de [[vœux religieux]], vit en communauté et exerce un apostolat, selon les [[constitutions religieuses|constitutions]] d'une congrégation.

Les congrégations de chanoines séculiers sont nées au {{s-|XV}}, de la volonté de faire revivre la vie communautaire des séculiers<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Les chanoines séculiers|url=https://icrspfrance.fr/institut/chanoines-seculiers|site=icrspfrance.fr|date=|consulté le=28/01/2022}}</ref>.

Parmi elles, on peut citer la congrégation de Saint-Georges in Algha (ou in Alga)<ref name="mon" />, fondée à Venise en [[1404]], sous le pontificat de {{noble|Boniface IX}}, dont était membre [[Laurent Justinien]], et qui comprenait également une branche féminine de [[chanoinesse|chanoinesses]], et la congrégation de Saint-Jean-Évangéliste<ref name="mon">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Pierre Hélyot|titre=Dictionnaire des ordres religieux ou Histoire des orders monastiques, religieux et militaires et des congrégations séculières de l'un et de l'autre sexe, qui ont été établies jusqu'à présent|url=https://books.google.fr/books?id=XSZUAAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s|site=books.google.fr|date=1848|consulté le=28/01/2022}}</ref>, au Portugal, fondée en [[1425]]. Selon Maria Castro Pino, la particularité de cette congrégation est liée au type d’exercice de l’autorité qui s’y pratique, et qui suit de près, en quelque sorte, celle des Dominicains<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Benoît-Michel Tock|titre=La personne d’autorité en milieu régulier, du Moyen Âge au XVIIIe siècle, Revue de l'IFHA|url=http://journals.openedition.org/ifha/214|site=journals.openedition.org|date=2010|consulté le=28/01/2022}}</ref>.

=== Les chanoines réguliers ===
{{article détaillé|Chanoines réguliers}}
[[Fichier:Église Saint-Denis-de-la-Croix-Rousse de Lyon - Vitrail saint Augustin.jpg|vignette|170px|Vitrail de saint Augustin d'Hippone (église Saint-Denis, Lyon).]]
Les chanoines ''réguliers'' sont des clercs qui vivent en communauté et exercent un apostolat selon les principes d'une règle.

Au cours des siècles, plusieurs règles de vie ont été observées par les communautés de chanoines réguliers.

* Règle de [[Chrodegang de Metz]] (vers 760).
* [[Règle d'Aix]]-la-Chapelle en 816 (autorise la propriété privée).
* [[Règle de saint Augustin]].

La [[Règle monastique|règle]] de [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]] s'est imposée progressivement entre le {{s-|XI}} et 1215 dans le sillage de la réforme grégorienne. Quasiment tous les réformateurs et fondateurs de communautés canoniales depuis le {{s-|XI}} finirent par l'adopter. On parle alors de famille (et non d'ordre) des [[chanoines réguliers de saint Augustin|chanoines de saint Augustin]], parce que leurs établissements pouvaient se donner des constitutions particulières qui précisaient l'application de la règle (par exemple : les chanoines de Saint-Victor).

Jusqu'au {{s-|XI}}, ils ne furent pas astreints à la mise en commun de leurs biens. Au {{s-|XI}}, l'évêque [[Pierre Damien]] considère que cette mise en commun est ce qui les distingue des chanoines séculiers<ref>Contra clericos regulares proprietarios, PL 145, col. 479 et suiv.</ref>.

Ils vivent dans des [[abbaye]]s qui ont pu avoir la puissance et le rayonnement attachés aux établissements monastiques. Ils mènent pourtant une vie non cloîtrée, et s'investissent de missions sacerdotales ou d'enseignement, voire sont responsables de [[paroisse]]s.

Actuellement, certains d'entre eux mènent une [[Vie religieuse|vie consacrée]], généralement en prononçant les [[vœux religieux]], à l'instar des religieux, mais ils exercent le ministère des âmes en prêchant, enseignant, et administrant les sacrements comme le clergé séculier. Contrairement aux moines, certains ne sont pas tenus à la stabilité dans leur monastère de profession.

L'[[ordre Teutonique]], réformé en 1929, est un [[institut de vie consacrée]] qui prend place parmi les chanoines réguliers<ref>[[Annuaire pontifical|Annuario Pontificio]] 2014, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano, p. 1411 {{ISBN|9788820992934}}</ref>.

=== Les chanoinesses ===
{{Article détaillé|chanoinesse}}
Les [[chanoinesse]]s sont des femmes menant une vie canoniale régulière (mais non séculière, réservée aux clercs) : par exemple, les chanoinesses de Saint-Augustin, actuellement congrégation de Notre-Dame des chanoinesses de Saint-Augustin<ref>{{lien brisé|url=http://congregation-notredame.cef.fr/|titre=Congrégation Notre-Dame|site=congregation-notredame.cef.fr}}</ref>.

=== Les chanoines laïcs ===
Les chanoines laïcs sont pour la plupart des chanoines honoraires ou héréditaires. Il y a cependant quelques exemples de chanoines titulaires qui sont laïcs, et même certains mariés : à [[Tirlemont]] en Flandre, il y eut une église collégiale de chanoines fondée par un comte de Barlemont, qui devaient être mariés ; ils portaient l'habit ecclésiastique, mais n'étaient pas engagés dans les ordres<ref>Denis Diderot, ''Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers'', 1782, volume 7, p. 234 </ref>. Le [[Code de droit canonique de 1983]] permettant dans son canon 228 d'attribuer "des offices ou charges ecclésiastiques" à des fidèles laïcs, autorise théoriquement le maintien ou la nomination de chanoines laïcs<ref>{{lien web |titre=Code du Droit Canon |url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-228-cic-1983-228#collapseRec |site=Faculté de Droit Canonique |consulté le=14-11-2023}}.</ref>.

==== Les titres de chanoines des rois de France ====
Les rois de France, laïcs mais sacrés à Reims, étaient de manière successorale chanoines d'honneur de plusieurs églises, jusqu'en 1830 :
* cathédrales :
** premier chanoine honoraire héréditaire de la [[cathédrale Saint-Maurice d'Angers]] ;
** premier chanoine honoraire héréditaire de la [[cathédrale Notre-Dame-en-Cité d'Arras]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Abbé Camille DAUX|titre=Les Chapitres cathédraux de France|passage=124|lieu=Amiens, Paris|éditeur=Rousseau-Leroy (Amiens), Roger et Chernoviz (Paris)|date=1888|pages totales=196|isbn=9782012574090}}</ref> ;
** premier chanoine honoraire héréditaire de la [[cathédrale Saint-Étienne de Châlons]] ;
** proto-chanoine de l'ancienne [[Cathédrale Notre-Dame d'Embrun|cathédrale d'Embrun]] (depuis {{noble|Louis XI}}) ;
** premier chanoine honoraire héréditaire de la [[cathédrale Saint-Julien du Mans]].
** chanoine honoraire de la [[cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Maurienne]] (depuis {{noble|François Ier (roi de France)}}, qui exigea ce privilège lors de son invasion de la [[États de Savoie|Savoie]] en 1536) ;
* collégiales :
** proto-chanoine (''protocanonicus'') de [[Basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André|Notre-Dame de Cléry]] (titre concédé par le pape {{noble|Sixte IV}} au roi {{noble-|Louis XI}} et à ses successeurs, avec le droit de siéger dans le chœur de cette église, et au chapitre, au-dessus du doyen ; de porter le surplis, la chape et l'aumusse), où {{noble-|Louis XI}} avait choisi cette église pour lieu de sa sépulture<ref>Adolphe Fabre ''Recherches historiques sur le pèlerinage des rois de France à Notre-Dame d'Embrun'', Éd. Maisonville et fils et Jourdan, 1860, {{p.|164}}</ref> ;
** premier chanoine honoraire héréditaire de l'église de [[Église Saint-Hilaire le Grand|Saint-Hilaire de Poitiers]] ;
** premier chanoine honoraire (et abbé) héréditaire de l'[[Basilique Saint-Martin de Tours|église de Saint-Martin de Tours]] (depuis {{noble|Robert Ier (roi des Francs)}} ; {{noble-|Louis XIII}} y fut reçu chanoine le {{date-|21 juillet 1614}}, prêtant comme ses prédécesseurs serment à genoux, la main sur les Évangiles ; {{noble|Louis XVIII}} fit de même<ref>''Journal des Savants'', 1825, {{p.}}588.</ref>) ;

Lorsque le roi faisait son entrée dans l'une de ces églises, on lui présentait l'[[aumusse]] et le [[surplis]]<ref>Denis Diderot, ''Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers'', 1782, volume 7, {{p.}}233</ref>.

==== Le cas particulier du canonicat d'honneur de l'archibasilique du Latran ====
{{Article détaillé|Basilique Saint-Jean-de-Latran}}
Même si l'empereur du Saint-Empire Romain Germanique l'avait été au Moyen Âge<ref>DAUX (Abbé Camille) : Les Chapitres cathédraux ; Amiens, Paris, 1888, p. 24.</ref>, le roi de France était depuis 1604 « premier et unique chanoine honoraire » de l'[[Basilique Saint-Jean-de-Latran|archibasilique de Saint-Jean-du-Latran]], en vertu d'une fondation de {{noble|Louis XI}} de 1482 renouvelée par {{noble|Henri IV (roi de France)}} en 1604, qui en devint le premier chanoine en donnant au chapitre du Latran l'[[abbaye de Clairac]], en Agenais (aujourd'hui département de Lot-et-Garonne).

Après la chute des Bourbons en 1830, le chapitre basilical a proposé ce titre à plusieurs {{lien h'|Chef de l'État français|chefs d'État français}}. Depuis 1957, le [[président de la République française]] accepte traditionnellement ce titre, que le chapitre lui offre par écrit après son élection. Plusieurs ont pris possession de leur stalle au chœur, où ils sont représentés par un chanoine français, actuellement Louis Duval-Arnould.


== Les différentes appellations des chanoines ==
== Les différentes appellations des chanoines ==
Ligne 74 : Ligne 152 :


=== Selon le statut ecclésial ===
=== Selon le statut ecclésial ===
* chanoines-moines : étaient les mêmes que les chanoines-réguliers : on en parle dans la vie de Grégoire IV et dans un vieux pontifical de saint Prudence, évêque de Troyes.
* chanoines-moines : étaient les mêmes que les chanoines-réguliers : on en parle dans la vie de {{noble-|Grégoire IV}} et dans un vieux pontifical de saint Prudence, évêque de Troyes.
* chanoines réguliers (voir ci-dessous)
* chanoines réguliers (voir ci-dessous)
* chanoines séculiers (voir ci-dessous)
* chanoines séculiers (voir ci-dessous)
Ligne 84 : Ligne 162 :


=== Selon les privilèges liturgiques ===
=== Selon les privilèges liturgiques ===
* chanoines mitrés : ceux qui, par un privilège accordé par les papes, ont le droit de porter la mitre au choeur. Par exemple :
* chanoines mitrés : ceux qui, par un privilège accordé par les papes, ont le droit de porter la mitre au chœur. Par exemple :
** les chanoines de la cathédrale et des quatre collégiales de [[Lyon]] ;
** les chanoines de la cathédrale et des quatre collégiales de [[Lyon]] ;
** ceux de la cathédrale de [[Lucques]] (depuis [[Grégoire IX]]) ;
** ceux de la cathédrale de [[Lucques]] (depuis {{noble|Grégoire IX}}) ;
** ceux de la cathédrale de [[Milan]] (depuis [[Pie XI]], ancien archevêque de la ville).
** ceux de la cathédrale de [[Milan]] (depuis {{noble|Pie XI}}, ancien archevêque de la ville).


=== Pour des motifs honorifiques ===
=== Pour des motifs honorifiques ===
* chanoines ''ad effectum'' : dignitaires auxquels le pape confère le titre de chanoine sans prébende.
* chanoines ''ad effectum'' : dignitaires auxquels le pape confère le titre de chanoine sans prébende.
* chanoines honoraires : titre accordé à des ecclésiastiques qui ne résident pas auprès de la cathédrale et n'exercent pas de fonction effective dans le conseil de l'évêque ou le chapitre d'une église donnée. Voir aussi 'chanoines d'honneur'. Les chanoines honoraires au sein de l'Église catholique romaine peuvent encore être nommés après le Concile Vatican II. Aussi, les chapelains de l'[https://en.m.wikipedia.org/wiki/Sovereign_Military_Order_of_Malta Ordre Souverain Militaire de Malte] qui jouissent, en outre, des privilèges prélatices sont aussi, de fait, avec l'[https://en.m.wikipedia.org/wiki/Order_of_the_Holy_Sepulchre Ordre Équestre du Saint-Sépulcre], chanoines titulaires ou honoraires de leur Ordre et ont droit au titre honorifique de « Chanoine » et « Monseigneur » en plus de la robe de chœur, qui comprend la mozette (noir avec passepoil violet pour Malte et blanc avec une croix de Jérusalem rouge pour le Saint-Sépulcre.
* chanoines honoraires : titre accordé à des ecclésiastiques qui ne résident pas auprès de la cathédrale et n'exercent pas de fonction effective dans le conseil de l'évêque ou le chapitre d'une église donnée. Voir aussi 'chanoines d'honneur'. Les chanoines honoraires au sein de l'Église catholique romaine peuvent encore être nommés après le Concile {{nobr rom|Vatican II}}. Aussi, les chapelains de l'[[Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte|ordre souverain de Malte]] qui jouissent, en outre, des privilèges prélatices sont aussi, de fait, avec l'[[ordre équestre du Saint-Sépulcre]], chanoines titulaires ou honoraires de leur Ordre et {{Référence souhaitée|ont droit au titre honorifique de « Chanoine »}} et « Monseigneur » en plus de la robe de chœur, qui comprend la mozette (noir avec passepoil violet pour Malte et blanc avec une croix de Jérusalem rouge pour le Saint-Sépulcre.
* chanoines d'honneur : titre honorifique sans réalité canonique, accordé autrefois en France par un évêque à d'autres ecclésiastiques. Certains chapitres distinguent en ''chanoines'' ''honoraires'' les simples prêtres et ''chanoines d'honneur'' les évêques et prélats.
* chanoines d'honneur : titre honorifique sans réalité canonique, accordé autrefois en France par un évêque à d'autres ecclésiastiques. Certains chapitres distinguent en ''chanoines'' ''honoraires'' les simples prêtres et ''chanoines d'honneur'' les évêques et prélats.


Ligne 103 : Ligne 181 :
=== Autres catégories ===
=== Autres catégories ===
* chanoine ''ad sucurrendum'' : titre que l'on donnait à ceux qui se sont fait agréger en qualité de chanoine à l'article de la mort, pour avoir part aux prières du chapitre.
* chanoine ''ad sucurrendum'' : titre que l'on donnait à ceux qui se sont fait agréger en qualité de chanoine à l'article de la mort, pour avoir part aux prières du chapitre.
[[Fichier:External Ornaments of a Canon.svg|vignette|95x95px]]
== Héraldique ==


Les chanoines peuvent surmonter leurs armoiries d'un chapeau de sable aux cordons à trois houppes de même.
Aujourd'hui, l'on distingue principalement :
* les chanoines ''séculiers,'' qui sont généralement des clercs attachés à un chapitre, cathédral ou collégial, ou, plus rarement, des clercs membres d'une congrégation de chanoines séculiers, qui ne prononcents pas de [[vœux religieux]] ;
* les chanoines ''réguliers'', qui sont des clercs vivant en communauté, faisant des [[vœux religieux]] et suivant une règle monastique ;
* les chanoines ''laïcs'' ;
* les [[chanoinesse|chanoinesses]], qui sont, de nos jours, des [[religieuse|religieuses]].

== Les chanoines séculiers ==
=== Les chapitres de chanoines ===
{{Article détaillé|Chapitre de chanoines}}

[[Fichier:Chrodegang.jpg|vignette|Vitrail de saint Chrodegang de Metz]]
Le terme de chanoine ''séculier'' désigne, le plus souvent, un [[clergé séculier|clerc séculier]], membres d'un [[chapitre de chanoines]] attaché à une église et « ''auquel il revient d'accomplir les fonctions liturgiques plus solennelles dans l'église cathédrale ou collégiale'' […] » (can. 503, CIC/1983<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Canon 503 du C.I.C./1983|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-503-cic-1983-503|site=droitcanonique.fr|date=1983|consulté le=}}</ref>).

Les chanoines se consacrent, principalement, au chant choral de l'[[Liturgie des Heures|office divin]]. Ils appartiennent à un collège appelé chapitre, collégial ou cathédral, selon que l'église où il officie est collégiale ou cathédrale, et dont les activités sont réglées par des statuts, sous l'autorité d'un doyen, prévôt ou primicier. La particularité du gouvernement de ces chapitres est d'être collégial, le doyen n'étant qu'un ''primus inter pares'' présidant et représentant le chapitre. Les chanoines ne prononcent pas de [[vœux religieux]] et restent, de ce fait, propriétaire de leurs biens.

C'est semble-t-il à partir du {{s-|XIII}} que, insensiblement, le terme ''canonicus'' est réservé aux clercs — ou au moins à certains des clercs — des églises cathédrales et des églises collégiales. Les chanoines forment alors le [[chapitre de chanoines|chapitre]] tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Les chanoines peuvent être de simples clercs, mais sont de nos jours quasiment tous prêtres (can. 509 § 2<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Canon 509 du C.I.C./1983|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-509-cic-1983-509|site=droitcanonique.fr|date=1983|consulté le=}}</ref>). Les églises cathédrales possèdent ordinairement un chapitre de chanoines (beaucoup n'en ont plus aujourd'hui, le can. 508 § 2 ne le rendant plus obligatoire<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Canon 508 du C.I.C./1983|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-508-cic-1983-508|site=droitcanonique.fr|date=1983|consulté le=}}</ref>), dont les membres composaient jadis le conseil de l'évêque ; avant le [[code de droit canonique de 1983]], les fonctions curiales de la cathédrale leur appartenaient à tous ''collegialiter'' (collectivement) et étaient exercées en pratique par l'un d'eux — le vicaire-curé ou ''capitulaire'' — au nom du chapitre. Désormais les chapitres sont séparés des paroisses (can. 510 § 3<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Canon 510|url=https://www.droitcanonique.fr/codes/cic-1983-1/c-510-cic-1983-510|site=droitcanonique.fr|date=1983|consulté le=}}</ref>).

Le titre de chanoine est, depuis le {{s-|XIX}}, conféré à titre de retraite ou surtout de récompense, et exclusivement « à des prêtres remarquables par leur doctrine et l'intégrité de leur vie, et qui ont exercé le ministère de façon méritoire » (can. 509 § 2<ref name=":0" />).

Dans la cité de Liège<ref>''Le Chapitre cathédral de Saint Lambert à Liège au XVIIe siècle'' ([https://books.google.fr/books/about/Le_Chapitre_cath%C3%A9dral_de_Saint_Lambert.html?id=0kQTAAAAIAAJ&redir_esc=y présentation en ligne]).</ref>, les écolâtres étaient des chanoines qui avaient des responsabilités de contrôles, plus ou moins étendues selon les époques, des écoles élémentaires. Y furent écolâtres au {{s-|XVII}} : Christophe Blocquerie, Nicolas Rave, Gilles de Bocholtz, Jacques de Chocquier, Laurent de Méan, Jean-Ferdinand de Méan et Jean-Pierre Burman.


=== Les congrégations de chanoines séculiers ===
[[File:Chanoine séculier Saint-Jean Évangéliste.png|thumb|Chanoine séculier de la congrégation de Saint-Jean l'Évangéliste]]
Le terme de chanoine séculier désigne, également, un [[clergé séculier|clerc séculier]] qui, sans avoir prononcé de [[vœux religieux]], vit en communauté et exerce un apostolat, selon les [[constitutions religieuses|constitutions]] d'une congrégation.

Les congrégations de chanoines séculiers sont nées au {{s-|XV}}, de la volonté de faire revivre la vie communautaire des séculiers<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Les chanoines séculiers|url=https://icrspfrance.fr/institut/chanoines-seculiers|site=icrspfrance.fr|date=|consulté le=28/01/2022}}</ref>.

Parmi elles, on peut citer la congrégation de Saint-Georges in Algha (ou in Alga)<ref name="mon" />, fondée à Venise en [[1404]], sous le pontificat de [[Boniface IX]], dont était membre [[Laurent Justinien]], et qui comprenait également une branche féminine de [[chanoinesse|chanoinesses]], et la congrégation de Saint-Jean-Évangéliste<ref name="mon">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Pierre Hélyot|titre=Dictionnaire des ordres religieux ou Histoire des orders monastiques, religieux et militaires et des congrégations séculières de l'un et de l'autre sexe, qui ont été établies jusqu'à présent|url=https://books.google.fr/books?id=XSZUAAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s|site=books.google.fr|date=1848|consulté le=28/01/2022}}</ref>, au Portugal, fondée en [[1425]]. Selon Maria Castro Pino, la particularité de cette congrégation est liée au type d’exercice de l’autorité qui s’y pratique, et qui suit de près, en quelque sorte, celle des Dominicains<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Benoît-Michel Tock|titre=La personne d’autorité en milieu régulier, du Moyen Âge au XVIIIe siècle, Revue de l'IFHA|url=http://journals.openedition.org/ifha/214|site=journals.openedition.org|date=2010|consulté le=28/01/2022}}</ref>.

L'[[institut du Christ Roi Souverain Prêtre]], fondé en [[1990]], s'intègre dans cette tradition, avec le statut canonique de « [[société de vie apostolique]] en forme canoniale »<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Présentation de l'institut du Christ-Roi Souverain Prêtre|url=https://icrspfrance.fr/institut/informations|site=icrspfrance.fr|date=|consulté le=28/01/2022}}</ref>.


== Les chanoines réguliers ==
{{article détaillé|Chanoines réguliers}}
[[Fichier:Église Saint-Denis-de-la-Croix-Rousse de Lyon - Vitrail saint Augustin.jpg|vignette|Vitrail de saint Augustin d'Hippone (église Saint-Denis, Lyon).]]
Les chanoines ''réguliers'' sont des clercs qui vivent en communauté et exercent un apostolat selon les principes d'une règle.

Au cours des siècles, plusieurs règles de vie ont été observées par les communautés de chanoines réguliers.

* Règle de [[Chrodegang de Metz]].
* [[Règle d'Aix]]-la-Chapelle en 816 (autorise la propriété privée).
* [[Règle de saint Augustin]].

La [[Règle monastique|règle]] de [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]] s'est imposée progressivement entre le {{s-|XI}} et 1215 dans le sillage de la réforme grégorienne. Quasiment tous les réformateurs et fondateurs de communautés canoniales depuis le {{s-|XI}} finirent par l'adopter. On parle alors de famille (et non d'ordre) des [[chanoines réguliers de saint Augustin|Chanoines de saint Augustin]], parce que leurs établissements pouvaient se donner des constitutions particulières qui précisaient l'application de la règle (par exemple : les chanoines de Saint-Victor).

Jusqu'au {{s-|XI}}, ils ne furent pas astreints à la mise en commun de leurs biens. Au {{s-|XI}}, saint Pierre Damien considère que cette mise en commun est ce qui les distingue des chanoines séculiers<ref>Contra clericos regulares proprietarios, PL 145, col. 479 et suiv.</ref>.

Ils vivent dans des [[abbaye]]s qui ont pu avoir la puissance et le rayonnement attachés aux établissements monastiques. Ils mènent pourtant une vie non cloîtrée, et s'investissent de missions sacerdotales ou d'enseignement, voire sont responsables de [[paroisse]]s.

Actuellement, certains d'entre eux mènent une [[Vie religieuse|vie consacrée]], généralement en prononçant les [[vœux religieux]], à l'instar des religieux, mais ils exercent le ministère des âmes en prêchant, enseignant, et administrant les sacrements comme le clergé séculier. Contrairement aux moines, certains ne sont pas tenus à la stabilité dans leur monastère de profession.

L'[[ordre Teutonique]], réformé en 1929, est un [[institut de vie consacrée]] qui prend place parmi les chanoines réguliers<ref>[[Annuaire pontifical|Annuario Pontificio]] 2014, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano, p. 1411 {{ISBN|9788820992934}}</ref>.

== Les chanoines laïcs ==
Les chanoines laïcs sont pour la plupart des chanoines honoraires ou héréditaires. Il y a cependant quelques exemples de chanoines titulaires qui sont laïcs, et même certains mariés : à [[Tirlemont]] en Flandre, il y eut une église collégiale de chanoines fondée par un comte de Barlemont, qui devaient être mariés ; ils portaient l'habit ecclésiastique, mais n'étaient pas engagés dans les ordres<ref>Denis Diderot, ''Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers'', 1782, volume 7, p. 234 </ref>.

=== Les titres de chanoines des rois de France ===
Les rois de France, laïcs mais sacrés à Reims, étaient de manière successorale chanoines d'honneur de plusieurs églises, jusqu'en 1830 :
* proto-chanoine de l'ancienne [[Cathédrale Notre-Dame d'Embrun|cathédrale d'Embrun]] (depuis [[Louis XI]]) ;
* proto-chanoine (''protocanonicus'') de [[Basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André|Notre-Dame de Cléry]] (titre concédé par le pape [[Sixte IV]] au roi Louis XI et à ses successeurs, avec le droit de siéger dans le chœur de cette église, et au chapitre, au-dessus du doyen ; de porter le surplis, la chape et l'aumusse), où Louis XI avait choisi cette église pour lieu de sa sépulture<ref>Adolphe Fabre ''Recherches historiques sur le pèlerinage des rois de France à Notre-Dame d'Embrun'', Éd. Maisonville et fils et Jourdan, 1860, {{p.|164}}</ref> ;
* chanoine honoraire de la [[cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Maurienne]] (depuis [[François Ier (roi de France)|François {{Ier}}]], qui exigea ce privilège lors de son invasion de la [[États de Savoie|Savoie]] en 1536) ;
* premier chanoine honoraire héréditaire de l'église de [[Église Saint-Hilaire le Grand|Saint-Hilaire de Poitiers]] ;
* premier chanoine honoraire (et abbé) héréditaire de l'[[Basilique Saint-Martin de Tours|église de Saint-Martin de Tours]] (depuis [[Robert Ier (roi des Francs)|Robert {{Ier}}]] ; Louis XIII y fut reçu chanoine le {{date-|21 juillet 1614}}, prêtant comme ses prédécesseurs serment à genoux, la main sur les Évangiles ; [[Louis XVIII]] fit de même<ref>''Journal des Savants'', 1825, {{p.}}588.</ref>) ;
* premier chanoine honoraire héréditaire de la [[cathédrale Saint-Maurice d'Angers]] ;
* premier chanoine honoraire héréditaire de la [[cathédrale Saint-Étienne de Châlons]] ;
* premier chanoine honoraire héréditaire de la [[cathédrale Saint-Julien du Mans]].

Lorsque le roi faisait son entrée dans l'une de ces églises, on lui présentait l'[[aumusse]] et le [[surplis]]<ref>Denis Diderot, ''Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers'', 1782, volume 7, {{p.}}233</ref>.

=== Le cas particulier du canonicat d'honneur de l'archibasilique du Latran ===
{{Article détaillé|Basilique Saint-Jean-de-Latran}}
Depuis 1604, le roi de France était « premier et unique chanoine honoraire » de l'[[Basilique Saint-Jean-de-Latran|archibasilique de Saint-Jean-du-Latran]], en vertu d'une fondation de [[Louis XI]] de 1482 renouvelée par [[Henri IV (roi de France)|Henri IV]] en 1604, qui en devint le premier chanoine en donnant au chapitre du Latran l'[[abbaye de Clairac]], en Agenais (aujourd'hui département de Lot-et-Garonne).

Après la chute des Bourbons en 1830, le chapitre basilical a proposé ce titre à plusieurs [[Chef de l'État français|chefs d'État français]]. Depuis 1957, le [[président de la République française]] accepte traditionnellement ce titre, que le chapitre lui offre par écrit après son élection. Plusieurs ont pris possession de leur stalle au chœur, où ils sont représentés par un chanoine français, actuellement {{Mgr|Louis Duval-Arnould}}.

== Les chanoinesses ==
{{Article détaillé|chanoinesse}}
Les [[chanoinesse]]s sont des femmes menant une vie canoniale régulière (mais non séculière, réservée aux clercs) : par exemple, les chanoinesses de Saint-Augustin, actuellement congrégation de Notre-Dame des chanoinesses de Saint-Augustin<ref>{{lien brisé|url=http://congregation-notredame.cef.fr/|titre=Congrégation Notre-Dame|site=congregation-notredame.cef.fr}}</ref>.


== Chanoines séculiers en habit de chœur ==
== Chanoines séculiers en habit de chœur ==
<center>
<center>
<gallery>
<gallery heights="115" widths="115">
Fichier:Kanunnik, Sint-Jozef-Klein-Seminarie Sint-Niklaas.jpg
Fichier:Kanunnik, Sint-Jozef-Klein-Seminarie Sint-Niklaas.jpg|Chanoine [[Flandre (Belgique)|flamand]] en [[Costume ecclésiastique|costume de chœur]].
Fichier:Portret van Pierre-Louis Stillemans door Jozef Janssens de Varebeke.jpg
Fichier:Portret van Pierre-Louis Stillemans door Jozef Janssens de Varebeke.jpg|Portrait de Pierre-Louis Stillemans, chanoine du [[chapitre de Saint-Bavon]].
Fichier:A canon In Winter-dress II.JPG
Fichier:A canon In Winter-dress II.JPG|Un chanoine en tenue de chœur hivernale, début {{s-|XIX}}.
Fichier:Sint-Salvatorskapittel Bruges Precious Blood 2008.JPG
Fichier:Sint-Salvatorskapittel Bruges Precious Blood 2008.JPG|Des chanoines du chapitre de [[Cathédrale Saint-Sauveur de Bruges|Saint-Sauveur]] à [[Bruges]] lors de la [[procession du Saint-Sang]] en 2008.
Fichier:SBAVONIS CANONICI wiki bont.jpg|Tenue hivernale de chanoine de [[Gand]]
Fichier:SBAVONIS CANONICI wiki bont.jpg|Tenue hivernale de chanoine de [[Gand]]
Fichier:Chanoines Goupil.jpg|Fondateurs du chapitre de Saint-Rémi, en vêtement de chœur.
Fichier:Chanoines Goupil.jpg|Fondateurs du chapitre de Saint-Remi, en habit de chœur.
</gallery>
</gallery>
</center>
</center>
Ligne 201 : Ligne 201 :
{{Références}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Bibliographie ==
{{Autres projets
|wiktionary=chanoine
|commons=Category:Canons (priests)}}


=== Bibliographie ===
=== Recherche ===
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean|nom1=Heuclin|lien auteur1=Jean Heuclin|directeur1=oui|prénom2=Christophe|nom2=Leduc|lien auteur2=Christophe Leduc|titre=Chanoines et chanoinesses des anciens Pays-Bas|sous-titre=Le chapitre de Maubeuge du {{sp-|IX|au|XVIII}}|éditeur=Presses Universitaires du Septentrion|date=2020|isbn=978-2-7574-3009-5}}
* {{Chapitre|prénom1=Christine|nom1=Barralis|titre chapitre=Les auxiliaires de l’évêque|sous-titre chapitre=Chanoines et archidiacres|numéro chapitre=XII|titre ouvrage=Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449)|éditeur=Presses universitaires de Rennes|collection=Histoire|année=2019|isbn=978-2-7535-6757-3|lire en ligne=http://books.openedition.org/pur/131151|consulté le=2022-08-11|passage=147–156}}
* {{Chapitre|prénom1=Michèle|nom1=Gaillard|titre chapitre=L’impulsion réformatrice de 816/817|sous-titre chapitre=Nature et signification|numéro chapitre=IV|titre ouvrage=D’une réforme à l’autre (816-934)|sous-titre ouvrage=Les communautés religieuses en Lorraine à l’époque carolingienne|éditeur=Éditions de la Sorbonne|collection=Histoire ancienne et médiévale|année=2019|lire en ligne=https://books.openedition.org/psorbonne/12758|consulté le=2022-08-11|isbn=979-10-351-0194-7|passage=123–147}}
* [[Jean-Charles Picard]] dir., ''Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France'', Paris, De Boccard, 1994, 424 p., ill.
* {{Chapitre|prénom1=Jean-Charles|nom1=Picard|lien auteur1=Jean-Charles Picard|titre chapitre=Les quartiers canoniaux des cathédrales en France|titre ouvrage=Le clerc séculier au Moyen Âge : XXIIe Congrès de la SHMES (Amiens, juin 1991)|éditeur=Éditions de la Sorbonne|collection=Histoire ancienne et médiévale|année=1993|isbn=979-10-351-0237-1|lire en ligne=http://books.openedition.org/psorbonne/25212|consulté le=2022-08-11|passage=191–202}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Marie|nom1=Mayeur|lien auteur1=Jean-Marie Mayeur|directeur1=oui|prénom2=Charles|nom2=Pietri (†)|lien auteur2=Charles Pietri|directeur2=oui|prénom3=Luce|nom3=Pietri|directeur3=oui|prénom4=André|nom4=Vauchez|lien auteur4=André Vauchez (historien)|directeur4=oui|responsabilité4=responsable du tome V|prénom5=Marc|nom5=Venard|directeur5=oui|titre=Histoire du christianisme|sous-titre=des origines à nos jours|tome=V|titre volume=Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274)|éditeur=Desclée|lieu=Paris|année=1993|pages totales=973|pages=973|isbn=2-7189-0573-5|bnf=35572364x|id=H du Chr. t V}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Marie|nom1=Mayeur|lien auteur1=Jean-Marie Mayeur|directeur1=oui|prénom2=Charles|nom2=Pietri (†)|lien auteur2=Charles Pietri|directeur2=oui|prénom3=Luce|nom3=Pietri|directeur3=oui|prénom4=André|nom4=Vauchez|lien auteur4=André Vauchez (historien)|directeur4=oui|responsabilité4=responsable du tome V|prénom5=Marc|nom5=Venard|directeur5=oui|titre=Histoire du christianisme|sous-titre=des origines à nos jours|tome=V|titre volume=Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274)|éditeur=Desclée|lieu=Paris|année=1993|pages totales=973|pages=973|isbn=2-7189-0573-5|bnf=35572364x|id=H du Chr. t V}}

* [[Jean-Charles Picard]] dir., ''Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France'', Paris, De Boccard, 1994, 424 p., ill.
=== Ouvrages anciens ===
* Abbé Camille Daux : ''Les Chapitres cathédraux de France : Notices, costumes, sceaux, armoiries'', Amiens - Rousseau-Leroy, Paris - Roger et Chernoviz, 1888, 196 p.
* Chanoine Victor Pelletier : ''Les Chapitres cathédraux en France devant l'Eglise et devant l'Etat'', Paris, Lecoffre, 1864, in-8°, 572 p.
* D. Bouaix : ''Tractatus de capitulis'', Paris, Lecoffre, 1852, 691 p.
* R.P. Raymond Chaponel d'Andescourt : ''Histoire des chanoines, ou recherches historiques-critiques sur l'ordre canonique'', Charles Osmond, Paris, 1699, 408 p.

== Voir aussi ==


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
Ligne 231 : Ligne 240 :


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Autres projets
* {{Autorité}}
|wiktionary=chanoine
* {{Dictionnaires}}
|commons=Category:Canons (priests)}}
* {{Bases}}
{{Liens}}
* [http://www.newadvent.org/cathen/03288a.htm "Canons and Canonesses Regular" dans la ''Catholic Encyclopedia'']
* {{en}} [http://www.newadvent.org/cathen/03288a.htm ''Canons and Canonesses Regular''], ''[[Catholic Encyclopedia]]'', New Advent
* [https://icrspfrance.fr/institut/chanoines-seculiers Les chanoines séculiers], Michael Schmitz, Institut du Christ Roi Souverain Prêtre
* [https://chapitredesaintremi.wordpress.com/ Chapitre de Saint-Remi]


{{Portail|christianisme|catholicisme}}
{{Portail|christianisme|catholicisme}}

Dernière version du 8 mai 2024 à 13:41

Chanoine portant l'aumusse.

Un chanoine (du nom latin médiéval canonicus de même sens, lui-même issu de l'adjectif du latin classique canonicus : « relatif à une règle, régulier » ; et du grec ancien κανών / kanôn, « règle ») est un clerc (voire un laïc) appartenant à un chapitre ou à une congrégation, et consacré à la prière liturgique au chœur (chanter la gloire de Dieu en plain-chant monodique fait partie intégrante de la liturgie), à la prédication, au secours des pauvres, ainsi qu'à la direction du chœur professionnel (le « bas-chœur ») conjointement à une fonction d'enseignement dans le but de pouvoir diriger le chœur d'enfants (la maîtrise). Cette fonction de maître de musique, même lorsque celui-ci devient chanoine, installe généralement son bénéficiaire à un rang inférieur dans la hiérarchie canoniale, etc. Il s'agit à l'origine d'un clerc séculier doté d'une règle canonique (règle d'Aix) analogue à celle de saint Benoît et détenteur d'une prébende. Bien que cette règle s'inspire de la tradition apostolique de renoncement, elle permet aux chanoines de posséder des biens privés, ce qui les distingue des moines[1].

Progressivement, la très grande variété des intitulés des dignités et des offices selon les chapitres (différents selon leur fondateur, la richesse de leur patrimoine) a donné naissance à différentes catégories de chanoines qu'il est difficile de sérier. Au haut Moyen Âge, le mot peut désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd'hui, il existe des chanoines ecclésiastiques (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses).

Histoire de la vie canoniale[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

L'expression clerici canonici, d'où provient le terme « chanoine », apparaît au IVe siècle et désigne alors certains des nombreux clercs affectés au service de la cathédrale qui, menant une vie commune, sont bientôt soumis à une règle (en grec ancien : κανών / kanôn), peut-être celle qu'Augustin, évêque d'Hippone, donne à ses clercs[2].

Chanoine agenouillé (Normandie).

La distinction d'un corps des chanoines par rapport au reste du clergé pourrait remonter à Chrodegang, évêque de Metz et auteur en 763 d'une règle de vie communautaire (la Regula vitae communis) inspirée de la règle d'Augustin. Selon cette règle, les membres du clergé vivant en commun sous le toit épiscopal n'ont pas à faire vœu de pauvreté mais doivent respecter un certain nombre d'obligations, telles que le travail manuel et la confession deux fois par an. Les évêques de Lyon Leidrade puis Agobard introduisent dans la capitale des Gaules la réforme canoniale voulue par Charlemagne. Cette réforme est renouvelée et diffusée par Louis le Pieux au cinquième concile d'Aix-la-Chapelle en 816 (règle d'Aix)[3].

Il y est précisé qu'ils devaient entendre deux fois par jour un chapitre (latin capitulum) de la règle de leur fondateur. Le terme aurait ensuite changé de sens pour désigner la réunion du conseil de l'évêque avec les clercs qui l'assistent : le chapitre canonial. Les chanoines prennent alors une part de plus en plus importante à l'administration de l'église épiscopale.

Les chanoines au Moyen Âge[modifier | modifier le code]

À l'époque carolingienne[modifier | modifier le code]

Dès la période carolingienne, la vie canonique (latin vita canonica) devint un objet de préoccupation des conciles, notamment afin d'éviter l'enrichissement personnel des chanoines et d'assurer le respect de la règle.

La réforme grégorienne[modifier | modifier le code]

Durant la réforme grégorienne, diverses réformes sont entreprises par les souverains pontifes, comme Nicolas II (en 1059), Alexandre II (en 1063, créant les chanoines réguliers, et excluant les laïcs de ces sortes de communautés). L'attrait prioritaire de la prébende, qui fait recruter les chanoines auprès de la haute bourgeoisie et de la noblesse locale, les cas nombreux de concubinage[4] et l'abandon de tout service paroissial sont les causes de tentatives éparses de redressement, dès l'an mil, puis d'une reprise en main venue de Rome, au cours du XIe siècle, dans la mouvance de cette réforme[5].

Dès la première moitié de ce siècle, de nombreux chapitres en Europe entreprennent d'eux-mêmes de reprendre une vie commune en respectant la règle d'Augustin d'Hippone. Les régions les plus gagnées par ce premier élan sont la Provence, la Toscane, la Lombardie et le Latium[6]. Dans la seconde moitié du siècle, de nombreuses autres régions d'Europe s'engagent dans cette voie[7]. Toutefois, de nombreuses communautés résistent à cette réforme et ne reprennent pas de vie commune ou s'engagent dans la pauvreté, tel le chapitre cathédral de Lyon par exemple[8].

Du XIIe siècle à la fin du Moyen Âge[modifier | modifier le code]

D'autres rappels à la règle sont faits par Innocent II (et le concile du Latran, en 1139), ou encore Benoît XII (en 1339).

À l'époque moderne[modifier | modifier le code]

La séparation des menses qui a entraîné l'autonomie croissante des chapitres, est à l'origine de nombreux conflits entre les chanoines et les évêques : droits de préséance et de juridiction capitulaire et épiscopale, problèmes relatifs aux dignités et aux bénéfices, aux répartitions des offrandes, des profits liés à la vente de cire (due à la récupération des cierges, chandelles et luminaires qui brûlent dans les chapelles). Les chanoines sont ainsi en procès continuels avec les évêques, ce qui impose régulièrement le recours à l'arbitrage d'une autorité ecclésiastique extérieure (le pape lorsque ces procès concernent des diocèses importants)[9],[10].

Depuis le XIXe siècle jusqu'à nos jours[modifier | modifier le code]

Les chanoines relèvent dans le Droit canonique de la section consacrée aux chapitres de chanoines. Le Code de 1917 en traitait aux canons 391-422, livre II, 1re partie, section 1, titre 8, chapitre 5e, soit 31 canons ; le nouveau Code de 1983 en traite aux canons 503-510[11], au livre II, 2e partie, section 2, titre 3, chapitre 4, soit 7 canons seulement. La réduction drastique des canons les concernant marque la disparition de leur puissance, leur rôle étant désormais de facto honorifique.

Typologie[modifier | modifier le code]

Aujourd'hui, l'on distingue principalement :

  • les chanoines séculiers, qui sont généralement des clercs attachés à un chapitre, cathédral ou collégial, ou, plus rarement, des clercs membres d'une congrégation de chanoines séculiers, qui ne prononcents pas de vœux religieux ;
  • les chanoines réguliers, qui sont des clercs vivant en communauté, faisant des vœux religieux et suivant une règle monastique ;
  • les chanoinesses, qui sont, de nos jours, des religieuses ;
  • les chanoines laïcs.

Les chanoines séculiers[modifier | modifier le code]

Les chapitres de chanoines[modifier | modifier le code]

Vitrail de saint Chrodegang de Metz

Le terme de chanoine séculier désigne le plus souvent un clerc séculier, membre d'un chapitre de chanoines attaché à une église et « auquel il revient d'accomplir les fonctions liturgiques plus solennelles dans l'église cathédrale ou collégiale […] » (can. 503, CIC/1983[12]).

Les chanoines se consacrent, principalement, au chant choral de l'office divin et de la messe capitulaire. Ils appartiennent à un collège appelé chapitre, collégial ou cathédral, selon que l'église où il officie est collégiale ou cathédrale, et dont les activités sont réglées par des statuts, sous l'autorité d'un doyen, prévôt ou primicier. La particularité du gouvernement de ces chapitres est d'être collégial, le doyen n'étant qu'un primus inter pares présidant et représentant le chapitre. Les chanoines ne prononcent pas de vœux religieux et restent, de ce fait, propriétaire de leurs biens.

C'est semble-t-il à partir du XIIIe siècle que, insensiblement, le terme canonicus est réservé aux clercs — ou au moins à certains des clercs — des églises cathédrales et des églises collégiales. Les chanoines forment alors le chapitre tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Les chanoines peuvent être de simples clercs, mais sont de nos jours quasiment tous prêtres (can. 509 § 2[13]). Les églises cathédrales possèdent ordinairement un chapitre de chanoines (beaucoup n'en ont plus aujourd'hui, le can. 508 § 2 ne le rendant plus obligatoire[14]), dont les membres composaient jadis le conseil de l'évêque ; avant le code de droit canonique de 1983, les fonctions curiales de la cathédrale leur appartenaient à tous collegialiter (collectivement) et étaient exercées en pratique par l'un d'eux — le vicaire-curé ou capitulaire — au nom du chapitre. Désormais les chapitres sont séparés des paroisses (can. 510 § 3[15]).

Le titre de chanoine est, depuis le XIXe siècle, conféré à titre de retraite ou surtout de récompense, et exclusivement « à des prêtres remarquables par leur doctrine et l'intégrité de leur vie, et qui ont exercé le ministère de façon méritoire » (can. 509 § 2[13]).

Dans la cité de Liège[16], les écolâtres étaient des chanoines qui avaient des responsabilités de contrôles, plus ou moins étendues selon les époques, des écoles élémentaires. Y furent écolâtres au XVIIe siècle : Christophe Blocquerie, Nicolas Rave, Gilles de Bocholtz, Jacques de Chocquier, Laurent de Méan, Jean-Ferdinand de Méan et Jean-Pierre Burman.

Les congrégations de chanoines séculiers[modifier | modifier le code]

Chanoine séculier de la congrégation de Saint-Jean l'Évangéliste

Le terme de chanoine séculier désigne, également, un clerc séculier qui, sans avoir prononcé de vœux religieux, vit en communauté et exerce un apostolat, selon les constitutions d'une congrégation.

Les congrégations de chanoines séculiers sont nées au XVe siècle, de la volonté de faire revivre la vie communautaire des séculiers[17].

Parmi elles, on peut citer la congrégation de Saint-Georges in Algha (ou in Alga)[18], fondée à Venise en 1404, sous le pontificat de Boniface IX, dont était membre Laurent Justinien, et qui comprenait également une branche féminine de chanoinesses, et la congrégation de Saint-Jean-Évangéliste[18], au Portugal, fondée en 1425. Selon Maria Castro Pino, la particularité de cette congrégation est liée au type d’exercice de l’autorité qui s’y pratique, et qui suit de près, en quelque sorte, celle des Dominicains[19].

Les chanoines réguliers[modifier | modifier le code]

Vitrail de saint Augustin d'Hippone (église Saint-Denis, Lyon).

Les chanoines réguliers sont des clercs qui vivent en communauté et exercent un apostolat selon les principes d'une règle.

Au cours des siècles, plusieurs règles de vie ont été observées par les communautés de chanoines réguliers.

La règle de saint Augustin s'est imposée progressivement entre le XIe siècle et 1215 dans le sillage de la réforme grégorienne. Quasiment tous les réformateurs et fondateurs de communautés canoniales depuis le XIe siècle finirent par l'adopter. On parle alors de famille (et non d'ordre) des chanoines de saint Augustin, parce que leurs établissements pouvaient se donner des constitutions particulières qui précisaient l'application de la règle (par exemple : les chanoines de Saint-Victor).

Jusqu'au XIe siècle, ils ne furent pas astreints à la mise en commun de leurs biens. Au XIe siècle, l'évêque Pierre Damien considère que cette mise en commun est ce qui les distingue des chanoines séculiers[20].

Ils vivent dans des abbayes qui ont pu avoir la puissance et le rayonnement attachés aux établissements monastiques. Ils mènent pourtant une vie non cloîtrée, et s'investissent de missions sacerdotales ou d'enseignement, voire sont responsables de paroisses.

Actuellement, certains d'entre eux mènent une vie consacrée, généralement en prononçant les vœux religieux, à l'instar des religieux, mais ils exercent le ministère des âmes en prêchant, enseignant, et administrant les sacrements comme le clergé séculier. Contrairement aux moines, certains ne sont pas tenus à la stabilité dans leur monastère de profession.

L'ordre Teutonique, réformé en 1929, est un institut de vie consacrée qui prend place parmi les chanoines réguliers[21].

Les chanoinesses[modifier | modifier le code]

Les chanoinesses sont des femmes menant une vie canoniale régulière (mais non séculière, réservée aux clercs) : par exemple, les chanoinesses de Saint-Augustin, actuellement congrégation de Notre-Dame des chanoinesses de Saint-Augustin[22].

Les chanoines laïcs[modifier | modifier le code]

Les chanoines laïcs sont pour la plupart des chanoines honoraires ou héréditaires. Il y a cependant quelques exemples de chanoines titulaires qui sont laïcs, et même certains mariés : à Tirlemont en Flandre, il y eut une église collégiale de chanoines fondée par un comte de Barlemont, qui devaient être mariés ; ils portaient l'habit ecclésiastique, mais n'étaient pas engagés dans les ordres[23]. Le Code de droit canonique de 1983 permettant dans son canon 228 d'attribuer "des offices ou charges ecclésiastiques" à des fidèles laïcs, autorise théoriquement le maintien ou la nomination de chanoines laïcs[24].

Les titres de chanoines des rois de France[modifier | modifier le code]

Les rois de France, laïcs mais sacrés à Reims, étaient de manière successorale chanoines d'honneur de plusieurs églises, jusqu'en 1830 :

Lorsque le roi faisait son entrée dans l'une de ces églises, on lui présentait l'aumusse et le surplis[28].

Le cas particulier du canonicat d'honneur de l'archibasilique du Latran[modifier | modifier le code]

Même si l'empereur du Saint-Empire Romain Germanique l'avait été au Moyen Âge[29], le roi de France était depuis 1604 « premier et unique chanoine honoraire » de l'archibasilique de Saint-Jean-du-Latran, en vertu d'une fondation de Louis XI de 1482 renouvelée par Henri IV en 1604, qui en devint le premier chanoine en donnant au chapitre du Latran l'abbaye de Clairac, en Agenais (aujourd'hui département de Lot-et-Garonne).

Après la chute des Bourbons en 1830, le chapitre basilical a proposé ce titre à plusieurs chefs d'État français. Depuis 1957, le président de la République française accepte traditionnellement ce titre, que le chapitre lui offre par écrit après son élection. Plusieurs ont pris possession de leur stalle au chœur, où ils sont représentés par un chanoine français, actuellement Louis Duval-Arnould.

Les différentes appellations des chanoines[modifier | modifier le code]

Le droit canonique et les statuts capitulaires ont distingué ou distinguent de nombreuses catégories de chanoines :

Selon la fonction capitulaire[modifier | modifier le code]

  • prévôt, doyen ou primicier : président du chapitre.
  • proto-chanoine : c'est le titre du premier des chanoines, qui a préséance sur tous les autres chanoines.
  • chanoine pointeur : celui qui marque les chanoines absents et ceux qui arrivent alors que l'office a déjà commencé.
  • chanoines de stallo : occupent les stalles hautes (plus dignes) des églises.
  • chanoines de terra : occupent les stalles basses (moins dignes) des églises.
  • chanoine-curé ou vicaire du chapitre : est chargé de la charge curiale (notamment des fidèles) de l'église du chapitre.
  • chanoine pénitencier : est habilité à absoudre des sanctions au for interne.
  • chanoine théologal : est chargé de l'enseignement et de la prédication.
  • chanoine coûtre, etc.
  • chanoines coadjuteurs.

Selon le droit de vote[modifier | modifier le code]

  • chanoines capitulants ou participants : ceux qui ont voix délibérative dans l'assemblée du chapitre.
  • chanoines surnuméraires.

Selon la prébende reçue[modifier | modifier le code]

  • chanoines prébendés : ceux qui reçoivent un traitement.
  • chanoines expectants : ceux qui, en attendant une prébende, avaient le titre et la dignité de chanoines, voix au chapitre, et une place au chœur.
  • chanoines majeurs : ceux qui ont les grandes prébendes d'une église.
  • chanoines mineurs : ceux qui ne possèdent que les moindres prébendes.
  • chanoine semi-prébendé : celui qui n'a qu'une demi-prébende.
  • chanoine tertiaire (tertiarius ou tortrier) : celui qui ne touchait que la troisième partie des fruits d'une prébende.
  • chanoines jubilaires : ceux qui desservent leurs prébendes depuis cinquante ans.

Selon la résidence[modifier | modifier le code]

  • chanoines-cardinaux : incardinati : clercs qui non seulement observaient la règle et la vie commune, mais qui étaient attachés (incardinés) à une certaine église, de même que les curés le sont à une paroisse.
  • chanoines claustrales : résidents auprès du cloître de l'église principale du chapitre.
  • chanoines mansionnaires ou résidents : ceux qui desservent en personne leur église, à la différence des chanoines forains.
  • chanoines forenses ou forains : ne résident pas dans leur église et se font remplacer par un vicaire.
  • chanoines obedientiales : résident dans les obédiences ou succursales dépendant d'une église principale.

Selon le statut ecclésial[modifier | modifier le code]

  • chanoines-moines : étaient les mêmes que les chanoines-réguliers : on en parle dans la vie de Grégoire IV et dans un vieux pontifical de saint Prudence, évêque de Troyes.
  • chanoines réguliers (voir ci-dessous)
  • chanoines séculiers (voir ci-dessous)

Selon l'ordre reçu[modifier | modifier le code]

  • chanoine in minoribus : celui qui n'a reçu que les Ordres mineurs (ostiariat, lectorat, exorcistat, acolytat), n'a pas de voix au chapitre et ne jouit pas de certains honneurs.
  • chanoines domicillares ou chanoines-damoiseaux (ou domiciliaires) : nom que l'on donnait autrefois dans quelques églises aux jeunes chanoines qui n'étaient pas encore dans les ordres sacrés (que sont les sous-diaconat, diaconat et presbytérat).
  • chanoines laïcs : pour la plupart, non-clercs nommés de manière honoraire voire héréditaire. Il y a cependant quelques exemples singuliers de chanoines titulaires qui sont laïcs, et même mariés. À Tirlemont en Flandre, il y avait une église collégiale de chanoines fondée par un comte de Barlemont, qui devaient être mariés : ils portaient l'habit ecclésiastique mais n'étaient pas engagés dans les ordres.

Selon les privilèges liturgiques[modifier | modifier le code]

  • chanoines mitrés : ceux qui, par un privilège accordé par les papes, ont le droit de porter la mitre au chœur. Par exemple :
    • les chanoines de la cathédrale et des quatre collégiales de Lyon ;
    • ceux de la cathédrale de Lucques (depuis Grégoire IX) ;
    • ceux de la cathédrale de Milan (depuis Pie XI, ancien archevêque de la ville).

Pour des motifs honorifiques[modifier | modifier le code]

  • chanoines ad effectum : dignitaires auxquels le pape confère le titre de chanoine sans prébende.
  • chanoines honoraires : titre accordé à des ecclésiastiques qui ne résident pas auprès de la cathédrale et n'exercent pas de fonction effective dans le conseil de l'évêque ou le chapitre d'une église donnée. Voir aussi 'chanoines d'honneur'. Les chanoines honoraires au sein de l'Église catholique romaine peuvent encore être nommés après le Concile Vatican II. Aussi, les chapelains de l'ordre souverain de Malte qui jouissent, en outre, des privilèges prélatices sont aussi, de fait, avec l'ordre équestre du Saint-Sépulcre, chanoines titulaires ou honoraires de leur Ordre et ont droit au titre honorifique de « Chanoine »[réf. souhaitée] et « Monseigneur » en plus de la robe de chœur, qui comprend la mozette (noir avec passepoil violet pour Malte et blanc avec une croix de Jérusalem rouge pour le Saint-Sépulcre.
  • chanoines d'honneur : titre honorifique sans réalité canonique, accordé autrefois en France par un évêque à d'autres ecclésiastiques. Certains chapitres distinguent en chanoines honoraires les simples prêtres et chanoines d'honneur les évêques et prélats.

Selon des critères de naissance ou de fonction[modifier | modifier le code]

  • chanoines nobles : membre des chapitres qui doivent appartenir à la noblesse. L'on parle normalement de chapitres nobles.
  • chanoines héréditaires : laïcs auxquels des églises cathédrales ou collégiales ont donné le titre et les honneurs de chanoine honoraire (les rois de France par exemple).
  • chanoines honoraires-nés : clercs ou laïcs étant, par leur dignité (ex officio), chanoines honoraires de certaines églises, quoique leur dignité soit étrangère au chapitre.

Autres catégories[modifier | modifier le code]

  • chanoine ad sucurrendum : titre que l'on donnait à ceux qui se sont fait agréger en qualité de chanoine à l'article de la mort, pour avoir part aux prières du chapitre.

Héraldique[modifier | modifier le code]

Les chanoines peuvent surmonter leurs armoiries d'un chapeau de sable aux cordons à trois houppes de même.

Chanoines séculiers en habit de chœur[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Châtillon, Le mouvement canonial au Moyen Âge. Réforme de l'église spiritualité et culture, Brepols, , p. 11.
  2. Alain Derville, La société française au Moyen Âge, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-2202-1), p. 174-175
  3. Michel Rubellin, Église et société chrétienne d'Agobard à Valdès, Presses Universitaires Lyon, , p. 151
  4. Les domestiques des chanoines dans les inventaires après décès montrent la présence de bonnes vivant en concubinage avec ces clercs, malgré l'interdiction du concile de Clermont à ce sujet. Cf. Michel Rouche (dir.), Mariage et sexualité au Moyen Age : accord ou crise, Presses Paris Sorbonne, , p. 173-174.
  5. Daniel Faure, Véronique Rouchon-Mouilleron, Cloîtres : jardins de prières, Flammarion, , p. 23.
  6. H. du Christianisme t. V, p. 152
  7. H. du Christianisme t. V, p. 153
  8. Jacques Gadille (dir.), René Fédou, Henri Hours et Bernard de Vregille, Le diocèse de Lyon, Paris, Beauchesne, coll. « Histoire des diocèses de France » (no 16), , 350 p. (ISBN 2-7010-1066-7, BNF 34728148), p. 90-92
  9. Jean-Charles Picard (dir.), Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France, De Boccard, , p. 56-126.
  10. Catherine Vincent, Fiat lux. Lumière et luminaires dans la vie religieuse en Occident du XIIIe siècle au début du XVIe siècle, Cerf, , p. 178.
  11. « Les chapitres de chanoines », sur vatican.va,
  12. « Canon 503 du C.I.C./1983 », sur droitcanonique.fr,
  13. a et b « Canon 509 du C.I.C./1983 », sur droitcanonique.fr,
  14. « Canon 508 du C.I.C./1983 », sur droitcanonique.fr,
  15. « Canon 510 », sur droitcanonique.fr,
  16. Le Chapitre cathédral de Saint Lambert à Liège au XVIIe siècle (présentation en ligne).
  17. « Les chanoines séculiers », sur icrspfrance.fr (consulté le )
  18. a et b Pierre Hélyot, « Dictionnaire des ordres religieux ou Histoire des orders monastiques, religieux et militaires et des congrégations séculières de l'un et de l'autre sexe, qui ont été établies jusqu'à présent », sur books.google.fr, (consulté le )
  19. Benoît-Michel Tock, « La personne d’autorité en milieu régulier, du Moyen Âge au XVIIIe siècle, Revue de l'IFHA », sur journals.openedition.org, (consulté le )
  20. Contra clericos regulares proprietarios, PL 145, col. 479 et suiv.
  21. Annuario Pontificio 2014, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano, p. 1411 (ISBN 9788820992934)
  22. « Congrégation Notre-Dame »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur congregation-notredame.cef.fr
  23. Denis Diderot, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers, 1782, volume 7, p. 234
  24. « Code du Droit Canon », sur Faculté de Droit Canonique (consulté le ).
  25. Abbé Camille DAUX, Les Chapitres cathédraux de France, Amiens, Paris, Rousseau-Leroy (Amiens), Roger et Chernoviz (Paris), , 196 p. (ISBN 9782012574090), p. 124
  26. Adolphe Fabre Recherches historiques sur le pèlerinage des rois de France à Notre-Dame d'Embrun, Éd. Maisonville et fils et Jourdan, 1860, p. 164
  27. Journal des Savants, 1825, p. 588.
  28. Denis Diderot, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers, 1782, volume 7, p. 233
  29. DAUX (Abbé Camille) : Les Chapitres cathédraux ; Amiens, Paris, 1888, p. 24.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Recherche[modifier | modifier le code]

  • Jean Heuclin (dir.) et Christophe Leduc, Chanoines et chanoinesses des anciens Pays-Bas : Le chapitre de Maubeuge du IXe au XVIIIe siècle, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-3009-5)
  • Christine Barralis, chap. XII « Les auxiliaires de l’évêque : Chanoines et archidiacres », dans Structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin (1179-1449), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6757-3, lire en ligne), p. 147–156
  • Michèle Gaillard, chap. IV « L’impulsion réformatrice de 816/817 : Nature et signification », dans D’une réforme à l’autre (816-934) : Les communautés religieuses en Lorraine à l’époque carolingienne, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », (ISBN 979-10-351-0194-7, lire en ligne), p. 123–147
  • Jean-Charles Picard dir., Les chanoines dans la ville. Recherches sur la topographie des quartiers canoniaux en France, Paris, De Boccard, 1994, 424 p., ill.
  • Jean-Charles Picard, « Les quartiers canoniaux des cathédrales en France », dans Le clerc séculier au Moyen Âge : XXIIe Congrès de la SHMES (Amiens, juin 1991), Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale », (ISBN 979-10-351-0237-1, lire en ligne), p. 191–202
  • Jean-Marie Mayeur (dir.), Charles Pietri (†) (dir.), Luce Pietri (dir.), André Vauchez (dir. et responsable du tome V) et Marc Venard (dir.), Histoire du christianisme : des origines à nos jours, t. V : Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274), Paris, Desclée, , 973 p. (ISBN 2-7189-0573-5, BNF 35572364)

Ouvrages anciens[modifier | modifier le code]

  • Abbé Camille Daux : Les Chapitres cathédraux de France : Notices, costumes, sceaux, armoiries, Amiens - Rousseau-Leroy, Paris - Roger et Chernoviz, 1888, 196 p.
  • Chanoine Victor Pelletier : Les Chapitres cathédraux en France devant l'Eglise et devant l'Etat, Paris, Lecoffre, 1864, in-8°, 572 p.
  • D. Bouaix : Tractatus de capitulis, Paris, Lecoffre, 1852, 691 p.
  • R.P. Raymond Chaponel d'Andescourt : Histoire des chanoines, ou recherches historiques-critiques sur l'ordre canonique, Charles Osmond, Paris, 1699, 408 p.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :