« Casseur (militantisme) » : différence entre les versions

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[[Image:Commercial Bank (closer shot) (Athens riots December 2008).JPG|thumb|Une banque brulée lors des [[Agitations de 2008 en Grèce|manifestations de 2008 en Grèce]]]]
[[Image:Commercial Bank (closer shot) (Athens riots December 2008).JPG|thumb|Une banque brulée lors des [[Agitations de 2008 en Grèce|manifestations de 2008 en Grèce]]]]


Le terme '''« casseur »''' ou '''« casseuse »'''<ref>https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/casseur/13632</ref> désigne des individus se livrant à une forme de [[militantisme]] fondé sur des dégradations (destruction de vitrines, de mobilier urbain...), voire à l'affrontement avec des forces de police mobilisée dans le cadre de manifestations. Le {{Citation|casseur}} est aujourd'hui considéré comme un synonyme de [[Vandalisme|vandale]]. Il est parfois utilisé comme synonyme d'[[hooligan]] dans le cadre spécifique des manifestations sportives.
Autrefois le terme de "'''casseur'''" désignait les "casseur de grève", les [[syndicalisme jaune|Jaunes]].

Le "casseur" est considéré comme un synonyme de [[Vandalisme|vandale]]. Il est parfois utilisé comme synonyme d'[[hooligan]] ([[hooliganisme]]) dans le cadre spécifique des manifestations sportives.
Il s'agit avant tout d'un terme [[Émique et étique|émique]] : il n'est pas utilisé au premier degré en [[sciences sociales]]. L'historien Marc André le présente néanmoins comme un {{Citation|mot de l'époque}}<ref name=":0">{{Article |prénom1=Marc |nom1=André |titre=Casser ? Une question légitime |périodique=[[Raison présente]] |volume=N°216 |numéro=4 |date=2020 |issn=0033-9075 |issn2=2649-7999 |doi=10.3917/rpre.216.0003 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rpre.216.0003 |consulté le=2021-02-25 |pages=3 }}</ref> du fait de son emploi récurrent dans les médias et discours politiques.

== Histoire du terme ==
Le terme casseur est d'abord utilisé au XVIe siècle pour nommer la profession « de ceux qui cassent de la pierre ou de la fonte ». Il faut attendre le début du XIXe siècle pour qu'il commence à prendre une connotation politique et sociale avec les mouvements [[Luddisme|luddites]] de bris de machines par des ouvriers. Lors de l'[[Insurrection républicaine à Paris en juin 1832|insurrection parisienne de juin 1832]], il s'étend aux personnes détruisant vitres et lanternes. Mais c'est surtout à partir des années 1950 que son acception contemporaine commence à se diffuser massivement pour désigner des manifestants commettant des dégradations, des prisonniers mutinés<ref>{{Article |prénom1=Marc |nom1=André |titre=« Bris de prison ». Des mutineries de la guerre d’Algérie aux révoltes des années 1970 |périodique=Raison présente |volume=N°216 |numéro=4 |date=2020 |issn=0033-9075 |issn2=2649-7999 |doi=10.3917/rpre.216.0034 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rpre.216.0034 |consulté le=2021-02-25 |pages=34 }}</ref>, les {{Citation|banlieusards}} commettant des dégradations<ref name=":0" />...

En argot, il pouvait aussi désigner celui qui pratiquait un ''casse,'' c'est-à-dire un [[cambriolage]].


Au début du XXe siècle, il est très utilisé pour désigner le hooliganisme et les dégradations lors des manifestations, et très repris dans les discours politiques et médiatiques. Il est alors utilisé pour désigner l'ensemble des personnes pratiquant des actes de [[vandalisme]] et/ou violents en marge des [[manifestation]]s protestataire. Ils interviennent parfois lors de manifestations syndicales, lycéennes ou étudiantes, en usant du mouvement et de l'[[anonymat]] de la foule, mais également de manière spontanée et séparée.
== Média ==
[[Image:Black block.jpg|thumb|Un [[Black Bloc]]]]
'''Casseur''' est aujourd'hui un terme souvent repris par des [[média]]s, utilisé pour regrouper sous une même dénomination l'ensemble des personnes pratiquant des actes de [[vandalisme]] et/ou violents en marge des [[manifestation]]s, que ce soit pendant ou à la fin d'un défilé protestataire. Afin de ne pas être repérés, ils ont le visage souvent masqué par des écharpes, des capuches ou des casquettes, et agissent à plusieurs (un "casseur" isolé étant à la merci des forces de l'ordre, en uniforme ou pas - des forces policières peuvent aussi commettre des actes de vandalisme par provocation politiquement souhaitée), de manière très mobile. Ils interviennent parfois lors de manifestations de syndicalistes, de lycéens ou d'étudiants, en profitant des mouvements et de l'[[anonymat]] de la foule, mais également de manière spontanée et séparée, quand il ne reste plus que les forces de l'ordre et des gens désireux d'en découdre.


== Approche sociologique ==
{{ref sou|Les casseurs agressent parfois les [[journaliste]]s}}, qu'ils soupçonnent d'aider la [[Police (institution)|police]] dans sa tâche d'identification des fauteurs de troubles, par les photos. Ils leur reprochent aussi de donner une version fausse des événements, de minimiser les causes de la [[colère]], de ne pas prendre au sérieux la radicalité des motivations des casseurs, et tout ceci pour aboutir à une analyse réduite à la dénonciation de la [[délinquance]]. De plus, la difficulté éprouvée pour différencier un appareil photo d'un agent des [[SDIG|Renseignements]] de celui d'un journaliste explique les attaques dont est parfois victime le matériel. Par ailleurs, la présence des journalistes transforme l'émeute en [[symbole]] ou en spectacle, ce qui entre en contradiction avec la volonté, précisément centrale dans la "casse", de rendre l'affrontement concret, réel. Les photographes "amateurs", en dépit de leurs protestations, sont parfois assimilés aux journalistes et traités en conséquence.
Faire des dégâts matériels, particulièrement en manifestation, fait partie des {{Citation|modes d'action}} ou du {{Citation|répertoire d'action}} protestataires identifiés par les sciences sociales. À partir des résultats des enquêtes [[Cevipof|CEVIPOF]] de 1988 et 1995 et du Panel électoral français de 2002, la chercheuse en science politique Nonna Meyer constate que la dégradation est le mode d'action le moins accepté de tous en France, culminant à 2 % d'approbation en 1995 et 2002<ref>{{Article |prénom1=Nonna |nom1=Mayer |titre=Le temps des manifestations |périodique=Revue européenne des sciences sociales |numéro=XLII-129 |date=2004-03-01 |issn=0048-8046 |issn2=1663-4446 |doi=10.4000/ress.410 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/ress/410 |consulté le=2021-06-20 |pages=219–224 }}</ref>.
{| class="wikitable mw-collapsible"
|+Résultats d'enquêtes enquêtes [[Cevipof|CEVIPOF]] de 1988 et 1995 et du Panel électoral français de 2002 à la question
<br>« Voici un certain nombre de moyens que les gens utilisent parfois pour faire connaître leurs opinions ou <br>leurs revendications. Pouvez-vous me dire pour chacun d’eux si vous l’approuveriez ou pas du moins <br>dans certaines circonstances ? »
|
|1988
|1995
|2002
|-
|Provoquer des dégâts matériels
|1 %
|2 %
|2 %
|-
|Peindre des slogans sur les murs
|6 %
|6 %
|5 %
|-
|Refuser de payer les impôts
|23 %
|37 %
|32 %
|-
|Occuper un bâtiment administratif
|28 %
|42 %
|43 %
|-
|Participer à des manifestations de rues
|49 %
|62 %
|77 %
|-
|Faire grève
|66 %
|74 %
|79 %
|-
|Nombre de réponses
|3847
|4078
|4107
|}


== Confusion ==
== Un terme polysémique ==
Le terme ne fait référence qu'à l'acte de ''casser'' et à la violence qu'évoque le mot, et en ce sens il est à la fois réducteur et source de confusion, voire d'amalgames.
Il désigne à la fois :


=== Au premier degré : désigner le trouble à l'ordre public ===
* des personnes opérant des larcins plus ou moins graves (vols à l'arrachée parmi les manifestants)
Le terme ne fait référence qu'à l'acte de ''casser'' or il peut désigner à la fois :
* les auteurs d'actes de vandalisme, perpétrés soit contre le [[mobilier urbain]] (abribus, cabines téléphoniques), soit contre des boutiques (vitrines brisées, avec parfois ensuite des vols dans les magasins vandalisés etc.), soit contre les distributeurs automatiques, les édifices publics, etc.
* des manifestants qui s'en prennent physiquement aux forces de l'ordre (CRS, Police Nationale, Gendarmerie, parfois même les Sapeurs-Pompiers).


[[Image:Damage to a store following the riots in Washington, D.C., April 16, 1968.jpg|thumb|Manifestation à [[Washington (district de Columbia)|Washington]] après l'assassinat de [[Martin Luther King]] en 1968]]
Le casseur se caractérise donc pour les médias par sa nature violente et intimidante.


* les personnes opérant des larcins parmi les manifestants) ;
[[Image:Damage to a store following the riots in Washington, D.C., April 16, 1968.jpg|thumb|Manifestation à [[Washington (district de Columbia)|Washington]] après l'assasinat de [[Martin Luther King]] en 1968]]
* les auteurs d'actes de vandalisme, perpétrés contre le [[mobilier urbain]] (abribus, cabines téléphoniques), contre des boutiques (vitrines brisées, avec parfois ensuite des vols dans les magasins vandalisés etc.), contre des distributeurs automatiques, contre des bâtiments publics... ;
* les manifestants qui s'en prennent physiquement aux forces de l'ordre (CRS, Police Nationale, Gendarmerie, parfois même les Sapeurs-Pompiers).


Le casseur se caractériserait donc par sa nature violente et intimidante.
Finalement, le terme de « casseur » ne veut pas dire grand-chose. Plusieurs raisons à cela : il regroupe maintes populations qu'il est aisément possible de différencier : un jeune banlieusard n'est pas un étudiant insurgé et encore moins un activiste d'extrême droite ou gauche. De plus, l'appellation "casseur" désigne l'acte en soi, et non les motivations. Il sert ainsi, notamment par son utilisation dans les médias, à stigmatiser des populations, à décrédibiliser la violence et ainsi à cacher les [[révolte]]s. Ainsi, les motivations d'un casseur ne peuvent être "démocratiques" quand bien même la révolte est [[populaire]]<ref>''Mort à la démocratie'', Léon de Mattis</ref>. Rappelons, sans en faire l'[[apologie]], que nos systèmes politiques actuels se sont construits sur la violence (révolutions de 1789, de 1848, de 1870, résistance de 1945, mai 1968, etc). Notons d'ailleurs le rôle que tiennent les médias dans la diffusion de ce terme. Au point de penser qu'il y aurait une connivence entre les médias et les pouvoirs publics à des fins politiques concertées, ségrégationnistes, et admises. Utiliser ce mot permet de s'affranchir de trouver les motivations<ref>Un ''vandale'' n'a pas de motivation politique</ref>, c'est une manière d'exclure toute révolte du champ politique<ref>Dans son livre ''[[LQR]], la propagande au quotidien'', [[Eric Hazan]] montre comment le langage médiatique et politique nie le caractère politique d'une révolte, désormais appelée ''émeute''.</ref>.


L'appellation "casseur" désigne l'acte en soi, et non les motivations. Il pourrait ainsi servir à orienter l'opinion, à discréditer certaines revendications. Le ''vandale'' étant inéluctablement réprouvable, l'utilisation du terme constituerait une manière d'exclure une certaine forme d'action politique<ref>Dans le livre ''[[LQR]], la propagande au quotidien'', [[Eric Hazan]] montre comment le langage peut nier le caractère politique d'une révolte, désormais appelée ''émeute''.</ref>. Le terme de vandalisme lui-même est un néologisme né avec la Révolution française, et dont la valeur de discréditation de l'action d'opposants politiques se trouve prolongé par le terme {{Citation|casseur}} contemporain<ref>{{Article |prénom1=Michel |nom1=Biard |titre=Le « vandalisme », un néologisme lourd de sens politique en 1794 et aujourd’hui presque banalisé |périodique=Raison présente |volume=N°216 |numéro=4 |date=2020 |issn=0033-9075 |issn2=2649-7999 |doi=10.3917/rpre.216.0015 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rpre.216.0015 |consulté le=2021-02-25 |pages=15 }}</ref>.
== Arrestation ==
{{Référence nécessaire|Les casseurs sont de plus en plus arrêtés par la [[Police (institution)|police]], spécialement les policiers en civil qui se mêlent aux manifestants|date=novembre 2014}}.


Le terme "casseur" est parfois confondu avec celui d'émeutier (auteurs d'[[émeutes]]) qui provoquent et invectivent les forces de l'ordre et expriment un message de révolte : [[révolte]] {{Référence nécessaire|antisociale|date=28 février 2017}}
== Émeute ==
Le terme "casseur" est parfois confondu, avec celui d'émeutier (auteurs d'[[émeutes]]) qui provoquent et invectivent les forces de l'ordre et expriment un message de révolte : [[révolte]] antisociale, [[nihilisme]], [[anarchisme]], rejet radical du système social, économique et politique dans son ensemble, pression politique par la violence...


=== Au second degré : retourner le terme contre le pouvoir ===
== Violence et politique ==
Prenant le contrepied de son utilisation la plus courante pour désigner des personnes troublant l'ordre public, les déclinaisons {{Citation|casseur de manifestants}} peut ainsi désigner les forces de l'ordre, et « [[briseur de grève]] » ou {{Citation|casseur de mouvement}} peuvent désigner les syndicalistes soutenant leur direction contre leurs collègues en lutte sociale ([[syndicalisme jaune]]). Plus largement, il peut s'agir de désigner la casse d'un modèle social. On retrouve un exemple de cet usage dans le titre du livre ''Les Casseurs de l'État social - Des retraites à la Sécu : la grande démolition'' de Michel Husson en 2003<ref>{{Ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Husson|titre=Les Casseurs de l'État social - Des retraites à la Sécu : la grande démolition|lieu=Paris (France)|éditeur=La Découverte|date=2003|isbn=2-7071-4189-5|lire en ligne=http://hussonet.free.fr/casse-.pdf|consulté le=2022-04-17}}</ref>.
Aux yeux d'une large part des manifestants (et de la totalité des organisateurs), les casseurs sont l'une des causes de discrédit de leur message, notamment au niveau médiatique. En effet, ils posent de manière décisive la question de l'acceptation ou non de la [[violence]] comme mode d'action [[politique]], et la question de la définition des revendications : dans les deux cas, les "casseurs" ont tendance à la fois à élargir (droit d'utiliser n'importe quel moyen ; rejet d'un système social pris dans son ensemble) et à simplifier le but et le cadre de la manifestation.


L'historienne Ludivine Bantigny observe en 2020 que cette tendance s'est récemment accélérée, et parle même d'un début de {{Citation|retournement du stigmate}} du terme casseur<ref>{{Article |prénom1=Ludivine |nom1=Bantigny |titre=« C’est celui qui le dit qui l’est… ». « Casseurs » : le stigmate retourné |périodique=Raison présente |volume=N°216 |numéro=4 |date=2020 |issn=0033-9075 |issn2=2649-7999 |doi=10.3917/rpre.216.0098 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rpre.216.0098 |consulté le=2021-02-25 |pages=98 }}</ref>. En France, durant les manifestations contre la [[Réforme du code du travail français en 2017|loi Travail]] de 2016, la mise en perspective de la {{Citation|casse}} matérielle et de la {{Citation|casse sociale}} est très reprise par les mouvements protestataires, par exemple à travers le slogan {{Citation|casseurs de vitre [versus] casseurs de vie}}. Pour l'anthropologue Alain Bertho, {{Citation|Le message [des protestataires] est simple : la violence d’État et la violence des manifestants sont sans commune mesure.}}<ref>{{Article |prénom1=Alain |nom1=Bertho |titre=« Une pensée pour les familles des vitrines ». Symboliques contemporaines de la destruction |périodique=Raison présente |volume=N°216 |numéro=4 |date=2020 |issn=0033-9075 |issn2=2649-7999 |doi=10.3917/rpre.216.0055 |lire en ligne=https://doi.org/10.3917/rpre.216.0055 |consulté le=2021-02-25 |pages=55 }}</ref>
On lit parfois aussi les déclinaisons "casseur de flics", "casseur de manifestants", "casseur de grève", "casseur de mouvement", etc.


== Articles connexes ==
== Articles connexes ==
* [[Casseur]]
* {{page h|Casseur}}
* [[Violences urbaines]] - [[Violence]]
* [[Violences urbaines]] - [[Violence]]
* [[Manifestation]]
* [[Manifestation]]
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*''Apologie du Casseur'', [[Serge Roure]], [[Éditions Michalon]] 2006 {{ISBN|978-2841863471}}
*''Apologie du Casseur'', [[Serge Roure]], [[Éditions Michalon]] 2006 {{ISBN|978-2841863471}}
* ''C'est de la racaille ? Eh bien, j'en suis'', [[Alèssi Dell'Umbria]]<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/PIERROT/13948|titre=C'est de la racaille ? Eh bien, j'en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005|site=|éditeur=[[Le Monde diplomatique]]|en ligne le= Septembre 2006 |consulté le=12 septembre 2012}}</ref>, [[L'Échappée]] mars 2006 {{ISBN|2-915830-09-6}}
* ''C'est de la racaille ? Eh bien, j'en suis'', [[Alèssi Dell'Umbria]]<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/PIERROT/13948|titre=C'est de la racaille ? Eh bien, j'en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005|site=|éditeur=[[Le Monde diplomatique]]|en ligne le= Septembre 2006 |consulté le=12 septembre 2012}}</ref>, [[L'Échappée]] mars 2006 {{ISBN|2-915830-09-6}}
* ''Pourquoi cassent-ils ? Présentation des discours et motivations des casseurs'', Gwénola Ricordeau, [[Déviance et société]] vol. 25 n° 2 (2001)<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.scienceshumaines.com/les-casseurs-joueurs-ou-delinquants_fr_1721.html|titre=Les casseurs : joueurs ou délinquants ? |site=|éditeur=[[Sciences humaines (revue)]]|en ligne le= Octobre 2001|consulté le=12 septembre 2012}}</ref>.
* ''Pourquoi cassent-ils ? Présentation des discours et motivations des casseurs'', [[Gwenola Ricordeau|Gwénola Ricordeau]], [[Déviance et société]] vol. 25 n° 2 (2001)<ref>{{fr}} {{Lien web|url=http://www.scienceshumaines.com/les-casseurs-joueurs-ou-delinquants_fr_1721.html|titre=Les casseurs : joueurs ou délinquants ? |site=|éditeur=[[Sciences humaines (revue)]]|en ligne le= Octobre 2001|consulté le=12 septembre 2012}}</ref>.


== Liens externes ==
== Liens externes ==
*[http://www.lemonde.fr/web/portfolio/0,12-0@2-734511,31-752465@51-735413,0.html ''Pourquoi je casse ?''] (2006) par le journal [[Le Monde]]
*[https://www.lemonde.fr/web/portfolio/0,12-0@2-734511,31-752465@51-735413,0.html ''Pourquoi je casse ?''] (2006) par le journal [[Le Monde]]
* [http://infos.samizdat.net/article327.html ''Nouveau lumpenprolétariat et jeunes casseurs'' (Brigitte Larguèze, Frédéric Goldbronn et José Reynes)] par le journal [[Le Monde]] (infos.[[samizdat]].net)
* [http://infos.samizdat.net/article327.html ''Nouveau lumpenprolétariat et jeunes casseurs'' (Brigitte Larguèze, Frédéric Goldbronn et José Reynes)] par le journal [[Le Monde]] (infos.[[samizdat]].net)


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[[Catégorie:Conflit]]
[[Catégorie:Conflit]]
[[Catégorie:Sociologie urbaine]]
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Dernière version du 8 mai 2024 à 21:49

Une banque brulée lors des manifestations de 2008 en Grèce

Le terme « casseur » ou « casseuse »[1] désigne des individus se livrant à une forme de militantisme fondé sur des dégradations (destruction de vitrines, de mobilier urbain...), voire à l'affrontement avec des forces de police mobilisée dans le cadre de manifestations. Le « casseur » est aujourd'hui considéré comme un synonyme de vandale. Il est parfois utilisé comme synonyme d'hooligan dans le cadre spécifique des manifestations sportives.

Il s'agit avant tout d'un terme émique : il n'est pas utilisé au premier degré en sciences sociales. L'historien Marc André le présente néanmoins comme un « mot de l'époque »[2] du fait de son emploi récurrent dans les médias et discours politiques.

Histoire du terme[modifier | modifier le code]

Le terme casseur est d'abord utilisé au XVIe siècle pour nommer la profession « de ceux qui cassent de la pierre ou de la fonte ». Il faut attendre le début du XIXe siècle pour qu'il commence à prendre une connotation politique et sociale avec les mouvements luddites de bris de machines par des ouvriers. Lors de l'insurrection parisienne de juin 1832, il s'étend aux personnes détruisant vitres et lanternes. Mais c'est surtout à partir des années 1950 que son acception contemporaine commence à se diffuser massivement pour désigner des manifestants commettant des dégradations, des prisonniers mutinés[3], les « banlieusards » commettant des dégradations[2]...

En argot, il pouvait aussi désigner celui qui pratiquait un casse, c'est-à-dire un cambriolage.

Au début du XXe siècle, il est très utilisé pour désigner le hooliganisme et les dégradations lors des manifestations, et très repris dans les discours politiques et médiatiques. Il est alors utilisé pour désigner l'ensemble des personnes pratiquant des actes de vandalisme et/ou violents en marge des manifestations protestataire. Ils interviennent parfois lors de manifestations syndicales, lycéennes ou étudiantes, en usant du mouvement et de l'anonymat de la foule, mais également de manière spontanée et séparée.

Approche sociologique[modifier | modifier le code]

Faire des dégâts matériels, particulièrement en manifestation, fait partie des « modes d'action » ou du « répertoire d'action » protestataires identifiés par les sciences sociales. À partir des résultats des enquêtes CEVIPOF de 1988 et 1995 et du Panel électoral français de 2002, la chercheuse en science politique Nonna Meyer constate que la dégradation est le mode d'action le moins accepté de tous en France, culminant à 2 % d'approbation en 1995 et 2002[4].

Résultats d'enquêtes enquêtes CEVIPOF de 1988 et 1995 et du Panel électoral français de 2002 à la question
« Voici un certain nombre de moyens que les gens utilisent parfois pour faire connaître leurs opinions ou
leurs revendications. Pouvez-vous me dire pour chacun d’eux si vous l’approuveriez ou pas du moins
dans certaines circonstances ? »
1988 1995 2002
Provoquer des dégâts matériels 1 % 2 % 2 %
Peindre des slogans sur les murs 6 % 6 % 5 %
Refuser de payer les impôts 23 % 37 % 32 %
Occuper un bâtiment administratif 28 % 42 % 43 %
Participer à des manifestations de rues 49 % 62 % 77 %
Faire grève 66 % 74 % 79 %
Nombre de réponses 3847 4078 4107

Un terme polysémique[modifier | modifier le code]

Au premier degré : désigner le trouble à l'ordre public[modifier | modifier le code]

Le terme ne fait référence qu'à l'acte de casser or il peut désigner à la fois :

Manifestation à Washington après l'assassinat de Martin Luther King en 1968
  • les personnes opérant des larcins parmi les manifestants) ;
  • les auteurs d'actes de vandalisme, perpétrés contre le mobilier urbain (abribus, cabines téléphoniques), contre des boutiques (vitrines brisées, avec parfois ensuite des vols dans les magasins vandalisés etc.), contre des distributeurs automatiques, contre des bâtiments publics...  ;
  • les manifestants qui s'en prennent physiquement aux forces de l'ordre (CRS, Police Nationale, Gendarmerie, parfois même les Sapeurs-Pompiers).

Le casseur se caractériserait donc par sa nature violente et intimidante.

L'appellation "casseur" désigne l'acte en soi, et non les motivations. Il pourrait ainsi servir à orienter l'opinion, à discréditer certaines revendications. Le vandale étant inéluctablement réprouvable, l'utilisation du terme constituerait une manière d'exclure une certaine forme d'action politique[5]. Le terme de vandalisme lui-même est un néologisme né avec la Révolution française, et dont la valeur de discréditation de l'action d'opposants politiques se trouve prolongé par le terme « casseur » contemporain[6].

Le terme "casseur" est parfois confondu avec celui d'émeutier (auteurs d'émeutes) qui provoquent et invectivent les forces de l'ordre et expriment un message de révolte : révolte antisociale[réf. nécessaire]

Au second degré : retourner le terme contre le pouvoir[modifier | modifier le code]

Prenant le contrepied de son utilisation la plus courante pour désigner des personnes troublant l'ordre public, les déclinaisons « casseur de manifestants » peut ainsi désigner les forces de l'ordre, et « briseur de grève » ou « casseur de mouvement » peuvent désigner les syndicalistes soutenant leur direction contre leurs collègues en lutte sociale (syndicalisme jaune). Plus largement, il peut s'agir de désigner la casse d'un modèle social. On retrouve un exemple de cet usage dans le titre du livre Les Casseurs de l'État social - Des retraites à la Sécu : la grande démolition de Michel Husson en 2003[7].

L'historienne Ludivine Bantigny observe en 2020 que cette tendance s'est récemment accélérée, et parle même d'un début de « retournement du stigmate » du terme casseur[8]. En France, durant les manifestations contre la loi Travail de 2016, la mise en perspective de la « casse » matérielle et de la « casse sociale » est très reprise par les mouvements protestataires, par exemple à travers le slogan « casseurs de vitre [versus] casseurs de vie ». Pour l'anthropologue Alain Bertho, « Le message [des protestataires] est simple : la violence d’État et la violence des manifestants sont sans commune mesure. »[9]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/casseur/13632
  2. a et b Marc André, « Casser ? Une question légitime », Raison présente, vol. N°216, no 4,‎ , p. 3 (ISSN 0033-9075 et 2649-7999, DOI 10.3917/rpre.216.0003, lire en ligne, consulté le )
  3. Marc André, « « Bris de prison ». Des mutineries de la guerre d’Algérie aux révoltes des années 1970 », Raison présente, vol. N°216, no 4,‎ , p. 34 (ISSN 0033-9075 et 2649-7999, DOI 10.3917/rpre.216.0034, lire en ligne, consulté le )
  4. Nonna Mayer, « Le temps des manifestations », Revue européenne des sciences sociales, no XLII-129,‎ , p. 219–224 (ISSN 0048-8046 et 1663-4446, DOI 10.4000/ress.410, lire en ligne, consulté le )
  5. Dans le livre LQR, la propagande au quotidien, Eric Hazan montre comment le langage peut nier le caractère politique d'une révolte, désormais appelée émeute.
  6. Michel Biard, « Le « vandalisme », un néologisme lourd de sens politique en 1794 et aujourd’hui presque banalisé », Raison présente, vol. N°216, no 4,‎ , p. 15 (ISSN 0033-9075 et 2649-7999, DOI 10.3917/rpre.216.0015, lire en ligne, consulté le )
  7. Michel Husson, Les Casseurs de l'État social - Des retraites à la Sécu : la grande démolition, Paris (France), La Découverte, (ISBN 2-7071-4189-5, lire en ligne)
  8. Ludivine Bantigny, « « C’est celui qui le dit qui l’est… ». « Casseurs » : le stigmate retourné », Raison présente, vol. N°216, no 4,‎ , p. 98 (ISSN 0033-9075 et 2649-7999, DOI 10.3917/rpre.216.0098, lire en ligne, consulté le )
  9. Alain Bertho, « « Une pensée pour les familles des vitrines ». Symboliques contemporaines de la destruction », Raison présente, vol. N°216, no 4,‎ , p. 55 (ISSN 0033-9075 et 2649-7999, DOI 10.3917/rpre.216.0055, lire en ligne, consulté le )
  10. (fr) « C'est de la racaille ? Eh bien, j'en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005 », Le Monde diplomatique, (consulté le )
  11. (fr) « Les casseurs : joueurs ou délinquants ? », Sciences humaines (revue), (consulté le )