« Élevage » : différence entre les versions

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=== Origines ===
=== Origines ===
[[Image:Andrea pisano, jabal ovvero la pastorizia, 1334-43, dal lato ovest del campanile 01.JPG|vignette|Allégorie de l'élevage.]]
[[Image:Andrea pisano, jabal ovvero la pastorizia, 1334-43, dal lato ovest del campanile 01.JPG|vignette|Allégorie de l'élevage.]]
Les premiers hommes vivaient de [[cueillette]], de la [[Pêche (halieutique)|pêche]] et de [[chasse]]. Au [[Néolithique]] les hommes passent d'une économie prédatrice à une économie productrice, ce qui se traduit concrètement par la [[domestication]] de certaines espèces dont les caractéristiques évoluent sous la pression d'une [[sélection artificielle]] menée par l'homme et dont l'archéologie apporte des preuves<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|nom1=Mazoyer, Marcel, 1933-|titre=Histoire des agricultures du monde|sous-titre=du néolithique à la crise contemporaine|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil|année=2002|pages totales=705|isbn=2-02-053061-9|isbn2=978-2-02-053061-3|oclc=300189713|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300189713|consulté le=2021-02-11}}.</ref>.
Les premiers hommes vivaient de [[cueillette]], de la [[Pêche (halieutique)|pêche]] et de [[chasse]]. Au [[Néolithique]] les hommes passent d'une économie prédatrice à une économie productrice, ce qui se traduit concrètement par la [[domestication]] de certaines espèces dont les caractéristiques évoluent sous la pression d'une [[sélection artificielle]] menée par l'homme et dont l'[[archéologie]] apporte des preuves<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|nom1=Mazoyer, Marcel, 1933-|titre=Histoire des agricultures du monde|sous-titre=du néolithique à la crise contemporaine|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil|année=2002|pages totales=705|isbn=2-02-053061-9|isbn2=978-2-02-053061-3|oclc=300189713}}.</ref>.


L'apparition de cette économie productrice pose cependant encore de nombreuses questions et beaucoup d'explications ont été proposées :
L'apparition de cette économie productrice pose cependant encore de nombreuses questions et beaucoup d'explications ont été proposées :
* d'ordre religieux, par exemple chez les [[Aïnous (ethnie du Japon et de Russie)|Aïnous]] avec leur [[Iyomante|rituel de l'ours]] : {{Référence nécessaire|l'élevage pourrait avoir été un produit d'un rituel sacrificiel, un animal, élevé comme un membre de la famille et en son sein, servant aux sacrifice lorsqu'un rituel l'exige ;|date=11 février 2021}}
* d'ordre [[démographie|démographique]], augmentation de la population, compétition entre groupes humains ;
* d'ordre [[climat]]ique, évolution du climat entraînant une raréfaction des [[Ressource naturelle|ressources naturelles]]<ref name=":0" />.


La domestication donne alors (ou non) un résultat en fonction de l'animal utilisé ; [[Canis lupus|loup]] conduisant à l'apparition du [[chien]], bovins sauvages aux bovins domestiques, ou ours chez les Aïnous, ce qui ne mène à rien de matériellement utilitaire mais fournit une piste explicative. Des [[civilisation mycénienne#Peintures murales|peintures murales de la civilisation mycénienne]] montrent que les animaux sont associés à la chasse, ainsi qu'à la [[tauromachie]].
* d'ordre religieux, par exemple chez les [[Aïnous (ethnie du Japon et de Russie)|Aïnous]] avec leur [[Iyomante|rituel de l'ours]] : {{Référence nécessaire|l'élevage pourrait avoir été un produit d'un rituel sacrificiel, un animal, élevé comme un membre de la famille et en son sein, servant aux sacrifice lorsqu'un rituel l'exige ;|date=11 février 2021}}
* d'ordre démographique, augmentation de la population, compétition entre groupes humains ;
* d'ordre climatique, évolution du climat entraînant une raréfaction des ressources<ref name=":0" />.
La domestication donne alors (ou non) un résultat en fonction de l'animal utilisé ; [[loup]] conduisant à l'apparition du [[chien]], bovins sauvages aux bovins domestiques, ou ours chez les Aïnous, ce qui ne mène à rien de matériellement utilitaire mais fournit une piste explicative. Des peintures murales de la [[civilisation mycénienne#Peintures murales|civilisation mycénienne]] montrent que les animaux sont associés à la chasse, ainsi qu'à la [[tauromachie]].


=== Premières traces ===
=== Premières traces ===
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[[Fichier:Cattle and sheep.jpg|vignette|[[Vache]]s et [[mouton]]s en [[Pâturage|pâture]].]]
[[Fichier:Cattle and sheep.jpg|vignette|[[Vache]]s et [[mouton]]s en [[Pâturage|pâture]].]]


Les premières traces d'élevages d'herbivores découvertes sur les pourtours de la [[Mésopotamie]] datent d'environ [[Néolithique du Proche-Orient|9000 {{av JC}}]] : au Levant à [[Tell Aswad]], dans le Zagros à [[Ganj Dareh]] pour la chèvre<ref>{{Article |langue=en |prénom1=M. |nom1=Gallego-Llorente |prénom2=S. |nom2=Connell |prénom3=E. R. |nom3=Jones |prénom4=D. C. |nom4=Merrett |titre=The genetics of an early Neolithic pastoralist from the Zagros, Iran |périodique=Scientific Reports |volume=6 |numéro=1 |date=2016-08 |issn=2045-2322 |pmid=27502179 |pmcid=PMC4977546 |doi=10.1038/srep31326 |lire en ligne=http://www.nature.com/articles/srep31326 |consulté le=2021-02-11 |pages=31326 }}</ref> et en Anatolie du Sud-Est pour le mouton<ref name=":2" />.
Les premières traces d'élevages d'[[herbivore]]s découvertes sur les pourtours de la [[Mésopotamie]] datent d'environ [[Néolithique du Proche-Orient|9000 {{av JC}}]] : au [[Levant (Proche-Orient)|Levant]] à [[Tell Aswad]], dans les [[monts Zagros]] à [[Ganj Dareh]] pour la chèvre<ref>{{Article |langue=en |prénom1=M. |nom1=Gallego-Llorente |prénom2=S. |nom2=Connell |prénom3=E. R. |nom3=Jones |prénom4=D. C. |nom4=Merrett |titre=The genetics of an early Neolithic pastoralist from the Zagros, Iran |périodique=Scientific Reports |volume=6 |numéro=1 |date=2016-08 |issn=2045-2322 |pmid=27502179 |pmcid=PMC4977546 |doi=10.1038/srep31326 |lire en ligne=http://www.nature.com/articles/srep31326 |consulté le=2021-02-11 |pages=31326 }}</ref> et dans la [[région de l'Anatolie du Sud-Est]] pour le mouton<ref name=":2" />.


L'apparition du [[pastoralisme nomade]] daté de −6200 au Levant et en Arabie selon {{Lien|langue=en|Juris Zarins}} constitue une évolution notable ; Juris Zarins s'oppose ainsi aux théories anciennes selon lesquelles le pastoralisme aurait pu apparaître avant l'agriculture<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Juris Zarins|titre=Pastoral Nomadism in Arabia : Ethnoarchaeology and the Archaeological Record in "Pastoralism in the Levant"|éditeur=O. Bar-Yosef and A. Khazanov|année=1992|isbn=}}.</ref> ; il suppose d'ailleurs des animaux ayant atteint un niveau de domestication suffisamment avancé pour que les troupeaux puissent être maîtrisés dans des espaces ouverts.
L'apparition du [[pastoralisme nomade]] daté de −6200 au Levant et en [[Arabie]] selon {{Lien|langue=en|Juris Zarins}} constitue une évolution notable ; Juris Zarins s'oppose ainsi aux théories anciennes selon lesquelles le pastoralisme aurait pu apparaître avant l'agriculture<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Juris Zarins|titre=Pastoral Nomadism in Arabia : Ethnoarchaeology and the Archaeological Record in "Pastoralism in the Levant"|éditeur=O. Bar-Yosef and A. Khazanov|année=1992|isbn=}}.</ref> ; il suppose d'ailleurs des animaux ayant atteint un niveau de domestication suffisamment avancé pour que les troupeaux puissent être maîtrisés dans des espaces ouverts.


La sélection de races lainières à partir de −5000 chez les ovins<ref>{{Article |auteur1=Wolfram Schier |titre=Du mouton à poils au mouton à laine |périodique=[[Pour la science]] |date=juin 2018 |issn=0153-4092 |lire en ligne= |pages=39-45 }}.</ref>, caprins (chèvre ''Kashmir''), bovins ([[yack]]), lamas et même le chien facilite l'expansion de l'élevage et des populations de pasteurs vers les régions humides ou froides, nordiques ou de montagne.[[Fichier:Ovis orientalis LC0267.jpg|gauche|vignette|Le [[mouflon corse]], probable descendant d'ovins domestiqués d'Anatolie, les premiers animaux de production à l'avoir été, a un pelage ras. Ses ancêtres ne produisaient pas de laine utilisable.]]
La sélection de races lainières à partir de −5000 chez les ovins<ref>{{Article |auteur1=Wolfram Schier |titre=Du mouton à poils au mouton à laine |périodique=[[Pour la science]] |date=juin 2018 |issn=0153-4092 |lire en ligne= |pages=39-45 }}.</ref>, caprins (chèvre ''Kashmir''), bovins ([[yack]]), lamas et même le chien facilite l'expansion de l'élevage et des populations de pasteurs vers les régions humides ou froides, nordiques ou de montagne.


[[Fichier:Ovis orientalis LC0267.jpg|gauche|vignette|Le [[mouflon corse]], probable descendant d'ovins domestiqués d'Anatolie, les premiers animaux de production à l'avoir été, a un pelage ras. Ses ancêtres ne produisaient pas de laine utilisable.]]
L'homme, dès {{nombre|3000 ans}} {{av JC}} a contribué à introduire des [[espèce]]s plus ou moins domestiquées hors de leur zones naturelle de répartition, jusque dans les [[île]]s en Europe de l'Ouest<ref>Lepetz S. & Yvinec J.-H. (2002), ''Présence d'espèces animales d'origine méditerranéenne en France du nord aux périodes romaine et médiévale : actions anthropiques et mouvements naturels''. In : Mouvements ou déplacements de populations animales en Méditerranée au cours de l'Holocène (A. Gardeisen, éditeur), British Archaeological Report, S1017 : 33-42</ref>, modifiant ainsi leurs caractéristiques [[Écologie du paysage|écopaysagères]] premières<ref>Mac Arthur R.H. & Wilson E.O. (1967), ''Island Biogeography''. Princeton University Press, Princeton, NJ, USA</ref>. L'élevage semble s'être beaucoup développé au Néolithique (dont en Europe et en France, dans le nord du pays par exemple<ref>Arbogast RM (1994) ''Premiers élevages néolithiques du Nord-est de la France''. ERAUL, Liège</ref>{{,}}<ref>Meniel P 1984) ''Contribution à l’histoire de l’élevage en Picardie du Néolithique à la fin de l’âge du Fer''. Revue Archéologique de Picardie 3 (numéro spécial).</ref>{{,}}<ref>Tresset A (1996) ''Chasse et élevage au Néolithique ancien dans le Sud-Est du Bassin Parisien.'' Rapport d’étude. SRA Île-de-France, Paris.</ref>), mais il semble longtemps coexister avec la chasse<ref>Arbogast RM & Jeunesse C (1990) ''Ensisheim « Ratfeld », quelques données sur la chasse et l’élevage au Néolithique Rubané en Alsace'', in Cahen D. & Otte M. (eds), Rubané et Cardial. ERAUL, Liège : 287-298</ref>{{,}}<ref>Meniel P (1987) ''L'élevage en Gaule. Les structures de l’élevage en France septentrionale à la fin de l’âge du Fer''. Archaeozoologia 1(2) : 149-166.</ref>. Dans la vallée de l’Aisne, les archéologues ont trouvé des traces ou indices d'élevage et d'exploitation animale durant au moins {{nombre|1000 ans}} durant l'[[âge du bronze]]<ref>Auxiette G (1994) ''Mille ans d’occupation humaine, mille ans d’élevage. L’exploitation des animaux sur les sites du Bronze inal à l’Augustéen dans la vallée de l’Aisne''. Thèse de {{3e|cycle}}. Université Panthéon-Sorbonne (Paris I), Paris.</ref>.

L'homme, dès {{nombre|3000 ans}} {{av JC}} a contribué à introduire des [[espèce]]s plus ou moins domestiquées hors de leurs [[Aire de répartition|zones naturelles de répartition]], jusque dans les [[île]]s en [[Europe de l'Ouest]]<ref>Lepetz S. & Yvinec J.-H. (2002), ''Présence d'espèces animales d'origine méditerranéenne en France du nord aux périodes romaine et médiévale : actions anthropiques et mouvements naturels''. In : Mouvements ou déplacements de populations animales en Méditerranée au cours de l'Holocène (A. Gardeisen, éditeur), British Archaeological Report, S1017 : 33-42</ref>, modifiant ainsi leurs caractéristiques [[Écologie du paysage|écopaysagères]] premières<ref>Mac Arthur R.H. & Wilson E.O. (1967), ''Island Biogeography''. Princeton University Press, Princeton, NJ, USA</ref>. L'élevage semble s'être beaucoup développé au [[Néolithique]] (dont en Europe et en France, dans le nord du pays par exemple<ref>Arbogast RM (1994) ''Premiers élevages néolithiques du Nord-est de la France''. ERAUL, Liège</ref>{{,}}<ref>Meniel P 1984) ''Contribution à l’histoire de l’élevage en Picardie du Néolithique à la fin de l’âge du Fer''. Revue Archéologique de Picardie 3 (numéro spécial).</ref>{{,}}<ref>Tresset A (1996) ''Chasse et élevage au Néolithique ancien dans le Sud-Est du Bassin Parisien.'' Rapport d’étude. SRA Île-de-France, Paris.</ref>), mais il semble longtemps coexister avec la chasse<ref>Arbogast RM & Jeunesse C (1990) ''Ensisheim « Ratfeld », quelques données sur la chasse et l’élevage au Néolithique Rubané en Alsace'', in Cahen D. & Otte M. (eds), Rubané et Cardial. ERAUL, Liège : 287-298</ref>{{,}}<ref>Meniel P (1987) ''L'élevage en Gaule. Les structures de l’élevage en France septentrionale à la fin de l’âge du Fer''. Archaeozoologia 1(2) : 149-166.</ref>. Dans la vallée de l’Aisne, les archéologues ont trouvé des traces ou indices d'élevage et d'exploitation animale durant au moins {{nombre|1000 ans}} durant l'[[âge du bronze]]<ref>Auxiette G (1994) ''Mille ans d’occupation humaine, mille ans d’élevage. L’exploitation des animaux sur les sites du Bronze inal à l’Augustéen dans la vallée de l’Aisne''. Thèse de {{3e|cycle}}. Université Panthéon-Sorbonne (Paris I), Paris.</ref>.


=== Durant l'Antiquité ===
=== Durant l'Antiquité ===
L'élevage se poursuit durant l'Antiquité et l'antiquité tardive ([[Bas-Empire romain]] et [[Haut Moyen Âge]])<ref>J.-C. Le Blay, S. Lepetz & J.-H. Yvinec (1998) ''Évolution de l’élevage dans l’antiquité tardive (Bas Empire et haut Moyen Âge) en Île-de-France'', in Publication des actes du Colloque « L’Antiquité Tardive en Île-de-France ». Ministère de la Culture, Paris : 50-67.</ref>{{,}}<ref>J.-H. Yvinec (1988) ''L’élevage et la chasse, in Guadagnin R. (éd.), Un village au temps de Charlemagne. Moines et paysans de l’abbaye de Saint-Denis du {{s-|VII}} à l’An Mil''. Catalogue de l’exposition, [[Musée national des Arts et Traditions populaires (Paris)|Musée national des Arts et Traditions populaires]]. La réunion des musées nationaux, Paris : 226-236.</ref>. Durant le début du [[Moyen Âge]] en [[Europe]], la consommation de viande semble avoir été relativement importante, au moins pour la partie la plus riche de la population<ref>Article « céréaliculture » du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', pages 239-240.</ref>. [[Fernand Braudel]] écrivait que {{Citation|Des siècles durant, au Moyen Âge, elle (L'Europe) a connu des tables surchargées de viandes et des consommations à la limite du possible}}<ref>Fernand Braudel, ''Civilisation matérielle...'', tome 1, page 110.</ref>. L'élevage fournissait d'autres ressources telles que le [[lait]], le [[cuir]], le [[Intestin|boyau]], la [[laine]] et la [[graisse]], des outres... Il permit une civilisation de l'objet au {{s-|XIII}} : le cuir était transformé en chaussures ; le [[parchemin]] était de la peau traitée. La laine est la matière première de l'importante industrie du [[Histoire de la laine et du drap|drap]]. Les boyaux et les cornes entraient dans la fabrication d'instruments de musique, d'outils, d'armes{{etc}} Toutes les premières civilisations connues semblent avoir pratiqué l'élevage y compris en Amérique : c'est le cas [[Élevage chez les Incas|chez les Incas]]<ref name=":0" />. La Chine, qualifiée de [[civilisation du riz]] par Braudel, est probablement le premier endroit où l'on a élevé des porcs<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Valérie|nom1=Chansigaud|titre=Histoire de la domestication animale|lieu=Paris/61-Lonrai|éditeur=Delachaux et Niestlé / Impr. Normandie roto|année=2020|pages totales=400|isbn=978-2-603-02474-4|isbn2=2-603-02474-4|oclc=1197971506|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1197971506|consulté le=2021-02-11}}</ref> et mis au point des élevages aussi différents que les [[Poisson rouge|poissons rouges]] et le ver à soie.
L'élevage se poursuit durant l'Antiquité et l'antiquité tardive ([[Bas-Empire romain]] et [[Haut Moyen Âge]])<ref>J.-C. Le Blay, S. Lepetz & J.-H. Yvinec (1998), ''Évolution de l’élevage dans l’antiquité tardive (Bas Empire et haut Moyen Âge) en Île-de-France'', in Publication des actes du Colloque « L’Antiquité Tardive en Île-de-France ». Ministère de la Culture, Paris : 50-67.</ref>{{,}}<ref>J.-H. Yvinec (1988) ''L’élevage et la chasse, in Guadagnin R. (éd.), Un village au temps de Charlemagne. Moines et paysans de l’abbaye de Saint-Denis du {{s-|VII}} à l’An Mil''. Catalogue de l’exposition, [[Musée national des Arts et Traditions populaires (Paris)|Musée national des Arts et Traditions populaires]]. La réunion des musées nationaux, Paris : 226-236.</ref>. Durant le début du [[Moyen Âge]] en [[Europe]], la consommation de viande semble avoir été relativement importante, au moins pour la partie la plus riche de la population<ref>Article « céréaliculture » du ''Dictionnaire du Moyen Âge'', p. 239-240.</ref>. [[Fernand Braudel]] écrivait que {{Citation|Des siècles durant, au Moyen Âge, elle (L'Europe) a connu des tables surchargées de viandes et des consommations à la limite du possible}}<ref>Fernand Braudel, ''Civilisation matérielle…'', tome 1, p. 110.</ref>. L'élevage fournissait d'autres ressources telles que le [[lait]], le [[cuir]], le [[Intestin|boyau]], la [[laine]] et la [[graisse]], des outres… Il permit une civilisation de l'objet au {{s-|XIII}} : le cuir était transformé en chaussures ; le [[parchemin]] était de la peau traitée. La laine est la matière première de l'importante industrie du [[Histoire de la laine et du drap|drap]]. Les boyaux et les cornes entraient dans la fabrication d'instruments de musique, d'outils, d'armes{{etc}} Toutes les premières civilisations connues semblent avoir pratiqué l'élevage y compris en Amérique : c'est le cas [[Élevage chez les Incas|chez les Incas]]<ref name=":0" />. La Chine, qualifiée de [[civilisation du riz]] par Braudel, est probablement le premier endroit où l'on a élevé des porcs<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Valérie|nom1=Chansigaud|titre=Histoire de la domestication animale|lieu=Paris/61-Lonrai|éditeur=Delachaux et Niestlé / Impr. Normandie roto|année=2020|pages totales=400|isbn=978-2-603-02474-4|isbn2=2-603-02474-4|oclc=1197971506}}</ref> et mis au point des élevages aussi différents que les [[Poisson rouge|poissons rouges]] et le [[Bombyx du mûrier|ver à soie]].

[[Fichier:Corstorphine Castle doocot, Edinburgh.JPG|vignette|[[Colombier (édifice)|Colombier]] de château en Écosse. Les colombiers permettaient aux nobles et aux moines non seulement de se nourrir d'un mets échappant aux restrictions des jours maigres mais aussi de recueillir les fientes, gage d'un jardin luxuriant.]]
[[Fichier:Corstorphine Castle doocot, Edinburgh.JPG|vignette|[[Colombier (édifice)|Colombier]] de château en Écosse. Les colombiers permettaient aux nobles et aux moines non seulement de se nourrir d'un mets échappant aux restrictions des jours maigres mais aussi de recueillir les fientes, gage d'un jardin luxuriant.]]

Les paysans utilisent la force des animaux pour les travaux agricoles : bœufs et chevaux tirent la [[charrue]] ou la [[Herse (agriculture)|herse]]. Ils réalisent les [[corvée]]s de charrois (transport de vin, de blé, de bois, de paille). Les chevaux étaient parmi les biens les plus précieux des [[Chevalerie|chevaliers]] et des armées. Plus tard, ils ont halé les navires et péniches sur les fleuves. Certains [[moulin]]s et machines ont longtemps utilisé leur force de travail. L'élevage fournit aussi [[fumier]], purin et [[fiente]]s pour amender et fertiliser les terres.
Les paysans utilisent la force des animaux pour les travaux agricoles : bœufs et chevaux tirent la [[charrue]] ou la [[Herse (agriculture)|herse]]. Ils réalisent les [[corvée]]s de charrois (transport de vin, de blé, de bois, de paille). Les chevaux étaient parmi les biens les plus précieux des [[Chevalerie|chevaliers]] et des armées. Plus tard, ils ont halé les navires et péniches sur les fleuves. Certains [[moulin]]s et machines ont longtemps utilisé leur force de travail. L'élevage fournit aussi [[fumier]], purin et [[fiente]]s pour amender et fertiliser les terres.


=== Au début du {{s-|XXI}} ===
=== Au début du {{s-|XXI}} ===
En 2019, le cheptel bovin mondial ([[Bos taurus]] et [[buffle]]s) s'élevait à 1,7 milliards de bêtes, le cheptel ovin ([[mouton]]s et [[chèvre]]s) à 2,3 milliards, celui des [[poulet]]s à 25 milliards, celui des canards à 1,2 milliards et celui des [[porc]]s à 850 millions d'animaux<ref name= "FAOSTAT">{{Lien web|langue= en|url= http://www.fao.org/faostat/en/#data/QA|titre= Live Animals|site= [[Food and Agriculture Organization Corporate Statistical Database]]|consulté le= 2021-2-11}}.</ref>.
En 2019, le cheptel bovin mondial ([[Bos taurus|bœufs domestiques]] et [[buffle]]s) s'élevait à 1,7 milliard de bêtes, le cheptel ovin ([[mouton]]s et [[chèvre]]s) à 2,3 milliards, celui des [[poulet]]s à 25 milliards, celui des [[canard]]s à 1,2 milliard et celui des [[porc]]s à 850 millions d'animaux<ref name= "FAOSTAT">{{Lien web|langue= en|url= http://www.fao.org/faostat/en/#data/QA|titre= Live Animals|site= [[Food and Agriculture Organization Corporate Statistical Database]]|consulté le= 2021-2-11}}.</ref>.


En 2001, le porc était la viande la plus consommée au monde, surtout en Asie (59 % du cheptel, avec une demande alors en progression)<ref>{{Lien web|auteur= [[Gérard Bailly]]|titre= L'avenir de l'élevage : enjeu territorial, enjeu économique|url= http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-057_mono.html '|site= [[Sénat (France)|Sénat]]|date= 2002-11-7}} ; (aussi [http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-0571.pdf disponible en PDF]) Voir chapitre 1.</ref>. Depuis 2019, la production mondiale de poulet dépasse celle de porc, à 118 millions de tonnes contre 110. De 2000 à 2019, la production de poulet a doublé alors que celle de viande de porc augmentait de moins de 25 %. Sur la même période, la production de viande équine était en légère baisse<ref>{{Lien web|langue= en|url= http://www.fao.org/faostat/en/#data/QL|titre= Livestock Primary|site= [[Food and Agriculture Organization Corporate Statistical Database]]|consulté le= 2021-2-12}}.</ref>.
En 2001, le porc était la viande la plus consommée au monde, surtout en Asie (59 % du cheptel, avec une demande alors en progression)<ref>{{Lien web|auteur= [[Gérard Bailly]]|titre= L'avenir de l'élevage : enjeu territorial, enjeu économique|url= http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-057_mono.html|site= [[Sénat (France)|Sénat]]|date= 2002-11-7}} ; (aussi [http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-0571.pdf disponible en PDF]) Voir chapitre 1.</ref>. Depuis 2019, la production mondiale de poulet dépasse celle de porc, à 118 millions de tonnes contre 110. De 2000 à 2019, la production de poulet a doublé alors que celle de viande de porc augmentait de moins de 25 %. Sur la même période, la production de viande équine était en légère baisse<ref>{{Lien web|langue=en|url= http://www.fao.org/faostat/en/#data/QL|titre= Livestock Primary|site= [[Food and Agriculture Organization Corporate Statistical Database]]|consulté le= 2021-2-12}}.</ref>.


En 2011, 65 milliards d'animaux ont été abattus dans le monde dont 58,11 milliards de poulets, {{nombre|1383000 porcs}} et 320 millions de bovins. À l'échelle mondiale, la consommation de viande est en augmentation, particulièrement en Asie ; elle a atteint les 286,2 milliards de tonnes de produits carnés. La consommation par continent se répartit respectivement de la façon suivante : 46 % est consommée en Asie, 20 % en Europe, 14 % en Amérique du nord, 10 % en Amérique du sud, 5 % en Afrique et 4 % en Amérique centrale<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=4 minutes pour comprendre le vrai poids de la viande sur l'environnement|url=https://www.lemonde.fr/planete/video/2015/03/20/le-vrai-poids-de-la-viande-sur-l-environnement_4597689_3244.html|périodique=[[Le Monde]]|date= 2015-3-20|consulté le=2017-10-27}}.</ref>.
En 2011, 65 milliards d'animaux ont été abattus dans le monde dont 58,11 milliards de poulets, {{nombre|1383000 porcs}} et 320 millions de bovins. À l'échelle mondiale, la consommation de viande est en augmentation, particulièrement en Asie ; elle a atteint les 286,2 milliards de tonnes de produits carnés. La consommation par continent se répartit respectivement de la façon suivante : 46 % est consommée en Asie, 20 % en Europe, 14 % en Amérique du nord, 10 % en Amérique du sud, 5 % en Afrique et 4 % en Amérique centrale<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=4 minutes pour comprendre le vrai poids de la viande sur l'environnement|url=https://www.lemonde.fr/planete/video/2015/03/20/le-vrai-poids-de-la-viande-sur-l-environnement_4597689_3244.html|périodique=[[Le Monde]]|date= 2015-3-20|consulté le=2017-10-27}}.</ref>.
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[[Fichier:Crossbred wool.JPG|vignette|Laine de mouton.]]
[[Fichier:Crossbred wool.JPG|vignette|Laine de mouton.]]


Les diverses activités mises en œuvre pour l'élevage incluent notamment la gestion des animaux pour les multiplier, et leur fournir gîte, nourriture, soins, en vue de leur utilisation et/ou de leur production. Il fait appel à certaines sciences et de techniques dont : la [[physiologie]] animale, la [[Sélection (biologie)|sélection]], le [[Organisme génétiquement modifié|génie génétique]] (OGM), l'[[alimentation animale]], la [[médecine vétérinaire]], les techniques relatives au logement et à l'exploitation que l'on peut regrouper sous le vocable de [[zootechnie]].
Les diverses activités mises en œuvre pour l'élevage incluent notamment la gestion des animaux pour les multiplier, et leur fournir gîte, nourriture, soins, en vue de leur utilisation et/ou de leur production. Il fait appel à certaines sciences et de techniques dont : la [[physiologie]] animale, la [[Sélection animale|sélection]], le [[Organisme génétiquement modifié|génie génétique]] (OGM), l'[[alimentation animale]], la [[médecine vétérinaire]], les techniques relatives au logement et à l'exploitation que l'on peut regrouper sous le vocable de [[zootechnie]].


=== Alimentation ===
=== Alimentation ===
[[Fichier:Moose eating apples in Sweden.JPG|gauche|vignette|[[Élan]] (espèce partiellement domestiquée), nourri avec des pommes dans un parc en Suède.]]
[[Fichier:Moose eating apples in Sweden.JPG|gauche|vignette|[[Élan]] (espèce partiellement domestiquée), nourri avec des pommes dans un parc en Suède.]]

{{Article détaillé|Alimentation animale|Fourrage}}
{{Article détaillé|Alimentation animale|Fourrage}}


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=== Économie ===
=== Économie ===
L'élevage s'applique généralement aux espèces d'animaux domestiques, mais pas exclusivement. On élève aussi des animaux sauvages, pour des productions particulières par exemple les visons, pour la chasse et la pêche, comme auxiliaires des cultures, pour la sauvegarde d'espèces menacées, ce qui est d'ailleurs une des nouvelles missions des [[Parc zoologique|parcs zoologiques]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=David|nom1=Hancocks|titre=A different nature : the paradoxical world of zoos and their uncertain future|éditeur=Presses de l'[[université de Californie]]|date=2001|isbn=0-520-21879-5|isbn2=978-0-520-21879-6|isbn3=0-520-23676-9|oclc=45276533|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/45276533|consulté le=2021-06-27}}.</ref>.
L'élevage s'applique généralement aux espèces d'animaux domestiques, mais pas exclusivement. On élève aussi des animaux sauvages, pour des productions particulières par exemple les visons, pour la chasse et la pêche, comme auxiliaires des cultures, pour la sauvegarde d'espèces menacées, ce qui est d'ailleurs une des nouvelles missions des [[Parc zoologique|parcs zoologiques]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=David|nom1=Hancocks|titre=A different nature : the paradoxical world of zoos and their uncertain future|éditeur=Presses de l'[[université de Californie]]|date=2001|isbn=0-520-21879-5|isbn2=978-0-520-21879-6|isbn3=0-520-23676-9|oclc=45276533}}.</ref>.


==== Productions ====
==== Productions ====
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* à la préservation de certains milieux naturels (comme les [[Zone humide|zones humides]] par exemple<ref>{{Article|url=https://www.snpn.com/wp-content/uploads/2016/08/ZHI-75-76-Elevage-en-zone-humide.pdf |périodique=Zones Humides Infos |numéro=75-76|titre= L'élevage en zone humide |site=[[Société nationale de protection de la nature]] |date={{1er}} et {{2e|trimestres}} 2012 }}.</ref>) ;
* à la préservation de certains milieux naturels (comme les [[Zone humide|zones humides]] par exemple<ref>{{Article|url=https://www.snpn.com/wp-content/uploads/2016/08/ZHI-75-76-Elevage-en-zone-humide.pdf |périodique=Zones Humides Infos |numéro=75-76|titre= L'élevage en zone humide |site=[[Société nationale de protection de la nature]] |date={{1er}} et {{2e|trimestres}} 2012 }}.</ref>) ;
* à la [[pollinisation]] des [[Angiosperme|plantes à fleurs]] sauvages ou cultivées ; ainsi, des producteurs de semences de tournesol et de colza demandent le placement de ruches près de leurs cultures aux apiculteurs qui acceptent si les agriculteurs s'engagent à cultiver selon des méthodes compatibles<ref>{{Lien web |auteur=Fabrice Allier |titre=Pollinisation en production de semences oléagineuses |url=https://itsap.asso.fr/downloads/publications/cahier_technique_pollinisation_web.pdf |format=pdf|site=[[Institut technique et scientifique de l'abeille et de la pollinisation]] |date=2012 |consulté le=1 mars 2021}}.</ref> ;
* à la [[pollinisation]] des [[Angiosperme|plantes à fleurs]] sauvages ou cultivées ; ainsi, des producteurs de semences de tournesol et de colza demandent le placement de ruches près de leurs cultures aux apiculteurs qui acceptent si les agriculteurs s'engagent à cultiver selon des méthodes compatibles<ref>{{Lien web |auteur=Fabrice Allier |titre=Pollinisation en production de semences oléagineuses |url=https://itsap.asso.fr/downloads/publications/cahier_technique_pollinisation_web.pdf |format=pdf|site=[[Institut technique et scientifique de l'abeille et de la pollinisation]] |date=2012 |consulté le=1 mars 2021}}.</ref> ;
* [[Fichier:Female of Trichogramma dendrolimi on egg of armyworm (Noctuidae), photo was taken by Dr Victor Fursov.jpg|vignette|Femelle de [[trichogramme]] s'apprêtant à pondre dans un œuf de [[noctuelle]] ; des trichogrammes sont élevés dans ce but.]]à la protection des plantes contre les [[Insecte ravageur|ravageurs]] (élevage d'insectes comme les [[Coccinellidae|coccinelles]] destinés à être relâchés dans les cultures ou zones sensibles) ; Les insectes pollinisateurs et les [[arthropodes]] prédateurs de ravageurs sont qualifiés d'[[Organisme auxiliaire|organismes auxiliaires]] ;
[[Fichier:Female of Trichogramma dendrolimi on egg of armyworm (Noctuidae), photo was taken by Dr Victor Fursov.jpg|vignette|Femelle de [[trichogramme]] s'apprêtant à pondre dans un œuf de [[noctuelle]] ; des trichogrammes sont élevés dans ce but.]]
* à la protection des plantes contre les [[Insecte ravageur|ravageurs]] (élevage d'insectes comme les [[Coccinellidae|coccinelles]] destinés à être relâchés dans les cultures ou zones sensibles) ; Les insectes pollinisateurs et les [[arthropodes]] prédateurs de ravageurs sont qualifiés d'[[Organisme auxiliaire|organismes auxiliaires]] ;
* à la préservation des espèces et des races menacées de disparition ([[élevage conservatoire]]) ; le [[jharal]] (photo ci-contre) en est un exemple<ref name=":2" /> ;
* à la préservation des espèces et des races menacées de disparition ([[élevage conservatoire]]) ; le [[jharal]] (photo ci-contre) en est un exemple<ref name=":2" /> ;
* aux loisirs ([[Animal de compagnie|animaux de compagnie]] et de concours, [[colombophilie]], zoos{{etc}}) ;
* aux loisirs ([[Animal de compagnie|animaux de compagnie]] et de concours, [[colombophilie]], zoos{{etc}}) ;
* à la recherche : [[Liste des animaux d'élevage#Animaux de laboratoire (expérimentation)|animaux de laboratoire]] ;
* à la recherche : [[Liste d'animaux d'élevage#Animaux utilisés en laboratoire|animaux de laboratoire]] ;
* au soutien ou à la défense de personnes, unités de la protection civile ou militaires (chiens d'aveugles ou détecteurs de substances, pigeons voyageurs, mulets)<ref name=":3">{{Lien web |auteur=Simon Chodorge |titre=Les mulets font leur retour dans les rangs des chasseurs alpins français |url=https://www.usinenouvelle.com/article/les-mulets-font-leur-retour-dans-les-rangs-des-chasseurs-alpins-francais.N1072554 |périodique=[[L'Usine nouvelle]] |date=18 mars 2021 |consulté le=18 mars 2021}}.</ref> ;
* au soutien ou à la défense de personnes, unités de la protection civile ou militaires (chiens d'aveugles ou détecteurs de substances, pigeons voyageurs, mulets)<ref name=":3">{{Lien web |auteur=Simon Chodorge |titre=Les mulets font leur retour dans les rangs des chasseurs alpins français |url=https://www.usinenouvelle.com/article/les-mulets-font-leur-retour-dans-les-rangs-des-chasseurs-alpins-francais.N1072554 |périodique=[[L'Usine nouvelle]] |date=18 mars 2021 |consulté le=18 mars 2021}}.</ref> ;
* au recyclage des déchets des activités humaines. C'était traditionnellement le rôle des élevages familiaux de cochons et de poules qui recevaient les déchets de cuisine. Depuis que l'industrie alimentaire existe, ce rôle est repris surtout par les élevages bovins et porcins. Ainsi les [[drêche]]s de brasserie, la [[pulpe de betterave]] sucrière, les écarts de triage de légumes sont systématiquement réintroduits dans l'alimentation animale de façon industrielle ou artisanale et représentent des volumes considérables. L'élevage de [[Lumbricidae|lombrics]] et d'insectes est envisagé pour traiter à grande échelle les résidus organiques ultimes<ref>{{Article |auteur1=Céline Dupin |titre=L'élevage d'insectes se trouve de nouveaux débouchés |périodique=[[Les Échos]] |date=juillet 2017 |lire en ligne=https://www.lesechos.fr/2017/07/lelevage-dinsectes-se-trouve-de-nouveaux-debouches-156349 }}.</ref>.
* au recyclage des déchets des activités humaines. C'était traditionnellement le rôle des élevages familiaux de cochons et de poules qui recevaient les déchets de cuisine. Depuis que l'industrie alimentaire existe, ce rôle est repris surtout par les élevages bovins et porcins. Ainsi les [[drêche]]s de brasserie, la [[pulpe de betterave]] sucrière, les écarts de triage de légumes sont systématiquement réintroduits dans l'alimentation animale de façon industrielle ou artisanale et représentent des volumes considérables. L'élevage de [[Lumbricidae|lombrics]] et d'insectes est envisagé pour traiter à grande échelle les résidus organiques ultimes<ref>{{Article |auteur1=Céline Dupin |titre=L'élevage d'insectes se trouve de nouveaux débouchés |périodique=[[Les Échos]] |date=juillet 2017 |lire en ligne=https://www.lesechos.fr/2017/07/lelevage-dinsectes-se-trouve-de-nouveaux-debouches-156349 }}.</ref>.
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Dans les zones rurales pauvres, l'accès à l'élevage permet d'enclencher un processus de développement. C'est à ce titre que l'[[Organisation non gouvernementale de développement|ONG]] [[États-Unis|américaine]] [[Heifer International]] fait don d'animaux d'élevage à des familles très pauvres, accompagnés de formation adéquates pour les aider à se développer et à en aider d'autres ensuite<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur1=Kerby |prénom1=Rob |titre=The SAGE Encyclopedia of World Poverty |titre chapitre=Heifer Project |éditeur=SAGE Publishing|volume=2 |date=2006 |pages=476–477 }}.</ref>.
Dans les zones rurales pauvres, l'accès à l'élevage permet d'enclencher un processus de développement. C'est à ce titre que l'[[Organisation non gouvernementale de développement|ONG]] [[États-Unis|américaine]] [[Heifer International]] fait don d'animaux d'élevage à des familles très pauvres, accompagnés de formation adéquates pour les aider à se développer et à en aider d'autres ensuite<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur1=Kerby |prénom1=Rob |titre=The SAGE Encyclopedia of World Poverty |titre chapitre=Heifer Project |éditeur=SAGE Publishing|volume=2 |date=2006 |pages=476–477 }}.</ref>.


Cette dynamique de développement, souvent portée par des femmes, est notamment mise en évidence par l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO) pour les élevages de bufflonnes et vaches laitières détenus par de petits exploitants de régions pauvres : [[Pendjab]], [[Amérique centrale]], [[Hauts plateaux éthiopiens]], [[Sahel]]<ref>{{Lien web |titre=Le rôle des petits exploitants dans la chaîne de valeur |url=http://www.fao.org/dairy-production-products/socio-economics/smallholders-in-the-value-chain/fr/ |site=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] |date=2020 |consulté le=27 juin 2021}}.</ref>.
Cette dynamique de développement, souvent portée par des femmes, est notamment mise en évidence par l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO) pour les élevages de bufflonnes et vaches laitières détenus par de petits exploitants de régions pauvres : [[Pendjab]], [[Amérique centrale]], [[hauts plateaux abyssins]], [[Sahel]]<ref>{{Lien web |titre=Le rôle des petits exploitants dans la chaîne de valeur |url=https://www.fao.org/dairy-production-products/socio-economics/smallholders-in-the-value-chain/fr/ |site=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] |date=2020 |consulté le=27 juin 2021}}.</ref>.


=== Modes d'élevage ===
=== Modes d'élevage ===
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* [[Élevage extensif]] pratiqué sur de grandes surfaces, délimitées ou non (pastoralisme nomade), où les ressources en fourrages sont limitées ; il peut donner lieu à des parcours se répétant selon les saisons ([[transhumance]]) ; Il a été la ressource ordinaire des empires des steppes et il a pris la forme du ''ranching'' dans les régions colonisées par les Européens à partir du {{s|XIX}} souvent au détriment des populations locales.
* [[Élevage extensif]] pratiqué sur de grandes surfaces, délimitées ou non (pastoralisme nomade), où les ressources en fourrages sont limitées ; il peut donner lieu à des parcours se répétant selon les saisons ([[transhumance]]) ; Il a été la ressource ordinaire des empires des steppes et il a pris la forme du ''ranching'' dans les régions colonisées par les Européens à partir du {{s|XIX}} souvent au détriment des populations locales.
* [[Pastoralisme|Élevage pastoral]], ancestral et nomade, relevant du système d'élevage extensif ;
* [[Pastoralisme|Élevage pastoral]], ancestral et nomade, relevant du système d'élevage extensif ;
* [[Polyculture]]-élevage, assurant l'autosuffisance générale ou partielle ; cette forme d'organisation permettant notamment une rotation efficace des cultures et le recyclage naturel des déchets est de nouveau considérée<ref>{{Lien web |format=pdf |auteur=Pierre Mischler ([[Institut de l'élevage]]) |titre=Comparaison de fermes biologiques et conventionnelles avec ruminants : des interactions élevées entre culture et élevage améliorent les performances économiques et environnementales |url=https://colloque.inrae.fr/polyculture-elevage2017/content/download/4432/44778/version/2/file/10_atelierB_15h15_POSTER_Mischler.pdf |site=colloque.inrae.fr |date=2017 |consulté le=11 février 2021}}.</ref> ;
* [[Polyculture]]-élevage, assurant l'autosuffisance générale ou partielle ; cette forme d'organisation permettant notamment une rotation efficace des cultures et le recyclage naturel des déchets est de nouveau considérée<ref>{{Lien web |format=pdf |auteur=Pierre Mischler ([[Institut de l'élevage]]) |titre=Comparaison de fermes biologiques et conventionnelles avec ruminants : des interactions élevées entre culture et élevage améliorent les performances économiques et environnementales |url=https://colloque.inrae.fr/polyculture-elevage2017/content/download/4432/44778/version/2/file/10_atelierB_15h15_POSTER_Mischler.pdf |site=colloque.inrae.fr |date=2017 |consulté le=11 février 2021}}.</ref> ;
* Élevage bio, respectant un cahier des charges privilégiant une alimentation « naturelle » et préservant l'environnement ;
* Élevage bio, respectant un cahier des charges privilégiant une alimentation « naturelle » et préservant l'environnement ;
* [[Fichier:Duck farm near the Longmen Bridge in Zhushan Township, Nantou.jpg|vignette|Élevage de canards, [[Comté de Nantou]], [[Taïwan]], 2020.]]Élevage conventionnel, système d'élevage dominant basé sur les méthodes de production telles qu'elles ont été envisagées au moment de la [[Révolution verte]] dans les années 1940-1960, c'est-à-dire avec l'emploi de semences améliorées, d'engrais de synthèse et de [[pesticide]]s pour les [[fourrage]]s, l'utilisation de races spécialisées à hautes performances et la commercialisation des produits à grande échelle ;
* [[Fichier:Duck farm near the Longmen Bridge in Zhushan Township, Nantou.jpg|vignette|Élevage de canards, [[Comté de Nantou]], [[Taïwan]], 2020.]]Élevage conventionnel, système d'élevage dominant basé sur les méthodes de production telles qu'elles ont été envisagées au moment de la [[Révolution verte]] dans les années 1940-1960, c'est-à-dire avec l'emploi de semences améliorées, d'engrais de synthèse et de [[pesticide]]s pour les [[fourrage]]s, l'utilisation de races spécialisées à hautes performances et la commercialisation des produits à grande échelle ;
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* [[Élevage équin]] (cheval, âne, mulet)
* [[Élevage équin]] (cheval, âne, mulet)
* [[Élevage porcin]] (porc)
* [[Élevage porcin]] (porc)
* [[Élevage camelin]] (dromadaire, chameau, lama, alpaga)
* [[Élevage du chameau]] (dromadaire, chameau, lama, alpaga)
* [[Aviculture]] (oiseaux)
* [[Aviculture]] (oiseaux)
* [[Élevage canin]] (chien)
* [[Élevage canin]] (chien)
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}}
}}
Pour une liste exhaustive :
Pour une liste exhaustive :
{{Article détaillé|liste des animaux d'élevage}}
{{Article détaillé|liste d'animaux d'élevage}}


== Problèmes liés ==
== Problèmes liés ==
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Les méthodes de [[Élevage sélectif des animaux|sélection]] et de l'[[insémination artificielle]] appauvrissant la [[diversité génétique]] et favorisant la [[consanguinité]] des animaux<ref>{{Lien web|auteur=Brian Van Doormaal|date=2008|url=https://www.agrireseau.net/bovinslaitiers/documents/Van%20Doormaal_Brian_AR.pdf|format=pdf|titre=La consanguinité au fil du temps|site=agrireseau.net}}.</ref>.
Les méthodes de [[Élevage sélectif des animaux|sélection]] et de l'[[insémination artificielle]] appauvrissant la [[diversité génétique]] et favorisant la [[consanguinité]] des animaux<ref>{{Lien web|auteur=Brian Van Doormaal|date=2008|url=https://www.agrireseau.net/bovinslaitiers/documents/Van%20Doormaal_Brian_AR.pdf|format=pdf|titre=La consanguinité au fil du temps|site=agrireseau.net}}.</ref>.

La consommation de viande augmente fortement dans les [[pays émergent]]s, notamment en [[Chine]]. Selon Jean-Baptiste Jeangène Vilmer en 2008, {{Citation|l'homme consomme annuellement plus de {{unité|53|milliards}} d'animaux par an, principalement et dans l’ordre, des poulets, canards, porcs, lapins, dindes, moutons, chèvres, bovins et chevaux. Les animaux d'élevage représentent (...) en Occident 98 % de la totalité des animaux avec lesquels les humains sont en interaction. (...) Les abattoirs américains tuent plus de {{unité|23|millions}} d’animaux par jour (…) Selon les estimations de l’ONU (FAO), la production mondiale de viande et de lait doublera d’ici 2050}}<ref name="Vilmer">{{Chapitre|auteur=Jean-Baptiste Jeangène Vilmer|url= https://www.cairn.info/ethique-animale--9782130562429-page-169.htm|titre= Chapitre 8. Les animaux de consommation|ouvrage= Éthique animale|date= 2008|pages= 169 à 182}}.</ref>. Une question abordée par les éthiciens est celle de la condition animale, que certains traitent de manière plus générale dans la question de la {{citation|[[responsabilité morale]] des humains à l'égard des animaux}}<ref name="Vilmer" />.
La consommation de viande augmente fortement dans les [[pays émergent]]s, notamment en [[Chine]]. Selon Jean-Baptiste Jeangène Vilmer en 2008, {{Citation|l'homme consomme annuellement plus de {{unité|53|milliards}} d'animaux par an, principalement et dans l’ordre, des poulets, canards, porcs, lapins, dindes, moutons, chèvres, bovins et chevaux. Les animaux d'élevage représentent () en Occident 98 % de la totalité des animaux avec lesquels les humains sont en interaction. () Les abattoirs américains tuent plus de {{unité|23|millions}} d’animaux par jour (…) Selon les estimations de l’ONU (FAO), la production mondiale de viande et de lait doublera d’ici 2050}}<ref name="Vilmer">{{Chapitre|auteur=Jean-Baptiste Jeangène Vilmer|url= https://www.cairn.info/ethique-animale--9782130562429-page-169.htm|titre= Chapitre 8. Les animaux de consommation|ouvrage= Éthique animale|date= 2008|pages= 169 à 182}}.</ref>. Une question abordée par les éthiciens est celle de la condition animale, que certains traitent de manière plus générale dans la question de la {{citation|[[responsabilité morale]] des humains à l'égard des animaux}}<ref name="Vilmer" />.


L'élevage en nombre excessif d'animaux ne concerne pas seulement les éleveurs professionnels mais aussi parfois les particuliers : c'est le [[syndrome de Noé]], considéré comme un trouble mental.
L'élevage en nombre excessif d'animaux ne concerne pas seulement les éleveurs professionnels mais aussi parfois les particuliers : c'est le [[syndrome de Noé]], considéré comme un trouble mental.
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==== Réchauffement climatique ====
==== Réchauffement climatique ====
[[Fichier:Fichier-AtmosphericMethaneSouthAmérica.jpg|vignette|upright=1.0|Le centre-sud de l'Amérique du Sud ([[Argentine]]) – notamment à cause de l'élevage – serait le premier secteur d'émission de [[méthane]] de l'hémisphère sud. Le méthane est un puissant facteur de [[réchauffement climatique]].]]
[[Fichier:Fichier-AtmosphericMethaneSouthAmérica.jpg|vignette|upright=1.0|Le centre-sud de l'Amérique du Sud ([[Argentine]]) – notamment à cause de l'élevage – serait le premier secteur d'émission de [[méthane]] de l'hémisphère sud. Le méthane est un puissant facteur de [[changement climatique]].]]


L'un des problèmes est l'émission de [[gaz à effet de serre]] par les animaux élevés, par la filière viande, et par les cultures qui alimentent ces animaux. Selon un rapport de l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO) de 2013, le secteur de l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre<ref>{{Lien web|langue=anglais|titre=Tackling Climate Change Through Livestock|url=http://www.fao.org/3/a-i3437e.pdf|site=fao.org|date=2013}}.</ref>. Une partie de ces gaz est du [[méthane]], dont le pouvoir réchauffant est 28 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone<ref>{{Lien web|url= https://www.ghgprotocol.org/sites/default/files/ghgp/Global-Warming-Potential-Values%20%28Feb%2016%202016%29_1.pdf|format= pdf|titre= Global Warming Potential Values|langue= en|site= ghgprotocol.org}}.</ref>. Selon un rapport de février 2019 du think tank français {{lang|en|Institute for Climate Economics}} (I4CE), le secteur de l’élevage génère 63 % des émissions dues à l’alimentation alors qu’il ne fournit que 16 % des calories consommées dans le monde<ref>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/01/l-alimentation-mondiale-responsable-d-un-tiers-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre_5429989_3244.html|titre=Toute la chaîne alimentaire mondiale pèse pour un tiers des émissions de {{CO2}}|périodique=[[Le Monde]]|date=1 mars 2019|auteur=Mathilde Gérard|consulté le=3 mars 2019}}.</ref>.
L'un des problèmes est l'émission de [[gaz à effet de serre]] par les animaux élevés, par la filière viande, et par les cultures qui alimentent ces animaux. Selon un rapport de l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO) de 2013, le secteur de l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre<ref>{{Lien web|langue=anglais|titre=Tackling Climate Change Through Livestock|url=http://www.fao.org/3/a-i3437e.pdf|site=fao.org|date=2013}}.</ref>. Une partie de ces gaz est du [[méthane]], dont le pouvoir réchauffant est 28 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone<ref>{{Lien web|url= https://www.ghgprotocol.org/sites/default/files/ghgp/Global-Warming-Potential-Values%20%28Feb%2016%202016%29_1.pdf|format= pdf|titre= Global Warming Potential Values|langue= en|site= ghgprotocol.org}}.</ref>. Selon un rapport de février 2019 du think tank français {{lang|en|Institute for Climate Economics}} (I4CE), le secteur de l’élevage génère 63 % des émissions dues à l’alimentation alors qu’il ne fournit que 16 % des calories consommées dans le monde<ref>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/01/l-alimentation-mondiale-responsable-d-un-tiers-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre_5429989_3244.html|titre=Toute la chaîne alimentaire mondiale pèse pour un tiers des émissions de {{CO2}}|périodique=[[Le Monde]]|date=1 mars 2019|auteur=Mathilde Gérard|consulté le=3 mars 2019}}.</ref>.

En France, l'[[Institut de l'élevage]] a développé l’outil CAP’2ER (Calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants) disponible en ligne qui permet une évaluation des émissions des GES d’une exploitation d’élevage laitier<ref>{{Lien web|url= http://idele.fr/services/outils/cap2er.html|titre= CAP'2ER|site= [[Institut de l'élevage]]}}.</ref>.


75 % des surfaces agricoles mondiales (dont 30 % de prairies) sont consacrées à l'élevage, qui consomme en outre plus d'un tiers de la production de céréales. Des chercheurs néerlandais ont estimé l'impact de l'alimentation sur la consommation d'espaces agricoles. Comme cela avait déjà été largement démontré, les régimes riches en protéines d'origine animale nécessitent plus de terre. Cependant, le point le plus bas de la courbe n'est pas atteint avec une consommation strictement végétale, mais avec un régime intégrant en moyenne 12 % de protéines animales, et notamment du lait<ref>{{Lien web|auteur= Frank Niedercorn|url= https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/alimentation-100-vegane-la-fausse-bonne-idee-pour-sauver-la-planete-1032008|titre=Alimentation 100 % végane : la fausse bonne idée pour sauver la planète|périodique= [[Les Échos]]|date= 25 juin 2019}}.</ref>.
75 % des surfaces agricoles mondiales (dont 30 % de prairies) sont consacrées à l'élevage, qui consomme en outre plus d'un tiers de la production de céréales. Des chercheurs néerlandais ont estimé l'impact de l'alimentation sur la consommation d'espaces agricoles. Comme cela avait déjà été largement démontré, les régimes riches en protéines d'origine animale nécessitent plus de terre. Cependant, le point le plus bas de la courbe n'est pas atteint avec une consommation strictement végétale, mais avec un régime intégrant en moyenne 12 % de protéines animales, et notamment du lait<ref>{{Lien web|auteur= Frank Niedercorn|url= https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/alimentation-100-vegane-la-fausse-bonne-idee-pour-sauver-la-planete-1032008|titre=Alimentation 100 % végane : la fausse bonne idée pour sauver la planète|périodique= [[Les Échos]]|date= 25 juin 2019}}.</ref>.

En France, le rapport du [[Haut Conseil pour le climat]] sur les politiques agricoles, publié le 25 janvier 2024, constate que l'élevage est particulièrement vulnérable face aux vagues de chaleur : la sécheresse de 2022 a causé entre 2 et 4 milliards d'euros de pertes aux éleveurs français. Les vaches produisent moins de lait, de moins bonne qualité ; la hausse des températures accroît les besoins en eau des animaux et réduit la production de fourrage. L'élevage émet 46 millions de tonnes équivalent {{CO2}} en 2021, soit 59 % des émissions de l'agriculture en France. Le rapport estime qu'en modifiant l'alimentation des animaux et la gestion des effluents, une réduction des émissions de près de 7 millions de tonnes pourrait être obtenue, par exemple, en remplaçant des glucides par des lipides insaturés, ou en utilisant des additifs alimentaires ; la couverture des fosses d'effluents, l'installation de torchères ou encore la méthanisation du lisier permettent aussi de réduire les émissions<ref>{{Lien web|auteur=Anne Feitz|url=https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/comment-les-eleveurs-peuvent-participer-a-la-lutte-contre-le-rechauffement-climatique-2071300|titre=Comment les éleveurs peuvent participer à la lutte contre le réchauffement climatique|périodique=[[Les Échos]]|date=25 janvier 20}}.</ref>.


=== Impacts sanitaires ===
=== Impacts sanitaires ===
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En outre, les quantités considérables de déjections générées par l'élevage « offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations » en se déversant dans l'eau potable ou dans des aliments destinés à la consommation humaine. Ainsi, chaque année, 90 000 Américains sont contaminés<ref name=":1" />.
En outre, les quantités considérables de déjections générées par l'élevage « offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations » en se déversant dans l'eau potable ou dans des aliments destinés à la consommation humaine. Ainsi, chaque année, 90 000 Américains sont contaminés<ref name=":1" />.


Selon l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO), {{Citation|Le risque de transmission de maladies des animaux aux humains augmentera dans le futur, en raison de la croissance de la population humaine et de l’augmentation du bétail, de changements spectaculaires dans la production animale, de l’émergence de réseaux agroalimentaires mondiaux et d’une augmentation importante de la mobilité des biens et des personnes (...) La concentration de production animale dans des zones restreintes génère des risques sanitaires importants pour les animaux et les humains}}<ref>{{Lien web|url= http://www.fao.org/tempref/AG/Reserved/PPLPF/Docs/Project%20Publications/Policy%20Briefs/Policy%20briefs%20x%20printing/hpai_industryrisks/hpai_industryrisks_frp.pdf|format= pdf|titre= Production animale industrielle et risques sanitaires mondiaux|date= 2007-6|site= [[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]]}}.</ref>.
Selon l'[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO), {{Citation|Le risque de transmission de maladies des animaux aux humains augmentera dans le futur, en raison de la croissance de la population humaine et de l’augmentation du bétail, de changements spectaculaires dans la production animale, de l’émergence de réseaux agroalimentaires mondiaux et d’une augmentation importante de la mobilité des biens et des personnes () La concentration de production animale dans des zones restreintes engendre des risques sanitaires importants pour les animaux et les humains}}<ref>{{Lien web|url= http://www.fao.org/tempref/AG/Reserved/PPLPF/Docs/Project%20Publications/Policy%20Briefs/Policy%20briefs%20x%20printing/hpai_industryrisks/hpai_industryrisks_frp.pdf|format= pdf|titre= Production animale industrielle et risques sanitaires mondiaux|date= 2007-6|site= [[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]]}}.</ref>.


L'utilisation croissante des antibiotiques dans l'élevage représente un risque important pour la santé humaine, en favorisant la [[résistance aux antibiotiques]]<ref>{{Lien web|auteur= Marie-Céline Ray|url= https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-alimentation-animale-oms-demande-reduction-antibiotiques-53569/|titre= Alimentation animale : l'OMS demande une réduction des antibiotiques|date= 2017-11-9|site= [[Futura (portail web)|Futura]]}}.</ref>.
L'utilisation croissante des antibiotiques dans l'élevage représente un risque important pour la santé humaine, en favorisant la [[résistance aux antibiotiques]]<ref>{{Lien web|auteur= Marie-Céline Ray|url= https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-alimentation-animale-oms-demande-reduction-antibiotiques-53569/|titre= Alimentation animale : l'OMS demande une réduction des antibiotiques|date= 2017-11-9|site= [[Futura (portail web)|Futura]]}}.</ref>.
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En [[France]], en 2011, à la demande du gouvernement, deux ministères (agriculture et environnement) ont demande au [[Conseil général de l'environnement et du développement durable]] et au [[Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux]] de faire des propositions de simplification des dossiers et les contrôles opérés dans les élevages. Un rapport<ref name=rapport2012>Philippe Quévremont, Muriel Guillet, [http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/008093-02_rapport_cle2fc832.pdf Rapport « Simplification des dossiers et des contrôles environnementaux en élevage].</ref> a synthétisé les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées. Ce rapport (56 pages) a été rendu aux ministres en janvier 2012, et rendu public le 8 mars 2012, quatre jours après la fin du [[salon international de l'agriculture]]<ref>Salon international de l'Agriculture, du 25 février au 4 mars 2012.</ref>.
En [[France]], en 2011, à la demande du gouvernement, deux ministères (agriculture et environnement) ont demande au [[Conseil général de l'environnement et du développement durable]] et au [[Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux]] de faire des propositions de simplification des dossiers et les contrôles opérés dans les élevages. Un rapport<ref name=rapport2012>Philippe Quévremont, Muriel Guillet, [http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/008093-02_rapport_cle2fc832.pdf Rapport « Simplification des dossiers et des contrôles environnementaux en élevage].</ref> a synthétisé les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées. Ce rapport (56 pages) a été rendu aux ministres en janvier 2012, et rendu public le 8 mars 2012, quatre jours après la fin du [[salon international de l'agriculture]]<ref>Salon international de l'Agriculture, du 25 février au 4 mars 2012.</ref>.


Le rapport, intitulé « Simplification des dossiers et des contrôles environnementaux en élevage », synthétisant les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées, contient des propositions de simplification de procédure (ex : possibilité de déposer le dossier sous forme numérique) et des propositions visant à limiter les possibilités de recours (des préfets notamment) ou visant à allonger les délais entre deux contrôles des élevages (un contrôle qui pourrait être porté à tous les 10 ans, avec des délais allongés de 5 à 7 ans si l'agriculteur est certifié ou adhère à de bonnes pratiques. Le contrôle périodique présenté par ce rapport comme « ayant d'abord une vocation pédagogique », et pouvant être à rapprocher des « régimes à adhésion volontaire : certification environnementale et charte des bonnes pratiques d'élevage en particulier ». Il utiliserait la documentation laissée chez l'éleveur ({{p.|15}} du rapport)<ref name="rapport2012" />. Une certification environnementale à trois conditions pourrait valoir contrôle. Selon ce rapport, concernant la {{Citation|vérification de l'existence de capacités de stockage suffisantes pour les effluents d'élevage, la charte des bonnes pratiques est plus précise que le contrôle périodique : même si le technicien est invité à faire preuve de compréhension, il doit relever l'absence de capacité de stockage, ce que le contrôle périodique ne fait pas}}<ref name="rapport2012" />. En cas d'adhésion à la charte, le rapport propose d'utiliser pour le contrôle périodique les documents remis à l'éleveur à l'issue de l'audit charte (et réciproquement) (...) en recherchant {{Citation|en priorité à élargir la reconnaissance que donne pour l'éleveur la participation à la charte}}<ref name="rapport2012" />.
Le rapport, intitulé « Simplification des dossiers et des contrôles environnementaux en élevage », synthétisant les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées, contient des propositions de simplification de procédure (ex : possibilité de déposer le dossier sous forme numérique) et des propositions visant à limiter les possibilités de recours (des préfets notamment) ou visant à allonger les délais entre deux contrôles des élevages (un contrôle qui pourrait être porté à tous les 10 ans, avec des délais allongés de 5 à 7 ans si l'agriculteur est certifié ou adhère à de bonnes pratiques. Le contrôle périodique présenté par ce rapport comme « ayant d'abord une vocation pédagogique », et pouvant être à rapprocher des « régimes à adhésion volontaire : certification environnementale et charte des bonnes pratiques d'élevage en particulier ». Il utiliserait la documentation laissée chez l'éleveur ({{p.|15}} du rapport)<ref name="rapport2012" />. Une certification environnementale à trois conditions pourrait valoir contrôle. Selon ce rapport, concernant la {{Citation|vérification de l'existence de capacités de stockage suffisantes pour les effluents d'élevage, la charte des bonnes pratiques est plus précise que le contrôle périodique : même si le technicien est invité à faire preuve de compréhension, il doit relever l'absence de capacité de stockage, ce que le contrôle périodique ne fait pas}}<ref name="rapport2012" />. En cas d'adhésion à la charte, le rapport propose d'utiliser pour le contrôle périodique les documents remis à l'éleveur à l'issue de l'audit charte (et réciproquement) () en recherchant {{Citation|en priorité à élargir la reconnaissance que donne pour l'éleveur la participation à la charte}}<ref name="rapport2012" />.


== Notes et références ==
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== Annexes ==
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=== Articles connexes ===
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* [[Prairie permanente]]
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* [[Insémination artificielle]]
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* [[Liste d'animaux d'élevage]]
* [[Pastoralisme]]
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* [[Transhumance]]
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* [[Cuniculture]]
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* [[Héliciculture]]
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* [[Pisciculture]]
* [[Pisciculture]]
* [[Sériciculture]]
* [[Sériciculture]]
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=== Livres anciens ===
=== Livres anciens ===
* [http://www.manioc.org/patrimon/FRA11227-15 Elève du bétail à la Guyane], Paul Antoine Sagot (1821-1888), 1870
* [http://www.manioc.org/patrimon/FRA11227-15 Élève du bétail à la Guyane], Paul Antoine Sagot (1821-1888), 1870


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Joop Lensink et Hélène Leruste, ''L'observation du troupeau bovin'', Éditions France Agricole, janvier 2006, {{ISBN|2-85557-128-6}}.
* Joop Lensink et Hélène Leruste, ''L'observation du troupeau bovin'', Éditions France agricole, janvier 2006, {{ISBN|2-85557-128-6}}.
* Samuel Leturcq, ''La vie rurale en France au Moyen Âge'', Paris, Colin, 2004.
* Samuel Leturcq, ''La vie rurale en France au Moyen Âge'', Paris, Colin, 2004.
* [[Monique Bourin]], ''Temps d'équilibres, temps de ruptures'', Paris, Éditions du Seuil, 1990.
* [[Monique Bourin]], ''Temps d'équilibres, temps de ruptures'', Paris, Éditions du Seuil, 1990.
* Jean-Marc Moriceau, ''Histoire et géographie de l'élevage français'', librairie Arthème Fayard, 2005.
* Jean-Marc Moriceau, ''Histoire et géographie de l'élevage français'', librairie Arthème Fayard, 2005.
* Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zink (dir.), ''Dictionnaire du Moyen Âge'', Paris, Presses Universitaires de France, 2002.
* Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zink (dir.), ''Dictionnaire du Moyen Âge'', Paris, Presses Universitaires de France, 2002.
* Fernand Braudel, ''Civilisation matérielle, économie et capitalisme ({{s mini-|XV|e}} - {{s mini-|XVIII|e}} siècles)'', trois tomes, Paris, Armand Colin (livre de poche), 1979.
* Fernand Braudel, ''Civilisation matérielle, économie et capitalisme ({{sp-|XV|-|XVIII|s}})'', trois tomes, Paris, Armand Colin (livre de poche), 1979.
* Jean-Denis Vigne, ''Les débuts de l'élevage - Les origines de la culture'', Éditions Le Pommier, 2004.
* Jean-Denis Vigne, ''Les débuts de l'élevage - Les origines de la culture'', Éditions Le Pommier, 2004.
* Carriere M., ''Impact des systèmes d’élevage pastoraux sur l’environnement en Afrique et en Asie tropicale et subtropicale aride et subaride''. Rapport, 70 pages, 1996.
* {{Lien web|auteur=Marc Carrière|titre=Impact des systèmes d’élevage pastoraux sur l’environnement en Afrique et en Asie tropicale et subtropicale aride et subaride|date=1996-6|éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]]|url=https://www.fao.org/3/x6215f/x6215f.pdf|format=pdf}}.
* Deneux M., ''L'ampleur des changements climatiques, de leurs causes et de leur impact possible sur la géographie de la France à l'horizon 2005, 2050 et 2100''. Rapport du sénat, 291 pages, 2002.
* Deneux M., ''L'ampleur des changements climatiques, de leurs causes et de leur impact possible sur la géographie de la France à l'horizon 2005, 2050 et 2100''. Rapport du Sénat, 291 pages, 2002.
* [[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]] (FAO), ''Livestock's long shadow''. Rapport, 416 pages, 2006.
* {{Lien web|éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture]]|langue=en|titre=Tackling Climate Change through Livestock|url=https://www.fao.org/3/i3437e/i3437e.pdf|année=2013}}.
* Réseau Action Climat – France, ''Agriculture, effet de serre et changements climatiques en France''. Fiche, 4 pages, 2005.
* Réseau Action Climat – France, ''Agriculture, effet de serre et changements climatiques en France''. Fiche, 4 pages, 2005.
* [[Valérie Chansigaud]], ''Histoire de la domestication animale'', Delachaux et Niestlé, 2020, {{ISBN|978-2-603-02474-4}}.
* [[Valérie Chansigaud]], ''Histoire de la domestication animale'', Delachaux et Niestlé, 2020, {{ISBN|978-2-603-02474-4}}.
* {{Article |titre= Ardèche, terre d'élevage|périodique= Cahiers de l'association [[Mémoire d'Ardèche et Temps Présent]]|numéro=156|date=15 novembre 2022}}.


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
{{Liens}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* Rapport [http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-057_mono.html ''L'avenir de l'élevage : enjeu territorial, enjeu économique''], Sénat (aussi [http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-0571.pdf disponible en PDF])
* Rapport [http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-057_mono.html ''L'avenir de l'élevage : enjeu territorial, enjeu économique''], Sénat (aussi [http://www.senat.fr/rap/r02-057/r02-0571.pdf disponible en PDF])



Dernière version du 10 mai 2024 à 23:27

Élevage ovin et bovin au XVIIe siècle. La traite du troupeau, peint par David Teniers le Jeune.

L’élevage est l'ensemble des activités qui assurent l'entretien et la multiplication des animaux souvent domestiques, parfois sauvages, pour l'usage des humains.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Allégorie de l'élevage.

Les premiers hommes vivaient de cueillette, de la pêche et de chasse. Au Néolithique les hommes passent d'une économie prédatrice à une économie productrice, ce qui se traduit concrètement par la domestication de certaines espèces dont les caractéristiques évoluent sous la pression d'une sélection artificielle menée par l'homme et dont l'archéologie apporte des preuves[1].

L'apparition de cette économie productrice pose cependant encore de nombreuses questions et beaucoup d'explications ont été proposées :

  • d'ordre religieux, par exemple chez les Aïnous avec leur rituel de l'ours : l'élevage pourrait avoir été un produit d'un rituel sacrificiel, un animal, élevé comme un membre de la famille et en son sein, servant aux sacrifice lorsqu'un rituel l'exige ;[réf. nécessaire]
  • d'ordre démographique, augmentation de la population, compétition entre groupes humains ;
  • d'ordre climatique, évolution du climat entraînant une raréfaction des ressources naturelles[1].

La domestication donne alors (ou non) un résultat en fonction de l'animal utilisé ; loup conduisant à l'apparition du chien, bovins sauvages aux bovins domestiques, ou ours chez les Aïnous, ce qui ne mène à rien de matériellement utilitaire mais fournit une piste explicative. Des peintures murales de la civilisation mycénienne montrent que les animaux sont associés à la chasse, ainsi qu'à la tauromachie.

Premières traces[modifier | modifier le code]

Vaches et moutons en pâture.

Les premières traces d'élevages d'herbivores découvertes sur les pourtours de la Mésopotamie datent d'environ 9000 av. J.-C. : au Levant à Tell Aswad, dans les monts Zagros à Ganj Dareh pour la chèvre[2] et dans la région de l'Anatolie du Sud-Est pour le mouton[3].

L'apparition du pastoralisme nomade daté de −6200 au Levant et en Arabie selon Juris Zarins (en) constitue une évolution notable ; Juris Zarins s'oppose ainsi aux théories anciennes selon lesquelles le pastoralisme aurait pu apparaître avant l'agriculture[4] ; il suppose d'ailleurs des animaux ayant atteint un niveau de domestication suffisamment avancé pour que les troupeaux puissent être maîtrisés dans des espaces ouverts.

La sélection de races lainières à partir de −5000 chez les ovins[5], caprins (chèvre Kashmir), bovins (yack), lamas et même le chien facilite l'expansion de l'élevage et des populations de pasteurs vers les régions humides ou froides, nordiques ou de montagne.

Le mouflon corse, probable descendant d'ovins domestiqués d'Anatolie, les premiers animaux de production à l'avoir été, a un pelage ras. Ses ancêtres ne produisaient pas de laine utilisable.

L'homme, dès 3 000 ans av. J.-C. a contribué à introduire des espèces plus ou moins domestiquées hors de leurs zones naturelles de répartition, jusque dans les îles en Europe de l'Ouest[6], modifiant ainsi leurs caractéristiques écopaysagères premières[7]. L'élevage semble s'être beaucoup développé au Néolithique (dont en Europe et en France, dans le nord du pays par exemple[8],[9],[10]), mais il semble longtemps coexister avec la chasse[11],[12]. Dans la vallée de l’Aisne, les archéologues ont trouvé des traces ou indices d'élevage et d'exploitation animale durant au moins 1 000 ans durant l'âge du bronze[13].

Durant l'Antiquité[modifier | modifier le code]

L'élevage se poursuit durant l'Antiquité et l'antiquité tardive (Bas-Empire romain et Haut Moyen Âge)[14],[15]. Durant le début du Moyen Âge en Europe, la consommation de viande semble avoir été relativement importante, au moins pour la partie la plus riche de la population[16]. Fernand Braudel écrivait que « Des siècles durant, au Moyen Âge, elle (L'Europe) a connu des tables surchargées de viandes et des consommations à la limite du possible »[17]. L'élevage fournissait d'autres ressources telles que le lait, le cuir, le boyau, la laine et la graisse, des outres… Il permit une civilisation de l'objet au XIIIe siècle : le cuir était transformé en chaussures ; le parchemin était de la peau traitée. La laine est la matière première de l'importante industrie du drap. Les boyaux et les cornes entraient dans la fabrication d'instruments de musique, d'outils, d'armes, etc. Toutes les premières civilisations connues semblent avoir pratiqué l'élevage y compris en Amérique : c'est le cas chez les Incas[1]. La Chine, qualifiée de civilisation du riz par Braudel, est probablement le premier endroit où l'on a élevé des porcs[3] et mis au point des élevages aussi différents que les poissons rouges et le ver à soie.

Colombier de château en Écosse. Les colombiers permettaient aux nobles et aux moines non seulement de se nourrir d'un mets échappant aux restrictions des jours maigres mais aussi de recueillir les fientes, gage d'un jardin luxuriant.

Les paysans utilisent la force des animaux pour les travaux agricoles : bœufs et chevaux tirent la charrue ou la herse. Ils réalisent les corvées de charrois (transport de vin, de blé, de bois, de paille). Les chevaux étaient parmi les biens les plus précieux des chevaliers et des armées. Plus tard, ils ont halé les navires et péniches sur les fleuves. Certains moulins et machines ont longtemps utilisé leur force de travail. L'élevage fournit aussi fumier, purin et fientes pour amender et fertiliser les terres.

Au début du XXIe siècle[modifier | modifier le code]

En 2019, le cheptel bovin mondial (bœufs domestiques et buffles) s'élevait à 1,7 milliard de bêtes, le cheptel ovin (moutons et chèvres) à 2,3 milliards, celui des poulets à 25 milliards, celui des canards à 1,2 milliard et celui des porcs à 850 millions d'animaux[18].

En 2001, le porc était la viande la plus consommée au monde, surtout en Asie (59 % du cheptel, avec une demande alors en progression)[19]. Depuis 2019, la production mondiale de poulet dépasse celle de porc, à 118 millions de tonnes contre 110. De 2000 à 2019, la production de poulet a doublé alors que celle de viande de porc augmentait de moins de 25 %. Sur la même période, la production de viande équine était en légère baisse[20].

En 2011, 65 milliards d'animaux ont été abattus dans le monde dont 58,11 milliards de poulets, 1 383 000 porcs et 320 millions de bovins. À l'échelle mondiale, la consommation de viande est en augmentation, particulièrement en Asie ; elle a atteint les 286,2 milliards de tonnes de produits carnés. La consommation par continent se répartit respectivement de la façon suivante : 46 % est consommée en Asie, 20 % en Europe, 14 % en Amérique du nord, 10 % en Amérique du sud, 5 % en Afrique et 4 % en Amérique centrale[21].

Les productions de l'aquaculture explosent, dépassant celle des pêches à la fin des années 2010[3]. L'élevage massif des insectes pour l'alimentation animale voire humaine commence à s'organiser.

Disciplines et spécificités concernant l'élevage[modifier | modifier le code]

Viande.
Laine de mouton.

Les diverses activités mises en œuvre pour l'élevage incluent notamment la gestion des animaux pour les multiplier, et leur fournir gîte, nourriture, soins, en vue de leur utilisation et/ou de leur production. Il fait appel à certaines sciences et de techniques dont : la physiologie animale, la sélection, le génie génétique (OGM), l'alimentation animale, la médecine vétérinaire, les techniques relatives au logement et à l'exploitation que l'on peut regrouper sous le vocable de zootechnie.

Alimentation[modifier | modifier le code]

Élan (espèce partiellement domestiquée), nourri avec des pommes dans un parc en Suède.

Reproduction et sélection[modifier | modifier le code]

Logement[modifier | modifier le code]

Les animaux peuvent être élevés complètement en extérieur, disposer d'abris qu'ils occupent occasionnellement ou bien être confinés en permanence. Les bâtiments, abris ou aménagements utilisés varient selon l'espèce et le type d'élevage : porcherie, bergerie, poulailler, ruche.

Bien-être et santé animale[modifier | modifier le code]

Économie[modifier | modifier le code]

L'élevage s'applique généralement aux espèces d'animaux domestiques, mais pas exclusivement. On élève aussi des animaux sauvages, pour des productions particulières par exemple les visons, pour la chasse et la pêche, comme auxiliaires des cultures, pour la sauvegarde d'espèces menacées, ce qui est d'ailleurs une des nouvelles missions des parcs zoologiques[22].

Productions[modifier | modifier le code]

Les produits de l'élevage sont :

  • les animaux eux-mêmes : nouvelles générations pour le renouvellement des troupeaux, animaux de repeuplement de territoire de chasse ou de pêche, animaux de compagnie, animaux d'agrément (en particulier de nombreuses espèces et races d'oiseaux) ;
  • les produits et sous-produits carnés pour l'alimentation humaine ou animale : viande, abat, poisson et coquillages d'aquaculture, lait, œufs, miel ;
  • des produits et sous-produits non alimentaires : poils, laine, cuir, plumes, duvet, fourrure, corne, soie, os, cire d'abeille ; fumier, purin, lisier, farines animales ;
  • Moutons de Soay au sommet des fortifications de Lille. Comme la chèvre, ce mouton primitif peut brouter dans des endroits escarpés. Leurs ancêtres ont pu participer grâce à leur laine à la conquête des îles pluvieuses et venteuses du Nord-Ouest de L'Europe.
    une force de travail : traction animale et transports, chien berger, de handicapé, de garde ou policier, animaux chasseurs (furet, chat, etc.), chèvres « tondeuses-élagueuses » dans les ravins.

Contributions diverses[modifier | modifier le code]

L'élevage peut également contribuer :

Labour d'une rizière par des buffles, Java, 1997.
Le jharal ou thar de l'Himalaya, un caprin jamais domestiqué, a été sauvé de la disparition par l'élevage. Capable de se nourrir de buissons, il est devenu une espèce envahissante dans le sud de la Cordillère des Andes et des Alpes du Sud (Nouvelle-Zélande).
  • à la préservation de certains milieux naturels (comme les zones humides par exemple[23]) ;
  • à la pollinisation des plantes à fleurs sauvages ou cultivées ; ainsi, des producteurs de semences de tournesol et de colza demandent le placement de ruches près de leurs cultures aux apiculteurs qui acceptent si les agriculteurs s'engagent à cultiver selon des méthodes compatibles[24] ;
Femelle de trichogramme s'apprêtant à pondre dans un œuf de noctuelle ; des trichogrammes sont élevés dans ce but.
  • à la protection des plantes contre les ravageurs (élevage d'insectes comme les coccinelles destinés à être relâchés dans les cultures ou zones sensibles) ; Les insectes pollinisateurs et les arthropodes prédateurs de ravageurs sont qualifiés d'organismes auxiliaires ;
  • à la préservation des espèces et des races menacées de disparition (élevage conservatoire) ; le jharal (photo ci-contre) en est un exemple[3] ;
  • aux loisirs (animaux de compagnie et de concours, colombophilie, zoos, etc.) ;
  • à la recherche : animaux de laboratoire ;
  • au soutien ou à la défense de personnes, unités de la protection civile ou militaires (chiens d'aveugles ou détecteurs de substances, pigeons voyageurs, mulets)[25] ;
  • au recyclage des déchets des activités humaines. C'était traditionnellement le rôle des élevages familiaux de cochons et de poules qui recevaient les déchets de cuisine. Depuis que l'industrie alimentaire existe, ce rôle est repris surtout par les élevages bovins et porcins. Ainsi les drêches de brasserie, la pulpe de betterave sucrière, les écarts de triage de légumes sont systématiquement réintroduits dans l'alimentation animale de façon industrielle ou artisanale et représentent des volumes considérables. L'élevage de lombrics et d'insectes est envisagé pour traiter à grande échelle les résidus organiques ultimes[26].

Des animaux indissociables de certains modes de vie traditionnels[modifier | modifier le code]

L'élevage permet la mise en valeur et l'entretien (à condition qu'il n'y ait pas surpâturage) des zones arides de steppes, de toundra, semi-désertiques, ou la végétation essentiellement à base de végétaux très cellulosiques ne peut fournir une alimentation suffisante aux humains. De nombreuses populations n'ont pu s'installer dans ces zones que grâce à l'élevage d'herbivores. Il en est de même pour certaines zones difficiles d'accès : montagnes, vallons encaissés, marécages.

L'élevage comme facteur de développement[modifier | modifier le code]

Dans les zones rurales pauvres, l'accès à l'élevage permet d'enclencher un processus de développement. C'est à ce titre que l'ONG américaine Heifer International fait don d'animaux d'élevage à des familles très pauvres, accompagnés de formation adéquates pour les aider à se développer et à en aider d'autres ensuite[27].

Cette dynamique de développement, souvent portée par des femmes, est notamment mise en évidence par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour les élevages de bufflonnes et vaches laitières détenus par de petits exploitants de régions pauvres : Pendjab, Amérique centrale, hauts plateaux abyssins, Sahel[28].

Modes d'élevage[modifier | modifier le code]

Transhumance de bovins, Tyrol italien.
Élevage de poulets standard, France, 2017.
  • Élevage extensif pratiqué sur de grandes surfaces, délimitées ou non (pastoralisme nomade), où les ressources en fourrages sont limitées ; il peut donner lieu à des parcours se répétant selon les saisons (transhumance) ; Il a été la ressource ordinaire des empires des steppes et il a pris la forme du ranching dans les régions colonisées par les Européens à partir du XIXe siècle souvent au détriment des populations locales.
  • Élevage pastoral, ancestral et nomade, relevant du système d'élevage extensif ;
  • Polyculture-élevage, assurant l'autosuffisance générale ou partielle ; cette forme d'organisation permettant notamment une rotation efficace des cultures et le recyclage naturel des déchets est de nouveau considérée[29] ;
  • Élevage bio, respectant un cahier des charges privilégiant une alimentation « naturelle » et préservant l'environnement ;
  • Élevage de canards, Comté de Nantou, Taïwan, 2020.
    Élevage conventionnel, système d'élevage dominant basé sur les méthodes de production telles qu'elles ont été envisagées au moment de la Révolution verte dans les années 1940-1960, c'est-à-dire avec l'emploi de semences améliorées, d'engrais de synthèse et de pesticides pour les fourrages, l'utilisation de races spécialisées à hautes performances et la commercialisation des produits à grande échelle ;
  • Élevage intensif ou industriel, conventionnel, axé sur le maximum de rentabilité ;
  • Mini-élevage : élevage familial ou à petite échelle, encouragé dans les villages isolés ou défavorisés pour remplacer la cueillette et le braconnage[30], petits élevages obligatoirement réalisés sur les lieux d'utilisation[25] ; l'élevage de l'athérure africain, dont l'intensification ne semble pas possible, est un exemple de mini-élevage ;
  • Élevage conservatoire, protégeant des races dont l'existence est menacée ou absente dans certaines régions.
  • Animaux sacrés : les mesures prises pour vénérer et favoriser ces animaux peuvent s'apparenter à un élevage ; il peut s'agir cependant d'un élevage réellement productif à condition que celui-ci soit respectueux ; c'est le cas de l'élevage laitier (vaches et bufflesses) en Inde, le premier de la planète.

Espèces élevées[modifier | modifier le code]

Bassins de pisciculture, France, 2015.

Pour une liste exhaustive :

Problèmes liés[modifier | modifier le code]

Élevage hors-sol de veaux en batterie.
Truie allaitant dans un élevage intensif.

La généralisation[31] puis surtout la concentration et l'industrialisation rapide de l'élevage au XXe siècle ont eu des impacts négatifs sur l'environnement[32], et pose des questions nouvelles dans les domaines de la zootechnie, de l'éthique, du droit, de la biosécurité et de la santé alimentaire et environnementale.

Les méthodes de sélection et de l'insémination artificielle appauvrissant la diversité génétique et favorisant la consanguinité des animaux[33].

La consommation de viande augmente fortement dans les pays émergents, notamment en Chine. Selon Jean-Baptiste Jeangène Vilmer en 2008, « l'homme consomme annuellement plus de 53 milliards d'animaux par an, principalement et dans l’ordre, des poulets, canards, porcs, lapins, dindes, moutons, chèvres, bovins et chevaux. Les animaux d'élevage représentent (…) en Occident 98 % de la totalité des animaux avec lesquels les humains sont en interaction. (…) Les abattoirs américains tuent plus de 23 millions d’animaux par jour (…) Selon les estimations de l’ONU (FAO), la production mondiale de viande et de lait doublera d’ici 2050 »[34]. Une question abordée par les éthiciens est celle de la condition animale, que certains traitent de manière plus générale dans la question de la « responsabilité morale des humains à l'égard des animaux »[34].

L'élevage en nombre excessif d'animaux ne concerne pas seulement les éleveurs professionnels mais aussi parfois les particuliers : c'est le syndrome de Noé, considéré comme un trouble mental.

Impacts environnementaux[modifier | modifier le code]

Pollution[modifier | modifier le code]

L'élevage est source de pollutions (nitrates & phosphates principalement) et de nuisances olfactives[35].

La diffusion dans l'environnent de résidus médicamenteux présente un risque pour les écosystèmes ; l'élevage est une des sources de ces résidus[36].

Utilisation des terres[modifier | modifier le code]

Le pâturage sur les lieux d'anciennes forêts peut avoir un impact irréversible sur la biodiversité forestière, à échelle humaine de temps, même si la forêt repousse sur le même site[37]. La diffusion dans les pays riches de l'élevage hors-sol est un facteur de bouleversement des paysages (les cultures industrielles de soja et maïs remplacent les pâtures qui étaient des puits de carbone, des filtres pour l'eau).

Selon un rapport de Greenpeace publié en 2018, la production de viande et de produits laitiers mobiliserait jusqu’à 80 % de la surface des terres agricoles dans le monde. Des centaines de millions d’hectares sont ainsi mobilisés pour nourrir les animaux que consommeront ensuite les habitants des pays riches, alors que ces terres pourraient être employées à alimenter les habitants des pays pauvres. Pour Jonathan Safran Foer, « L’élevage industriel ne « nourrit » pas « le monde » ; il l’affame en le détruisant »[38].

Réchauffement climatique[modifier | modifier le code]

Le centre-sud de l'Amérique du Sud (Argentine) – notamment à cause de l'élevage – serait le premier secteur d'émission de méthane de l'hémisphère sud. Le méthane est un puissant facteur de changement climatique.

L'un des problèmes est l'émission de gaz à effet de serre par les animaux élevés, par la filière viande, et par les cultures qui alimentent ces animaux. Selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) de 2013, le secteur de l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre[39]. Une partie de ces gaz est du méthane, dont le pouvoir réchauffant est 28 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone[40]. Selon un rapport de février 2019 du think tank français Institute for Climate Economics (I4CE), le secteur de l’élevage génère 63 % des émissions dues à l’alimentation alors qu’il ne fournit que 16 % des calories consommées dans le monde[41].

75 % des surfaces agricoles mondiales (dont 30 % de prairies) sont consacrées à l'élevage, qui consomme en outre plus d'un tiers de la production de céréales. Des chercheurs néerlandais ont estimé l'impact de l'alimentation sur la consommation d'espaces agricoles. Comme cela avait déjà été largement démontré, les régimes riches en protéines d'origine animale nécessitent plus de terre. Cependant, le point le plus bas de la courbe n'est pas atteint avec une consommation strictement végétale, mais avec un régime intégrant en moyenne 12 % de protéines animales, et notamment du lait[42].

En France, le rapport du Haut Conseil pour le climat sur les politiques agricoles, publié le 25 janvier 2024, constate que l'élevage est particulièrement vulnérable face aux vagues de chaleur : la sécheresse de 2022 a causé entre 2 et 4 milliards d'euros de pertes aux éleveurs français. Les vaches produisent moins de lait, de moins bonne qualité ; la hausse des températures accroît les besoins en eau des animaux et réduit la production de fourrage. L'élevage émet 46 millions de tonnes équivalent CO2 en 2021, soit 59 % des émissions de l'agriculture en France. Le rapport estime qu'en modifiant l'alimentation des animaux et la gestion des effluents, une réduction des émissions de près de 7 millions de tonnes pourrait être obtenue, par exemple, en remplaçant des glucides par des lipides insaturés, ou en utilisant des additifs alimentaires ; la couverture des fosses d'effluents, l'installation de torchères ou encore la méthanisation du lisier permettent aussi de réduire les émissions[43].

Impacts sanitaires[modifier | modifier le code]

La journaliste Sonia Shah souligne que l'élevage peut contribuer à créer des virus transmissibles à l'homme : « des centaines de milliers de bêtes entassées les unes sur les autres en attendant d’être conduites à l’abattoir : voilà des conditions idéales pour que les microbes se muent en agents pathogènes mortels. Par exemple, les virus de la grippe aviaire, hébergés par le gibier d’eau, font des ravages dans les fermes remplies de poulets en captivité, où ils mutent et deviennent plus virulents — un processus si prévisible qu’il peut être reproduit en laboratoire. L’une de leurs souches, le H5N1, est transmissible à l’homme et tue plus de la moitié des individus infectés. En 2014, en Amérique du Nord, il a fallu abattre des dizaines de millions de volailles pour enrayer la propagation d’une autre de ces souches »[44].

La diffusion planétaire de l'élevage en batterie (élevages de plus de 10 000 volailles) semble avoir eu un rôle dans la diffusion du virus H5N1 et d'autres pathogènes. Dans les supermarchés britanniques en 2014 selon la Food Standards Agency, soixante-dix pour cent de la viande de poulet vendue est contaminée par des bactéries du genre Campylobacter[45].

En outre, les quantités considérables de déjections générées par l'élevage « offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations » en se déversant dans l'eau potable ou dans des aliments destinés à la consommation humaine. Ainsi, chaque année, 90 000 Américains sont contaminés[44].

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), « Le risque de transmission de maladies des animaux aux humains augmentera dans le futur, en raison de la croissance de la population humaine et de l’augmentation du bétail, de changements spectaculaires dans la production animale, de l’émergence de réseaux agroalimentaires mondiaux et d’une augmentation importante de la mobilité des biens et des personnes (…) La concentration de production animale dans des zones restreintes engendre des risques sanitaires importants pour les animaux et les humains »[46].

L'utilisation croissante des antibiotiques dans l'élevage représente un risque important pour la santé humaine, en favorisant la résistance aux antibiotiques[47].

L'usage de farines animales dans l'alimentation d'herbivores a été à l'origine de la diffusion d'un prion pathogène responsable de l'encéphalopathie spongiforme bovine (maladie de la vache folle).

Contrôles[modifier | modifier le code]

En raison des risques de zoonoses et de maladies induites par des viandes ou conserves avariées, ou de trafics d'hormones, la filière et la commercialisation des viandes font l'objet de contrôles.

En France, en 2011, à la demande du gouvernement, deux ministères (agriculture et environnement) ont demande au Conseil général de l'environnement et du développement durable et au Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux de faire des propositions de simplification des dossiers et les contrôles opérés dans les élevages. Un rapport[48] a synthétisé les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées. Ce rapport (56 pages) a été rendu aux ministres en janvier 2012, et rendu public le 8 mars 2012, quatre jours après la fin du salon international de l'agriculture[49].

Le rapport, intitulé « Simplification des dossiers et des contrôles environnementaux en élevage », synthétisant les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées, contient des propositions de simplification de procédure (ex : possibilité de déposer le dossier sous forme numérique) et des propositions visant à limiter les possibilités de recours (des préfets notamment) ou visant à allonger les délais entre deux contrôles des élevages (un contrôle qui pourrait être porté à tous les 10 ans, avec des délais allongés de 5 à 7 ans si l'agriculteur est certifié ou adhère à de bonnes pratiques. Le contrôle périodique présenté par ce rapport comme « ayant d'abord une vocation pédagogique », et pouvant être à rapprocher des « régimes à adhésion volontaire : certification environnementale et charte des bonnes pratiques d'élevage en particulier ». Il utiliserait la documentation laissée chez l'éleveur (p. 15 du rapport)[48]. Une certification environnementale à trois conditions pourrait valoir contrôle. Selon ce rapport, concernant la « vérification de l'existence de capacités de stockage suffisantes pour les effluents d'élevage, la charte des bonnes pratiques est plus précise que le contrôle périodique : même si le technicien est invité à faire preuve de compréhension, il doit relever l'absence de capacité de stockage, ce que le contrôle périodique ne fait pas »[48]. En cas d'adhésion à la charte, le rapport propose d'utiliser pour le contrôle périodique les documents remis à l'éleveur à l'issue de l'audit charte (et réciproquement) (…) en recherchant « en priorité à élargir la reconnaissance que donne pour l'éleveur la participation à la charte »[48].

Notes et références[modifier | modifier le code]

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Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Élevage d'animaux particuliers[modifier | modifier le code]

Livres anciens[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]