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| Nationalité = Français
| Nationalité = Français
| nom de naissance = Constantin Rossi
| nom de naissance = Constantin Rossi
| date de naissance = {{date|29|avril|1907}}
| lieu de naissance = [[Ajaccio]], [[Corse (département)|Corse]] ({{France}})
| date de décès = {{date de décès|27|septembre|1983}} (à 76 ans)
| lieu de décès = [[Neuilly-sur-Seine]] ({{France}})
| profession = [[Chanteur]], [[acteur]]
| profession = [[Chanteur]], [[acteur]]
| genre = [[Opérette]]<br>[[Chanson française]]<br>[[Ballade]]
| genre = [[Opérette]]<br>[[Chanson française]]<br>[[Ballade]]
| instrument = [[Guitare]], [[Voix (instrument)|voix]]
| instrument = [[Guitare]], [[Voix (instrument)|voix]]
| années actives = [[1932 en musique|1932]]-[[1983 en musique|1983]]
| label = [[Columbia Records|Columbia]]
| label = [[Columbia Records|Columbia]]
| site web =
}}
}}


'''Constantin Rossi''', [[Nom de scène|dit]] '''Tino Rossi''', est un [[chanteur]] et acteur [[France|français]], né le {{date|29 avril 1907}} à [[Ajaccio]] ([[Corse (département)|Corse]]) et mort le {{date|27 septembre 1983}} à [[Neuilly-sur-Seine]] ([[Hauts-de-Seine]])<ref>{{Lien web|titre=Ne me méprise pas Rossi, Tino|url=https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000366500|site=Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris|consulté le=2018-02-02}}</ref>{{,}}<ref name="actes">{{Lien web |url=https://www.cineartistes.com/?page=images&id=414&type=3 |titre=Actes de naissance et de décès |site=CinéArtistes |consulté le=22 août 2018}}</ref>.
'''Constantin Rossi''', [[Nom de scène|dit]] '''Tino Rossi''', est un [[chanteur]] et [[acteur]] [[France|français]], né le {{date|29 avril 1907}} à [[Ajaccio]] ([[Corse (département)|Corse]]) et mort le {{date|27 septembre 1983}} à [[Neuilly-sur-Seine]] ([[Hauts-de-Seine]])<ref>{{Lien web|titre=Ne me méprise pas Rossi, Tino|url=https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000366500|site=Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris|consulté le=2018-02-02}}</ref>{{,}}<ref name="actes">{{Lien web |url=https://www.cineartistes.com/?page=images&id=414&type=3 |titre=Actes de naissance et de décès |site=CinéArtistes |consulté le=22 août 2018}}</ref>.


Sa chanson ''[[Petit Papa Noël (chanson)|Petit Papa Noël]]'', sortie en 1946, demeure la chanson la plus vendue de l'histoire en [[France]].
Sa chanson ''[[Petit Papa Noël (chanson)|Petit Papa Noël]]'', sortie en [[1946]], demeure la chanson la plus vendue de l'histoire en [[France]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Premières années - Premiers succès ===
=== Premières années - Premiers succès ===
Constantin Rossi naît en France, à [[Ajaccio]], au 43 rue Fesch<ref group="n">Devenu le {{n°|45}} comme en témoigne la plaque apposée sur la façade depuis le {{date-|3 août 1985}}.</ref>. Son père, Laurent, est artisan tailleur. Sa mère, Eugénie, se consacre, en plus de l'atelier familial, à ses huit enfants. Constantin porte le prénom de l'un de ses frères, décédé en bas âge à la fin de l'année 1906. Dès son enfance, il passe son temps à chanter et préfère l'[[Absentéisme|école buissonnière]] aux études.
Constantin Rossi naît à [[Ajaccio]], au 43, rue Fesch<ref group="n">Devenu le {{n°|45}} comme en témoigne la plaque apposée sur la façade depuis le {{date-|3 août 1985}}.</ref>. Son père, Laurent, est artisan tailleur. Sa mère, Eugénie, se consacre, en plus de l'atelier familial, à ses huit enfants. Constantin porte le prénom de l'un de ses frères, décédé en bas âge à la fin de l'année 1906. Dès son enfance, il passe son temps à chanter et préfère l'[[Absentéisme|école buissonnière]] aux études.


À moins de {{nobr|20 ans}}, il rencontre à [[Ajaccio]] Annie Marlan ([[1907]]-[[1981]]), l'une des violonistes venues donner un concert à la terrasse du Café Napoléon, en tombe amoureux, part avec elle sur la [[Côte d'Azur]], l'épouse à [[Toulon]] et devient vite le jeune père de Pierrette (1927-2011)<ref group="n">Le {{date-|17 septembre 2011}}, elle fut inhumée au cimetière marin d'Ajaccio, dans la chapelle funéraire de son père, sur la route des Sanguinaires.</ref>. Tino ayant du mal à trouver un travail stable à [[Toulon]], Annie demande rapidement le divorce.
À moins de vingt ans, il rencontre à [[Ajaccio]] Annie Marlan ([[1907]]-[[1981]]), l'une des [[Violoniste|violonistes]] venues donner un concert à la terrasse du ''Café Napoléon'', en tombe amoureux, part avec elle pour la [[Côte d'Azur]], l'épouse à [[Toulon]] et devient vite le jeune père de Pierrette (1927-2011)<ref group="n">Le {{date-|17 septembre 2011}}, elle fut inhumée au cimetière marin d'Ajaccio, dans la chapelle funéraire de son père, sur la route des Sanguinaires.</ref>. Tino ayant du mal à trouver un travail stable à [[Toulon]], Annie demande rapidement le divorce.


De retour à Ajaccio, il devient (grâce aux relations de son père) changeur au casino, où il rencontre la secrétaire du directeur, Faustine Fratani ([[1912]]-[[1985]]), qui deviendra sa deuxième épouse en {{date-|septembre 1934}}<ref name=":0">{{Lien web |titre=Tino Rossi |url=http://www.imdb.com/name/nm0744332/bio |site=IMDb |consulté le=2020-08-08}}</ref>. À la suite de l'incendie du casino en 1929, ils retournent sur le continent dans l'espoir d'une embauche au casino d'[[Aix-en-Provence]], sans succès. Le couple s'installe alors à [[Marseille]] dans une chambre miteuse du quartier des Réformés, en haut de la [[Canebière]]. De repas trop légers en boulots trop temporaires (voiturier, plongeur, portier de boîte de nuit...), Tino Rossi traverse les mois les plus pénibles de sa vie. Sa seule consolation : retrouver au bar « Le Terminus » les étudiants [[corses]] de la faculté de droit d'[[Aix-en-Provence]] (Raymond Filippi, Dominique Stefanaggi, Alfred Albertini, Jean Orsoni...) et chanter pour ces futurs ténors du barreau ou magistrats de renom<ref>Tino Rossi, ''Tino'', éd. Stock, 1974, ps 26-33.</ref>{{,}}<ref group="n">Tino Rossi aimait également retrouver chaque mois, devant un repas corse, Vincent de Moro-Giafferi (1878-1956), célèbre avocat (notamment de Landru) et homme politique.</ref>.
De retour à Ajaccio, il devient (grâce aux relations de son père) changeur au casino, où il rencontre la secrétaire du directeur, Faustine Fratani ([[1912]]-[[1985]]), qui deviendra sa deuxième épouse en {{date-|septembre 1934}}<ref name=":0">{{Lien web |titre=Tino Rossi |url=http://www.imdb.com/name/nm0744332/bio |site=IMDb |consulté le=2020-08-08}}</ref>. À la suite de l'incendie du casino en 1929, ils retournent sur le continent dans l'espoir d'une embauche au casino d'[[Aix-en-Provence]], sans succès. Le couple s'installe alors à [[Marseille]] dans une chambre miteuse du quartier des Réformés, en haut de la [[Canebière]]. De repas trop légers en boulots trop temporaires (voiturier, plongeur, portier de boîte de nuit…), Tino Rossi traverse les mois les plus pénibles de sa vie. Sa seule consolation : retrouver au bar « Le Terminus » les étudiants [[corses]] de la faculté de droit d'[[Aix-en-Provence]] (Raymond Filippi, Dominique Stefanaggi, Alfred Albertini, Jean Orsoni...) et chanter pour ces futurs ténors du barreau ou magistrats de renom<ref>Tino Rossi, ''Tino'', éd. Stock, 1974, ps 26-33.</ref>{{,}}<ref group="n">Tino Rossi aimait également retrouver chaque mois, devant un repas corse, Vincent de Moro-Giafferi (1878-1956), célèbre avocat (notamment de Landru) et homme politique.</ref>.


==== « Chanteur de charme » ====
==== « Chanteur de charme » ====
[[Fichier:Tino Rossi - Lauris (84360).jpg|thumb|upright=1.5|left|alt=alternative à l'image|Une carrière ensoleillée commencée en Provence.]]
[[Fichier:Tino Rossi - Lauris (84360).jpg|thumb|upright=1.5|left|alt=alternative à l'image|Une carrière ensoleillée commencée en Provence.]]


Le baryton-basse provençal Adrien Legros (1903-1993) le remarque alors, lui donne des conseils pour mieux respirer et poser sa voix, et le met en relation avec le producteur de tournées Louis Allione, dit « Petit Louis », qui le produit sur de petites scènes provençales (la toute première fois en 1930, dans le village vauclusien de [[Lauris]]<ref group="n">L'établissement, avenue Joseph-Garnier - un hautboïste et compositeur natif de la commune (1755-1825) -, est devenu un fleuriste.</ref>) en le présentant comme « Le Roi des chanteurs de charme », une expression qui le suivra tout au long de sa carrière. Constantin choisit alors de devenir Tino, en se rappelant la façon dont l'évêque d'[[Ajaccio]] avait détaché les syllabes de son prénom en le bénissant lors de sa confirmation : « Constant-tino »<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=37}}.</ref>.
Le baryton-basse provençal Adrien Legros (1903-1993) le remarque alors, lui donne des conseils pour mieux respirer et poser sa voix, et le met en relation avec le producteur de tournées Louis Allione, dit « Petit Louis », qui le produit sur de petites scènes provençales (la toute première fois en 1930, dans le village vauclusien de [[Lauris]]<ref group="n">L'établissement, avenue Joseph-Garnier - un hautboïste et compositeur natif de la commune (1755-1825) -, est devenu un fleuriste.</ref>) en le présentant comme « Le Roi des [[Chanteur de charme|chanteurs de charme]] », une expression qui le suivra tout au long de sa carrière. Constantin choisit alors de devenir Tino en se rappelant la façon, qui lui avait été rapportée, avec laquelle l'évêque d'[[Ajaccio]] avait détaché les syllabes de son prénom en le chrismant lors de sa confirmation : « Constant-tino »<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=37}}.</ref>.


En 1932, à [[Marseille]], alors qu'il arpente avec son père la [[rue Saint-Ferréol]], son attention est attirée par une pancarte sur la devanture d'un magasin : {{citation|Enregistrez votre voix pour cent sous}}<ref group="n">C'est-à-dire cinq francs de l'époque.</ref>. Tino enregistre ainsi un disque en fer blanc qu'il destine à sa mère (comme le fera vingt ans plus tard [[Elvis Presley]]). Un représentant de la maison de disques [[Parlophone (label)|Parlophone]], présent dans la boutique, l'entend et l'invite à [[Paris]] pour enregistrer, moyennant {{unité|1000 francs}}, son premier vrai disque (qui sera aussi le premier disque de chansons corses jamais gravé puisqu'il comprend ''O Ciuciarella'' et la berceuse ''Nini-Nanna'')<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=42}}.</ref>{{,}}<ref group="n">Second titre orthographié parfois ''Ninni-Nanna''.</ref>.
En 1932, à [[Marseille]], alors qu'il arpente avec son père la [[rue Saint-Ferréol]], son attention est attirée par une pancarte sur la devanture d'un magasin : {{citation|Enregistrez votre voix pour cent sous}}<ref group="n">C'est-à-dire cinq francs de l'époque.</ref>. Tino enregistre ainsi un disque en fer blanc qu'il destine à sa mère. Un représentant de la maison de disques [[Parlophone (label)|Parlophone]], présent dans la boutique, l'entend et l'invite à [[Paris]] pour enregistrer, moyennant {{unité|1000 francs}}, son premier vrai disque (qui sera aussi le premier disque de chansons [[Corse (langue)|corses]] jamais gravé puisqu'il comprend ''O Ciuciarella'' et la berceuse ''Nini-Nanna'')<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=42}}.</ref>{{,}}<ref group="n">Second titre orthographié parfois ''Ninni-Nanna''.</ref>.


Toujours à Marseille, le {{date-|3 mars 1933}}, Tino est engagé « en qualité de ténorino » par Justin Milliard à l'[[Alcazar (Marseille)|Alcazar]] pour sept jours et quatorze représentations, avant de passer sur une autre scène mythique de la ville, le [[Théâtre des Variétés]]<ref>{{harvsp|Rossi|1974|p=53-56}}.</ref>.
Toujours à Marseille, le {{date-|3 mars 1933}}, Tino est engagé « en qualité de ténorino » par Justin Milliard à l'[[Alcazar (Marseille)|Alcazar]] pour sept jours et quatorze représentations, avant de passer sur une autre scène mythique de la ville, le Théâtre des Variétés<ref>{{harvsp|Rossi|1974|p=53-56}}.</ref>.


==== Son contrat avec Columbia ====
==== Son contrat avec Columbia ====
La maison de disques [[Columbia Records|Columbia]] s'intéresse alors rapidement à lui. En 1933, séduit par le dynamisme de son directeur Jean Bérard dans le domaine novateur de la publicité, il s'engage à ses côtés et enregistre notamment ''La Sérénade de Toselli''<ref group="n">Version inédite ; celle éditée est de 1938.</ref>, ''J’ai rêvé d'une fleur'', ''L'Aubade du roi d’Ys'', ''Le Tango de Marilou'' (son premier tube) et ''Venise et Bretagne'', qui berça l'enfance très francophile de la reine d'Angleterre [[Élisabeth II]]<ref>Témoignage de Mrs Margaret Rhodes, cousine germaine de la souveraine britannique, cité dans l’ouvrage d’Isabelle Rivère ''Elizabeth II – Dans l’intimité du règne'', éd. Fayard, 2012, {{p.|255}}.</ref>.
La maison de disques [[Columbia Records|Columbia]] s'intéresse alors rapidement à lui. En 1933, séduit par le dynamisme de son directeur Jean Bérard dans le domaine novateur de la publicité, il s'engage à ses côtés et enregistre notamment ''La Sérénade de Toselli''<ref group="n">Version inédite ; celle éditée est de 1938.</ref>, ''J’ai rêvé d'une fleur'', ''L'Aubade du roi d’Ys'', ''Le Tango de Marilou'' (son premier tube) et ''Venise et Bretagne'', qui berça l'enfance très francophile de la reine d'Angleterre [[Élisabeth II]]<ref>Témoignage de Mrs Margaret Rhodes, cousine germaine de la souveraine britannique, cité dans l’ouvrage d’Isabelle Rivère ''Elizabeth II – Dans l’intimité du règne'', éd. Fayard, 2012, {{p.|255}}.</ref>.


Le succès de ces premiers enregistrements est prometteur. Un courrier abondant commence à arriver chez Columbia. La firme comprend qu'elle tient un « oiseau rare » et l'intègre dans ses tournées par le biais d'[[Émile Audiffred]], où il côtoie les grands artistes [[Lucienne Boyer]], [[Damia (chanteuse)|Damia]], [[Pills et Tabet]], [[Mireille (compositrice-interprète)|Mireille]], [[Jean Sablon]]...
Le succès de ces premiers enregistrements est prometteur. Un courrier abondant commence à arriver chez Columbia. La firme comprend qu'elle tient un « oiseau rare » et l'intègre dans ses tournées par le biais d'[[Émile Audiffred]], où il côtoie les grands artistes [[Lucienne Boyer]], [[Damia (chanteuse)|Damia]], [[Pills et Tabet]], [[Mireille (compositrice-interprète)|Mireille]], [[Jean Sablon]]


Encouragé par ses premiers succès, Tino Rossi, classé « Chanteur » et également inscrit à la rubrique « Ténor » des catalogues des disques Columbia des années 1930 répertoriant les interprétations classiques, souhaite l’accord de [[Reynaldo Hahn]] avant d’enregistrer ses mélodies ''D’une prison'' et ''Paysage''. Confiant en son « poulain », [[Jean Richard (directeur de studios d'enregistrement)|Jean Richard]], le directeur des studios Columbia à Paris<ref group="n">61, rue Albert ({{XIIIe|arr.}}).</ref>, décide d’organiser l’enregistrement à son insu, le {{date-|9 juillet 1935}}. Tino Rossi ne connut jamais la réponse à sa requête, néanmoins la qualité de ses gravures fit dire à [[Reynaldo Hahn]] : {{citation|[Sa] voix tire son attrait de cette matière somnambulique, de cette simplicité poussée à l'excès avec un art, probablement inconscient, du modelage musical.}}<ref>Gisèle Parry, article du magazine ''Le Monde et la Vie'', {{date-|décembre 1963}}, {{p.|32}}.</ref>
Encouragé par ses premiers succès, Tino Rossi, classé « Chanteur » et également inscrit à la rubrique « Ténor » des catalogues des disques Columbia des années 1930 répertoriant les interprétations classiques, souhaite l’accord de [[Reynaldo Hahn]] avant d’enregistrer ses mélodies ''D’une prison'' et ''Paysage''. Confiant en son « poulain », [[Jean Richard (directeur de studios d'enregistrement)|Jean Richard]], le directeur des studios Columbia à Paris<ref group="n">61, rue Albert ({{XIIIe|arr.}}).</ref>, décide d’organiser l’enregistrement à son insu, le {{date-|9 juillet 1935}}. Tino Rossi ne connut jamais la réponse à sa requête, néanmoins la qualité de ses gravures fit dire à [[Reynaldo Hahn]] : {{citation|[Sa] voix tire son attrait de cette matière somnambulique, de cette simplicité poussée à l'excès avec un art, probablement inconscient, du modelage musical.}}<ref>Gisèle Parry, article du magazine ''Le Monde et la Vie'', {{date-|décembre 1963}}, {{p.|32}}.</ref>


=== De la scène à la radio ===
=== De la scène à la radio ===
Sa carrière prend une dimension essentielle au music-hall avec l’imprésario Émile Audiffred. Après l’[[ABC (music-hall)|ABC]], où le public lui a réservé un honnête succès, il est engagé par [[Henri Varna]] et Audiffred au [[Casino de Paris]] pour la revue ''Parade de France'', consacrée au folklore des provinces. En bottes, chemise et pantalon bouffants, guitare à la main et veste sur l'épaule, il campe un chanteur corse de carte postale<ref>Il a lui-même dessiné son costume : {{harvsp|Rossi|1974|p=69-70}}.</ref> et obtient dès le premier soir de son engagement (le {{date-|14 octobre 1934}}) un triomphe inédit grâce à deux chansons que [[Vincent Scotto]] vient de composer pour lui, ''Ô Corse, île d'amour'' et ''Vieni... Vieni...''.
Sa carrière prend une dimension essentielle au music-hall avec l’imprésario Émile Audiffred. Après l’[[ABC (music-hall)|ABC]], où le public lui a réservé un honnête succès, il est engagé par [[Henri Varna]] et Audiffred au [[Casino de Paris]] pour la revue ''Parade de France'', consacrée au folklore des provinces. En bottes, chemise et pantalon bouffants, guitare à la main et veste sur l'épaule, il campe un chanteur corse de carte postale<ref>Il a lui-même dessiné son costume : {{harvsp|Rossi|1974|p=69-70}}.</ref> et obtient dès le premier soir de son engagement (le {{date-|14 octobre 1934}}) un triomphe inédit grâce à deux chansons que [[Vincent Scotto]] vient de composer pour lui, ''Ô Corse, île d'amour'' et ''Vieni… Vieni…''.


À partir du {{date-|2 octobre 1936}}, il remonte sur la scène du [[Casino de Paris]] pour la revue ''Tout Paris chante'', mais cette fois en tête d'affiche.
À partir du {{date-|2 octobre 1936}}, il remonte sur la scène du [[Casino de Paris]] pour la revue ''Tout Paris chante'', mais cette fois en tête d'affiche.
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Parallèlement, il vend de plus en plus de disques, à savoir {{formatnum:80000}} par mois quand la deuxième vente culmine à {{formatnum:6000}}<ref>Gérard Trimbach, ''Tino Rossi'', éd. Delville, 1978, {{p.|38}}.</ref>. Dans ces années 1930, l'industrie du disque balbutie et la radio n'est pas encore un objet familier. Elle va bientôt donner aux artistes une audience nouvelle, avec ce que cela représente sur les ventes de disques. Dans le cas de Tino Rossi, sa voix est tellement présente sur les ondes qu'en 1939, il demande lui-même, par écrit, aux stations de moins le programmer car il craint de lasser les auditeurs<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=97}}.</ref>.
Parallèlement, il vend de plus en plus de disques, à savoir {{formatnum:80000}} par mois quand la deuxième vente culmine à {{formatnum:6000}}<ref>Gérard Trimbach, ''Tino Rossi'', éd. Delville, 1978, {{p.|38}}.</ref>. Dans ces années 1930, l'industrie du disque balbutie et la radio n'est pas encore un objet familier. Elle va bientôt donner aux artistes une audience nouvelle, avec ce que cela représente sur les ventes de disques. Dans le cas de Tino Rossi, sa voix est tellement présente sur les ondes qu'en 1939, il demande lui-même, par écrit, aux stations de moins le programmer car il craint de lasser les auditeurs<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=97}}.</ref>.


Sa fulgurante percée tient aussi à son physique à la [[Rudolph Valentino]]. [[Vincent Scotto]] rappelle<ref>''Souvenirs de Paris'', Éd. S.T.A.E.L., 1947.</ref>, l'attraction qu'exerce son ami Tino sur la gent féminine : {{citation|Les femmes s’approchaient de lui avec une telle férocité que si je n’étais pas collé à lui pour monter en voiture, si dans la bousculade je me laissais distancer de quelques mètres, il me fallait renoncer à lui, et la voiture partait sans moi. Les femmes étaient avides de le voir de près, certaines se seraient laissé piétiner plutôt que de céder leur place [...].}} Et d'ajouter : {{citation|Sa voix de rêve a enchanté presque tous les cœurs du monde. Quel philtre mystérieux possède cette voix pour troubler ainsi quand il chante ! On est charmé et on l’écoute recueilli. Une chanson embellit la vie, Tino embellit tout ce qu’il chante.}}<ref group="n">Cette dernière phrase est gravée à l'avers de la médaille à l'effigie de Tino Rossi, signée Courbier et frappée par la Monnaie de Paris en 1970.</ref> Car Tino Rossi est devenu une idole, la première dans l'histoire de la chanson. Familièrement désigné par son prénom d'artiste, il se trouve confronté à d'inimaginables manifestations d'affection amoureuse<ref>{{harvsp|Rossi|1974|p=89-96}}.</ref>, dont il n'aimait guère parler<ref>Interview à la Télévision suisse romande (TSR), {{date-|1 juillet 1967}}.</ref>.
Sa fulgurante percée tient aussi à son physique à la [[Rudolph Valentino]]. [[Vincent Scotto]] rappelle<ref>''Souvenirs de Paris'', Éd. S.T.A.E.L., 1947.</ref> l'attraction qu'exerce son ami Tino sur la gent féminine : {{citation|Les femmes s’approchaient de lui avec une telle férocité que si je n’étais pas collé à lui pour monter en voiture, si dans la bousculade je me laissais distancer de quelques mètres, il me fallait renoncer à lui, et la voiture partait sans moi. Les femmes étaient avides de le voir de près, certaines se seraient laissé piétiner plutôt que de céder leur place.}} Et d'ajouter : {{citation|Sa voix de rêve a enchanté presque tous les cœurs du monde. Quel philtre mystérieux possède cette voix pour troubler ainsi quand il chante ! On est charmé et on l’écoute recueilli. Une chanson embellit la vie, Tino embellit tout ce qu’il chante.}}<ref group="n">Cette dernière phrase est gravée à l'avers de la médaille à l'effigie de Tino Rossi, signée Courbier et frappée par la Monnaie de Paris en 1970.</ref> Car Tino Rossi est devenu une idole, la première dans l'histoire de la chanson française. Familièrement désigné par son prénom d'artiste, il se trouve confronté à d'inimaginables manifestations d'affection amoureuse<ref>{{harvsp|Rossi|1974|p=89-96}}.</ref>, dont il n'aimait guère parler<ref>Interview à la Télévision suisse romande (TSR), {{date-|1 juillet 1967}}.</ref>.


En toute logique, cette voix, que d'aucuns comparent à une chasse d'eau ou un robinet, d'autres à de l'or, du velours ou du miel, est promptement sollicitée par le cinéma car il n'existe alors que les films chantants pour donner au public l'occasion de découvrir le visage des vedettes.
En toute logique, cette voix, que d'aucuns comparent à une chasse d'eau ou un robinet, d'autres à de l'or, du velours ou du miel, est promptement sollicitée par le cinéma car il n'existe alors que les films chantants pour donner au public l'occasion de découvrir le visage des vedettes.


=== Une voix plein écran ===
=== Une voix plein écran ===
Après quelques « apparitions » vocales et silhouettes, en {{date-|mars 1936}}, sort ''[[Marinella (film)|Marinella]]'', un film écrit exprès pour « Tino », la nouvelle coqueluche du disque et de la TSF. C'est un triomphe. Les mélodies de [[Vincent Scotto]] qu'il interprète (''Marinella'', ''Tchi-tchi'', ''J'aime les femmes c'est ma folie'', ''Laissez-moi vous aimer'') sur des paroles signées Émile Audiffred, [[René Pujol]] et [[Géo Koger]], accompagnent le [[Front populaire (France)|Front populaire]]. Tino Rossi va d'ailleurs chanter pour les grévistes, notamment dans le hall des [[Galeries Lafayette]]<ref>Christian Plume et Xavier Pasquini, ''Tino Rossi'', éd. Bréa, 1983, {{p.|47}}.</ref>.
Après quelques « apparitions » vocales et silhouettes, en {{date-|mars 1936}}, sort ''[[Marinella (film)|Marinella]]'', un film écrit exprès pour « Tino », la nouvelle coqueluche du disque et de la TSF. C'est un triomphe. Les mélodies de [[Vincent Scotto]] qu'il interprète (''Marinella'', ''Tchi-tchi'', ''J'aime les femmes c'est ma folie'', ''Laissez-moi vous aimer'') sur des paroles signées Émile Audiffred, [[René Pujol]] et [[Géo Koger]], accompagnent le [[Front populaire (France)|Front populaire]]. Tino Rossi va d'ailleurs chanter pour les grévistes, notamment dans le hall des [[Galeries Lafayette]]<ref>Christian Plume et Xavier Pasquini, ''Tino Rossi'', éd. Bréa, 1983, {{p.|47}}.</ref>.


Dans la foulée, il enchaîne avec les péripéties à l'accent corse de ''Au son des guitares'' (où il lance ''Tant qu'il y aura des étoiles''), puis tourne ''[[Naples au baiser de feu (film, 1937)|Naples au baiser de feu]]'' ([[1937 au cinéma|1937]]) réalisé par [[Augusto Genina]], avec [[Mireille Balin]] (1909-1968), actrice à la destinée tragique<ref>Daniel Arsand, ''Mireille Balin ou la beauté foudroyée'', éd. de la Manufacture, 1989.</ref> qui, écrira-t-il, ''{{citation|avait tout pour ensorceler les hommes}}''<ref>{{harvsp|Rossi|1974|p=111}}.</ref>{{,}}<ref name="MB">Journal ''Paris Soir'', article d'Antoine Moulinier, 11 octobre 1968.</ref>.
Dans la foulée, il enchaîne avec les péripéties à l'accent corse de ''Au son des guitares'' (où il lance ''Tant qu'il y aura des étoiles''), puis tourne dans ''[[Naples au baiser de feu (film, 1937)|Naples au baiser de feu]]'' ([[1937 au cinéma|1937]]) d'[[Augusto Genina]], avec [[Mireille Balin]] (1909-1968), actrice à la destinée tragique<ref>Daniel Arsand, ''Mireille Balin ou la beauté foudroyée'', éd. de la Manufacture, 1989.</ref> qui, écrira-t-il, {{citation|avait tout pour ensorceler les hommes}}<ref>{{harvsp|Rossi|1974|p=111}}.</ref>{{,}}<ref name="MB">Journal ''Paris Soir'', article d'Antoine Moulinier, 11 octobre 1968.</ref>.


Tino Rossi, qui ne divorcera de Faustine Fratani qu'en {{date-|février 1938}}<ref name=":0" />, vit alors un amour passionné avec l'actrice. La presse ne perd pas une occasion de narrer le quotidien du couple<ref group="n">Par exemple ''Match'' du 17 novembre 1938 ou ''Vedettes'' du 19 avril 1941...</ref>.
Tino Rossi, qui ne divorcera de Faustine Fratani qu'en {{date-|février 1938}}<ref name=":0" />, vit alors un amour passionné avec l'actrice. La presse ne perd pas une occasion de narrer le quotidien du couple<ref group="n">Par exemple ''Match'' du 17 novembre 1938 ou ''Vedettes'' du 19 avril 1941...</ref>.


Il donne quelques récitals aux [[États-Unis]], où sa chanson ''Vieni... Vieni...'' est reprise par [[Rudy Vallée]] (reprise qui se classe {{n°|1}} une semaine en 1937<ref>http://hitsofalldecades.com/chart_hits/index.php?option=com_content&task=view&id=2481&Itemid=52</ref>{{,}}<ref group="n">On peut aussi entendre ce tube dans le film de Frank Capra ''It's a wonderful life'' (''La vie est belle''), 1946, avec James Stewart et Donna Reed.</ref>). Mais le chanteur ne se plaît pas en [[Amérique]] et refuse les offres financièrement alléchantes d'[[Hollywood]], qui le verrait bien en prince russe reconverti en danseur mondain dans une super-production de la [[20th Century Fox]] baptisée ''Balalaïka''. Mireille Balin, en contrat avec la [[Metro-Goldwyn-Mayer]], fait de même, pour les mêmes raisons. Il poursuit alors sa tournée au [[Canada]] où, dans les gares, la foule se masse pour essayer de l’apercevoir à une fenêtre de son train<ref>Philippe Laframboise, ''Tino Rossi'', éd. de la Presse, Ottawa, 1972, ps 50-51.</ref>.
Il donne quelques récitals aux [[États-Unis]], où sa chanson ''Vieni… Vieni…'' est reprise par [[Rudy Vallée]] (reprise qui se classe {{n°|1}} une semaine en 1937<ref>{{lien web |titre=Barry's Hits of All Decades Pop rock n roll Music Chart Hits<!-- Vérifiez ce titre --> |url=http://hitsofalldecades.com/chart_hits/index.php?option=com_content&task=view&id=2481&Itemid=52 |site=hitsofalldecades.com |consulté le=02-06-2023}}.</ref>{{,}}<ref group="n">On peut aussi entendre ce tube dans le film de [[Frank Capra]] ''[[La vie est belle (film, 1946)|La vie est belle]]'', de 1946, avec [[James Stewart (acteur)|James Stewart]] et [[Donna Reed]].</ref>). Mais le chanteur ne se plaît pas en Amérique et refuse les offres financièrement alléchantes d'[[Hollywood]], qui le verrait bien en prince russe reconverti en danseur mondain dans une superproduction de la [[20th Century Fox]] baptisée ''Balalaïka''. Mireille Balin, en contrat avec la [[Metro-Goldwyn-Mayer]], fait de même, pour les mêmes raisons. Il poursuit alors sa tournée au [[Canada]] où, dans les gares, la foule se masse pour essayer de l’apercevoir à une fenêtre de son train<ref>Philippe Laframboise, ''Tino Rossi'', éd. de la Presse, Ottawa, 1972, ps 50-51.</ref>.


De retour en [[France]], il continue de chanter au cinéma ses plus grands succès, tant dans le domaine de la variété que des airs classiques. Ainsi, pour les besoins de ''Lumières de Paris'' de [[Richard Pottier]] en 1938, il chante l'''Ave Maria'' de [[Charles Gounod|Gounod]], dont [[Maria Callas|La Callas]] dira que personne ne l'a jamais chanté aussi bien.
De retour en France, il continue de chanter au cinéma ses plus grands succès, tant dans le domaine de la variété que des airs classiques. Ainsi, pour les besoins de ''Lumières de Paris'' de [[Richard Pottier]] en 1938, il chante l'[[Ave Maria (Gounod)|''Ave Maria'']] de [[Charles Gounod|Gounod]], dont la [[Maria Callas|Callas]] dira que personne ne l'a jamais chanté aussi bien.


En {{date-|mars 1939}}, il est acclamé un mois en Allemagne dans le plus célèbre cabaret de la capitale la [[Scala de Berlin]], mais refuse de prolonger cette série de galas à Hambourg et Vienne<ref>Entretien au magazine ''Pour vous'', {{n°|544}}, 19 avril 1939, ps 2-3.</ref>. Quelques semaines plus tard, Tino Rossi retrouve [[Jean Renoir]], à Rome où tous deux doivent tourner un film : ''La dernière corrida'' pour l’un (qui ne verra jamais le jour), ''[[La Tosca (film, 1941)|La Tosca]]'' pour l’autre. Pendant son séjour en Italie, Tino enregistre en napolitain, dans les studios Columbia de Milan, quatre titres inédits en France<ref group="n">''Serenatella'', ''Gelusia'', ''Perche non mami piu'' et ''Canta ancora nella notte'', 78 tours DQ3207 et DQ3208.</ref>.
En {{date-|mars 1939}}, il est acclamé un mois en Allemagne dans le plus célèbre cabaret de la capitale la [[Scala de Berlin]], mais refuse de prolonger cette série de galas à Hambourg et Vienne<ref>Entretien au magazine ''Pour vous'', {{n°|544}}, 19 avril 1939, ps 2-3.</ref>. Quelques semaines plus tard, Tino Rossi retrouve [[Jean Renoir]], à Rome où tous deux doivent tourner un film : ''La dernière corrida'' pour l’un (qui ne verra jamais le jour), ''[[La Tosca (film, 1941)|La Tosca]]'' pour l’autre. Pendant son séjour en Italie, Tino enregistre en [[napolitain]], dans les studios Columbia de Milan, quatre titres inédits en France<ref group="n">''Serenatella'', ''Gelusia'', ''Perche non mami piu'' et ''Canta ancora nella notte'', 78 tours DQ3207 et DQ3208.</ref>.


Lorsque la [[Seconde Guerre mondiale]] éclate, ses enregistrements se font alors au ralenti (aucun en 1940 car l'artiste, qui a effectué 18 mois de service militaire au {{22e}} Bataillon de [[Chasseurs alpins]], est mobilisé) et sa carrière cinématographique se poursuit en zone libre, en particulier avec ''[[Le soleil a toujours raison|Le Soleil a toujours raison]]'' (tourné en 1941, sorti en 1943), de [[Pierre Billon (réalisateur)|Pierre Billon]], adapté d'une nouvelle de [[Pierre Galante]]<ref group="n">Écrivain et journaliste, il travailla à ''Paris-Match'' et fut l'époux de l'actrice Olivia de Haviland.</ref>, dialogué par l'auteur et [[Jacques Prévert]]. La distribution en est prestigieuse : [[Micheline Presle]], [[Pierre Brasseur]], [[Charles Vanel]], [[Édouard Delmont]], [[Charles Blavette]] et [[Germaine Montero]]. Dans ce film, mis en musique par [[Joseph Kosma]], il interprète ''Le Chant du gardian'' de [[Loulou Gasté|Louis Gasté]] et [[Jean Féline]].
Lorsque la [[Seconde Guerre mondiale]] éclate, ses enregistrements se font alors au ralenti (aucun en 1940 car l'artiste, qui a effectué 18 mois de service militaire au [[22e bataillon de chasseurs alpins]], est mobilisé) et sa carrière cinématographique se poursuit en zone libre, en particulier avec ''[[Le soleil a toujours raison|Le Soleil a toujours raison]]'' (tourné en 1941, sorti en 1943), de [[Pierre Billon (réalisateur)|Pierre Billon]], adapté d'une nouvelle de [[Pierre Galante]], dialogué par l'auteur et [[Jacques Prévert]]. La distribution en est prestigieuse : [[Micheline Presle]], [[Pierre Brasseur]], [[Charles Vanel]], [[Édouard Delmont]], [[Charles Blavette]] et [[Germaine Montero]]. Dans ce film, mis en musique par [[Joseph Kosma]], il interprète ''Le Chant du gardian'' de [[Loulou Gasté|Louis Gasté]] et [[Jean Féline]].


En 1941, dans la région de [[Royan]], sous la direction de [[Jean Delannoy]], qui parlera<ref>Dans l'ouvrage intitulé ''Jean Delannoy : filmographie, propos, témoignages'', éd. Institut Jacques Prévert, 1985.</ref> d'un ''{{citation|succès mondial, peut-être le plus grand de toute [sa] carrière}}'', il tourne ''[[Fièvres (film, 1942)|Fièvres]]'' avec [[Madeleine Sologne]], [[Jacqueline Delubac]] et [[Ginette Leclerc]]. Outre ''Maria'' (de [[Roger Lucchesi]] et Jean Féline), il y chante l'''Ave Maria'' de [[Franz Schubert|Schubert]], qui va vite devenir l'un de ses tubes, plébiscité notamment durant la Seconde Guerre mondiale par les prisonniers qui jonchent les planches de billets en le réclamant à Tino Rossi<ref>Témoignage de Tino Rossi lors du ''Grand Échiquier'', 29 janvier 1981.</ref>. Il le chantera notamment lors de la croisière inaugurale du paquebot ''France'', en {{date-|janvier 1962}} (dont il fut, à la demande de la marraine du paquebot, [[Yvonne de Gaulle]], l'artiste invité d'honneur), puis le {{date-|19 décembre 1963}} sur la scène de l'[[Opéra de Paris]] (accompagné en duplex par [[Pierre Cochereau]], titulaire des orgues de [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]]) à l'occasion du grand gala de présentation du film d'[[Otto Preminger]], ''[[Le Cardinal (film)|Le Cardinal]]''.
En 1941, dans la région de [[Royan]], sous la direction de [[Jean Delannoy]], qui parlera<ref>Dans l'ouvrage intitulé ''Jean Delannoy : filmographie, propos, témoignages'', éd. Institut Jacques Prévert, 1985.</ref> d'un ''{{citation|succès mondial, peut-être le plus grand de toute [sa] carrière}}'', il tourne ''[[Fièvres (film, 1942)|Fièvres]]'' avec [[Madeleine Sologne]], [[Jacqueline Delubac]] et [[Ginette Leclerc]]. Outre ''Maria'' (de [[Roger Lucchesi]] et Jean Féline), il y chante l'[[Ellens dritter Gesang|''Ave Maria'']] de [[Franz Schubert|Schubert]], qui va vite devenir l'un de ses tubes, plébiscité notamment durant la Seconde Guerre mondiale par les prisonniers qui jonchent les planches de billets en le réclamant à Tino Rossi<ref>Témoignage de Tino Rossi lors du ''Grand Échiquier'', 29 janvier 1981.</ref>. Il le chantera notamment lors de la croisière inaugurale du paquebot [[France (paquebot)|''France'']], en {{date-|janvier 1962}} (dont il fut, à la demande de la marraine du paquebot, [[Yvonne de Gaulle]], l'artiste invité d'honneur), puis le {{date-|19 décembre 1963}} sur la scène de l'[[Opéra de Paris]] (accompagné en duplex par [[Pierre Cochereau]], titulaire des orgues de [[Cathédrale Notre-Dame de Paris|Notre-Dame de Paris]]) à l'occasion du grand gala de présentation du film d'[[Otto Preminger]], ''[[Le Cardinal (film)|Le Cardinal]]''.


==== Mariage avec Lilia Vetti ====
==== Mariage avec Lilia Vetti ====
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À la fin de l'été 1941, au casino d'[[Aix-les-Bains]], [[Mistinguett]] lui présente la danseuse niçoise Rosalie Cervetti, dite [[Lilia Vetti]] ([[1923]]-[[2003]]), la femme de sa vie comme il le lui chantera en 1977<ref group="n">Pour leurs noces de perle dans une chanson signée G. Gustin et C. Desage.</ref>. Moins de deux mois après la naissance de leur fils [[Laurent Rossi|Laurent Emmanuel]], il l'épouse le {{date-|14 juillet 1948}} à [[Cassis (Bouches-du-Rhône)|Cassis]], dont le maire [[Section française de l'Internationale ouvrière|SFIO]] est son ami le médecin et [[Résistance française|résistant]] Emmanuel Agostini<ref>Journal ''Samedi-Soir'', {{n°|159}}, {{date-|24 juillet 1948}}.</ref>, le parrain du bébé.
À la fin de l'été 1941, au casino d'[[Aix-les-Bains]], [[Mistinguett]] lui présente la danseuse niçoise Rosalie Cervetti, dite [[Lilia Vetti]] ([[1923]]-[[2003]]), la femme de sa vie comme il le lui chantera en 1977<ref group="n">Pour leurs noces de perle dans une chanson signée G. Gustin et C. Desage.</ref>. Moins de deux mois après la naissance de leur fils [[Laurent Rossi|Laurent Emmanuel]], il l'épouse le {{date-|14 juillet 1948}} à [[Cassis (Bouches-du-Rhône)|Cassis]], dont le maire [[Section française de l'Internationale ouvrière|SFIO]] est son ami le médecin et [[Résistance française|résistant]] Emmanuel Agostini<ref>Journal ''Samedi-Soir'', {{n°|159}}, {{date-|24 juillet 1948}}.</ref>, le parrain du bébé.


En 1943, dans ''[[Le Chant de l'exilé]]'', réalisé en 1942 par [[André Hugon]], Tino Rossi chante ''Paquita'' et ''Ce matin même'' (paroles d'[[Édith Piaf]]), et son personnage s'engage patriotiquement dans les Pionniers du Sahara, au grand dam des autorités allemandes qui voient dans ce scénario une propagande en faveur de la Résistance. Quelques mois plus tard, sort ''[[Mon amour est près de toi]]'' (de [[Richard Pottier]]), seul film tourné par Tino Rossi sous l'égide de [[Continental-Films|La Continental]] allemande, distribuée en France par Tobis Films<ref group="n">À la Libération, il sera décidé que les acteurs qui avaient tourné plus de trois films avec La Continental seront poursuivis.</ref>. Les chansons de ce film (''Madame la nuit'', ''Quand on est marinier'', ''J'ai deux mots dans mon cœur'' et ''Quel beau jour, mon amour'') sont signées notamment Vincent Scotto, Roger Lucchesi et [[Francis Lopez]].
En 1943, dans ''[[Le Chant de l'exilé]]'', réalisé en 1942 par [[André Hugon]], Tino Rossi chante ''Paquita'' et ''Ce matin même'' (paroles d'[[Édith Piaf]]), et son personnage s'engage patriotiquement dans les Pionniers du Sahara, au grand dam des autorités allemandes qui voient dans ce scénario une propagande en faveur de la Résistance. Quelques mois plus tard, sort ''[[Mon amour est près de toi]]'' (de [[Richard Pottier]]), seul film tourné par Tino Rossi sous l'égide de la [[Continental Films|Continental]], distribuée en France par Tobis Films<ref group="n">À la Libération, il sera décidé que les acteurs qui avaient tourné plus de trois films avec la Continental seront poursuivis.</ref>. Les chansons de ce film (''Madame la nuit'', ''Quand on est marinier'', ''J'ai deux mots dans mon cœur'' et ''Quel beau jour, mon amour'') sont signées notamment Vincent Scotto, Roger Lucchesi et [[Francis Lopez]].


==== De ''L'Île d'amour'' à ''Envoi de fleurs'' ====
==== De ''L'Île d'amour'' à ''Envoi de fleurs'' ====
Le {{date-|2 février 1944}}, en tant que président d'honneur du Comité général des Corses de Paris, il organise et présente au profit des prisonniers corses un grand gala présidé par [[Emmanuel de Peretti de La Rocca]], qui fut ambassadeur à Madrid et Bruxelles. [[Jo Bouillon]] (futur mari de [[Joséphine Baker]]), [[Mistinguett]], Édith Piaf, [[Albert Préjean]] ou [[Jean Weber]] (de la [[Comédie-Française]]) apportent leur « concours gracieux » à cette soirée. Le luxueux programme édité pour l'occasion annonce la présence prochaine de Tino dans ''La Légende du Chêne blanc'', un film qui ne verra jamais le jour.
Le {{date-|2 février 1944}}, en tant que président d'honneur du Comité général des Corses de Paris, il organise et présente au profit des prisonniers corses un grand gala présidé par [[Emmanuel de Peretti de La Rocca]], qui fut ambassadeur à Madrid et Bruxelles. [[Jo Bouillon]], [[Mistinguett]], [[Édith Piaf]], [[Albert Préjean]] ou [[Jean Weber]] apportent leur « concours gracieux » à cette soirée. Le luxueux programme édité pour l'occasion annonce la présence prochaine de Tino dans ''La Légende du Chêne blanc'', un film qui ne verra jamais le jour.


Un peu plus tard, sort ''[[L'Île d'amour (film, 1944)|L'Île d'amour]]'', de [[Maurice Cam]], « peut-être le meilleur film de Tino Rossi » selon [[Jean Tulard]], qui le compare à ''Colomba''<ref>Journal ''Le Figaro'', {{date-|15 août 2003}}, article de Philippe d'Hugues.</ref>. Également considéré comme le premier film écologiste de l'histoire du cinéma<ref>René Chateau, ''Tino Rossi et le cinéma'', éd. René Chateau, 1993, {{p.|63}}.</ref>, il met en scène un promoteur immobilier qui veut transformer un village en station balnéaire. Tino Rossi y chante ''Mon île d'amour'', ''Le joyeux bandit'' et la ''Complainte corse'' de Roger Lucchesi. Les Allemands ayant interdit son tournage en Corse, le réalisateur Maurice Cam se replie sur la Côte d'Azur sous le contrôle d'un superviseur de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] qui veille à ce qu'aucun objectif militaire ne se trouve dans le champ des caméras. Tournée à son insu, la scène finale vaudra une convocation générale de l'équipe au bureau militaire<ref>Témoignage de Tino Rossi dans le magazine ''Cinémonde'' {{n°|663}}, {{date-|15 avril 1947}}, {{p.|16}}.</ref>.
Un peu plus tard, sort ''[[L'Île d'amour (film, 1944)|L'Île d'amour]]'', de [[Maurice Cam]], « peut-être le meilleur film de Tino Rossi » selon [[Jean Tulard]], qui le compare à ''Colomba''<ref>Journal ''Le Figaro'', {{date-|15 août 2003}}, article de Philippe d'Hugues.</ref>. Également considéré comme le premier film écologiste de l'histoire du cinéma<ref>René Chateau, ''Tino Rossi et le cinéma'', éd. René Chateau, 1993, {{p.|63}}.</ref>, il met en scène un promoteur immobilier qui veut transformer un village en station balnéaire. Tino Rossi y chante ''Mon île d'amour'', ''Le joyeux bandit'' et la ''Complainte corse'' de Roger Lucchesi. Les Allemands ayant interdit son tournage en Corse, le réalisateur Maurice Cam se replie sur la Côte d'Azur sous le contrôle d'un superviseur de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] qui veille à ce qu'aucun objectif militaire ne se trouve dans le champ des caméras. Tournée à son insu, la scène finale vaudra une convocation générale de l'équipe au bureau militaire<ref>Témoignage de Tino Rossi dans le magazine ''Cinémonde'' {{n°|663}}, {{date-|15 avril 1947}}, {{p.|16}}.</ref>.
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[[Fichier:Radio. Tino Rossi BAnQ P48S1P23363.jpg|vignette|redresse=1|Tino Rossi avec [[Jean-Marie Beaudet]] de la station radiophonique C.B.C. à Montréal en 1947.]]
[[Fichier:Radio. Tino Rossi BAnQ P48S1P23363.jpg|vignette|redresse=1|Tino Rossi avec [[Jean-Marie Beaudet]] de la station radiophonique C.B.C. à Montréal en 1947.]]


La guerre ? Dans son autobiographie, Tino y consacre quatre lignes. Pourtant, arrêté à la sortie de son tour de chant au Moulin Rouge le 7 octobre 1944, accusé de collaboration, Tino Rossi se défend : "J' ai agi en bon Français." Au fond, que lui reproche-t-on ? D'avoir grossi pendant l'Occupation, quand tout le monde maigrissait. Son cachet pour le film "Marinella" était de 85 000 francs. Pour "Au son des guitares" : 275 000 francs. "Lumières de Paris" : 800 000 francs. Et pour "Mon amour est près de toi", produit par la Continental - firme financée par des capitaux allemands -, il a reçu 1 200 000 francs. "J' ai toujours fait mon possible pour éviter les Allemands" , affirme Tino. On le libère, avec des excuses officielles. Montherlant écrit :
En 1946, après ''[[Le Gardian]]'' (tourné dangereusement sur des plages de Camargue truffées de mines, où figure notamment la chanson ''Jamais deux sans trois'', cosignée [[Françoise Giroud]]), il tient un double rôle dans ''[[Destins]]'' de [[Richard Pottier]]. Le scénario initial prévoyait que Tino interprète, en français, un [[negro spiritual]] avec des chanteurs noirs [[New York|new yorkais]]. Les artistes ayant rejoint précipitamment les États-Unis, le scénariste [[Carlo Rim]] doit vite revoir sa copie. Puisqu'un enfant tient un grand rôle dans ce film sans relief, prévu pour sortir au mois de décembre, Tino Rossi demande une création française de Noël. [[Émile Audiffred]] suggère alors à [[Henri Martinet]] de jouer au piano sa mélodie de Noël, enfouie au fond de ses tiroirs après avoir fait un bide dans sa revue ''Ça reviendra'' donnée au théâtre marseillais de l'Odéon, en 1944 : le public n'avait pas été touché par cette lettre d'un enfant demandant au Père Noël, par la voix du fantaisiste local Xavier Lemercier, de ne lui apporter ni soldats ni guerre mais de lui offrir le retour de son papa, prisonnier. Tino Rossi sent immédiatement le potentiel de la chanson et la fredonne en boucle. Sur de nouvelles paroles de [[Raymond Vincy]], son ''Petit Papa Noël'' est né<ref>{{lien web|titre=Découvrez l'histoire de la chanson Petit papa Noël de Tino Rossi |url=http://lci.tf1.fr/jt-13h/videos/2015/decouvrez-l-histoire-de-la-chanson-petit-papa-noel-de-tino-rossi-8699048.html |site=Tf1.fr |périodique=LCI |date=23-12-2015 |consulté le=04-07-2020}}.</ref>. La chanson, qualifiée de « berceuse » dans le scénario, comporte un couplet jamais enregistré<ref group="n">« Et si tu dois t’arrêter / Sur les toits du monde entier / Tout ça avant demain matin, / Mets-toi vite, vite en chemin. »</ref>.


"Sur le demi-cadavre d'une nation avilie, la France va retourner à la belote et à Tino Rossi."
En {{date-|avril 1947}}, les écrans parisiens du [[Gaumont-Opéra|Paramount]] et du [[Le Paris (cinéma parisien)|Paris]] accueillent ''[[Le Chanteur inconnu (film, 1947)|Le Chanteur inconnu]]'', second film tourné par Tino Rossi avec [[André Cayatte]], après ''Sérénade aux nuages'' (1945). Pour les besoins de ce « mélodrame à suspense »<ref>René Chateau, ''Tino Rossi et le cinéma'', {{opcit}}, {{p.|81}}.</ref>, remake d'un film de 1931 avec le ténor [[Lucien Muratore]], entouré de [[Raymond Bussières]], Lilia Vetti, [[Maria Mauban]] et [[Lucien Nat]], il chante [[Frédéric Chopin|Chopin]], [[Johannes Brahms|Brahms]] et [[Édouard Lalo|Lalo]].


En 1946, après ''[[Le Gardian]]'' (tourné dangereusement sur des plages de Camargue truffées de mines, où figure notamment la chanson ''Jamais deux sans trois'', cosignée [[Françoise Giroud]]), il tient un double rôle dans ''[[Destins]]'' de [[Richard Pottier]]. Le scénario initial prévoyait que Tino interprète, en français, un [[negro spiritual]] avec des chanteurs noirs [[New York|new yorkais]]. Les artistes ayant rejoint précipitamment les États-Unis, le scénariste [[Carlo Rim]] doit vite revoir sa copie. Puisqu'un enfant tient un grand rôle dans ce film sans relief, prévu pour sortir au mois de décembre, Tino Rossi demande une création française de Noël. [[Émile Audiffred]] suggère alors à [[Henri Martinet]] de jouer au piano sa mélodie de Noël, enfouie au fond de ses tiroirs après avoir fait un bide dans sa revue ''Ça reviendra'' donnée au théâtre marseillais de l'Odéon, en 1944 : le public n'avait pas été touché par cette lettre d'un enfant demandant au Père Noël, par la voix du fantaisiste local Xavier Lemercier, de ne lui apporter ni soldats ni guerre mais de lui offrir le retour de son papa, prisonnier. Tino Rossi sent immédiatement le potentiel de la chanson et la fredonne en boucle. Sur de nouvelles paroles de [[Raymond Vincy]], son ''Petit Papa Noël'' est né<ref>{{lien web|titre=Découvrez l'histoire de la chanson Petit papa Noël de Tino Rossi |url=http://lci.tf1.fr/jt-13h/videos/2015/decouvrez-l-histoire-de-la-chanson-petit-papa-noel-de-tino-rossi-8699048.html |site=Tf1.fr |périodique=LCI |date=23-12-2015 |consulté le=04-07-2020}}.</ref>. La chanson, qualifiée de « berceuse » dans le scénario, comporte un couplet jamais enregistré<ref group="n">« Et si tu dois t’arrêter / Sur les toits du monde entier / Tout ça avant demain matin, / Mets-toi vite, vite en chemin. »</ref>.
En 1948, il rentre d'une longue tournée en [[Amérique du Sud]] après avoir enregistré en espagnol les plus célèbres tangos argentins, et interprète le rôle du compositeur [[Franz Schubert]] dans ''[[La Belle Meunière (film)|La Belle Meunière]]'' de [[Marcel Pagnol]], aux côtés de [[Jacqueline Pagnol]], de sa fille Pierrette (également comédienne dans la troupe de [[Robert Dhéry]], « Les Branquignols ») et de Lilia Vetti. Le moulin de [[La Colle-sur-Loup]] offre les décors et [[Tony Aubin]] (1907-1981), chef d'orchestre et professeur de composition au Conservatoire de Paris, les arrangements musicaux. Ce film est le premier film en couleur tourné en France par des Français avec un procédé français, celui mis au point dès avant la [[Seconde Guerre mondiale]] par les frères Armand et Lucien Roux. Malheureusement, nécessitant des moyens de projection spécifiques onéreux, ce procédé fera long feu malgré l’enthousiasme du ''New York Time'' : « Nous avons vu les plus belles prises de vue qui aient jamais paru sur un écran<ref>http://www.marcel-pagnol.com/colle-sur-loup.php</ref>. »

En {{date-|avril 1947}}, les écrans parisiens du [[Pathé Palace (Paris)|Paramount]] et du [[Le Paris (cinéma parisien)|Paris]] accueillent ''[[Le Chanteur inconnu (film, 1947)|Le Chanteur inconnu]]'', second film tourné par Tino Rossi avec [[André Cayatte]], après ''Sérénade aux nuages'' (1945). Pour les besoins de ce « mélodrame à suspense »<ref>René Chateau, ''Tino Rossi et le cinéma'', {{opcit}}, {{p.|81}}.</ref>, remake d'un film de 1931 avec le ténor [[Lucien Muratore]], entouré de [[Raymond Bussières]], Lilia Vetti, [[Maria Mauban]] et [[Lucien Nat]], il chante [[Frédéric Chopin|Chopin]], [[Johannes Brahms|Brahms]] et [[Édouard Lalo|Lalo]].

En 1948, il rentre d'une longue tournée en [[Amérique du Sud]] après avoir enregistré en [[espagnol]] les plus célèbres tangos argentins, et interprète le rôle du compositeur [[Franz Schubert]] dans ''[[La Belle Meunière (film)|La Belle Meunière]]'' de [[Marcel Pagnol]], aux côtés de [[Jacqueline Pagnol]], de sa fille Pierrette (également comédienne dans la troupe de [[Robert Dhéry]], « Les Branquignols ») et de Lilia Vetti. Le moulin de [[La Colle-sur-Loup]] offre les décors et [[Tony Aubin]], chef d'orchestre et professeur de composition au Conservatoire de Paris, les arrangements musicaux. Ce film est le premier film en couleur tourné en France par des Français avec un procédé français, celui mis au point dès avant la [[Seconde Guerre mondiale]] par les frères Armand et Lucien Roux. Malheureusement, nécessitant des moyens de projection spécifiques onéreux, ce procédé fera long feu malgré l’enthousiasme du ''New York Time'' : « Nous avons vu les plus belles prises de vue qui aient jamais paru sur un écran<ref>http://www.marcel-pagnol.com/colle-sur-loup.php</ref>. »


En 1950, [[Jean Stelli]] réalise autour de lui ''[[Envoi de fleurs]]'', la seule biographie filmée, et romancée, de [[Paul Delmet]].
En 1950, [[Jean Stelli]] réalise autour de lui ''[[Envoi de fleurs]]'', la seule biographie filmée, et romancée, de [[Paul Delmet]].


=== Un Noël en prison et ''Petit Papa Noël'' ===
=== Un Noël en prison et ''Petit Papa Noël'' ===
Sous l'Occupation, il chante à de multiples reprises ''Quand tu reverras ton village'', composée par [[Charles Trenet]], {{citation|la chanson d'espoir de tous les prisonniers de guerre}}<ref>Pierre Barillet, ''Quatre années sans relâche'', éd. De Fallois, 2001, {{p.|121}}.</ref>, refuse, malgré un cachet important, d'enregistrer ''[[Maréchal, nous voilà !]]'' et sollicite très régulièrement de plusieurs médecins des certificats de complaisance pour ne pas honorer {{citation|certaines invitations pressantes}}<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=116}}.</ref>. Mais ces échappatoires ne sont pas toujours suffisantes. Ainsi est-il cueilli à l'[[ABC (music-hall)|ABC]], le {{date-|1 mai 1942}}, avec son orchestre, et conduit à [[Théâtre de l'Empire|l'Empire]] pour interpréter deux ou trois chansons lors d'un gala en faveur de la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme]], sa participation ayant été affichée la veille, à son insu, après qu'il a {{citation|prétexté la fatigue pour ne pas chanter}}<ref>Audition de Tino Rossi par le commissaire G. Clot, {{date-|13 octobre 1944}} : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Seconde Guerre mondiale, fichier manuel A', réf. : F° delta rés 787.</ref>. D'autre part, tandis qu'à Marseille Lilia Vetti sauve [[Georges Cravenne]] d'une arrestation par la Gestapo, Tino Rossi cache dans son orchestre en tant que pianiste le compositeur juif polonais [[Norbert Glanzberg]], qui deviendra son accompagnateur après la guerre. Édith Piaf, [[Georges Auric]] et Mistinguett le protègent alors également<ref>Journal ''Libération'', art. de Hélène Hazera mis sur Internet le {{date-|21 mai 1999}}.</ref>. Pourtant, malgré ce rempart amical, le {{date-|2 mai 1943}}, Norbert Glanzberg est arrêté et condamné à une peine d'emprisonnement de six mois, à [[Nice]], pour détention de faux papiers. Tino Rossi alerte l'actrice [[Marie Bell]] : avec la complicité de l'intendant régional de police [[Paul Duraffour]] et d'un gardien de prison corse, ils réussissent à le faire évader au mois d'août<ref>Article de la journaliste webmaster Véronique Chemla, {{date-|8 juillet 2011}}.</ref>{{référence non conforme|date=novembre 2021}}.
Sous l'Occupation, il chante à de multiples reprises ''Quand tu reverras ton village'', composée par [[Charles Trenet]], {{citation|la chanson d'espoir de tous les prisonniers de guerre}}<ref>Pierre Barillet, ''Quatre années sans relâche'', éd. De Fallois, 2001, {{p.|121}}.</ref>, refuse, malgré un cachet important, d'enregistrer ''[[Maréchal, nous voilà !]]'' et sollicite très régulièrement de plusieurs médecins des certificats de complaisance pour ne pas honorer {{citation|certaines invitations pressantes}}<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=116}}.</ref>. Mais ces échappatoires ne sont pas toujours suffisantes. Ainsi est-il cueilli à l'[[ABC (music-hall)|ABC]], le {{date-|1 mai 1942}}, avec son orchestre, et conduit à [[théâtre de l'Empire|l'Empire]] pour interpréter deux ou trois chansons lors d'un gala en faveur de la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme]], sa participation ayant été affichée la veille, à son insu, après qu'il a {{citation|prétexté la fatigue pour ne pas chanter}}<ref>Audition de Tino Rossi par le commissaire G. Clot, {{date-|13 octobre 1944}} : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Seconde Guerre mondiale, fichier manuel A', réf. : F° delta rés 787.</ref>. D'autre part, tandis qu'à Marseille Lilia Vetti sauve [[Georges Cravenne]] d'une arrestation par la [[Gestapo]], Tino Rossi cache dans son orchestre en tant que pianiste le compositeur juif polonais [[Norbert Glanzberg]], qui deviendra son accompagnateur après la guerre. Édith Piaf, [[Georges Auric]] et Mistinguett le protègent alors également<ref>Journal ''Libération'', art. de Hélène Hazera mis sur Internet le {{date-|21 mai 1999}}.</ref>. Pourtant, malgré ce rempart amical, le {{date-|2 mai 1943}}, Norbert Glanzberg est arrêté et condamné à une peine d'emprisonnement de six mois, à [[Nice]], pour détention de faux papiers. Tino Rossi alerte l'actrice [[Marie Bell]] : avec la complicité de l'intendant régional de police [[Paul Duraffour]] et d'un gardien de prison corse, ils réussissent à le faire évader au mois d'août<ref>Article de la journaliste webmaster Véronique Chemla, {{date-|8 juillet 2011}}.</ref>{{référence non conforme|date=novembre 2021}}.


Par ailleurs, une amitié corse lie Tino Rossi à [[Étienne Leandri]]<ref group="n">Condamné à vingt ans de travaux forcés pour « intelligence économique avec l'ennemi », il se met rapidement au service de la C.I.A. Amnistié, Leandri deviendra l'un des piliers des réseaux d'un autre Corse, le résistant gaulliste [[Charles Pasqua]].</ref> (comme lui habitué du [[Fouquet's]]) et il connait nombre de figures corses du milieu marseillais, dont le parrain [[Paul Carbone]], mort le {{date-|15 décembre 1943}} dans le déraillement du train de nuit Marseille-Paris provoqué par la Résistance qui vise des permissionnaires allemands<ref group="n">Lors de ses obsèques, l'église Sainte-Marie-des-Batignolles fut envahie de personnalités du monde politique ou du spectacle et de couronnes d'orchidées.</ref>, ainsi que son associé [[François Spirito]] ; tous deux font des affaires avec l'occupant<ref>Documentaire télévisé ''L'Occupation sans relâche'' d'Yves Riou et Philippe Pouchain, {{date-|19 décembre 2010}}.</ref>.
Par ailleurs, une amitié corse lie Tino Rossi au trafiquant [[Étienne Leandri]] (comme lui habitué du [[Fouquet's]]) et il fréquente nombre de figures corses du milieu marseillais, dont le parrain et collaborateur [[Paul Carbone]], mort le {{date-|15 décembre 1943}} dans le déraillement du train de nuit Marseille-Paris provoqué par la Résistance qui vise des permissionnaires allemands<ref group="n">Lors de des obsèques de Paul Carbone, l'église Sainte-Marie-des-Batignolles fut envahie de personnalités du monde politique ou du spectacle et de couronnes d'orchidées, Tino Rossi chanta l'''Ave Maria'' et ''L'Ajacienne''.</ref>, ainsi que son associé [[François Spirito]] ; tous deux font des affaires avec l'occupant<ref>Documentaire télévisé ''L'Occupation sans relâche'' d'Yves Riou et Philippe Pouchain, {{date-|19 décembre 2010}}.</ref>.


Comme de nombreuses célébrités<ref>Journal ''Le Figaro'', {{date-|15 août 2003}}, op. cit.</ref>, Tino Rossi est arrêté le {{date-|7 octobre 1944}} : plusieurs policiers à la recherche de renseignements sur un Corse l'attendent dans les coulisses du [[Moulin-Rouge]] pendant qu'il donne un gala au profit des personnes âgées de Montmartre. « Les Corses m'en ont assez fait voir. Foutez-moi ça au trou », lui assène bientôt un commissaire. Suit une détention de trois mois à la prison de [[Centre pénitentiaire de Fresnes|Fresnes]] durant laquelle il refuse l'aide d'un avocat et interdit à Lilia Vetti de {{citation|donner un franc pour sa libération}} au risque de le perdre<ref>Témoignage de Lilia Vetti ({{Mme|Tino}} Rossi) : {{harvsp|Rossi|1993|p=115-117}}.</ref>. Il est exempté de toute poursuite par un juge estimant dénuée de fondement<ref group="n">Éclaboussé par une affaire de drogue puis mis à la retraite en 1963 « pour raisons de santé », le médiatique Georges Clot (1907-1972) a inspiré le sulfureux personnage de l'inspecteur Blot, brossé par Paul Meurisse dans le film de Jean-Pierre Melville ''Le Deuxième Souffle'' (1966), tiré d'un ouvrage de José Giovanni.</ref> l'instruction montée contre lui par l'inspecteur Georges Clot qui avait cité de {{citation|nombreux témoins}} signalant son {{citation|comportement anti-français}}. Tino Rossi {{incise|fait rarissime à l'époque}} reçoit d'exceptionnelles excuses officielles<ref>Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Seconde Guerre mondiale, fichier manuel A', réf. : F° delta rés 787.</ref> car les faits suivants plaident pour lui : fin 1941, il répond à un journaliste de ''L'Alerte''<ref group="n">Dans cet hebdomadaire pétainiste, édité à Nice de septembre 1940 à octobre 1943, a notamment écrit le futur Compagnon de la Libération Pierre de Bénouville.</ref> lui demandant de formuler un vœu pour son île natale pour la nouvelle année 1942 {{citation|qu'elle reste toujours française}}<ref>Emmanuel Bonini, ''Le Vrai Tino'', éd. Didier Carpentier, 2013, {{p.|239 et 279}}.</ref> et, en {{date-|octobre 1943}}, il prête sa voiture personnelle à un réseau de Résistance pour transporter des armes et permettre plusieurs évasions (dont celle d'un général)<ref>Attestation d'Eugène Trouche, membre de la {{34e}} Commission de Sécurité et d'Enquêtes des Bouches-du-Rhône, {{date-|5 mai 1945}} (Emmanuel Bonini, ''Le Vrai Tino'', {{opcit}}, {{p.|285}}).</ref>.
Comme de nombreuses célébrités ayant fréquenté des collaborateurs<ref>Journal ''Le Figaro'', {{date-|15 août 2003}}, op. cit.</ref>, Tino Rossi est arrêté le {{date-|7 octobre 1944}} : plusieurs policiers à la recherche de renseignements sur un Corse l'attendent dans les coulisses du [[Moulin-Rouge]] pendant qu'il donne un gala au profit des personnes âgées de Montmartre. « Les Corses m'en ont assez fait voir. Foutez-moi ça au trou », lui assène bientôt un commissaire. Suit une détention de trois mois à la prison de [[Centre pénitentiaire de Fresnes|Fresnes]] durant laquelle il refuse l'aide d'un avocat et interdit à Lilia Vetti de {{citation|donner un franc pour sa libération}} au risque de le perdre<ref>Témoignage de Lilia Vetti ({{Mme|Tino}} Rossi) : {{harvsp|Rossi|1993|p=115-117}}.</ref>. Il est exempté de toute poursuite par un juge estimant dénuée de fondement<ref group="n">Éclaboussé par une affaire de drogue puis mis à la retraite en 1963 « pour raisons de santé », le médiatique Georges Clot (1907-1972) a inspiré le sulfureux personnage de l'inspecteur Blot, brossé par Paul Meurisse dans le film de Jean-Pierre Melville ''Le Deuxième Souffle'' (1966), tiré d'un ouvrage de José Giovanni.</ref> l'instruction montée contre lui par l'inspecteur Georges Clot qui avait cité de {{citation|nombreux témoins}} signalant son {{citation|comportement anti-français}}. Tino Rossi {{incise|fait rarissime à l'époque}} reçoit d'exceptionnelles excuses officielles<ref>Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Seconde Guerre mondiale, fichier manuel A', réf. : F° delta rés 787.</ref> car les faits suivants plaident pour lui : fin 1941, il répond à un journaliste de ''L'Alerte''<ref group="n">Dans cet hebdomadaire pétainiste, édité à Nice de septembre 1940 à octobre 1943, a notamment écrit le futur Compagnon de la Libération Pierre de Bénouville.</ref> lui demandant de formuler un vœu pour son île natale pour la nouvelle année 1942 {{citation|qu'elle reste toujours française}}<ref>Emmanuel Bonini, ''Le Vrai Tino'', éd. Didier Carpentier, 2013, {{p.|239 et 279}}.</ref> et, en {{date-|octobre 1943}}, il prête sa voiture personnelle à un réseau de Résistance pour transporter des armes et permettre plusieurs évasions (dont celle d'un général)<ref>Attestation d'Eugène Trouche, membre de la {{34e}} Commission de Sécurité et d'Enquêtes des Bouches-du-Rhône, {{date-|5 mai 1945}} (Emmanuel Bonini, ''Le Vrai Tino'', {{opcit}}, {{p.|285}}).</ref>.


Avec ''[[Petit Papa Noël (chanson)|Petit Papa Noël]]'', qu'il interprète pour la première fois en public sur la scène de l'[[ABC (music-hall)|ABC]] en 1948, il remporte un phénoménal succès. En ce premier vrai Noël depuis 1938, ce cantique laïc arrive opportunément pour restaurer la plus traditionnelle des fêtes familiales et répondre aux instructions gouvernementales (pas de chants religieux dans les écoles de la République) mises en place par le ministre [[Marcel-Edmond Naegelen]]<ref group="n">Président de la Haute Cour de Justice au moment de la Libération, il est chargé de réorganiser et épurer l'Éducation nationale</ref>{{,}}<ref>[http://www.franceinfo.fr/emission/histoires-d-info/2014-2015/en-1947-un-vibrant-plaidoyer-pour-l-ecole-laique-15-01-2015-04-55 En 1947, un vibrant plaidoyer pour l'école laïque], France info.</ref>{{,}}<ref>[http://www.franceinfo.fr/emission/histoires-d-info/2014-2015/pere-noel-1-eglise-0-25-12-2014-05-10 Père Noël 1 - Église 0], France info.</ref>.
Avec ''[[Petit Papa Noël (chanson)|Petit Papa Noël]]'', qu'il interprète pour la première fois en public sur la scène de l'[[ABC (music-hall)|ABC]] en 1948, il remporte un phénoménal succès. En ce premier vrai Noël depuis 1938, ce cantique laïc arrive opportunément pour restaurer la plus traditionnelle des fêtes familiales et répondre aux instructions gouvernementales (pas de chants religieux dans les écoles de la République) mises en place par le ministre [[Marcel-Edmond Naegelen]]<ref>[http://www.franceinfo.fr/emission/histoires-d-info/2014-2015/en-1947-un-vibrant-plaidoyer-pour-l-ecole-laique-15-01-2015-04-55 En 1947, un vibrant plaidoyer pour l'école laïque], France info.</ref>{{,}}<ref>[http://www.franceinfo.fr/emission/histoires-d-info/2014-2015/pere-noel-1-eglise-0-25-12-2014-05-10 Père Noël 1 - Église 0], France info.</ref>.


Dans la foulée de ce triomphe, Tino Rossi multipliera les enregistrements de chants de Noël, notamment ''Petite étoile de Noël'' (1952), ''[[White Christmas (chanson)|Noël blanc]]'' (1955) (version française de [[Francis Blanche]] du fameux ''[[White Christmas (chanson)|White Christmas]]'' créé par [[Bing Crosby]] en 1941), ''[[C'est Noël]]'' (1956), ''[[Douce nuit, sainte nuit|Douce nuit]]'' (1960), ''Noël des enfants oubliés'' (1968)...
Dans la foulée de ce triomphe, Tino Rossi multipliera les enregistrements de chants de Noël, notamment ''Petite étoile de Noël'' (1952), ''[[White Christmas (chanson)|Noël blanc]]'' (1955) (version française de [[Francis Blanche]] du fameux ''[[White Christmas (chanson)|White Christmas]]'' créé par [[Bing Crosby]] en 1941), ''[[C'est Noël]]'' (1956), ''[[Douce nuit, sainte nuit|Douce nuit]]'' (1960), ''Noël des enfants oubliés'' (1968)


=== De l'opérette à la télévision ===
=== De l'opérette à la télévision ===
Après le film ''[[Tourments (film, 1954)|Tourments]]'' (1954, de [[Jacques Daniel-Norman]], avec [[Blanchette Brunoy]]), Tino Rossi décide de s'éloigner du cinéma et souhaite débuter dans l'opérette (bien qu'il participe toutefois à ''[[Si Versailles m'était conté...]]''). Sa carrière dans l'opérette commence officiellement le {{date-|17 décembre 1955}} avec ''[[Méditerranée (opérette)|Méditerranée]]'' au [[Théâtre du Châtelet]], l’opérette de [[Francis Lopez]] et [[Raymond Vincy]] (le parolier de ''Petit Papa Noël'') qui se joue jusqu'en 1957, à guichets fermés. Elle est suivie de ''Naples au baiser de feu'', montée au [[Théâtre Mogador]] et donnée également près de deux ans à guichets fermés avant de partir en tournée dans toute la France et à l'étranger.
Après le film ''[[Tourments (film, 1954)|Tourments]]'' (1954, de [[Jacques Daniel-Norman]], avec [[Blanchette Brunoy]]), Tino Rossi décide de s'éloigner du cinéma et souhaite débuter dans l'[[opérette]] (bien qu'il participe toutefois à ''[[Si Versailles m'était conté...]]''). Sa carrière dans l'opérette commence officiellement le {{date-|17 décembre 1955}} avec ''[[Méditerranée (opérette)|Méditerranée]]'' au [[théâtre du Châtelet]], l’opérette de [[Francis Lopez]] et [[Raymond Vincy]] (le parolier de ''Petit Papa Noël'') qui se joue jusqu'en 1957, à guichets fermés. Elle est suivie de ''Naples au baiser de feu'', montée au [[théâtre Mogador]] et donnée également près de deux ans à guichets fermés avant de partir en tournée dans toute la France et à l'étranger.


En 1963, en pleine mode [[yéyé]], le succès revient, cette fois à l'[[ABC (music-hall)|ABC]], avec ''Le Temps des guitares''.
En 1963, en pleine mode [[yéyé]], le succès revient, cette fois à l'[[ABC (music-hall)|ABC]], avec ''Le Temps des guitares''.


En 1969, il récidive avec ''Le Marchand de soleil'', de nouveau sur la scène du [[Théâtre Mogador]]. Néanmoins, Tino Rossi arrive à un âge où il désire mieux profiter de sa famille et de la Corse. On ne le verra donc plus sur scène qu'à l'occasion de tournées régulières (y compris à l'étranger) et de nombreuses participations bénévoles à des galas. Ainsi, le jeudi {{date-|3 juin 1976}} aux [[jardin des Tuileries|Tuileries]], devant six mille personnes (et plus de quinze mille qui suivent le spectacle sur écran géant), il chante au profit de la campagne écologique de la Ville de Paris, baptisée « Paris {{Unité|2000|espaces}} verts ».
En 1969, il récidive avec ''Le Marchand de soleil'', de nouveau sur la scène du [[théâtre Mogador]]. Néanmoins, Tino Rossi arrive à un âge où il désire mieux profiter de sa famille et de la Corse. On ne le verra donc plus sur scène qu'à l'occasion de tournées régulières (y compris à l'étranger) et de nombreuses participations bénévoles à des galas. Ainsi, le {{date-|3 juin 1976}} aux [[jardin des Tuileries|Tuileries]], devant six mille personnes (et plus de quinze mille qui suivent le spectacle sur écran géant), il chante au profit de la campagne écologique de la Ville de Paris, baptisée « Paris {{Unité|2000|espaces}} verts ».


Parallèlement, il apparaît dans plusieurs émissions télévisées, parmi lesquelles ''[[Cadet Rousselle (émission de télévision)|Cadet Rousselle]]'' (1971), ''Tino Rossi pour toujours'' (1973), ''[[Numéro un (émission de télévision)|Numéro un]]'' de [[Maritie et Gilbert Carpentier]] (1977)<ref group="n">Au cours de ce show, Tino Rossi et Georges Brassens s'amusent à chanter en duo ''Santa Lucia''. Les deux amis récidivent le {{date-|24 décembre 1979}} dans ''Venise et Bretagne''.</ref>, ''Joyeux Noël Tino'' (1979), ''[[Le Palmarès des chansons]]'' (1980), ''[[30 millions d'amis]]'', un entretien en langue corse pour le magazine de France 3 ''Di Casa'' (1980), ''[[Le Grand Échiquier]]'' (1981)...
Parallèlement, il apparaît dans plusieurs émissions télévisées, parmi lesquelles ''[[Cadet Rousselle (émission de télévision)|Cadet Rousselle]]'' (1971), ''Tino Rossi pour toujours'' (1973), ''[[Numéro un (émission de télévision)|Numéro un]]'' de [[Maritie et Gilbert Carpentier]] (1977)<ref group="n">Au cours de ce show, Tino Rossi et Georges Brassens s'amusent à chanter en duo ''Santa Lucia''. Les deux amis récidivent le {{date-|24 décembre 1979}} dans ''Venise et Bretagne''.</ref>, ''Joyeux Noël Tino'' (1979), ''[[Le Palmarès des chansons]]'' (1980), ''[[30 millions d'amis]]'', un entretien en langue corse pour le magazine de France 3 ''Di Casa'' (1980), ''[[Le Grand Échiquier (émission de télévision)|Le Grand Échiquier]]'' (1981)


=== Dernière représentation et mort ===
=== Dernière représentation et mort ===
À plus de 75 ans, en {{date-|novembre 1982}}, Tino Rossi remonte symboliquement sur la scène de ses débuts, le [[Casino de Paris]], pour fêter son demi-siècle de carrière au cours d'un grand spectacle, mis en scène par [[Maritie et Gilbert Carpentier]], qui mêle rétrospectives et nouvelles chansons durant deux mois.
À plus de 75 ans, en {{date-|novembre 1982}}, Tino Rossi remonte symboliquement sur la scène de ses débuts, le [[Casino de Paris]], pour fêter son demi-siècle de carrière au cours d'un grand spectacle, mis en scène par [[Maritie et Gilbert Carpentier]], qui mêle rétrospectives et nouvelles chansons durant deux mois.
[[Fichier:Tino Rossi au Casino de Paris.jpg|thumb|upright=1|left|alt=alternative à l'image|La « dernière » de Tino Rossi au Casino de Paris, le dimanche 2 janvier 1983, fut aussi sa dernière apparition en scène.]]
[[Fichier:Tino Rossi au Casino de Paris.jpg|thumb|upright=1|left|alt=alternative à l'image|La « dernière » de Tino Rossi au Casino de Paris, le dimanche 2 janvier 1983, fut aussi sa dernière apparition en scène.]]
[[Fichier:Sépulture Tino Rossi à Ajaccio.jpg|vignette|Sépulture de Tino Rossi à [[Ajaccio]] <ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Adresse Tino ROSSI, sur ses pas - Staroad, les célébrités du 19e et 20e siècle |url=https://staroad.fr/adresse/tino-rossi/ |consulté le=2022-05-17}}</ref>]]
[[Fichier:Sépulture Tino Rossi à Ajaccio.jpg|vignette|Sépulture de Tino Rossi à [[Ajaccio]].]]
Il meurt dans la soirée du {{date-|27 septembre 1983}} à son domicile de [[Neuilly-sur-Seine]] des suites d'un [[cancer du pancréas]], qui avait nécessité une lourde intervention chirurgicale au mois de mars à l'[[Hôpital américain de Paris|Hôpital américain de Neuilly]]. Ses obsèques ont lieu en l'église parisienne de [[Église de la Madeleine|La Madeleine]] le {{date-|29 septembre}}. Les conditions météorologiques ne permettant pas à un avion d'atterrir à [[Ajaccio]], c'est en voiture qu'il traverse une dernière fois ''sa'' Corse depuis [[Bastia]], salué de village en village par les maires ceints de leur écharpe tricolore et une population dignement recueillie. Il est inhumé le {{1er}} octobre au cimetière marin d'[[Ajaccio]], dans la chapelle qu'il avait lui-même choisie au début des années 1960<ref>Emmanuel Bonini, ''Tino Rossi'', éd. du Rocher, 2003, ps 181-201</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=183}}.</ref>. Des visiteurs viennent s'y recueillir, par milliers, tous les ans.
Il meurt dans la soirée du {{date-|27 septembre 1983}} à son domicile de [[Neuilly-sur-Seine]] des suites d'un [[cancer du pancréas]], qui avait nécessité une lourde intervention chirurgicale au mois de mars à l'[[Hôpital américain de Paris|Hôpital américain de Neuilly]]. Ses obsèques ont lieu en l'église parisienne de [[Église de la Madeleine|La Madeleine]] le {{date-|29 septembre}}. Les conditions météorologiques ne permettant pas à un avion d'atterrir à [[Ajaccio]], c'est en voiture qu'il traverse une dernière fois ''sa'' Corse depuis [[Bastia]], salué de village en village par les maires ceints de leur écharpe tricolore et une population dignement recueillie. Il est inhumé le {{1er}} octobre au cimetière marin d'[[Ajaccio]], dans la chapelle qu'il avait lui-même choisie au début des années 1960<ref>Emmanuel Bonini, ''Tino Rossi'', éd. du Rocher, 2003, ps 181-201</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=183}}.</ref>. Des visiteurs viennent s'y recueillir, par milliers, tous les ans.


Tout au long de son existence, il a gardé des liens privilégiés avec ses amis d'enfance corses (qui continuaient à l'appeler « Tintin »), [[Vincent Scotto]] et l'[[Académie française|Académicien français]] [[Marcel Pagnol]], qui lui confia le soin d'être son exécuteur testamentaire<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=151}}.</ref>. Une grande complicité l'unissait également à [[Maurice Chevalier]], [[Édith Piaf]], [[Fernandel]], [[Charles Trenet]], [[Joséphine Baker]], [[Georges Brassens]], [[Christian Méry]] ou Joseph Carrington<ref group="n">Fameux magicien et mécène d'origine normande (1895-1971).</ref>.
Tout au long de son existence, il a gardé des liens privilégiés avec ses amis d'enfance corses (qui continuaient à l'appeler « Tintin »), [[Vincent Scotto]] et [[Marcel Pagnol]], qui lui confia le soin d'être son exécuteur testamentaire<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=151}}.</ref>. Une grande complicité l'unissait également à [[Maurice Chevalier]], [[Édith Piaf]], [[Fernandel]], [[Charles Trenet]], [[Joséphine Baker]], [[Georges Brassens]], [[Christian Méry]] ou Joseph Carrington<ref group="n">Fameux magicien et mécène d'origine normande (1895-1971).</ref>.


Perfectionniste exigeant, doté d'un joli coup de crayon<ref>Constant Sbraggia, ''Tino Rossi l'Ajaccien'', éd. La Marge, 1991, {{p.|30}}.</ref> et grand amateur d'art (surtout de peinture), Tino Rossi a présidé le Syndicat des artistes au début des années 1950<ref>Magazine ''Cinémonde'', {{n°|912}}, 25 janvier 1952, {{p.|24}}.</ref>, et a su gérer intelligemment son patrimoine, notamment par l'intermédiaire de sa société de production fondée en 1948<ref group="n">Société des Productions Tino Rossi - 78, Champs-Élysées, R.C. Seine 375.044 B.</ref>.
Perfectionniste exigeant, doté d'un joli coup de crayon<ref>Constant Sbraggia, ''Tino Rossi l'Ajaccien'', éd. La Marge, 1991, {{p.|30}}.</ref> et grand amateur d'art (surtout de peinture), Tino Rossi a présidé le Syndicat des artistes au début des années 1950<ref>Magazine ''Cinémonde'', {{n°|912}}, 25 janvier 1952, {{p.|24}}.</ref>, et a su gérer intelligemment son patrimoine, notamment par l'intermédiaire de sa société de production fondée en 1948<ref group="n">Société des Productions Tino Rossi - 78, Champs-Élysées, R.C. Seine 375.044 B.</ref>.


Couvrant deux octaves et demi et présentant un timbre aux très riches nuances (notamment de graves), sa voix exceptionnellement « longue »<ref group="n">Qui fit dire au « prince des ténors » Tito Schipa (1888-1965) : ''{{citation|Tino Rossi a le plus beau legato du monde.}}''</ref> trouvait son origine dans une anomalie des cordes vocales (la gauche longue et fine, la droite courte, tordue et large) qui laissa un jour un médecin ORL très surpris que leur propriétaire pût chanter<ref>Philippe Laframboise, ''Tino Rossi'', op. cit., ps 43-44 ; interview de Tino Rossi lors de l'émission télévisée ''Les dossiers de l'écran'' qui lui fut entièrement consacrée le 10 mai 1977.</ref>.
Couvrant deux octaves et demi et présentant un timbre aux très riches nuances (notamment de graves), sa voix exceptionnellement « longue »<ref group="n">Qui fit dire au « prince des ténors » [[Tito Schipa]] : ''{{citation|Tino Rossi a le plus beau legato du monde.}}''</ref> trouvait son origine dans une anomalie des cordes vocales (la gauche longue et fine, la droite courte, tordue et large) qui laissa un jour un [[Otorhinolaryngologiste|médecin ORL]] très surpris que leur propriétaire pût chanter<ref>Philippe Laframboise, ''Tino Rossi'', op. cit., ps 43-44 ; interview de Tino Rossi lors de l'émission télévisée ''Les dossiers de l'écran'' qui lui fut entièrement consacrée le 10 mai 1977.</ref>.


Tino Rossi, {{citation|le chanteur de l'amour heureux}}<ref>Titre à la une du journal ''Le Monde'', 28 septembre 1983.</ref>, alors que son amie Édith Piaf chantait l'amour malheureux<ref>Entretien avec Pierre Desgraupes dans le magazine ''Le Point'' {{n°|393}}, 31 mars 1980, ps 132-146.</ref>, a enregistré {{formatnum:1160}} titres<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=220-269}}.</ref> abordant tous les genres, de la chanson populaire de [[Vincent Scotto]] à la ''Romance de Nadir'' de [[Georges Bizet|Bizet]] en passant par moult mélodies classiques (largement popularisées par son interprétation), sans oublier une panoplie de chants corses.
Tino Rossi, {{citation|le chanteur de l'amour heureux}}<ref>Titre à la une du journal ''Le Monde'', 28 septembre 1983.</ref>, alors que son amie Édith Piaf chantait l'amour malheureux<ref>Entretien avec Pierre Desgraupes dans le magazine ''Le Point'' {{n°|393}}, 31 mars 1980, ps 132-146.</ref>, a enregistré {{formatnum:1160}} titres<ref>{{harvsp|Rossi|1993|p=220-269}}.</ref> abordant tous les genres, de la chanson populaire de [[Vincent Scotto]] à la ''Romance de Nadir'' de [[Georges Bizet|Bizet]] en passant par moult mélodies classiques (largement popularisées par son interprétation), sans oublier une panoplie de chants corses.
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}}</ref> ou {{unité|40|millions}}<ref>https://www.pressreader.com/canada/le-journal-de-quebec/20141224/282114929930662.</ref>.
}}</ref> ou {{unité|40|millions}}<ref>https://www.pressreader.com/canada/le-journal-de-quebec/20141224/282114929930662.</ref>.


D'autres variantes existent, comme le ''Petit Génie Ariel'' entonné par Assurancetourix dans l'album ''[[Astérix chez Rahàzade]]'' (1987), le roman policier ''Petit Papa Noël'' de [[François Cérésa]] (2010)<ref>Éditions Pascal Galodé.</ref>, l'interprétation par [[Arthur H]] dans le générique du film ''[[L'Apprenti Père Noël (film)|L'Apprenti Père Noël]]'' (2010), la parodie ''Petite Carla d'Noël'' (signée Michel Malher) et celle d'[[Helmut Fritz]] (2011), la version franco-sénégalaise de [[Coumba Gawlo Seck|Coumba Gawlo]] au profit de son association ''Lumière pour l'enfance'' (2013)...
D'autres variantes existent, comme le ''Petit Génie Ariel'' entonné par Assurancetourix dans l'album ''[[Astérix chez Rahàzade]]'' (1987), le roman policier ''Petit Papa Noël'' de [[François Cérésa]] (2010)<ref>Éditions Pascal Galodé.</ref>, l'interprétation par [[Arthur H]] dans le générique du film ''[[L'Apprenti Père Noël (film)|L'Apprenti Père Noël]]'' (2010), la parodie ''Petite Carla d'Noël'' (signée Michel Malher) et celle d'[[Helmut Fritz]] (2011), la version franco-sénégalaise de [[Coumba Gawlo Seck|Coumba Gawlo]] au profit de son association ''Lumière pour l'enfance'' (2013){{Etc.}}


=== Une légion d'honneur ===
=== Une légion d'honneur ===
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[[Fichier:Musée de la Sculpture en Plein Air, 23 January 2016 006.jpg|thumb|upright=1|alt=alternative à l'image|En hommage à l'artiste, le [[jardin Tino-Rossi]] ([[quai Saint-Bernard]], 5{{e}} arrondissement de Paris) est ouvert depuis 1984.]]
[[Fichier:Musée de la Sculpture en Plein Air, 23 January 2016 006.jpg|thumb|upright=1|alt=alternative à l'image|En hommage à l'artiste, le [[jardin Tino-Rossi]] ([[quai Saint-Bernard]], 5{{e}} arrondissement de Paris) est ouvert depuis 1984.]]


Nommé chevalier de la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]] par décret du {{date-|22 octobre 1952}}<ref>''Journal Officiel'' du 28 octobre 1952, p. 10184.</ref>, Tino Rossi est décoré le {{date-|23 décembre}}, à [[Cassis (Bouches-du-Rhône)|Cassis]], par son ami Emmanuel Agostini, maire de la ville<ref>''Semaine du Monde'', {{n°|14}} (nouvelle série), 7 février 1953, ps 21 et 44.</ref>. Le {{date-|10 février 1976}}, le général [[Alain de Boissieu]] lui épingle l'insigne d'officier<ref>Promotion du {{1er}} janvier 1976, décret du 27 décembre 1975, J.O. du 31 décembre 1975, p. 13620 [http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19751231&pageDebut=13620&pageFin=13620].</ref>. Enfin, le décret du Président de la République [[François Mitterrand]], daté du {{date-|13 juillet 1982}}, le promeut commandeur<ref>J.O. du 14 juillet 1982, p. 2244 [http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19820714&numTexte=&pageDebut=02244&pageFin=02244].</ref> ; le {{date-|13 septembre}}, à l'hôtel de ville de [[Marseille]], le maire [[Gaston Defferre]] lui remet la « cravate »<ref>Journal ''Le Provençal'', 14 septembre 1982.</ref>.
Nommé chevalier de la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]] par décret du {{date-|22 octobre 1952}}<ref>''Journal Officiel'' du 28 octobre 1952, p. 10184.</ref>, Tino Rossi est décoré le {{date-|23 décembre}}, à [[Cassis (Bouches-du-Rhône)|Cassis]], par son ami Emmanuel Agostini, maire de la ville<ref>''Semaine du Monde'', {{n°|14}} (nouvelle série), 7 février 1953, ps 21 et 44.</ref>. Le {{date-|10 février 1976}}, le général [[Alain de Boissieu]] lui épingle l'insigne d'officier<ref>Promotion du {{1er}} janvier 1976, décret du 27 décembre 1975, J.O. du 31 décembre 1975, p. 13620 [http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19751231&pageDebut=13620&pageFin=13620].</ref>. Enfin, le décret du Président de la République [[François Mitterrand]], daté du {{date-|13 juillet 1982}}, le promeut commandeur<ref>J.O. du 14 juillet 1982, p. 2244 [http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19820714&numTexte=&pageDebut=02244&pageFin=02244].</ref> ; le {{date-|13 septembre}}, à l'hôtel de ville de [[Marseille]], le maire [[Gaston Defferre]] lui remet la « cravate »<ref>Journal ''Le Provençal'', 14 septembre 1982.</ref>.


Portent notamment son nom : à [[Ajaccio]], un boulevard, inauguré par lui le {{date-|14 août 1973}}, le port de pêche et de plaisance situé au pied de la citadelle, ainsi que le restaurant (de 390 places) du Palais des congrès<ref group="n">La Cité impériale abrite une rue Marinella, perpendiculaire au boulevard Tino-Rossi.</ref> ; un square à [[L'Île-Rousse]], également inauguré par lui en 1971, et un autre à [[Nogent-sur-Marne]] ; un [[Jardin Tino-Rossi|jardin]] à [[Paris]] sur les quais de [[Seine]] ({{Ve}} arr.) qui va du pont Sully au pont d'Austerlitz, à proximité du seul musée en plein air de la capitale, celui de la sculpture contemporaine<ref group="n">Cette promenade est ouverte aux chiens, dont Tino Rossi appréciait beaucoup la compagnie.</ref> ; des voies publiques dans différentes cités, par exemple à [[Andernos-les-Bains]], [[Bassens (Gironde)|Bassens]], [[Brest]], [[Dijon]], [[Évreux]], [[Fleury-les-Aubrais]], [[Goussainville (Val-d'Oise)|Goussainville]], [[Livry-Gargan]], [[Lourdes]], [[Mignaloux-Beauvoir]], [[Montauban]], [[Ozoir-la-Ferrière]], [[Pierrelatte]], [[Toulouse]] et [[Valence (Drôme)|Valence]] ; des salles à [[Alfortville]] et aux [[Les Pennes-Mirabeau|Pennes-Mirabeau]], etc. Autres marques de reconnaissance et hommages : des timbres, édités en 1969 et 1990 ; une médaille frappée par la [[Monnaie de Paris]] en 1970 ; la médaille de vermeil de la Ville de Paris ; un grand prix du Disque de l'Académie Charles-Cros ; un grand prix du [[Marché international de l'édition musicale|Midem]] ; une rose créée par [[Meilland]] en 1990...
Portent notamment son nom : à [[Ajaccio]], un boulevard, inauguré par lui le {{date-|14 août 1973}}, le port de pêche et de plaisance situé au pied de la citadelle, l'ancienne école primaire Résidence des îles<ref>Après le vote du conseil municipal ajaccien, intervenu le 29 juin 2023.</ref> ainsi qu'une rue Marinella, perpendiculaire au boulevard Tino-Rossi ; un square à [[L'Île-Rousse]], également inauguré par lui en 1971, et un autre à [[Nogent-sur-Marne]] ; un [[Jardin Tino-Rossi|jardin]] à [[Paris]] sur les quais de [[Seine]] ({{Ve}} arr.) qui va du pont Sully au pont d'Austerlitz ; des voies publiques dans différentes cités, par exemple à [[Andernos-les-Bains]], [[Bassens (Gironde)|Bassens]], [[Brest]], [[Dijon]], [[Évreux]], [[Fleury-les-Aubrais]], [[Goussainville (Val-d'Oise)|Goussainville]], [[Livry-Gargan]], [[Lourdes]], [[Mignaloux-Beauvoir]], [[Montauban]], [[Ozoir-la-Ferrière]], [[Pierrelatte]], [[Toulouse]] et [[Valence (Drôme)|Valence]] ; des salles à [[Alfortville]] et aux [[Les Pennes-Mirabeau|Pennes-Mirabeau]]{{Etc.}} Autres marques de reconnaissance et hommages : des timbres, édités en 1969 et 1990 ; une médaille frappée par la [[Monnaie de Paris]] en 1970 ; la médaille de vermeil de la Ville de Paris ; un grand prix du Disque de l'[[Académie Charles-Cros]] ; un grand prix du [[Marché international de l'édition musicale|Midem]] ; une rose créée par [[Meilland]] en 1990…


En 2011, son ''« havre de paix »'' dans le golfe d'Ajaccio, le domaine du [[Scudo]] (ancienne propriété du parfumeur d'origine ajaccienne [[François Coty]], devenue sienne en 1952), reçoit du ministère de la Culture le label « [[Maisons des Illustres|Maison des Illustres]] », attribué à 111 lieux de vie qui {{citation|conservent et transmettent la mémoire de femmes et d'hommes qui les ont habités et se sont illustrés dans l'histoire politique, sociale et culturelle de la France}}<ref>{{Lien web
En 2011, son ''« havre de paix »'' dans le golfe d'Ajaccio, le domaine du [[Scudo]] (ancienne propriété du parfumeur d'origine ajaccienne [[François Coty]], devenue sienne en 1952), reçoit du ministère de la Culture le label « [[Maisons des Illustres|Maison des Illustres]] », attribué à 111 lieux de vie qui {{citation|conservent et transmettent la mémoire de femmes et d'hommes qui les ont habités et se sont illustrés dans l'histoire politique, sociale et culturelle de la France}}<ref>{{Lien web
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* [[1935]] : ''[[Vogue, mon cœur]]'' de [[Jacques Daroy]] (participation chantante : ''Vogue mon cœur'')
* [[1935]] : ''[[Vogue, mon cœur]]'' de [[Jacques Daroy]] (participation chantante : ''Vogue mon cœur'')
* [[1935]] : ''Marseille'' de Jean Monti et Jean Margueritte - documentaire (participation chantante : ''Pour t'avoir au clair de lune'' et ''Mais on ne se voit pas'')
* [[1935]] : ''Marseille'' de Jean Monti et Jean Margueritte - documentaire (participation chantante : ''Pour t'avoir au clair de lune'' et ''Mais on ne se voit pas'')
* [[1936]] : ''[[Marinella (film)|Marinella]]'' de [[Pierre Caron (réalisateur)|Pierre Caron]] : l'ascension vers la gloire au music-hall de Tino, modeste peintre-décorateur dans un cabaret parisien...
* [[1936]] : ''[[Marinella (film)|Marinella]]'' de [[Pierre Caron (réalisateur)|Pierre Caron]] : l'ascension vers la gloire au music-hall de Tino, modeste peintre-décorateur dans un cabaret parisien.
* [[1936]] : ''[[Au son des guitares]]'' de [[Pierre-Jean Ducis]] : brusquement épris d'une femme vénale en vacances à [[Ajaccio]] ([[Nita Raya]]), Jeannot entraîne son copain Pierrot ([[Paul Azaïs]]) à Paris pour la retrouver...
* [[1936]] : ''[[Au son des guitares]]'' de [[Pierre-Jean Ducis]] : brusquement épris d'une femme vénale en vacances à [[Ajaccio]] ([[Nita Raya]]), Jeannot entraîne son copain Pierrot ([[Paul Azaïs]]) à Paris pour la retrouver.
* [[1937 au cinéma|1937]] : ''[[Naples au baiser de feu (film, 1937)|Naples au baiser de feu]]'' d'[[Augusto Genina]] : l’irrésistible chanteur d'une pizzeria napolitaine Mario Esposito, en instance de mariage, et son ami Michel ([[Michel Simon]]) se font presque piéger par une garce ([[Viviane Romance]])...
* [[1937 au cinéma|1937]] : ''[[Naples au baiser de feu (film, 1937)|Naples au baiser de feu]]'' d'[[Augusto Genina]] : l’irrésistible chanteur d'une pizzeria napolitaine Mario Esposito, en instance de mariage, et son ami Michel ([[Michel Simon]]) se font presque piéger par une garce ([[Viviane Romance]]).
* [[1938]] : ''[[Lumières de Paris]]'' de [[Richard Pottier]] : en préparant sa nouvelle revue, l'idole Carlo Ferrari découvre le vrai amour dans une guinguette, au grand dam de son agent de publicité...
* [[1938]] : ''[[Lumières de Paris]]'' de [[Richard Pottier]] : en préparant sa nouvelle revue, l'idole Carlo Ferrari découvre le vrai amour dans une guinguette, au grand dam de son agent de publicité.
* [[1942 au cinéma|1942]] : ''[[Fièvres (film, 1942)|Fièvres]]'' de [[Jean Delannoy]] : le fameux chanteur d'opéra Jean Dupray est tiraillé entre amour, passion et mysticisme...
* [[1942 au cinéma|1942]] : ''[[Fièvres (film, 1942)|Fièvres]]'' de [[Jean Delannoy]] : le fameux chanteur d'opéra Jean Dupray est tiraillé entre amour, passion et mysticisme.
* [[1943]] : ''[[Le soleil a toujours raison|Le Soleil a toujours raison]]'' de [[Pierre Billon (réalisateur)|Pierre Billon]] : Tonio, menuisier camarguais, livre une barque chez un étrange client ([[Charles Vanel]])...
* [[1943]] : ''[[Le soleil a toujours raison|Le Soleil a toujours raison]]'' de [[Pierre Billon (réalisateur)|Pierre Billon]] : Tonio, menuisier camarguais, livre une barque chez un étrange client ([[Charles Vanel]]).
* [[1943]] : ''[[Le Chant de l'exilé]]'' d'[[André Hugon]] : le Basque Ramon Etcheverry s'engage, après une dispute, dans les pionniers du Sahara...
* [[1943]] : ''[[Le Chant de l'exilé]]'' d'[[André Hugon]] : le Basque Ramon Etcheverry s'engage, après une dispute, dans les pionniers du Sahara.
* [[1943]] : ''[[Mon amour est près de toi]]'' de [[Richard Pottier]] : épuisé par sa vie de star, Jacques Marton devient amnésique et découvre enfin l'amour...
* [[1943]] : ''[[Mon amour est près de toi]]'' de [[Richard Pottier]] : épuisé par sa vie de star, Jacques Marton devient amnésique et découvre enfin l'amour.
* [[1944 au cinéma|1944]] : ''[[L'Île d'amour (film, 1944)|L'Île d'amour]]'' de [[Maurice Cam]] : épris de la nièce d'un promoteur immobilier qui veut construire un complexe touristique dans son village corse, Bicchi Orsani va vivre trop dangereusement pour elle...
* [[1944 au cinéma|1944]] : ''[[L'Île d'amour (film, 1944)|L'Île d'amour]]'' de [[Maurice Cam]] : épris de la nièce d'un promoteur immobilier qui veut construire un complexe touristique dans son village corse, Bicchi Orsani va vivre trop dangereusement pour elle.
* [[1946]] : ''[[Sérénade aux nuages]]'' d'[[André Cayatte]] : harassé de travail, le chanteur en vogue Sylvio décide de prendre des vacances...
* [[1946]] : ''[[Sérénade aux nuages]]'' d'[[André Cayatte]] : harassé de travail, le chanteur en vogue Sylvio décide de prendre des vacances.
* [[1946]] : ''[[Le Gardian]]'' de [[Jean de Marguenat]] : le gardian Renaud se laisse écarteler entre amour fidèle et tentation gitane...
* [[1946]] : ''[[Le Gardian]]'' de [[Jean de Marguenat]] : le gardian Renaud se laisse écarteler entre amour fidèle et tentation gitane.
* [[1946]] : ''[[Destins (film, 1946)|Destins]]'' de [[Richard Pottier]] (double rôle) : tandis que la star André Cartier revient triomphalement des États-Unis, son frère jumeau, Fred Moretti, sort de prison...
* [[1946]] : ''[[Destins (film, 1946)|Destins]]'' de [[Richard Pottier]] (double rôle) : tandis que la star André Cartier revient triomphalement des États-Unis, son frère jumeau, Fred Moretti, sort de prison.
* [[1947]] : ''[[Le Chanteur inconnu (film, 1947)|Le Chanteur inconnu]]'' d'[[André Cayatte]] : le chanteur d'opéra Julien Montel, devenu amnésique après avoir chaviré d'un bateau, est replongé dans son passé lorsque le patron français d'un cinéma ambulant ([[Raymond Bussières]]) fait escale dans le petit port portugais qui l'a recueilli. Accident ou tentative d'assassinat ?...
* [[1947]] : ''[[Le Chanteur inconnu (film, 1947)|Le Chanteur inconnu]]'' d'[[André Cayatte]] : le chanteur d'opéra Julien Montel, devenu amnésique après avoir chaviré d'un bateau, est replongé dans son passé lorsque le patron français d'un cinéma ambulant ([[Raymond Bussières]]) fait escale dans le petit port portugais qui l'a recueilli.
* [[1948]] : ''[[La Belle Meunière (film)|La Belle Meunière]]'' de [[Marcel Pagnol]] : en mal d'inspiration, [[Franz Schubert]] part se ressourcer le long d'un ruisseau...
* [[1948]] : ''[[La Belle Meunière (film)|La Belle Meunière]]'' de [[Marcel Pagnol]] : en mal d'inspiration, [[Franz Schubert]] part se ressourcer le long d'un ruisseau.
* [[1949]] : ''[[Deux amours]]'' de [[Richard Pottier]] (double rôle) : le séduisant secrétaire de mairie Sylvain Vincent fait beaucoup d'ombre à son frère moins chanceux, Désiré...
* [[1949]] : ''[[Deux amours]]'' de [[Richard Pottier]] (double rôle) : le séduisant secrétaire de mairie Sylvain Vincent fait beaucoup d'ombre à son frère moins chanceux, Désiré.
* [[1949]] : ''[[Marlène (film)|Marlène]]'' de [[Pierre de Hérain]] : retour d'Amérique du Sud, Manuel Ceccaldi retrouve ses amis corses le temps d'une chanson (''O Mama'', de [[Francis Lopez]]) avant de devoir se transformer en chanteur et détective...
* [[1949]] : ''[[Marlène (film)|Marlène]]'' de [[Pierre de Hérain]] : retour d'Amérique du Sud, Manuel Ceccaldi retrouve ses amis corses le temps d'une chanson (''O Mama'', de [[Francis Lopez]]) avant de devoir se transformer en chanteur et détective
* [[1950]] : ''[[Envoi de fleurs]]'' de [[Jean Stelli]] : [[Paul Delmet]], sa vie romancée, ses chansons, [[Le Chat noir]], l'absinthe et la tuberculose...
* [[1950]] : ''[[Envoi de fleurs]]'' de [[Jean Stelli]] : [[Paul Delmet]], sa vie romancée, ses chansons, [[Le Chat noir]], l'absinthe et la tuberculose.
* [[1951]] : ''[[Au pays du soleil (film, 1951)|Au pays du soleil]]'' de [[Maurice de Canonge]] : Titin Olivieri chante le [[Marseille]] de [[Vincent Scotto]], fait la cour à Miette Mizoul et même un peu de prison !
* [[1951]] : ''[[Au pays du soleil (film, 1951)|Au pays du soleil]]'' de [[Maurice de Canonge]] : Titin Olivieri chante le [[Marseille]] de [[Vincent Scotto]], fait la cour à Miette Mizoul et même un peu de prison !
* [[1952]] : ''[[Paris chante toujours]]'' de [[Pierre Montazel]] : Tino Rossi chante ''Sérénade sur Paris'' (comme dans ''[[Marlène (film)|Marlène]]'', au côté de [[Micheline Francey]])
* [[1952]] : ''[[Paris chante toujours]]'' de [[Pierre Montazel]] : Tino Rossi chante ''Sérénade sur Paris'' (comme dans ''[[Marlène (film)|Marlène]]'', au côté de [[Micheline Francey]])
* [[1952]] : ''[[Son dernier Noël]]'' de [[Jacques Daniel-Norman]] : À Nice, Marc Damiani, grande vedette au grand cœur, se démène pour offrir un Noël anticipé à une petite fille condamnée par la médecine...
* [[1952]] : ''[[Son dernier Noël]]'' de [[Jacques Daniel-Norman]] : À Nice, Marc Damiani, grande vedette au grand cœur, se démène pour offrir un Noël anticipé à une petite fille condamnée par la médecine.
* [[1954]] : ''[[Si Versailles m'était conté...]]'' de [[Sacha Guitry]] : le gondolier du Roi Soleil chante ''Fenestra bassa'' lors d'une somptueuse fête au château de Versailles
* [[1954]] : ''[[Si Versailles m'était conté...]]'' de [[Sacha Guitry]] : le gondolier du Roi Soleil chante ''Fenestra bassa'' lors d'une somptueuse fête au château de Versailles.
* [[1954]] : ''[[Tourments (film, 1954)|Tourments]]'' de [[Jacques Daniel-Norman]] : Jacques Duffot - l'ex vedette Tony Caylor - et son épouse ont adopté un enfant abandonné que sa mère veut reprendre...
* [[1954]] : ''[[Tourments (film, 1954)|Tourments]]'' de [[Jacques Daniel-Norman]] : Jacques Duffot - l'ex vedette Tony Caylor - et son épouse ont adopté un enfant abandonné que sa mère veut reprendre.
* [[1963]] : ''[[Jusqu'au bout du monde (film, 1963)|Jusqu'au bout du monde]]'' de [[François Villiers]] (enregistre sur la B.O.F. ''Le Pinzutu'', chanson composée et écrite pour lui par Georges Moustaki et Pierre Delanoë)
* [[1963]] : ''[[Jusqu'au bout du monde (film, 1963)|Jusqu'au bout du monde]]'' de [[François Villiers]] (enregistre sur la B.O.F. ''Le Pinzutu'', chanson composée et écrite pour lui par Georges Moustaki et Pierre Delanoë)
* [[1970 au cinéma|1970]] : ''Une drôle de bourrique'' de [[Jean Canolle]]. Dans ce film, baptisé pendant le tournage ''[[L'Âne de Zigliara]]'', titre qu'il retrouvera lors d'une sortie V.H.S. en 1993, Tino Rossi joue son propre rôle et, accompagné à la guitare par Antoine Bonelli, chante ''Mon pays'', de [[Jean Bernard (compositeur)|Jean Bernard]] et [[Robert Ripa]].
* [[1970 au cinéma|1970]] : ''Une drôle de bourrique'' de [[Jean Canolle]]. Dans ce film, baptisé pendant le tournage ''[[L'Âne de Zigliara]]'', titre qu'il retrouvera lors d'une sortie V.H.S. en 1993, Tino Rossi joue son propre rôle et, accompagné à la guitare par Antoine Bonelli, chante ''Mon pays'', de [[Jean Bernard (compositeur)|Jean Bernard]] et [[Robert Ripa]].


== Revues, opérettes et comédies musicales ==
== Revues, opérettes et comédies musicales ==
* 1934 - ''Parade de France'' ([[Casino de Paris]]) : « revue des beautés de notre pays et de nos colonies » en deux actes et cinquante tableaux, de [[Henri Varna]], [[Léo Lelièvre]] et [[Marc-Cab]]. Tino Rossi figure dans les tableaux « Corse île de beauté » et « La plus grande France » (renommée en 1935 « L'Afrique »). Première représentation le {{date-|25 septembre}}. Première représentation avec Tino Rossi le {{date-|14 octobre}}. Jouée jusqu'en {{date-|octobre 1935}}.
* 1934 - ''Parade de France'' ([[Casino de Paris]]) : « revue des beautés de notre pays et de nos colonies » en deux actes et cinquante tableaux, de [[Henri Varna]], [[Léo Lelièvre]] et [[Marc-Cab]]. Tino Rossi figure dans les tableaux « Corse île de beauté » et « La plus grande France » (renommée en 1935 « L'Afrique »). Première représentation le {{date-|25 septembre}}. Première représentation avec Tino Rossi le {{date-|14 octobre}}. Jouée jusqu'en {{date-|octobre 1935}}.
* 1936 - ''Tout Paris chante'' ([[Casino de Paris]]) : revue en deux actes et trente-six tableaux, modifiée en trente-quatre tableaux, de [[Henri Varna]], [[Léo Lelièvre]], Marc Cab & Charles Tutelier. Tino Rossi participe en tant que vedette principale aux tableaux « Ceux de la légion », « Roi de cœur », « Les chansons d'amour ». Première représentation le {{date-|25 septembre}}.
* 1936 - ''Tout Paris chante'' ([[Casino de Paris]]) : revue en deux actes et trente-six tableaux, modifiée en trente-quatre tableaux, de [[Henri Varna]], [[Léo Lelièvre]], Marc Cab & Charles Tutelier. Tino Rossi participe en tant que vedette principale aux tableaux « Ceux de la légion », « Roi de cœur », « Les chansons d'amour ». Première représentation le {{date-|25 septembre}}.
* [[1955 au théâtre|1955]] - ''[[Méditerranée (opérette)|Méditerranée]]'' ([[Théâtre du Châtelet]]) : opérette à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux, musique [[Francis Lopez]], livret [[Raymond Vincy]], mise en scène [[Maurice Lehmann]], [[Théâtre du Châtelet]]. Notamment entouré de [[Fernand Sardou]], [[Albert Pierjac|Pierjac]] et [[Aglaé (chanteuse)|Aglaé]], Tino Rossi (Mario Franchi), grande vedette de la scène, du disque et de la radio est l'invité d'honneur de ''La Croisière bleue''.
* [[1955 au théâtre|1955]] - ''[[Méditerranée (opérette)|Méditerranée]]'' ([[théâtre du Châtelet]]) : opérette à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux, musique [[Francis Lopez]], livret [[Raymond Vincy]], mise en scène [[Maurice Lehmann]], [[théâtre du Châtelet]]. Notamment entouré de [[Fernand Sardou]], [[Albert Pierjac|Pierjac]] et [[Aglaé (chanteuse)|Aglaé]], Tino Rossi (Mario Franchi), grande vedette de la scène, du disque et de la radio est l'invité d'honneur de ''La Croisière bleue''.
* 1957 - ''Naples au baiser de feu'' ([[Théâtre Mogador]]): opérette à grand spectacle en deux actes et vingt-trois tableaux de [[Henri Varna]] et [[Renato Rascel]]. Au [[Théâtre Mogador]], à nouveau secondé par [[Albert Pierjac|Pierjac]], Tino Rossi interprète Antonio, un chanteur qui exerce son art tous les soirs sur la terrasse d'une trattoria de Naples.
* 1957 - ''Naples au baiser de feu'' ([[théâtre Mogador]]): opérette à grand spectacle en deux actes et vingt-trois tableaux de [[Henri Varna]] et [[Renato Rascel]]. Au [[théâtre Mogador]], à nouveau secondé par [[Albert Pierjac|Pierjac]], Tino Rossi interprète Antonio, un chanteur qui exerce son art tous les soirs sur la terrasse d'une trattoria de Naples.
* 1963 - ''Le Temps des guitares'' ([[ABC (music-hall)|Théâtre de l'ABC]]): opérette à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux de [[Raymond Vincy]] et [[Francis Lopez]], montée sur la scène de l'[[ABC (music-hall)|A.B.C.]] Tino Rossi joue son propre rôle, gaiement assisté de [[Josy Andrieu]], [[Rita Cadillac]], [[Maurice Baquet (acteur)|Maurice Baquet]] et [[Pierre Doris]].
* 1963 - ''Le Temps des guitares'' ([[ABC (music-hall)|théâtre de l'ABC]]): opérette à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux de [[Raymond Vincy]] et [[Francis Lopez]], montée sur la scène de l'[[ABC (music-hall)|A.B.C.]] Tino Rossi joue son propre rôle, gaiement assisté de [[Josy Andrieu]], [[Rita Cadillac]], [[Maurice Baquet (acteur)|Maurice Baquet]] et [[Pierre Doris]].
* [[1969 au théâtre|1969]] - ''Le Marchand de soleil'' ([[Théâtre Mogador]]): comédie musicale à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux de [[Robert Thomas]] et Jacques Mareuil (airs additionnels de [[Laurent Rossi]] et de [[Henri Betti]]), mise en scène [[Robert Manuel]], [[Théâtre Mogador]]. Accompagné d'Éliane Varon, Tino Rossi campe le milliardaire fantasque et philosophe Antoine Castelferrac.
* [[1969 au théâtre|1969]] - ''Le Marchand de soleil'' ([[théâtre Mogador]]): comédie musicale à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux de [[Robert Thomas]] et Jacques Mareuil (airs additionnels de [[Laurent Rossi]] et de [[Henri Betti]]), mise en scène [[Robert Manuel]], [[théâtre Mogador]]. Accompagné d'Éliane Varon, Tino Rossi campe le milliardaire fantasque et philosophe Antoine Castelferrac.
* 1982-1983 (du {{date-|4 novembre}} au {{date-|2 janvier}}) - ''Cinquante ans d'amour'' : Tino Rossi est au cœur du spectacle qui se joue, comme à ses débuts, au [[Casino de Paris]]. Sur une idée de [[Laurent Rossi]], qui en assure la direction artistique, voici l'occasion de célébrer ses noces d'or avec le public dans une mise en scène de [[Maritie et Gilbert Carpentier]] en deux actes et dix-huit tableaux produite par Michel Olivier et Jacques Marouani, le fils de Félix, compagnon de route de Tino depuis 1934. Barry Collins règle la chorégraphie. Des guitaristes corses placés sous la direction d'Antoine Bonelli l'accompagnent sous la direction d'orchestre de Paul Piot.
* 1982-1983 (du {{date-|4 novembre}} au {{date-|2 janvier}}) - ''Cinquante ans d'amour'' : Tino Rossi est au cœur du spectacle qui se joue, comme à ses débuts, au [[Casino de Paris]]. Sur une idée de [[Laurent Rossi]], qui en assure la direction artistique, voici l'occasion de célébrer ses noces d'or avec le public dans une mise en scène de [[Maritie et Gilbert Carpentier]] en deux actes et dix-huit tableaux produite par Michel Olivier et Jacques Marouani, le fils de Félix, compagnon de route de Tino depuis 1934. Barry Collins règle la chorégraphie. Des guitaristes corses placés sous la direction d'Antoine Bonelli l'accompagnent sous la direction d'orchestre de Paul Piot.


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[[Catégorie:Personnalité liée à la Corse]]
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[[Catégorie:Cabaret à Montréal]]
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[[Catégorie:Histoire des LGBT en France]]
[[Catégorie:Naissance en avril 1907]]
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Tino Rossi
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
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Nom de naissance
Constantin Rossi
Nationalité
Activités
Période d'activité
Conjoint
Enfant
Autres informations
Instrument
Label
Genre artistique
Distinction
Discographie
Vue de la sépulture.

Constantin Rossi, dit Tino Rossi, est un chanteur et acteur français, né le à Ajaccio (Corse) et mort le à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)[1],[2].

Sa chanson Petit Papa Noël, sortie en 1946, demeure la chanson la plus vendue de l'histoire en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années - Premiers succès[modifier | modifier le code]

Constantin Rossi naît à Ajaccio, au 43, rue Fesch[n 1]. Son père, Laurent, est artisan tailleur. Sa mère, Eugénie, se consacre, en plus de l'atelier familial, à ses huit enfants. Constantin porte le prénom de l'un de ses frères, décédé en bas âge à la fin de l'année 1906. Dès son enfance, il passe son temps à chanter et préfère l'école buissonnière aux études.

À moins de vingt ans, il rencontre à Ajaccio Annie Marlan (1907-1981), l'une des violonistes venues donner un concert à la terrasse du Café Napoléon, en tombe amoureux, part avec elle pour la Côte d'Azur, l'épouse à Toulon et devient vite le jeune père de Pierrette (1927-2011)[n 2]. Tino ayant du mal à trouver un travail stable à Toulon, Annie demande rapidement le divorce.

De retour à Ajaccio, il devient (grâce aux relations de son père) changeur au casino, où il rencontre la secrétaire du directeur, Faustine Fratani (1912-1985), qui deviendra sa deuxième épouse en [3]. À la suite de l'incendie du casino en 1929, ils retournent sur le continent dans l'espoir d'une embauche au casino d'Aix-en-Provence, sans succès. Le couple s'installe alors à Marseille dans une chambre miteuse du quartier des Réformés, en haut de la Canebière. De repas trop légers en boulots trop temporaires (voiturier, plongeur, portier de boîte de nuit…), Tino Rossi traverse les mois les plus pénibles de sa vie. Sa seule consolation : retrouver au bar « Le Terminus » les étudiants corses de la faculté de droit d'Aix-en-Provence (Raymond Filippi, Dominique Stefanaggi, Alfred Albertini, Jean Orsoni...) et chanter pour ces futurs ténors du barreau ou magistrats de renom[4],[n 3].

« Chanteur de charme »[modifier | modifier le code]

alternative à l'image
Une carrière ensoleillée commencée en Provence.

Le baryton-basse provençal Adrien Legros (1903-1993) le remarque alors, lui donne des conseils pour mieux respirer et poser sa voix, et le met en relation avec le producteur de tournées Louis Allione, dit « Petit Louis », qui le produit sur de petites scènes provençales (la toute première fois en 1930, dans le village vauclusien de Lauris[n 4]) en le présentant comme « Le Roi des chanteurs de charme », une expression qui le suivra tout au long de sa carrière. Constantin choisit alors de devenir Tino en se rappelant la façon, qui lui avait été rapportée, avec laquelle l'évêque d'Ajaccio avait détaché les syllabes de son prénom en le chrismant lors de sa confirmation : « Constant-tino »[5].

En 1932, à Marseille, alors qu'il arpente avec son père la rue Saint-Ferréol, son attention est attirée par une pancarte sur la devanture d'un magasin : « Enregistrez votre voix pour cent sous »[n 5]. Tino enregistre ainsi un disque en fer blanc qu'il destine à sa mère. Un représentant de la maison de disques Parlophone, présent dans la boutique, l'entend et l'invite à Paris pour enregistrer, moyennant 1 000 francs, son premier vrai disque (qui sera aussi le premier disque de chansons corses jamais gravé puisqu'il comprend O Ciuciarella et la berceuse Nini-Nanna)[6],[n 6].

Toujours à Marseille, le , Tino est engagé « en qualité de ténorino » par Justin Milliard à l'Alcazar pour sept jours et quatorze représentations, avant de passer sur une autre scène mythique de la ville, le Théâtre des Variétés[7].

Son contrat avec Columbia[modifier | modifier le code]

La maison de disques Columbia s'intéresse alors rapidement à lui. En 1933, séduit par le dynamisme de son directeur Jean Bérard dans le domaine novateur de la publicité, il s'engage à ses côtés et enregistre notamment La Sérénade de Toselli[n 7], J’ai rêvé d'une fleur, L'Aubade du roi d’Ys, Le Tango de Marilou (son premier tube) et Venise et Bretagne, qui berça l'enfance très francophile de la reine d'Angleterre Élisabeth II[8].

Le succès de ces premiers enregistrements est prometteur. Un courrier abondant commence à arriver chez Columbia. La firme comprend qu'elle tient un « oiseau rare » et l'intègre dans ses tournées par le biais d'Émile Audiffred, où il côtoie les grands artistes Lucienne Boyer, Damia, Pills et Tabet, Mireille, Jean Sablon

Encouragé par ses premiers succès, Tino Rossi, classé « Chanteur » et également inscrit à la rubrique « Ténor » des catalogues des disques Columbia des années 1930 répertoriant les interprétations classiques, souhaite l’accord de Reynaldo Hahn avant d’enregistrer ses mélodies D’une prison et Paysage. Confiant en son « poulain », Jean Richard, le directeur des studios Columbia à Paris[n 8], décide d’organiser l’enregistrement à son insu, le . Tino Rossi ne connut jamais la réponse à sa requête, néanmoins la qualité de ses gravures fit dire à Reynaldo Hahn : « [Sa] voix tire son attrait de cette matière somnambulique, de cette simplicité poussée à l'excès avec un art, probablement inconscient, du modelage musical. »[9]

De la scène à la radio[modifier | modifier le code]

Sa carrière prend une dimension essentielle au music-hall avec l’imprésario Émile Audiffred. Après l’ABC, où le public lui a réservé un honnête succès, il est engagé par Henri Varna et Audiffred au Casino de Paris pour la revue Parade de France, consacrée au folklore des provinces. En bottes, chemise et pantalon bouffants, guitare à la main et veste sur l'épaule, il campe un chanteur corse de carte postale[10] et obtient dès le premier soir de son engagement (le ) un triomphe inédit grâce à deux chansons que Vincent Scotto vient de composer pour lui, Ô Corse, île d'amour et Vieni… Vieni….

À partir du , il remonte sur la scène du Casino de Paris pour la revue Tout Paris chante, mais cette fois en tête d'affiche.

Parallèlement, il vend de plus en plus de disques, à savoir 80 000 par mois quand la deuxième vente culmine à 6 000[11]. Dans ces années 1930, l'industrie du disque balbutie et la radio n'est pas encore un objet familier. Elle va bientôt donner aux artistes une audience nouvelle, avec ce que cela représente sur les ventes de disques. Dans le cas de Tino Rossi, sa voix est tellement présente sur les ondes qu'en 1939, il demande lui-même, par écrit, aux stations de moins le programmer car il craint de lasser les auditeurs[12].

Sa fulgurante percée tient aussi à son physique à la Rudolph Valentino. Vincent Scotto rappelle[13] l'attraction qu'exerce son ami Tino sur la gent féminine : « Les femmes s’approchaient de lui avec une telle férocité que si je n’étais pas collé à lui pour monter en voiture, si dans la bousculade je me laissais distancer de quelques mètres, il me fallait renoncer à lui, et la voiture partait sans moi. Les femmes étaient avides de le voir de près, certaines se seraient laissé piétiner plutôt que de céder leur place. » Et d'ajouter : « Sa voix de rêve a enchanté presque tous les cœurs du monde. Quel philtre mystérieux possède cette voix pour troubler ainsi quand il chante ! On est charmé et on l’écoute recueilli. Une chanson embellit la vie, Tino embellit tout ce qu’il chante. »[n 9] Car Tino Rossi est devenu une idole, la première dans l'histoire de la chanson française. Familièrement désigné par son prénom d'artiste, il se trouve confronté à d'inimaginables manifestations d'affection amoureuse[14], dont il n'aimait guère parler[15].

En toute logique, cette voix, que d'aucuns comparent à une chasse d'eau ou un robinet, d'autres à de l'or, du velours ou du miel, est promptement sollicitée par le cinéma car il n'existe alors que les films chantants pour donner au public l'occasion de découvrir le visage des vedettes.

Une voix plein écran[modifier | modifier le code]

Après quelques « apparitions » vocales et silhouettes, en , sort Marinella, un film écrit exprès pour « Tino », la nouvelle coqueluche du disque et de la TSF. C'est un triomphe. Les mélodies de Vincent Scotto qu'il interprète (Marinella, Tchi-tchi, J'aime les femmes c'est ma folie, Laissez-moi vous aimer) sur des paroles signées Émile Audiffred, René Pujol et Géo Koger, accompagnent le Front populaire. Tino Rossi va d'ailleurs chanter pour les grévistes, notamment dans le hall des Galeries Lafayette[16].

Dans la foulée, il enchaîne avec les péripéties à l'accent corse de Au son des guitares (où il lance Tant qu'il y aura des étoiles), puis tourne dans Naples au baiser de feu (1937) d'Augusto Genina, avec Mireille Balin (1909-1968), actrice à la destinée tragique[17] qui, écrira-t-il, « avait tout pour ensorceler les hommes »[18],[19].

Tino Rossi, qui ne divorcera de Faustine Fratani qu'en [3], vit alors un amour passionné avec l'actrice. La presse ne perd pas une occasion de narrer le quotidien du couple[n 10].

Il donne quelques récitals aux États-Unis, où sa chanson Vieni… Vieni… est reprise par Rudy Vallée (reprise qui se classe no 1 une semaine en 1937[20],[n 11]). Mais le chanteur ne se plaît pas en Amérique et refuse les offres financièrement alléchantes d'Hollywood, qui le verrait bien en prince russe reconverti en danseur mondain dans une superproduction de la 20th Century Fox baptisée Balalaïka. Mireille Balin, en contrat avec la Metro-Goldwyn-Mayer, fait de même, pour les mêmes raisons. Il poursuit alors sa tournée au Canada où, dans les gares, la foule se masse pour essayer de l’apercevoir à une fenêtre de son train[21].

De retour en France, il continue de chanter au cinéma ses plus grands succès, tant dans le domaine de la variété que des airs classiques. Ainsi, pour les besoins de Lumières de Paris de Richard Pottier en 1938, il chante l'Ave Maria de Gounod, dont la Callas dira que personne ne l'a jamais chanté aussi bien.

En , il est acclamé un mois en Allemagne dans le plus célèbre cabaret de la capitale la Scala de Berlin, mais refuse de prolonger cette série de galas à Hambourg et Vienne[22]. Quelques semaines plus tard, Tino Rossi retrouve Jean Renoir, à Rome où tous deux doivent tourner un film : La dernière corrida pour l’un (qui ne verra jamais le jour), La Tosca pour l’autre. Pendant son séjour en Italie, Tino enregistre en napolitain, dans les studios Columbia de Milan, quatre titres inédits en France[n 12].

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, ses enregistrements se font alors au ralenti (aucun en 1940 car l'artiste, qui a effectué 18 mois de service militaire au 22e bataillon de chasseurs alpins, est mobilisé) et sa carrière cinématographique se poursuit en zone libre, en particulier avec Le Soleil a toujours raison (tourné en 1941, sorti en 1943), de Pierre Billon, adapté d'une nouvelle de Pierre Galante, dialogué par l'auteur et Jacques Prévert. La distribution en est prestigieuse : Micheline Presle, Pierre Brasseur, Charles Vanel, Édouard Delmont, Charles Blavette et Germaine Montero. Dans ce film, mis en musique par Joseph Kosma, il interprète Le Chant du gardian de Louis Gasté et Jean Féline.

En 1941, dans la région de Royan, sous la direction de Jean Delannoy, qui parlera[23] d'un « succès mondial, peut-être le plus grand de toute [sa] carrière », il tourne Fièvres avec Madeleine Sologne, Jacqueline Delubac et Ginette Leclerc. Outre Maria (de Roger Lucchesi et Jean Féline), il y chante l'Ave Maria de Schubert, qui va vite devenir l'un de ses tubes, plébiscité notamment durant la Seconde Guerre mondiale par les prisonniers qui jonchent les planches de billets en le réclamant à Tino Rossi[24]. Il le chantera notamment lors de la croisière inaugurale du paquebot France, en (dont il fut, à la demande de la marraine du paquebot, Yvonne de Gaulle, l'artiste invité d'honneur), puis le sur la scène de l'Opéra de Paris (accompagné en duplex par Pierre Cochereau, titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris) à l'occasion du grand gala de présentation du film d'Otto Preminger, Le Cardinal.

Mariage avec Lilia Vetti[modifier | modifier le code]

Durant l'été 1941, en proie à de violentes crises de jalousie aggravées par ses addictions à la drogue et à l'alcool, Mireille Balin le chasse de sa villa cannoise Catari.

À la fin de l'été 1941, au casino d'Aix-les-Bains, Mistinguett lui présente la danseuse niçoise Rosalie Cervetti, dite Lilia Vetti (1923-2003), la femme de sa vie comme il le lui chantera en 1977[n 13]. Moins de deux mois après la naissance de leur fils Laurent Emmanuel, il l'épouse le à Cassis, dont le maire SFIO est son ami le médecin et résistant Emmanuel Agostini[25], le parrain du bébé.

En 1943, dans Le Chant de l'exilé, réalisé en 1942 par André Hugon, Tino Rossi chante Paquita et Ce matin même (paroles d'Édith Piaf), et son personnage s'engage patriotiquement dans les Pionniers du Sahara, au grand dam des autorités allemandes qui voient dans ce scénario une propagande en faveur de la Résistance. Quelques mois plus tard, sort Mon amour est près de toi (de Richard Pottier), seul film tourné par Tino Rossi sous l'égide de la Continental, distribuée en France par Tobis Films[n 14]. Les chansons de ce film (Madame la nuit, Quand on est marinier, J'ai deux mots dans mon cœur et Quel beau jour, mon amour) sont signées notamment Vincent Scotto, Roger Lucchesi et Francis Lopez.

De L'Île d'amour à Envoi de fleurs[modifier | modifier le code]

Le , en tant que président d'honneur du Comité général des Corses de Paris, il organise et présente au profit des prisonniers corses un grand gala présidé par Emmanuel de Peretti de La Rocca, qui fut ambassadeur à Madrid et Bruxelles. Jo Bouillon, Mistinguett, Édith Piaf, Albert Préjean ou Jean Weber apportent leur « concours gracieux » à cette soirée. Le luxueux programme édité pour l'occasion annonce la présence prochaine de Tino dans La Légende du Chêne blanc, un film qui ne verra jamais le jour.

Un peu plus tard, sort L'Île d'amour, de Maurice Cam, « peut-être le meilleur film de Tino Rossi » selon Jean Tulard, qui le compare à Colomba[26]. Également considéré comme le premier film écologiste de l'histoire du cinéma[27], il met en scène un promoteur immobilier qui veut transformer un village en station balnéaire. Tino Rossi y chante Mon île d'amour, Le joyeux bandit et la Complainte corse de Roger Lucchesi. Les Allemands ayant interdit son tournage en Corse, le réalisateur Maurice Cam se replie sur la Côte d'Azur sous le contrôle d'un superviseur de l'Axe qui veille à ce qu'aucun objectif militaire ne se trouve dans le champ des caméras. Tournée à son insu, la scène finale vaudra une convocation générale de l'équipe au bureau militaire[28].

Tino Rossi avec Jean-Marie Beaudet de la station radiophonique C.B.C. à Montréal en 1947.

La guerre ? Dans son autobiographie, Tino y consacre quatre lignes. Pourtant, arrêté à la sortie de son tour de chant au Moulin Rouge le 7 octobre 1944, accusé de collaboration, Tino Rossi se défend : "J' ai agi en bon Français." Au fond, que lui reproche-t-on ? D'avoir grossi pendant l'Occupation, quand tout le monde maigrissait. Son cachet pour le film "Marinella" était de 85 000 francs. Pour "Au son des guitares" : 275 000 francs. "Lumières de Paris" : 800 000 francs. Et pour "Mon amour est près de toi", produit par la Continental - firme financée par des capitaux allemands -, il a reçu 1 200 000 francs. "J' ai toujours fait mon possible pour éviter les Allemands" , affirme Tino. On le libère, avec des excuses officielles. Montherlant écrit :

"Sur le demi-cadavre d'une nation avilie, la France va retourner à la belote et à Tino Rossi."

En 1946, après Le Gardian (tourné dangereusement sur des plages de Camargue truffées de mines, où figure notamment la chanson Jamais deux sans trois, cosignée Françoise Giroud), il tient un double rôle dans Destins de Richard Pottier. Le scénario initial prévoyait que Tino interprète, en français, un negro spiritual avec des chanteurs noirs new yorkais. Les artistes ayant rejoint précipitamment les États-Unis, le scénariste Carlo Rim doit vite revoir sa copie. Puisqu'un enfant tient un grand rôle dans ce film sans relief, prévu pour sortir au mois de décembre, Tino Rossi demande une création française de Noël. Émile Audiffred suggère alors à Henri Martinet de jouer au piano sa mélodie de Noël, enfouie au fond de ses tiroirs après avoir fait un bide dans sa revue Ça reviendra donnée au théâtre marseillais de l'Odéon, en 1944 : le public n'avait pas été touché par cette lettre d'un enfant demandant au Père Noël, par la voix du fantaisiste local Xavier Lemercier, de ne lui apporter ni soldats ni guerre mais de lui offrir le retour de son papa, prisonnier. Tino Rossi sent immédiatement le potentiel de la chanson et la fredonne en boucle. Sur de nouvelles paroles de Raymond Vincy, son Petit Papa Noël est né[29]. La chanson, qualifiée de « berceuse » dans le scénario, comporte un couplet jamais enregistré[n 15].

En , les écrans parisiens du Paramount et du Paris accueillent Le Chanteur inconnu, second film tourné par Tino Rossi avec André Cayatte, après Sérénade aux nuages (1945). Pour les besoins de ce « mélodrame à suspense »[30], remake d'un film de 1931 avec le ténor Lucien Muratore, entouré de Raymond Bussières, Lilia Vetti, Maria Mauban et Lucien Nat, il chante Chopin, Brahms et Lalo.

En 1948, il rentre d'une longue tournée en Amérique du Sud après avoir enregistré en espagnol les plus célèbres tangos argentins, et interprète le rôle du compositeur Franz Schubert dans La Belle Meunière de Marcel Pagnol, aux côtés de Jacqueline Pagnol, de sa fille Pierrette (également comédienne dans la troupe de Robert Dhéry, « Les Branquignols ») et de Lilia Vetti. Le moulin de La Colle-sur-Loup offre les décors et Tony Aubin, chef d'orchestre et professeur de composition au Conservatoire de Paris, les arrangements musicaux. Ce film est le premier film en couleur tourné en France par des Français avec un procédé français, celui mis au point dès avant la Seconde Guerre mondiale par les frères Armand et Lucien Roux. Malheureusement, nécessitant des moyens de projection spécifiques onéreux, ce procédé fera long feu malgré l’enthousiasme du New York Time : « Nous avons vu les plus belles prises de vue qui aient jamais paru sur un écran[31]. »

En 1950, Jean Stelli réalise autour de lui Envoi de fleurs, la seule biographie filmée, et romancée, de Paul Delmet.

Un Noël en prison et Petit Papa Noël[modifier | modifier le code]

Sous l'Occupation, il chante à de multiples reprises Quand tu reverras ton village, composée par Charles Trenet, « la chanson d'espoir de tous les prisonniers de guerre »[32], refuse, malgré un cachet important, d'enregistrer Maréchal, nous voilà ! et sollicite très régulièrement de plusieurs médecins des certificats de complaisance pour ne pas honorer « certaines invitations pressantes »[33]. Mais ces échappatoires ne sont pas toujours suffisantes. Ainsi est-il cueilli à l'ABC, le , avec son orchestre, et conduit à l'Empire pour interpréter deux ou trois chansons lors d'un gala en faveur de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme, sa participation ayant été affichée la veille, à son insu, après qu'il a « prétexté la fatigue pour ne pas chanter »[34]. D'autre part, tandis qu'à Marseille Lilia Vetti sauve Georges Cravenne d'une arrestation par la Gestapo, Tino Rossi cache dans son orchestre en tant que pianiste le compositeur juif polonais Norbert Glanzberg, qui deviendra son accompagnateur après la guerre. Édith Piaf, Georges Auric et Mistinguett le protègent alors également[35]. Pourtant, malgré ce rempart amical, le , Norbert Glanzberg est arrêté et condamné à une peine d'emprisonnement de six mois, à Nice, pour détention de faux papiers. Tino Rossi alerte l'actrice Marie Bell : avec la complicité de l'intendant régional de police Paul Duraffour et d'un gardien de prison corse, ils réussissent à le faire évader au mois d'août[36][réf. non conforme].

Par ailleurs, une amitié corse lie Tino Rossi au trafiquant Étienne Leandri (comme lui habitué du Fouquet's) et il fréquente nombre de figures corses du milieu marseillais, dont le parrain et collaborateur Paul Carbone, mort le dans le déraillement du train de nuit Marseille-Paris provoqué par la Résistance qui vise des permissionnaires allemands[n 16], ainsi que son associé François Spirito ; tous deux font des affaires avec l'occupant[37].

Comme de nombreuses célébrités ayant fréquenté des collaborateurs[38], Tino Rossi est arrêté le  : plusieurs policiers à la recherche de renseignements sur un Corse l'attendent dans les coulisses du Moulin-Rouge pendant qu'il donne un gala au profit des personnes âgées de Montmartre. « Les Corses m'en ont assez fait voir. Foutez-moi ça au trou », lui assène bientôt un commissaire. Suit une détention de trois mois à la prison de Fresnes durant laquelle il refuse l'aide d'un avocat et interdit à Lilia Vetti de « donner un franc pour sa libération » au risque de le perdre[39]. Il est exempté de toute poursuite par un juge estimant dénuée de fondement[n 17] l'instruction montée contre lui par l'inspecteur Georges Clot qui avait cité de « nombreux témoins » signalant son « comportement anti-français ». Tino Rossi — fait rarissime à l'époque — reçoit d'exceptionnelles excuses officielles[40] car les faits suivants plaident pour lui : fin 1941, il répond à un journaliste de L'Alerte[n 18] lui demandant de formuler un vœu pour son île natale pour la nouvelle année 1942 « qu'elle reste toujours française »[41] et, en , il prête sa voiture personnelle à un réseau de Résistance pour transporter des armes et permettre plusieurs évasions (dont celle d'un général)[42].

Avec Petit Papa Noël, qu'il interprète pour la première fois en public sur la scène de l'ABC en 1948, il remporte un phénoménal succès. En ce premier vrai Noël depuis 1938, ce cantique laïc arrive opportunément pour restaurer la plus traditionnelle des fêtes familiales et répondre aux instructions gouvernementales (pas de chants religieux dans les écoles de la République) mises en place par le ministre Marcel-Edmond Naegelen[43],[44].

Dans la foulée de ce triomphe, Tino Rossi multipliera les enregistrements de chants de Noël, notamment Petite étoile de Noël (1952), Noël blanc (1955) (version française de Francis Blanche du fameux White Christmas créé par Bing Crosby en 1941), C'est Noël (1956), Douce nuit (1960), Noël des enfants oubliés (1968)…

De l'opérette à la télévision[modifier | modifier le code]

Après le film Tourments (1954, de Jacques Daniel-Norman, avec Blanchette Brunoy), Tino Rossi décide de s'éloigner du cinéma et souhaite débuter dans l'opérette (bien qu'il participe toutefois à Si Versailles m'était conté...). Sa carrière dans l'opérette commence officiellement le avec Méditerranée au théâtre du Châtelet, l’opérette de Francis Lopez et Raymond Vincy (le parolier de Petit Papa Noël) qui se joue jusqu'en 1957, à guichets fermés. Elle est suivie de Naples au baiser de feu, montée au théâtre Mogador et donnée également près de deux ans à guichets fermés avant de partir en tournée dans toute la France et à l'étranger.

En 1963, en pleine mode yéyé, le succès revient, cette fois à l'ABC, avec Le Temps des guitares.

En 1969, il récidive avec Le Marchand de soleil, de nouveau sur la scène du théâtre Mogador. Néanmoins, Tino Rossi arrive à un âge où il désire mieux profiter de sa famille et de la Corse. On ne le verra donc plus sur scène qu'à l'occasion de tournées régulières (y compris à l'étranger) et de nombreuses participations bénévoles à des galas. Ainsi, le aux Tuileries, devant six mille personnes (et plus de quinze mille qui suivent le spectacle sur écran géant), il chante au profit de la campagne écologique de la Ville de Paris, baptisée « Paris 2 000 espaces verts ».

Parallèlement, il apparaît dans plusieurs émissions télévisées, parmi lesquelles Cadet Rousselle (1971), Tino Rossi pour toujours (1973), Numéro un de Maritie et Gilbert Carpentier (1977)[n 19], Joyeux Noël Tino (1979), Le Palmarès des chansons (1980), 30 millions d'amis, un entretien en langue corse pour le magazine de France 3 Di Casa (1980), Le Grand Échiquier (1981)…

Dernière représentation et mort[modifier | modifier le code]

À plus de 75 ans, en , Tino Rossi remonte symboliquement sur la scène de ses débuts, le Casino de Paris, pour fêter son demi-siècle de carrière au cours d'un grand spectacle, mis en scène par Maritie et Gilbert Carpentier, qui mêle rétrospectives et nouvelles chansons durant deux mois.

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La « dernière » de Tino Rossi au Casino de Paris, le dimanche 2 janvier 1983, fut aussi sa dernière apparition en scène.
Sépulture de Tino Rossi à Ajaccio.

Il meurt dans la soirée du à son domicile de Neuilly-sur-Seine des suites d'un cancer du pancréas, qui avait nécessité une lourde intervention chirurgicale au mois de mars à l'Hôpital américain de Neuilly. Ses obsèques ont lieu en l'église parisienne de La Madeleine le . Les conditions météorologiques ne permettant pas à un avion d'atterrir à Ajaccio, c'est en voiture qu'il traverse une dernière fois sa Corse depuis Bastia, salué de village en village par les maires ceints de leur écharpe tricolore et une population dignement recueillie. Il est inhumé le 1er octobre au cimetière marin d'Ajaccio, dans la chapelle qu'il avait lui-même choisie au début des années 1960[45],[46]. Des visiteurs viennent s'y recueillir, par milliers, tous les ans.

Tout au long de son existence, il a gardé des liens privilégiés avec ses amis d'enfance corses (qui continuaient à l'appeler « Tintin »), Vincent Scotto et Marcel Pagnol, qui lui confia le soin d'être son exécuteur testamentaire[47]. Une grande complicité l'unissait également à Maurice Chevalier, Édith Piaf, Fernandel, Charles Trenet, Joséphine Baker, Georges Brassens, Christian Méry ou Joseph Carrington[n 20].

Perfectionniste exigeant, doté d'un joli coup de crayon[48] et grand amateur d'art (surtout de peinture), Tino Rossi a présidé le Syndicat des artistes au début des années 1950[49], et a su gérer intelligemment son patrimoine, notamment par l'intermédiaire de sa société de production fondée en 1948[n 21].

Couvrant deux octaves et demi et présentant un timbre aux très riches nuances (notamment de graves), sa voix exceptionnellement « longue »[n 22] trouvait son origine dans une anomalie des cordes vocales (la gauche longue et fine, la droite courte, tordue et large) qui laissa un jour un médecin ORL très surpris que leur propriétaire pût chanter[50].

Tino Rossi, « le chanteur de l'amour heureux »[51], alors que son amie Édith Piaf chantait l'amour malheureux[52], a enregistré 1 160 titres[53] abordant tous les genres, de la chanson populaire de Vincent Scotto à la Romance de Nadir de Bizet en passant par moult mélodies classiques (largement popularisées par son interprétation), sans oublier une panoplie de chants corses.

Ventes et succès historique de Petit papa Noël[modifier | modifier le code]

Les ventes de ses disques font l'objet d'estimations discordantes, qui vont de quelques dizaines[54] à plusieurs centaines de millions[55]. En France, le Syndicat national de l'édition phonographique a, depuis 1973, certifié que cinq de ses albums ont été vendus à plus de 100 000 exemplaires[56] et que C'est la belle nuit de Noël a été vendu à plus de 600 000 exemplaires[57],[n 23]. Selon Daniel Lesueur et Dominic Durand, le total des ventes cumulées de ses disques en France s'établit à 10 350 800 exemplaires pour la période 1955 - 2015[59].

Pour célébrer le succès de Petit Papa Noël, Tino Rossi reçoit en 1949 un disque en or massif, un hommage dont il est, selon son fils Laurent, « le seul artiste » à avoir bénéficié[60],[61]. Avec ce titre, Tino Rossi détient le record de vente de singles en France avec 5,7 millions d'exemplaires[62].

La chanson a été reprise par plusieurs artistes, notamment par Dalida (1960), Yvette Giraud (1962), Yvette Horner (1963), Nana Mouskouri (1970), Mireille Mathieu (1976), Michèle Torr et Claude François (1977), Céline Dion (1981 et 1994), Boney M. (1986), Trust (1988), Enrico Macias (1993), La Compagnie créole (1996), Roch Voisine (2000), Henri Dès (2001), Florent Pagny (2006), Roberto Alagna (2007), Josh Groban (2007), les Chœurs de l'Armée rouge et ceux des enfants du Bolchoï (2009), André Manoukian et la Chorale des montagnes (2013) ou encore Mary J. Blige (2013). Au total, la chanson détient également le record français en ventes cumulées[63],[64] avec un volume global le plus souvent estimé à 30[65] ou 40 millions[66].

D'autres variantes existent, comme le Petit Génie Ariel entonné par Assurancetourix dans l'album Astérix chez Rahàzade (1987), le roman policier Petit Papa Noël de François Cérésa (2010)[67], l'interprétation par Arthur H dans le générique du film L'Apprenti Père Noël (2010), la parodie Petite Carla d'Noël (signée Michel Malher) et celle d'Helmut Fritz (2011), la version franco-sénégalaise de Coumba Gawlo au profit de son association Lumière pour l'enfance (2013), etc.

Une légion d'honneur[modifier | modifier le code]

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En hommage à l'artiste, le jardin Tino-Rossi (quai Saint-Bernard, 5e arrondissement de Paris) est ouvert depuis 1984.

Nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du [68], Tino Rossi est décoré le , à Cassis, par son ami Emmanuel Agostini, maire de la ville[69]. Le , le général Alain de Boissieu lui épingle l'insigne d'officier[70]. Enfin, le décret du Président de la République François Mitterrand, daté du , le promeut commandeur[71] ; le , à l'hôtel de ville de Marseille, le maire Gaston Defferre lui remet la « cravate »[72].

Portent notamment son nom : à Ajaccio, un boulevard, inauguré par lui le , le port de pêche et de plaisance situé au pied de la citadelle, l'ancienne école primaire Résidence des îles[73] ainsi qu'une rue Marinella, perpendiculaire au boulevard Tino-Rossi ; un square à L'Île-Rousse, également inauguré par lui en 1971, et un autre à Nogent-sur-Marne ; un jardin à Paris sur les quais de Seine (Ve arr.) qui va du pont Sully au pont d'Austerlitz ; des voies publiques dans différentes cités, par exemple à Andernos-les-Bains, Bassens, Brest, Dijon, Évreux, Fleury-les-Aubrais, Goussainville, Livry-Gargan, Lourdes, Mignaloux-Beauvoir, Montauban, Ozoir-la-Ferrière, Pierrelatte, Toulouse et Valence ; des salles à Alfortville et aux Pennes-Mirabeauetc. Autres marques de reconnaissance et hommages : des timbres, édités en 1969 et 1990 ; une médaille frappée par la Monnaie de Paris en 1970 ; la médaille de vermeil de la Ville de Paris ; un grand prix du Disque de l'Académie Charles-Cros ; un grand prix du Midem ; une rose créée par Meilland en 1990…

En 2011, son « havre de paix » dans le golfe d'Ajaccio, le domaine du Scudo (ancienne propriété du parfumeur d'origine ajaccienne François Coty, devenue sienne en 1952), reçoit du ministère de la Culture le label « Maison des Illustres », attribué à 111 lieux de vie qui « conservent et transmettent la mémoire de femmes et d'hommes qui les ont habités et se sont illustrés dans l'histoire politique, sociale et culturelle de la France »[74].

Discographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Revues, opérettes et comédies musicales[modifier | modifier le code]

  • 1934 - Parade de France (Casino de Paris) : « revue des beautés de notre pays et de nos colonies » en deux actes et cinquante tableaux, de Henri Varna, Léo Lelièvre et Marc-Cab. Tino Rossi figure dans les tableaux « Corse île de beauté » et « La plus grande France » (renommée en 1935 « L'Afrique »). Première représentation le . Première représentation avec Tino Rossi le . Jouée jusqu'en .
  • 1936 - Tout Paris chante (Casino de Paris) : revue en deux actes et trente-six tableaux, modifiée en trente-quatre tableaux, de Henri Varna, Léo Lelièvre, Marc Cab & Charles Tutelier. Tino Rossi participe en tant que vedette principale aux tableaux « Ceux de la légion », « Roi de cœur », « Les chansons d'amour ». Première représentation le .
  • 1955 - Méditerranée (théâtre du Châtelet) : opérette à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux, musique Francis Lopez, livret Raymond Vincy, mise en scène Maurice Lehmann, théâtre du Châtelet. Notamment entouré de Fernand Sardou, Pierjac et Aglaé, Tino Rossi (Mario Franchi), grande vedette de la scène, du disque et de la radio est l'invité d'honneur de La Croisière bleue.
  • 1957 - Naples au baiser de feu (théâtre Mogador): opérette à grand spectacle en deux actes et vingt-trois tableaux de Henri Varna et Renato Rascel. Au théâtre Mogador, à nouveau secondé par Pierjac, Tino Rossi interprète Antonio, un chanteur qui exerce son art tous les soirs sur la terrasse d'une trattoria de Naples.
  • 1963 - Le Temps des guitares (théâtre de l'ABC): opérette à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux de Raymond Vincy et Francis Lopez, montée sur la scène de l'A.B.C. Tino Rossi joue son propre rôle, gaiement assisté de Josy Andrieu, Rita Cadillac, Maurice Baquet et Pierre Doris.
  • 1969 - Le Marchand de soleil (théâtre Mogador): comédie musicale à grand spectacle en deux actes et vingt tableaux de Robert Thomas et Jacques Mareuil (airs additionnels de Laurent Rossi et de Henri Betti), mise en scène Robert Manuel, théâtre Mogador. Accompagné d'Éliane Varon, Tino Rossi campe le milliardaire fantasque et philosophe Antoine Castelferrac.
  • 1982-1983 (du au ) - Cinquante ans d'amour : Tino Rossi est au cœur du spectacle qui se joue, comme à ses débuts, au Casino de Paris. Sur une idée de Laurent Rossi, qui en assure la direction artistique, voici l'occasion de célébrer ses noces d'or avec le public dans une mise en scène de Maritie et Gilbert Carpentier en deux actes et dix-huit tableaux produite par Michel Olivier et Jacques Marouani, le fils de Félix, compagnon de route de Tino depuis 1934. Barry Collins règle la chorégraphie. Des guitaristes corses placés sous la direction d'Antoine Bonelli l'accompagnent sous la direction d'orchestre de Paul Piot.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Devenu le no 45 comme en témoigne la plaque apposée sur la façade depuis le .
  2. Le , elle fut inhumée au cimetière marin d'Ajaccio, dans la chapelle funéraire de son père, sur la route des Sanguinaires.
  3. Tino Rossi aimait également retrouver chaque mois, devant un repas corse, Vincent de Moro-Giafferi (1878-1956), célèbre avocat (notamment de Landru) et homme politique.
  4. L'établissement, avenue Joseph-Garnier - un hautboïste et compositeur natif de la commune (1755-1825) -, est devenu un fleuriste.
  5. C'est-à-dire cinq francs de l'époque.
  6. Second titre orthographié parfois Ninni-Nanna.
  7. Version inédite ; celle éditée est de 1938.
  8. 61, rue Albert (XIIIe arr.).
  9. Cette dernière phrase est gravée à l'avers de la médaille à l'effigie de Tino Rossi, signée Courbier et frappée par la Monnaie de Paris en 1970.
  10. Par exemple Match du 17 novembre 1938 ou Vedettes du 19 avril 1941...
  11. On peut aussi entendre ce tube dans le film de Frank Capra La vie est belle, de 1946, avec James Stewart et Donna Reed.
  12. Serenatella, Gelusia, Perche non mami piu et Canta ancora nella notte, 78 tours DQ3207 et DQ3208.
  13. Pour leurs noces de perle dans une chanson signée G. Gustin et C. Desage.
  14. À la Libération, il sera décidé que les acteurs qui avaient tourné plus de trois films avec la Continental seront poursuivis.
  15. « Et si tu dois t’arrêter / Sur les toits du monde entier / Tout ça avant demain matin, / Mets-toi vite, vite en chemin. »
  16. Lors de des obsèques de Paul Carbone, l'église Sainte-Marie-des-Batignolles fut envahie de personnalités du monde politique ou du spectacle et de couronnes d'orchidées, Tino Rossi chanta l'Ave Maria et L'Ajacienne.
  17. Éclaboussé par une affaire de drogue puis mis à la retraite en 1963 « pour raisons de santé », le médiatique Georges Clot (1907-1972) a inspiré le sulfureux personnage de l'inspecteur Blot, brossé par Paul Meurisse dans le film de Jean-Pierre Melville Le Deuxième Souffle (1966), tiré d'un ouvrage de José Giovanni.
  18. Dans cet hebdomadaire pétainiste, édité à Nice de septembre 1940 à octobre 1943, a notamment écrit le futur Compagnon de la Libération Pierre de Bénouville.
  19. Au cours de ce show, Tino Rossi et Georges Brassens s'amusent à chanter en duo Santa Lucia. Les deux amis récidivent le dans Venise et Bretagne.
  20. Fameux magicien et mécène d'origine normande (1895-1971).
  21. Société des Productions Tino Rossi - 78, Champs-Élysées, R.C. Seine 375.044 B.
  22. Qui fit dire au « prince des ténors » Tito Schipa : « Tino Rossi a le plus beau legato du monde. »
  23. L'album a depuis dépassé le million d'exemplaires[58].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Ne me méprise pas Rossi, Tino », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  2. « Actes de naissance et de décès », sur CinéArtistes (consulté le )
  3. a et b « Tino Rossi », sur IMDb (consulté le )
  4. Tino Rossi, Tino, éd. Stock, 1974, ps 26-33.
  5. Rossi 1993, p. 37.
  6. Rossi 1993, p. 42.
  7. Rossi 1974, p. 53-56.
  8. Témoignage de Mrs Margaret Rhodes, cousine germaine de la souveraine britannique, cité dans l’ouvrage d’Isabelle Rivère Elizabeth II – Dans l’intimité du règne, éd. Fayard, 2012, p. 255.
  9. Gisèle Parry, article du magazine Le Monde et la Vie, , p. 32.
  10. Il a lui-même dessiné son costume : Rossi 1974, p. 69-70.
  11. Gérard Trimbach, Tino Rossi, éd. Delville, 1978, p. 38.
  12. Rossi 1993, p. 97.
  13. Souvenirs de Paris, Éd. S.T.A.E.L., 1947.
  14. Rossi 1974, p. 89-96.
  15. Interview à la Télévision suisse romande (TSR), .
  16. Christian Plume et Xavier Pasquini, Tino Rossi, éd. Bréa, 1983, p. 47.
  17. Daniel Arsand, Mireille Balin ou la beauté foudroyée, éd. de la Manufacture, 1989.
  18. Rossi 1974, p. 111.
  19. Journal Paris Soir, article d'Antoine Moulinier, 11 octobre 1968.
  20. « Barry's Hits of All Decades Pop rock n roll Music Chart Hits », sur hitsofalldecades.com (consulté le ).
  21. Philippe Laframboise, Tino Rossi, éd. de la Presse, Ottawa, 1972, ps 50-51.
  22. Entretien au magazine Pour vous, no 544, 19 avril 1939, ps 2-3.
  23. Dans l'ouvrage intitulé Jean Delannoy : filmographie, propos, témoignages, éd. Institut Jacques Prévert, 1985.
  24. Témoignage de Tino Rossi lors du Grand Échiquier, 29 janvier 1981.
  25. Journal Samedi-Soir, no 159, .
  26. Journal Le Figaro, , article de Philippe d'Hugues.
  27. René Chateau, Tino Rossi et le cinéma, éd. René Chateau, 1993, p. 63.
  28. Témoignage de Tino Rossi dans le magazine Cinémonde no 663, , p. 16.
  29. « Découvrez l'histoire de la chanson Petit papa Noël de Tino Rossi », sur Tf1.fr, LCI, (consulté le ).
  30. René Chateau, Tino Rossi et le cinéma, op. cit., p. 81.
  31. http://www.marcel-pagnol.com/colle-sur-loup.php
  32. Pierre Barillet, Quatre années sans relâche, éd. De Fallois, 2001, p. 121.
  33. Rossi 1993, p. 116.
  34. Audition de Tino Rossi par le commissaire G. Clot,  : Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Seconde Guerre mondiale, fichier manuel A', réf. : F° delta rés 787.
  35. Journal Libération, art. de Hélène Hazera mis sur Internet le .
  36. Article de la journaliste webmaster Véronique Chemla, .
  37. Documentaire télévisé L'Occupation sans relâche d'Yves Riou et Philippe Pouchain, .
  38. Journal Le Figaro, , op. cit.
  39. Témoignage de Lilia Vetti (Mme Tino Rossi) : Rossi 1993, p. 115-117.
  40. Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Seconde Guerre mondiale, fichier manuel A', réf. : F° delta rés 787.
  41. Emmanuel Bonini, Le Vrai Tino, éd. Didier Carpentier, 2013, p. 239 et 279.
  42. Attestation d'Eugène Trouche, membre de la 34e Commission de Sécurité et d'Enquêtes des Bouches-du-Rhône, (Emmanuel Bonini, Le Vrai Tino, op. cit., p. 285).
  43. En 1947, un vibrant plaidoyer pour l'école laïque, France info.
  44. Père Noël 1 - Église 0, France info.
  45. Emmanuel Bonini, Tino Rossi, éd. du Rocher, 2003, ps 181-201
  46. Rossi 1993, p. 183.
  47. Rossi 1993, p. 151.
  48. Constant Sbraggia, Tino Rossi l'Ajaccien, éd. La Marge, 1991, p. 30.
  49. Magazine Cinémonde, no 912, 25 janvier 1952, p. 24.
  50. Philippe Laframboise, Tino Rossi, op. cit., ps 43-44 ; interview de Tino Rossi lors de l'émission télévisée Les dossiers de l'écran qui lui fut entièrement consacrée le 10 mai 1977.
  51. Titre à la une du journal Le Monde, 28 septembre 1983.
  52. Entretien avec Pierre Desgraupes dans le magazine Le Point no 393, 31 mars 1980, ps 132-146.
  53. Rossi 1993, p. 220-269.
  54. Martin Pénet, « Constantin Rossi (dit Tino Rossi) », sur France Archives,
  55. « « Je ne vis pas sur les droits d'auteur » », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  56. Daniel Lesueur et Dominic Durand, « Les Certifications & Les Ventes », sur Infodisc
  57. Daniel Lesueur et Dominic Durand, « Les Albums Certifiés "Platine" », sur Infodisc
  58. (en) « France best selling albums ever: C’Est La Belle Nuit De Noël by Tino Rossi (1973) », sur ChartMasters
  59. Daniel Lesueur et Dominic Durand, « Les meilleurs Vendeurs en France (Albums & Chansons) avec toutes leurs collaborations (Duo...) ou Pseudonymes... », sur Infodisc
  60. Rossi 1993, p. 119.
  61. Marc Pasteger et Séverine Pasteger, Les plus belles histoires vraies de Noël : Magiques mais véridiques, Primento, (lire en ligne), p. 165
  62. Livre Guinness des records
  63. Laurent Lemerle, La France par ses timbres, Flammarion, , p. 133
  64. Anthony Palou, « Petit papa Noël de Tino Rossi », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  65. « Tino Rossi », sur RFI Musique, (consulté le )
  66. https://www.pressreader.com/canada/le-journal-de-quebec/20141224/282114929930662.
  67. Éditions Pascal Galodé.
  68. Journal Officiel du 28 octobre 1952, p. 10184.
  69. Semaine du Monde, no 14 (nouvelle série), 7 février 1953, ps 21 et 44.
  70. Promotion du 1er janvier 1976, décret du 27 décembre 1975, J.O. du 31 décembre 1975, p. 13620 [1].
  71. J.O. du 14 juillet 1982, p. 2244 [2].
  72. Journal Le Provençal, 14 septembre 1982.
  73. Après le vote du conseil municipal ajaccien, intervenu le 29 juin 2023.
  74. « Maisons des Illustres, nouveau label du ministère de la Culture et de la Communication », sur Culture.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Tino Rossi, Ma vie et mes chansons, éd. Société française de librairie et d'éditions, 1937.
  • Maurice Berthon, Mireille Balin et Tino Rossi, éd. René Debresse, 1942.
  • Jean Richard, De Paulus à Tino Rossi, éd. Librairie de Paris, 1964.
  • Philippe Laframboise, Tino Rossi, éd. de la Presse, Ottawa, 1972.
  • Tino Rossi, Tino, Stock, .
  • Gérard Trimbach, Tino Rossi, éd. Delville, 1978.
  • William Laurent, Tino Rossi - La Mémoire du cœur, éd. Franklin Loufrani, Paris, 1982.
  • Gérard Trimbach, Tino Rossi - Cinquante ans d'amour, éd. Delville, 1982.
  • Philippe Laframboise, Tino Rossi - Cinquante ans d'amour, éd. Proteau, Montréal, 1983.
  • William Laurent, Tino Rossi - La Légende, la vie... et l'amour, éd. Franklin Loufrani, Paris, 1983.
  • Christian Plume et Xavier Pasquini, Tino Rossi, éd. Bréa, 1983.
  • Christian Delange, Tino Rossi, éd. PAC, 1985.
  • Daniel Arsand, Mireille Balin ou la beauté foudroyée, éd. de la Manufacture, 1989.
  • Constant Sbraggia, Tino Rossi l'Ajaccien, éd. La Marge, 1991.
  • René Chateau, Tino Rossi et le cinéma, éd. René Chateau, 1993.
  • Laurent Rossi, Tino Rossi, mon père, Flammarion, .
  • Emmanuel Bonini, Tino Rossi, éd. du Rocher, 2003.
  • Fabien Lecœuvre, Petites histoires pour grandes chansons, éd. du Rocher, 2009.
  • Frédéric Valmont, Tino Rossi - L'Éternelle romance (préface de Jean-Paul Sermonte), éd. Didier Carpentier, 2011 (un CD joint).
  • Carlos Leresche, Tino Rossi secret (préface de Jacqueline Pagnol), éd. Tom Pousse, 2012.
  • Emmanuel Bonini, Le Vrai Tino - Témoignages et portraits inédits (préface de Jean-Jacques Debout), éd. Didier Carpentier, 2013.
  • Laurent Rossi et Anne-Sophie Simonet, Tino - L'Étoile éternelle (préface de Jacqueline Pagnol), éd. Nice-Matin (supplément de 32 pages), .
  • Constant Sbraggia, Tino Rossi - Un destin enchanté, éd. des Équateurs, Paris, 2013.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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