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« Ancienne université de Paris » : différence entre les versions

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{{Autre4|l'université de Paris créée à la fin du douzième siècle et fermée en 1793|l'université de Paris créée en 1896 et dissoute en 1970|Université de Paris (1896-1970)}}
{{À sourcer|date=avril 2019}}
{{À sourcer|date=avril 2019}}
{{Autre4|l'université de Paris créée à la fin du douzième siècle et fermée en 1793|l'université de Paris créée en 1896 et dissoute en 1970|Nouvelle université de Paris}}
{{Infobox Université
{{Infobox Université
| image = Cours de théologie à la Sorbonne - Bibliothèque de Troyes.jpg
| image = Cours de théologie à la Sorbonne - Bibliothèque de Troyes.jpg
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| légende = Un cours de [[théologie]] à la [[Sorbonne]], {{s-|XV}}.
| blason = Coat of arms of the University of Paris.svg
| blason = Coat of arms of the University of Paris.svg
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| taille blason = 150
| légende blason = Armes de l'université de Paris.
| légende blason = Armes de l'université de Paris.
| nom = Universitas Magistrorum et Scholarium Parisiensis
| nom = Universitas Magistrorum et Scholarium Parisiensis
| fondation = {{s-|XII|e}}.
| fondation = 1045-1150, [[Haut Moyen Âge]] (origine à l'[[École cathédrale de Paris|École de théologie de Notre-Dame]])<br>

1200 (statut officiel)<br>

1215 (reconnaissance du pape)
| dissolution = 1793
| dissolution = 1793
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| type = Université corporative
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| devise = ''Hic et ubique terrarum''<br />« Ici et partout sur la terre »
| devise = ''Hic et ubique terrarum''<br />« Ici et partout sur la terre »
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L''''université de Paris''' est l'une des plus importantes et des plus anciennes [[Université médiévale|universités médiévales]]. Apparue dès le milieu du {{XIIe siècle}}, elle est reconnue par le roi [[Philippe II Auguste]] en [[1200]] et par le pape {{souverain2|Innocent III}} en [[1215]]. Elle acquiert rapidement un très grand prestige, notamment dans les domaines de la [[philosophie]] et de la [[théologie]]. Constituée comme l'association de tous les collèges parisiens situés sur la rive gauche, elle assure la formation de tous les clercs, c'est-à-dire de tous les cadres et agents administratifs des institutions royales (conseil d'État, parlements, tribunaux, cours des comptes, impôts…) et ecclésiastiques (enseignement, hôpitaux, libraires, recherche, évêques, abbés). L'université de Paris, après une longue période de déclin à l'époque moderne, est supprimée en [[1793]].
L''''université de Paris''' est l'une des plus importantes et des plus anciennes [[Université médiévale|universités médiévales]]. Apparue au milieu du {{XIIe siècle}}, elle est reconnue par le roi [[Philippe II Auguste]] en [[1200]] et par le pape {{souverain2|Innocent III}} en [[1215]]. Elle acquiert rapidement un très grand prestige, notamment dans les domaines de la [[philosophie]] et de la [[théologie]]. Constituée comme l'association de tous les [[Collège (Moyen Âge)|collèges]] parisiens situés sur la rive gauche, elle assure la formation de tous les clercs, c'est-à-dire de tous les cadres et agents administratifs des institutions royales (conseil d'État, parlements, tribunaux, cours des comptes, impôts…) et ecclésiastiques (enseignement, hôpitaux, libraires, recherche, évêques, abbés). L'université de Paris, après une longue période de déclin à l'époque moderne, est supprimée en [[1793]].


== Historique ==
== Historique ==
=== Origine ===
=== Origine ===
L'''universitas magistrorum et scholarium Parisiensis'' (signifiant l'« ensemble des maîtres et des élèves de Paris ») est d'abord une [[corporation]] de maîtres et d'élèves qui apparaît à Paris vers [[1150]], en complément de l'école de théologie de Notre-Dame.
L'''universitas magistrorum et scholarium Parisiensis'' (« ensemble des maîtres et des élèves de Paris ») est d'abord une [[corporation]] de maîtres et d'élèves qui apparaît à Paris vers [[1150]], en complément de l'[[École cathédrale de Paris|école de théologie de Notre-Dame]]<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Jacques Verger|titre=Le Paris du Moyen Âge|passage=Chapitre 9. L’université de Paris au Moyen Âge ({{sp-|XIII|-|XIV}}) pp. 175-193.|lieu=Paris|éditeur=Boris Bove éd|date=04 novembre 2014|isbn=978-2-7011-8327-5|lire en ligne=https://www.cairn.info/le-paris-du-moyen-age--9782410013221-page-175.htm|consulté le=05 novembre 2021}}</ref>.


=== {{s mini-|XIII|e}} et {{s-|XIV|e}} ===
=== {{s mini-|XIII|e}} et {{s-|XIV|e}} ===
[[Image:St-Julien-le-Pauvre-Chor.JPG|thumb|right|200px|Église Saint-Julien-le-Pauvre, premier siège des assemblées de l’université de Paris.]]
[[Image:St-Julien-le-Pauvre-Chor.JPG|thumb|right|200px|L'[[Église Saint-Julien-le-Pauvre de Paris|église Saint-Julien-le-Pauvre]], premier siège des assemblées de l’université de Paris.]]
L'Université de Paris était l’une des premières [[université]]s d’[[Europe]], avec [[Université de Bologne|Bologne]], [[Université d'Oxford|Oxford]], [[Université de Cambridge|Cambridge]], [[Université de Salamanque|Salamanque]], [[Université de Montpellier|Montpellier]] et [[Université de Toulouse|Toulouse]].
L'université de Paris est l’une des premières [[université]]s d’[[Europe]], avec [[Université de Bologne|Bologne]], [[Université de Padoue|Padoue]], [[Université d'Oxford|Oxford]], [[Université de Cambridge|Cambridge]], [[Université de Salamanque|Salamanque]], [[Université de Montpellier|Montpellier]] et [[Université de Toulouse|Toulouse]].


Le premier acte qui lui donne un statut officiel est une charte du {{date|15 janvier 1200}} par laquelle le roi [[Philippe II de France|Philippe Auguste]] accorde à la « communauté » (c'est l'invention du mot « Université » qui n'a alors qu'un sens strictement juridique) de ses membres le ''[[for (droit)|for ecclésiastique]]'', c’est-à-dire le privilège d’être jugé par un tribunal ecclésiastique et non civil. Les membres de l’université sont donc tous considérés comme des clercs, ce qui ne les empêche pas d’être très turbulents et de provoquer des incidents dans les tripots parisiens. L’université est reconnue par le pape {{souverain2|Innocent III}}, qui y avait étudié, via son légat [[Robert de Courçon]] par une ''[[licentia docendi]]'' (c'est-à-dire une autorisation d'enseigner) d'août [[1215]], statuts confirmés par la bulle ''[[Parens scientiarum]]'' du 13 avril 1231 de {{souverain2|Grégoire IX}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|titre=Il y a 800 ans naissait l’université de Paris…|url=https://www.biu.sorbonne.fr/bius/blog/il-y-800-ans-naissait-l%E2%80%99universit%C3%A9-de-paris%E2%80%A6|site=biu.sorbonne.fr|périodique=|date=14-12-2015|consulté le=}}</ref>. Ce dernier texte met un terme à la [[Grève de 1229 à l'université de Paris|grande grève entamée en 1229]]. L’organisation de l’enseignement en quatre facultés décret ([[droit canonique]], le droit non ecclésiastique n'ayant été autorisé qu'en [[1679]]), médecine (médecine, chirurgie, apothiquerie), théologie et « arts libéraux » (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, musique, astronomie) remonte à un arbitrage pontifical de [[1213]]. Le logement des étudiants (les « écoliers ») et l’organisation des corps se fait au sein de fondations pieuses appelées « collèges ». L’université de Paris est un ''[[studium generale]]'' c’est-à-dire un centre d’enseignement de toutes les disciplines.
Le premier acte qui lui donne un statut officiel est une charte du {{date|15 janvier 1200}} par laquelle le roi [[Philippe II de France|Philippe Auguste]] accorde à la « communauté » (c'est l'invention du mot « université », qui n'a alors de sens que strictement juridique) de ses membres le ''[[for (droit)|for ecclésiastique]]'', c’est-à-dire le privilège d’être jugé par un tribunal ecclésiastique et non civil. Les membres de l’université sont donc considérés comme des [[Clerc (christianisme)|clercs]], ce qui ne les empêche pas d’être très turbulents et de provoquer des incidents dans les tripots parisiens. L’université est reconnue par le pape {{souverain2|Innocent III}}, qui y a étudié, via son légat [[Robert de Courçon]] par une ''[[licentia docendi]]'' (c'est-à-dire une autorisation d'enseigner) d'août [[1215]], statuts confirmés par la bulle ''[[Parens scientiarum]]'' du 13 avril 1231 de {{souverain2|Grégoire IX}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Il y a 800 ans naissait l’université de Paris…|url=https://www.biu.sorbonne.fr/bius/blog/il-y-800-ans-naissait-l%E2%80%99universit%C3%A9-de-paris%E2%80%A6|site=biu.sorbonne.fr|date=14-12-2015}}</ref>. Ce dernier texte met un terme à une [[Grève de 1229 à l'université de Paris|grande grève entamée en 1229]]. L’organisation de l’enseignement en quatre facultés {{incise|décret ([[droit canonique]], le droit non ecclésiastique n'ayant été autorisé qu'en [[1679]]), [[médecine]] (médecine, [[chirurgie]], [[apothicairerie]]), [[théologie]] et « [[arts libéraux]] » ([[grammaire]], [[rhétorique]], [[dialectique]], [[arithmétique]], [[géométrie]], [[musique]], [[astronomie]])}} remonte à un arbitrage pontifical de [[1213]]. Le logement des étudiants (les « écoliers ») et l’organisation des corps se fait au sein de fondations pieuses appelées « [[collège (Moyen Âge)|collèges]] ». L’université de Paris est un ''[[studium generale]],'' c’est-à-dire un centre d’enseignement de toutes les disciplines.


Le nombre d'étudiants sous le règne de Philippe-Auguste au cours duquel Paris était qualifié de « ''civitas philosophorum'' » est évalué à 15 000 et de 16 à 20 000 au milieu du {{s|XVI}}<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=Adrien Friedmann|titre=Paris, ses rues, ses paroisses du Moyen Âge à la Révolution|passage=261|lieu=|éditeur=Plon|date=1959|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
Le nombre d'étudiants sous le règne de Philippe-Auguste, au cours duquel Paris est qualifié de « {{lang|la|''civitas philosophorum''}} », est évalué à {{formatnum:15000}}, et de 16 à {{formatnum:20000}} au milieu du {{s|XVI}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Adrien Friedmann|titre=Paris, ses rues, ses paroisses du Moyen Âge à la Révolution|éditeur=[[Plon]]|année=1959|passage=261}}</ref>.


En mars 1229, à la suite de la répression violente par la garde de Paris à la suite d'une altercation dans une taverne du quartier Saint-Marcel entre étudiants et les tenanciers le mardi gras qui s'est développée en émeute, les maîtres associés aux étudiants ont décidés une [[Grève de 1229 à l'université de Paris|grève des cours de l'université]]. Une partie des étudiants ont quitté Paris pour poursuivre leurs études dans d'autres universités, Reims, Toulouse ou Oxford. Après deux années de négociations, le [[pape]] [[Grégoire IX]] - lui-même ancien étudiant de Paris - publia la [[bulle pontificale]] ''[[Parens scientiarum]]'' (« la mère des sciences ») le {{date-|13 avril 1231}}, que l'on considéra ''a posteriori'' comme la ''[[Magna Carta]]'' de l'université de Paris parce qu'elle garantissait l'indépendance de l'université. La menace de l'arrêt des cours dispensés par l'université est resté un levier économique puissant.
En mars 1229, après la répression violente par la garde de Paris d'une altercation dans une taverne du quartier Saint-Marcel entre étudiants et les tenanciers le mardi gras qui s'est développée en émeute, les maitres associés aux étudiants décident une [[Grève de 1229 à l'université de Paris|grève des cours de l'université]]. Une partie des étudiants quittent Paris pour poursuivre leurs études dans d'autres universités, Reims, Toulouse ou Oxford. Après deux années de négociations, le [[pape]] [[Grégoire IX]] {{Incise|lui-même ancien étudiant de Paris}} publie la [[bulle pontificale]] ''[[Parens scientiarum]]'' (« la mère des sciences ») le {{date-|13 avril 1231}}, que l'on considère ''a posteriori'' comme la ''[[Magna Carta]]'' de l'université de Paris parce qu'elle garantit l'indépendance de l'université<ref name=":0" />. La menace de l'arrêt des cours dispensés par l'université est restée un levier économique puissant.


=== Évolution de l’institution au {{s-|XV|e}} ===
=== Évolution de l’institution au {{s-|XV|e}} ===
L’université de Paris ne tarde pas à devenir une véritable autorité morale. Les docteurs de l’université se prononcent sur des controverses fameuses comme la taxation des bénéfices ecclésiastiques par le [[Saint-Siège]], et jouent un grand rôle au moment du [[Grand Schisme d'Occident]] ([[1378]]-[[1417]]). C’est le chancelier de l’université de Paris, [[Jean de Gerson]], qui anime d’ailleurs le [[concile de Constance]] ([[1414]]-[[1418]]), qui met fin au schisme. Pendant la [[guerre de Cent Ans]], l’université soutient les Anglais et le parti bourguignon, et approuve l’exécution de [[Jeanne d'Arc]] ([[1431]]). Son ancien recteur, [[Jean Beaupère]], participera aux interrogatoires de cette dernière.
L’université de Paris ne tarde pas à devenir une véritable autorité morale. Les docteurs de l’université se prononcent sur des controverses fameuses comme la taxation des bénéfices ecclésiastiques par le [[Saint-Siège]], et jouent un grand rôle au moment du [[Grand Schisme d'Occident]] ([[1378]]-[[1417]]). C’est le chancelier de l’université de Paris, [[Jean de Gerson]], qui anime d’ailleurs le [[concile de Constance]] ([[1414]]-[[1418]]), qui met fin au schisme. Pendant la [[guerre de Cent Ans]], l’université soutient les Anglais et le parti bourguignon, et approuve l’exécution de [[Jeanne d'Arc]] ([[1431]]). Son ancien recteur, [[Jean Beaupère]], participe aux interrogatoires de cette dernière.


Au {{XVe siècle}}, l’université est souvent en [[grève]], notamment pendant trois mois en [[1443]], et pendant six mois de septembre [[1444]] à mars [[1445]], pour défendre son exemption fiscale. Jusqu’en [[1446]], les étudiants dépendent en matière pénale de l’université. Mais il arrive régulièrement que des écoliers soient arrêtés par le prévôt du roi. Dans ce cas-là, le recteur de l’université se rendait au [[Place du Châtelet|Châtelet]] pour demander que l’écolier soit jugé par l’official de l’université. Si le prévôt du roi refusait, l’université se mettait en grève.
Au {{XVe siècle}}, l’université est souvent en [[grève]], notamment pendant trois mois en [[1443]], et pendant six mois de septembre [[1444]] à mars [[1445]], mais c'est pour défendre son exemption fiscale. Jusqu’en [[1446]], les étudiants dépendent en matière pénale de l’université. Il arrive régulièrement que des écoliers soient arrêtés par le prévôt du roi. Dans ce cas-là, le recteur de l’université se rend au [[Place du Châtelet|Châtelet]] pour demander que l’écolier soit jugé par l’official de l’université. Si le prévôt du roi refuse, l’université se met en grève.


==== L'université concurrencée : absolutisme royal et nouveaux collèges ====
==== L'université concurrencée : absolutisme royal et nouveaux collèges ====
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==== Rationalisation des Lumières ====
==== Rationalisation des Lumières ====
[[Image:Louis-le-Grand--cour-honneur.jpg|thumb|right|300px|Cour d’honneur de l’actuel lycée Louis-le-Grand, ancien siège de l’université de Paris.]]
[[Image:Louis-le-Grand--cour-honneur.jpg|thumb|right|200px|Cour d’honneur de l’actuel lycée Louis-le-Grand, ancien siège de l’université de Paris.]]
En 1763, après l’[[expulsion des Jésuites]], l’université est réorganisée et 28 de ces collèges (notés par une *) sont réunis au [[Lycée Louis-le-Grand|collège Louis-le-Grand]] devenu le chef-lieu de l’université. Il ne reste plus alors à la faculté des arts de Paris, en plus du collège Louis-le-Grand, que neuf collèges dits de plein exercice dispensant encore un enseignement : [[collège du Cardinal-Lemoine]], [[collège des Grassins]], [[collège d'Harcourt]], [[collège de la Marche]], [[collège de Lisieux]], [[collège de Montaigu]], [[collège de Navarre]], [[collège du Plessis]] et [[collège des Quatre-Nations]].
En 1763, après l’[[expulsion des Jésuites]], l’université est réorganisée et 28 de ces collèges (notés par une *) sont réunis au sein du [[Lycée Louis-le-Grand|collège Louis-le-Grand]] devenu le chef-lieu de l’université. Il ne reste plus alors à la faculté des arts de Paris, en plus du collège Louis-le-Grand, que neuf collèges dits de plein exercice dispensant encore un enseignement : [[collège du Cardinal-Lemoine]], [[collège des Grassins]], [[collège d'Harcourt]], [[collège de la Marche]], [[collège de Lisieux]], [[collège de Montaigu]], [[collège de Navarre]], [[collège du Plessis]] et [[collège des Quatre-Nations]].


Un séminaire philologique est créé au collège Louis-le-Grand pour former les professeurs des collèges.
Un séminaire philologique est créé au collège Louis-le-Grand pour former les professeurs des collèges.
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=== Fermeture de l’université de Paris ===
=== Fermeture de l’université de Paris ===
L’ancienne université de Paris disparaît avec la [[loi Le Chapelier|suppression des corporations]] durant la Révolution française. En 1791, [[René Binet (professeur)|René Binet]] est chargé des fonctions de recteur par la municipalité de Paris. Au mois de {{date-|février 1792}}, la faculté de théologie et le tribunal académique furent supprimés, sur le rapport du représentant Gaudin. Le {{date|19 avril 1792}}, l’assemblée ordonna que tous les instituteurs ecclésiastiques soient obligés de prêter serment à la [[constitution civile du clergé]]. Puis la [[Convention nationale]] supprima par décret du {{date|15 septembre 1793}} les collèges de plein exercice et les facultés sur l'ensemble du territoire de la République. La Convention nationale décide de remplacer l’enseignement des anciennes universités par un ensemble d’écoles centrales et d’écoles spéciales, précédées par les écoles primaires. En [[1794]], une école de médecine fut créée, qui reprit les fonctions de la faculté de médecine. Elle fut rejointe en [[1804]] par une école de droit.
La Révolution française et la [[loi Le Chapelier|suppression des corporations]] entraine la disparition de l’université de Paris. En 1791, [[René Binet (professeur)|René Binet]] est toutefois chargé des fonctions de recteur par la municipalité de Paris. Au mois de {{date-|février 1792}}, la faculté de théologie et le tribunal académique sont supprimés, sur le rapport du représentant Gaudin.
Le {{date|19 avril 1792}}, l’assemblée ordonne que tous les instituteurs ecclésiastiques sont obligés de prêter serment à la [[constitution civile du clergé]]. Puis la [[Convention nationale]] supprime par décret du {{date|15 septembre 1793}} les collèges de plein exercice et les facultés sur l'ensemble du territoire de la République.
La Convention nationale décide de remplacer l’enseignement des anciennes universités par un ensemble d’écoles centrales et d’écoles spéciales, précédées par les écoles primaires.
En [[1794]], une école de médecine est créée, qui reprend les fonctions de la faculté de médecine. Elle est rejointe en [[1804]] par une école de droit.


== Organisation de l’université ==
== Organisation de l’université ==
=== Institutions transversales de l'université ===
=== Institutions transversales de l'université ===
L’ancienne université de Paris était formée de quatre facultés : une faculté généraliste, la [[faculté des arts de Paris|faculté des arts]], et trois facultés spécialisées : la [[Faculté de droit de Paris|faculté de décret]] (ancien nom de la Faculté de droit), la [[Faculté de médecine de Paris|faculté de médecine]] et la [[Faculté de théologie catholique de Paris|faculté de théologie]].
L’université de Paris est formée de quatre facultés : une faculté généraliste, la [[faculté des arts de Paris|faculté des arts]], et trois facultés spécialisées : la [[Faculté de droit de Paris|faculté de décret]] (ancien nom de la Faculté de droit), la [[Faculté de médecine de Paris|faculté de médecine]] et la [[Faculté de théologie catholique de Paris|faculté de théologie]].


Au sein de la faculté des arts existaient quatre groupements appelés « [[nation (université)|nations]] » : la [[Nation de Normandie de l’université de Paris|nation de Normandie]], la [[Nation de Picardie de l’université de Paris|nation de Picardie]], la nation d’Angleterre, puis d’Allemagne, et la [[nation française de l'Université de Paris|nation de France]]. Excepté la nation de Normandie, ces nations étaient composées d’un certain nombre de provinces, elles-mêmes subdivisées en [[diocèse]]s.
Au sein de la faculté des arts existent quatre groupements appelés « [[nation (université)|nations]] » : la [[Nation de Normandie de l’université de Paris|nation de Normandie]], la [[Nation de Picardie de l’université de Paris|nation de Picardie]], la nation d’Angleterre, puis d’Allemagne, et la [[nation française de l'Université de Paris|nation de France]]. Excepté la nation de Normandie, ces nations sont composées d’un certain nombre de provinces, elles-mêmes subdivisées en [[diocèse]]s.


Par exemple, la nation de Picardie comprenait deux parties comprenant chacune cinq diocèses :
Par exemple, la nation de Picardie comprend deux parties comprenant chacune cinq diocèses :
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La nation d’Angleterre était d’abord divisée en deux provinces, la province composée du seul royaume d’Angleterre, et la province composée de onze royaumes non anglais. Les Anglais étant devenus plus tard très minoritaires, la nation abolit cette distinction en 1331 et se subdivisa vers la fin du {{XIVe siècle}} en trois provinces, Haute-Allemagne, Basse-Allemagne et Écosse. Après la guerre de Cent Ans, la nation d’Angleterre devint la nation d’Allemagne.
La nation d’Angleterre est d’abord divisée en deux provinces, la province composée du seul royaume d’Angleterre, et la province composée de onze royaumes non anglais. Les Anglais étant devenus plus tard très minoritaires, la nation abolit cette distinction en 1331 et se subdivise vers la fin du {{XIVe siècle}} en trois provinces, Haute-Allemagne, Basse-Allemagne et Écosse. Après la guerre de Cent Ans, la nation d’Angleterre devient la nation d’Allemagne.


Chaque compagnie (faculté ou nation) élisait deux officiers subalternes appelés ''bedeaux'', qui étaient chargés de proclamer les congés, les heures et les jours de leçons, de publier les décisions de la compagnie et d’en assurer l’exécution matérielle, enfin de précéder avec des masses d’argent le recteur, le doyen ou le procureur dans les grandes cérémonies.
Chaque compagnie (faculté ou nation) élit deux officiers subalternes appelés ''bedeaux'', qui sont chargés de proclamer les congés, les heures et les jours de leçons, de publier les décisions de la compagnie et d’en assurer l’exécution matérielle, enfin de précéder avec des masses d’argent le recteur, le doyen ou le procureur dans les grandes cérémonies.


L’université réglementait les industries du livre (librairie, parcheminerie, reliure, enluminure). Elle gérait également le service des messagers.
L’université réglemente les industries du livre (librairie, parcheminerie, reliure, enluminure). Elle gère également le service des messagers.


Les finances étaient administrées par chaque compagnie. Elles étaient confiées à un officier élu, un receveur pour les nations, le grand bedeau pour la faculté de théologie, un trésorier pour la faculté de décret, et le doyen pour la faculté de médecine.
Les finances sont administrées par chaque compagnie. Elles sont confiées à un officier élu, un receveur pour les nations, le grand bedeau pour la faculté de théologie, un trésorier pour la faculté de décret, et le doyen pour la faculté de médecine.


Il fallait être maître ès arts pour être membre de la faculté des arts ; il fallait être docteur pour participer aux délibérations des autres facultés. Les bacheliers des facultés supérieures, qui étaient maîtres ès arts, faisaient partie de la faculté des arts tant qu’ils n'étaient pas docteurs. Le doctorat leur ôtait le droit de participer aux élections et aux délibérations de la faculté des arts. Les religieux de la faculté de théologie et la plupart des bacheliers de la faculté de décret ne faisaient pas partie de la faculté des arts.
Il faut être maitre ès arts pour être membre de la faculté des arts ; il faut être docteur pour participer aux délibérations des autres facultés. Les bacheliers des facultés supérieures, qui sont maitres ès arts, font partie de la faculté des arts tant qu’ils ne sont pas docteurs. Le doctorat leur ôte le droit de participer aux élections et aux délibérations de la faculté des arts. Les religieux de la faculté de théologie et la plupart des bacheliers de la faculté de décret ne font pas partie de la faculté des arts.


Le poste le plus éminent de l’université était celui de [[recteur d'université|recteur]]. Au {{XVIIIe siècle}}, celui-ci était élu tous les trois mois, mais le même était généralement reconduit durant une année. Chaque élection donnait lieu à la « procession du recteur », où défilaient l’ensemble des dignitaires de l’université en partant du siège de l’université (le collège Louis-le-Grand au {{s-|XVIII|e}}). L’ensemble des ordres religieux étaient ainsi conviés ([[augustins]], [[cordeliers]], [[Ordre du Carmel|carmes]], [[Ordre des Prêcheurs|jacobins]], [[billettes]], [[Ordre des Servites de Marie|Blancs-Manteaux]], [[Chanoines réguliers de la Sainte-Croix|ordre de Sainte-Croix]], [[Écoliers du Christ (ordre religieux)|ordre du Val-des-Écoliers]], [[Ordre des Trinitaires|trinitaires]], [[prémontrés]], [[Ordre cistercien|ordre de Cîteaux]], [[ordre de Saint-Benoît]], [[ordre de Cluny]]).
Le poste le plus éminent de l’université est celui de [[recteur d'université|recteur]]. Au {{XVIIIe siècle}}, celui-ci est élu tous les trois mois, mais le même est généralement reconduit durant une année. Chaque élection donne lieu à la « procession du recteur », où défilent l’ensemble des dignitaires de l’université en partant du siège de l’université (le collège Louis-le-Grand au {{s-|XVIII|e}}). L’ensemble des ordres religieux sont ainsi conviés ([[augustins]], [[cordeliers]], [[Ordre du Carmel|carmes]], [[Ordre des Prêcheurs|jacobins]], [[billettes]], [[Ordre des Servites de Marie|Blancs-Manteaux]], [[Chanoines réguliers de la Sainte-Croix|ordre de Sainte-Croix]], [[Écoliers du Christ (ordre religieux)|ordre du Val-des-Écoliers]], [[Ordre des Trinitaires|trinitaires]], [[prémontrés]], [[Ordre cistercien|ordre de Cîteaux]], [[ordre de Saint-Benoît]], [[ordre de Cluny]]).


Chaque gradué, chaque officier des différentes facultés possédait un costume déterminé :
Chaque gradué, chaque officier des différentes facultés possède un costume déterminé :


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{| class="wikitable"
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|valign="top" width="50%"|
|valign="top" width="50%"|
*les '''gradués''' :
*les gradués :
**les '''maîtres ès arts''', en robe noire
**les maitres ès arts, en robe noire
**les '''bacheliers en médecine''', en robe noire et chaperon [[Hermine (héraldique)|herminé]]
**les bacheliers en médecine, en robe noire et chaperon [[Hermine (héraldique)|herminé]]
**les '''bacheliers en droit''', en robe noire et chaperon herminé
**les bacheliers en droit, en robe noire et chaperon herminé
**les '''bacheliers en théologie''', en robe noire et chaperon doublé de fourrure
**les bacheliers en théologie, en robe noire et chaperon doublé de fourrure
**les '''docteurs en droit''', en robe rouge et chaperon herminé
**les docteurs en droit, en robe rouge et chaperon herminé
**les '''docteurs régents en médecine''', en chape et fourrure
**les docteurs régents en médecine, en chape et fourrure
**les '''docteurs en théologie''', en robe noire et violette fourrée avec bonnet de même couleur
**les docteurs en théologie, en robe noire et violette fourrée avec bonnet de même couleur
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|valign="top" width="50%"|
*les '''officiers''' :
*les officiers :
**le '''courrier de l’université'''
**le courrier de l’université
**les '''4 censeurs des nations'''
**les 4 censeurs des nations
**le '''premier appariteur de la faculté de médecine''', en robe bleue fourrée de blanc avec sa masse
**le premier appariteur de la faculté de médecine, en robe bleue fourrée de blanc avec sa masse
**le '''premier appariteur de la faculté de droit''', en robe violette avec sa masse
**le premier appariteur de la faculté de droit, en robe violette avec sa masse
**le '''premier appariteur de la faculté de théologie''', en robe violette fourrée de blanc avec sa masse
**le premier appariteur de la faculté de théologie, en robe violette fourrée de blanc avec sa masse
**le '''recteur de l’université''', en robe violette et bonnet carré violet, avec le mantelet royal et l’escarcelle de velours violet, garnie de glands d’or et de galons d’or
**le recteur de l’université, en robe violette et bonnet carré violet, avec le mantelet royal et l’escarcelle de velours violet, garnie de glands d’or et de galons d’or
**les '''syndic, greffier et receveur de l’université''', en robe rouge herminée
**les syndic, greffier et receveur de l’université, en robe rouge herminée
**les '''doyens des facultés'''
**les doyens des facultés
**les '''procureurs des quatre nations''', en robe rouge herminée blanc et gris
**les procureurs des quatre nations, en robe rouge herminée blanc et gris
**les '''régents de la faculté des arts''', en robe rouge avec le chaperon doublé de fourrure
**les régents de la faculté des arts, en robe rouge avec le chaperon doublé de fourrure
**les '''12 imprimeurs et libraires jurés'''
**les 12 imprimeurs et libraires jurés
**les '''4 [[papetier juré|papetiers jurés]]'''
**les 4 [[papetier juré|papetiers jurés]]
**les '''4 parcheminiers jurés'''
**les 4 parcheminiers jurés
**les '''2 enlumineurs'''
**les 2 enlumineurs
**les '''2 relieurs'''
**les 2 relieurs
**les '''2 écrivains jurés'''
**les 2 écrivains jurés
**les '''grands messagers''' en tunique de velours pourpe brodée de fleurs de lys d’or, tenant aux mains le bâton d’azur, semé de fleurs de lys d’or
**les grands messagers en tunique de velours pourpe brodée de fleurs de lys d’or, tenant aux mains le bâton d’azur, semé de fleurs de lys d’or
**les '''hérauts des grands messagers'''
**les hérauts des grands messagers
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* '''Recteur de l’université'''
* '''Recteur de l’université'''
Le recteur est choisi parmi les membres de la faculté des arts. Il préside le tribunal académique qui se tient au chef-lieu de l’université le premier samedi de chaque mois, formé par les doyens des facultés de théologie, de droit, de médecine, et par les quatre procureurs des quatre nations qui composent la faculté des arts. Le procureur-syndic, le greffier et le receveur assistent aux séances. Le tribunal juge les différends entre les membres de l’université. Les plaignants peuvent faire appel devant l’assemblée générale des facultés.
Le recteur était choisi parmi les membres de la faculté des arts.
Il présidait le tribunal académique qui se tenait au chef-lieu de l’université le premier samedi de chaque mois. Il était formé par les doyens des facultés de théologie, de droit, de médecine, et par les quatre procureurs des quatre nations qui composaient la faculté des arts. Le procureur-syndic, le greffier et le receveur assistaient aux séances.
Le tribunal jugeait tous les différends entre les membres de l’université. Les plaignants pouvaient faire appel devant l’assemblée générale des facultés.


Les enseignements avaient généralement lieu au sein d’établissements tenus par des fondations pieuses appelés « collèges », comme le collège de [[Sorbonne]] ou le collège de Navarre pour la théologie (ou, pour les jeunes artiens, le [[collège de Montaigu]], par exemple). L’université de Paris ne possédait pas de bâtiment en propre.
Les enseignements ont généralement lieu au sein d’établissements tenus par des fondations pieuses appelés « collèges », comme le collège de [[Sorbonne]] ou le collège de Navarre pour la théologie (ou, pour les jeunes artiens, le [[collège de Montaigu]], par exemple). L’université de Paris ne possède pas de bâtiment en propre.


L’université avait droit à la nomination de quatorze bénéfices : les trois cures de Saint-André-des-Arts, de Saint-Côme, de Saint-Germain-le-Vieux, et onze chapellenies.
L’université a droit à la nomination de quatorze bénéfices : les trois cures de Saint-André-des-Arts, de Saint-Côme, de Saint-Germain-le-Vieux, et onze chapellenies.


Les armes de l’université représentaient une main tenant un livre entouré de trois fleurs de lys d’or à fond d’azur.
Les armes de l’université représentent une main tenant un livre entouré de trois fleurs de lys d’or à fond d’azur.


=== Faculté des Arts ===
=== Faculté des Arts ===
{{Article détaillé|Faculté des arts de Paris}}
{{Article détaillé|Faculté des arts de Paris}}


La faculté des arts avait les effectifs les plus nombreux. Elle comprenait 3/4 des effectifs des étudiants parisiens au Moyen Âge (entre 3000 et 4000 sur Paris)
La faculté des arts a les effectifs les plus nombreux. Elle comprend 3/4 des effectifs des étudiants parisiens au Moyen Âge (entre {{Unité|3000}} et {{Unité|4000}} à Paris). Les [[arts libéraux]] se composent de deux cycles :


* Le ''[[trivium (éducation)|trivium]]'' regroupe la [[rhétorique]], la [[dialectique]] et la [[grammaire]]. (Il correspond à notre philosophie actuelle.)
Les [[arts libéraux]] se composent de deux cycles :


Le ''[[trivium (éducation)|trivium]]'' regroupe la [[rhétorique]], la [[dialectique]] et la [[grammaire]]. (Il correspond à notre philosophie actuelle.)
* Le ''[[quadrivium]]'' regroupe les matières « scientifiques » : [[arithmétique]], [[géométrie]], [[astronomie]] et [[musique]].


L'organisation de la [[Faculté des arts de Paris]] est documentée dès le {{S-|XIII}}. À l'[[université de Douai]] en 1744, sur {{Nombre|1705|étudiants}}, près des trois quarts de l’effectif universitaire est dans la faculté des arts, et un quart en théologie ou droit, le reste en médecine<ref>Les trois quarts de l’effectif de l'[[université de Douai]] sont dans la faculté des arts. En effet, en 1744, sur les {{nombre|1705|étudiants}} inscrits à l’université, 838 suivent des cours de philosophie et 401 d’humanités, soit un total de {{Nombre|1239|étudiants}} dans les premiers degrés d’études, délivrés par les collèges et la faculté des arts. Il n’y a donc que {{Nombre|466|étudiants}} inscrits dans les degrés supérieurs d’enseignement de théologie, droit et médecine… dont 395 en théologie, soit 23 % de l’effectif étudiant total. {{ouvrage |titre=Université du droit et de la santé Lille II |sous-titre=Rapport d'évaluation Septembre 1995 |éditeur=Comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (CNE)|année= |isbn= |lire en ligne=https://www.cne-evaluation.fr/WCNE_pdf/LILLE2.PDF }}</ref>. En France, le Master d'Art est le grade terminal des études à la Faculté des arts des universités. L'âge minimum pour devenir maitre ès Arts est de 21 ans. Le maitre ès arts devient alors membre de la Faculté des arts. La faculté des Arts sert de propédeutique, préalable à l'entrée aux facultés de droit, théologie ou médecine.
Le ''[[quadrivium]]'' regroupe les matières « scientifiques » : [[arithmétique]], [[géométrie]], [[astronomie]] et [[musique]].

La maitrise désigne le principal grade universitaire dans l'ancienne université de Paris, sur laquelle les universités anglo-saxonnes ont pris modèle. Jusqu'à l'arrêté du {{date-|26 mai 1992}} relatif au diplôme d'études universitaires générales, à la licence et à la Master, elle s'obtient généralement en un minimum de cinq ans et implique l'obtention, notamment en lettres, du [[diplôme d'études supérieures]] ou certificat d'études supérieures.


=== Faculté de décret ===
=== Faculté de décret ===
{{Article détaillé|Faculté de droit de Paris}}
{{Article détaillé|Faculté de droit de Paris}}
{{...}}
{{...}}
Depuis [[1219]] seul l'enseignement du [[droit canonique]] était autorisé.
Depuis [[1219]] seul l'enseignement du [[droit canonique]] est autorisé.


=== Faculté de médecine ===
=== Faculté de médecine ===
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{{Article détaillé|Faculté de théologie catholique de Paris}}
{{Article détaillé|Faculté de théologie catholique de Paris}}
{{...}}
{{...}}
La faculté de théologie était la faculté la plus prestigieuse de l'Université de Paris.
La faculté de théologie est la faculté la plus prestigieuse de l'Université de Paris. Qualifié de « reine des sciences », elle prétend exercer sur les autres facultés une sorte de suprématie et de contrôle idéologique<ref name=":0" />.

La maitrise de théologie est l'une des plus longues, elle s'obtient en quinze ans<ref name=":0" />.


== Collèges ==
== Collèges ==
{{Article détaillé|Collège (Moyen Âge)}}
{{Article détaillé|Collège (Moyen Âge)}}
Les collèges n’ont accueilli qu’une minorité d’étudiants du {{s mini-|XIII|e}} au {{s-|XV|e}} (un étudiant sur dix à Paris en [[1450]]) mais ont joué un rôle important. À l’origine lieux d’hébergement les collèges vont progressivement devenir des lieux d’enseignement parallèlement aux universités et cela surtout au {{s-|XV|e}}.
Les collèges n’accueillent qu’une minorité d’étudiants du {{s mini-|XIII|e}} au {{s-|XV|e}} (un étudiant sur dix à Paris en [[1450]]) mais jouent un rôle important. À l’origine lieux d’hébergement, les collèges deviennent progressivement des lieux d’enseignement parallèlement aux universités, en particulier au {{s-|XV|e}}.


Il existait deux types de collèges : les « collèges réguliers » (pour les clercs des différents ordres) et les « collèges séculiers » (ouverts aux clercs et aux laïcs).
Il existe deux types de collèges : les « collèges réguliers » (pour les clercs des différents ordres) et les « collèges séculiers » (ouverts aux clercs et aux laïcs).


=== Origine ===
=== Origine ===
L’apparition des collèges dès la fin du {{s-|XII|e}} est antérieure à celle de l’université. Le plus ancien collège est celui des [[Collège des Dix-Huit|Dix-Huit]] fondé en 1180. Ils sont à l’origine des lieux d’hébergement en faveur d’étudiants pauvres qui se trouvaient assurés du gîte et du couvert, mais qui fréquentaient les mêmes cours que les autres étudiants. Ce mouvement de fondations est dû principalement à l’initiative de riches bienfaiteurs, comme un mécène anglais, Josse de Londres, qui parrainait cette université.
L’apparition des collèges dès la fin du {{s-|XII|e}} est antérieure à celle de l’université. Le plus ancien collège est celui des [[Collège des Dix-Huit|Dix-Huit]] fondé en 1180. Ils sont à l’origine des lieux d’hébergement en faveur d’étudiants pauvres qui se trouvaient assurés du gîte et du couvert, et qui fréquentent les mêmes cours que les autres étudiants. Ce mouvement de fondation est à l’initiative de riches bienfaiteurs, comme le mécène anglais, Josse de Londres, qui parraine l'université.


=== {{s mini-|XIII|e}} et {{s-|XIV|e}} ===
=== {{s mini-|XIII|e}} et {{s-|XIV|e}} ===
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{| class="wikitable"
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| colspan="4" | <center>'''Liste des collèges des ordres réguliers à Paris'''</center>
| colspan="4" align="center" | '''Liste des collèges des ordres réguliers à Paris'''
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! Nom du collège!! Date de fondation !! Fondateur !! Adresse actuelle
! Nom du collège!! Date de fondation !! Fondateur !! Adresse actuelle
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| [[Collège des Cordeliers]] || <center>[[1217]]</center> || <center>Ordre des franciscains</center> || <center>Rue de l’École-de-Médecine</center>
| [[Collège des Cordeliers]] || align="center" | [[1217]] || align="center" | Ordre des franciscains || align="center" | Rue de l’École-de-Médecine
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| [[Couvent des Jacobins (rue Saint-Jacques)|Collège des Jacobins]] || <center>[[1217]]</center> || <center>Ordre des dominicains</center> || <center>Rue Saint-Jacques</center>
| [[Couvent des Jacobins (rue Saint-Jacques)|Collège des Jacobins]] || align="center" | [[1217]] || align="center" | Ordre des dominicains || align="center" | Rue Saint-Jacques
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| [[Collège des Bernardins]] || <center>[[1246]]</center> || <center>Étienne de Lexington, <br />abbé de Clairvaux</center>|| <center>Rues de Poissy et de Pontoise</center>
| [[Collège des Bernardins]] || align="center" | [[1246]] || align="center" | Étienne de Lexington, <br />abbé de Clairvaux|| align="center" | Rues de Poissy et de Pontoise
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| [[Collège de Prémontré]] || <center>[[1255]]</center> || <center>Ordre de Prémontré</center>|| <center>Angle de la rue de l’École-de-Médecine<br /> et de la rue Hautefeuille</center>
| [[Collège de Prémontré]] || align="center" | [[1255]] || align="center" | Ordre de Prémontré|| align="center" | Angle de la rue de l’École-de-Médecine<br /> et de la rue Hautefeuille
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| [[Collège des Carmes]] || <center>[[1255]]</center> || <center>Ordre des Carmes</center>|| <center>Sous le marché des Carmes</center>
| [[Collège des Carmes]] || align="center" | [[1255]] || align="center" | Ordre des Carmes|| align="center" | Sous le marché des Carmes
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| [[Collège des Augustins]] || <center>[[1259]]</center> || <center>Chapitre général de Padoue, <br />puis Gilles de Rome, <br />confesseur de Philippe IV</center>|| <center>53-55, quai des Grands-Augustins</center>
| [[Collège des Augustins]] || align="center" | [[1259]] || align="center" | Chapitre général de Padoue, <br />puis Gilles de Rome, <br />confesseur de Philippe IV|| align="center" | 53-55, quai des Grands-Augustins
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| [[Collège de Cluny]] || <center>[[1260]]<br />[[1269]]</center> || <center>Yves de Vergy, <br />puis son neveu Yves de Chasant, <br />abbés de Cluny</center>|| <center>1-3, place de la Sorbonne</center>
| [[Collège de Cluny]] || align="center" | [[1260]]<br />[[1269]] || align="center" | Yves de Vergy, <br />puis son neveu Yves de Chasant, <br />abbés de Cluny|| align="center" | 1-3, place de la Sorbonne
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| [[Collège de Saint-Denis]] || <center>[[1263]]<br />[[1266]]</center> || <center>Matthieu de Vendôme, <br />abbé de Saint-Denis</center>|| <center>21, rue des Grands-Augustins<br />et sous la rue Christine</center>
| [[Collège de Saint-Denis]] || align="center" | [[1263]]<br />[[1266]] || align="center" | Matthieu de Vendôme, <br />abbé de Saint-Denis|| align="center" | 21, rue des Grands-Augustins<br />et sous la rue Christine
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| [[Collège de Marmoutiers]] || <center>[[1329]]</center> || <center>Geoffroy du Plessis, <br />conseiller de Philippe IV<br /> et notaire pontifical</center>|| <center>Sous le lycée Louis-le-Grand</center>
| [[Collège de Marmoutiers]] || align="center" | [[1329]] || align="center" | Geoffroy du Plessis, <br />conseiller de Philippe IV<br /> et notaire pontifical|| align="center" | Sous le lycée Louis-le-Grand
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*[[Collège de Vendôme]], 1367 ?
*[[Collège de Vendôme]], 1367 ?
*[[Collège de Beauvais]]* ou de Dormans, 1370
*[[Collège de Beauvais]]* ou de Dormans, 1370
*[[Collège de maître Gervais]]* ou de Notre-Dame-de-Bayeux, 1370
*[[Collège de maître Gervais|Collège de maitre Gervais]]* ou de Notre-Dame-de-Bayeux, 1370
*[[Collège de Dainville]]*, 1380
*[[Collège de Dainville]]*, 1380
*[[Collège Fortet]]*, 1394
*[[Collège Fortet]]*, 1394
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=== Écoliers ===
=== Écoliers ===
{{...}}
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Les écoliers ou ''escholiers'' appartiennent à la catégorie des [[clergé|clercs]] et sont donc tonsurés. Ils peuvent venir d'autres « pays » et se regrouper en ''nations'', qui sont des sociétés d'entraide. Chaque nation choisit un procureur qui la représente dans l'administration de l'université. Les étudiants sont turbulents, et leurs tapages nocturnes dérangent les bourgeois de la ville. Le coût des études est important : logement, livres, taxes d'examen, cadeaux aux maîtres…
Les écoliers ou ''escholiers'' appartiennent à la catégorie des [[clergé|clercs]] et sont donc tonsurés. Ils peuvent venir d'autres « pays » et se regrouper en ''nations'', qui sont des sociétés d'entraide. Chaque nation choisit un procureur qui la représente dans l'administration de l'université. Les étudiants sont turbulents, et leurs tapages nocturnes dérangent les bourgeois de la ville.

Le coût des études est important : logement, livres, taxes d'examen, cadeaux aux maitres…<ref>{{Ouvrage|auteur1=Serge Lusignan|titre=Les pauvres étudiants à l’Université de Paris In : Le petit peuple dans l’Occident médiéval : Terminologies, perceptions, réalités|passage=Les petites gens dans le milieu universitaire : position du problème.|lieu=Paris|éditeur=Éditions de la Sorbonne|date=2002|isbn=9791035102050|lire en ligne=http://books.openedition.org/psorbonne/14004|consulté le=05 novembre 2021}}</ref> De plus des travaux universitaires récents sur le recrutement des universités françaises montrent effectivement que très peu d’étudiants sont originaires de leur ville d’étude et que la majorité vit loin de leur milieu familial, pour un séjour de plusieurs années<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jacques Verger|auteur institutionnel=A. Vauchez dir.|titre=L’étranger au Moyen Âge. Actes du {{XXXe}} congrès de la SHMESP (Götingen, 1999)|passage=Le recrutement géographique des universités françaises au début du xve siècle d’après les suppliques de 1403 »p. 122-173|lieu=Paris|éditeur=Mornet et J. Verger|date=2000|lire en ligne=https://books.openedition.org/psorbonne/14004?lang=fr#ftn9|consulté le=5 novembre 2021}}</ref>.


=== Personnalités ===
=== Personnalités ===
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* [[Henri de Mondeville]] (1260-1320), Faculté de médecine
* [[Henri de Mondeville]] (1260-1320), Faculté de médecine
* [[Armand-Jean de Mauvillain]] (1620-1685), de 1866-1868 doyen de la faculté de médecine (médecin et amis de [[Molière]])<ref>{{Article|auteur1=[[Christian Warolin]]|titre=Armand-Jean de Mauvillain (1620-1685), ami et conseiller de Molière, doyen de la Faculté de médecine de Paris (1666-1668) |périodique=Histoire des sciences médicales|tome= XIX|numéro=2|année=2005|pages=113-129|lire en ligne=http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2005x039x002/HSMx2005x039x002x0113.pdf|id=ChristianWarolin2005n2}}.</ref>.
* [[Armand-Jean de Mauvillain]] (1620-1685), de 1866-1868 doyen de la faculté de médecine (médecin et amis de [[Molière]])<ref>{{Article|auteur1=[[Christian Warolin]]|titre=Armand-Jean de Mauvillain (1620-1685), ami et conseiller de Molière, doyen de la Faculté de médecine de Paris (1666-1668) |périodique=Histoire des sciences médicales|tome= XIX|numéro=2|année=2005|pages=113-129|lire en ligne=http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2005x039x002/HSMx2005x039x002x0113.pdf|id=ChristianWarolin2005n2}}.</ref>.
* [[Nicole Oresme]] (1325-1382), Écolier au Collège de Navarre, Docteur en théologie, grand-maître du Collège de Navarre.
* [[Nicole Oresme]] (1325-1382), Écolier au Collège de Navarre, Docteur en théologie, grand-maitre du Collège de Navarre.
* [[Gonzalo Pérez]] (Gonzalo Pérez Gudiel) (1238/39-1299), maître de la faculté des arts en 1259
* [[Gonzalo Pérez]] (Gonzalo Pérez Gudiel) (1238/39-1299), maitre de la faculté des arts en 1259
* [[Pierre de Ronsard]], Écolier au Collège de Coqueret
* [[Pierre de Ronsard]], Écolier au Collège de Coqueret
* [[Clément VI|Pierre Roger]] (1291-1352), Pape sous le nom de ''Clément VI''
* [[Clément VI|Pierre Roger]] (1291-1352), Pape sous le nom de ''Clément VI''
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==== Grades ====
==== Grades ====
Le grade le plus ancien est la [[licence (France)|licence]]. Celui-ci n’est en fait pas un grade d’origine universitaire puisqu’il était conféré par le chancelier de Notre-Dame ou de Sainte-Geneviève et donnait le droit d’enseigner dans toutes les universités. L’université créa ensuite d'autres grades : le [[baccalauréat en France|baccalauréat]], le bachelier obtenant le droit d’assister le professeur avant d’obtenir la licence ; la [[maîtrise (France)|maîtrise]], grade terminal des études artiennes marquant l’intronisation dans la corporation ; et le [[doctorat (France)|doctorat]] qui reconnaissait le titulaire comme un maître de sa discipline (droit, médecine, théologie).
Le grade le plus ancien est la [[licence (France)|licence]]. Celui-ci n’est en fait pas un grade d’origine universitaire puisqu’il est conféré par le chancelier de Notre-Dame ou de Sainte-Geneviève et donne le droit d’enseigner dans toutes les universités. L’université crée ensuite d'autres grades : le [[baccalauréat en France|baccalauréat]], le bachelier obtenant le droit d’assister le professeur avant d’obtenir la licence ; la [[maîtrise (France)|maitrise]], grade terminal des études artiennes marquant l’intronisation dans la corporation ; et le [[doctorat (France)|doctorat]] qui reconnait le titulaire comme un spécialiste de sa discipline (droit, médecine, théologie).


===== Baccalauréat =====
===== Baccalauréat =====
Le baccalauréat avait donc deux niveaux. Le baccalauréat ès arts était le premier grade. C'est en ce sens qu'il désigne aujourd'hui en France le diplôme donnant accès aux études supérieures. Le maître ès arts restait cependant moins qualifié que le bachelier en decret, médecine, ou théologie. Le baccalauréat est conféré dans les quatre facultés : faculté des arts, de médecine, de décret (ancien nom de la Faculté de droit) et de théologie. Il s'agit du premier grade obtenu dans chacune de ces facultés, la faculté des arts étant généralement un préalable aux autres facultés : le baccalauréat de théologie, par exemple, était donc supérieur au baccalauréat ès arts et même que la licence ès arts. Le bachelier peut ensuite préparer la licence de sa faculté afin d'obtenir le droit d'enseigner (''licencia docendi'' : permission d’enseigner) dans celle-ci. En tant que bachelier, il peut assister un professeur pour l'enseignement en direction des candidats au baccalauréat en étant responsable des cours dits « extraordinaires ».
Le baccalauréat a deux niveaux. Le baccalauréat ès arts est le premier grade. C'est en ce sens qu'il désigne aujourd'hui en France le diplôme donnant accès aux études supérieures. Le maitre ès arts reste cependant moins qualifié que le bachelier ès décret, médecine, ou théologie. Le baccalauréat est conféré dans les quatre facultés : faculté des arts, de médecine, de décret (ancien nom de la Faculté de droit) et de théologie. Il s'agit du premier grade obtenu dans chacune de ces facultés, la faculté des arts étant généralement un préalable aux autres facultés : le baccalauréat de théologie, par exemple, est supérieur au baccalauréat ès arts, et même à la licence ès arts. Le bachelier peut ensuite préparer la licence de sa faculté afin d'obtenir le droit d'enseigner (''licencia docendi'' : permission d’enseigner) dans celle-ci. En tant que bachelier, il peut assister un professeur pour l'enseignement en direction des candidats au baccalauréat en étant responsable des cours dits « extraordinaires ».


===== Licence =====
===== Licence =====
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===== Maîtrise =====
===== Maitrise =====
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===== Doctorat =====
===== Doctorat =====
{{Article détaillé|Doctorat (France)}}
{{Article détaillé|Doctorat (France)}}
Il n'y a au début pas de nette différence entre le titre de « docteur » et le titre de « maître », tous deux sont attribués au terme des études dans une des facultés. Les doctorats sont peu à peu conférés dans trois disciplines : d'abord dans le droit, puis la médecine et la théologie. Dans la Faculté ès Arts, le titre terminal de [[maîtrise universitaire ès lettres|maître ès arts]] demeure. Le doctorat est obtenu peu de temps après la licence à la suite d'une épreuve orale dénommée généralement vespérie<ref>Voir la [http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.129:77./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/ description d'une vesperie] pour l'obtention du titre de docteur en médecine</ref>. Le doctorat est à cette époque un titre principalement protocolaire, que ce soit dans son obtention ou dans son usage, il ne demande pas de préparation particulière si ce n'est de remplir toutes les formalités de l'époque. La durée d'obtention est avant tout allongée par le nombre réduit de sessions et déterminée par le rang obtenu par le candidat lors de l'obtention de la licence (le « major » de licence étant le premier sur la liste pour obtenir le doctorat). En obtenant le doctorat, l'impétrant devient membre de sa faculté.
Il n'y a au début pas de nette différence entre le titre de « docteur » et le titre de « maitre », tous deux sont attribués au terme des études dans l'une des facultés. Les doctorats sont conférés dans trois disciplines : d'abord en droit, puis en médecine et en théologie. Dans la Faculté ès Arts, le titre terminal de [[maîtrise universitaire ès lettres|maitre ès arts]] demeure. Le doctorat est obtenu peu de temps après la licence à la suite d'une épreuve orale dénommée généralement vespérie<ref>Voir la [http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.129:77./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/ description d'une vesperie] pour l'obtention du titre de docteur en médecine</ref>. Le doctorat est à cette époque un titre principalement protocolaire, que ce soit dans son obtention ou dans son usage, il ne demande pas de préparation particulière si ce n'est de remplir toutes les formalités de l'époque. La durée d'obtention est avant tout allongée par le nombre réduit de sessions et déterminée par le rang obtenu par le candidat lors de l'obtention de la licence (le « major » de licence étant le premier sur la liste pour obtenir le doctorat). En obtenant le doctorat, l'impétrant devient membre de sa faculté.


Le titre de docteur donnait aux décisions de celui qui le portait force de loi. Ce qu'un docteur ès decret avait dit ou écrit pouvait servir d'argument auprès d'un juge. Ce qu'un docteur en théologie disait ou écrivait l'était avec l'autorité de l'Église et ne pouvait être contesté sans risquer une accusation d'hérésie. L'admission au titre de docteur signifiait que la thèse soutenue était admise par les docteurs plus anciens comme n'étant pas une hypothèse ou une possibilité d'interprétation mais comme une expression exacte du Saint Esprit. D'où les enjeux et la force du débat introduit par un [[Thomas d'Aquin]] par exemple ou des discussions sur le rôle de l'interprétation humaine introduites par la pensée d'un [[Jean Duns Scot|Duns Scot]]. Le titre de docteur avait donc une valeur proche de celui que nous nommons aujourd'hui professeur et avait en fait un sens bien différent.
Le titre de docteur donne aux décisions de celui qui le porte force de loi. Ce qu'un docteur ès décret dit ou écrit peut servir d'argument auprès d'un juge. Ce qu'un docteur en théologie dit ou écrit engage l'autorité de l'Église et ne peut être contesté sans risquer une accusation d'hérésie. L'admission au titre de docteur signifiait que la thèse soutenue est admise par les docteurs plus anciens comme n'étant pas une hypothèse ou une possibilité d'interprétation mais comme une expression exacte du Saint Esprit. D'où les enjeux et la force du débat introduit par un [[Thomas d'Aquin]] par exemple ou des discussions sur le rôle de l'interprétation humaine introduites par la pensée d'un [[Jean Duns Scot|Duns Scot]]. Le titre de docteur a donc une valeur proche de celui que nous nommons aujourd'hui professeur et a en fait un sens bien différent.


==== Examens ====
==== Examen, d'après l’''Encyclopédie'' ====
Voici quelques détails portant sur le baccalauréat dans les différentes facultés supérieures présentés dans l’''Encyclopédie'' de Diderot et d’Alembert.
Voici quelques détails portant sur le baccalauréat dans les différentes facultés supérieures présentés dans l’''Encyclopédie'' de Diderot et d’Alembert.


===== [[Faculté de droit de Paris|Faculté de décret]] =====
===== [[Faculté de droit de Paris|Faculté de décret]] =====
D’après les statuts de 1600, le baccalauréat en droit canonique peut être obtenu après deux années d’études. Le candidat passe un examen sur la décrétale devant deux docteurs, puis prête serment et reçoit la bénédiction du doyen.
D’après les statuts de 1600, le ''baccalauréat en droit canonique'' peut être obtenu après deux années d’études. Le candidat passe un examen sur la décrétale devant deux docteurs, puis prête serment et reçoit la bénédiction du doyen.


===== [[Faculté de médecine de Paris|Faculté de médecine]] =====
===== [[Faculté de médecine de Paris|Faculté de médecine]] =====
Pour être bachelier en médecine, il faut, après avoir été quatre ans maître ès Arts dans l’université, faire deux ans d’étude en médecine et subir un examen, après quoi on est revêtu de la fourrure pour entrer en licence.
Pour être ''bachelier en médecine'', il faut, après avoir été quatre ans maitre ès Arts à l’université, faire deux ans d’étude en médecine et subir un examen, après quoi on est revêtu de la fourrure pour entrer en licence.


D’après les statuts de 1600, on ne reçoit les bacheliers en médecine que de deux ans en deux ans. Cette réception se fait vers la mi-carême. Les aspirants doivent justifier qu’ils sont [[maîtrise universitaire ès lettres|maîtres ès arts]] de l’université de Paris depuis quatre ans ou huit pour une autre université. Le candidat passe un examen puis prête serment. La clause de célibat a été retirée depuis 1600. Les bacheliers en médecine ne peuvent exercer dans la ville ou les faubourgs de Paris qu’avec l’assistance d’un docteur. D’après un édit de 1707, pour les autres facultés de France, il faut être licencié pour exercer la médecine.
D’après les statuts de 1600, on ne reçoit les bacheliers en médecine que de deux ans en deux ans. Cette réception se fait vers la mi-carême. Les aspirants doivent justifier qu’ils sont [[maîtrise universitaire ès lettres|maitres ès arts]] de l’université de Paris depuis quatre ans ou huit s'ils viennent d'une autre université. Le candidat passe un examen puis prête serment. Une clause de célibat existe, mais elle est retirée en 1600. Les bacheliers en médecine ne peuvent exercer dans la ville ou les faubourgs de Paris qu’avec l’assistance d’un docteur. D’après un édit de 1707, pour les autres facultés de France, il faut être licencié pour exercer la médecine.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
Par ordre chronologique :
Par ordre chronologique :
* [[Friedrich Heinrich Suso Denifle|Henrich Denifle]], ''Chartularium Universitatis parisiensis'', ex typis fratrum Delalain, Paris, 1889 t. I, ''1200-1286'' [https://archive.org/details/chartulariumuni03mogoog (''lire en ligne'')]
* Marie-Dominique Chenu, « Maîtres et bacheliers de l'université de Paris v. 1240. Description du manuscrit de Paris, Bib. Nat. lat. 15652 », dans ''Études d'histoire littéraire et doctrinale du {{XIIIe}} siècle'', Librairie philosophique J. Vrin (Publications de l'Institut d'études médiévales d'Ottawa), 1932, {{1re}} série, {{p.|11-39}} [https://archive.org/details/etudes6590551/page/n17/mode/2up (''lire en ligne'')]
* Marcel Fournier, Léon Dorez, ''La Faculté de décret de l'Université de Paris au {{XVe}} siècle'', Imprimerie nationale (''Histoire générale de Paris'', tome 2), Paris, 1902 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k241345t.image (''lire en ligne'')]
* [[Friedrich Heinrich Suso Denifle|Henrich Denifle]], ''Chartularium Universitatis parisiensis'', ex typis fratrum Delalain, Paris, 1891 t. II, sectio prior,''1286-1350'' [https://archive.org/details/chartulariumuni02mogoog (''lire en ligne'')]
* [[Friedrich Heinrich Suso Denifle|Henrich Denifle]], ''Chartularium Universitatis parisiensis'', ex typis fratrum Delalain, Paris, 1893 t. III, ''1350-1393'' [https://archive.org/details/cuachartulariumu03deni (''lire en ligne'')]
* Abbé [[Palémon Glorieux]], ''Répertoire des maîtres en théologie de Paris au {{XIIIe}} siècle'', Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1933, [https://books.google.fr/books?id=4pLgAAAAMAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false tome 1], [https://books.google.fr/books?id=X5PgAAAAMAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false tome 2]
* [[Friedrich Heinrich Suso Denifle|Henrich Denifle]], ''Chartularium Universitatis parisiensis'', ex typis fratrum Delalain, Paris, 1897 t. IV,''1393-1452'' [https://archive.org/details/cuachartulariumu04deni (''lire en ligne'')]
* Edouard Fournier, « L'enseignement des Décrétales à l'université de Paris au Moyen Âge », dans ''Revue d'histoire de l'Église de France'', 1940, {{n°|110}}, {{p.|58-62}} [https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1940_num_26_110_2903 (''lire en lmigne'')]
* [[Friedrich Heinrich Suso Denifle|Henrich Denifle]], ''Les universités françaises au Moyen Âge'', Émile Bouillon éditeur, Paris, 1892, 99p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55250825.r=Denifle%2C%20Henri?rk=21459;2 (''lire en ligne'')]
* Abbé Palémon Glorieux, « La Faculté de théologie de Paris et ses principaux docteurs au {{XIIIe}} siècle », dans ''Revue d'histoire de l'Église de France'', 1946, tome 32, {{n°|121}}, {{p.|241-264}} [https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1946_num_32_121_3021 (''lire en ligne'')]
* Abbé Palémon Glorieux, ''La Faculté des arts et ses maîtres au {{XIIIe}} siècle'', Librairie philosophique J. Vrin (Études de philosophie médiévale'', LIX), Paris, 1971 [https://books.google.fr/books?id=3T-JlA4YszkC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false (''lire en ligne'')]
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* Marie-Madeleine Compère, ''Les collèges français. {{16e}}-{{18e}} siècles. Répertoire'', Paris, 2002.
* Abbé [[Palémon Glorieux]], ''Répertoire des maitres en théologie de Paris au {{s-|XIII}}'', Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1933, [https://books.google.fr/books?id=4pLgAAAAMAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false tome 1], [https://books.google.fr/books?id=X5PgAAAAMAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false tome 2]
* Jacques Verger, ''Les Universités françaises au Moyen Âge'', Leiden, E.J. Brill, 1995
* [[Édouard Fournier]], « L'enseignement des Décrétales à l'université de Paris au Moyen Âge », dans ''Revue d'histoire de l'Église de France'', 1940, {{n°|110}}, {{p.|58-62}} [https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1940_num_26_110_2903 (''lire en lmigne'')]
* Abbé Palémon Glorieux, « La Faculté de théologie de Paris et ses principaux docteurs au {{s-|XIII}} », dans ''Revue d'histoire de l'Église de France'', 1946, tome 32, {{n°|121}}, {{p.|241-264}} [https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1946_num_32_121_3021 (''lire en ligne'')]
* Abbé Palémon Glorieux, ''La Faculté des arts et ses maitres au {{s-|XIII}}'', Librairie philosophique J. Vrin (''Études de philosophie médiévale'', LIX), Paris, 1971 [https://books.google.fr/books?id=3T-JlA4YszkC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false (''lire en ligne'')]
* [[Marie-Madeleine Compère]], ''Les collèges français. {{16e}}-{{18e}} siècles. Répertoire'', Paris, 2002.
* [[Jacques Verger]], ''Les Universités françaises au Moyen Âge'', Leiden, E.J. Brill, 1995
* Aurélie Perraut, ''L'architecture des collèges parisiens au Moyen Âge'', PU Paris-Sorbonne, 2009.
* Aurélie Perraut, ''L'architecture des collèges parisiens au Moyen Âge'', PU Paris-Sorbonne, 2009.
* Nathalie Gorochov, « Les maîtres parisiens et la genèse de l’Université (1200-1231) », dans ''Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes'', 2009, {{n°|18}}, {{p.|53-73}} [https://journals.openedition.org/crm/11684 (''lire en ligne'')]
* [[Nathalie Gorochov]], « Les maitres parisiens et la genèse de l’Université (1200-1231) », dans ''Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes'', 2009, {{n°|18}}, {{p.|53-73}} [https://journals.openedition.org/crm/11684 (''lire en ligne'')]


=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
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* [http://www.univ-paris1.fr/universite/presentation/historique Histoire des universités de Paris]
* [http://www.univ-paris1.fr/universite/presentation/historique Histoire des universités de Paris]
* [http://classes.bnf.fr/dossitsm/occichre.htm Bibliothèque nationale de France : L'enseignement médiéval : arts libéraux, grands maitres et universités]
* [https://francearchives.fr/fr/commemo/recueil-2015/39111 Archives nationales : Août 1215 - Promulgation des statuts de l'université de Paris par Robert de Courson]
* [http://www.fordham.edu/halsall/french/bul.htm Bulle papale pour l’université de Paris (1231)]
* [http://www.fordham.edu/halsall/french/bul.htm Bulle papale pour l’université de Paris (1231)]
* [http://membres.multimania.fr/chartulaire L'Université de Paris au Moyen Âge. Projet de numérisation et d'indexation des sources éditées]
* [http://membres.multimania.fr/chartulaire L'Université de Paris au Moyen Âge. Projet de numérisation et d'indexation des sources éditées]
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Universitas Magistrorum et Scholarium Parisiensis
Armes de l'université de Paris.
Un cours de théologie à la Sorbonne, XVe siècle.
Histoire
Fondation

1045-1150, Haut Moyen Âge (origine à l'École de théologie de Notre-Dame)

1200 (statut officiel)

1215 (reconnaissance du pape)
Dissolution
1793
Statut
Type
Université corporative
Régime linguistique
Fondateur
Devise
Hic et ubique terrarum
« Ici et partout sur la terre »
Localisation
Pays
Ville
Localisation sur la carte de Paris
voir sur la carte de Paris

L'université de Paris est l'une des plus importantes et des plus anciennes universités médiévales. Apparue au milieu du XIIe siècle, elle est reconnue par le roi Philippe II Auguste en 1200 et par le pape Innocent III en 1215. Elle acquiert rapidement un très grand prestige, notamment dans les domaines de la philosophie et de la théologie. Constituée comme l'association de tous les collèges parisiens situés sur la rive gauche, elle assure la formation de tous les clercs, c'est-à-dire de tous les cadres et agents administratifs des institutions royales (conseil d'État, parlements, tribunaux, cours des comptes, impôts…) et ecclésiastiques (enseignement, hôpitaux, libraires, recherche, évêques, abbés). L'université de Paris, après une longue période de déclin à l'époque moderne, est supprimée en 1793.

Historique[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

L'universitas magistrorum et scholarium Parisiensis (« ensemble des maîtres et des élèves de Paris ») est d'abord une corporation de maîtres et d'élèves qui apparaît à Paris vers 1150, en complément de l'école de théologie de Notre-Dame[1].

XIIIe et XIVe siècle[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Julien-le-Pauvre, premier siège des assemblées de l’université de Paris.

L'université de Paris est l’une des premières universités d’Europe, avec Bologne, Padoue, Oxford, Cambridge, Salamanque, Montpellier et Toulouse.

Le premier acte qui lui donne un statut officiel est une charte du par laquelle le roi Philippe Auguste accorde à la « communauté » (c'est l'invention du mot « université », qui n'a alors de sens que strictement juridique) de ses membres le for ecclésiastique, c’est-à-dire le privilège d’être jugé par un tribunal ecclésiastique et non civil. Les membres de l’université sont donc considérés comme des clercs, ce qui ne les empêche pas d’être très turbulents et de provoquer des incidents dans les tripots parisiens. L’université est reconnue par le pape Innocent III, qui y a étudié, via son légat Robert de Courçon par une licentia docendi (c'est-à-dire une autorisation d'enseigner) d'août 1215, statuts confirmés par la bulle Parens scientiarum du 13 avril 1231 de Grégoire IX[2]. Ce dernier texte met un terme à une grande grève entamée en 1229. L’organisation de l’enseignement en quatre facultés — décret (droit canonique, le droit non ecclésiastique n'ayant été autorisé qu'en 1679), médecine (médecine, chirurgie, apothicairerie), théologie et « arts libéraux » (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, musique, astronomie) — remonte à un arbitrage pontifical de 1213. Le logement des étudiants (les « écoliers ») et l’organisation des corps se fait au sein de fondations pieuses appelées « collèges ». L’université de Paris est un studium generale, c’est-à-dire un centre d’enseignement de toutes les disciplines.

Le nombre d'étudiants sous le règne de Philippe-Auguste, au cours duquel Paris est qualifié de « civitas philosophorum », est évalué à 15 000, et de 16 à 20 000 au milieu du XVIe siècle[3].

En mars 1229, après la répression violente par la garde de Paris d'une altercation dans une taverne du quartier Saint-Marcel entre étudiants et les tenanciers le mardi gras qui s'est développée en émeute, les maitres associés aux étudiants décident une grève des cours de l'université. Une partie des étudiants quittent Paris pour poursuivre leurs études dans d'autres universités, Reims, Toulouse ou Oxford. Après deux années de négociations, le pape Grégoire IX — lui-même ancien étudiant de Paris — publie la bulle pontificale Parens scientiarum (« la mère des sciences ») le , que l'on considère a posteriori comme la Magna Carta de l'université de Paris parce qu'elle garantit l'indépendance de l'université[1]. La menace de l'arrêt des cours dispensés par l'université est restée un levier économique puissant.

Évolution de l’institution au XVe siècle[modifier | modifier le code]

L’université de Paris ne tarde pas à devenir une véritable autorité morale. Les docteurs de l’université se prononcent sur des controverses fameuses comme la taxation des bénéfices ecclésiastiques par le Saint-Siège, et jouent un grand rôle au moment du Grand Schisme d'Occident (1378-1417). C’est le chancelier de l’université de Paris, Jean de Gerson, qui anime d’ailleurs le concile de Constance (1414-1418), qui met fin au schisme. Pendant la guerre de Cent Ans, l’université soutient les Anglais et le parti bourguignon, et approuve l’exécution de Jeanne d'Arc (1431). Son ancien recteur, Jean Beaupère, participe aux interrogatoires de cette dernière.

Au XVe siècle, l’université est souvent en grève, notamment pendant trois mois en 1443, et pendant six mois de septembre 1444 à mars 1445, mais c'est pour défendre son exemption fiscale. Jusqu’en 1446, les étudiants dépendent en matière pénale de l’université. Il arrive régulièrement que des écoliers soient arrêtés par le prévôt du roi. Dans ce cas-là, le recteur de l’université se rend au Châtelet pour demander que l’écolier soit jugé par l’official de l’université. Si le prévôt du roi refuse, l’université se met en grève.

L'université concurrencée : absolutisme royal et nouveaux collèges[modifier | modifier le code]

La fin du XVe siècle marque pour l’université de Paris le début d’une période délicate. Charles VII la soumet, en 1446, à la juridiction du parlement de Paris, ce qui suscite des émeutes estudiantines auxquelles participe, entre autres, le poète François Villon. En 1453, un écolier, Raymond de Mauregart, est tué par les sergents du Châtelet et l’université se met à nouveau en grève pendant plusieurs mois.

L’université de Paris s’oppose en vain au concordat de Bologne, signé en 1516 par François Ier, qui donne au pouvoir royal la possibilité de contrôler l’accès aux grands bénéfices. La fondation du Collège de France, en 1530, et l’apparition de la Compagnie de Jésus et de la Société de l'oratoire de Jésus au milieu du XVIe siècle viennent concurrencer l’université, avant que les guerres de Religion n’embrasent la France. En 1600, Henri IV supprime les privilèges de l’université.

Après des velléités d’indépendance au cours de la Fronde, l’université se soumet à Louis XIV. Elle condamne les idées de Descartes, puis celles des philosophes du siècle des Lumières. Après l’expulsion des Jésuites en 1762, elle annexe le collège Louis-le-Grand et un nouveau bâtiment est construit place du Panthéon pour la faculté de droit.

Rationalisation des Lumières[modifier | modifier le code]

Cour d’honneur de l’actuel lycée Louis-le-Grand, ancien siège de l’université de Paris.

En 1763, après l’expulsion des Jésuites, l’université est réorganisée et 28 de ces collèges (notés par une *) sont réunis au sein du collège Louis-le-Grand devenu le chef-lieu de l’université. Il ne reste plus alors à la faculté des arts de Paris, en plus du collège Louis-le-Grand, que neuf collèges dits de plein exercice dispensant encore un enseignement : collège du Cardinal-Lemoine, collège des Grassins, collège d'Harcourt, collège de la Marche, collège de Lisieux, collège de Montaigu, collège de Navarre, collège du Plessis et collège des Quatre-Nations.

Un séminaire philologique est créé au collège Louis-le-Grand pour former les professeurs des collèges.

En 1766 est créé un concours d’agrégation pour les classes de philosophie, belles-lettres et grammaire. Lors des vacances d’emploi, les nouveaux professeurs sont choisis parmi les agrégés.

Fermeture de l’université de Paris[modifier | modifier le code]

La Révolution française et la suppression des corporations entraine la disparition de l’université de Paris. En 1791, René Binet est toutefois chargé des fonctions de recteur par la municipalité de Paris. Au mois de , la faculté de théologie et le tribunal académique sont supprimés, sur le rapport du représentant Gaudin.

Le , l’assemblée ordonne que tous les instituteurs ecclésiastiques sont obligés de prêter serment à la constitution civile du clergé. Puis la Convention nationale supprime par décret du les collèges de plein exercice et les facultés sur l'ensemble du territoire de la République.

La Convention nationale décide de remplacer l’enseignement des anciennes universités par un ensemble d’écoles centrales et d’écoles spéciales, précédées par les écoles primaires.

En 1794, une école de médecine est créée, qui reprend les fonctions de la faculté de médecine. Elle est rejointe en 1804 par une école de droit.

Organisation de l’université[modifier | modifier le code]

Institutions transversales de l'université[modifier | modifier le code]

L’université de Paris est formée de quatre facultés : une faculté généraliste, la faculté des arts, et trois facultés spécialisées : la faculté de décret (ancien nom de la Faculté de droit), la faculté de médecine et la faculté de théologie.

Au sein de la faculté des arts existent quatre groupements appelés « nations » : la nation de Normandie, la nation de Picardie, la nation d’Angleterre, puis d’Allemagne, et la nation de France. Excepté la nation de Normandie, ces nations sont composées d’un certain nombre de provinces, elles-mêmes subdivisées en diocèses.

Par exemple, la nation de Picardie comprend deux parties comprenant chacune cinq diocèses :

La nation d’Angleterre est d’abord divisée en deux provinces, la province composée du seul royaume d’Angleterre, et la province composée de onze royaumes non anglais. Les Anglais étant devenus plus tard très minoritaires, la nation abolit cette distinction en 1331 et se subdivise vers la fin du XIVe siècle en trois provinces, Haute-Allemagne, Basse-Allemagne et Écosse. Après la guerre de Cent Ans, la nation d’Angleterre devient la nation d’Allemagne.

Chaque compagnie (faculté ou nation) élit deux officiers subalternes appelés bedeaux, qui sont chargés de proclamer les congés, les heures et les jours de leçons, de publier les décisions de la compagnie et d’en assurer l’exécution matérielle, enfin de précéder avec des masses d’argent le recteur, le doyen ou le procureur dans les grandes cérémonies.

L’université réglemente les industries du livre (librairie, parcheminerie, reliure, enluminure). Elle gère également le service des messagers.

Les finances sont administrées par chaque compagnie. Elles sont confiées à un officier élu, un receveur pour les nations, le grand bedeau pour la faculté de théologie, un trésorier pour la faculté de décret, et le doyen pour la faculté de médecine.

Il faut être maitre ès arts pour être membre de la faculté des arts ; il faut être docteur pour participer aux délibérations des autres facultés. Les bacheliers des facultés supérieures, qui sont maitres ès arts, font partie de la faculté des arts tant qu’ils ne sont pas docteurs. Le doctorat leur ôte le droit de participer aux élections et aux délibérations de la faculté des arts. Les religieux de la faculté de théologie et la plupart des bacheliers de la faculté de décret ne font pas partie de la faculté des arts.

Le poste le plus éminent de l’université est celui de recteur. Au XVIIIe siècle, celui-ci est élu tous les trois mois, mais le même est généralement reconduit durant une année. Chaque élection donne lieu à la « procession du recteur », où défilent l’ensemble des dignitaires de l’université en partant du siège de l’université (le collège Louis-le-Grand au XVIIIe siècle). L’ensemble des ordres religieux sont ainsi conviés (augustins, cordeliers, carmes, jacobins, billettes, Blancs-Manteaux, ordre de Sainte-Croix, ordre du Val-des-Écoliers, trinitaires, prémontrés, ordre de Cîteaux, ordre de Saint-Benoît, ordre de Cluny).

Chaque gradué, chaque officier des différentes facultés possède un costume déterminé :

  • les gradués :
    • les maitres ès arts, en robe noire
    • les bacheliers en médecine, en robe noire et chaperon herminé
    • les bacheliers en droit, en robe noire et chaperon herminé
    • les bacheliers en théologie, en robe noire et chaperon doublé de fourrure
    • les docteurs en droit, en robe rouge et chaperon herminé
    • les docteurs régents en médecine, en chape et fourrure
    • les docteurs en théologie, en robe noire et violette fourrée avec bonnet de même couleur
  • les officiers :
    • le courrier de l’université
    • les 4 censeurs des nations
    • le premier appariteur de la faculté de médecine, en robe bleue fourrée de blanc avec sa masse
    • le premier appariteur de la faculté de droit, en robe violette avec sa masse
    • le premier appariteur de la faculté de théologie, en robe violette fourrée de blanc avec sa masse
    • le recteur de l’université, en robe violette et bonnet carré violet, avec le mantelet royal et l’escarcelle de velours violet, garnie de glands d’or et de galons d’or
    • les syndic, greffier et receveur de l’université, en robe rouge herminée
    • les doyens des facultés
    • les procureurs des quatre nations, en robe rouge herminée blanc et gris
    • les régents de la faculté des arts, en robe rouge avec le chaperon doublé de fourrure
    • les 12 imprimeurs et libraires jurés
    • les 4 papetiers jurés
    • les 4 parcheminiers jurés
    • les 2 enlumineurs
    • les 2 relieurs
    • les 2 écrivains jurés
    • les grands messagers en tunique de velours pourpe brodée de fleurs de lys d’or, tenant aux mains le bâton d’azur, semé de fleurs de lys d’or
    • les hérauts des grands messagers
  • Recteur de l’université

Le recteur est choisi parmi les membres de la faculté des arts. Il préside le tribunal académique qui se tient au chef-lieu de l’université le premier samedi de chaque mois, formé par les doyens des facultés de théologie, de droit, de médecine, et par les quatre procureurs des quatre nations qui composent la faculté des arts. Le procureur-syndic, le greffier et le receveur assistent aux séances. Le tribunal juge les différends entre les membres de l’université. Les plaignants peuvent faire appel devant l’assemblée générale des facultés.

Les enseignements ont généralement lieu au sein d’établissements tenus par des fondations pieuses appelés « collèges », comme le collège de Sorbonne ou le collège de Navarre pour la théologie (ou, pour les jeunes artiens, le collège de Montaigu, par exemple). L’université de Paris ne possède pas de bâtiment en propre.

L’université a droit à la nomination de quatorze bénéfices : les trois cures de Saint-André-des-Arts, de Saint-Côme, de Saint-Germain-le-Vieux, et onze chapellenies.

Les armes de l’université représentent une main tenant un livre entouré de trois fleurs de lys d’or à fond d’azur.

Faculté des Arts[modifier | modifier le code]

La faculté des arts a les effectifs les plus nombreux. Elle comprend 3/4 des effectifs des étudiants parisiens au Moyen Âge (entre 3 000 et 4 000 à Paris). Les arts libéraux se composent de deux cycles :

L'organisation de la Faculté des arts de Paris est documentée dès le XIIIe siècle. À l'université de Douai en 1744, sur 1 705 étudiants, près des trois quarts de l’effectif universitaire est dans la faculté des arts, et un quart en théologie ou droit, le reste en médecine[4]. En France, le Master d'Art est le grade terminal des études à la Faculté des arts des universités. L'âge minimum pour devenir maitre ès Arts est de 21 ans. Le maitre ès arts devient alors membre de la Faculté des arts. La faculté des Arts sert de propédeutique, préalable à l'entrée aux facultés de droit, théologie ou médecine.

La maitrise désigne le principal grade universitaire dans l'ancienne université de Paris, sur laquelle les universités anglo-saxonnes ont pris modèle. Jusqu'à l'arrêté du relatif au diplôme d'études universitaires générales, à la licence et à la Master, elle s'obtient généralement en un minimum de cinq ans et implique l'obtention, notamment en lettres, du diplôme d'études supérieures ou certificat d'études supérieures.

Faculté de décret[modifier | modifier le code]

Depuis 1219 seul l'enseignement du droit canonique est autorisé.

Faculté de médecine[modifier | modifier le code]

Faculté de théologie[modifier | modifier le code]

La faculté de théologie est la faculté la plus prestigieuse de l'Université de Paris. Qualifié de « reine des sciences », elle prétend exercer sur les autres facultés une sorte de suprématie et de contrôle idéologique[1].

La maitrise de théologie est l'une des plus longues, elle s'obtient en quinze ans[1].

Collèges[modifier | modifier le code]

Les collèges n’accueillent qu’une minorité d’étudiants du XIIIe au XVe siècle (un étudiant sur dix à Paris en 1450) mais jouent un rôle important. À l’origine lieux d’hébergement, les collèges deviennent progressivement des lieux d’enseignement parallèlement aux universités, en particulier au XVe siècle.

Il existe deux types de collèges : les « collèges réguliers » (pour les clercs des différents ordres) et les « collèges séculiers » (ouverts aux clercs et aux laïcs).

Origine[modifier | modifier le code]

L’apparition des collèges dès la fin du XIIe siècle est antérieure à celle de l’université. Le plus ancien collège est celui des Dix-Huit fondé en 1180. Ils sont à l’origine des lieux d’hébergement en faveur d’étudiants pauvres qui se trouvaient assurés du gîte et du couvert, et qui fréquentent les mêmes cours que les autres étudiants. Ce mouvement de fondation est à l’initiative de riches bienfaiteurs, comme le mécène anglais, Josse de Londres, qui parraine l'université.

XIIIe et XIVe siècle[modifier | modifier le code]

Dès 1215-1219 apparaissent également des collèges réguliers. Ces couvents-collèges (studia) hébergent les Frères et disposent d’écoles. Du milieu du XIIIe siècle aux deux premières décennies du XVe siècle, près de 60 collèges s'implantent sur la rive gauche de la Seine.

Évolution de l’institution au XVe siècle[modifier | modifier le code]

De façon ponctuelle d’abord puis régulière dès 1430, on voit les collèges abriter des tâches d’enseignement. Sous le règne de Charles VI l’activité d’enseignement devient très dynamique au Collège de Navarre et d'autres grands collèges deviennent des centres d’enseignement comme le Collège de Sorbonne. Mais les collèges ne peuvent distribuer les grades universitaires.

Liste des Collèges[modifier | modifier le code]

Couvents ou Collèges réguliers[modifier | modifier le code]

Liste des collèges des ordres réguliers à Paris
Nom du collège Date de fondation Fondateur Adresse actuelle
Collège des Cordeliers 1217 Ordre des franciscains Rue de l’École-de-Médecine
Collège des Jacobins 1217 Ordre des dominicains Rue Saint-Jacques
Collège des Bernardins 1246 Étienne de Lexington,
abbé de Clairvaux
Rues de Poissy et de Pontoise
Collège de Prémontré 1255 Ordre de Prémontré Angle de la rue de l’École-de-Médecine
et de la rue Hautefeuille
Collège des Carmes 1255 Ordre des Carmes Sous le marché des Carmes
Collège des Augustins 1259 Chapitre général de Padoue,
puis Gilles de Rome,
confesseur de Philippe IV
53-55, quai des Grands-Augustins
Collège de Cluny 1260
1269
Yves de Vergy,
puis son neveu Yves de Chasant,
abbés de Cluny
1-3, place de la Sorbonne
Collège de Saint-Denis 1263
1266
Matthieu de Vendôme,
abbé de Saint-Denis
21, rue des Grands-Augustins
et sous la rue Christine
Collège de Marmoutiers 1329 Geoffroy du Plessis,
conseiller de Philippe IV
et notaire pontifical
Sous le lycée Louis-le-Grand

Collèges séculiers[modifier | modifier le code]

Maîtres et Écoliers[modifier | modifier le code]

Maîtres[modifier | modifier le code]

Au XIIIe siècle, les ordres mendiants (dominicains et franciscains) cherchent à accaparer les chaires dans les facultés, en particulier dans les facultés de théologie. Cela entraîne des conflits et des invectives avec le clergé séculier.

Écoliers[modifier | modifier le code]

Les écoliers ou escholiers appartiennent à la catégorie des clercs et sont donc tonsurés. Ils peuvent venir d'autres « pays » et se regrouper en nations, qui sont des sociétés d'entraide. Chaque nation choisit un procureur qui la représente dans l'administration de l'université. Les étudiants sont turbulents, et leurs tapages nocturnes dérangent les bourgeois de la ville.

Le coût des études est important : logement, livres, taxes d'examen, cadeaux aux maitres…[5] De plus des travaux universitaires récents sur le recrutement des universités françaises montrent effectivement que très peu d’étudiants sont originaires de leur ville d’étude et que la majorité vit loin de leur milieu familial, pour un séjour de plusieurs années[6].

Personnalités[modifier | modifier le code]

Organisation des études[modifier | modifier le code]

Modus Parisiensis[modifier | modifier le code]

Grades[modifier | modifier le code]

Le grade le plus ancien est la licence. Celui-ci n’est en fait pas un grade d’origine universitaire puisqu’il est conféré par le chancelier de Notre-Dame ou de Sainte-Geneviève et donne le droit d’enseigner dans toutes les universités. L’université crée ensuite d'autres grades : le baccalauréat, le bachelier obtenant le droit d’assister le professeur avant d’obtenir la licence ; la maitrise, grade terminal des études artiennes marquant l’intronisation dans la corporation ; et le doctorat qui reconnait le titulaire comme un spécialiste de sa discipline (droit, médecine, théologie).

Baccalauréat[modifier | modifier le code]

Le baccalauréat a deux niveaux. Le baccalauréat ès arts est le premier grade. C'est en ce sens qu'il désigne aujourd'hui en France le diplôme donnant accès aux études supérieures. Le maitre ès arts reste cependant moins qualifié que le bachelier ès décret, médecine, ou théologie. Le baccalauréat est conféré dans les quatre facultés : faculté des arts, de médecine, de décret (ancien nom de la Faculté de droit) et de théologie. Il s'agit du premier grade obtenu dans chacune de ces facultés, la faculté des arts étant généralement un préalable aux autres facultés : le baccalauréat de théologie, par exemple, est supérieur au baccalauréat ès arts, et même à la licence ès arts. Le bachelier peut ensuite préparer la licence de sa faculté afin d'obtenir le droit d'enseigner (licencia docendi : permission d’enseigner) dans celle-ci. En tant que bachelier, il peut assister un professeur pour l'enseignement en direction des candidats au baccalauréat en étant responsable des cours dits « extraordinaires ».

Licence[modifier | modifier le code]
Maitrise[modifier | modifier le code]
Doctorat[modifier | modifier le code]

Il n'y a au début pas de nette différence entre le titre de « docteur » et le titre de « maitre », tous deux sont attribués au terme des études dans l'une des facultés. Les doctorats sont conférés dans trois disciplines : d'abord en droit, puis en médecine et en théologie. Dans la Faculté ès Arts, le titre terminal de maitre ès arts demeure. Le doctorat est obtenu peu de temps après la licence à la suite d'une épreuve orale dénommée généralement vespérie[8]. Le doctorat est à cette époque un titre principalement protocolaire, que ce soit dans son obtention ou dans son usage, il ne demande pas de préparation particulière si ce n'est de remplir toutes les formalités de l'époque. La durée d'obtention est avant tout allongée par le nombre réduit de sessions et déterminée par le rang obtenu par le candidat lors de l'obtention de la licence (le « major » de licence étant le premier sur la liste pour obtenir le doctorat). En obtenant le doctorat, l'impétrant devient membre de sa faculté.

Le titre de docteur donne aux décisions de celui qui le porte force de loi. Ce qu'un docteur ès décret dit ou écrit peut servir d'argument auprès d'un juge. Ce qu'un docteur en théologie dit ou écrit engage l'autorité de l'Église et ne peut être contesté sans risquer une accusation d'hérésie. L'admission au titre de docteur signifiait que la thèse soutenue est admise par les docteurs plus anciens comme n'étant pas une hypothèse ou une possibilité d'interprétation mais comme une expression exacte du Saint Esprit. D'où les enjeux et la force du débat introduit par un Thomas d'Aquin par exemple ou des discussions sur le rôle de l'interprétation humaine introduites par la pensée d'un Duns Scot. Le titre de docteur a donc une valeur proche de celui que nous nommons aujourd'hui professeur et a en fait un sens bien différent.

Examen, d'après l’Encyclopédie[modifier | modifier le code]

Voici quelques détails portant sur le baccalauréat dans les différentes facultés supérieures présentés dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Faculté de décret[modifier | modifier le code]

D’après les statuts de 1600, le baccalauréat en droit canonique peut être obtenu après deux années d’études. Le candidat passe un examen sur la décrétale devant deux docteurs, puis prête serment et reçoit la bénédiction du doyen.

Faculté de médecine[modifier | modifier le code]

Pour être bachelier en médecine, il faut, après avoir été quatre ans maitre ès Arts à l’université, faire deux ans d’étude en médecine et subir un examen, après quoi on est revêtu de la fourrure pour entrer en licence.

D’après les statuts de 1600, on ne reçoit les bacheliers en médecine que de deux ans en deux ans. Cette réception se fait vers la mi-carême. Les aspirants doivent justifier qu’ils sont maitres ès arts de l’université de Paris depuis quatre ans ou huit s'ils viennent d'une autre université. Le candidat passe un examen puis prête serment. Une clause de célibat existe, mais elle est retirée en 1600. Les bacheliers en médecine ne peuvent exercer dans la ville ou les faubourgs de Paris qu’avec l’assistance d’un docteur. D’après un édit de 1707, pour les autres facultés de France, il faut être licencié pour exercer la médecine.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Jacques Verger, Le Paris du Moyen Âge, Paris, Boris Bove éd, (ISBN 978-2-7011-8327-5, lire en ligne), Chapitre 9. L’université de Paris au Moyen Âge (XIIIe – XIVe siècle) pp. 175-193.
  2. « Il y a 800 ans naissait l’université de Paris… », sur biu.sorbonne.fr,
  3. Adrien Friedmann, Paris, ses rues, ses paroisses du Moyen Âge à la Révolution, Plon, , p. 261
  4. Les trois quarts de l’effectif de l'université de Douai sont dans la faculté des arts. En effet, en 1744, sur les 1 705 étudiants inscrits à l’université, 838 suivent des cours de philosophie et 401 d’humanités, soit un total de 1 239 étudiants dans les premiers degrés d’études, délivrés par les collèges et la faculté des arts. Il n’y a donc que 466 étudiants inscrits dans les degrés supérieurs d’enseignement de théologie, droit et médecine… dont 395 en théologie, soit 23 % de l’effectif étudiant total. Université du droit et de la santé Lille II : Rapport d'évaluation Septembre 1995, Comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (CNE) (lire en ligne)
  5. Serge Lusignan, Les pauvres étudiants à l’Université de Paris In : Le petit peuple dans l’Occident médiéval : Terminologies, perceptions, réalités, Paris, Éditions de la Sorbonne, (ISBN 9791035102050, lire en ligne), Les petites gens dans le milieu universitaire : position du problème.
  6. Jacques Verger, A. Vauchez dir., L’étranger au Moyen Âge. Actes du XXXe congrès de la SHMESP (Götingen, 1999), Paris, Mornet et J. Verger, (lire en ligne), Le recrutement géographique des universités françaises au début du xve siècle d’après les suppliques de 1403 »p. 122-173
  7. Christian Warolin, « Armand-Jean de Mauvillain (1620-1685), ami et conseiller de Molière, doyen de la Faculté de médecine de Paris (1666-1668) », Histoire des sciences médicales, t. XIX, no 2,‎ , p. 113-129 (lire en ligne).
  8. Voir la description d'une vesperie pour l'obtention du titre de docteur en médecine

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Par ordre chronologique :

  • Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1889 t. I, 1200-1286 (lire en ligne)
  • Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1891 t. II, sectio prior,1286-1350 (lire en ligne)
  • Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1893 t. III, 1350-1393 (lire en ligne)
  • Henrich Denifle, Chartularium Universitatis parisiensis, ex typis fratrum Delalain, Paris, 1897 t. IV,1393-1452 (lire en ligne)
  • Henrich Denifle, Les universités françaises au Moyen Âge, Émile Bouillon éditeur, Paris, 1892, 99p. (lire en ligne)
  • Marcel Fournier, Léon Dorez, La Faculté de décret de l'Université de Paris au XVe siècle, Imprimerie nationale (Histoire générale de Paris, tome 2), Paris, 1902 (lire en ligne)
  • Marie-Dominique Chenu, « Maîtres et bacheliers de l'université de Paris v. 1240. Description du manuscrit de Paris, Bib. Nat. lat. 15652 », dans Études d'histoire littéraire et doctrinale du XIIIe siècle, Librairie philosophique J. Vrin (Publications de l'Institut d'études médiévales d'Ottawa), 1932, 1re série, p. 11-39 (lire en ligne)
  • Abbé Palémon Glorieux, Répertoire des maitres en théologie de Paris au XIIIe siècle, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1933, tome 1, tome 2
  • Édouard Fournier, « L'enseignement des Décrétales à l'université de Paris au Moyen Âge », dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1940, no 110, p. 58-62 (lire en lmigne)
  • Abbé Palémon Glorieux, « La Faculté de théologie de Paris et ses principaux docteurs au XIIIe siècle », dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1946, tome 32, no 121, p. 241-264 (lire en ligne)
  • Abbé Palémon Glorieux, La Faculté des arts et ses maitres au XIIIe siècle, Librairie philosophique J. Vrin (Études de philosophie médiévale, LIX), Paris, 1971 (lire en ligne)
  • Marie-Madeleine Compère, Les collèges français. 16e-18e siècles. Répertoire, Paris, 2002.
  • Jacques Verger, Les Universités françaises au Moyen Âge, Leiden, E.J. Brill, 1995
  • Aurélie Perraut, L'architecture des collèges parisiens au Moyen Âge, PU Paris-Sorbonne, 2009.
  • Nathalie Gorochov, « Les maitres parisiens et la genèse de l’Université (1200-1231) », dans Cahiers de Recherches Médiévales et Humanistes, 2009, no 18, p. 53-73 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]